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La maintenance des aménagements hydroagricoles dans le delta du fleuve Sénégal: Le cas du périmêtre de Boundoum

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par Ousseynou Diéle
Université Gaston Berger de Saint Louis - Maitrise 2006
  

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1) a) L'accès au crédit 

A la suite de Peter Torekens, dans un film réalisé par Jean Michel D'Estaing sur la riziculture au niveau de la vallée du fleuve Sénégal, nous pouvons dire que le crédit est d'une importance capitale pour le démarrage de la campagne.

Pour le cas de Boundoum, l'union ne prend pas de crédit. Ce sont les sections villageoises qui le font. Sur ce crédit, elles paient à l'union le service de l'eau. Mais pour être bénéficiaire du crédit, il faut remplir un certain nombre de conditions : être dans une organisation reconnue juridiquement (GIE), avoir un compte au niveau de la CNCAS, disposer du visa technique attesté par la SAED, etc.

Il y a également d'autres conditions d'accéder au crédit qui, cependant, sont jugées très subjectives : par exemple il faut que la banque ait confiance en l'individu.

Ce crédit doit être obligatoirement être remboursé même en cas de calamité majeure ou agression agricole (péril acridien, attaque d'oiseaux, etc.) d'où la nécessité pour les paysans de la cuvette de disposer d'un fonds de calamité. Malheureusement il n'y en a pas à Boundoum.

b) Relation avec la SAED 

La SAED est la société de développement qui encadre l'union. Après le transfert de 1991, elle ne s'est pas totalement désengagée. En fait, il y a un contrat de concession qui la lie avec l'union des OP de Boundoum. Mais ce contrat est d'une durée indéterminée. Elle a à sa charge trois missions :

- Encadrement technique et formation des membres de l'Union ;

- Encadrement de la Section Villageoise pour l'entretien et la gestion du périmètre ;

- Contrôle périodique de la gestion technique et financière de l'Union.

D'ailleurs un conseiller agricole représentant la SAED est basé à Boundoum-Barrage.

2.3) Les prestataires de services 

L'intervention des prestataires de service survient surtout dans le cadre de certains travaux hors de la portée de l'union. Par exemple, pour les travaux d'entretien des stations de pompage et de renouvellement des équipements hydromécaniques, l'union fait appel à l'expertise de la DAM.

Les autres prestataires de services intéressent le plus les sections villageoises qui forment ce qu'on appelle Union Locale (UL) à l'intérieur de chaque village et agissent à l'occasion du travail du sol, de la récolte (mécanique) et du battage (les engins que la population locale appelle << bourga>> voir photo 2). Ces fournisseurs sont en général des privés ou des organisations de producteurs qui disposent du matériel agricole.

.

Photo 2 : une batteuse « bourga »

B- Mise en valeur et contraintes à l'exploitation dans l'aménagement de Boundoum

1- La mise en valeur

Généralement, l'aménagement n'est cultivé qu'en hivernage et avec 100% du riz.

Le tableau ci-dessous montre que de 1991 à 1996, la mise en valeur au niveau du casier était marquée par des cultures d'hivernage et de contre-saison chaude (double culture). Cela peut s'expliquer par le fait que la réhabilitation venait de débuter et que l'aménagement fût remis en neuf. Mais il convient de signaler que le riz est la seule culture pratiquée dans le casier. Après 1999, les paysans du casier ont cessé de pratiquer la culture de contre saison et cela jusqu'en 2005. Cette non mise en valeur était le résultat d'un dysfonctionnement de l'Union qui, face à l'extension de ses fonctions au-delà de ses prérogatives normales, s'était retrouvée dans un climat de difficultés pour ce qui était de ses relations avec ses partenaires.

Face à cette situation de crise, la SAED avait jugé nécessaire de procéder à une opération d'audit du fonctionnement de l'Union et à une restructuration en 2002/2003. Ce réaménagement a entraîné la mise en oeuvre d'un programme de redressement et de relance de la mise en valeur dont la mise en application n'a été effective qu'en 2004/2005 puis consolidée par le retour de la double culture en 2005/2006.

Tableau 7 : la mise en valeur au cours de cette période

Années

Hivernage

Contre Saison Chaude

Sup.(ha)

Rdt. (t)

Prod. (t)

Intensité culturale

Sup. (ha)

Rdt. (t)

Prod. (t)

1991/1992

825,70

5,40

4458,78

1,98

825,70

5,00

4128,50

1992/1993

784,06

6,30

4939,58

0,95

_

_

_

1993/1994

789,29

6,80

5367,17

1,50

452,17

5,01

2265,37

1994/1995

1456,64

5,30

7720,19

1,38

759,01

5,00

3795,37

1995/1996

1550,58

5,15

7985,49

1,28

514,00

4,50

2313,00

1996/1997

2256,00

5,50

12408,0

0,95

_

_

_

1997/1998

3088

6,7

20636

0,91

_

_

_

1998/1999

3088

6,04

20205

1,41

1664,7

4,48

7458

1999/2000

2884,39

5,40

15576

1,21

1200

6,21

7452

2000/2001

2635,21

5,20

13719

0,78

_

_

_

2001/2002

3080,28

5,50

16942

0,95

_

_

_

2002/2003

909,34

4,50

4092

0,27

_

_

_

2003/2004

2982,28

5,74

17118

0,90

_

_

_

2004/2005

2994

5,76

17245

0,90

_

_

_

2005/2006

3039,9

5,08

15443

0,92

_

_

_

2006/2007

2856

_

_

1,52

1291,91

6,83

8823,74

Source : union de Boundoum

1.1) Les rendements

Les rendements ont relativement évolué et sont plus constants en hivernage (avec une moyenne de 5,62 t/ha) qu'en contre-saison chaude où le rendement moyen tourne autour de 5,29 t/ha. Ce léger accroissement des rendements s'explique par l'emploi d'engrais chimiques qui sont des fertilisants, l'usage d'herbicides pour les mauvaises herbes et de pesticides pour les parasites. L'option pour les variétés à haut rendement (VHR) comme le Sahel 108, IR 15 29 ne doit pas être négligée pour l'explication de l'augmentation des rendements. En fait, le Sahel 108 peut donner, si les conseils du technicien et l'itinéraire technique sont bien respectés, des rendements de 11 t/ha.

1.2) L'intensité culturale

Dans la cuvette de Boundoum, la mise en valeur est caractérisée par une intensité culturale qui évolue en dent de scie de 1991 à 2006 (figure 3).Durant cette période, l'intensité culturale d'une moyenne de 1,11 a été variable d'une année à l'autre. Cette variabilité est due aux facteurs qui suivent : l'accès au crédit, le remboursement des dettes, la commercialisation de la production, l'organisation des producteurs.

Figure 3 : L'évolution de l'intensité culturale de 1991 à 2006.

2- Les contraintes à l'exploitation

L'exploitation au niveau du périmètre connaît de nombreuses contraintes. N'eussent été ces difficultés, les exploitants du casier pourraient faire de bons résultats. Ces difficultés ont pour noms :

- travail du sol parfois sommaire (un seul passage de disques) ;

- une faible fertilité du sol (insuffisante quantité, non respect des dates d'épandage dû parfois à l'impraticabilité des pistes surtout en saison des pluies) ;

- les adventices (herbes nuisibles aux cultures) ne sont encore pas très bien maîtrisés. Les adventices peuvent entraîner une chute de rendement de plus de 50% par rapport aux zones non infestées (DIOP, 1980), cité par M. DIAGNE, 1995.

Tableau 8 : Quelques adventices rencontrés dans le périmètre 

Nom scientifique

Nom vernaculaire (wolof)

Oryza longistaminata

Oryza barthli

Ludwigia sp

Ischaemum rugosum

Echinichloa colona

Ipomoea aquatiqua

Njem

Xalir

Mboyte

Mbara

Mbay dek ou Mbaket

Lawlawane

- le calendrier, bien vrai qu'il soit bien établi, n'est pas toujours respecté ;

- le retard de la livraison des intrants souligné par plusieurs producteurs ;

- la non praticabilité des pistes, surtout le tronçon Ross-Béthio-Boundoum Barrage, qui ne facilite pas l'acheminement des intrants pendant l'hivernage ;

- le prix de l'engrais est devenu élevé. Par exemple pour l'urée, le sac coûte 12 000 FCFA ;

- la non maîtrise par les paysans du RIDEV (Rice Development). Le RIDEV est un logiciel qui fournit des instructions relatives à la planification de la campagne qui permettent de prévoir selon la variété, le site et en fonction de la date de semi, les dates d'épandage, de floraison, de dernier drainage et de récolte, ainsi que le taux de stérilité (Voir annexes).

Selon ce logiciel, si on sème en Septembre, l'épiaison ou floraison va se faire au mois de Décembre et le riz, sous l'effet de la fraîcheur, avorte ; ce qui se répercutera sur le rendement.

Cependant l'analyse de la mise en valeur agricole révèle des responsabilités à différentes échelles. Ainsi à l'échelle de la parcelle, l'exploitant respecte-t-il réellement l'itinéraire technique suggéré ? Au niveau extérieur du périmètre, il y'a d'autres paramètres à prendre en considération comme les difficultés d'approvisionnement en intrants et la disponibilité en matériel agricole.

L'entretien, gage d'un maintien en état des infrastructures hydro agricoles de la cuvette, revêt une importance de taille. En effet, il y va non seulement de la rentabilité de tant d'efforts financiers, techniques, physiques, etc. consentis mais aussi et surtout de la subsistance d'une population de presque 20 000 personnes.

Ces travaux d'entretien, dans la mesure où ils visent pour l'essentiel l'amélioration des conditions de l'irrigation, alors n'est-il pas opportun de voir dans un premier moment la façon dont l'eau est gérée avant de nous lancer dans leur étude ?

A- Gestion hydraulique dans le périmètre 

On est tenté de définir la notion de gestion avec DEBACKER, cité par (A.COLY, 2004) comme « l'administration des biens d'un autre et de ses intérêts avec soin, avec talent dans le but principal du succès ». Ce qui revient à dire que la gestion de l'eau équivaudrait à une situation où il n'y aurait aucun déséquilibre (ni dans sa circulation, ni dans l'état du réseau), aucun problème eu égard à la ressource eau. C'est d'ailleurs dans cette optique qu'une étude menée par l'ADRAO en 1990 suggérait que « la gestion de l'eau doit inclure toutes les activités d'exécution et de direction concernant la distribution de l'eau, l'entretien des infrastructures et la gestion des conflits ».

1- Les infrastructures hydrauliques 

A l'instar de tous les aménagements tertiaires, le réseau du casier est composé du réseau d'irrigation, de drainage et des pistes. Il y a aussi d'autres équipements qui sont présents dans les villages du périmètre. Il s'agit des hangars, des AEP et du réseau électrique.

1.1) Les stations de pompage 

a) La station d'irrigation de Diawar

La station d'irrigation du casier de Boundoum se trouve à Diawar, siège social de l'union des OP. Elle est née en 1968 et édifiée sur la fameuse digue de protection construite par la MAS en 1964. Son équipement peut se résumer sur cinq (5) électropompes totalisant un débit de 11,7 m3/s dont deux (2) pompes SULZER de 2400 l/s chacune et trois (3) pompes FLYGT de 2300 l/s chacune.

Comme tout station de pompage pour l'irrigation, son rôle est d'aspirer des volumes d'eau et de les refouler sous une certaine pression dans les canalisations du réseau (RNEDHA, 1996).

Photo 3 : la Station de pompage de Diawar

b) La station d'exhaure de Gaéla 

La station d'exhaure du casier dispose de quatre (4) pompes de 2 200 l/s chacune totalisant un volume de refoulement de 8,8 m3/s et une hauteur manométrique totale (HTM) de 2,7m.

Le rôle essentiel de la station d'exhaure est d'assurer l'évacuation des eaux pluviales, des eaux des vidanges stockées dans les parcelles (eau de submersion) et des eaux de drainages des sols en culture dans un émissaire de drainage. Ainsi, serait-il trop dire que d'affirmer que la station d'exhaure permet l'assainissement du périmètre tout entier ?

1.2) Le réseau d'irrigation et les équipements hydromécaniques

C'est un réseau en commande par l'aval. C'est-à-dire qu'il y a une vanne Avio au niveau de chaque tête. Ce réseau est constitué d'un canal adducteur de 1970 m de long. C'est le canal qui va de la station de pompage jusqu'aux canaux primaires.

Pour les canaux principaux, on en dénombre six (6) qui sont le BN (Boundoum Nord), le C1A, le C1B, le C1C, le C2 et le C3. Ces canaux totalisent une longueur de 32 948 m linéaire. Les canaux secondaires du périmètre, d'un linéaire de 17 003 m, sont au nombre de 15. La troisième catégorie de canal à savoir les canaux tertiaires compte 144 canaux qui s'allongent sur 99 756 m. Enfin viennent les canaux quaternaires qui n'ont pas pu être recensés à cause de leur nombre pléthorique et qui assurent l'alimentation en eau des parcelles.

Dans l'ensemble, tous les canaux à l'exception des quaternaires qui sont en déblai fossé simple sur terrain naturel sont en terre compactée.

Pour assurer la sécurité des cavaliers en cas de débordement, on a mis en place trois (3) déversoirs. Des modules à masque qui sont au nombre de 130 (certains secteurs en ont 2) sont dressés sur les canaux principaux et desservent des canaux de types secondaires. Ce sont ces derniers qui assurent l'alimentation en eau des mailles hydrauliques (environ 10 à 12 hectares).

Photo 4 : un module à masque

Nous avons en dehors des modules d'autres ouvrages tels que les partiteurs et ceux qui officient pour la régulation d'où leur nom d'ouvrage régulateur.

1.3) Le réseau de drainage 

Le réseau de drainage du périmètre de Boundoum se structure de la façon suivante : cinq (5) drains primaires totalisant un linéaire de 27 301m ; dix sept (17) drains secondaires d'une longueur total de 33 710m et cent cinq ( 105) drains tertiaires d'un linéaire de 55 760m.

Pour limiter les problèmes que les contraintes que le mauvais drainage causait, il s'est avéré nécessaire d'évacuer les eaux de drainage vers l'océan par l'intermédiaire d'un chenal de drainage appelé émissaire de drainage.

a) L'émissaire de drainage du Delta

Relié à la station de Boundoum par des ouvrages de connexion, l'émissaire de drainage est composé des dépressions suivantes : la dépression de Boundoum qui fait 400ha et la dépression de Krankaye qui fait elle 1200ha de plus que la première soit 1600ha. L'émissaire comprend un canal primaire endigué et long de 12km. La largeur de plafond varie entre 8 et 10m et l'eau est déversée dans les deux dépressions déjà citées.

La création de l'émissaire s'inscrivait dans le cadre du plan de développement intégré de la rive gauche (PDRG). Le financement du projet était assuré par la KFW pour un montant de 4 Milliards 800. 000 .000 F CFA et les travaux de la première phase sont achevés en Juin 2000.

b) Les problèmes résolus par l'émissaire

Avec la réalisation de l'émissaire du Delta l'évacuation des eaux de drainage du périmètre de Boundoum depuis la station de Gaéla jusqu'au fleuve plus précisément en aval du barrage de Diama a été rendue possible. L'émissaire a également contribué à renforcer la capacité d'alimentation de l'axe Gorom-Lampsar en libérant le Gorom aval. Du point de vue écologique, ce chenal de drainage a été d'un apport considérable. En effet, le drainage sur le Ndiael qui est une zone protégée et classée au rang de patrimoine mondiale de l'humanité est arrêté. La salinisation est réduite car les eaux stagnantes qui la favorisaient avant la construction de l'émissaire sont aujourd'hui éliminées.

Cependant, ces bienfaits de l'émissaire ne doivent surtout pas nous faire oublier un certain nombre problèmes qu'il a engendrés. A titre d'exemple, les parcours pastoraux sont réduits.

1.4) Les pistes et autres infrastructures

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"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery