I.2- La typologie de Culioli
Selon Culioli (1984), les phénomènes de
modalisation sont réductibles à quatre grands types de
modalités numérotés de un à quatre :
-La modalité de type 1 : elle comprend l'assertion
(positive ou négative), l'interrogation, l'injonction (ou
« impératif ») et l'assertion fictive (ou
« hypothétique »). La modalité de type 1
renvoie à ce qu'on appelle couramment les modalités de phrase. Il
s'agit d'une prise de position pas nécessairement consciente du sujet
quant au mode de verbalisation de la relation prédicative.
-La modalité de type 2 : elle est essentiellement
constituée de la modalité épistémique (certain,
probable, possible, nécessaire, etc.). Douay (2003 :4) indique que
cette modalité établit une relation entre
l'énonciateur et le contenu propositionnel de son énoncé.
Elle s'exprime principalement à travers certains auxiliaires modaux
et certains adverbes. Il est question d'évaluer quantitativement les
chances de validation de la relation.
-La modalité de type 3 : elle renvoie à la
modalité appréciative ou affective centrée sur le jugement
énonciateur qui marque un jugement qualitatif à l'égard de
son discours. A l'aide de cette modalité, l'instance énonciative
peut construire des évaluations, des non-prises en charge
vis-à-vis des propos émis. Vignaux (1988 :110) souligne, du
reste, que par l'intermédiaire de la modalité de type 3,
pourront se construire toutes les distances, les évaluations,
les non-prises en charge par le sujet de tel ou tel type d'assertion voire,
réciproquement des jugements
« autocentrés ».
Plus simplement, la modalité de type 3 permet au
locuteur de donner son avis par rapport au contenu de l'énoncé
qu'il profère.
-La modalité de type 4 : elle réfère
à la modalité intersubjective à travers laquelle
l'énonciateur essaye d'exercer une influence sur autrui. Cette
modalité trouve sa principale illustration dans la valeur dite
déontique des auxiliaires modaux.
A travers la présentation de la typologie
culiolienne, nous constatons que chaque expression de la modalité (quel
que soit le type dont elle relève) privilégie soit la relation
énonciateur-énoncé, soit la relation
énonciateur-co-énonciateur, sans que l'une des deux relations
soit complètement absente. En outre, Bouscaren et Chuquet
(1987 :36) notent un degré d'engagement de
l'énonciateur vis-à-vis de la relation prédicative de plus
en plus marqué. En effet, si les modalités de type 1
témoignent d'une certaine neutralité de l'énonciateur
quant à la validation, sa présence est de plus en plus
marquée lorsqu'on passe aux modalités de type 2 ainsi de suite.
Cependant, nous n'avons pas choisi la typologie de Culioli (1984) pour traiter
des procédés de modalisation dans Michel Strogoff pour
plusieurs raisons :
La modalité épistémique, d'après
Culioli (1984), permet d'évaluer quantitativement les chances de
validation de la relation prédicative. Il nous a semblé que cela
correspondait plutôt à la modalité aléthique.
D'autant plus que comme le dit Pottier (1992 :216),
l'épistémique est le domaine du croire, du
connaître, du souvenir, mettant en oeuvre le
cognitif. De ce fait, la modalité épistémique
donne la possibilité au locuteur de situer son énoncé par
rapport à la connaissance et la croyance.
Une autre raison pour laquelle nous n'avons pas choisi
la typologie de Culioli (1984) réside dans le fait qu'elle
considère que toute phrase comporte obligatoirement un
procédé de modalisation, or la modalisation est un
phénomène occasionnel. Dans ces conditions, Culioli s'oppose
à Le Querler (1996) qui estime que certains énoncés
peuvent ne pas être modalisés.
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