TROISIÈME PARTIE :
LA MODALISATION : UNE STRATÉGIE DE MISE EN
VALEUR ET D'ARGUMENTATION
Employer une stratégie discursive pour un
locuteur, consiste à mettre en oeuvre un ensemble de
procédés pour atteindre un but précis. C'est ce que fait
Jules Verne dans Michel Strogoff lorsqu'il se sert de la modalisation
pour insister sur certains passages de son oeuvre et attirer l'attention du
lecteur. Il sera donc question dans cette partie de l'étude de la
modalisation autonymique comme procédé de mise en valeur et des
stratégies argumentatives que favorise l'emploi de la modalisation.
CHAPITRE CINQUIÈME :
LA MODALISATION AUTONYMIQUE
On parle de modalisation autonymique pour
décrire une activité d'auto-représentation de son dire par
un locuteur. Authier-Revuz (1998 :63), écrit à cet
effet :
la configuration énonciative étudiée,
relevant de la réflexivité langagière, constitue un mode
de dire complexe, dédoublé, dans lequel l'énonciation d'un
élément x quelconque d'une chaîne s'accomplit,
associée à une auto-représentation d'elle-même, sur
le mode d'une boucle.
C'est dire de ce fait qu'avec la modalisation autonymique, le
locuteur se construit deux positions énonciatives : un premier
énonciateur produit une énonciation alors qu'un autre
énonciateur effectue un commentaire sur un élément
relevant de la première énonciation. Maingueneau (2002 :136)
donne une définition moins complexe et plus compréhensible de la
modalisation autonymique lorsqu'il affirme qu'elle recouvre l'ensemble des
procédés par lesquels l'énonciateur dédouble en
quelque sorte son discours pour commenter sa parole en train de se faire.
Le dédoublement énonciatif dont parle Maingueneau (2002) comporte
un regard évaluatif du locuteur à l'aide duquel il met en valeur
certains aspects de son discours. Ce faisant, ce chapitre a pour but
d'étudier les différentes manifestations de la modalisation
autonymique dans Michel Strogoff et de dégager leurs valeurs
stylistiques. Notre étude comportera deux axes : l'analyse des
marquages typographiques et des formes méta-énonciatives du
dire.
Tableau des
statistiques
Les Différentes formes de la modalisation
autonymique
|
Occurrences
|
Pourcentages
|
Marquages typographiques
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100
|
57,14%
|
Formes méta-énonciatives du dire
|
75
|
42,85%
|
Total des occurrences de la modalisation
autonymique : 175
|
Ce tableau révèle que les marquages
typographiques et les formes méta-énonciatives du dire sont les
différentes formes de la modalisation autonymique employées dans
notre corpus. Voyons à présent l'usage concret de ces formes dans
Michel Strogoff.
I- LES MARQUAGES TYPOGRAPHIQUES
La modalisation autonymique est très souvent
perceptible à travers la ponctuation dans notre corpus. La ponctuation
devient alors un élément important dans le décodage du
sens d'un énoncé d'autant plus qu'elle est parfois subjective.
Dans cette optique, Varloot (1980 :42) déclare
qu'elle n'est ni l'effet du hasard, ni des règles a
priori, ni de la fantaisie. La ponctuation relève d'une
volonté délibérée du locuteur et lui permet
d'émettre un commentaire réflexif sur son propre discours. Nous
nous intéresserons ainsi aux guillemets, aux tirets et virgules doubles,
aux italiques.
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