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Efficacite des Privatisations camerounaises : une analyse à travers la théorie de la Gouvernance partenariale

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par Jean Biwolé Fouda
Université de Douala - D.E.A de Sciences de Gestion 2004
  

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Section 2 : Interprétations et implications des résultats du modèle d'EPP

Les différentes tables de test, ainsi que le tableau de synthèse des résultats nous donnent une idée de l'évolution des indicateurs de mesure des variables du modèle. Mais pour une compréhension plus accessible, et pour rendre potentiellement utilisable

ces résultats, nous les interprétons et mentionnons quelques implications qui en découlent.

2.1. Interprétation des Résultats du modèle d'EPP

De prime à bord, la privatisation semble être bénéfique non seulement pour l'entreprise, considérée comme une entité, mais également pour les trois groupes de partenaires concernés par l'étude. En effet, les différents indicateurs d'efficacité économique (ROE, RE) ainsi que ceux d'efficacité partenariale (VS, VBF, VE) s'améliorent en moyenne et bien plus en médiane. En dehors de la Valeur salariés qui présente une différence négative synonyme d'une baisse, tous les autres connaissent une évolution conforme à nos prévisions.

Cette première analyse souffrirait de naïveté si nous nous limitons à ce niveau.

Le test de différence de médiane est effectué pour annuler les biais que l'utilisation d'un indicateur comme la moyenne peut introduire dans l'analyse. En effet en nous basant sur cet indicateur, une variation de même ampleur mais de sens opposé aboutirait à la conclusion selon laquelle le phénomène étudié n'a pas d'effet.

En nous appuyant sur les résultats de ce test, on se rend bien compte que la valeur appropriable par l'Etat ne connaît pas une évolution significative. Autrement dit,

la privatisation n'accroît pas la part en valeur relative des sommes qui reviennent à l'Etat. Pour ce qui est des autres variables le test confirme l'accroissement de leurs valeurs, consécutive à la privatisation. Ceci est plus vrai pour le ROE qui mesure la rentabilité des capitaux propres et le R.E qui lui mesure la rentabilité économique. Pour ces deux indicateurs le test est concluant aussi bien à un seuil de significativité de

10% qu'à celui de 5%.

2.2 Les implications des résultats du modèle d'EPP

Les résultats de cette étude nous permettent d'interpeller non seulement les maîtres d'oeuvre du programme de privatisation en cours au Cameroun, mais également les partenaires sociaux concernés par l'étude.

2.2.1 Implications au niveau de l'état et du processus de privatisation en cours

La présente étude devrait amener les maîtres d'oeuvre du programme de privatisation en cours au Cameroun à l'accélérer. En effet, l'étude ayant révélée que la privatisation améliore significativement la performance économique des entreprises concernées par l'opération, l'Etat devrait au plus vite les céder au secteur privé. La Camair pour ne citer que cet exemple, connaît actuellement de nombreux problèmes financiers qui rendent perceptibles la difficile restructuration à laquelle se heurtent les dirigeants de cette firme. En moins de dix ans, cette société a connu trois équipes

dirigeantes. Et l'actualité la plus récente sur le "Dja" 19 , vient confirmer cet Etat de

convalescence dans lequel se trouve cette compagnie aérienne.

Les maîtres d'oeuvre du programme de privatisation au Cameroun devraient également privilégier les investisseurs nationaux dans la cession des sociétés du portefeuille de l'Etat, car comme nous le montre la présente étude, la privatisation est bénéfique aux bailleurs de fonds. Nous constatons malheureusement que la très grande majorité des repreneurs sont étrangers. Ainsi cet avantage consécutif à la privatisation

ne profite qu'aux étrangers. L'Etat en mettant sur pied des mesures qui accorderaient la priorité aux investisseurs nationaux sans pour autant fermer la porte aux étrangers, limiterait considérablement cette fuite de capitaux.

2.2.2 Implications au niveau de partenaires de l'entreprise

Pour les partenaires de l'entreprise, la principale implication des résultats de la présente étude est qu'ils devraient se mettre ensemble pour bénéficier au mieux des retombés de la privatisation. Les investisseurs nationaux, compte tenu de l'effet positif

de la privatisation sur la valeur appropriable par les bailleurs de fonds doivent former

19 Le Dja, c'est le nom de baptême d'un des avions de la CAMAIR. Il assure les vols régionaux et nationaux. En l'espace d'une semaine, il a été d'abord annoncé comme ayant été restitué à son propriétaire (Cameroon Tribune

n° 8284/4409 du 24 juin 2004), avant d' être finalement recupéré par la société (Cameroon Tribune n°8128/4413

du 30 juin 2004).

des blocs, afin d'associer leurs avoirs et leurs savoirs pour pouvoir faire face à la

concurrence imposée par le caractère internationale des appels d'offre.

Les résultats de l'étude nous montrent que le personnel aussi est bénéficiaire du changement de propriété. Il serait donc plus opportun pour lui de se regrouper en association, en syndicat, ou en amicale, afin de parler d'une seule voix et surtout de favoriser l'acquisition des savoirs spécifiques. Car ceux-ci valorisent le personnel, augmentent la valeur qui lui revient et rendent son limogeage coûteux pour l'entreprise.

CONCLUSION

Ce chapitre nous a permis de passer les différentes propositions émises à l'épreuve des faits, d'interpréter et de tirer les leçons des résultats du modèle d'EPP. Au terme de cette confrontation, il ressort que la privatisation a effectivement un effet positif sur la performance économique des entreprises privatisées au Cameroun. Pour

ce qui est de l'effet sur les partenaires, de prime à bord (analyse graphique), tous les trois profitent de ce changement. Mais une analyse plus approfondie (les tests), révèle que deux des trois groupes étudiés sont en conformité avec nos prévisions. Il s'agit notamment des bailleurs de fonds et des salariés qui voient la part de valeur qui leur revient s'accroître. Seule le partenaire Etat semble rester indifférent à la privatisation. Cela peut être compréhensible dans la mesure où cette opération diminue le pouvoir et

la discipline que l'Etat exerce sur le dirigeant. Ainsi, celui-ci étant au centre du noeud

de contrat, et ayant sous son arbitrage la distribution de la valeur crée, il va marginaliser l'Etat dans la mesure où celui-ci exerce une discipline relativement faible

sur les décisions qu'il prend. Malgré cet argument il reste quand même que l'amélioration des performances économiques consécutive à la privatisation devrait entraîner un accroissement des impôts et taxes payés. Voilà pourquoi nous pouvons attribuer ce bémol aux différents biais liés à l'incomplétude des données, et surtout à l'incapacité de l'indicateur valeur appropriable par l'Etat à filmer la totalité des effets

de ce changement. Car cette valeur ne peut que s'améliorer dans la mesure où non seulement les impôts et les taxes versés à l'Etat devraient augmenter, mais ce dernier reçoit également des fonds dus à la cession des entreprises et fait des économies de

subvention.

CONCLUSION DEUXIEME PARTIE

Les questions posées au début de cette partie étaient celles de savoir quel bilan

on peut faire des privatisations menées au Cameroun et quel est l'impact de ce phénomène sur les partenaires de l'entreprise ? S'agissant du bilan, nous l'avons fait en deux points, sur le plan économique, et sur le plan partenariale. Pour ce qui est du premier point, il est satisfaisant dans la mesure où la privatisation a permis d'améliorer

les performances économiques des entreprises qui ont faits l'objet de cette opération.

En terme de bilan partenariale, ce qui rejoint la deuxième préoccupation posée

au début de cette partie, nous pouvons dire que la privatisation a été bénéfique pour le personnel et les bailleurs de fonds. Et s'il faut s'en tenir aux résultats de cette étude, elle n'a pas changé grand chose pour l'Etat. C'est à ces trois catégories de partenaire

que nous avons restreint la présente étude.

Conclusion Générale

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille