CONCLUSION GENERALE
La principale interrogation à l'origine de cette
étude était celle de savoir si les privatisations menées
au Cameroun ont été efficaces. En adoptant l'approche de
la firme partenariale, un tel questionnement ne saurait se limiter
à la seule mesure de l'efficacité économique. C'est
pourquoi, s'interroger sur l'efficacité des privatisations menées
au Cameroun revient à étudier l'impact du phénomène
aussi bien sur la firme,
sur les actionnaires que sur les autres partenaires.
L'efficacité ici devient donc synonyme de performance
partenariale.
Compte tenu de cette considération peut-on
conclure au terme de cette recherche que les privatisations
menées dans notre pays ont été efficaces ? Au regard des
résultats obtenus par les indicateurs de performance économique
à savoir le ROE (Taux de rentabilité des capitaux propres) et le
RE (taux de rentabilité économique), nous pouvons affirmer
qu'en terme d'efficacité économique les privatisations
camerounaises sont satisfaisantes. Ce résultat interpelle l'Etat
à accélérer le processus
de privatisation en cous au Cameroun, en se débarrassant
au plus vite des sociétés dont
le processus de restructuration continue à être
infructueux.
S'agissant de l'efficacité partenariale, cette
étude permet de nous prononcer par rapport à trois groupes de
partenaires. Le personnel et les bailleurs de fonds des entreprises
privatisées au Cameroun sortent bénéficiaire de cette
opération car la part prise par eux dans la valeur crée
est en nette augmentation. Ainsi, pour ces deux partenaires, les
privatisations menées au Cameroun sont efficaces. Pour
bénéficier de
ce changement, le regroupement en association afin de mieux
défendre leurs intérêts
est nécessaire. L'Etat pourrait
également mettre sur pieds des conditions qui favoriseraient
les bailleurs de fonds nationaux, dans le cas où ceux-ci
feraient des offres aussi intéressantes que les étrangers.
Pour ce qui est du troisième partenaire concerné
par l'étude à savoir l'Etat, la privatisation n'apporte pas un
changement significatif dans la valeur qui lui revient. Ce résultat
quoique compréhensible dans la logique de la discipline exercée
par chaque partenaire sur le dirigeant prête quand même
à confusion. En effet, la privatisation
entraîne un bon volume de rentrées dans les
caisses de l'Etat en terme d'impôts et
Conclusion générale
taxes et en terme de cession d'actifs. Et parce qu'elle permet
également une économie
de subvention accordée par les pouvoirs publics aux
entreprises, on est en droit de se poser des questions sur la fiabilité
de ce dernier résultat. On pourrait particulièrement pointer un
doigt accusateur en direction des indicateurs utilisés pour
mesurer cette Valeur Etat ( Impôts et taxes / Valeur Ajoutée).
Parce que cet indicateur n'intègre pas toutes ces variations, il ne rend
pas compte d'une proportion bien importante de la part
de valeur qui revient à l'Etat. Ceci nous amène
justement à évoquer les limites de cette
étude.
La première de ces limites est qu'on ne saurait
véritablement parler d'efficacité partenariale des privatisations
sans se prononcer sur le partenaire client ; tant il est vrai que ce dernier
est celui qui consomme l'output produit par l'entreprise. Il est de ce fait
pleinement affecté par les décisions prises au sein de
celle-ci. Le phénomène de délestage qui a court au
Cameroun actuellement en est une parfaite illustration dans le sens où
se sont les populations qui en sont victimes. Ainsi, compte tenu de
la complexité que pose la mesure de la valeur appropriable par
cette catégorie de partenaire, notre étude ne l'a pas
intégré. Nous pensons pouvoir examiner cet aspect
du problème dans nos recherches futures.
On peut aussi reprocher à cette recherche d'avoir
abandonnée involontairement
un nombre non négligeable d'informations. En
effet, la population d'entreprises privatisées au Cameroun est de 18
entreprises, mais la présente recherche ne concerne que 12 d'entre
elles, soit 6 entreprises absentes. Ce qui pourrait être à
l'origine d'un biais non négligeable ; quoique le caractère non
aléatoire de cet échantillon vienne le réduire.
Ainsi, on pourrait se poser la question de savoir si
ces limites devraient conduire à la contestation des résultats
de cette étude et la rendre par conséquent sans
intérêt. Nous ne le pensons pas. D'abord parce que les
résultats obtenus viennent confirmer considérablement
l'hypothèse d'accroissement de performance consécutive à
une privatisation comme le prévoit la théorie.
L'ambiguïté des résultats empiriques observés dans
les recherches antérieures ( celles-ci étant faites pour la
plupart dans les pays développés), s'en trouve ainsi
atténuée. Cette amélioration pourrait trouver une
explication dans le fait que la gestion publique est plus lourde
et génératrice de coûts
Conclusion Générale
de transaction énormes dans les pays sous
développés. La privatisation a donc des
effets escomptés plus nets dans les économies en
voie de développement comme celle
du Cameroun parcequ'elle libère les entreprises de cette
lourdeur et de ces coûts.
Enfin parce que ces résultats confirment le bien
fondé du programme de privatisation en cours au Cameroun, ils
devraient encourager les initiateurs et les
maîtres d'oeuvres de ce programme à le
poursuivre.
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