III- LES VERBES
Les verbes étudiés dans cette partie
sont ceux qui permettent au locuteur de modaliser son discours en exprimant un
sentiment, une opinion ; il est également question de l'analyse des
verbes performatifs.
III.1- Les verbes de sentiment
Ils indiquent une affection ou une répulsion
vis-à-vis d'un référent. Kerbrat-Orecchioni
(1980 :115) apporte de plus amples explications sur le fonctionnement des
verbes de sentiment lorsqu'elle écrit : à la fois
affectifs et axiologiques, ils expriment une disposition, favorable ou
défavorable, de l'agent du procès vis-à-vis de son objet,
et corrélativement, une évaluation positive ou négative de
cet objet.
Les verbes de sentiment, on l'aura compris, ont la
particularité d'être marqués d'un trait évaluatif
axiologique du type bon/mauvais. L'on rencontre de ce fait dans Michel
Strogoff des locuteurs qui expriment leur disposition favorable ou
défavorable à l'égard d'un référent
déterminé. C'est le cas par exemple du narrateur en (142) et
(143) qui présente les sentiments de Michel Strogoff ainsi que Michel
Strogoff lui-même qui exprime un désir en (144).
(142) Il admirait l'énergie silencieuse
qu'elle montrait au milieu des fatigues d'un voyage fait dans de si dures
conditions. (p.215)
(143) Il craignait tant que son espoir ne fût
encore une fois déçu ! (p.256)
(144) Non, monsieur, et je désire même
avoir quitté la maison de poste avant l'arrivée de cette berline
que nous avons devancée. (p.130)
Les verbes de sentiment ci-dessus (admirait,
craignait, désire) mettent en évidence une fois de plus le
côté humain de Michel Strogoff. En (142), l'on perçoit
à travers le verbe admirait qu'il sait reconnaître les
efforts que fournit Nadia devant des épreuves difficiles. Les verbes
craignait et désire, quant à eux, nous
présentent surtout un soldat dévoué, pressé
d'accomplir sa mission.
III.2- Les verbes d'opinion
Les verbes d'opinion expriment un point de vue, un
jugement du locuteur. Pour Kerbrat-Orecchioni (1980 :126), ces verbes
énoncent une attitude intellectuelle de x vis-à-vis de
p. Autrement dit, les verbes d'opinion donnent la possibilité au
locuteur de prendre position par rapport à un fait, ainsi des verbes
penser, estimer, trouver...etc. Considérons
les énoncés suivants :
(145) Je pense, mon cher confrère,
répondit en souriant Alcide Jolivet, que cet houschi-bégui a eu
un bien beau geste, quand il a donné l'ordre de nous couper la
tête ! (p.205)
(146) On estime qu'une condamnation à cent
vingt coups de fouet équivaut à une condamnation à mort.
(p.223)
Les verbes pense et estime sont
utilisés respectivement par Alcide Jolivet et le narrateur pour indiquer
qu'ils donnent libre cours à leur point de vue et leur façon de
voir les choses notamment en ce qui concerne un sujet les interpellant.
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