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La coexistence humaine et participation politique du citoyen. Une réévaluation de l'espace politique avec Hannah Arendt

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par Gauthier Malulu Lock j
Faculté de Philosophie saint Pierre Canisius. Kimwenza-Kinshasa - Graduat en Philosophie 1999
  

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2.2. Le domaine privé.

Le privé et le public introduisent une distinction à la base du politique. Arendt dit que "le privé était comme l'autre face sombre et cachée du domaine public et si en étant politique on atteignait à la plus haute possibilité d'existence humaine, en ne possédant point de place à soi on cessait d'être humain"_. Cette citation nous permet de comprendre que la sphère du privé a deux sens dans la pensée arendtienne. Il est, selon le sens originaire du terme, doué du caractère privatif ; mais le privé est aussi, selon, son sens moderne, synonyme de propriété.

2.2.1. Le privé comme privatif

Le privé est le lieu où l'homme se trouve privé du politique. Il est par ce fait même soumis uniquement à un dialogue avec les nécessités de la vie auxquelles les activités comme le travail veut répondre. Dans une perspective péjorative, le privé prive l'homme de l'humanité véritable puisque qu'il le retient en captivité, dans sa confrontation solitaire avec la nature, dans l'unique but de survivre et de perpétuer l'espèce. Privé du caractère politique, l'homme demeure un simple animal indifférencié; vivant en dehors de la polis, en dehors de tout dialogue et de la rencontre des autres, ses égaux.

Ainsi perçu dans sa privativité, "vivre une vie entièrement privée signifie être privé de choses essentielles à une vie véritablement humaine"_. On est écarté du domaine de la politique qui comprend le dire et l'agir avec les autres et en présence des autres. Le privé prive l'homme de la parole et de la liberté. Ces privations sont donc la mort de l'être homme dans l'espace commun, espace public.

Pour établir le lien avec les activités de la vita activa_, disons que le domaine privé compris dans son sens privatif est le lieu de la solitude humaine où l'homme privé de la vue et de l'écoute de ses pairs, ses semblables, demeure un animal laborans et/ ou un homo faber ; telle est la condition de l'esclave, des femmes, des étrangers , des enfants dans la polis grecque et des artistes et artisans qui peuvent oeuvrer les uns à côté des autres sans pour autant vivre une vie publique.

Cette catégories de personnes peuvent vivre dans un regroupement (le social) mais elles sont privées du politique. Donc, l'homme frappé de la privation, est privé de ce qui peut le sortir de son caractère d'animal pour devenir l'humain ou l'animal humain, c'est-à-dire politique.

2.2.2. Le privé comme propriété privée

Le terme privé se trouve ici comme revalorisé. Lorsqu'on parle du privé en tant que propriété privée, il perd son caractère privatif, même par rapport à l'espace public. Arendt explique que "la propriété possède apparemment certaines qualifications qui, tout en appartenant au domaine privé, ont toujours passé pour extrêmement importantes pour la cité politique_".

Cette compréhension du privé permet de mieux articuler son lien avec le public .Nous remarquons, en fait, que le domaine privé complète le domaine public. Puisque, pour accéder plus facilement à la vie publique, il faut avoir plus ou moins maîtrisé les nécessités vitales ou biologiques de la vie. La propriété privée renvoie à la notion d'espace ou de lieu que chaque homme doit posséder (dont il est propriétaire), car c'est à partir de ce lieu qu'il aura à satisfaire ses besoins vitaux et de là aussi qu'il pourra s'insérer dans le politique, dans l'agora, pour agir et pour se dire en présence des autres. Etre propriétaire "signifie [...] ni plus ni moins avoir sa place en un certain lieu du monde et donc appartenir à la cité politique, c'est-à-dire, être chef d'une des familles qui, ensemble, constituaient le domaine public_".

En plus, le privé n'est plus privatif lorsqu'il offre à l'homme le lieu de se posséder lui-même; c'est la seconde grande caractéristique non privative du privé. A ce sujet, on peut écouter les sages interventions de Hannah Arendt :

"les quatre murs de la propriété privée offrent à l'homme la seule retraite sûre contre le monde public commun, la seule où il puisse échapper à la publicité, vivre sans être vu, sans être entendu. [Car] une vie passée entièrement en public, en présence d'autrui, devient, comme on dit, superficielle"_.

Enfin, le privé comme propriété justifie toutes les formes de la vie privée : vie intime, vie secrète, vie de la pensée ou de l'esprit( puisqu'il y a des choses qui sont appelées à s'étaler en public et il y en a d'autres qui demandent à demeurer cachées. Il nous faut cependant noter qu'une vie humaine ne peut jamais être complètement cachée ou privée vis-à-vis des affaires de la res-publica.

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille