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La coexistence humaine et participation politique du citoyen. Une réévaluation de l'espace politique avec Hannah Arendt

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par Gauthier Malulu Lock j
Faculté de Philosophie saint Pierre Canisius. Kimwenza-Kinshasa - Graduat en Philosophie 1999
  

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Chapitre deuxième : La COEXISTENCE HUMAINE

L'effort dont il vient d'être question dans le précédent chapitre consistait à présenter la ligne directrice de la pensée de Hannah Arendt et à exposer brièvement le contenu de Condition de l'homme moderne. Cette dernière tâche nous a fait comprendre que Condition de l'homme moderne est une analyse détaillée des trois activités principales de la vita activa : travail, oeuvre et action. Ces activités caractérisent la condition de l'homme. Nous avons certainement réalisé que le travail de saisir la «nature» humaine ou la condition humaine n'est en rien une tâche triviale ou aisée . L'homme en effet est resté aussi bien pour l'anthropologie que pour d'autres sciences humaines un "mystère" quasiment insaisissable et par lui-même et par les autres, il est une question qui interpelle aujourd'hui encore les savoirs.

Hannah Arendt était pleinement consciente de cette vérité lorsqu'elle affirmait avec grande conviction que

"le problème de la nature humaine paraît insoluble aussi bien au sens psychologique individuel qu'au sens philosophique général. Il est fort peu probable que, pouvant connaître, déterminer la nature de tous les objets qui nous entourent et qui ne sont pas nous, nous soyons jamais capables d'en faire autant pour nous-mêmes"_.

Toutefois, dans sa capacité de transcendance, l'être humain est à même de s'interroger sur son existence en tant que sujet parmi d'autres sujets. Mieux, il s'interroge comme une existence en relation avec d'autres existences; on peut dire, en ce sens, que l'homme peut se penser dans sa situation de coexistence: "être avec".

L'objectif du présent chapitre est d'examiner, à l'instar de et à travers Hannah Arendt, la réalité tangible qu'est la coexistence humaine dans une société naturelle d'abord et dans une communauté politique ensuite. Dès le début de ce chapitre, nous ferons remarquer que «l'être homme véritable» ne peut être éprouver que dans une condition de pluralité respectueuse de l'individualité de chacun.

2. 1. L'exister humain pluriel

2.1.1. L'homme: "un être avec les autres"

Parler de l'exister humain pluriel, c'est vraiment se situer au coeur de la pensée politique de Hannah Arendt car, pour elle, l'homme est essentiellement un "être-avec". En effet, on peut dire a posteriori, sans aucun risque de se tromper, qu'il est impossible de rencontrer un être humain soustrait complètement de l'exigence de vivre en compagnie des autres. La réalité humaine d' «être avec» est une donnée tout à fait ontologique dans le sens qu'elle intervient comme élément définitionnel de «l'être homme de l'homme» (de son essence). Aristote était bien conscient de cela lorsqu'il définissait l'homme comme zôon politikon. Hannah Arendt est aussi éloquente lors qu'elle dit qu'

«aucune vie humaine, fût-ce la vie de l'ermite au désert, n'est possible sans un monde qui, directement ou indirectement, témoigne de la présence d'autres êtres humains.»_

Nous pouvons encore affirmer que l'homme seul, c'est-à-dire privé de la compagnie des autres, n'existe nulle part. En des termes simples, on dirait que la pluralité est inhérente à l'homme.

Dès sa naissance qui marque son entrée dans le monde des hommes, l'homme se trouve dans un univers déjà peuplé par les humains et par les objets. On admet généralement que la famille est la société primitive - dans le sens de la première collectivité humaine- ou encore qu'elle est la société naturelle. De toutes les façons, l'enfant qui vient à l'existence est toujours accueilli par sa mère et ensuite par sa famille qui représente justement cette société au sein de laquelle il aura à vivre sa vie d'homme. C'est donc dans un environnement préétabli, préalablement peuplé d'humains et d'artefacts (les objets que l'homo faber fabrique) que l'homme s'insère lorsqu'il vient à l'existence. C'est pourquoi, depuis l'Antiquité grecque, les penseurs se sont accordés , reprenant Aristote, à définir l'homme comme un "animal social".

Ce qui revient à dire que l'existence humaine est en réalité une coexistence ou, encore mieux, un exister en compagnie des autres personnes ; l'homme sera toujours perçu comme un "être-avec" qui est appelé à un "vivre-avec". Ainsi, cet « être-avec » qui est inscrit dans la structure ontologique de l'homme, autrement dit qui est donné par la nature humaine de l'homme, doit évoluer vers la conscience du « vivre avec ». Tel est le sens de tout l'effort des hommes à organiser leur espace de vie commune pour qu'il soit moins hostile et plus harmonieux ; mieux qu'il devienne véritablement espace politique.

André Enegrén insiste en allant jusqu'à dire que "jamais cette pluralité ne doit être perdue de vue que nous partageons le monde avec d'autres, qui forment avec nous une humanité une, mais pourtant infiniment diverse, telle est la donnée ontologique fondamentale"_. Considérons à présent cette définition de l'homme en tant qu'animal social d'abord et ensuite en tant qu'animal politique.

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry