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L'impact des décisions administratives sur le suivi éducatif des mineurs étrangers isolés et des jeunes majeurs en France

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par Roland TCHOUAGA
Institut national de formation et d'application - Diplome d'état d'éducateur spécialisé 2006
  

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C. Mes propositions pour améliorer la prise en charge

Le travail de confiance mis en place se voit écorché à chaque réponse négative par tous ces refus de soins, de prise en charge, d'aide vis-à-vis du mineur isolé étranger.

Ces décisions qui paraissent souvent injustes et inadaptées contribuent à fragiliser encore plus les adolescents qui vivent une situation instable.

Ce refus les rend plus vulnérables et ils ne croient plus en rien.

Ces jeunes, qui avaient rêvé d'une vie meilleure en France déchantent rapidement face à la lourdeur des démarches administratives. Le manque de considération et le rejet dont ils ont le sentiment peuvent s'ajouter à leur mal être, et dans certains cas amener le jeune à disparaître dans la nature.

D'autres jeunes, du fait certainement de la frontière culturelle, ne saisissent souvent l'ampleur des enjeux que lorsqu'ils doivent quitter le centre pour aller au SAMU social (115), où les conditions de prise en charge ne sont pas spécifiques aux mineurs mais à toutes les personnes en difficultés.

Pour d'autres mineurs, la situation en guerre de leur pays aidant, sont orientés vers les structures pour les demandeurs d'asile ; certains jeunes, déçus par la réponse administrative et judiciaire, ont tenté le passage à l'acte.

C. originaire, d'un pays en guerre, s'est enfui après l'assassinat de toute sa famille. Arrivé en France sans documents, celui -ci devra subir un examen d'âge osseux pour prouver sa minorité. Il me demande si c'est parce que ses parents ne peuvent plus répondre que l'on demande à une machine de dire son âge. Il me jure qu'il est mineur et que si je le crois une machine ne peut pas dire le contraire.

C. sera déclaré majeur à plus de 18 ans et il me dit avoir 16 ans.

Le soir même, le jeune a tenté de se suicider.

Une succession de passages à l'acte par des jeunes m'a poussé à réfléchir avec l'équipe sur des propositions en vue de l'amélioration de la prise en charge des mineurs isolés étrangers.

Travailler sur un accueil véritable et un accompagnement avec un début et un avenir et non un début et une fin de prise en charge. On n'envisage pas l'avenir du jeune. La problématique est connue, il existe une cellule de l'ASE de Paris qui s'occupe des mineurs étrangers. Le mineur pris en charge par l'ASE devrait bénéficier d'une évaluation tous les 6 mois, au lieu de disparaître lors de la prise en charge et apparaître à 18ans. On devrait réfléchir à la possibilité pour le mineur d'avoir un avenir en France ou de renter chez lui dans de bonnes conditions. L'administratif doit l'aider à bénéficier de mesures indispensables à son intégration en France et à se projeter, de même pour les éducateurs qui ont besoin d'avoir une visibilité dans le temps pour inscrire le jeune dans un projet de vie. L'action éducative qui est mis en place n'est efficace que si le jeune est rassuré par sa situation

La décision judiciaire ne devrait pas se focaliser sur le danger et uniquement sur le travail éducatif. Il doit tenir compte de l'environnement à l'origine de ce danger. On sait que le danger qui pèse sur le mineur isolé est diffus dans la mesure où il est lié à sa présence sur le territoire et aux motifs de son départ du pays d'origine. Si on part du principe que les mineurs isolés sont une spécificité en France, par la création de la CAMIE (cellule d'accueil des mineurs isolés), au sein de l'ASE de Paris, cela démontre une prise de conscience de la spécificité de ces jeunes vis-à-vis des jeunes réguliers en France. J'ai pu constater que la CAMIE ne dispose pas de moyens spécifiques, et donne l'impression d'être un lieu de stockage et de statistique sur les flux. Dès que la décision de justice est prononcée en faveur du jeune, celle-ci doit être accompagnée de moyens permettant l'intégration dans le projet de son choix. Un mineur isolé n'a pas de papier, pourtant il lui faut des papiers qui lui permettent de poursuivre une formation en alternance. Un titre de séjour même provisoire lui permettrait de poursuivre sa formation.

Pour le retour du jeune dans son pays, la formation lui permettrait d'être actif dans son pays. Ce retour devrait se faire à la demande du jeune et non de manière forcée comme c'est le cas actuellement.

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon