1) 1- Historique et évolution de l'aménagement
de Boundoum
1) 1.1) Localisation et historique
Le périmètre de Boundoum se trouve à 70
km au nord-est de la ville de Saint-louis. On y accède par la Nationale
2 à partir de Ross-Béthio par une route plus ou moins
défectueuse longue de 20 km et qui va jusqu'au village de Boundoum
barrage.
Le casier a été créé depuis 1964
par l'organisation autonome du Delta (OAD). C'est une cuvette dont
l'aménagement est marqué par différentes phases suivant
l'évolution technologique. En fait en 1964, la superficie totale se
chiffrait à 1800 ha sous forme d'aménagement primaire
(aménagement sommaire qui permettait de canaliser la crue vers les
dépressions). La technique agricole que cela exigeait était la
submersion contrôlée.
La première campagne a eu lieu pendant hivernage
1964-1965 avec les semis envolés. Les variétés
cultivées étaient photopériodiques dont le cycle
dépendait de la variation de la température.
L'aménagement secondaire constituait une
amélioration avec la création d'une station de pompage à
Diawar en 1970. Mais cette station ne permettait pas alors une maîtrise
complète de l'eau. L'évolution vers l'aménagement
tertiaire se fera progressivement et sera matérialisée par des
endiguements et des réseaux d'irrigation et de drainage. Cela a
réellement démarré en 1974 et 596 ha vont s'ajouter
à la superficie (soit une superficie totale de 2396 ha).
En 1991 le casier a été réhabilité
puis concédé à l'Union des GIE et SV de Boundoum et ce
transfert s'inscrivait dans le cadre de l'application de la politique de
responsabilisation des organisations de producteurs.
Aujourd'hui le périmètre est divisé en
118 secteurs hydrauliques. Ce sont des blocs autonomes d'irrigation de taille
variable appelés également mailles hydrauliques.
1.2) Les réhabilitations et extension du
périmètre
Le périmètre a bénéficié
d'une réhabilitation et d'une extension entre 1991 et 2001 avec l'appui
de la KFW (coopération allemande) et de la Banque Mondiale (BM) pour un
coût global de 9 292 millions de FCFA. Suite à cette
opération la superficie a été portée à
3 295 ha dont 3098,56 ha sont présentement exploitables soit
93,85%.
Nous entendons par réhabilitation une opération
qui découle d'une prise de conscience d'une situation de
départ jugée insatisfaisante, et qui propose des principes et des
démarches en vue d'une situation d'arrivée satisfaisante. Elle
vise donc la durabilité de l'aménagement et l'amélioration
des rendements et par extension celle du niveau de vie des populations
locales.
Avec cette réhabilitation, on voulait résoudre
un lot important de problèmes dont le périmètre
était confronté. En effet, avant la réhabilitation, il
était presque difficile de réaliser de bonnes performances dans
le casier de Boundoum à la suite d'un défaut notoire de
maintenance ou de conception : la salinisation des terres, l'ensablement
et l'enherbement des canaux, l'absence d'une station d'exhaure en
constituaient les causes majeures.
Les travaux de la réhabilitation se sont
organisés suivant deux grandes tranches :
- Le 22 Avril 1990 marque le début de la
première tranche qui n'avait duré pas moins de 14 mois. Cette
première tranche avait permis la réalisation des deux
premières phases pour une superficie de 972 ha dont 913 ha
étaient mis en culture depuis 1991. En 1993 démarre une
troisième phase de 725 ha qui concernait la partie génie civil de
l'extension de la station de Diawar de même que la protection des berges
des canaux primaires.
La première tranche a pris fin le 30 Juin 1994 et en ce
moment, la superficie nette irrigable était 1697ha.
- La seconde tranche de la réhabilitation a
débuté en Septembre 1995. Subdivisée en deux phases, elle
est livrée en Mars 1997. La superficie couverte par cette
deuxième tranche était 1664 ha (voir tableau 5). Mais c'est en
2001 que les travaux ont complètement pris fin.
Tableau 5 :
Chronologie de la réhabilitation
Première tranche
|
Zones
|
(3 phases)
|
B. barrage
|
B. Nord
|
B. Est
|
Total
|
784ha
|
329ha
|
584ha
|
1697ha
|
Deuxième tranche
|
Phase 1
|
224ha
|
378ha
|
160ha
|
726ha
|
Phase 2
|
418ha
|
_
|
169ha
|
902ha
|
|
Total
|
1426ha
|
1022ha
|
913ha
|
3361ha
|
Source : Réhabilitation du périmètre
de Boundoum ; RAZEL, 1998.
1.3) Evolution de la gestion des terres
Dans le delta du fleuve Sénégal, c'était
la SAED qui se chargeait de l'affectation des terres. En effet, celle-ci en
rapport avec les coopératives représentées par leur
président, affectait les terres dans les cuvettes
aménagées. Mais ce mode de distribution avait très
tôt montré ses limites en ce sens que chaque année, la
répartition des terres était reprise et les paysans couraient le
risque de ne plus retrouver les mêmes terres.
La SAED changea vite de méthodes afin d'instaurer un
climat de stabilité dans le mode d'affectation des parcelles. Ainsi,
elle continuait à assurer la gestion des terres jusqu'en 1987 qui marque
le renversement des zones pionnières dans la zone dite de terroir. A
partir de cette date, la SAED n'exerça plus son pouvoir sur ces terres
dont la gestion venait d'être confiée aux Conseils Ruraux.
Des problèmes n'ont pas manqué de surgir
lorsqu'on a voulu réhabiliter le casier. En fait, au moment de la
réhabilitation, la SAED avait demandé aux Conseils Ruraux de
confirmer les unions comme affectataires des terres. En réaction
à cette requête, une délibération du Conseil Rural
avait affecté les terres du périmètre aux unions
hydrauliques et cela était en parfaite contradiction avec les textes
législatifs qui affectaient ces terres non pas aux unions hydrauliques
mais aux OPB ou groupements de producteurs.
Apres l'extension, beaucoup de paramètres
étaient pris en considération dans l'affectation des terres.
Ainsi pour être attributaire d'une parcelle de 0,40 ha (appelée
« kop » par les paysans du périmètre), il
fallait être âgé de 18 ans ou plus, être habitant d'un
des villages de l'union, appartenir à un groupement de producteurs ou
une coopérative librement constituée.
2- Organisation de la gestion et de
l'exploitation
2.1) Organisation de la production
Le périmètre de Boundoum polarise au total sept
(7) villages : Boundoum-Barrage (wolofs et Maures), Boundoum-Est (wolofs),
Diawar appelé Boundoum-Nord (wolofs), Wassoul (wolofs), Ronkh (wolofs),
Kheun (wolofs) et Diadiam (Maures). Il concerne une population de 15 508
habitants repartis dans ces sept villages. La superficie totale exploitable
s'élève à 3 098,56 ha et va au profit de 2 557
familles attributaires de parcelles (voir tableau ci-dessous).
Tableau 6 : la
répartition des terres entre les villages
Villages
|
Pop Totale
(Hbts)
|
Familles
Attributaires
|
Sup exploitables
(Ha)
|
Sup/attributaire
(Ha/Fam)
|
S.V
|
Boundoum-
Barrage
|
4 500
|
964
|
1180,51
|
1,22
|
10
|
Boundoum-Est
|
722
|
103
|
102,6
|
1,00
|
2
|
Diawar
|
3 363
|
337
|
602,45
|
1,79
|
9
|
Wassoul
|
941
|
319
|
190,39
|
0,60
|
3
|
Ronkh
|
3960
|
479
|
629,71
|
1,31
|
9
|
Kheun
|
1307
|
116
|
186,75
|
1,61
|
3
|
Diadiam
|
715
|
239
|
206,15
|
0,86
|
3
|
Total
|
15 508
|
2 557
|
3 098,56
|
1,21
|
39
|
Source : Données SAED
2005
Figure 2 : répartition des superficies aux
villages
2.2) Les organisations paysannes
- L'union hydraulique
L'union des OP de Boundoum a été
créée en 1991. Elle regroupe trente neuf (39) Sections
Villageoises (SV), six GIE et sept (7) Groupements Féminins (GPF). Son
siège social se trouve à Diawar.
Avec comme vocation initiale de piloter l'agriculture et la
gestion des aménagements hydro agricoles, l'union a vu son objet
s'étendre vers un appui aux GIE et SV membres à travers la
fourniture de bon nombre de services tels que l'approvisionnement en eau et sa
gestion, l'octroi d'intrants agricoles et de crédit, l'entretien des
canaux. L'union assure d'autres activités :
- L'exploitation et l'entretien des stations de pompage
(irrigation et drainage).
- Elle dispose d'une commission
« matériel » qui a pour charge la gestion et
l'entretien des locaux et des magasins de l'union, des équipements et du
matériel de bureau, du véhicule de transport de l'union.
- La commission « commercialisation »
assure le suivi de la collecte du paddy, de son décorticage et de sa
vente pour le remboursement de la redevance hydraulique et des avances
effectuées sur intrants par l'union. Elle se charge également de
suivre les opérations de commercialisation entre l'union et les
riziers.
- La commission « adduction d'eau
potable » (AEP) est responsable de la gestion des différents
systèmes d'adduction d'eau potable installés dans les villages du
casier.
Loin de se limiter à ces différentes
tâches, l'union entretient des relations plus ou moins
privilégiées avec des partenaires comme :
- la SAED : Appui-conseil ;
- la CNCAS : Crédit de campagne ;
- la F.P.A (Fédération des
Périmètres Autogérés) : Affiliation ;
- l'union des coopératives ;
- l'union de Boundoum-Barrage ;
- etc.
Le fonctionnement de l'union repose essentiellement sur la
redevance hydraulique payée par les OPB comme source unique de
financement. En plus de cela, il y a les organes de décision qui sont au
nombre de trois : le bureau exécutif de 12 membres, le conseil
d'administration composé de 53 membres et l'assemblée
générale d'environ 203 membres mandatés par les
différentes sections villageoises.
- Les OP de base
Les OP de base sont chargées de la maintenance des
aménagements terminaux, l'acquisition et la gestion du crédit et
la mise en valeur agricole. Ces différentes tâches sont
définies par un contrat qui lie les OP de base à leur Union.
Suivant cette logique les organisations paysannes de base assurent les
fonctions suivantes :
- Recenser les expressions de besoins, dresser des demandes de
crédit qu'on soumettra au visa technique de la SAED et négocier
le crédit nécessaire auprès des structures de
crédit locales ;
- Rendre compte l'Union de tous les éventuels
problèmes de leurs membres et de leur organisation (par exemple retard
au niveau de l'approvisionnement en semence, etc.) ;
- distribuer les intrants et recouvrir les exigibles
auprès des membres débiteurs ;
- maintenir en état les aménagements terminaux,
c'est-à-dire ceux qui sont à l'intérieur de la maille
hydraulique de leur groupement ;
- etc.
2.3) Les relations avec les partenaires
extérieurs
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