I.2- L'interrogation
L'interrogation se rencontre dans une situation
d'interlocution. Elle renvoie à un acte de langage
déterminé : questionner, et se caractérise parfois
par un point d'interrogation. Culioli (1990 :171) fait observer
qu'interroger, c'est parcourir, de façon abstraite, les valeurs
imaginables sans pouvoir en distinguer une qui soit valide. Le recours
(réel ou fictif) à autrui fournit la représentation d'une
issue à ce parcours.
L'interrogation suppose donc une incertitude qui
nécessite un appel d'information. C'est la réponse de
l'interlocuteur qui permet de déterminer la portée de la question
posée.
I.2.1- Sa portée
L'interrogation peut être totale ou
partielle.
I.2.1.1- L'interrogation totale
L'interrogation est totale quand elle porte sur
l'ensemble de l'énoncé. Dans cette perspective, Tomassone
(1996 :126) déclare que l'information que le locuteur
veut obtenir est un fait dont il ignore s'il est vrai ou faux, une
réalité dont il veut savoir si elle peut être
affirmée ou niée.
Dans ce cas, la réponse attendue ne peut
être que oui, non, peut-être ou
si dans le cas de l'interronégation, voici du reste quelques
exemples :
(24) Connais-tu cet homme qui a pris mes chevaux ?
(p.135)
(25) Tu n'as reçu aucune nouvelle de ta mère
depuis le début de l'invasion ? lui demanda-t-elle. (p.138)
(26) Dors-tu soeur ? lui demanda-t-il. (p.105)
La réponse à toutes ces questions ne
nécessite que l'emploi des mots-phrases puisqu'elles ne portent pas sur
un constituant de l'énoncé.
Pour ce qui est de l'ordre des mots,
l'interrogation totale se distingue souvent de l'assertion par le point
d'interrogation, l'ordre des mots de la phrase restant inchangé. Par
ailleurs, cet ordre des mots est susceptible de varier selon la nature du
sujet. Si le sujet est un pronom, on a une postposition simple du sujet. Sinon,
l'on peut avoir recours à la locution est-ce que si l'on veut
éviter la postposition du sujet. Lorsque le sujet est un nom,
Mercier-Leca (1998 :179) soutient qu'il demeure avant le verbe
mais il est repris après par un pronom anaphorique sujet (il, ils, elle,
elles). On parle ici de postposition complexe. Il y a postposition
complexe parce que le pronom qui vient après le verbe reprend en fait le
sujet nominal. Soit les énoncés suivants :
(27) Féofar-khan se trouvait-il de sa personne
dans le gouvernement de l'Yeniseisk ? (p.164)
(28) L'heure approche-t-elle où tu forceras la
vieille femme à parler ? (p.200)
(29) Ce renégat pensait-il donc à
exploiter cette circonstance ? (p.326)
On observe que dans toutes ces questions, il y a
postposition complexe des pronoms qui anaphorisent ainsi les sujets
nominaux.
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