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La mission du représentant Albitte dans l'Ain

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par Jérôme Croyet
Université Lumière Lyon II - Maîtrise d'histoire 1996
  

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de 1789 à mai 1793

L'édit de convocation des Etats Généraux du 24 janvier 1789, "satisfait plutôt les esprits éclairés"5(*) dans les futurs pays de l'Ain. Les assemblées des communautés se tiennent de 8 au 18 mars 1789. Celles des bailliages, elles ont lieu le 17 mars 1789 pour Belley et le 23 mars 1789 pour Bourg, où Thomas Riboud, procureur du roi et subdélégué de l'intendant, fait un discours qui se traduit par la rédaction d'un cahier commun.

Ce cahier, cas semble-t-il unique en France, prend pour base les doléances du tiers et des colonnes sont faites pour les remarques du clergé et de la noblesse. Pour les autres baillages, les cahiers sont rédigés "normalement", un pour chacun des trois ordres.

Dans ces cahiers, "sont. . . balayées. . . les doléances réelles des gens de métiers, corporations (et) à plus forte raison les ruraux"6(*). La noblesse garde l'idée d'un pouvoir royal fort; tandis que le tiers, ne lui accorde que le pouvoir exécutif.7(*).

Dans les doléances la centralisation monarchique est critiquée. Dans plusieurs cahiers apparaît le souhait "d'une nouvelle organisation administrative plus décentralisée"8(*). Les provinces (surtout la Dombes) veulent garder une identité propre et ne pas être comprises dans un ensemble anonyme. Dès 1789 se profile un terrain propice au germe du fédéralisme.

Dès le début de la Révolution le peuple est mis sur la touche, ce qui donnera plus tard une audience toute trouvée et fidèle pour les discours des orateurs sans-culottes en 1793-94.

C'est le 16 juillet 1789, que la population de Bourg prend connaissance des événements des 12 et 13 juillet de Paris. Affolée, la population burgienne demande, par sécurité, au receveur général de faire transporter à l'Hôtel commun les fonds dont il est détenteur et propose d'organiser une garde urbaine pour garder le trésor public. Le peuple en profite pour demander la reformation de la garde bourgeoise qui avait été supprimée par le conseil municipal.

Les événements parisiens entraînent à Bourg un bouleversement plus politique. La municipalité composé jusque là de 7 membres élu par un collège de 23 personnes, est restructurée. Désormais sont admis 2 représentants de chaque compagnies, corps et communautés ainsi que 4 notables. Une correspondance est ouverte avec la capitale et les principales villes de provinces.9(*) Durant cette journée se font déjà remarquer Rollet, Brangier et Braconnier.

Le 18 juillet la nouvelle de la prise de la Bastille pousse quelques burgiens à mettre le feu au château de Challes, résidence des comtes de Montrevel. Mais la présence du maire de Bourg, Chevrier de Corcelles ancien capitaine de gendarmerie, empêche l'attaque.

Le 19 juillet le bruit qu'une troupe armée approche, touche la ville. La Grande Peur n'épargne pas le futur département ce qui entraîne, dès le 20 juillet 1789, la chute de petites bastilles campagnardes où les terriers sont brûlés. Le 20 juillet la municipalité de Bourg assure le roi de sa fidélité et le prie de ne pas mettre d'intermédiaire entre lui et l'Assemblée. La nuit du 4 août provoque un regain de violence, surtout dans les campagnes, où l'on donne une interprétation étendue à l'abolition des privilèges.10(*)

C'est le 25 janvier 1790, que le département de l'Ain est constitué.

Cette réunion de "pays" ne se fait pas sans difficultés en raison des clivages et des inimitiés des anciennes provinces 11(*). Bourg devient, ce 25 janvier 1790, le chef lieu d'un département conglomérat.

En 1790, les nouvelles municipalités sont souvent plus patriotes12(*) que les autres administrations. C'est à ce moment que se mettent en place les premières sociétés populaires. Elles n'ont pas d'organisation précise. Celle de Bourg aurait vu le jour en 1790 et le citoyen Pierre Blanc-Désisles13(*) en serait un des fondateurs14(*), sans doute avec quelques bourgeois comme Duhamel, Riboud et Populus.

Au début de 1791, des sociétés populaires rattachées aux jacobins de Paris (elles sont toutes des Sociétés des Amis de la Constitution), fleurissent dans le département sous l'activisme de certains patriotes bressans. La société de Bourg se dote de statuts et s'affilie aux Jacobins de Paris, en janvier 1791. La société populaire de Pont de Vaux s'affilie le 2 janvier 1791, celle de Trévoux le 24 mars et celle de Châtillon-sur-Chalaronne le 20 avril.

En juillet 1790, la Constitution Civile du Clergé est assez bien accueillie dans notre département.

A la société populaire de Bourg le curé du Chatelard, le citoyen Groscassant-Dorimond fait un discours pour encourager les prêtres à prêter serment. Dans le département près de la moitié des prêtres et chanoines prêtent ledit serment.15(*)

Au mois de juin 1791, quand la Constituante décide de se séparer, "La Révolution est faite"16(*) pour la plupart des membres de la société populaire de Bourg et pour la bourgeoisie. Mais la fuite du roi le 21 juin 1791 et la théorie de l'enlèvement, prônée par le président de l'Assemblée et Lafayette, ne dupe qu'un temps les patriotes de l'Ain pour qui l'image du roi est fortement atteinte17(*). La fuite du roi atterre dans l'Ain le parti monarchiste jusque là peu actif et remet surtout en cause la fin de la Révolution dont rêvaient déjà certains citoyens.

Dès cette époque et sans doute sous l'influence des patriotes les plus avancés18(*) la société de Bourg, phare politique du département, déclare "la patrie en danger"19(*) et annonce : "Vivre libres ou mourir! Voilà notre devise. Nous l'avons juré, et le Français s'ensevelira sous les ruines de sa patrie que de consentir jamais à la résurrection de l'ancien régime"20(*).

Pour les jacobins et patriotes bressans la monarchie s'est détruite d'elle même avec la fuite d'un roi jouant sa carte politique contre son peuple et son pays.

A la suite du massacre du champ de Mars et de la scission des Feuillants et des Jacobins à Paris, le club de Bourg avec Blanc-Désisles comme président, proclame dans une lettre aux Jacobins de Paris son attachement à cette portion du club. Mais par la rédaction d'une autre lettre aux Feuillants, le club de Bourg par l'intermédiaire de la plume de son président, demande à ce dernier de rejoindre les Jacobins. La société rédige une troisième lettre destinée à Pétion afin de lui rendre hommage21(*). Tout en pronant un esprit de conciliation, les patriotes de Bourg montrent leur attachement aux leaders "avancés" de la Révolution face aux modérés partisans de la fin de la "machine à insurrections"22(*) dirigés par Lafayette, Barnave, Duport et Lameth.

EN TÊTE DE LA SOCI2T2 DE BOURG

Avec le début de la guerre, l'Ain (département frontalier à la position éminemment stratégique), devient un lieu de passage pour les troupes qui partent aux frontières. Comme département frontière l'Ain est une place militaire active dont les forts de Pierre-Châtel et de l'Ecluse sont des points importants. A l'automne 1791 des renforts de Rhône et Loire et du Puy de Dôme stationnent vers Belley dans le Valromey, à Nantua, Pont d'Ain et Cerdon. En février 1792, trois bataillons de volontaires sont formés dans le département.

Les événements du 20 juin 1792 à Paris sont connus dans l'Ain le 24. Le jour même, à la société populaire de Bourg, le citoyen Jean-Antoine de Rostaing23(*) fait un violent discours anti-monarchiste, à la suite duquel la société demande au nom des citoyens de la ville que la Constitution soit modifiée et qu'une nouvelle Convention soit appelée dans ce but 24(*).

Un cap idéologique est passé. La fuite du roi, la guerre et le droit de veto "devenu dans ses mains un moyen de paralyser la volonté nationale souveraine"25(*)poussent les patriotes les plus avancés à vouloir une nouvelle constitution et une assemblé qui ne soit pas là pour légiférer avec l'appui d'une constitution morte.

En juillet 1792, les administrations sont aux mains de patriotes issus de la bourgeoisie urbaine et éclairée, dont la grande majorité tient le peuple écarté de la vie politique. Seuls quelques citoyens, à la société populaire de Bourg (les citoyens Rollet, Convers, Rostaing, Duhamel) ouvrent cette dernière au public26(*).

A l'annonce de la suspension de Pétion, les deux grandes villes du département; Bourg et Belley soutiennent (comme tout les bons patriotes de 1792) le député par l'intermédiaire, à Bourg, de Blanc-Désisles et du citoyen Morand, chargés le 5 juillet 1792 par la société populaire de Bourg de rédiger une adresse à l'Assemblée pour réclamer une récompense civique en l'honneur de Pétion 27(*).

Dès lors le département sous l'influence des idées avancées des jacobins bressans et belleysiens suit le cheminement révolutionnaire national, et par certaines actions l'anticipe quelque peu. En effet, le 13 juillet 1792, les citoyens Rostaing et Blanc-Désisles dans un discours à la société populaire de Bourg demandent la suppression de la monarchie et la réintégration de Manuel et Pétion28(*) à la mairie de Paris suite à leur éviction, conséquence des évènements du 20 juin.

Le 22 juillet 1792, la société populaire de Bourg signe une adresse envoyée par le club de Besançon. Cettedernière demande la séquestration dans les chefs-lieux de départements des prêtres réfractaires. Ces derniers commencent à être assimilé à la contre-révolution.

A la fin du mois de juillet 1792, la conduite de Lafayette est jugée suspecte par les jacobins bressans29(*). En effet, personne ne prend la défense du héros de la guerre d'indépendance américaine quand un sociétaire lit une lettre du citoyen Gayet, soldat au 42 R.I., qui dénonce "les différentes manoeuvres que les généraux Lafayette, Lameth. . . emploient journellement pour corrompre l'armée"30(*).

Au même moment le directoire du département fixe ses séances à 6 heures du matin. Les patriotes jugent le nouvel horaire "mal choisi, attendu que c'est le moment où tous les ouvriers sont au travail"31(*). Appuyant et s'appuyant sur le peuple bressan, les jacobins bressans critiquent ce nouvel horaire. Le citoyen Duhamel demande que la séance soit fixée à 17 heures tandis que le citoyen Blanc-Désisles invite le peuple à assister aux séances du directoire du département "pour surveiller les administrateurs"32(*) dont certains commençent à être suspects.

Le 4 août 1792, alors que la Patrie est déclarée en danger depuis le 15 juillet à Bourg, la société populaire accueille 4 marseillais33(*) sur leur route pour rejoindre les armées à l'est du département. Ce soutien inattendu du parti jacobin modèle incontestablement les futurs sans-culottes, non moins par leurs discussions sur la déchéance du roi que par le danger que représentent les prêtres.

Le 15 août 1792 la société populaire de Bourg envoie une lettre de félicitations à l'Assemblée pour la suspension du roi. C'est le 16 août, alors que le citoyen Antoine-Constance Convers est élu président de la société populaire, que l'on apprend à Bourg les événements du 10 août à Paris qui entrainèrent la chute du "tyran".

L'élection de Convers à la présidence de la société populaire marque l'arrivée à maturité d'un mouvement politique patiote plus populaire et plus démocrate face à une majorité de patriotes toujours jacobins mais moins révolutionnaires. Désormais, les deux partis vont cohabiter au sein de la même société.

Le 24 août le citoyen Barquet, principal du collège de Bourg, membre du conseil général du département, fait un discours très emprunt des idées révolutionnaires au nom des professeurs et élèves de son collège. Le même jour, le conseil général du département interdit la circulation de journaux royalistes. Cette mesure montre la détermination des patriotes à vouloir s'engager dans une voie où aucune réaction n'est permise.

La journée du 10 août est vu dans l'Ain comme un succès politique. Mais il instaure dans le département la mise en place d'une politique de chasse aux suspects, tout comme le fait simultanément le conseil général du département de Saône-et-Loire 34(*). "Dès le mois de septembre 1792, le conseil général de le ville de Bourg nomme sept commissaires (dont Rollet) pour procéder au désarmement des suspects"35(*).

A partir de ce moment, la société populaire de Bourg est désertée par certains de ces membres. Le 10 octobre 1792, la société de Bourg reçoit la visite de l'abbé Laussel36(*), curé de St Bonnet du Troncy. Il prononce un discours où il démontre la culpabilité de Louis XVI. Mais son discours si exaltant qu'il soit (on peut, à la lecture de ses articles dans le Journal de Lyon, imaginé la force de son discours37(*)), ne semble pas réunir dans un élan général tous les suffrages d'une société divisée, où les modérés de 1791 ont disparu et où les divisions entre futurs fédéralistes et jacobins avancés se font au grand jour.

Les élections de 1792 mettent à la municipalité de Bourg le parti populaire, plus jusqu'auboutiste qui s'appuit sur les éxigeances du peuple. Ainsi donc, les citoyens Blanc-Désisles, Rollet, Convers, Chaigneau et Alban l'ainé se retrouvent grâce au soutien des plus modestes au conseil municipal.

L'élection d'Alban surtout montre bien deux choses; le rôle grandissant que la petite bourgeoisie est appelée à jouer et, qu'en faisant leur entrée sur la scène politique en septembre 1792 les classes moyennes ne peuvent plus être écartés de la Révolution.

Alors que la Convention se réunit à Paris, une divergence grandissante va opposer le district de Bourg et le département (plutôt modérés) à la Municipalité de Bourg.

Le 16 novembre, les boulangers de Bourg, se plaignent du manque de blé, alors que la récolte a été normale 38(*). A Nantua la peur de la famine s'installe. Partout la psychose des accapareurs et des agioteurs gagnent du terrain. Le peuple pour qui le pouvoir d'achat baisse, se sépare petit à petit des modérés pour se rapprocher des jacobins. L'élection de ceux-ci à la municipalité de Bourg, en est la parfaite illustration.

Le 14 janvier 1793, Blanc-Désisles soutenu par les citoyens Rollet, Reydellet, Dufour et Bottier, fait approuver par le conseil municipal de la commune de Bourg le changement du nom des rues39(*). Pour ces hommes, cet acte marque l'entrée de la France dans une nouvelle ère, qui veut faire table rase de l'Ancien-Régime. Ainsi, la rue des Halles devient la rue de la Révolution, la rue des Bons-Enfants devient la rue de la Fraternité, la Grande-Rue devient la rue Simonneau, la rue de l'Etoile est la rue Brutus, ect. . .

Après la mort du roi, en janvier 1793, la politique contre les suspects est accentuée. La municipalité de Bourg donne sa définition40(*) du suspect. Un mois plus tard, en février93, la municipalité de Bourg élargit le terme de suspect à "tout individu, homme ou femme qui . . ne manifeste pas un suffisant enthousiasme pour les lois révolutionnaires et les mesures de salut public"41(*) et commence la chasse en refusant des certificats de civisme.

Le 9 mars 1793, sont nommés dans l'Ain les représentants Amar et Merlino afin de procéder à la levée du contingent que doit fournir le département au 300 000 hommes de l'échelon national.

Les deux conventionnels arrivent à Bourg le 18 mars. Mais, le 20 mars un courrier exceptionnel apprend aux autorités, ainsi qu'à la population de la ville, l'insurrection vendéenne. Dès lors, la mission des deux représentants va prendre un nouveau tournant. A cause des menaces de danger extérieur et la hantise de complots fomenté par les émigrés à partir des cantons suisses, Amar et Merlino radicalisent la politique révolutionnaire. Le 21 mars ils prennent un arrêté qui ordonne au directoire du département, aux directoires des districts et aux municipalités d'arrêter tous les suspects : "Le père doit dénoncer son fils et le fils son père" dit Amar.42(*)

merlino

Le 22 mars la commune de Bourg, obéissant aux directives des représentants, délivre près de 100 mandats d'arrêt43(*). Mais le district et le département, s'ils approuvent cette mesure, dans un premier temps44(*), la dénoncent rapidement et ne l'appliquent qu'avec beaucoup de réticence. En effet, le 25 mars, le directoire du département décide "que les arrêts domiciliaires ordonnés aux citoyens autres que les ci-devant et les prêtres(sont)levés"45(*)dans la ville de Bourg. Pour la première fois, le département prend le contre-pied de décisions prises par la municipalité de Bourg.

Dès lors un conflit éclate entre les représentants et les administrateurs du département. Par décision du directoire du département les prêtres arrêtés par la municipalité de Bourg, voient leur détention commuée en arrêt domiciliaire et ceux qui étaient en arrêt domiciliaire sont mis en arrêt sur le territoire de la commune. L'opposition présente à la société populaire entre radicaux et modérés, se fait jour désormais dans la vie politique municipale.

Certaines administrations, comme celle de Trévoux, élargiront le 14 mai 1793 les personnes mises en état d'arrestation par les arrêtés d'Amar et Merlino.46(*)

la crise fédéraliste

mai-juillet 1793

Le 19 mai 1793, une députation du département est reçu à la barre de la Convention et y dénonce la politique d'incarcération menée dans le département de l'Ain par Amar et Merlino : "Cinq cents de nos concitoyens gémissent dans les cachots depuis cinq semaines"47(*).

Mais ce qui est le plus dénoncé, ce sont les membres de la municipalité de Bourg, ces "calomniateurs (qui) ont surpris (la) religion des représentants"48(*). On peut penser que la députation à la barre de la Convention fait allusion aux officiers municipaux de Bourg, qui ont délivré des mandats d'arrêt dès le 22 mars. Les pétitionnaires se font l'écho de l'incompréhension de la population bressane face la politique initiée par les conventionnels et les arrestations49(*). Le plus étonnant dans cette pétition c'est la dernière requête50(*) qui montre bien que les repères politiques dans l'Ain sont en décalage avec la politique nationale, bouleversée par la guerre et les événements intérieurs. Les administrateurs du département ont-ils seulement bien lu les pouvoirs conférés aux représentants par les différents arrêtés?

Au mois d'avril 1793, lors de la mise en accusation de Marat le fossé entre les deux partis à Bourg se creuse irrémédiablement; les administrateurs proposent que soit faite une adresse à la Convention contre "l'Ami du peuple" mais Blanc-Désisles en empêche la rédaction..

Ces tensions sont répercutées à la société populaire de Bourg où les séances sont moins nombreuses. Dans le même temps cette dernière est réorganisée.

A partir du 18 mai 1793, le conseil général du département siège en permanence et décrète en raison des "troubles qui désolent plusieurs départements", l'établissement d'une armée départementale51(*). Les aministrateurs se lancent dans la voie fédéraliste.

A ce moment une majorité des administrations et de ses membres dans l'Ain sont dépassés par les événements qui touchent le pays. La pétition du 19 mai 1793 met bien en évidence l'incompréhension des habitants quand des personnes jusque là intégrées à la vie sociale, deviennent suspectes52(*). Le rôle nouveau qu'est appelé à tenir le fonctionnaire public, ne semble pas être compris par les administrateurs sauf par ceux du parti jacobin, qui assimilent très vite, à l'instar de Rollet, les nouvelles fonctions que l'appareil étatique attend d'eux.

Le 27 mai 1793 les administrateurs du département de l'Ain rejoignent les départements de la Côte-d'Or, du Doubs, du Jura et de la Haute-Saône53(*) dans l'idée de réunir les suppléants à Bourges pour former une nouvelle Convention54(*). Le 31 mai 1793 à la suite des événements de Lyon, un nouveau pas vers le fédéralisme est franchi dans l'Ain. Le conseil permanent du département de l'Ain donne l'ordre aux districts de tenir prêtes à bouger les légions de la garde nationale au cas où des "malveillants forcés de quitter Lyon se répandraient dans l'intérieur de ce département et y sèmeraient la division"55(*). La référence à Challier et ses amis ne fait aucun doute.

Le 2 juin 1793, le conseil général du département reçoit deux députés du conseil général du Jura qui leur proposent de rétracter leur décision, entâchée de fédéralisme du 24 mai dernier. En contre-partie, ils proposent de "convenir d'une adresse dont les points capitaux(seront)puisés dans le républicanisme le plus pur. . . et de . . présenter cette adresse à la Convention nationale"56(*). Le conseil permanent accepte cette nouvelle proposition tout en persistant néanmoins dans sa première idée sans se douter de la portée d'une telle décision.

Le même jour alors que les citoyens de la ville de Bourg font une pétition à la Convention (que Blanc-Désisles ne signe pas), le département de l'Isère invite celui de l'Ain à intervenir ensemble dans les affaires lyonnaises. Ce que fait l'administration du département de l'Ain quand le 3 juin, suite à la non-réponse d'une lettre adréssée aux administrateurs de Rhône-et-Loire et aux nouvelles parvenant de ce département, le conseil général du département de l'Ain nomme les citoyens Tardy, vice-président et Jourdan, administrateur du directoire, commissaires "pour se rendre à Lyon, y offrir et interposer, au nom du département de l'Ain, leur médiation et leurs bons offices"57(*).

Le 5 juin, est lu à la société populaire de Bourg "Le journal de Lyon, Moniteur du département de Rhône-et-Loire" du 4 juin contenant la relation des événements survenus à Lyon depuis le 31 mai58(*). A la suite de cette lecture, 3 autres commissaires sont chargés, par la société populaire de "porter aux citoyens de Lyon et aux différentes autorités constituées. . . les regrets de la société sur des événements qui ont fait tant de victime, et leur exprimer tous les sentiments qu'inspire l'amour de la patrie et de ses défenseurs"59(*). La société de Bourg enterrine le coup d'état fédéraliste lyonnais. Les administrateurs du départements de l'Ain sont solidaires des Lyonnais car la ville de Bourg, comme celle de Lyon, a été victime de la politique des représentants en mission et d'une municipalité jacobine. Le bulletin de la Convention arrive à Bourg le 6 juin. La nouvelle de la mise en accusation des députés Girondins est ressentie comme "un grand attentat qui a été commis à Paris le 2 juin"60(*). Immédiatement le conseil général du département invite des députés des districts et des cantons à se joindrent à lui, car "l'administration ne saurait trop s'environner de lumières . . . pour y délibérer conjointement" le temps que la patrie est en danger61(*). Le même jour, réuni aux corps administratifs et judiciaires du district de Bourg en séances publiques, le conseil général demande à la Convention la réintégration des 22 représentants mis en état d'arrestation62(*). Les administrations du département de l'Ain ont poussé le département dans la rébellion fédéraliste.

Le 8 juin 1793, les citoyens Blanc-Désisles, Reydellet et Rousselet sont nommés par la municipalité de Bourg pour calmer les esprits par une proclamation. Cette dernière ( sûrement rédigée par Blanc-Désisles63(*)) n'est pas un appel au fédéralisme, bien au contraire. Elle appelle plutôt à un stoïcisme républicain, entre esprit de sauvegarde (les municipaux bressans ont sans doute peur d'être traités comme la commune lyonnaise de Chalier, pour leur participation plus que volontaire aux arrestations décrêtées par Amar et Merlino le 21 mars 1793) et volonté d'union64(*).

La participation de l'Ain à la crise fédéraliste se trouve encore agrandie, quand le 23 juin 1793, les administrateurs du Jura demandent à ceux de l'Ain de leur envoyer des renforts pour stopper les représentants Bassal et Bernard qui marchent sur le Jura avec de la troupe. A cette demande, les sections de Bourg n'hésitent pas à proposer l'envoi immédiat d'une partie de la garde nationale de la ville. Le 24 juin 1793, après délibération des différentes administrations, 250 hommes de la garde nationale accompagnés d'officiers municipaux, dont Blanc-Désisles et Convers, se mettent en route pour le Jura. Le 25 juin à St Amour, l'élan sacré du départ de Bourg a disparu. Le contingent bressan se demande s'il est bon doit aller plus loin65(*). Prend-il conscience qu'une telle action entrainerait des représailles militaires immédiates et dures contre Bourg ? Est-ce là le fait d'une manoeuvre des officiers municipaux ? Effectivement, on peut penser que Blanc-Désisles et Convers ne pouvant plus s'opposer ouvertement au conseil général du département à Bourg, de peur d'être évincé de leur poste comme les jacobins Lyonnais, préfèrent accompagner le détachement pour le condamner à l'inaction et stopper ainis la rébellion. Malgré une entrée triomphale à Lons-le-Saulnier66(*), le détachement est de retour à Bourg le 30 juin accompagné de deux administrateurs jurassiens et de quarante cavaliers jurassiens dit "plumets rouges".

Le retour de la colonne à Bourg est vivement saluée par la foule. Les plumets rouges ont amené avec eux une tête à l'effigie de Marat au bout d'une pique, à laquelle le feu y est bouté "au milieu des chants et des danses"67(*)de la population. Ce feu de joie a lieu sur place d'Armes (aujourd'hui place de l'Hôtel de Ville). Les officiers municipaux jacobins adoptent devant cette maifestation de la population une attitude complaisante et démagogique. "Blanc-Désisles porte deux fois la parole, l'une au faubourg du Jura, l'autre au balcon de la commune et ses compliments finissent chaque fois par la chanson à la guillotine Marat"68(*). Ce revers de Blanc-Désisles est d'autant plus étonnant que quelques temps auparavant, il se faisait le défenseur de celui qu'il dénigre aujourd'hui. Mais il ne faut pas oublier que désormais le parti "pro-conventionnel", que constitue la municipalité de Bourg, est rendu à l'inactivité par la présence des sections réunies, du conseil général du département siègeant en permanence et la présence de cavaliers étrangers à la ville de Bourg qui auraient tôt fait de supprimer à coups de sabre une éventuelle opposition. Les municipaux devant l'adhérence de la population aux vues fédéralistes du département seraient bien malvenus de clamer leur opposition. Simultanément une fête a lieu et "quarante huit heures se passent dans le vin et la débauche . . un repas est préparé le vin et les liqueurs y abondent".69(*)

Dans le même temps les suspects emprisonnés sur ordre d'Amar et Merlino sont libérés par la foule. Puis l'attention de la foule (peut-être sous l'influence de meneurs), se tourne malgré son précédent revirement, sur Blanc-Désisles qui doit fuir pour se réfugier chez le citoyen Merle, accusateur public, où l'on vient chanter sous les fenêtres "A la guillotine Désisles" en dansant la carmagnole70(*) puis la foule se met "en discussion (pour savoir) si son magasin serait pillé"71(*).

Au même moment, le 29 juin, les administrations de Bourg apprennent, par leur correspondance avec Lyon, que les citoyens Pécolet (président du district de Lyon campagne) et Matheron (administrateurs du district de Lyon ville) arrêtés par Dubois-Crancé, vont passer par Nantua pour aller sur Paris. Le conseil général de département prévient le district de Nantua du passage de ces hommes et l'invite à les dérouter sur Bourg pour les libérer. Mais au lieu de stopper Pécolet et Matheron, la municipalité de Collonges, dans le district de Nantua, arrête et fait amener à Bourg le citoyen Baptiste Gonard 72(*), commissaire du pouvoir exécutif auprès des représentants à l'Armée des Alpes. En même temps arrive à Bourg une lettre "venant d'un contre-révolutionnaire de Lyon" qui dénonce Blanc-Désisles comme un complice de Chalier.73(*).

Le 1er juillet 1793, les fédéralistes décident de se débarrasser de l'opposition que constitue les membres jacobins de la municipalité. Les sections, réunies aux plumets rouges jurassiens, décident l'épuration de la municipalité.74(*)

Le 2 juillet 1793, la révolution du 29 mai de Lyon se répète à Bourg. Les sections réunies à la Salle des Spectacles, sous la présidence du citoyen Populus ex-constituant, votent à 251 voix contre 14 la réorganisation de la municipalité de Bourg.

Quatre jours plus tard le conseil général de l'Ain se constitue en Comité de Salut Public de l'Ain75(*) et réuni aux représentants des cantons, fait venir à lui, le 6 juillet le citoyen Ricard courrier extraordinaire du ministère de la justice auprès des représentants à l'Armée des Alpes, dérouté sur Bourg. Le Comité de Salut Public de l'Ain décide, après un vote, que Ricard passera par Lyon, malgré son itinéraire déjà établi. Ricard refuse de se soumettre. Le Comité de Salut Public du département de l'Ain, décide alors que deux gendarmes emmèneront les paquets de correspondance dont il est chargé à Lyon.

A ce nouvel acte de fédéralisme, seulement deux administrateurs, les citoyens Peysson et Girod, protestent.

Le 7 juillet 1793, un vote des sections organise la nouvelle municipalité. 310 voix contre 14 76(*) sanctionnent l'éviction des citoyens Rollet, Alban, Chaigneau, Convers et Blanc-Désisles de la municipalité. Un mois après Lyon, la ville de Bourg boute hors de son administration les jacobins mais sans faire couler de sang.

Ce vote illégal des sections se fait au moment où les jacobins (malgré leur revirement du 30 juin qui n'a pas dupé les électeurs), sont réduits à l'impuissance et ne bénéficient pas encore du soutien populaire, que leur politique sociale leur apportera à partir de septembre 1793.

Le 5 juillet 1793, devant les hésitations des cantons et districts à envoyer une députation rejoindre le conseil général du département, ce dernier rédige une adresse pour motiver les administrations. En effet, des districts comme ceux de Châtillon-sur-Chalaronne ou de Pont-de-Veyle ne suivent pas le conseil général " parce que, leur a-t-on dit, les principes du département tendaient au fédéralisme "77(*). A cette date seuls les représentants des municipalités et des cantons les plus proches de Bourg se sont joints au conseil général. La population de l'Ain commence à se rendre compte des conséquences possibles engendrées pae les prises de positions fédéralistes des modérés vis-à-vis de la Convention donc du gouvernement institutionnel. Le conseil général se défend des accusations de fédéralisme lancées contre lui et donne ses motivations (qui sont les mêmes qu'à Lyon) expliquant que leurs actions "ne respirent que la liberté, l'égalité, l'unité et l'indivisibilité"78(*). Les administrateurs se lèvent contre ce qu'ils appellent l'anarchie, c'est à dire contre la dictature que le peuple parisien exerce sur la Convention, en ayant fait exclure les 22 députés. Les administrateurs de l'Ain restent dans l'idée qu'il faut maintenir le peuple écarté des affaires de la "Res Publica", de la chose publique : "Républicains sincères et convaincus, ils avaient horreur de cette tyrannie populaire, la pire de toutes"79(*). La République doit être bourgeoise.

Le 9 juillet, quelques uns des exclus de la municipalité de Bourg protestent en vain, contre l'illégalité du vote. Blanc-Désisles voyant la situation bloquée et dangereuse pour le parti qu'il représente, part à Paris porter cette affaire à la barre de la Convention et des Jacobins.

A Paris, Blanc-Désisles loge à l'hôtel de Suffren, rue de Richelieu. Il reste en correspondance avec ses collègues de Bourg. Convers le rejoint le 24 juillet 1793. A Paris, Blanc-Désisles rend visite à son frère mais aussi et surtout à un ami80(*), le citoyen Grammont ex-comédien et lui même très lié avec Vincent81(*), Ronsin, la Commune de Paris et les Cordeliers. D'après le Tableau analytique . . .82(*), il est permis de penser que Grammont ouvre à Blanc-Désisles les portes de la Commune. C'est à ce moment que le bressan adopte les idéaux politiques des Cordeliers et des sections parisiennes.

Les deux jacobins bressans portent aussi leurs réclamations à la députation de l'Ain, avec laquelle ils déjeunent le 10 août 179383(*). Blanc-Désisles et Convers sont emmenés à la barre de la Convention par Amar, et présentent (avec l'espoir de faire annuler les élections du 7 juillet) la situation dans l'Ain. La requête des burgiens est renvoyée devant le Comité de Sûreté Général84(*).

Pendant ce temps Rollet se rend dans les départements voisins annoncer que Bourg est en rébellion et que ce sera "bientôt le noyau d'une nouvelle Vendée"85(*).

Durant la deuxième quinzaine de juillet 1793, le département de l'Ain reçoit par le secrétariat du département de Saône-et-Loire, les procès verbaux de la Convention du 12 juillet 1793, déclarant Lyon hors la loi. Cette lecture refroidit le bel élan fédéraliste des burgiens qui acceptent le 16 juillet la nouvelle Constitution. A Belley c'est avec plus d'enthousiasme que la Constitution est acceptée. Si l'acceptation de la Constitution de 1793 est une preuve de reconnaissance de la Convention dans son état actuel (c'est à dire amputée du parti Girondins), elle sonne le glas du fédéralisme dans l'Ain. A cela s'ajoutent des lettres des représentants Delaporte et Reverchon du 17 juillet qui font part aux administrateurs de l'Ain de leurs "inquiétudes sur la sûreté des convois passant par votre ville(Bourg). . . il est de votre honneur, autant que de votre devoir de faire cesser jusqu'à l'ombre de la méfiance"86(*) et de Dubois-Crancé, Nioche et Gauthier des Orcières du 18 juillet, qui annoncent de Grenoble aux mêmes administrateurs, leur tristesse de voir le département de l'Ain toujours s'entendre avec les Lyonnais87(*). La nouvelle du décret de la Convention du 12 juillet et les lettres des différents représentants en mission donnent le point final à la crise fédéraliste du département de l'Ain, dans la juste peur des administrateurs de se voir traités comme rebelles (et être traités comme tels), ainsi que d'entrainer avec eux Bourg et le département. Mais si ici s'arrête la méfiance des autorités centrales la rancune des jacobins destitués, elle, n'est pas effacée88(*).

Le 25 juillet 1793, le conseil général du département rétracte sa décision du 26 juin, qui envoyait des troupes à Lons-le-Saulnier et qui fixait par là le but de l'Ain et des autres départements : "faire remplacer la Convention qui, déchirée par les divisions intestines, ne saurait faire le bonheur des français, si elle-même ne se fait pas remplacer bientôt"89(*). Pour tenter de faire oublier ses actes de juin et juillet, le conseil général de l'Ain fait preuve d'une grande habilité politique et démagogique, en adressant une lettre à la Convention par laquelle il "déclare de nouveau qu'il a toujours reconnu et qu'il reconnaît la Convention nationale actuelle comme seul centre d'unité"90(*).

la revanche des jacobins

Le prix de la rétractation de l'Ain, pour faire oublier son écart fédéraliste, est de devenir un énorme magasin militaire pour les troupes assiégeant Lyon, Marseille et Toulon, ainsi que pour les troupes sur les frontières.

Les 16.000 à 18.000 hommes qui se dirigent sur Lyon, sont à Bourg du 30 juillet 1793 au 6 août. Il est possible de voir là une vengeance des représentants en mission pour punir une ville qui a ralenti les convois de ravitaillement militaire en juillet. Avec la présence de Dubois-Crancé et Gauthier-des-Orcières, l'administration départementale s'efface, mais une résistance opiniâtre aux ordres des représentants se fait sentir de la part de la population burgienne91(*). Ce sont les districts de Belley et de Trévoux qui ressentent le plus le poids du siège de Lyon. Beaucoup de bugistes et de trévoliens se retrouvent sous les murs de Lyon dans les armées pro-conventionels. Les représentants devant Lyon n'hésitent pas à se servir de ces districts comme réservoir humain.

Avec la présence des représentants en mission, la société populaire semble essayer de se refaire une nouvelle conscience révolutionnaire dans la ligne montagnarde, pour retrouver auprès de la population de Bourg et de la Convention92(*) un semblant de crédibilité. Elle demande le 7 aôut dans une lettre à la Convention que soient déclarés inéligibles tous les prêtres et les nobles pendant deux ans et que ces derniers soient destitués de leur grade93(*) si ils sont militaires. Cette action vise aussi sans doute à maintenir dans leurs fonctions administratives les citoyens membres modérés de la société populaire (considérés comme non-exaltés bien qu'ayant pris part à l'action fédéraliste) afin d'en maintenir le plus possible écartés le peuple et ses orateurs. Mais pour beaucoup la société populaire demeure "aristocrate" car, du fait de sa cotisation élevée, elle reste interdite au peuple. Pour les jacobins réintégrés dans leurs fonctions par un double arrêté du directoire du département et des représentants Javogues et Delaporte, la société populaire des Amis de la Constitution de Bourg ne peut être désormais qu'un obstacle à la politique révolutionnaire.

De Paris, Blanc-Désisles et Convers écrivent à leurs collègues de Bourg et "les invitent à réunir quelques citoyens afin de former le noyau d'une seconde société populaire"94(*). La nouvelle société, dite des Sans-Culottes, siège à la salle de l'Arquebuse, voisinant immédiatement la salle des Spectacles où se tient la société des Amis de la Constitution.

La nouvelle société accueille dans son sein "beaucoup de citoyens vertueux, mais à qui il manquait la lumière"95(*), entendons par la des gens du peuple. Une tribune libre est ouverte aux hommes comme aux femmes. Les membres sont des hommes tous "frères; ils sont tous membres de la même famille; égaux en droits, devenus libres, ils sauront conserver la liberté et l'égalité ou mourir en les défendants."96(*)

La société des Sans-Culottes arrive facilement par son recrutement plus large et ses discours plus égalitaristes à doubler rapidement le nombre de ses adhérents et à provoquer la fermeture de la société des Amis de la Constitution. En effet cette dernière voit ses fonds s'amoindrir comme le nombre de ses membres et le 17 septembre 1793 elle cesse d'exister.97(*)

La société des Sans-Culottes s'abonne au père Duchèsne d'Hébert et l'on y fait "l'éloge d'Hébert, de Chaumette, et de Danton"98(*). Des bustes de Marat et de Lepelletier ornent la salle des séances.

Les orateurs de la société s'attaquent aux autorités constituées, aux propriétaires, aux marchands, aux gens de loi, aux avoués, aux notaires99(*) et à tous ceux qui peuvent représenter le fédéralisme. Ses revendications sont celles des sectionnaires parisiens100(*). Les idées rapportées par Blanc-Désisles et Convers de Paris sont une grande nouveauté pour le département où les notables sont, à quelques exceptions près, les mêmes que sous l'Ancien-Régime. A Belley le même type d'idée est lancée à la société populaire. Là bas, aussi c'est crise fédéraliste qui est le point de départ idéologique de la révolution social : " Assistons tous au assemblées primaires et communales. . .Si les patriotes assistent, les aristocrates ne paraîtront pas, . . . si les patriotes restent chez eux, tous les aristocrates assisteront et feront des choix à leur gré. . . Qui faut-il nommer ? Point de ces ci-devant nobles. . .point de gros bourgeois. . .point ou peu de ci-devant avocats ou procureurs. . .point de modérantiste. . .Citoyens, il nous faut, dans tous les postes, des Sans-Culottes d'effet et d'affection. . . .101(*)

C'est un désir de révolution sociale, initié par la crise fédéraliste, que veulent les Sans-Culottes. Mais cette révolution ne peut pas se faire car les administrations demeurent aux mains des anciens fédéralistes; l'Ain n'ayant pas subi une épuration de ses administrations comme celles du Rhône. On peut se demander jusqu'à quel point les conventionnels de l'Ain et parmi eux Gauthier-des-Orcières, ont préférer passer l'éponge sur la crise fédéraliste (il est vrai mineure) plutôt que de punir le département en promouvant une élite sociale issue de la petite bourgeoisie qui apporterait, avec son ascension, une remise en cause des pouvoirs et de la place de la bourgeoisie dans la vie politique départementale et c'est là justement les voeux des Sans-Culottes.

C'est à ce moment que Convers et Blanc-Désisles reviennent de Paris. Ils annoncent à leur retour "que tous les citoyens doivent trembler et qu'il se prépare contre la commune un événement terrible"102(*). Les jacobins de l'Ain, qu'il convient d'appeler désormais les Sans-Culottes, veulent se venger de leur éviction, par les fédéralistes, de la municipalité en juillet 1793 et purger le département des "aristocrates"103(*).

Le 22 septembre 1793, le comité révolutionnaire de la société populaire de Bourg, dont Blanc-Désisles est président, reçoit une lettre des représentants Bassal et Bernard qui demandent des renseignements sur les bons patriotes et les gens suspects. Au moment où le comité députe 8 de ses membres dans les différents districts pour prendre ses renseignements, des placards incendiaires appelant à l'insurrection sont affichés sur les murs de Bourg104(*). Dans cet état d'urgence qui arrange les affaires des Sans-Culottes, la mission des commissaires est suspendue et le citoyen Merle, seul, se rend à Besançon auprès des représentants du peuple, avec une liste de fonctionnaires à destituer. Merle revient à Bourg le 4 octobre 1793, avec un arrêté des représentants ordonnant la réorganisation des administrations du département. La main mise des Sans-culottes sur les administrations est effective. Cette main mise se fait grâce à la société populaire, son comité révolutionnaire et les représentants en mission.

Le 1er octobre, Rollet est envoyé vers Bassal et Bernard pour porter une liste de suspects à incarcérer ou à destituer et le 2 octobre 1793. Ces suspects sont mis en état d'arrestation et le 5 octobre près de 100 citoyens déclarés suspects sont désarmés à Bourg.

Après l'épuration des autorités siégeantes à Bourg, ce sont celles de Belley qui sont réorganisées.

Après les épurations officielles des administrations les Sans-Culottes de Bourg entreprennent de réorganiser sur le modèle de la société de Bourg, les clubs populaires du département.

Le 3 octobre 1793, la société de Trévoux devient société des Sans-Culottes puis elle même réorganise les sociétés de son district (les sociétés de Beauregard, de Thoissey, de St Trivier). Le 15 brumaire an II, le club de Bourg députe les citoyens Rollet et Ravet à Montrevel pour y réorganiser la société et le comité de surveillance.

Le 20 brumaire an II (10 novembre), la société de Châtillon-sur-Chalaronne se mue en société des Sans-Culottes. A Belley, par contre les deux sociétés cohabitent mal et se font concurrences. La société de Bourg agit dans l'Ain comme une société mère à laquelle son affiliées les sociétés des chefs-lieux de cantons auxquelles sont affiliées les sociétés comunales. Plusieurs d'entres-elles sont affiliées directement aux Jacobins de Paris. Certaines autres s'y affilient grâce aux sociétés de cantons où de districts.

Le 5 brumaire an II (26 octobre) sur une requête des Sans-Culottes de Bourg, le représentant Reverchon organise le Comité Central de Surveillance du département de l'Ain, qui remplace celui de la société des Sans-Culottes de Bourg. Tous ses membres sont sociétaires et beaucoup occupent déjà d'autres fonctions105(*). Les Sans-Culottes disposent d'un outil puissant pour imposer leur volonté aux modérés, ils ont désormais le pouvoir d'incarcérer sur l'étendue du département. Le 6 brumaire an II (27 octobre) les membres du nouveau comité prêtent serment et approuvent les arrestations ordonnée par le précédent comité; le même jour, ils font incarcérer les fédéralistes106(*).

"Bonnets rouges,. . . sabres traînants et. . . moustaches"107(*), les Sans-Culottes en regroupant les fédéralistes et tous les opposants à la Nation dans les prisons commencent à craindre un complot venant desdites prisons. Cette crainte qui ne fait qu'augmenter les pousse à vouloir se débarrasser des prisonniers, qui même en maison de détention demeurent un danger politique108(*) réel, pour eux. Cette décision de punir par le fer les fédéralites, les traitres au nouvel ordrre républicain vainqueur des insurgés fédéralistes et contre-révolutionnaires ne peut qu'êter monté en exergue par les épurations qui ont lieu au même moment à Commune-Affranchie, et auxquelles prend part un Bressan, le citoyen Merle en tant qu'accusateur public du Tribunal Révolutionnaire de Lyon dont Dorfeuille est le président.

Le 17 frimaire an II (7 décembre 1793) suite à la lecture d'une lettre des représentants Reverchon et Gauthier-des-Orcières, sur l'illégalité du cumul des mandats, les Sans-Culottes voyant sans doute la fin de leur main mise politique, députent Blanc-Désisles à Mâcon auprès de Javogues, afin de ne pas perdre le contrôle de la situation par la perte de postes administratifs.

le séjour de Claude Javogues

dans l'Ain : 19 - 22 frimaire an II

Le 18 frimaire (8 décembre) Blanc-Désisles se rend à Mâcon en compagnie de sa femme109(*). Avec le soutien de celle-ci, il demande à Javogues de venir dans l'Ain. Proposition que le représentant accepte après quelques rétiscences.

Le 19 frimaire an II (9 décembre), Blanc-Désisles est de retour à Bourg 3 heures avant l'arrivée de Javogues qu'il accueille avec un discours place Marat (actuel place de l'Hôtel-de-Ville). Javogues est venu avec 400 hommes de l'Armée révolutionnaire parisienne en route pour Lyon avec à leur tête Ronsin.

Grâce la présence de Javogues et de l'Armée Révolutionnaire Parisienne, la politique des Sans-Culottes va pouvoir s'exercer. Le 20 frimaire an II (10 décembre), Blanc-Désisles répartit une taxe révolutionnaire suivant les quartiers110(*). Chaque quartier est confié à un détachement de l'Armée Révolutionnaire Parisienne avec à sa tête deux officiers municipaux. Ils se mettent à la recherche du numéraire, de l'argenterie et parallèlement une première oeuvre de déchristianisation se fait sporadiquement par les officiers municipaux, par l'autodafé de livres et de symboles religieux.

Tout ces enlèvements se font avec un reçu; mais quelques illégalités sont commises.111(*) Seule, semble-t-il, le population aisée de la ville est soumise à cette taxe112(*), qui allie vengeance sociale et besoin national.

L'incompréhension et la surprise devant cette action sont souvent totales chez les perquisitionnés qui n'ont pas l'habitude de ce genre d'événement.

Javogues à Bourg imprime la démarche révolutionnaire désirée par les Sans-Culottes et la dépasse même lors de son discours à la société des Sans-Culottes le 21 frimaire an II (11 décembre).

Dans ce discours Javogues accentue le fait que la Révolution après avoir été politique doit être sociale113(*) pour être complète et dirigée contre "messieurs les honnètes gens"114(*).

Javogues, dans la fièvre des esprits qui suit la chute de Lyon, ordonne "qu'il faut que cette place (place d'armes devant l'Hôtel de ville où fut brûler l'effigie de Marat, le 30 juin 1793). . .soit le tombeau de leurs crimes"115(*)

Ce discours donne les principes politiques qui vont désormais régir le département de l'Ain.

Avec un tel discours, Javogues ne peut que répondre positivement à la requête que sollicite Blanc-Désisles116(*). Javogues met en place un Commission de Justice Populaire.. Les Sans-Culottes sont nommés aux places de président, accusateur public et juges.

Il se passe à Bourg, le même cheminement événementiel qu'à Lyon. Bourg a été fédéraliste comme Lyon, pour les Sans-Culottes la commune doit donc être traitée comme telle. Le 12 octobre 1793 Merle est nommé accusateur public de la Commission de Justice Populaire de Lyon, (où Tribunal Révolutionnaire de Lyon, que Dorfeuille préside du 10 brumaire (31 octobre) au 9 frimaire an II (29 novembre)). La correspondance qu'il garde avec ses amis sans-culottes de Bourg, peut leur indiquer la marche à suivre.

Le 21 frimaire an II (11 décembre) Baron-Chalier et Rollet-Marat117(*) sont nommés par Javogues, commissaires dans le district de St Rambert pour mettre en état d'arrestation les personnes suspectées de s'être rebellées avec Lyon.

Dès les premières mises en état d'arrestation, les représentants de l'Ain à la Convention, (avertis sans doute par leur famille de la politique que prévoient les Sans-Culottes), décident de modérer les ardeurs de ces derniers en envoyant dans l'Ain et la Saône-et-Loire un homme plus calme.

Gauthier-des-Orcières et Jagot, proposent le conventionnel Gouly.118(*) Sur le rapport du Comité de Gouvernement, la Convention nomme par décret le 14 frimaire an II (4 décembre) Benoît Gouly, représentant dans l'Ain et la Saône-et-Loire.

Selon le "Tableau analytique. . ." page 15, Blanc-Désisles aurait été mis au courant de la venue de Gouly par sa correspondance avec Paris; d'où la venue éclair de Javogues et la mise en place rapide de la Commission de Justice Populaire.

Gouly ne connaît de la situation du département de l'Ain, que ce que les conventionnels du département lui ont dit.

le choc Gouly

Gouly arrive à Bourg le 22 frimaire an II (12 décembre). Il est accompagné du citoyen Favélas, son secrétaire natif de Bourg, ainsi que de Rivail.119(*)

Benoit Gouly est natif de Bourg mais n'a pas grandit dans le département de l'Ain. Suite à des études de médecine à Bourg et à Paris, il s'embarque pour l'Ile de France où il débarque en 1772. Là bas, il exerce sa profession de chrurgien et obtient sa maitrise en chirurgie le 1er Mai 1778. Il exerce alors comme chirurgien major à l'hôpital. Mais simultanement, il fait fortune grâce aux plantations. C'est un homme de la bonne société local et esclavagiste convaincu (il possède 49 esclaves).

Gouly, bien que partisans des idées nouvelles en 1789, n'en demeure pas moins un homme de l'ancien-régime qui a bati sa fortune sur l'esclavagisme. Bien que membre du club des Jacobins, c'est un bourgeois modéré qui sous des traits d'ardent patriote, laisse transpirer son hypocrisie et sa démagogie politique. Gouly est un adepte de la langue de bois jacobine120(*).

A son arrivée, après un entretien, Javogues repart en pensant que Gouly continuera dans l'impulsion qu'il a donnée. Mais Gouly, à la plus grande surprise des Sans-Culottes, suspend la Commission. Il justifie son action dans une lettre au Comité de Salut Public : "les représentants du peuple dans les départements qui ne sont point et n'ont point été en rébellion, n'avaient point, à mon avis, le droit de constituer un pareil établissement"121(*). Gouly dénonce implicitement Javogues et prend le parti de Gauthier-des-Orcières qui vise à minimaliser la crise fédéraliste bressane en évitant une effusion de sang. Si cette idée est sincère de la part de Gauthier-des-Orcières envers les habitatns de l'Ain, pour Gouly, c'est une démarche proprement calculée. En effet, sa mission dans l'Ain va être à la mesure du personnage, jusqu'au boutiste par moment puis éminament modéré à d'autre.

Dès le 22 frimaire an II 12 décembre), Gouly va à l'encontre de la politique et des mesures prises par ses successeurs dans l'Ain. Mais il active la politique antireligieuse, "le fanatisme, dans ce département, a besoin de grandes mesures et de beaucoup de prudence pour être anéanti sans commotion dangereuse" écrit-il dans sa lettre du 23 frimaire (13 décembre) au Comité de Salut Public.122(*) Mais la prudence que prône Gouly va à l'encontre des souhaits de la sans-culotterie bressane.

A son arrivée à Bourg le 22 Frimaire (12 décembre), la ville est en effervescence. Les hussards du 1er régiment et la population, n'écoutant plus les officiers municipaux, sont sur le point d'en venir aux mains avec les hommes de l'Armée Révolutionnaire, qui ont arrêtés trois hussards dudit régiment et qui comptent bien les faire traduire en justice à Commune-Affranchie. Le départ de Javogues et des soldats de l'Armée Révolutionnaire calme les esprits.

Gouly à son arrivée est l'espoir des modérés et des Sans-Culottes. Il ne peut donc que s'attirer la rancoeur de l'un des deux partis, si ce n'est pas des deux.

La présence de Gouly dans l'Ain, au moment ou les Sans-Culottes allaient obtenir leur vengeance et son esprit de modération, sont des facteurs primordiaux qui aura de grandes retombées sur la mission d'Albitte.

Gouly réunit les autorités constituées pour les épurer car il se rend vite compte que certaines administrations comptent encore des fédéralistes. Il est à noter ici, le laxisme de Gauthier-des-Orcières par rapport à la dureté dont il fait preuve à Lyon.

Le 24 frimaire an II (14 décembre), Peysson, administrateur fortement soupçonné de fédéralisme, attaque à la société populaire Blanc-Désisles et l'accuse devant le représentant, d'être un fédéraliste. A cette attaque, Convers traite Blanc-Désisles de scélérat. Devant une telle scène, la confiance de Gouly en Blanc-Désisles disparaît. Le soir même, à 22h, les Sans-Culottes, alors réunis chez Rollet-Marat123(*), se promettent "mutuellement appui envers et contre tout". Ce serment qui soude les patriotes bressans contre Gouly, les soude aussi contre toutes les attaques dont ils seraient désormais les cibles, faisant du cas individuel un cas commun. Peysson et Convers, présents chez Rollet-Marat, présentent leur excuse à un Blanc-Désisles humilié dans sa ferveur patriotique.

Gouly en pensant rétablir la concorde au sein de la population de la commune de Bourg et de la société populaire, après avoir menacé de la dissoudre, fait admettre comme sociétaires des membres de l'ancienne société des Amis de la Constitution. A ce geste, les membres Sans-Culottes du directoire du département démissionnent. Gouly les remplace par Baron-Chalier et Blanc-Désisles, qu'il tient à éloigner de la Municipalité. Ce changement de poste du maire de Bourg est ressenti par les Sans-Culottes, comme une destitution faite pour aider les aristocrates.124(*)

Le 25 frimaire (15 décembre) Gouly fait libérer et réintégrer à son poste, Bugey ex-procureur syndic du département durant la crise fédéraliste.

Puis, après avoir réorganisé le comité de surveillance de Bourg et le district, Gouly part pour Belley le 27 frimaire an II (17 décembre), pensant avoir ramené le calme dans la cité bressane.

Gouly et son entourage arrivent à Belley le 28 frimaire (18 décembre). Là, ils trouvent une situation de guerre civile ouverte. Malgré des signes de réconciliation, la société des Sans-Culottes (soutenue par le comité de surveillance) et la société des Amis de la Constitution s'affrontent. Le maire de Belley, Brillat-Savarin est en fuite. Pour stopper cette situation de guerre civile entre fédéralistes et sans-culottes, Gouly ordonne le 29 frimaire (19 décembre) l'arrestation "sans exception, (des)ci-devants nobles, (des)prêtres et (des) prêtres non mariés"125(*) qu'ils jugent responsables des troubles. Gouly innove en mettant en place dans l'Ain une politique d'arrestation générale des membres d'une même classe sociale. Cette action est encore inédite jusque là, même si la municipalité de Bourg en avait plus ou moins tracée une frêle esquisse avec sa définition du terme de suspect en janvier 1793. Bien que modérant l'ardeur des plus exaltés des Sans-Culottes, Gouly marque le pas d'une politique "anti-aristocratique" nouvelle qu'aucun représentant en mission n'avaient essayé jusque là. Le même jour il dissout la société des Amis de la Constitution, jugée fédéraliste.

Le 4 nivôse (22 décembre), Gouly réorganise le comité de surveillance, la municipalité et le district de Belley.

Dans un élan de modération, alors qu'il décrète d'état d'arrestation Brillat-Savarin, maire et ex-constituant, ainsi que le vicaire de Belley Savarin avec ordre de les conduire au Tribunal Révolutionnaire de Paris; Gouly fait mettre en état d'arrestation Bonnet, Thorombert et Carrier, les leaders du mouvement jacobins belleysien, pour avoir outrepassé leur fonction et agi arbitrairement. Mais sous ces arrêtés, se découvre comme à Bourg-Régénéré, le dessein de vouloir éloigner des principales villes du département les fauteurs de troubles; coupant ainsi les factions de leurs chefs. De même Gouly cherche à réconcilier la Révolution avec le plus grand nombre de personnes possibles en ouvrant les prisons aux personnes qu'il juge patriotes.

C'est pour cela que le 4 nivôse (24 décembre), Gouly, fait libérer malgré son arrêté du 29 frimaire (19 décembre), 8 prêtres, 5 nobles, 14 religieuses, 8 cultivateurs, 2 notaires, 1 médecin et 4 citoyens.126(*)

A Gex le 12 nivôse (1 janvier), Gouly s'attaque au problème des frontières. Il épure la municipalité accusée de complicité avec des contrebandiers et prend le même arrêté qu'à Belley (celui du 29 frimaire) en y incluant les ex-agents seigneuriaux et les négociants spéculants sur les denrées de première nécessité. Le 14 nivôse (3 janvier), le représentant apprend que malgré ses précautions, les chefs sans-culottes belleysiens gardent des relations avec leurs partisans. Il décide de les faire transférer à Grenoble. Cette représaille de Gouly ne laisse pas inactifs les "frères" bressans, pour qui le serment de soutien mutuel ne s'arrête pas aux bornes du district de Bourg.

Mais plus draconien encore est son arrêté du 14 nivôse, qui supprime le district de Gex en le réunissant à celui de Nantua. Le 16 nivôse (5 janvier), Gouly lève une taxe sur les riches célibataires dans les districts de Gex et de Nantua.

Malgré une politique nouvelle d'arrestation et de taxe, Gouly s'attire la haine des Sans-Culottes de Bourg, Belley et Gex. Son envie de mener sa mission à bien tout en n'étant le sujet d'aucune faction, le conduit au discrédit par les autorités administratives des districts, sur lesquelles reposent l'ultime chaînon du Gouvernement Révolutionnaire.

Dès le 13 nivôse (2 janvier) Reydellet lui écrit de Bourg : "te voilà déjà en proie aux calomnies; l'on crie ton modérantisme"127(*).

En effet un pamphlet anonyme "Les aventures du petit Gouly, suivis de sa promenade, de ses confessions et de sa mort arrivée le même jour"128(*) est diffusée dans l'Ain. A la Convention, Deydier, député fortement soupçonné par les sans-culottes de modérantisme, soutien l'action de Gouly.

A Bourg-Régénéré, il est ouvertement attaqué à la société populaire par Merle de retour de Commune-Affranchie, Alban et Gallien. Des sans-culottes de Mâcon sont même députés à Paris pour parler à la barre de la Convention contre Gouly.

Les Sans-Culottes voit en Gouly, d'une part le destructeur de leurs efforts depuis octobre 1793 dont la présence de Javogues et l'installation de la Commission Populaire marquaient le point d'orgue; mais aussi le contrepoid à pouvoir qui favorise un parti de jacobins plus modérés issu de la faction des Sans-Culottes comme celle des fédéralistes. Ces hommes de la modération jacobine pourraient être Rivail, Reydellet, Favélas et Buget.

Le 1er nivôse an II (21 décembre), 37 membres de la société populaire de Bourg, dénoncent Blanc-Désisles et le comparent à Néron, Rollet-Marat au diable et Thévenin à un nouveau Nabuchodonosore. Les propos sanguinaires des Sans-Culottes vis-à-vis des fédéralistes (que la présence de Gouly à sauver de la mort par la suspension de la Commission Populaire) effrayent sans aucun doute les sociétaires intégrés par Gouly.

Gouly devant les attaques de modérantisme dont il est victime, emploie l'hypocrisie pour rester dans les bonnes faveurs du Comité de Salut Public. Il écrit lettres sur lettres avec "grandiloquence et dramatisation"129(*) le donnant pour un martyr, de peur que ses penchants modérantiste ne soit effectivement mise à jour.

Ce dernier, mis au courant des agitations de Bourg, décide pour endiguer le mouvement de dénonciation qui le vise aussi bien dans l'Ain qu'à Paris, d'agir à Bourg comme à Belley; et le 17 nivôse (6 janvier) de Ferney, il décide la mise en arrestation de Blanc-Désisles, Rollet-Marat et Convers.

L'arrêté est reçu à Bourg le 19 nivôse (8 janvier). Alors que Blanc-Désisles et Rollet-Marat sont arrêtés, Convers à le temps le matin de se rendre à Mâcon avec Laymant. Quand il revient le 21 nivôse (10 janvier) et qu'il rejoint ses deux compagnons il les prévient "que les représentants du peuple Albitte et Fouché de Nantes devaient arriver de Commune-Affranchie dans deux jours"130(*)

Toujours le 19 nivôse, Peysson le détracteur de Blanc-Désisles est aussi arrêté pour actes de fédéralisme et pour avoir une correspondance avec Tardy et Pagès, fédéralistes pour lors en fuite.

Le 19 nivôse au soir, à la société des Sans-Culottes de Bourg, Alban soutenu par les citoyens Duclos, Juvanon, Laymant, Martine et Chaigneau131(*) adoptent une dénonciation proposée par Juvanon. Cette dénonciation du représentant Gouly, adressée au Comité de Salut Public comporte 36 points. Les Sans-Culottes dépeignent Gouly comme "un scélérat qui avait élargit les aristocrates et mit en arrestation les sans-culottes"132(*)

A Commune-Affranchie, les attaques contre Gouly sont entendues.

rappel de Gouly et

arrivée d'Albitte

Des commissaires envoyés par les représentants à Commune-Affranchie dans les districts de Gex et de Montluel, informent le Comité de Salut Public de l'action de Gouly dans l'Ain.133(*) Le 14 nivôse (3 janvier), le Comité de Salut Public rappelle à Albitte que le département de l'Ain est confié à sa vigilance et l'incite à aller voir ce qu'il s'y passe : "toutes les fois que tu croiras utile de te déplacer, tu instruiras le Comité du lieu actuel de tes opérations."134(*)

Cette anarchie des pouvoirs caractérisant (selon C.Lucas) la période de brumaire à nivôse an II (octobre-janvier 1793) montre bien, par la double fonction d'Albitte (représentant auprès de l'Armée des Alpes chargé du département de l'Ain) et par les pouvoirs de Gouly dans l'Ain, que les dissensions intestines des Jacobins à Paris entre partisans de la Commune et élus provinciaux fidèles à la suprématie de la Convention sur les faubourgs. Gouly est soutenu par Gauthier-des-Orcières et Merlino à Paris et Albitte par Collot d'Herbois qui est proche des Cordeliers.

La position délicate de l'Ain est claire pour Albitte, qui en vendémiaire an II dans une lettre à un de ses collègues, dénonce cette anarchie géographique : " la mission des représentants du peuple, envoyés par le décrêt du 29 Avril près l'armée des Alpes, s'étend depuis l'Ain jusqu'au Var; celle des représentants Reverchon, Javogues et Laporte est spécialement pour les départements de Rhône-et-Loire, Saône-et-Loire et l'Ain. Enfin les représentants du peuple Bernard et Bassal sont envoyés pour le Doubs et l'Ain; en sorte que le même département de l'Ain se trouve soumis à trois autorités différents."135(*).

Le 16 nivôse an II (5 janvier), dans une lettre adressée à Collot d'Herbois, les représentants à Commune-Affranchie Fouché, Albitte et Laporte dénoncent " Gouly qui exécute,. . .(un) plan rétrorévolutionnaire et liberticide. . .dans un département qui est confié à notre surveillance"136(*). Fouché, Albitte et Laporte exposent dans la même lettre qu'ils se sont concertés pour savoir s'ils ne feraient pas arrêter Gouly. En effet, les représentants à Lyon en contestant la présence de Gouly dans l'Ain, ne font qu'entériner les pouvoirs confiés à Albitte dan l'arrêté du 29 Avril 1793, qui le nomme à l'Armée des Alpes et qui lui confie la suirveillance des départements de l'Ain jusqu'au Var.

Gouly est totalement désavoué par ses collègues de Commune-Affranchie qui contestent ses pouvoirs; au moment où le Comité de Salut Public décide le 9 nivôse qu' "en exécution de l'article 1er section 4ième du décret du 14 frimaire an II. . . les représentants du peuple sont rigoureusement circonscrits dans les départements qui leur sont désignés"137(*). Cet arrêté du Comité de Salut Public fait d'Albitte le représentant du peuple pour l'Ain étant donné que son ordre de mission date du 29 Avril.

A Bourg-Régénéré, le maire, Alban qui n'a pas été inquiété par l'arrêté de Gouly du 17 nivôse an II (6 janvier), se rend le soir du 19 nivôse (8 janvier), après la séance de la société populaire, dans le bureau de Blanc-Désisles au département, pour prendre des papiers puis se rend à Commune-Affranchie auprès des représentants en mission. Là, il leur expose la situation et quand il revient de Commune-Affranchie le 22 nivôse an II (11 janvier), il annonce à la société des Sans-Culottes le rappel de Gouly. Alban se veut l'organisateur de ce rappel car, explique-t-il, les représentants à Commune-Affranchie "avaient sous leurs mains des arrêtés en blanc du Comité de Salut Public"138(*). De même il se rend chez Gouly et lui donne une copie du décret du 9 nivôse (29 décembre) le rappelant à Paris.

Le soir même Gouly fait part au Comité de Salut Public de son étonnement de se voir rappelé à Paris par décret en date du 9 nivôse (29 décembre), alors que le 14 nivôse (3 janvier) il était chargé de vérifier les opérations des commissaires des représentants à Commune-Affranchie dans les districts de Gex et de Montluel139(*); ceux là même qui ont dénoncé sa conduite au Comité de Salut Public.

Gouly qui voit son retour à Paris comme un désavoeu du Comité de Salut Public, va garder une grande rencoeur vis-à-vis d'Albitte et du Comité de Salut Public. Cette rencoeur, ainsi que celles duent aux dénonciations des Sans-Culottes, feront de lui un Thermidorien redoutable.

Albitte est donc nommé dans l'Ain rétroactivement à la première copie du décret du 9 nivôse (29 décembre); où le nom de Gouly est notifié pour l'Ain et la Saône-et-Loire. Albitte voit ses ordres de mission modifiés entre le 14 et le 19 nivôse an II, dates où il reçoit la lettre du Comité de Salut Public l'invitant officieusement à se déplacer "toutes les fois que tu le croiras utile"140(*) et son nouvel ordre de mission lui donnant compétence dans l'Ain et le Mont-Blanc.

Albitte arrive à Bourg le 28 nivôse an II (17 janvier), accompagné de commissaires civils pris dans le personnel jacobin arrivé de Paris après la chute de Lyon. Albitte est entouré de Dorfeuille, Millet, Vauquoy, Bonnerot, Darasse et du général Lajolais.

A son arrivée, il fait réimprimer chez Bottier, à Bourg, le décret du 14 frimaire (4 décembre).

Après avoir pris connaissance avec les particularités et l'histoire d'un département peu connu, nous allons voir maintenant, qui est Albitte.

II / biographie d'Antoine-Louis Albitte

Antoine-Louis Albitte, personnage clef de cette étude, est le vecteur des espérances des Sans-Culottes après le départ de Javogues. Cette biographie va permettre de mieux cerner l'homme afin de mieux comprendre son action dans le département de l'Ain.

Nous allons donc ici voir le chemin social et politique de l'homme principal de ce sujet.

* 5H.Plagne, M.Péronnet in La Révolution dans l'Ain 1789-1799 Ed. Horvath, 135 pages, Le Coteau 1989, page 81

* 6Ibid page 82

* 7Ibid page 82

* 8Ibid page 84

* 9E.Dubois in l'Histoire de la Révolution dans l'Ain, 6 tomes Librairie Brochot Bourg de 1931 à 1935, réédition Ed. Verso, imp.Marchoise Aubusson, 1988. Tome 1

* 10Le 9 août 1789, des habitants de Nantua brisent la clôture de l'aumônier pour aller vider sa cave.

* 11Le pays de Gex ne veut pas être rattaché avec le Bugey. Le Bugey veut être un département dans lequel Nantua serait souverain sur Belley.

* 12Le citoyen Benoît Ravet, futur sans-culotte, est élu procureur de la commune de Bourg en 1790.

* 13Se voit écrit aussi Blanq-Désile. Mais aussi très souvent Désisles ou B-Désisles comme signait le révolutionnaire.

* 14Séance de la société populaire des Sans-Culottes de Bourg-Régénéré du 13 Messidor an II, "rapport au Comitéde Salut Public, sur la conduite de Blanc-Désisles, Alban et Frilet". Registre de la société populaire, dit "livre rouge" page 40. A.D.A fonds non classé. Cité aussi par E.Dubois in La Société populaire des Amis de la Constitution et des Sans-Culottes de Bourg 1791-1794, imp. Victor Berthod, 85 pages, Bourg 1930, page 76 "en 89, il(B.Désisles) a été un des premiers fondateurs de la société siégeant aux Feuillants."

* 15H.Plagne, M.Péronnet in la Révolution dans l'Ain 1789-1799, page 102

* 16Cité par E.Dubois in La Société populaire. . . , page 6

* 17"un roi jusqu'ici l'idole des français, vient de s'échapper furtivement du palais de ses pères. . . Vivre libres ou mourir" Proclamation de la société de Bourg aux citoyens du département de l'Ain cité par E.Dubois in La Société populaire . . ., page 7

* 18Blanc-Désisles est président de la société populaire au moment de la scission des Feuillants.

* 19Cité par E.Dubois in La Société populaire. . ., page 7

* 20Cité par E.Dubois in La Société populaire. . ., page 8

* 21"un seul homme, par son génie et ses vertus peut illustrer la patrie et la sauver de 1000 dangers" cité par E.Dubois in La Société populaire. . . page 8

* 22Dupont-de-Nemours, in La Révolution Française 1789-1799 de M.Vovelle, page 26.

* 23Jean-Antoine de Rostaing, né le 15 mars 1764. Il est, avec les citoyens Duparc et Sibuet, le rédacteur du journal du département de l'Ain, paraissant le vendredi, format in°8, qui durera à peu près 6 mois et qui est le "père" de l'actuel Voix de l'Ain. Engagé dasn un des batailolons de volontaire de l'Ain, il est nommé officier payeur à l'Armée des Alpes, puis commissaiers des guerres. Suspendu de ses fonctions, il est arrêté et emprisonné à Lyon le 8 décembre 1793.

* 24"noue l'adjurons(l'assemblé Législative)de se former en Convention nationale à l'effet de changer ou modifier la Constitution" Pétition manuscrite, portant trois cent signatures environ en date du 24 juin 1792, cité par E.Dubois in La Société populaire. . . , page 14

* 25Pétition du 24 juin 1792 citée par E.Dubois in La Société populaire. . . , page 13

* 26"Nous avons vu la Société acceuillir les volontaires à leur passage; elle accueillait volontiers aussi les élèves du collège " E.Dubois in La Société populaire. . . , page 11

* 27Cité pae E.Dubois in La Société populaire. . . , page 15

* 28Ibid page 16

* 29E.Dubois La société populaire. . . , page 18

* 30Ibid page 18

* 31Ibid page 18

* 32Ibid page 18

* 33Les 4 Marseillais, commissaires aux armées "pour déjouer les trahisons"(E.Dubois in La Société populaire. . . , page 18) sont les citoyens Laugier, chef de légion de la Garde Nationale, Regnier, Maillet juge de paix et Luler homme de loi.

* 34E.Dubois in Histoire de la Révolution dans l'Ain, tome 2, page 349

* 35E.Dubois in La Révolution. . ., tome 3 page 73

* 36Cité par E.Dubois in La Société populaire. . . , page 3, page 20

* 37Voir le mémoire de maitrise d'histoire de L.Jacquet, sous la direction de S.Chassagne : Le Journal de Lyon, ou moniteur RTRTRT Université Lumière Lyon II. Lyon 1996.

* 38E.Dubois in La Révolution . . ., tome 3 page 25

* 39Ph.le Duc in Histoire de la Révolution dans l'Ain,Bourg Martin-Bottier éditeur. 6 tomes. tome 1 1879. Tome 2 1880. Tome 3 1881. Tome 4 1882. Tome 5 1883 et tome 6 1884. tome 3, page 162-163

* 40"On précise : sont suspects : 1° les ex-nobles; 2° les ex-religieux; 3°les prêtres qui n'ont pas voulu prêter serment à la Constitution civile du clergé, ou qui ont rétracté leur serment; 4°les prêtres qui, non astreints à ce serment, se refuseraient à prêter celui de maintenir la liberté et l'égalité; 5° les pères, mères, femmes enfants d'émigrés" Archives municipale de Bourg, Registre de délibération

* 41E.Dubois in La Révolution . . ., page 73

* 42A.M.Guillot in Les conventionnels de l'Ain, Regain 1989, Bourg imp.atelier graphiques bressan, page 51

* 43Thomas Riboud cité par E.Dubois in La Révolution. . . , tome 3 page 87

* 44Le 21 mars le directoire du département écrit aux districts pour que "la réquisition des citoyens commissaires soit exécutées suivant leur forme et teneur". In La Révolution . . ., de E.Dubois, tome 3, page 73

* 45Cité par E.Dubois in La Révolution. . ., tome 3, page 88

* 46E.Dubois in Histoire de la Révolution . . ., tome 3, page 179

* 47Moniteur Universel n° 141 du 21 mai 1793

* 48Moniteur Universelle,

* 49"Les citoyens du département de l'Ain respectaient la Convention. . . lorsque vos commissaires, Amar et Merlino, y sont arrivés" Ibid

* 50"3° que vous soumettiez à une responsabilité les commissaires de la Convention qui abuseraient du pouvoir qui leur est délégué" Ibid

* 51extrait du procès verbal des séances du conseil permanent du département de l'Ain, manuscrit de 4 pages, A.D.A L269

* 52"2° que vous déterminiez d'une manière claire et précise ce qu'il faut entendre par gens suspects" Pétition du 19 mai 1793 in le Moniteur universel n° 141 du 21 mai 1793

* 53E.Dubois in Histoire de la Révolution. . . , tome 3 page 225

* 54arrêté du conseil général du département de l'Ain, portant q'il sera député des commissaires près la Convention nationale, du 2 juin 1793 l'an 2 de la république française, 4 pages in°8 de l'imprimerie Bottier Legrand à Bourg. A.D.A L269

* 55A.D.A L270

* 56Ibid

* 57E.Dubois in l'Histoire de la révolution. . ., tome 3 page 218

* 58E.Dubois in La Société populaire. . . , page 30

* 59Ibid, page 30

* 60Déclaration des autorités de Belley aux bugistes du 13 juin 1793, cité par E.Dubois in l'Histoire de la Révolution. . . , tome 3 page 249

* 61arrêté du département de l'Ain ; extrait du procès verbal des séances publiques du directoire du département du 6 juin 1793, A. D. A L269

* 62A.D.A L269

* 63"Il (Blanc-Désisles) a fait les adresses de la municipalité pour l'abolition de la royauté; la félicitations de la Convention sur le jugement du tyran" (in Registre de la société populaire, page 40 séance du 13 messidor an II, A.D.A fonds non classé)Pourquoi n'aurait-il pas fait cette proclamation, lui qui est un ancien comédien et un orateur écouté depuis le début de la Révolution.

* 64"ce n'est ni par des haines, ni par des calomnies, ni en adoptant des partis qu'on peut sauver la République" cité par E.Dubois in Histoire de la Révolution. . ., tome 3 page 251

* 65E.Dubois Histoire de la Révolution dans l'Ain, tome 3 page 270

* 66E.Dubois, Ibid, page 277

* 67Récit de Rollet dit Marat en réponse à une demande du district de Lons-le-Saulnier, du 6 germinal an II, cité par E.Dubois in Histoire de la Révolution. . ., page 278

* 68Tableau analythique des manoeuvres et des crimes des principaux intriguants de la commune de Bourg chef lieu du département de l'Ain 44 pages manuscrites. Etablit à la société populaire de Bourg le 5 vendémiaire an II, A.D.A ancien L219, page 5

* 69"Récit de Rollet. . ." Ibid

* 70 Cité par Ph.le Duc in "Histoire de la Révolution dans l'Ain" Op.cit, tome 3 page 337; et E.Dubois in "Histoire de la Révolution. . ." tome 3 page 278

* 71in "Registre de la société populaire des sans-culottes de Bourg-Régénéré" dit Livre Rouge, séance du 13 messidor an II, page 40, A.D.A fonds non classé série L

* 72E.Dubois in "Histoire de la Révolution dans l'Ain", tome 3 page 291

* 73Livre Rouge, Ibid

* 74E.Dubois in "Histoire de la Révolution. . . " tome 3 page 312

* 75Nom qui apparaît le 6 juillet 1793, en tête des minutes du conseil général du département de l'Ain. A.D.A L269

* 76 in "Tableau analytique. . . ", page 16

* 77"le Conseil général du département de l'Ain à ses concitoyens" proclamation imprimée de 4 pages format in°8 du 5 juillet 1793, sans nom d'imprimeur. A.D.A L269.

* 78Ibid

* 79E.Dubois in "Histoire de la Révolution. . . " tome 3 page 195

* 80Déclaration de Convers du 1er vendémiaire an III.

* 81R.Cobb in "l'Armée Révolutionnaire Parisienne à Lyon et dans la Région Lyonnaise. Frimaire-Prairial an II. 3 Tomes. Albums du Crocodile, 1951-1952.

* 82Les auteurs de ce tableau analytique parlent, lors de la visite de Blanc-Désisles et Convers à Paris, des rencontres qu'ont pu faire les deux burgiens avec ces "maîtres dont ils reçurent des leçons. . . (ces) ennemis du peuple. . . avec qui ils devaient concerter leur vengeance." "Tableau analytique . . ." page 7

* 83Ph;le Duc in "Histoire de la Révolution. . . ", tome 3 page 416

* 84E.Dubois in "Histoire de la Révolution. . .", tome 3 page 313

* 85"Tableau analytique. . . ", page 5

* 86Cité par E.Dubois in "Histoire de la Révolution. . .", tome 3 page316

* 87"le regret que nous éprouvons en voyant que votre administration continue de s'entendre avec les révoltés de Lyon" Lettre de Dubois-Crancé, Nioche et Gauthier des Orcières du 18 juillet 1793 de Grenoble, A.D.A L269

* 88"Bourg est toujours infestée d'aristocrates. . . ils sont à la tête de la municipalité, du club, et des assemblées de section" Lettre de Merle à Blanc-Désisles 24 juillet 1793. "Il ne faut pas pardonner à l'aristocratie, car son combat est la mort" Lettre d'Alban à Blanc-Désisles du 2 août 1793, citées par E.Dubois in "Histoire de la Révolution. . . ", tome 3 page 325 et 332

* 89Lettre du citoyen Billion au district de Nantua du 26 juin 1793, citée par E.Dubois in "Histoire de la Révolution. . .", tome 3 page 274

* 90Lettre du conseil général de l'Ain à la Convention du 25 juillet 1793, A.D.A L269

* 91Devant la réquisition faite à 84 gardes nationaux de Bourg de marcher sur Lyon, 43 échappent à la réquisition et 41 ne s'y soumettent que de force.

* 92" La Société, profondément indigné, allait s'occuper des moyens de détruire l'impression qu'auraient pu faire naître à la Convention ces bruits calomnieux. proclamation de la société populaire de Bourg citée par E.Dubois in "Histoire de la Révolution. . .", tome 3 page 334

* 93Cité par E.Dubois in "La Société populaire. . . ", page 39

* 94in "Tableau analythique. . . ", page 7

* 95in "Tableau analythique. . ." , page 8

* 96Le premier registre de la société des Sans-Culottes de Bourg ayant disparu, l'historien ne peut donc pas connaître le règlement de la dite société. Mais heureusement, lors de sa visite à la société populaire de Chatillon en Dombes, le 23 octobre 1793, Rollet-Marat promet "de vous instruire des règlements de la Société des Sans-Culottes de Bourg" (Cité par E.Dubois in l'article "La Société populaire des Amis de la Constitution de Chatillon-sur-Chalaronne" page183 à 224 in Bulletin de la société des Naturalistes et des Archéologues de l'Ain, n°46 de janvier 1932 imp.Victor Berthod à Bourg). Effectivement à la séance du 4 frimaire an II, la société adopte un nouveau règlement, on peut donc penser que ce dernier est très proche de celui de la société des Sans-Culottes de Bourg.

* 97E.Dubois in "La Société populaire. . . ", page 43

* 98in "Tableau anlithyque. . . ", page 9

* 99in "tableau anlithyque. . ." Ibid

* 100C.f A.Soboul in "Les Sans-Culottes" Paris éditions du Seuil 1968 réed. 1979.

* 101Voir E.Dubois in "Histoire de la Révolution. . . ", tome 3, page 346 à 350.

* 102in "Tableau analytique. . . ", page 8

* 103Pour les sans-culottes se terme regroupe tout ceux qui ne sont pas "politiquement correct", qui peuvent être à même de former un obstacle à la politique qu'ils désirent promouvoir. "Frappons sur l'homme instruit, ses écarts sont des crimes" (circulaire du Comité Central de Surveillance du département de l'Ain, aux comités du département, du 9 brumaire an II, signée Blanc-Désisles et Juvanon. Cité par E.Dubois in "Histoire de la Révolution. . ." Ibid, tome 4 page 41-42). Le sans-culotte devenant la norme du nouvel homme que la Révolution doit engendrer.

* 104"Avis, citoyens dans peu un grand massacre. Assemblez la Commune." cité par E.Dubois in"Histoire de la Révolution. . ." tome 4 page 38. "le sang va couler" A.D.A ancien L219

* 105Baron est déjà administrateur au département, Rollet est officier municipal, Duclos est notable, Alban est officier municipal, Convers agent national de la comunne de Bourg et Blanc-Désisles est maire.

* 106Sont mit en arrestation, Populus ex-constituant, Duhamel, Barquet.

* 107in "Tableau analytique. . .", page 12

* 108"Nos ennemis intérieurs sont abattus, mais ils ne sont pas détruits; ils calculent encore peut-être. . . une circonstance(qui saura)mieux ouvreur le tombeau de la République." Circulaire cu Comité Central de Surveillance du 9 brumaire an II.

* 109 témoignage de Benoît Grillet, marchand coutelier, du 8 fructidor an II, Cahier de témoignage A; A.D.A ancien L219

* 110in "Tableau analytique. . .", page 15

* 111Des officiers municipaux notamment Degrusse et Marey-Ichard, enlèvent du café et du sucre. Témoignage n°34 et n°42 du cahier de dénonciation 5 de thermidor an II.

* 112Aucun artisans, boutiquiers, ouvriers ou agriculteurs ne se manifeste en thermidor an II pour dénoncer des exactions commises à ce moment là.

* 113"qu'ils sachent ces vils égoïstes, ces vils satellites des despotes, qu'il n'y a de propriété que les individus de la société; que là où la société souffre, elle doit voir dans ces prétendus propriétaires, que d'exécrables usurpateurs, que de cruels vautours qu'il faut retrancher du sol de la liberté" in "Discours de Javogues" in°4, de 4 pages sans nom d'imprimeur.

* 114Ibid

* 115Ibid

* 116in "Tableau analytique. . ." page 8, page 15 et cahier de dénonciation témoignage n°5

* 117"Baron prit dans l'arrêté de Javogues le surnom de Challier, et Rollet qui. . .avait. . .avili Marat. . .adopta son nom" in"Tableau analytique. . .", page 12. Ce changement de nom montre bien la coupure d'avec le passé(la crise fédéraliste) et la naissance du nouveau citoyen chez qui l'adoration des martyrs républicains devient un culte.

* 118Benoit-Marie Gouly est né le 7 novembre 1753 à St Martin-du-Mont, dans l'Ain. Après avoir été au collège à Bourg et avoir suivit des études de médecine à Paris, il part à l'Ile-de-France comme médecin. Mais c'est comme planteur qu'il fait fortune. élu député à la Convention avec Sevre, il ne débarque à la Rochelle que le 16 septembre 1793, son navire ayant été capturé par les anglais.

* 119Rivail "juge de paix militaire. . .gendre du fédéraliste Duhamel. . .connu parmi les vrais sans-culottes pour un homme suspect dans son patriotisme". in "Conduite du Représentant Gouly dans les districts de Bourg et de Belley", manuscrit de 11 page format in 8° de Baron-Challier du 14 ventôse an II. A.D.A série L fonds non classé

* 120"Comme tant d'auters, souligne-t-il, il a alors cru de bonne foi dans le républicanisme sincère de la Montagne. Ensuite de furent le pragmatisme et la prudence qui autaient dicté sonb attitude : ayant pu constater que la Convention était dominée par la commune et les sociétés populaires de Paris et qu'il en était de même en province, il a jugé impossible de parler un autre langage et de pratiquer d'auters maximes à: moins de vouloir se faire arrêter et périr sur l'échaffaud" Claude Wanquet "La place des questions coloniales dans la réaction de l'an III.

* 121Lettre de Gouly au Comité de Salut Public du 23 frimaire an II, cité par E.Dubois in "Histoire dela Révolution . . ." tome 4 page 88

* 122Lettre de Gouly au Comité de Salut Public du 23 frimaire an II.

* 123"Conduite du représentant Gouly dans les districts de Bourg et de Belley".

* 124"Gouly destitua Désisles de sa place de maire à Bourg où il était réellement utile, contenant les aristocrates et les fédéralistes avec vigueur et le place à celle d'administrateur au département où il devenait inutile" Manuscrit de Baron-Challier du 14 ventôse an II. Ibid

* 125Cité par E.Dubois in" Histoire de la Révolution. . .", tome 4 page 99

* 126. Gouly trouvant qu' "une grande partie des arrestations faite par les comités de surveillance dans le district de Belley, l'ont été par des interprétations forcées de la loi du 17 septembre et par suite des haines personnelles"(cité par E.Dubois in "Histoire de la révolution. . . ", tome 4 page 111). Carrier, Bonnet et Thorombert étaient membres du comité de surveillance de la commune de Belley, d'où les inculpations de Gouly à leur égare.

* 127Cité par E.Dubois in "La Société populaire des . . .", page 46

* 128 Brochure de 16 pages in 8°, imprimée à Paris à l'Imprimerie des Sans-Culottes, rue de Loppe; cité par E.Dubois in "Histoire de la Révolution. . .", tome 4 page 123

* 129Claude Wanquet "La place des questions coloniales dans la réaction de l'an III"

* 130E.Dubois in "Histoire de la Révolution. . ." tome 4 page 135

* 131Cahier de témoignage A, de l'AN III. Témoignage page 2, 25, 31, 40, 48, 51, 61, A.D.A ancien l219

* 132Cahier de témoignage A, témoignage page 35

* 133E.Dubois in "Histoire de la Révolution. . .", tome 4 page 131. Les commissaires sont Vauquoy et

* 134Lettre du Comité de Salut Public du 14 nivôse an II, Archives Nationale, AF-II-84, citée par E.Dubois in "Histoire de la Révolution. . .", tome 4 page 131

* 135Lettre d'Albitte, AF II carton 185, vendémiaire, pièce 8, citée par H.Wallon, tome 3 page 412-412.

* 136Lettre de représentants à Commune-Affranchie du 16 nivôse an II, Archives Nationales AF-II-37, cité par E.Dubois in "Histoire de la Révolution. . .", tome 4 page 132

* 137"Extrait des registres du Comité de Salut Public de la Convention Nationale du 9ième jour de nivôse l'an 2ième dela République Française une et indivisible" Manuscrit de 1 page, signé au registre Billaud-Varenne, Barère, Carnot et Collot d'Herbois et pour copie conforme signé Albitte. A.D.A série L fonds non classé.

* 138"Tableau analytique. . . ", page 15

* 139Cité par E.Dubois in "Histoire de la Révolution. . .", tome 4 page 134

* 140Lettre du Comité de Salut Public du 14 nivôse an II.

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