La mission du représentant Albitte dans l'Ain( Télécharger le fichier original )par Jérôme Croyet Université Lumière Lyon II - Maîtrise d'histoire 1996 |
I : Les mesures de Salut Publicla politique de répression La politique du mois de pluviôse an II dans l'Ain est marquée par la volonté des Sans-Culottes de se venger des fédéralistes encore influents dans le département et d'annuler la politique de Gouly. Pour cela, la politique de répression mise au point par les Sans-Culottes (suivant leurs idées et concrétisée par les arrêtés d'Albitte), est constituée par la chasse aux suspects, la destruction des fantômes de l'Ancien-Régime et l'établissement du Gouvernement Révolutionnaire. La mission d'Albitte se démarque, d'abord, par l'accroissement du nombre de détenus et parallèlement du nombre de maisons de détention. La sûreté et la salubrité de ces dernières sont les premières préoccupations d'Albitte à son arrivée. les prisons Durant le mois de pluviôse an II, la politique d'Albitte va revêtir la tenue de la répression. En effet, se basant sur le modèle lyonnais, Albitte aidé de son entourage606(*), va reproduire à Bourg et à Belley ce qui lui a été enseigné à Lyon ou ce que sa correspondance avec ses collègues à Commune-Affranchie lui conseille de faire. Les mesures qu'Albitte prend à Bourg et à Belley s'inspirent donc de celles qui ont été prises à Commune-Affranchie après la chute de la ville. La politique d'Albitte est marquée par l'établissement de listes de suspects, afin que soit décidé qui doit être incarcéré et qui ne doit pas l'être. Les libérations de suspects sont sporadiques et limitées. Généralement les libérés sont des patriotes arrêtés par Gouly et soutenus par les sociétés populaires, ou des gens du peuple qui n'ont commis que des fautes peu répréhensibles pour les Sans-Culottes que celles d'être ci-devants, fédéralistes, riches ou fanatiques. Cette politique de chasse aux suspects se traduit au mois de pluviôse an II, outre l'établissement de ces listes de prisonniers et par la multiplication des ouvertures de maisons d'arrêt dans le département de l'Ain.
Le premier pluviôse an II, Albitte, sur les conseils de ses commissaires, prend son premier arrêté. Il demande (comme l'a fait la commission temporaire à Lyon607(*) le 21 brumaire an II 11 novembre 1793), à Reydellet alors agent national à la place de Rollet-Marat, de lui fournir "la liste des personnes déclarées suspectes et le tableau nominatif certifié de celles mise s en état d'arrestation et détenues ou dénoncées dans l'étendu dudit district, d'y joindre les motifs et causes de détention ou d'incarcération" 608(*). Dans ce même arrêté il demande des renseignements sur les maisons de détention ainsi que le nom des personnes mises en liberté depuis deux mois; c'est à dire depuis l'arrivée de Gouly. Albitte reçoit cette liste le 4 pluviôse an II (23 janvier).609(*) Albitte est étonné, quand il la reçoit de "voir des notes en marges de cette liste qui annoncent que telle personne est sortie . . .quoique la qualité. . .soit suspecte"610(*). En effet, Albitte est surpris de voir que la plupart des gens mis en état d'arrestation, vont et viennent à leur gré dans les dites maisons de détention. La première mesure d'Albitte est donc de faire maintenir en état d'arrestation les personnes suspectes. Pour cela, il prend un arrêté le 2 pluviôse an II (21 janvier), qui charge les agents nationaux des différents districts de "prendre les mesures les plus efficaces et les plus promptes; pour assurer l'état d'arrestation des personnes."611(*). Mais cet arrêté comporte encore une touche d'humanité, en effet, le représentant demande que des infirmeries soient installées dans les maisons d'arrêts . Dès le 5 pluviôse an II (24 janvier), l'agent national du district de Belley, nomme commissaires les citoyens Carroz et Palmicy pour murer les fenêtres de la maison de détention par lesquelles il peut y avoir des évasions et établir un corps de garde.612(*) Le 10 pluviôse an II (29 janvier), toujours à Belley, deux officiers de santé sont requis de visiter et donner des soins de 9 heures du matin à 10 heures et de 5 heures du soir à 6 heures du soir aux malades se trouvant en prison et ceci tous les jours. Assurer la détention des personnes suspectes. Voilà un problème qui reste constant durant toute la mission d'Albitte. En effet, beaucoup de prisons étant d'anciennes églises, les moyens de sorties et de communications ne manquent pas. Le 3 pluviôse an II (22 janvier), Rollet-Marat écrit : "J'ai donné les ordres nécessaires pour empêcher aux détenus de sortir et que quique ce soit communique avec eux, j'exercerai la surveillance la plus active sur les maisons d'arrêt et je crois pouvoir t'assurer qu'il n'y a plus d'évasion à craindre."613(*) Dans tous les districts les maisons de détention voient leurs moyens d'évasions, brèches, fenêtres, portes, murés ou rendus inutilisables. Mais si les prisonniers ne peuvent plus s'évader, ils peuvent néanmoins communiquer. Pour empêcher cela, le 12 pluviôse an II (31 janvier), par arrêté, la municipalité de Bourg ordonne que toutes les communications faites aux prêtres ayant abdiqué, se trouvant à Brou, serairent lues et que le citoyen Morand, concierge, serait le seul accrédité à leur porter à manger. le 17 pluviôse an II (5 février), le district de Belley écrit à la municipalité de Belley et lui donne des consignes quant à la tenue de la prison : "l'humanité étant la base du patriotisme, je vous invite et au besoin vous requiert de nommer un officier municipal et notable, que chaque jour à 2 heures après-midi, se transportera à la maison de détention pour veiller que les détenus n'aient aucune communication avec le dehors et surtout pour examiner si le concierge a pour les prisonniers les égards dus à l'humanité et si leur nourriture est saine et entretenue comme il convient et voudra bien s' il y a quelque chose d'extraordinaire le communiquer au directoire".614(*) Mais ces mesures, si draconiennes soient-elles, n'empêchent pas les prisonniers de pouvoir communiquer. L'exemple de la maison de détention d'Ambronay, qui renferme les principaux fédéralistes et nobles du département, (notamment Goyffon, Divoley Loubas de Bohan et Debost) est sur ce point très instructif. Le 17 pluviôse an II (5 février), le comité de surveillance d'Ambronay prend des mesures pour pas que les détenus ne puissent pas communiquer avec l'extérieur. Le comité de surveillance demande au concierge de la maison de connaître les prisonniers, pour ne pas que ceux-ci sortent. De plus, les vertueux membres de ce comité décident d'aller chaque jour à la prison pour surveiller si l'état des détenus est bien assuré. Le 10 ventôse an II (28 février), le comité de surveillance d'Ambronay, demande à ce que les hommes de la Garde Nationale chargés de surveiller la prison soient plus vigilants et empêchent les prisonniers de communiquer par le portail. Le 20 ventôse an II (20 mars), malgré ces exhortations à la vigilance, les membres du comité de surveillance du Petit Abergement, préviennent leurs collègues d'Ambronay qu'une lettre a filtré. Toujours le 20 ventôse an II, un membre du comité de surveillance d'Ambronay de garde à la prison, voit sortir un détenu, aller chez lui et ramener une malle, le factionnaire n'étant pas à son poste. Le 9 germinal an II (29 mars), un soldat de la garde nationale d'Ambronay prévient les membres du comité de surveillance que des prisonniers offrent de l'argent aux sentinelles, pour pouvoir faire rentrer des gens dans la prison. Le 14 germinal an II (3 avril), l'agent national du district de Montferme dénonce le détenu Divoley pour avoir voulu corrompre le volontaire François Miguard, alors en faction à la prison d'Ambronay. Mais l'ingéniosité des détenus ne s'arrête pas là. Le 26 germinal an II (15 avril), Divoley et un autre détenu que des gendarmes sont venus chercher, manquent à l'appel. Ces derniers ne sont ni peu ni moins cachés dans la prison même. Si la prison d'Ambronay semble plus rocambolesque qu'austère, ce n'est pas le cas de celle de Belley, où, fin ventôse an II, est incarcéré et requis pour faire des travaux publics le citoyen Anthelme Montjouven pour avoir facilité la communication avec les détenus. A Bourg, les détenus arrivent aussi à communiquer. En effet, des personnes réussissent à faire passer de l'encre et des feuilles aux détenus de la prison des Claristes, par le trou de la grille qui ferme le choeur de l'église de la dite prison. Si les détenus peuvent communiquer, c'est très souvent avec la complaisance de certains officier municipaux, sans doute peu scrupuleux de leurs devoirs, qui se laissent corrompre ou acheter. Si, le 23 messidor an II (11 juillet), Broccard membre du comité de surveillance se plaint de la conduite de Galand, officier municipal qui fait sortir des prisonniers; il est fort possible que les mêmes actions se soient produites sous Albitte. Beaucoup de prisonniers gardent donc un contact avec l'extérieur. La crainte de voir les détenus préparer une vengeance615(*) contre les Sans-Culottes, rend vite ces derniers très vigilant vis-à-vis des prisonniers. La vie dans les prisons n'en demeure pas moins précaire. Femmes, hommes, vieillards et enfants sont souvent entassés ensemble. Albitte, le 12 ventôse an II (2 mars), pour mettre fin à cette pratique, ordonne la séparation dans des prisons salubres des prisonniers des deux sexes. De même il interdit que soit emprisonné des enfants non majeurs, et confie l'éducation des fils de nobles à des instituteurs, car ils ont "droit aux bienfaits de la Révolution"616(*), et les filles de nobles à des mères de familles. L'éducation et l'entretien de ces enfants est payé par la caisse des séquestres. Il semble que dans la plupart des cas, ces enfants sont effectivement confiés, comme à Gex617(*), à de bons citoyens. Ces deux mesures sont dûment suivies. Cela mène au doublement des maisons de détention. Comme nous l'avons vu à Bourg, les femmes de nobles et les religieuses sont placées dans deux maisons différentes. A Châtillon-sur-Chalaronne, les ex-religieuses sont enfermées dans le couvent des Ursulines qu'elles habitaient auparavant. A Trévoux, les femmes sont réunies au rez-de-chaussée de la maison Desrioux, dont les prêtres occupent déjà l'étage supérieur. les suspects : libérations Dès son arrivée, Albitte reçoit des lettres et mémoires de détenus qui lui demandent leur libération. Mais il reçoit aussi des courriers en faveur des trois sans-culottes mis en état d'arrestation par Gouly : Blanc-Désisles, Rollet-Marat et Convers. Le 1er pluviôse an II (20 janvier) un officier du 1er hussard, le citoyen Maignot (membre de la société des Sans-Culottes) se porte garant de Rollet-Marat; le comité de surveillance de Bourg par une pétition déclare à Albitte que "depuis longtemps l'innocence gémit, depuis longtemps le patriotisme le plus pur est incarcéré" 618(*) et lave les trois hommes des accusations de fédéralisme que Gouly leur avait imputées 619(*). Reydellet déclare que l'incarcération des trois hommes aide les ennemis de la Révolution 620(*). Les sans-culottes sont libérés le 3 pluviôse (22 janvier) et sont "réintégrés dans leurs fonctions auxquelles ils ont été mal à propos arrachés. Le représentant du peuple déclare que ces trois citoyens n'ont pas perdu sa confiance" 621(*) . Cet arrêté d'Albitte montre, de façon évidente, qu'il prend le contre-pied de la politique de Gouly622(*)sous l'impulsion du pouvoir persuasif des Sans-Culottes. Rollet-Marat réintègre ses fonctions le jour même. Le soir du 3 pluviôse an II (22 janvier), les trois hommes se rendent à la société populaire et demandent, (avec le soutien de leurs collègues de la municipalité, du comité de surveillance, du district et du département), que soit faite une nouvelle dénonciation de Gouly. Deux dénonciations sont rédigées, une pour la Convention et l'autre pour les Jacobins. Le 4 pluviôse an II (23 janvier), un repas patriotique est donné en l'honneur des patriotes libérés à l'auberge du citoyen Claude Renaud, au faubourg de Commune-Affranchie à Bourg. Autour de la table 60 patriotes sont réunis. Le vin de l'aubergiste n'étant "à leur fantaisie, ils songèrent un moment où ils pourraient en trouver d'autres. Ils s'informèrent des endroits et on leur indiqua d'autres aubergistes, qu'alors plusieurs d'entre eux dirent : il n'y a qu'à aller chez quelques aristocrates ou quelques détenus. Qu'ils sortirent et à leur retour, ils annoncèrent qu'ils en avaient trouvé chez le citoyen Perruquet Bevy, qui était bon. Et ils envoyèrent chercher cinquante à soixante bouteilles qui furent bues dans ce repas, outre les autres vins qui leur furent envoyés, notamment un panier de vin blanc que leur fit porter le citoyen Brunet capitaine de gendarmerie" 623(*). Les premières visites dans les prisons se font dans la nuit du 29 au 30 nivôse an II (18-19 janvier), par Convers qui se rend aux Claristes afin d'interroger des détenus mandés par la Commission de Commune-Affranchie : "Convers alors officier municipal, vint un jour dans la maison de détention. Le citoyen Chambre, ex-administrateur du département demanda au citoyen Convers les motifs de sa détention. Convers répondit avec hauteur, c'est parce que tu as conspiré contre la patrie. Peu de temps après ce même Chambre fut conduit par devant la Commission Populaire de Commune-Affranchie"624(*). Dès le 3 pluviôse an II et jusqu'au 8 pluviôse an II (22-27 janvier) Dorfeuille, Millet, Bonnerot et Frilet vont dans la maison de détentions des Claristes, afin de prendre des renseignements sur les détenus sur ordre d'Albitte. Ces visites sont du même type que celles ordonnées par la Commission de Commune-Affranchie. Cette dernière a fait faire un recensement des détenus tout en prenant soit de faire cesser toutes les communications qu'ils pouvaient avoir avec l'extérieur, de plus elle leur fait enlever des sommes d'argent pour les donner aux plus nécessiteux. Ces actions sont reprises par Albitte et les commissaires civils dans l'Ain. Dans le père Duchèsne le cadet625(*), Dorfeuille présente ses visites dans les prisons comme une mission où le représentant le nomme "dans les prisons pour découvrir s'il n'y a pas quelque brave frère, quelques sans-culottes enfermé mal-à-propos. . .me voila juge". Ces visites se font avec beaucoup de violence. Les détenus ne reçoivent pas seulement les visites de Dorfeuille, Millet, Bonnerot et Frilet, mais aussi celles d'autres patriotes qui viennent dans les prisons pour se venger et y exercer des actes arbitraires et ceci sous la couverture de Dorfeuille, commissaire civil : "Que sur la fin de nivôse où au commencement de pluviôse de l'ère second, les dits Dorfeuille et Lajolais sur environ les quatre heures de relevée, entrèrent dans la maison de détention de Bourg en armes, accompagné d'Alban et Rollet. Que là, Dorfeuille demanda à l'un des détenus comment ils vivaient dans la maison; celui-ci répondit qu'il recevait tout les jours trente sols par les mains du citoyen Goyffon. Sur cette réponse le dit Dorfeuille et le dit Lajolais témoignèrent par des imprécations et jurements, beaucoup d'humeur contre le déclarant. Ils ordonnèrent au concierge de le traduire par devant eux. Le déclarant instruit de cet ordre se rendit dans la grande salle dite des notables, où il trouva les dits Dorfeuille, Lajolais, Rollet et Alban, qui tous ensemble lui reprochèrent avec amertume et injures la distribution qu'il faisait de trente sols par jour à ceux des détenus qui ne pouvaient pas subvenir à leurs besoins. . . Lajolais ordonna sans autre instruction ni forme de procédure que le déclarant serait mis au cachot pour y demeurer sur la paille, privé de feu et de lumière jusqu'à ce qu'autrement il en fut ordonné, cet ordre fut exécuté."626(*) Dorfeuille qui agit comme il l'a fait à Commune-Affranchie, établit lors de ces visites des cahiers qui portent la mention "Jugements des détenus". Ces listes de prisonniers, qui comportent l'interrogatoire succinct des prisonniers et l'avis qu'émettent Dorfeuille, Millet et Bonnerot; rappellent les jugements des tribunaux d'exception lyonnais. Dorfeuille lui-même lors d'un discours au Temple de la Raison de Bourg, déclare qu'il avait jugé les détenus sur leurs mines627(*). Les visites faîtes dans les prisons, par des commissaires nommés par Albitte, tout au long du mois de pluviôse an II sont pour les détenus une succession de vexations. "Dorfeuille, Vauquoy et Frilet se font ouvrir la porte de la maison d'arrêt pour interroger les détendus, mais quelles sont les formalités de ces interrogatoires ? Des vexations et des injures qu'eux seuls pouvaient inventer. Alban entrant en sa qualité de maire fait une visite nocturne dans la maison d'arrêt, il enlève aux détenus, assignats, argent, argenterie, enfin toutes les pièces et mémoires justificatifs" 628(*). Tout comme à Lyon, les Sans-Culottes prennent l'argent des détenus, pour le reverver dans caisses du gouvernement. Dorfeuille, Millet, Bonnerot et Frilet, demande au comité de surveillance de Bourg les 6 et 8 pluviôse an II (25-27 janvier) des renseignements sur la cause de l'arrestation de certains détenus afin "d'instruire par ces notes le représentant du peuple Albitte, de tout ce qui est venu à la connaissance du comité sur le caractère, la probité, le civisme des dits détenus" 629(*). Sur 94 détenus interrogés630(*), 19 seulement ont leur cas soumis au comité de surveillance. Parmi eux se trouvent des prêtres qui veulent abjurer. Le revirement religieux de ces derniers les rend suspects aux yeux de Dorfeuille qui demande au comité de surveillance de Bourg s'il "faut-il ajouter foi à cet acte et le regarder comme sincère ? leur conduite passée doit être le garant de leur conduite future" 631(*). Le 10 pluviôse an II (29 janvier) Albitte ordonne la mise en liberté de 11 détenus. Un seul prêtre est libéré, le citoyen Rousselet curé de Bourg que Dorfeuille avait trouvé "défanatisé et très raisonnable" 632(*). Le 6 pluviôse an II (25 janvier) Dorfeuille se fait renseigner sur les Sans-Culottes de Belley (que Gouly avait fait mettre en prison); c'est à dire Masse, Carrier, Bonnet et Thorombert, par le comité de surveillance de Bourg 633(*). Ce dernier, charge le jour même, Convers et Alban de prendre les dits renseignements sur leurs collègues de Belley 634(*). Le 24 pluviôse an II (12 février) Albitte fait transférer de Grenoble à Belley Thorombert et Bonnet. De tous les districts qui ont envoyé, (comme le désirait Albitte), la liste des personnes suspectes635(*) c'est dans celui de Bourg que l'on en libère le moins. Bourg regroupe dans ses maisons de détention beaucoup de détenus d'autres villes de l'Ain. La prison des Claristes est la prison politique de l'Ain avec celle d'Ambronay. Les Sans-Culottes de Bourg refusent la libération de détenus des Claristes, qu'ils considèrent commme dangereux pour l'ordre public636(*). Quand Albitte reçoit de Dorfeuille, Millet, Bonnerot et Frilet les résultats de leur mission dans les prisons, les Sans-Culottes poussent le représentant à revenir sur certains de ses choix concernant les personnes à libérer. Convers assiste à la scène : "Dorfeuille secrétaire du représentant fut chargé d'interroger les détenus. Il en trouva une foule d'innocents qui n'avaient commis aucun crime que celui d'avoir déplu à tel ou tel individu. Le représentant en décida la sortie après un examen scrupuleux et particulier sur la conduite de chacun d'eux, mais par une fatalité inconcevable ceux de Bourg furent oubliés. Convers en fit l'observation soit au représentant, soit à Dorfeuille, et il fut arrêté qu'on s'en occuperait , ce qui s'exécuta et après une longue conférence, trente quatre devaient être mis en liberté. Sur le champ on s'occupa de l'arrêté, mais je ne sais pourquoi le lendemain le représentant annonça qu'il avait changé d'avis et Dorfeuille, Désisles, Juvanon, Alban, Gay, Laymand et Duclos dirent en présence du représentant qu'il était impossible de mettre en liberté de tels individus qui étaient tous entachés de fédéralisme et d'aristocratie et alors le représentant déclara qu'il attendait des nouvelles du Comité de Salut Public pour prendre un parti à leur égard."637(*) Le 7 pluviôse an II (26 janvier), les scellés se trouvant sur les papiers de Peysson (alors en prison) sont levés afin qu'en soient retirés ceux concernant l'administration du département et ceux qui paraissent suspects, soient déposés au secrétariat du district, "pour y avoir recours si besoin"638(*). Le 12 pluviôse an II (31 janvier), c'est le citoyen Collet de Nantua (qui avait été mis en arrestation par Gouly) qui est libéré. Le 18 pluviôse an II (6 février), suite aux visites des commissaires d'Albitte dans les prisons, le comité de surveillance de Bourg donne son avis sur l'examen de 11 autres suspects détenus pour "faits de destitution et de suspicion"639(*), c'est à dire d'anciens fédéralistes. Aucun d'entre eux ne sont libérés. Le 20 pluviôse an II (8 février), par contre, Albitte fait libérer des "cultivateurs et vignerons (qui) n'ont été coupables un moment que par une crédulité à des insinuations perfides et artificieuses dont, ils ont été les premières victimes" 640(*). Ces 23 personnes sont toutes des personnes de la campagne, mais toutes ne sont pas agriculteurs ou vignerons. Albitte en libérant ces personnes de la campagne, pense se rapprocher de ces derniers. Sur les 23 libérés, 11 sont agriculteurs ou vignerons, les autres sont marchands, officier de santé ou administrateurs. Pour Albitte il faut "autant que l'on peut rendre à la liberté le pauvre; le malheureux et l'agriculteur qui, pour l'ordinaire ne font des fautes que par les conseils et les instigations perfides des riches, des intriguants, des cy-devants nobles" 641(*)
Le 20 pluviôse an II (8 février), suivant les conseils d'Albitte, Rollet-Marat se rend à Marboz où des cultivateurs sont emprisonnés depuis 4 mois. Il prend des renseignements quant au civisme de ces personnes et convaincu qu'ils ne sont en état d'arrestation que pour des motifs sans importance, il les libère contre la prestation d'un serment : "je jure de maintenir la liberté, l'égalité de la République Une et Indivisible démocratique et de mourir en la défendant"642(*). Le 24 pluviôse an II (12 février) Albitte remet en liberté le citoyen Genevay détenu à Ambronay et le capitaine Ambroise Laclergerie, détenu à Bourg. En ventôse Albitte met en liberté d'autres citoyens. Le 4 ventôse an II (22 février) c'est à Vauquoy, qu'Albitte demande de faire mettre en liberté le C.Didier. Le 17 ventôse an II (7 mars) il libère, depuis Chambéry, 18 autres agriculteurs de Marboz, "pauvres et fanatisés. . .coupables que par leurs prêttes"643(*) Beaucoup des libérations ordonnées par Albitte en ventôse an II sont d'un type tout différent de celles survenues en pluviôse an II. En effet à partir du 6 ventôse an II (24 février) Albitte inaugure un nouveau système d'élargissement. "Que nulle atteinte portée à la liberté, à l'égalité et aux intérêts de la République ne peut rester impunie;. . .que tout homme qui a nuit à la chose publique lui doit vengeance capitale ou indemnité. . .arrête ce qui suit : . . .Les citoyens ci après désignés seront mis en liberté. . .aussitôt qu'ils auront satisfait à la justice nationale en acquittant l'amende en indemnité"644(*). Ces amendes concernent surtout la libération de détenus des villes autres que Bourg. Toutes les personnes comprises dans ces arrêtés ne sont pourtant pas soumises à une amende. Il semble que pour les plus modestes un sincère meaculpa est suffisant. Là aussi Albitte reprend une idée développée à Commune-Affranchie645(*) en la transformant. Le 6 ventôse an II (24 février) 32 personnes sont libérés à Trévoux contre des amendes s'échelonant de 200 livres à 12000 livres; pour une somme totale de 34700 livres. Un autre arrêté, toujours du 6 ventôse an II (24 février), met en liberté 35 autres personnes détenues à Trévoux. Sur les 35 libérations, 13 personnes sont soumises à l'amende pour un total de 25500 livres. A Thoissey ce sont 10 personnes qu'Albitte élargit pour une somme totale de 300 livres. Certaines de ces amendes ont un but totalement patriotique comme celle que doit payer le prêtre Benoît Eustache, de Trévoux, qui à la place de donner une somme définie en fonction de sa fortune doit fournir la dote d'une fille à marier. Le 17 ventôse an II (7 mars), Albitte prend un nouvel arrêté qui ordonne la mise en liberté, toujours contre une amende, de 44 personnes de Belley. Plusieurs de ces amendes ont (comme à Trévoux) un but précis. Sur les 39770 livres que rapportent les amendes, les 300 livres du citoyen Joseph Baillod sont réparties de manière républicaine : 200 livres pour marier une fille pauvre et 100 livres pour payer la fête décadaire. Un autre libéré, Marc Berlioz voit ses 10000 livres d'amendes offertes pour secourir l'indigence, la vieillesse et pour récompenser la vertu, le courage et les talents. Certaines de ses libérations (outre l'amende) sont aussi soumises à une autre obligation; c'est le cas du citoyen Vuilleros qui, ex-chanoine à Belley, doit prêter le serment du 8 pluviôse (27 janvier). Quelques très rares détenus sont élargis car leur cas ne présente aucun danger pour la Nation; Mutigny ex-noble de Belley est "élargi sans amende vu l'état d'imbécillité où il se trouve"646(*). On reconnaît tout de suite, dans ces libérations exceptionnelles, le goût d'Albitte pour les actions symboliques. Le 17 ventôse an II (7 mars), Albitte s'occupe aussi des détenus du district de Montferme enfermés à la prison d'Ambronay. Etrangement l'exécution de cet arrêté n'est pas confié à l'agent national du district, mais à Rollet-Marat. 8 personnes sont mises en liberté pour une somme totale de 9600 livres. Les amendes sont payées le 19 ventôse an II (9 mars). Les amendes sont payées au directoire des districts ou aux commissaires civils d'Albitte quand il y en a à proximité. En germinal an II, Albitte fait sortir les détenus des prisons du district de Gex. Le 19 germinal an II (8 avril) 15 personnes sont rendues à la liberté et le 20 germinal an II (9 avril), se sont deux vieillards qui sont élargis. Il semble que sur la fin de germinal an II, Albitte a l'idée de faire sortir d'autres détenus des prisons de Bourg par ce moyen. Le 26 germinal an II (15 avril), Blanc-Désisles fait parvenir à Albitte une liste de détenus à libérer avec l'état de leur fortune647(*). Il est fort probable que la suite des évènements ait empêché ces libérations. Durant son séjour à Chambéry Albitte requièrt plusieurs fois Rollet-Marat de faire traduire à Chambéry quelques détenus afin qu'ils comparaissent devant le représentant. C'est le cas notamment de Peysson et Rubal le 17 ventôse an II (7 mars) et de Martin le 22 ventôse an II (12 mars). Albitte rend la liberté, comme nous l'avons vu à beaucoup d'habitants des campagnes, paysans ou petits commerçants. Mais il rend aussi la liberté à des personnes dont l'état physique est mauvais ainsi qu'à beaucoup de femmes. Il est a noter, que le fait d'être libéré ne redonne pas obligatoirement les droits de citoyens. Pour en bénéficier, il faut soit un arrêté d'Albitte rendu à cet effet ou dans le cas contraire avoir sa déchéance de citoyenneté notifiée dans un arrêté, (comme c'est le cas de Joseph Baillod dans le lot des libérés de Belley). Pour Albitte, les examens des détenus sont très importants. En effet, cela lui permet de construitre la base d'une société qui repose sur le peuple, où le pouvoir est aux mains des Sans-Culottes en faisant le tri entre " les gens égarés et séduits"648(*) temporairement qu'il convient de libérer et les autres, qui sont des contre-révolutionnaires, qui possèdent des protecteurs et des amis à Paris649(*). Albitte a le sentiment d'avoir répondu justement aux demandes qui lui étaient faites. Grâce à lui "ces pauvres citoyens (les laboureurs, les ouvriers et les femmes fanatisées) auraient été bien dix ans en prison avant que leurs plaintes eussent pu parvenir jusqu'à vous, car ils n'ont pas de protecteurs parmi les défenbseurs de Capet; ils n'ont pas d'élégantes et séduisantes solliciteuses, ni des défenseurs officieux auprès des comités, ni d'amis dans les bureaux. Ilsn'ont pas d'argent pour aller à Paris, pour y envoyer épouses inconsolables, de jolis enfants bien attendrissants, bine intéressants. Ils n'ont pas d'assignats pour aller à Paris calomnier les représenbtants du peuple qui veulent mourir plutôt que de laisser le ssans-culotisme opprimé et le modérantisme à l'ordre du jour"650(*). Albitte est à cette époque (enter Pluviôse an II et mi-Germinal an II) le porte-parole auprès du Comité de Salut Public des revendications des Sans-Culottes de Bourg, contre leurs adversaires politique dans l'Ain et à Paris. les arrestations Le mois de pluviôse est surtout marqué par des incarcérations. Le 30 nivôse an II (19 janvier) sur une réquisition de la Commission Temporaire de Commune-Affranchie, six fédéralistes de l'Ain, qui étaient allés à Lyon après le 29 mai 1793 pour féliciter la nouvelle municipalité, sont conduit à Lyon et enfermé à la prisons de Roanne.651(*) Lors de son passage Gouly avait ouvert les portes des prisons pour beaucoup de personnes. Sur les réclamations des Sans-Culottes et avec l'aide du tableau des suspects demander le 1er pluviôse; Albitte fait réintégrer dans les prisons le 11 pluviôse an II (30 janvier) toutes les personnes qui ont été élargies par Gouly dans le but de connaître les causes des arrestations et de détentions. Rollet-Marat, reçoit le jour même l'arrêté avec une note écrite par Darasse, qui l'invite à mettre l'arrêté en exécution immédiatement, lui annonçant que "le représentant se repose sur ton zèle et ton activité" 652(*). Dès le lendemain, Rollet-Marat fait réintégrer aux Claristes douze suspects, parmi lesquels 6 ex-moines. Le 13 pluviôse an II (1er février), Albitte pour donner plus de précision a son arrêté du 11, déclare que tous les "administrateurs, hommes de loi, avoués, ex-nobles, ex-prêtres et ex-religieuses, qui avaient été mis en état d'arrestation par ordre des représentants du peuple Amar, Merlino, Bassal, Bernard et Javogues ou les autorités constituées ont été mises en liberté par les agents du fédéralisme, ou d'après les ordres du représentants Gouly" 653(*) seront réintégrés "sur le champ. . . dans les maisons d'arrêt" 654(*). Cette arrêté qui prend des mesures draconiennes contre les personnes d'une calsse sociale précises, répond aux voeux des Sans Culottes exprimés par Rollet-Marat dans les Principes républicains et révolutionnaires pour les vrais sans-culottes 655(*) et Thévenin fils dans sa profession de foi de la société des sans-culottes 656(*). Cet arrêté, prend ses sources dans la crise fédéralistes de l'Ain puisqu'il demande la réintégration en prison de toutes les personnes mises en arrestation par Amar et Merlino, c'est à dire celle libérés par la foule le 29 juin 1793. On peut noter que cet arrêté est très proche d'une décision de la Commission Temporaire du 21 frimaire an II (11 décembre), qui demande que "tous les avoués, hommes de loi, huissiers, notaires, clercs, ci-devants nobles et prêtres" doivent être mit sur le champ en état d'arrestation et leurs biens séquestrés 657(*). . En exécution de cet arrêté, les journées du 15 et du 16 pluviôse an II (3-4 février) se transforment pour les citoyens compris dans ledit arrêté en une sombre journée. Le 15 pluviôse des hommes et des femmes qui se trouvent dans la maison Bachet sont conduit aux Claristes et à la Charité. Cet arrêté redonne l'occasion aux Sans-Culottes de remettre en prison les fédéralistes. Rollet-Marat toujours le 15 pluviôse an II, donne l'ordre au commandant de la garde national, le citoyen Giriat, d'arrêter et de conduire aux Claristes les citoyens Brangier ex-secrétaire du département, Buget ex-procureur syndic, Gadiolet notable, Mathieu huissier, Vaulpré médecin, Bonnardel marchand, Gaillard conseiller, Puthod homme de loi, Morel homme de loi et Midan directeur de la poste. De même Rollet-Marat invite les officiers municipaux de Ceyzériat a faire arrêter le citoyen Perrot, ci-devant conseiller. Le 16 pluviôse an II (4 février) les arrestations continuent. Sur ordre de Rollet-Marat la garde nationale de Bourg conduit le 16 pluviôse an II, une dizaine de religieuse qui se trouvaient en "surveillance" dans la maison de Rollet-Marat rue Simonneau ainsi que dans les maisons Bolozon, la Teyssonnière rue Victoire, dans la maison de l'ex-conseiller Guillod, chez le chirurgien Falconnet, chez le chapelier Hurville, chez Philipon, chez Bernard rue Brutus, chez l'huissier Reybier et chez la veuve Marion Rollet; en maison de détention à la Charité 658(*). De semblables arrestations ont lieu dans tout le département. A Châtillon-sur-Chalaronne dès le 15 pluviôse (3 février), 9 personnes sont incarcérées. Ces arrestations se continuent les 18 (5 arrestations), le 19 (2 arrestations), le 20 (2 arrestations), le 23 ( 1 arrestation), et le 25 pluviôse (2 arrestations) (6-7-8-11 et 13 février). A Belley le 16 pluviôse an II (4 février) Baron-Chalier, agent national du district, charge le citoyen Palmicy de faire arrêter 28 personnes, dont 11 ci-devants659(*). Le 17 pluviôse an II (5 février), trouvant que l'arrêté d'Albitte du 13 est incomplet (la mise en place de scellés sur les affaires des suspects n'est pas abordée dans l'arrêté du 13 pluviôse ), Baron-Chalier requière les officiers municipaux de Belley de procéder à la mise sous scellés. Dans la même requête, il fait arrêter 59 autres personnes dont 18 hommes ou femmes d'églises660(*), aussi bien prêtres que religieux. 661(*) Le 13 pluviôse an II (1er février), Baron-Chalier, écrit aux Comités de Salut Public et de Sureté Générale : "Je viens d'après l'arrêté d'Albitte de faire réintégrer en prison tout ceux que Gouly avait fait sortir excepté les malades, vieux et jeunes filles avec un pauvre, nourrit et payé comme factionnaire."662(*). Les personnes ne pouvant resté en prison sont enfermées chez elles sous la surveillance d'un factionnaire. Souvent ces arrestations se font avec quelques violences vocales, inhérentes au comportement des Sans-Culottes de l'an II. Ainsi quand Ravet arrête le citoyen Unon, il le traite de "gueux, de coquin, qu'il méritait la guillotine"663(*) arrestation lesieur Le 19 pluviôse an II (7 février), sans doute sur le conseil des commissaires civils et des remontrances que lui ont faite les Sans-Culottes, Albitte par arrêté fait mettre sous séquestre les biens des personnes suspectes. Cet arrêté est le plus long qu'il ait pris durant sa mission dans l'Ain. Cet arrêté, qui est constitué par la succession de 27 articles, énonce clairement les dispositions à prendre pour que les biens des détenus soient séquestrés. Par cet arrêté, Albitte cherche à alimenter les marchés et les dépôts de l'Armée avec les grains, le vin, fourrage, ect. . .. Tous les biens mobiliers des suspects sont inventoriés et une caisse des séquestres est constituée par district. Pour l'exécution de cet arrêté les districts nomment des commissaires qui se rendent dans les communes pour mettre à exécution ledit arrêté. A la suite de cet arrêté, plusieurs personnes sont mises en état d'arrestation sur décision des agents nationaux. C'est ainsi que Thomas Riboud le 22 pluviôse an II (20 février) sur ordre de Rollet-Marat, se retrouve en prison. Duclos, président de la société populaire de Bourg à ce moment, est chargé de cette arrestation et d'apposer les scellés sur les biens de Riboud. Dans le district de Bourg le 3 ventôse an II (21 février), 8 commissaires sont nommés pour mettre les biens des suspects sous séquestre ainsi que pour "s'informer si les arrêtés d'Albitte sont respectés"664(*). Dans le cas des petites communes rurales, se sont le plus souvent les comités de surveillance qui se chargent de cette tâche mais avec beaucoup de retard. Ce n'est que le 1er ventôse an II (19 février) que le comité de surveillance de Verny s'occupe de mettre les scellés sur les biens des suspects et il faut attendre le 23 ventôse an II (13 mars) pour que le comité de surveillance de Divonne s'en occupe. Les agents nationaux comme Baron-Chalier ou Rollet-Marat donnent une marque personnelle aux arrêtés d'Albitte. Ainsi le 9 ventôse an II, Rollet-Marat charge le commandant de la Garde Nationale de Bourg de faire conduire à la maison de la Charité toutes les religieuses. Certaines arrestations, même si elles portent le sceau et la signature d'Albitte, sont le fruit des agissements des Sans-Culottes. Le 3 ventôse an II (21 février) alors qu'il est à Belley, Albitte ordonne par arrêté l'arrestation de Rivail officier de police militaire proche de Gouly ainsi que Massey commissaires des guerres qui a été le secrétaire de Gouly avec Favélas (ce dernier aussi est arrêté). Le 4 ventôse an II (22 février), 2 officiers municipaux de Bourg mettent les deux hommes en prison et apposent les scellés sur leurs biens. Les Sans-Culottes obtiennent là une vengeance. Ne pouvant pas atteindre Gouly ils s'attaquent à ses proches. De même les arrestations ordonnées en exécution des arrêtés d'Albitte par la municipalité de Bourg semblent mettre, le 1er germinal an II (21 mars), la municipalité et l'agent national du district en désaccord. Rollet-Marat dans une lettre à la municipalité de Bourg, le 29 ventôse an II (19 mars), demande les motifs d'arrestations de 23 citoyens. Cette lettre provoque, le 1er germinal an II (21 mars), une réunion extraordinaire du conseil général de la commune de Bourg où tout les membres sont présents. Le conseil général répond à la requête de Rollet-Marat. Cette réponse montre tout à fait la phobie du complot aristocratique dont font preuve les membres de la municipalité de Bourg : "1° O'Konel, irlandais, d'après la loi; il n'y a point autres motifs; 2° Antoine(Marie-Joseph Janinet, très suspect, ayant été au Jura; muscadin un peu timbré. 3° Midan, ci-devant Chanoine, fanatique outré, ayant confessé et marié chez lui et dans les campagnes. 4° Joseph Roux, ci-devant prêtre, fanatique idem; aristocrate enragé, de mauvaise vie, et ayant constamment tenu des conciliabules aristocratiques. 5° François Grand ci-devant homme de loi, aristocrate marqué depuis 1789, fédéraliste; a installé la municipalité fédéraliste. 6° Pierre Abraham, ci-devant chartreux, très suspect; fanatique chez lequel on a trouvé des ornements d'église, calices et hosties. 7° Claude-François Vuillaume, agent de noble, ayant constamment tenu chez lui des rassemblements de prêtres réfractaires, pauvre, chargé de famille, aidant sa mère âgée de 80 ans, faisant chez lui quelques parties avec des prêtres libertins. 8° Charles-Maire Boizet, ci-devant procureur, homme très dangereux à la Société ayant toujours dénigré la Révolution et n'ayant jamais voulu faire aucun service, ni se soumettre aux loi. 9° François-Marie Trézette, lieutenant de gendarmerie, ci-devant garde du Roi; aristocrate marqué, menaçait les gendarmes de dompter leur patriotisme; son frère a été guillotiné à Commune-Affranchie. 10° Jean-François Bailloux, tailleur de pierre; ne fréquentait que les nobles; notable fédéraliste, dénigrant les patriotes; en un mot séduit par les fédéralistes. 11° Jean-Pierre Boulbe fils, aristocrate fédéraliste; a été au Jura; menaçait les patriotes; a quitté son corps de canonniers à Valence sans congé, et n'a pas voulu marcher contre Lyon, et a déclaré à la Municipalité, lors du recrutement de 300.000 hommes, qu'il ne partirait que par la force d'un décret. 12° Joseph-François Debost, ci-devant agent militaire, homme immoral, surnommé de tout temps le Polisson; grand fédéraliste; a été au Jura; menaçant et tyrannisant les patriotes; (soupçonné d'avoir été payé pour tenir le parti des fédéralistes). 13° Denis-Ferdinand Picquet, ex-constituant; aristocrate marqué, dangereux conspirateur depuis 89; voir au surplus les registres du comité central au pouvoir d'Albitte. 14° François-Philibert Loubat-Bohan, ex-noble; a été major de la gendarmerie; arisotcrate dissimulé, ayant trompé la nation dans une vente de blé au-dessus du maximum par fausse date; il a des parents émigrés. 15° François-Divoley, ex-noble, a été incarcéré par arrêté d'Amar et Merlino; homme dangereux ayant fait passer des marchandises et numéraire à l'étranger et ayant des parents émigrés. 16° François Cordioux, jardinier dudit Divoley. On ne connait pas les motifs de son arrestation; arrêté étant avec Divoley. 17° Claude-Marie-François Chossat, ex-noble; se tenait toujours derrière le rideau. 18° Jean-Marie Tricot, ex-noble; aristocrate caché et suspect n'ayant jamais aimé la Révolution. 19° Bruno Brossard, ex-chartreux insermenté; fameux scélérat, ayant fait le métier d'accapareur de grains; on a trouvé chez lui des ornements et des calices cachés. Sujet à la déportation, n'ayant pas preté le serment d'égalité et de liberté. 20° Claude-Louis Obrien, ci-devant chanoine, fanatique des plus outrés; a corrompu tous les couvents de femmes en leur prêchant le fanatisme , confessant et disant la messe en secret; insermenté, ayant manifesté une haine immortelle à la Révolution depuis 89."665(*) La lecture des motifs donnés par la Municipalité de Bourg montre que cette dernière (grâce aux arrêtés d'Albitte), cherche à faire table rase de ses ennemis politiques de juin 1793, en les faisant incarérer. Pour cela les motifs politiques cotoient les motifs moral. Tout est bon pour garder en prison les hommes de l'avant an II. Afin de mieux contrôler surveiller les fédéraliste les Sans-Culottes, le 4 ventôse an II (22 février), font venir dans la prison des Claristes à Bourg 14 détenus de Belley, tous anciens fédéralistes. A Belley le 28 pluviôse an II (16 février), Albitte accompagné de Dorfeuille et Blanc-Désisles, charge ce dernier,( ainsi que le citoyen Tenand de Belley), de visiter les prisons et comme à Bourg d'établir une liste de suspects. Le même jour sont mis sous séquestre les biens de certains membres de la Société populaire du Temple de la Raison, dénoncés par le comité de surveillance de Belley le 14ième jour du second mois de l'an II (4 novembre). 31 personnes figurent sur cette liste. Brillat-Savarin (le maire de Belley) est absent de cette liste car il a émigré depuis la venue de Gouly à Belley. Dans les jours qui suivent l'arrivée d'Albitte à Belley et la libérations des Sans-Culottes belleysiens, les maisons de détention de Belley compte 151 détenus en exécution aux application des arrêtés d'Albitte. A la suite des visites de Blanc-Désisles et Tenand dans les prisons, Albitte remet en liberté le 29 pluviôse an II (17 février) Bonnet directeur de la poste, Thorombert administrateur au district, Carrier et Masse commandant de la garde national de Culoz. Le 2 ventôse (20 février), c'est le citoyen Charcot de Vireu-le-Grand qui est mit en liberté. Grâce à ces libérations, le mouvement des Sans-Culottes de l'Ain retrouve son intégrité. Suite à l'incarcération de Jean-Baptisite Kindelem, imprimeur à Belley, Albitte ordonne la venue à Belley le 2 ventôse an II (20 février), d'un imprimeur de Bourg. Le 23 ventôse an II (13 mars) alors qu'il est à Chambéry, Albitte prend un arrêté qui ordonne à tout les nobles non détenus, de 18 à 70 ans de se rendre dans les maisons de détention des chefs lieux de districts, en faisant connaitre leur fortune et les emplois qu'ils ont occupés jusqu'au jour de leur incarcération. Cet arrêté conduit 30 nobles à Brou dans les jours qui suivent et 31 femmes nobles sont à la maison de détention du Châtelard. Dans les prisons des commissaires des autorités constitués leur rendent visite et établissent des listes où figure en marge de leur nom, l'indication de leur fortune666(*). Toujours suivant cet arrêté, 69 prêtres sont enfermés à Bicêtre. A Trévoux se sont 34 personnes qui rejoignent la maison de sureté et à St Rambert (Montferme) se sont 31 personnes qui tombent sous le coup de cet l'arrêté et qui rejoignent la maison de détention le 18 floréal an II (7 mai). Mais à cette date, les administrateurs se montrent moins fermes et libèrent facilement contre des amendes certaines personnes. Il faut ajouter à ces incarcérations celles ordonnées par les comités de surveillance ou les agents nationaux des communes de petites tailles Rentrent aussi dans le décompte des détenus toutes les religieuses et tous les religieux qui, n'ayant pas signé leur abdication, se retrouvent en détention667(*). C'est ainsi que le comité de surveillance de Bourg, fait arrêté le 25 ventôse an II (15 mars) Gauthier Cincinatus; le cousin du député de l'Ain668(*); car il n'a pas de certificat de civisme et n'a pas rejoint son poste aux armées. Durant tout le mois de ventôse et même celui de geminal, des citoyens de différentes communes du département alors en détention sont conduits à la prison des Claristes à Bourg; les Sans-Culottes cherchent à regrouper dans le même lieu tous les suspects politiques. Ces arrestations mélangent souvent les personnes tombant sous le coup des arrêtés d'Albitte et des citoyens dont la conduite incivique les amène à être dénonçés ou soupçonnés par Rollet-Marat, Blanc-Désisles ou les commissaires civils, comme aristocrates ou modérés. Vauquoy fait arrêter au théatre de Bourg, en pleine représentation, le citoyen Poizat pour cause d'incivisme. Le fait de porter des images pieuses et de posséder des receuils de chansons religieuses amènent les deux filles Archimbaud a être traitées comme suspectes par Blanc-Désisles. Mais la politique de recherche des suspects ne se poursuit pas que dans l'Ain. Suite aux renseignements pris par Dorfeuille, Millet , Bonnerot et Frilet; Albitte écrit au Comité de Sureté Générale à Paris, durant la première décade de pluviôse an II, pour demander l'arrestation des principaux fédéralistes de l'Ain, alors en fuite à Paris. Il s'agit de Pagès (président du département en luillet 1793), Tardy (vice-président), Morel (homme de loi), Bugey (procureur syndic), Midan (directeur de la poste), Billon (membre du conseil général du département) et Gaillard (conseiller). Le Comité de Sureté Générale répond à Albitte le 22 pluviôse an II, et lui fait part que le Comité a pris un arrêté contre eux669(*). Cet arrêté demande à la Commune de Paris l'arrestation de ces hommes et leur conduite de postes en postes à Commune-Affarnchie. L'éxecution de cet arrêté est confié à Pache, maire de Paris. Le 29 pluviôse an II (17 février) Blanc-Désisles, alors à Belley avec Albitte, écrit à Rollet-Marat au sujet de cette affaire : "Albitte envoie à l'agent national du district de Bourg-Régénéré un extrait de l'arrêté du Comité de Sureté Générale et l'invite à prendre toutes les mesures nécéssaires pour atteindre les citoyens qui y sont désignés en cas qu'ils parraissent dans le district de Bourg ou dans les districts environnants auquels il aura soin d'en écrire et d'en envoyer extraits."670(*) Le 30 pluviôse an II (18 février), afin de capturer ces hommes, Dorfeuille et Merle se rendent à Paris et vont à la Commune afin d'obtenir l'arrestation des 7 fédéralistes. Merle le 30 pluviôse an II (18 février) écrit : "Je m'occupe de nos affaires sans relâche, je n'ai pas pu découvrir encore aucun de nos gens suspects. Le Maire m'a dit qu'il avait déjà des notes sur leur compte, mais qu'il faudrait savoir à peu près quels sont les lieux et les maisons qu'ils fréquentent le plus souvent afin qu'il put les faire guetter, . . . Quant à Morel on a dû faire perquisition de sa personne chez Deidier, le maire me l'a promis."671(*) Malgré toutes ces recherches, les démarches restent infructueuses. Savoir le nombre exact de personnes détenus dans l'Ain à cause des arrêtés d'Albitte est un travail difficle. Néanmoins, avec les registres d'écrous, on peut savoir le nombre de détenus approximatifs que contiennent les maisons de détention après le départ du repésentant. Mais il faut bien penser que les prisonniers ne sont pas tous détenus sur ordre d'Albitte. A Bourg, on compte en prairial an II, environ (d'après E.Dubois) 350 détenus dont une cinquantaine de religieuses et une soixantaine de religieux. A Nantua, ce sont 54 personnes qui sont en prison, le 7 ventôse an II (25 février) Ambronay compte 71 détenus et Pont-de-Vaux en Brumaire an III a encore 27 personnes en prisons. Il est quand même envisageable d'estimer entre 500 et 550 le nombre de personnes en prisons quand Albitte retourne à l'Armée des Alpes le 18 floréal an II (7 mai). Les exécutions La présence d'Albitte dans l'Ain est aussi et surtout marquée par des exécutions. Depuis le mois de frimaire an II, les Sans-Culottes (d'abord soutenu par Javogues) ne cessent de demander un tribunal d'exception dans le but de faire guillotiner les principaux fédéralistes et les nobles les plus représentatifs de l'Ancien-Régime du département. Dès son arrivée de Commune-Affranchie Albitte et les commissaires civils amènent avec eux un ordre de transfert de 6 prisonniers de l'Ain, à faire déférer devant la Commission de Justice Populaire672(*). Le 30 nivôse an II (19 janvier)673(*) suite à la réquisition de la Commission Temporaire de Commune-Affranchie, on vient chercher, entre trois et quatre heures du matin, deux détenus les citoyens Chambre (ex-procureur) et Bonnet (homme de loi) qui partent de Bourg pour Commune-Affranchie.A Ambronay, ce sont Chaland (ex-magistrat), Cochet (homme de loi) et Debost (avoué), qui sont conduits par 5 gendarmes à Commune-Affranchie. De Belley on fait partir Duhamel674(*). Les 6 hommes sont intérrogés le 1er pluviôse an II (20 janvier) au soir puis sont transférés à la prison de Roanne. Depuis la venue de Javogues les Sans-Culottes espèrent des exécutions. Avec les listes dressées par Dorfeuille, Millet, Bonnerot et Frilet dans la première décade de pluviôse, le travail se trouve déjà à moitié fait, ces listes étant des intérrogatoires contenant les raisons des emprisonnements. Dans la journée du 23 pluviôse an II (11 février), Merle se rend à Commune-Affranchie, avec un cahier où figurent les actes d'accusation de 29 citoyens (qui comprend les 6 citoyens partis le 30 nivôse an II, les 7 fédéralistes en fuite et les 18 détenus). Dans la nuit du 23 au 24 pluviôse an II (11-12 février) Blanc-Désisles, Juvanon, Alban, Chaigneau, Frilet, Rollet-Marat, Duclos et Convers, se retrouvent dans les appartements d'Albitte. Après un souper, "il fallut enfin savoir où l'on voulait en venir. Alban rompit le silence et mit sous les yeux du représentant une liste nombreuse d'individus qu'il était question d'envoyer à Lyon; le représentant fit la lecture des noms et des motifs et annonça que son intention était de les faire juger"675(*) L'idée d'envoyer des hommes devant la Commission de Commune-Affranchie, rend Albitte beaucoup plus prudent, alors que les Sans-Culottes s'empressent (sans doute devant la réticence du représentant de faire purement et simplement guillotiner des détenus sans jugement et de Convers676(*) qui "déclara que ce n'était pas le moment de proceder à une pareille éxecution"677(*)); d'augmenter les accusations retenues contre détenus figurant sur la liste : "Désisles, Alban, Juvanon, Gay, Duclos, Laymant se répandirent en propos injurieux contre les citoyens dénommés, les traitèrent de fédéralistes, contre-révolutionnaire, et qu'il était instant de donner un exemple dans ce département afin d'en imposer."678(*) Après des discussions, où "le représentant reconnut aisément que les gens qui l'entouraient mettaient beaucoup de passion et de vengeance, d'après les propos que tinrent alors Désisles et Alban, qui eurent la hardiesse et l'effronterie de dire au représentant, que sa vie non plus que celle de tous les patriotes ne serait pas en sûreté si l'on ne prenait pas un parti rigoureux contre les scélérats de détenus, qui malgré leur surveillance conspirait toujours."679(*); les Sans-Culottes admettent d'envoyer les détenus non pas à la mort mais au jugement. Albitte réalise sans doute que le simple fait de faire comparaitre devant la Commission Temporaire les détenus peut néanmoins les mener à la guillotine. Il change d'opinion et en juriste, prend le parti de Convers, qui est de suspendre purement et simplement cet envoi. A ce moment là, Blanc-Désisles, Juvanon, Alban annoncent à Albitte que si l'envoi est suspendu, il faudrait aussi les suspendre de leurs fonctions. Albitte qui a toute confiance en ces hommes, ne peut sans doute pas envisager d'avoir à se passer de bons patriotes comme eux; il reprend la liste et demande tout de même qui sont les plus coupables d'entre tous ces citoyens. "Tous à leurs yeux l'étaient également et il fallait pour les satisfaire en envoyer au moins quarante. Ce nombre effraya Convers, qui eut une querelle . . . vive"680(*) avec ses collègues. Dès lors s'ouvre un débat animé pour savoir qui, des 80 personnes de la première liste, ferait partie de l'envoi pour Lyon. Convers dans ces discussions, refuse de voir figurer sur la liste les citoyens Bona Perex (car il n'est pas de Bourg) et Perret (qui est receveur des domaines et a la charge d'une famille nombreuse). Le nom de Bona Perex est d'abord rayé. Alban dit alors à Albitte " as quoi penses-tu représentant, tu ne sais donc pas que Bona Perex est noble et riche"681(*). Le nom de Bona Perex reparaît sur la liste. Chaigneau essaye de convaincre Albitte de refaire figurer Perret et c'est à nouveau Alban qui arrive à persuader Albitte, en lui faisant comprendre que si le citoyen Ballaydier est du nombre des détenus à partir pour Lyon Perret, qui l'avait accompagné au Jura, devait lui aussi figurer sur la liste. Parmi les citoyen dont le choix est arrêté, figure le nom de Loubas. A la vue de ce nom Convers fait la remarque à Albitte qu'il était logé chez le dit Loubas. "Le représentant en parut étonné et raya Loubas de la liste" 682(*). En effet, Albitte ne connaissait son logeur que par son titre De Bohan. Populus, l'ex-constituant est ausi inscrit sur la liste, en raison du danger qu'il peut encore représenter dans les assemblées. Figure aussi sur la liste les noms de Meillonnas et de Bévy en raison de leur état de nobles et de leurs fortunes, qui renviendraient à la Nation. Une liste de 18 personnes est donc arrêtée et l'établissement d'une deuxième liste (où figureront 43 noms) est prévue pour plus tard. Albitte écrit à ses collègues de Commune-Affranchie afin de veiller à ce que les détenus soient bien jugés. Albitte donne alors l'ordre à Alban de faire délivrer des passeports pour que les membres des familles puissent rejoindre les détenus. La municipalité ne n'exécute pas car c'est la nuit. De plus Alban sait très bien, que les condamnés ne resteront pas longtemps en vie683(*). Le départ de Merle pour Commune-Affranchie et celui de Gay, quelques jours avant lui, en sont les garanties. La rapidité avec laquelle la décision d'envoyer des détenus à Lyon est prise semble assez surprenante alors qu'aucune démarche, depuis le 23 frimaire, n'a été faite auprès de Gouly et d'Albitte pour faire juger des prisonniers. Cette volonté des Sans-Culottes de voir disparaitre rapidement des hommes gênants en tous points est-elle la conséquence des mouvements politiques de Paris entre Dantonistes, Robespierristes et Hébertistes ? Une des rares visites d'Albitte à la société populaire de Bourg, se fait le 24 pluviôse an II (12 février). Le représentant s'y rend pour y entretenir les sociétaires des 18 détenus emmenés se faire juger à Lyon. Il "y parle avec fermeté et simplicité"684(*) (Chercher-t-il a faire pardonner son geste ? ). Par la même occasion, il fait ses adieux aux Sans-Culottes de Bourg. Albitte se met en route pour Belley ("Le représentant Albitte parti dans ces entrefaits pour se rendre à Belley. Désisles qui prévoyait qu'il pourrait plus facilement venir à bout de ses vues dans un pays où il n'était pas connu, proposa au représentant de l'accompagner. Il accepta ses offres"685(*)) en compagnie de Dorfeille, Lajollais et Blanc-Désisles comme secrétaire. Le convoi des détenus arrive à Commune-Affranchie le 25 pluviôse an II (13 février). Les détenus sont conduit dans une des salles de l'Hôtel de ville, (dans la salle dite du commerce) où ils retrouvent leurs 6 autres concitoyens amenés à Lyon le 30 nivôse (19 janvier). L'interrogatoire a lieu le 26 pluviôse an II (14 février) à 11 heures. "On leur demande leur nom, et à chaque réponse, le président prend le tableau envoyé par Albitte et leur fait lecture de la dénonciation. A peine répondent-ils deux ou trois mots, qu'on leur dit : c'est bon, on ne regarde aucune autre pièce; l'arrêt de mort est prononcé sans qu'ils s'en doutent."686(*) Le 26 pluviôse an II (14 février), 15 des 18 détenus sont condamnés à mort et exécutés le jour même. Le 26 ventôse an II (16 mars), Duhamel est le seul sur les 6 fédéralistes partis pour Commune-Affranchie le 30 nivôse a monter sur l'échafaud. Le 26 pluviôse, jour du supplice de 15 des 18 détenus de l'Ain, la société des Sans-Culottes de Montluel réclament au cours de leurs débats des exécutions C'est dans un ambiance morne que l'on apprend à Bourg la mort des 15 détenus. Seuls les Sans-Culottes se glorifient de cette affaire. A Belley, Baron-Chalier fait un discours qui est imprimé à 3000 exemplaires. On peut néanmoins penser que la nouvelle de cette exécution a pu affoler les détenus quant à leur sort toujours indécis jusque là. Quand il prend connaissance des exécutions, Convers se plaint à ses collègues du supplice de ces hommes que l'on a envoyé à la mort "sans les entendre et par conséquent sans les juger. Ils lui répondirent tous qu'ils ignoraient comment la chose s'était passée, mais que puisqu'ils étaient éxecutés il ne fallait plus en parler. Convers voulut leur faire des reproches sur l'acharnement qu'ils avaient mis à cet envoi, Désisles comme un furieux le traita de modéré, l'accusa de vouloir les décrier et leur faire perdre la confiance du peuple, mais que cela ne durerait pas"687(*). L'exécution des 15 citoyens du département de l'Ain provoque des dissenssions entre les Sans-Culottes de la municipalité et du district. A la Convention les députés de l'Ain Gauthier-des-Orcières et Merlino, qui sont mis au courant des derniers évènements, sans doute par Gauthier ( ex-vicaire non abdicataire et neveu de Gauthier des Orcières) ainsi que par les fédéralistes réfugiés à Paris, qui conservent une correspondance avec le département; font prendre un décrêt par la Convention, le 28 pluviôse an II (16 février), qui enlève à la Commission de Lyon le droit de juger des suspects de l'Ain. Désormais, les détenus de l'Ain ne peuvent pas être jugés en dehors du département. Le fait que le département de l'Ain ne dispose pas d'un tribunal d'exception, met les Sans-Culottes dans la quasi impossibilité de faire juger des détenus sans provoquer une contestation immédiate d'une part de la population. Un courrier extraordinaire apporte la nouvelle de ce décrêt à Bourg et à Belley le 2 ventôse an II (20 février). Les Sans-Culottes sont réservés quant à la suite à lui donner : "Nous venons de reçevoir par un courrier extraordinaire le décrêt relatif aux scélérats qui sont dans le cas d'être jugés par la Commission de Commune-Affranchie. Ce décrêt nous a causé autant de surprise et d'étonnement que tu en éprouveras à sa lecture. Nous ne doutons pas qu'il ne soit le résultat et le fait d'intrigues, et des trames odieuses ourdies par quelques malveillants, coupables eux-mêmes et qui ont voulu soustraire au glaive vengeur leurs complices, fauteurs ou adhérents. Devons-nous donner l'authenticité convenable à ce décrêt, en livrant à l'impréssion, ou nous borner à en faire adresser copie à chaque district ? Nous attendons ta réponse, qui sera la règle invariable de notre conduite. Salut et fraternité, Reydellet, Martine, etc."688(*) Devant l'impossibilité de pouvoir faire traduire les détenus politiques à Lyon et la crainte de voir Albitte quitter le département, les Sans-Culottes font connaître leur mécontentement à la Convention. Le 4 ventôse an II (22 février), la société de Bourg fait parvenir une adresse à la Convention, portant 155 signatures, qui glorifie le travail d'Albitte et dénigre (une fois de plus) le passage de Gouly : "combien de Gouly eussiez-vous envoyés avant de produire ces heureux résultats, fruits d'un séjour pendant un mois, du représentant Albitte ?"689(*) Le 7 ventôse an II (25 février), les Sans-Culottes de Bourg envoient une adresse de soutien envers Javogues à la Convention. Toujours le 7, ils envoient aussi une protestation à la Convention pour demander que le décrêt soit rapporté, en mettant en avant la liaison entre les fédéralistes de l'Ain et ceux de Lyon. Sans doute l'arrivée de ce décrêt sauve la tête de quelques fédéralistes belleysiens, que Masse, Thorombert, ou Carrier auraient bien voulu voir tomber. Est-ce à cause de ce décrêt de la Convention et sous la préssion des militants sans-culottes, qu'Albitte par arrêté fait réarmer, le 2 ventôse an II (20 février), les vrais "maratistes" de Bourg ? Le 3 ventôse (21 février) Albitte se rend de Belley à Lyon, auprès de ses collègues sans doute pour avoir leur avis sur la situation. Le 12 Ventôse an II, il écrit de Chambéry au Comité de salut Public, où imprégné des ressentiments des Sans-Culottes qu'il vient de quitter, il demande le rapport du décrêt du 28 Pluviôse. Pour lui (et par conséquent pour les Sans-Culottes de l'Ain), le but rechercher par les députés de l'Ain est de sauver les fédéralites qui ont infetsés le département et opprimés les sans-culottes690(*). En l'an III, les citoyens de Belley, dans leur adresse à la Convention, montrent Albitte brisant tous les meubles qu'il voit et exultant sa rage par les pores de sa peau, à l'annonce du décrêt691(*). Sans doute exagèrent-ils, Albitte étant comme nous l'avons vu, plutôt pondéré et peu enclin à des colères violentes comme Javogues. Il reste à Commune-Affranchie jusqu'au 5 ventôse (23 février) et se rend à Bourg en passant le 5 ventôse (23 février) par Trévoux, le 7 (25 février) par Châtillon-sur-Chalaronne et arrive à Bourg le 8 (26 février). Très rapidement, les Sans-Culottes apprennent que les députés de l'Ain sont à l'origine de ce décrêt. Le 30 pluviôse an II (18 février) Merle, alors à Paris avec Dorfeuille pour s'occuper d'arrêter les fédéralistes en fuite (voir page 155), écrit à ses collègues de Bourg : "Je n'ai vu et ne veux voir aucun de nos députés avant que les affaires dont je suis chargés ne soient finies, comme ils n'ont pas la confiance des Sans-Culottes de Bourg, ils n'ont pas conséquemment la mienne. Dorfeuille a vu hier soir Gauthier qui l'a invité à venir diner chez lui et m'a engagé à le suivre aujourd'hui décadi, j'ai brusquement refusé. J'ai vu Reverchon qui m'a assuré que le décrêt qui défend au tribunal révolutionnaire de Lyon (sic) de juger l'affaire de nos fédéralistes avait été fortement sollicité par notre députation, il faut avouer que cette députation est éprise d'une belle énergie pour tout ce qui n'est pas dans le sens de la Montagne."692(*) Dès lors, les Sans-Culottes s'attaquent aux membres de la députation de l'Ain,sauf Jagot, qui les soutient. Ces attaques, liées à l'absence d'Albitte en ventôse et germinal, vont amener les Sans-Culottes à modifier leur politique et sans doute épouser les idées d'Hébert sur les prisons et la Convention. A Paris, les députés de l'Ain eyx font s'affairer à rendre stérile l'action des Sans-Culottes. Le 3 ventôse an II (21 février), Chaigneau en vertu d'un arrêté d'Albitte, est nommé receveur des domaines. * 606"Je suis aidé par des collaborateurs zélés, tels qu'il me les faut; vous les connaissez tous; ils sont jacobins, entre autres Dorfeuille, Millet, Vauquoy, Bonnerot Darasse et autres. Ils me secondent bien et poussent avec moi le char révolutionnaire". Lettre d'Albitte à ses collègues de Commune-Affranchie, du 22 pluviôse an II; citée par E.Dubois in Histoire de la Révolution. . ., Op.cit page RRR, tome 4 page 265. * 607E.Herroit in Lyon n'est plus tome 3, page 108 * 608Arrêté du 1er pluviôse an II, A.D.A série L fonds non classé. * 609A.D.A 2L28 * 610Registre de transcriprtion des arr^éts du directoire du district, du directoire du département et des arrêtés des représentants en misssion, concernant les mesures de Salut Public. A.D.A 1L44 * 611Arrêté d'Alnitte du 2 pluviôse an II sur les prions. A.D.A série L fonds non classé. * 612Registre de correspondance du district de Belley. A.D.A 1L80 * 613Rollet-Marat à Albitte cité par E.Dubois in Histoired ela Révolution dans l'Ain, OP.cit page RRR, tome 4 page 281. * 614Register de correspondance du district de Belley avec les cantons et municipalités. A.D.A 1L81. * 615"Désisles a dit très souvent à Convers, que les détenus mettaient un grand obstacle à la marche révolutionnaire, qu'il s'était proposé que tant qu'ils extisterainet, ils intrigueraient et chercherainent à perdre la République, qu'il faudrait que la convention adopta une mesure générale pour s'en débarasser". Déclaration de Convers. Op.cit page RRR. De même Rollet-Marat montre sont inquiétude de voir "les détenus dans la maisondes cy-devants Claristes lèvent la tête; il m'a été rapporté qu'ils tenaient des propos très inciviques, qu'ils avaient formé parmi eux une société populaire,,un conseil général de Commune, undistrict, un tribunnal révolutionniare". Lettre de Rollet-Marat à Albitte du 15 germinal an II. OP.cit page RRR. * 616Arrêté d'Albitte du 12 ventose an II. A .D.A série L fonds non classé. * 617A Gex, sont confiés à François Pernet et à Marie-Josephe Poncet l'éducation de plusieurs enfants, comme sont confiés au citoeyn Bouzon les enfants du suspect Deveyle. * 618Lettre du 1er pluviôse an II, des membres du comité de surveillance de Bourg à Albitte. Registre du comité de surveillance de Bourg. A.D.A série L fonds non classé. * 619"ont-ils signés un arrêté ? S'ils l'on fait ce n'est que par soumission à une autirité supérieur qui peut les avoir induit en erreur" Lettre des membres du comité de surveillance de Bourg à Albitte du 1er pluviôse an II, Ibid. * 620"leur incarcération fatigue les patriotes et relève trop la joie et l'éspérance des malveillants". Lettre de Reydellet à Albitte. A.D.A 2L56. * 621Arrêté d'Albitte du 3 pluviôse an II. A.D.A série L fonds non classé. * 622"Aujourd'hui nous respirons un peu, Gouly rappellé; le brave Albittes'occupe de réparer ses fautes, ou plutôt ses crimes. Il vient d'ordonner l'élargissement des patriotes incarcérés; mais ce n'est pas assez" Dénonciation de Gouly par les sans-culottes de Bourg adressée au club des Jacobins. Citée par E.Dubois in La Société populaire. . ., Op.cit, page 50. * 623Témoignage de Claude Renaud, cazhier de témoignage A. Op.cit. * 624Témoignage du citoyen Joly, cahier de dénonciation n°1. Op.cit. * 625numéro 1 du père Duchèsne le cadet: dans les maisons de détentions de Bourg. Sa grande joie d'avoir é té fait juge par le représentant du peuple, et d'en avoir bien rempli les fonctions. Ibid * 626Témoignage de Louis Hyacinthe Goyffon, imprimeur, . Extrait des minutes des dénociations du Comité Révolutionnaire et de Surveillance du district de Bourg.du 9 nivose an III.A.D.A ancien L219. * 627Dans le numéro 1 du père Duchèsne la cadet, le représentant dit au père Duchèsne " Père Duchèsne, fais ce que je te dis, va aux prisons, examine bien, descend dans ton coeur, et tu liras bien vite l'innoncence ou le crime sur le front du détenu" Op.cit * 628Tableau analytique. . .Op.cit, page 22 * 629Lettre du 6 pluviôse an II, de Dorfeuille aux membres du comité de surveillance de Bourg. A.D.A série L fonds nonclassé. * 630Sur les 94 détenus interrogés par Dorfeuille, Millet, Bonnerot et Frilet, on peut dénombrer 11 fédéralistes; 3 agents de nobles ou personnes en relations avec des émigrés; 2 marcahnds, 14 agriculteurs, 22 prêtres ou curés, 6 artisans, 8 anciens adminiistraterus, 13 nobles, 1 instituteur, 6 soldats de la gerda national, 1commissaire national, 1 géomètre, 1 libraire, 1 chirurgien, 1 imprimeur, 1 gedarme mit en détention sur ordre d'Albitte, et Blanc-Désisles. * 631Lettre du 8 pluviôse an II de Dorfeuille, Millet et Bonnerot au comité de surveillance de Bourg. A.D.A série L fonds non classé. * 632Détenus district de Bourg, A.D.A 2L53. * 633Lettre du 6 pluviôse an II, de Dorfeuille, Millet, Bonnerot et Frilet au comité de surveillance de Bourg. A.D.A série L fonds non classés. * 634A.D.A 2L57 * 635Le 10 pluviôse an II, le comité de surveillance de Montferme, envoye la liste sur les causes des arrestations. * 636"Que Frilet ait convenu au déclarant que l'unique cause et le véritable secret pour lesquelq on retenait les détenus dans la captivité, était le danger de ressentiment et de la vengeance que ces détenus une fois en liberté pouvaient execé, et que lui Frilet ne pouvait s'empêcher de croire que ces citoyens se chargaraient à détruire ceux qui les avaient incarcérer.". Témoignage n°30. Cahier de témoignage B, A.D.A ancien L219. * 637Déclaration de Convers, Op.cit. * 638Arrête d'Albitte du 7 pluviôse an II, registre des représentants en mission. A.D.A L98 * 639Registre du comité de surveillance de Bourg. A.D.A série L fonds non classé. * 640Arrêté d'Albitte du 20 pluviôse an II. A.D.A série L fonds non classé. * 641Lettre d'Albitte à Rollet de Chambéry, du 18 ventôse an II. A.D.A série L fonds non classé. * 642Registe de l'agent national du ditrict de Bourg. A.D.A 2L26. * 643Arrêté d'Albitte du 17 ventôse an II cité par E.Dubpois in Histoire de la Révolution. . ., Op.cit tome 4 page 253. * 644Arrêté d'Albitte du 6 ventôse an II, A.D.A 2L44. * 645E.Herroit Lyon n'est plus, 3 tomes 1937-1939 Paris Librairie Hachette. Tome 3 page 110. * 646Arrêté d'Albitte du 17 ventôse an II, cité par E.Dubois in Histoire de la Révolution dans l'Ain,, Op.cit, tome 4 page 251. * 647Lettre de Blanc-Désisles à Albitte du 26 germnal an II. A.D.A 2L56. * 648A.Aulaurd : receuil des actes du Comité de Salut Public. Tome 12 page 12. * 649Albitte fait ici sans aucun doute allusion aux fédéralistes de Bourg, qui pour certains ont des relations à Paris, avec certains députés de l'Ain notement. Ces attaques, ne peuvent pas être le fruit de la penser d'Albitte et l'on peut reconnaitre ici le travail de dénigration des fédéralites par les Sans-Culottes. * 650A.Aulard, ibid, page12. * 651Ph.le Duc Op.cit, tome 4,page 347 * 652Lettre de Darassa à Rollet-MArat, du 11 pluviôse an II. A.D.A série L fonds non classé. * 653Arrêté du 13 luviose an II. A.D.A série L fonds non classé. * 654Ibid * 655Dans les ariclts 11, 14, 15, 16, 17 et 18, Rollet-Marat s'attaque aux hommes de loi, aux aristocrates et aux prêtres. * 656Thévenin fils, attaque administrateurs fédéralistes et aux aristocrates. * 657E.Herroit Op.cit, tome 3, page 108 * 658A.D.A 2L26. * 659Registre des arrêtés du directoire du district de Belley, A.D.A 1L32. * 6609 des ces religieuses sont encore en prison à la 3ième sans-culottide de l'an II. A.D.A 1L309. * 661Ibid. * 662Registre de correspondance de l'agent national du district de Belley avec les Comités de Sureté Générale et de Salut Public. A.D.A 1L98. * 663Cahier de dénonciation page 24, Op.cit. * 664Registre de l'agent national du district de Bourg. A.D.A 2L26. * 665Registre du conseile municipal de Bourg, cité par E.Dubois in Histoire de la Révolution. .., Op.cit, tome 4 page 273 à275. * 666A.D.A 2L53. * 667Il est aussi très difficile de savoir le nombrer de prêters non abjuraterus qui se retrouvent en prison pour cette faute. en effet, certains prêtes, même si ils ont abjuré, peuvent se retrouver en prison pour cause de noblesse (arrêté du 23 ventôse) ou tout autre motif. * 668Général de brigade, il est décoré de l'ordre de Cincinatus, créé par Washington, lors de la guerre d'indépendance d'Amérique. * 669Lettre du Comité de Sureté Général. .A.D.R 1L203. * 670Lettre de Blanc-Désisles à Rollet-Marat, du 29 pluviôse an II. A.D.A série L fonds non classé. * 671Lettre de Merle du 30 pluviôse an II. A.D.A série L fonds non classé. * 672"Convers. . .demanda lors de leur départ quels était les motifs, Alban maire lui répondit hautement qu'on les ignorait et que c'était la commission Temporaire qui les avait fait traduire". Déclaration de Convers. Op.cit * 673Voir page 150. * 674Tous sauf Duhamel, sont les auteurs d'une proclamation de la société populaire de Bourg, qui félicitait les sections de Lyon d'avoir vaincu le parti des anarchistes le 29 mai 1793. Duhamel est jugé comme procureur général syndic du département, ardent fédéraliste. * 675Déclaration de Convers, Op.cit. * 676Convers, en l'an III, dans sa déclaration charge ses ancines camarades du choix entier des suppliciés. Sans doute veut-il se faire disculper des actions qu'il a faite durant la présence d'Albitte. Convers dit s'êter opposé à ces jugements et n'avoir été prévenu de cette réunion que par Darasse et Soubeuran secrétaires d'Albitte. Cela peut sembler véridique (si l'on n'oublie pas qu'il a dénoncé à la société des Sans-Culottes Blanc-Désisles en frimaire an II et que ce dernier peut lui en vouloir et désormais le tenir écarté des affaires de la commune). Sans doute est-ce pour cela qu'il est nommé commissaire civil par Albitte le 24 pluviôse an II, en compagnie de Vauquoy. Le soir où liste de proscription est établie, Convers revient juste d'une mission dans les campagnes; les Sans-culottes pensaient-ils le tenir éloigné suffisament longtemps ? * 677Déclarations de Convers, Ibid. * 678Déclaration de Convers, Op.cit. * 679Ibid. * 680Déclaration de Convers, Op.cit. * 681Témoignage de Pieere-Antoine Buget, cahier de dénonciation n°1, Op.cit. * 682Témoignage de Buget, Ibid. * 683La citoyenne Gabet, domestique de Dunoyer, un des détenus parti pour Lyon le 24 pluviôse an II, se rend "dès le grand matin chez Alban maire, pour lui demander un passeport afin de pouvoir aller à Commune-Affranchie, servir le dit Dunoyer qui était malade. Alban lui dit : tu n'auras point de passeport, ton maitre ne restera pas longtemps incarcéré,son affaire sera décidée en arrivant à Lyon, c'est moi qui m'en charge, tu ne le trouveras peut être pas à ton arrivée et cela te donnerait de la douleur et du désagrément, parceque je sais que tu ne le trouveras pas à Lyon. Qu'il ajouta à la déclarante que les femmes des autres envoyés à Lyon auraient le mêmedésagrément si elles partaient, que c'était la raison pour laquelle il leur refusait aussi des passeports." Cahier de dénonciation n°1, Op.cit. * 684E.Dubois in la société Populaire des Amis de la Constitution et des Sans-Culottes de Bourg 1791-1794, Op.cit, page 52. * 685déclaration de Convers. Op.cit page RRR. * 686E.Dubois in Histoire de la Révolution dans l'Ain, Op.cit, tome 4 page 313; * 687déclaration de Convers, Ibid. * 688lettre des administrateurs du département à Albitte. Collection privée de Debost, citée par Ph. le Duc, Op.cit, tome 5 page 51. * 689Adresse faite par la Société des Sans-Culottes de Bourg-Régénéré à la Convention Nationale, cité par E.Dubois in La Société populaire. . ., Op.cit, page 55. * 690A.Aulard : receuil des actes du comité de salut public. Tome 11, page 504. * 691Voir E.Dubois in Histoire de la Révolution dans l'Ain, Op.cit, tome 4 page 323. * 692lettre de Merle, op.cit. |
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