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Voies nociceptives mises en jeu pendant la parturition


par Vladimir DARIC
Université Paris VII -  1999
  

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Changements physiologiques chez la mère et chez le foetus: pendant la gestation et pendant l'accouchement

La gestation chez la femme dure en moyenne 40

semaines, les premières contractions commencent la 30éme semaine et leur intensité s'accroît à mesure que le terme approche. Pendant la gestation, l'organisme de la femme subit un ensemble de changements anatomiques et physiologiques qui culminent au moment de l'accouchement. Parmi ces changements, le plus important concerne le système respiratoire, mais on observe également des changements neuro-endocrinologiques, cardiovasculaires, métaboliques...

Modifications du système respiratoire - On peut observer des modifications dans les voies respiratoires, notamment la diminution du volume pulmonaire. On a parallèlement une modification de la dynamique respiratoire et une augmentation du volume de la ventilation.

Aux environs du 3ème mois de grossesse il y a un accroissement de l'ordre de 50% du volume respiratoire du à une augmentation spectaculaire de la ventilation alvéolaire (+70%).

L'ensemble de ces phénomènes combiné à une diminution du volume des poumons aboutissent à une diminution de la pression partielle du CO2 (pCO2) alvéolaire.

De surcroît, la douleur provoqué par les contractions utérines au moment de l'acouchement, stimule fortement la respiration. Il en résulte une augmentation nette du volume de l'inspiration, un accroissement du taux respiratoire et par conséquent une augmentation fulgurante de la ventilation alvéolaire. Comme conséquence on a un écroulement de la paCO21 qui atteint 16 à 20 mmHg et même peut descendre jusqu'au 10 à 15 mmHg. La paO22 croit légèrement pour atteindre 105 mmHg. Comme conséquence finale on a un accroissement du pH sanguin de la mère, donc une alcalose respiratoire qui accompagne les vagues de contractions utérines. Ces phénomènes respiratoires sont accompagnés par une diminution du flux sanguin cérébral et utérin et d'une augmentation de l'affinité de l'hémoglobine pour l'O2 liée à l'augmentation du pH3.

1 Pression partielle du CO2 artérielle et alvéolaire

2 Pression artérielle partielle de l'O2 artérielle et alvéolaire

3 Les variations de pH sanguin ou de pression partielle en CO2 provoquent des déplacements des courbes de dissociation de l'O2 dans le sang. Une diminution de paCO2 ou une augmentation de pH provoque un déplacement plus ou moins marqué de la courbe vers la gauche. Il y a donc une diminution du relarguage de l'O2 au niveau tissulaire.

Entre les périodes de contractions, on assiste à des périodes de repos lors desquels la femme a tendance à hypo-ventiler. Cela provoque une chute de paO2 de 10 jusqu'à -50% ( -25 à -30% en moyenne)

Effets sur le foetus :

l'alcalose respiratoire de la mère lors des contractions induit une baisse d'échanges placentaires d'oxygène.

l'hypoxie chez la mère qui survient pendant les phases de relaxation entraîne une hypoxie foetale.

Effets d'analgésie :

L'analgésie partielle par emploi d'opioides ou l'anesthésie par voie respiratoire - On observe une diminution de l'hyperventilation lors des contractions (paCO2= 20 - 25 mmHg et l'oxygénation augmente). Une alcalose respiratoire persiste malgré cette diminution, et si elle s'ajoute à l'effet déprimant des opioides pendant les périodes de repos, elle peut provoquer de l'hypoventilation et l'hypoxie.

L'analgésie épidurale, lorsqu'elle supprime la douleur, elle abolit également l'hyperventilation provoquée par celle-ci, et évite l'hypoventilation pendant les phases de repos. La paCO2 reste voisine des valeurs normales (# 28-32 mmHg) et la paO2 reste également normale (# 100 mmHg).

Modification neuro-endocrinologiques - Plusieurs études démontrent des changements hormonaux significatifs.

Après une stimulation nociceptive aiguë chez l'animal on enregistre une augmentation de catécholamines (+ 20 à 40%), en particulier en ce qui concerne le taux de norepinephrine, ceci provoque une diminution de la circulation sanguine dans l'utérus(III - p625).

Les études chez la femme ont montré que la douleur et l'anxiété pendant la phase active du travail peuvent induire 300 à 600% d'augmentation du taux d'épinephrine, 200 à 400% d'augmentation du taux de norépinephrine, et 200 à 300% d'augmentation de cortisol. Une augmentation significative de corticostéroïdes et de ACTH a également été perçue. Le pic de ces hormones est en général enregistré pendant ou juste après l'expulsion du nouveau née.

L'augmentation du taux d'épinephrine est associé aux contractions utérines pendant la phase active du travail. Il a été démontré une corrélation positive entre le taux d'épinephrine, et l'intensité de la douleur, donc avec l'anxiété induite par celle-ci.

Ohno et Coll. (1986) démontrent, lors d'une étude sur les catécholamines et les nucléotides cycliques plasmatiques pendant le travail, une corrélation positive entre d'une part le taux d'épinephrine et le taux cardiaque et d'autre part la corrélation entre les taux plasmatiques de la norépinephrine et de l'AMPc.

Effets de l'analgésie par péridurale

En supprimant ou en atténuant la douleur, la péridurale abolit les effets de celle-ci. Pendant le travail, les taux de toutes les hormones dont la sécrétion est stimulé par la douleur diminuent, notamment le taux de catécholamines, de bêta-endorphines, de ACTH et cortisol

(III - p626). Cet effet est observé uniquement chez la femme lors du travail. Chez la femme non parturiente, le même traitement n'induit pas de diminution de taux hormonaux.

En ce qui concerne le foetus, l'analgésie péridurale chez la mère pendant le travail n'induit pas de diminution de catécholamines ni de bêta-endorphines.

Changements cardiovasculaires - A partir de 6 à 8 semaines de grossesse, le volume sanguin et le volume plasmatique augmentent. Cette hausse atteint le maximum entre la 28ème et le 32ème semaine, pour rester constante jusqu'à la parturition.

Au moment de l'accouchement on observe un accroissement du débit cardiaque Pendant les périodes de contractions utérines cette hausse est encore plus importante.

Pour une part cette augmentation est due à la perte sanguine au niveau utérin ( 250 à 300 mL ) et à l'amplification du retour veineux de la cavité pelvienne et des membres inférieurs. D'autre part, la hausse de la pression systolique et diastolique est due à l'hyperactivité sympathique provoquée par l'anxiété, la douleur et l'effort physique pendant le travail.

L'effort du ventricule gauche est ainsi fortement augmenté, d'où le risque pour les parturientes ayant une atteinte cardiovasculaire.

Effets de l'analgésie

Comme pour les autres modifications, l'épidurale, en réduisant ou en abolissant totalement la douleur supprime les conséquences de celle-ci. Ainsi l'hyperactivité sympathique et la réponse neuroendocrine sont fortement diminuées et la part d'augmentation de la fréquence cardiaque et de l'accroissement de la pression artérielle que celle-ci provoquent sont éliminées. Plusieurs études(III p.628) démontrent que l'analgésie péridurale diminue le risque de complication chez les femmes ayant une att einte cardiovasculaire.

Effets sur le métabolisme- Pendant la grossesse le niveau du métabolisme basal augmente (#20%) ainsi que la consommation d'O2. Pendant le travail le taux plasmique d'acides gras libres et la concentration du lactate augmentent significativement. Cette hausse est un effet indirect de la douleur. Laquelle, comme ca a été dit plus haut, induit une augmentation de la sécrétion de catécholamines ; qui ont pour l'effet de stimuler le métabolisme, que l'on perçoit par l'accroissement du taux des acides gras circulants et du lactate.

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