Section 2 : Interprétations et implications des
résultats du modèle d'EPP
Les différentes tables de test, ainsi que le tableau de
synthèse des résultats nous donnent une idée de
l'évolution des indicateurs de mesure des variables du
modèle. Mais pour une compréhension plus accessible, et pour
rendre potentiellement utilisable
ces résultats, nous les interprétons et
mentionnons quelques implications qui en découlent.
2.1. Interprétation des Résultats du
modèle d'EPP
De prime à bord, la privatisation semble
être bénéfique non seulement pour l'entreprise,
considérée comme une entité, mais également
pour les trois groupes de partenaires concernés par
l'étude. En effet, les différents indicateurs
d'efficacité économique (ROE, RE) ainsi que ceux
d'efficacité partenariale (VS, VBF, VE) s'améliorent en
moyenne et bien plus en médiane. En dehors de la Valeur salariés
qui présente une différence négative synonyme d'une
baisse, tous les autres connaissent une évolution conforme à
nos prévisions.
Cette première analyse souffrirait de
naïveté si nous nous limitons à ce niveau.
Le test de différence de médiane est
effectué pour annuler les biais que l'utilisation d'un indicateur
comme la moyenne peut introduire dans l'analyse. En effet en nous
basant sur cet indicateur, une variation de même ampleur mais
de sens opposé aboutirait à la conclusion selon laquelle le
phénomène étudié n'a pas d'effet.
En nous appuyant sur les résultats de ce test, on
se rend bien compte que la valeur appropriable par l'Etat ne connaît
pas une évolution significative. Autrement dit,
la privatisation n'accroît pas la part en valeur
relative des sommes qui reviennent à l'Etat. Pour ce qui est
des autres variables le test confirme l'accroissement de leurs valeurs,
consécutive à la privatisation. Ceci est plus vrai pour le ROE
qui mesure la rentabilité des capitaux propres et le R.E qui lui
mesure la rentabilité économique. Pour ces deux indicateurs
le test est concluant aussi bien à un seuil de significativité
de
10% qu'à celui de 5%.
2.2 Les implications des résultats du
modèle d'EPP
Les résultats de cette étude nous
permettent d'interpeller non seulement les maîtres d'oeuvre du
programme de privatisation en cours au Cameroun, mais
également les partenaires sociaux concernés par
l'étude.
2.2.1 Implications au niveau de l'état et du
processus de privatisation en cours
La présente étude devrait amener les
maîtres d'oeuvre du programme de privatisation en cours au Cameroun
à l'accélérer. En effet, l'étude ayant
révélée que la privatisation améliore
significativement la performance économique des entreprises
concernées par l'opération, l'Etat devrait au plus vite
les céder au secteur privé. La Camair pour ne citer que cet
exemple, connaît actuellement de nombreux problèmes financiers qui
rendent perceptibles la difficile restructuration à laquelle se heurtent
les dirigeants de cette firme. En moins de dix ans, cette
société a connu trois équipes
dirigeantes. Et l'actualité la plus récente sur le
"Dja" 19 , vient confirmer cet Etat de
convalescence dans lequel se trouve cette compagnie
aérienne.
Les maîtres d'oeuvre du programme de privatisation
au Cameroun devraient également privilégier les
investisseurs nationaux dans la cession des sociétés du
portefeuille de l'Etat, car comme nous le montre la présente
étude, la privatisation est bénéfique aux bailleurs de
fonds. Nous constatons malheureusement que la très grande
majorité des repreneurs sont étrangers. Ainsi cet avantage
consécutif à la privatisation
ne profite qu'aux étrangers. L'Etat en mettant sur pied
des mesures qui accorderaient la priorité aux investisseurs nationaux
sans pour autant fermer la porte aux étrangers, limiterait
considérablement cette fuite de capitaux.
2.2.2 Implications au niveau de partenaires de
l'entreprise
Pour les partenaires de l'entreprise, la principale
implication des résultats de la présente étude est
qu'ils devraient se mettre ensemble pour bénéficier au
mieux des retombés de la privatisation. Les investisseurs nationaux,
compte tenu de l'effet positif
de la privatisation sur la valeur appropriable par les bailleurs
de fonds doivent former
19 Le Dja, c'est le nom de baptême
d'un des avions de la CAMAIR. Il assure les vols régionaux et nationaux.
En l'espace d'une semaine, il a été d'abord annoncé comme
ayant été restitué à son propriétaire
(Cameroon Tribune
n° 8284/4409 du 24 juin 2004), avant d' être
finalement recupéré par la société (Cameroon
Tribune n°8128/4413
du 30 juin 2004).
des blocs, afin d'associer leurs avoirs et leurs savoirs
pour pouvoir faire face à la
concurrence imposée par le caractère internationale
des appels d'offre.
Les résultats de l'étude nous montrent que le
personnel aussi est bénéficiaire du changement de
propriété. Il serait donc plus opportun pour lui de se
regrouper en association, en syndicat, ou en amicale, afin de parler d'une
seule voix et surtout de favoriser l'acquisition des savoirs
spécifiques. Car ceux-ci valorisent le personnel, augmentent la
valeur qui lui revient et rendent son limogeage coûteux
pour l'entreprise.
CONCLUSION
Ce chapitre nous a permis de passer les
différentes propositions émises à l'épreuve des
faits, d'interpréter et de tirer les leçons des résultats
du modèle d'EPP. Au terme de cette confrontation, il ressort que
la privatisation a effectivement un effet positif sur la performance
économique des entreprises privatisées au Cameroun. Pour
ce qui est de l'effet sur les partenaires, de prime à
bord (analyse graphique), tous les trois profitent de ce changement. Mais une
analyse plus approfondie (les tests), révèle que deux des
trois groupes étudiés sont en conformité avec nos
prévisions. Il s'agit notamment des bailleurs de fonds et des
salariés qui voient la part de valeur qui leur revient
s'accroître. Seule le partenaire Etat semble rester indifférent
à la privatisation. Cela peut être compréhensible dans la
mesure où cette opération diminue le pouvoir et
la discipline que l'Etat exerce sur le dirigeant. Ainsi, celui-ci
étant au centre du noeud
de contrat, et ayant sous son arbitrage la distribution
de la valeur crée, il va marginaliser l'Etat dans la mesure
où celui-ci exerce une discipline relativement faible
sur les décisions qu'il prend. Malgré
cet argument il reste quand même que l'amélioration
des performances économiques consécutive à la
privatisation devrait entraîner un accroissement des impôts
et taxes payés. Voilà pourquoi nous pouvons attribuer ce
bémol aux différents biais liés à
l'incomplétude des données, et surtout à
l'incapacité de l'indicateur valeur appropriable par l'Etat à
filmer la totalité des effets
de ce changement. Car cette valeur ne peut que
s'améliorer dans la mesure où non seulement les impôts
et les taxes versés à l'Etat devraient augmenter, mais ce dernier
reçoit également des fonds dus à la cession des
entreprises et fait des économies de
subvention.
CONCLUSION DEUXIEME PARTIE
Les questions posées au début de cette partie
étaient celles de savoir quel bilan
on peut faire des privatisations menées au
Cameroun et quel est l'impact de ce phénomène sur les
partenaires de l'entreprise ? S'agissant du bilan, nous l'avons fait en deux
points, sur le plan économique, et sur le plan partenariale.
Pour ce qui est du premier point, il est satisfaisant dans la mesure
où la privatisation a permis d'améliorer
les performances économiques des entreprises qui ont faits
l'objet de cette opération.
En terme de bilan partenariale, ce qui rejoint la deuxième
préoccupation posée
au début de cette partie, nous pouvons dire que la
privatisation a été bénéfique pour le personnel et
les bailleurs de fonds. Et s'il faut s'en tenir aux résultats de cette
étude, elle n'a pas changé grand chose pour l'Etat. C'est
à ces trois catégories de partenaire
que nous avons restreint la présente étude.
Conclusion Générale
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