1) a) L'accès au crédit
A la suite de Peter Torekens, dans un film
réalisé par Jean Michel D'Estaing sur la riziculture au niveau de
la vallée du fleuve Sénégal, nous pouvons dire que le
crédit est d'une importance capitale pour le démarrage de la
campagne.
Pour le cas de Boundoum, l'union ne prend pas de
crédit. Ce sont les sections villageoises qui le font. Sur ce
crédit, elles paient à l'union le service de l'eau. Mais pour
être bénéficiaire du crédit, il faut remplir un
certain nombre de conditions : être dans une organisation reconnue
juridiquement (GIE), avoir un compte au niveau de la CNCAS, disposer du visa
technique attesté par la SAED, etc.
Il y a également d'autres conditions d'accéder
au crédit qui, cependant, sont jugées très
subjectives : par exemple il faut que la banque ait confiance en
l'individu.
Ce crédit doit être obligatoirement être
remboursé même en cas de calamité majeure ou agression
agricole (péril acridien, attaque d'oiseaux, etc.) d'où la
nécessité pour les paysans de la cuvette de disposer d'un fonds
de calamité. Malheureusement il n'y en a pas à Boundoum.
b) Relation avec la SAED
La SAED est la société de
développement qui encadre l'union. Après le transfert de 1991,
elle ne s'est pas totalement désengagée. En fait, il y a un
contrat de concession qui la lie avec l'union des OP de Boundoum. Mais ce
contrat est d'une durée indéterminée. Elle a à sa
charge trois missions :
- Encadrement technique et formation des membres de
l'Union ;
- Encadrement de la Section Villageoise pour l'entretien et la
gestion du périmètre ;
- Contrôle périodique de la gestion technique et
financière de l'Union.
D'ailleurs un conseiller agricole
représentant la SAED est basé à Boundoum-Barrage.
2.3) Les prestataires de services
L'intervention des prestataires de service survient surtout
dans le cadre de certains travaux hors de la portée de l'union. Par
exemple, pour les travaux d'entretien des stations de pompage et de
renouvellement des équipements hydromécaniques, l'union fait
appel à l'expertise de la DAM.
Les autres prestataires de services intéressent le plus
les sections villageoises qui forment ce qu'on appelle Union Locale (UL)
à l'intérieur de chaque village et agissent à l'occasion
du travail du sol, de la récolte (mécanique) et du battage (les
engins que la population locale appelle << bourga>> voir
photo 2). Ces fournisseurs sont en général des privés ou
des organisations de producteurs qui disposent du matériel agricole.
.
Photo 2 : une batteuse « bourga
»
B- Mise en valeur et contraintes à l'exploitation
dans l'aménagement de Boundoum
1- La mise en valeur
Généralement, l'aménagement n'est
cultivé qu'en hivernage et avec 100% du riz.
Le tableau ci-dessous montre que de 1991 à 1996, la
mise en valeur au niveau du casier était marquée par des cultures
d'hivernage et de contre-saison chaude (double culture). Cela peut s'expliquer
par le fait que la réhabilitation venait de débuter et que
l'aménagement fût remis en neuf. Mais il convient de signaler que
le riz est la seule culture pratiquée dans le casier. Après
1999, les paysans du casier ont cessé de pratiquer la culture de contre
saison et cela jusqu'en 2005. Cette non mise en valeur était le
résultat d'un dysfonctionnement de l'Union qui, face à
l'extension de ses fonctions au-delà de ses prérogatives
normales, s'était retrouvée dans un climat de difficultés
pour ce qui était de ses relations avec ses partenaires.
Face à cette situation de crise, la SAED avait
jugé nécessaire de procéder à une opération
d'audit du fonctionnement de l'Union et à une restructuration en
2002/2003. Ce réaménagement a entraîné la mise en
oeuvre d'un programme de redressement et de relance de la mise en valeur dont
la mise en application n'a été effective qu'en 2004/2005 puis
consolidée par le retour de la double culture en 2005/2006.
Tableau 7 : la mise en valeur au cours de cette
période
Années
|
Hivernage
|
Contre Saison Chaude
|
Sup.(ha)
|
Rdt. (t)
|
Prod. (t)
|
Intensité culturale
|
Sup. (ha)
|
Rdt. (t)
|
Prod. (t)
|
1991/1992
|
825,70
|
5,40
|
4458,78
|
1,98
|
825,70
|
5,00
|
4128,50
|
1992/1993
|
784,06
|
6,30
|
4939,58
|
0,95
|
_
|
_
|
_
|
1993/1994
|
789,29
|
6,80
|
5367,17
|
1,50
|
452,17
|
5,01
|
2265,37
|
1994/1995
|
1456,64
|
5,30
|
7720,19
|
1,38
|
759,01
|
5,00
|
3795,37
|
1995/1996
|
1550,58
|
5,15
|
7985,49
|
1,28
|
514,00
|
4,50
|
2313,00
|
1996/1997
|
2256,00
|
5,50
|
12408,0
|
0,95
|
_
|
_
|
_
|
1997/1998
|
3088
|
6,7
|
20636
|
0,91
|
_
|
_
|
_
|
1998/1999
|
3088
|
6,04
|
20205
|
1,41
|
1664,7
|
4,48
|
7458
|
1999/2000
|
2884,39
|
5,40
|
15576
|
1,21
|
1200
|
6,21
|
7452
|
2000/2001
|
2635,21
|
5,20
|
13719
|
0,78
|
_
|
_
|
_
|
2001/2002
|
3080,28
|
5,50
|
16942
|
0,95
|
_
|
_
|
_
|
2002/2003
|
909,34
|
4,50
|
4092
|
0,27
|
_
|
_
|
_
|
2003/2004
|
2982,28
|
5,74
|
17118
|
0,90
|
_
|
_
|
_
|
2004/2005
|
2994
|
5,76
|
17245
|
0,90
|
_
|
_
|
_
|
2005/2006
|
3039,9
|
5,08
|
15443
|
0,92
|
_
|
_
|
_
|
2006/2007
|
2856
|
_
|
_
|
1,52
|
1291,91
|
6,83
|
8823,74
|
Source : union de Boundoum
1.1) Les rendements
Les rendements ont relativement évolué et sont
plus constants en hivernage (avec une moyenne de 5,62 t/ha) qu'en
contre-saison chaude où le rendement moyen tourne autour de 5,29 t/ha.
Ce léger accroissement des rendements s'explique par l'emploi d'engrais
chimiques qui sont des fertilisants, l'usage d'herbicides pour les mauvaises
herbes et de pesticides pour les parasites. L'option pour les
variétés à haut rendement (VHR) comme le Sahel 108, IR 15
29 ne doit pas être négligée pour l'explication de
l'augmentation des rendements. En fait, le Sahel 108 peut donner, si les
conseils du technicien et l'itinéraire technique sont bien
respectés, des rendements de 11 t/ha.
1.2) L'intensité culturale
Dans la cuvette de Boundoum, la mise en valeur est
caractérisée par une intensité culturale qui évolue
en dent de scie de 1991 à 2006 (figure 3).Durant cette période,
l'intensité culturale d'une moyenne de 1,11 a été variable
d'une année à l'autre. Cette variabilité est due aux
facteurs qui suivent : l'accès au crédit, le remboursement
des dettes, la commercialisation de la production, l'organisation des
producteurs.
Figure 3 : L'évolution de
l'intensité culturale de 1991 à 2006.
2- Les contraintes à
l'exploitation
L'exploitation au niveau du périmètre
connaît de nombreuses contraintes. N'eussent été ces
difficultés, les exploitants du casier pourraient faire de bons
résultats. Ces difficultés ont pour noms :
- travail du sol parfois sommaire (un seul passage de
disques) ;
- une faible fertilité du sol (insuffisante
quantité, non respect des dates d'épandage dû parfois
à l'impraticabilité des pistes surtout en saison des
pluies) ;
- les adventices (herbes nuisibles aux cultures) ne sont
encore pas très bien maîtrisés. Les adventices peuvent
entraîner une chute de rendement de plus de 50% par rapport aux zones non
infestées (DIOP, 1980), cité par M. DIAGNE, 1995.
Tableau 8 : Quelques adventices rencontrés
dans le périmètre
Nom scientifique
|
Nom vernaculaire (wolof)
|
Oryza longistaminata
Oryza barthli
Ludwigia sp
Ischaemum rugosum
Echinichloa colona
Ipomoea aquatiqua
|
Njem
Xalir
Mboyte
Mbara
Mbay dek ou Mbaket
Lawlawane
|
- le calendrier, bien vrai qu'il soit bien établi,
n'est pas toujours respecté ;
- le retard de la livraison des intrants souligné par
plusieurs producteurs ;
- la non praticabilité des pistes, surtout le
tronçon Ross-Béthio-Boundoum Barrage, qui ne facilite pas
l'acheminement des intrants pendant l'hivernage ;
- le prix de l'engrais est devenu élevé. Par
exemple pour l'urée, le sac coûte 12 000 FCFA ;
- la non maîtrise par les paysans du RIDEV (Rice
Development). Le RIDEV est un logiciel qui fournit des instructions relatives
à la planification de la campagne qui permettent de prévoir selon
la variété, le site et en fonction de la date de semi, les dates
d'épandage, de floraison, de dernier drainage et de récolte,
ainsi que le taux de stérilité (Voir annexes).
Selon ce logiciel, si on sème en Septembre,
l'épiaison ou floraison va se faire au mois de Décembre et le
riz, sous l'effet de la fraîcheur, avorte ; ce qui se
répercutera sur le rendement.
Cependant l'analyse de la mise en valeur agricole
révèle des responsabilités à différentes
échelles. Ainsi à l'échelle de la parcelle, l'exploitant
respecte-t-il réellement l'itinéraire technique
suggéré ? Au niveau extérieur du
périmètre, il y'a d'autres paramètres à prendre en
considération comme les difficultés d'approvisionnement en
intrants et la disponibilité en matériel agricole.
L'entretien, gage d'un maintien en état des
infrastructures hydro agricoles de la cuvette, revêt une importance de
taille. En effet, il y va non seulement de la rentabilité de tant
d'efforts financiers, techniques, physiques, etc. consentis mais aussi et
surtout de la subsistance d'une population de presque 20 000 personnes.
Ces travaux d'entretien, dans la mesure où ils visent
pour l'essentiel l'amélioration des conditions de l'irrigation, alors
n'est-il pas opportun de voir dans un premier moment la façon dont l'eau
est gérée avant de nous lancer dans leur étude ?
A- Gestion hydraulique dans le
périmètre
On est tenté de définir la notion de gestion
avec DEBACKER, cité par (A.COLY, 2004) comme
« l'administration des biens d'un autre et de ses
intérêts avec soin, avec talent dans le but principal du
succès ». Ce qui revient à dire que la gestion de
l'eau équivaudrait à une situation où il n'y aurait aucun
déséquilibre (ni dans sa circulation, ni dans l'état du
réseau), aucun problème eu égard à la ressource
eau. C'est d'ailleurs dans cette optique qu'une étude menée par
l'ADRAO en 1990 suggérait que « la gestion de l'eau doit
inclure toutes les activités d'exécution et de direction
concernant la distribution de l'eau, l'entretien des infrastructures et la
gestion des conflits ».
1- Les infrastructures hydrauliques
A l'instar de tous les aménagements tertiaires, le
réseau du casier est composé du réseau d'irrigation, de
drainage et des pistes. Il y a aussi d'autres équipements qui sont
présents dans les villages du périmètre. Il s'agit des
hangars, des AEP et du réseau électrique.
1.1) Les stations de pompage
a) La station d'irrigation de Diawar
La station d'irrigation du casier de Boundoum se trouve
à Diawar, siège social de l'union des OP. Elle est née en
1968 et édifiée sur la fameuse digue de protection construite par
la MAS en 1964. Son équipement peut se résumer sur cinq (5)
électropompes totalisant un débit de 11,7 m3/s dont
deux (2) pompes SULZER de 2400 l/s chacune et trois (3) pompes FLYGT de 2300
l/s chacune.
Comme tout station de pompage pour l'irrigation, son
rôle est d'aspirer des volumes d'eau et de les refouler sous une certaine
pression dans les canalisations du réseau (RNEDHA, 1996).
Photo 3 : la Station de pompage de
Diawar
b) La station d'exhaure de
Gaéla
La station d'exhaure du casier dispose de quatre (4) pompes de
2 200 l/s chacune totalisant un volume de refoulement de 8,8 m3/s et une
hauteur manométrique totale (HTM) de 2,7m.
Le rôle essentiel de la station d'exhaure est d'assurer
l'évacuation des eaux pluviales, des eaux des vidanges stockées
dans les parcelles (eau de submersion) et des eaux de drainages des sols en
culture dans un émissaire de drainage. Ainsi, serait-il trop dire que
d'affirmer que la station d'exhaure permet l'assainissement du
périmètre tout entier ?
1.2) Le réseau d'irrigation et les
équipements hydromécaniques
C'est un réseau en commande par l'aval.
C'est-à-dire qu'il y a une vanne Avio au niveau de chaque tête. Ce
réseau est constitué d'un canal adducteur de 1970 m de long.
C'est le canal qui va de la station de pompage jusqu'aux canaux primaires.
Pour les canaux principaux, on en dénombre six (6) qui
sont le BN (Boundoum Nord), le C1A, le C1B, le C1C, le C2 et le C3. Ces canaux
totalisent une longueur de 32 948 m linéaire. Les canaux
secondaires du périmètre, d'un linéaire de 17 003 m,
sont au nombre de 15. La troisième catégorie de canal à
savoir les canaux tertiaires compte 144 canaux qui s'allongent sur 99 756
m. Enfin viennent les canaux quaternaires qui n'ont pas pu être
recensés à cause de leur nombre pléthorique et qui
assurent l'alimentation en eau des parcelles.
Dans l'ensemble, tous les canaux à l'exception des
quaternaires qui sont en déblai fossé simple sur terrain naturel
sont en terre compactée.
Pour assurer la sécurité des cavaliers en cas de
débordement, on a mis en place trois (3) déversoirs. Des modules
à masque qui sont au nombre de 130 (certains secteurs en ont 2) sont
dressés sur les canaux principaux et desservent des canaux de types
secondaires. Ce sont ces derniers qui assurent l'alimentation en eau des
mailles hydrauliques (environ 10 à 12 hectares).
Photo 4 : un module à masque
Nous avons en dehors des modules d'autres ouvrages tels que
les partiteurs et ceux qui officient pour la régulation d'où leur
nom d'ouvrage régulateur.
1.3) Le réseau de drainage
Le réseau de drainage du périmètre de
Boundoum se structure de la façon suivante : cinq (5) drains
primaires totalisant un linéaire de 27 301m ; dix sept (17)
drains secondaires d'une longueur total de 33 710m et cent cinq ( 105)
drains tertiaires d'un linéaire de 55 760m.
Pour limiter les problèmes que les contraintes que le
mauvais drainage causait, il s'est avéré nécessaire
d'évacuer les eaux de drainage vers l'océan par
l'intermédiaire d'un chenal de drainage appelé émissaire
de drainage.
a) L'émissaire de drainage du
Delta
Relié à la station de Boundoum par des ouvrages
de connexion, l'émissaire de drainage est composé des
dépressions suivantes : la dépression de Boundoum qui fait
400ha et la dépression de Krankaye qui fait elle 1200ha de plus que la
première soit 1600ha. L'émissaire comprend un canal primaire
endigué et long de 12km. La largeur de plafond varie entre 8 et 10m et
l'eau est déversée dans les deux dépressions
déjà citées.
La création de l'émissaire s'inscrivait dans le
cadre du plan de développement intégré de la rive gauche
(PDRG). Le financement du projet était assuré par la KFW pour un
montant de 4 Milliards 800. 000 .000 F CFA et les travaux de la
première phase sont achevés en Juin 2000.
b) Les problèmes résolus par
l'émissaire
Avec la réalisation de l'émissaire du Delta
l'évacuation des eaux de drainage du périmètre de Boundoum
depuis la station de Gaéla jusqu'au fleuve plus
précisément en aval du barrage de Diama a été
rendue possible. L'émissaire a également contribué
à renforcer la capacité d'alimentation de l'axe Gorom-Lampsar en
libérant le Gorom aval. Du point de vue écologique, ce chenal de
drainage a été d'un apport considérable. En effet, le
drainage sur le Ndiael qui est une zone protégée et
classée au rang de patrimoine mondiale de l'humanité est
arrêté. La salinisation est réduite car les eaux stagnantes
qui la favorisaient avant la construction de l'émissaire sont
aujourd'hui éliminées.
Cependant, ces bienfaits de l'émissaire ne doivent
surtout pas nous faire oublier un certain nombre problèmes qu'il a
engendrés. A titre d'exemple, les parcours pastoraux sont
réduits.
1.4) Les pistes et autres
infrastructures
|