I.2.2.2- L'interrogation indirecte
Elle se présente sous la forme d'une subordonnée
enchâssée à une principale exprimant l'idée
d'incertitude. Maingueneau (1999 :51) précise que les
interrogatives indirectes sont des subordonnées compléments
de certains verbes (demander, savoir, regarder...). Dans
tous les cas, l'interrogation indirecte est possible après les verbes
transitifs qui posent une question, explicitement ou non, ou même parfois
après un verbe tel que dire, expliquer,
déterminer... Selon qu'elle est totale ou partielle,
l'interrogation est introduite par si ou par un morphème
interrogatif. Des exemples illustratifs nous sont fournis par les occurrences
ci-après :
(40) Quant à Nadia, elle se demandait ce
qu'elle pourrait faire pour les sauver l'un et l'autre, comment
venir en aide au fils et à la mère ? (p.223)
(41) Le grand-duc et ses officiers se demandaient
s'ils n'avaient pas été induits en erreur, s'il
entrait réellement dans le plan des Tartares d'essayer de surprendre la
ville. (p.332)
La principale met en exergue, dans ces
énoncés, l'attitude mentale des locuteurs (au moyen du verbe
demander), tandis que la subordonnée exprime le fait mis en question. Il
faut préciser cependant que les interrogatives indirectes ne constituent
pas à proprement parler des modalités de phrase dans la mesure
où c'est surtout sémantiquement qu'elles traduisent une
idée d'ignorance, une demande d'information.
Outre les interrogations directes et indirectes, l'on
rencontre aussi les interrogatives libres dans notre corpus.
I.2.2.3- L'interrogation indirecte libre
Elle participe du style indirect pour autant qu'elle subit
les transpositions de temps et de personnes. Cependant, elle s'en écarte
pour deux raisons :
- N'étant pas subordonnée grammaticalement
à un terme principal, l'interrogation indirecte libre, comme le font
observer Wagner et Pinchon (1991 :569), constitue une phrase
indépendante qui, comme dans l'interrogation directe comporte un ton
montant ;
- D'une façon générale, l'ordre relatif
du sujet et du verbe y est le même que dans les questions posées
au style direct. Des exemples d'interrogations indirectes libres
prononcées par le narrateur sont présentés
ci-dessous :
(42) Comment, par quelle voie, grâce à quel
entregent, ces deux simples
mortels savaient-ils ce que tant d'autres personnages et des
plus
considérables, soupçonnaient à
peine ? (p.17)
(43) Si, en outre et selon toute probabilité, elle
n'avait à sa disposition que les ressources nécessaires à
un voyage entrepris pour des circonstances ordinaires, comment
parviendrait-elle à l'accomplir dans les conditions que les
événements allaient rendre non seulement périlleuses, mais
coûteuses ? (p.68)
Ces interrogations permettent au narrateur de mêler les
pensées, les questionnements de certains personnages à son propre
discours. Les paroles sont bien celles des personnages quant à leur
contenu, mais elles sont racontées par le narrateur et à la
troisième personne.
L'interrogation, nous l'avons vu, est une modalité qui
accorde beaucoup d'importance à l'interlocuteur en ce sens que le
locuteur dans sa quête d'information a besoin de l'autre. C'est donc
à juste titre que Meunier (1974 :13) déclare que
l'interrogation est l'une des formes de la communication
entre Locuteur et Auditeur. La
modalité interrogative s'apparente sur ce point à l'injonction
dont l'emploi suppose généralement la présence d'au moins
deux interlocuteurs.
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