I.4- Les italiques
Les italiques renvoient à des
caractères d'imprimerie qui sont généralement
inclinés par rapport à la normale. Ils sont la plupart du temps
employés dans un texte lorsque le locuteur désire mettre en
exergue un mot, un énoncé, ou un extrait de texte. C'est dans ce
sens que Catach (1996 :94) déclare : les
caractères italiques correspondent à des marquages typographiques
plus socialisés, mieux codés : mots étrangers,
titres, oeuvres, exemples de dictionnaire. Cette déclaration ne
s'applique pas vraiment à notre corpus d'étude dans lequel les
italiques sont employés pour désigner des référents
spécifiques tels le nom d'un quotidien d'information, d'une ville, d'un
bateau, ou pour souligner la présence d'une correspondance, d'une
chanson.
(175) Il convient de faire observer que cette perfection de la
vue et de l'ouïe chez ces deux hommes les servait merveilleusement dans
leur métier, car l'Anglais était un correspondant du Daily
Telegraph. (p.18)
(176) Or il trouva les deux à l'enseigne de la
ville de Constantinople. (p.56)
(177) Là, à son grand déplaisir, il
apprit que le Caucase -c'était le nom du steam-boat - ne
partait pour Perm que le lendemain, à midi. (p.56)
Daily Telegraph, ville de Constantinople,
Caucase renvoient respectivement au nom d'un quotidien d'informations,
d'un lieu, et d'un bateau. Eu égard à tout cela, on constate que
l'emploi des caractères italiques dans Michel Strogoff n'a pas
une valeur stylistique. Ces caractères ne soulignent que ce que Wagner
(1980 :175) appelle des mots techniques, qu'il s'agisse de
désignation d'objets ou des termes propres. En clair, les italiques
dans notre corpus ne renferment pas de connotation particulière comme
c'est souvent le cas dans certains textes littéraires.
Il ressort de l'étude des marquages
typographiques que la ponctuation dans Michel Strogoff est un
véritable procédé de modalisation. Les marquages
typographiques tels que les guillemets, les virgules et tirets doubles, les
italiques, sont bien plus que de simples signes. Leur emploi induit souvent une
mise en valeur d'un élément de l'énoncé.
Les manifestations de la modalisation autonymique dans
Michel Strogoff ne s'arrêtent pas au niveau de la forme, elles
s'étendent également au niveau du fond.
II- LES FORMES MËTA-ËNONCIATIVES DU
DIRE
Elles correspondent aux commentaires
métalinguistiques portant sur le choix des mots et les manières
de s'exprimer, Authier-Revuz (1990) les appelle les non-coïncidences du
dire. Cette linguiste (1990 :174) les définit du reste comme
des formes strictement réflexives, correspondant au
dédoublement « simultané » -dans les limites
de la linéarité- de ce dire.
En fait, Authier-Revuz (1990) insiste sur le
caractère simultané qui permet de distinguer le
dédoublement énonciatif de la succession de deux
énonciations simples dont l'une constituerait un commentaire. Cette
linguiste à travers son étude des formes
méta-énonciatives du dire tente de montrer que le locuteur au
cours de son discours laisse échapper consciemment ou non des termes
révélateurs de sa pensée. Les formes
méta-énonciatives se divisent en plusieurs catégories,
cependant nous ne nous intéresserons qu'à celles
répertoriées dans notre corpus à savoir : la
modalisation en discours second, les figures de l'(in)adéquation de la
nomination.
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