WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

L''installation de la chambre de métiers du Rhône, années 1920-années 1930


par Fabrice FLORE-THéBAULT
Université Lyon 2 - Maitrise d'histoire 1998
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

1.3 Les Chambres de métiers prévues par la loi du 27 juillet 1925

La loi instituant les Chambres de métiers est votée le 27 juillet 1925. Elle n'est pas applicable tout de suite: un règlement d'administration publique doit déterminer les conditions de son application, et préciser les nombreux points qu'elle laisse dans l'ombre.

La loi définit le rôle des Chambres de métiers. « Les Chambres de métiers sont, auprès des pouvoirs publics, les organes des intérêts professionnels et économiques des artisans, maîtres et compagnons, de leur circonscription» (article 1er) Elles ont pour attribution de sauvegarder les intérêts professionnels et économiques des métiers. Leur avis devra être demandé pour toutes les questions touchant ces intérêts. Elles ont aussi pour attribution de participer à l'organisation de l'apprentissage dans des conditions qui seront fixées par une loi spéciale. Le projet Courtier a été largement modifié. Les pouvoirs des Chambres de métiers en matière d'apprentissage ont été considérablement réduits. Sa version primitive conférait expressément aux Chambres de métiers le droit de surveiller l'apprentissage des métiers de l'artisanat. Pour L'Artisan du sud-est, leur journal, les modifications qui ont été ainsi apportées entre 1924 et 1925 sont un véritable sabotage38. Les attributions de la Chambre de métiers qui va pouvoir s'installer dans le Rhône vont donc être, dans le temps qui précédera le vote d'une loi sur l'apprentissage, sensiblement les mêmes que celles des syndicats. Seule l'origine de leur représentativité et leur poids moral vont les séparer dans un premier temps.

L'artisan était déjà défini par la loi sur l'artisan fiscal de 1923 comme un travailleur qui se livre principalement à la vente du produit de son propre travail. La loi de 1925 reprend ces caractéristiques en les précisant: l'artisan maître exerce un métier manuel; il prend lui-même part au travail; il ne se trouve sous la direction d'aucun patron. Elle définit l'artisan d'une manière plus large que la loi sur l'artisan fiscal de 192339. Celle-ci ne prenait en considération que les artisans n'employant pas plus d'un compagnon et d'un apprenti en plus des membres de leur famille. La loi de 1925 ne donne pas de limitation du nombre d'employés. Cette différence de définition va peser sur la constitution de l'artisanat. L'Artisan du sud-est est constamment obligé de reproduire le même article rappelant les différences d'acceptions du mot « artisan ». Les Chambres de métiers vont regrouper les petits artisans fiscaux, et les moyens ou gros artisans qui ne bénéficient d'aucun régime fiscal particulier. La porte des revendications fiscales est ouverte.

La loi ne donne que les principes généraux d'organisation des Chambres de métiers. Les Chambres de métiers sont des établissements publics. Chacune d'elle est instituée par décret. Le nombre total des membres élus de la chambre de métiers ne peut être inférieur à 18, ni excéder 36, sauf à Paris où il pourra s'élever à 72. Seule la composition relative des Chambres de métiers prévues est précisée. Elles ne seront ni paritaires ni tripartites: elles seront composées de deux tiers d'artisans-maîtres et un tiers d'artisans-compagnons (art 3). Sont tout de même présents à titre consultatif: un représentant du Comité départemental de l'enseignement technique, l'inspecteur départemental de l'enseignement technique et un inspecteur départemental du travail

38. [BMLPDR F383, numéro dejuillet-août 1931]

39. Loi de finances du 30juin 1923, article 10.

(art 7).

La forme précise que prendra chaque Chambre de métiers doit presque entièrement être déterminée par le décret d'institution. Celui-ci est chargé de déterminer les catégories dans lesquelles sont répartis les métiers de la circonscription, et de fixer, pour chaque catégorie, le nombre des représentants à élire. L'identité des « organisations intéressées de la circonscription de chaque chambre de métiers » qui seront chargées de donner leur avis pour fixer le contenu du décret, et dont il est prévisible que le poids sera déterminant, est laissée dans l'ombre par le texte de loi.

Les membres des chambres de métiers sont élus pour six ans; ils sont indéfiniment rééligibles; le renouvellement a lieu par moitié tous les trois ans. Les fonctions de membres des chambres de métiers sont gratuites. Cependant, pourront être prévus l'attribution de jetons de présence et le remboursement des frais de déplacement.

Les listes électorales sont tenues par les mairies. Les conditions à remplir pour être électeur ou éligible à la chambre de métiers sont les mêmes que celles exigées pour être électeur ou éligible aux conseils de prud'hommes. Toutefois pourront être électeurs maîtres les maîtres-artisans travaillant sans compagnon, et, pour être éligibles les artisans devront, s'ils exercent actuellement le métier, l'avoir exercé effectivement pendant au moins cinq années, et, s'ils ne l'exercent plus, l'avoir exercé pendant quinze ans au moins. Les maîtres-artisans inscrits actuellement sur la liste des électeurs à la chambre de commerce sont obligatoirement inscrits sur la liste électorale de la chambre de métiers. Tout maître-artisan inscrit sur cette dernière liste peut également réclamer son inscription sur la liste des électeurs à la chambre de commerce.

Tous les électeurs ne participent pas au financement de la Chambre de métiers. Il est pourvu aux dépenses des chambres de métiers au moyen d'une imposition additionnelle au principal de la contribution des patentes, acquitté par les artisans-maîtres ressortissant à la chambre de métiers. Les compagnons et les «petits » artisans fiscaux, qui ne sont pas patentables, ne paient donc aucune taxe pour frais de Chambre de métiers. Les membres artisans maîtres seuls ont voix délibérative pour fixer la quotité de cette taxe. L'état matriciel des assujettis à ces taxes est établi par chaque chambre de métiers dans sa circonscription et il est fourni par elle aux directions départementales des contributions directes. Les chambres de métiers peuvent recevoir en outre des subventions de l'État, des départements, des communes, des chambres de commerce et autres établissements publics et des associations professionnelles; elles peuvent aussi recevoir des dons et legs, et contracter des emprunts.

La bonne tenue des élections et des séances est ce qui est prévu avec le plus de précisions par la loi: la conformité du fonctionnement de ces établissements publics aux règles démocratiques de la République doit être assurée. Les lois pour les élections des prud'hommes, les élections consulaires et les élections municipales servent de référence à la description du déroulement des élections pour les Chambres de métiers. La forme que doit prendre le bureau de chaque Chambre de métiers est précisée: il doit être composé d'un président, d'un vice-président, d'un trésorier et d'un ou plusieurs secrétaires, nommés parmi les membres de la chambre. Le bureau est renouvelé après les élections triennales; les membres sortants sont rééligibles.

La loi a plus ou moins prévu que la répartition géographique des membres ne sera pas homogène, et ne permettra pas une couverture complète du département. Pour assurer un fonctionnement optimal des Chambres de métiers, un contact permanent avec leurs ressortissants semble nécessaire. Les chambres de métiers peuvent désigner, dans toute l'étendue de leur circonscrip-

tion, des « membres correspondants » pris parmi les inscrits de leurs listes électorales, et dont le nombre ne doit pas dépasser celui de la moitié de la chambre elle-même. Les membres correspondants assistent aux séances de la chambre avec voix consultative.

Les chambres de métiers correspondent directement avec le ministre du travail, le ministre de l'instruction publique (sous-secrétaire d'État à l'enseignement technique) et le ministre du commerce. Elles leur transmettent chaque année le compte-rendu de leurs travaux. Elles sont autorisées à publier le compte-rendu de leurs séances.

Les chambres de métiers correspondent directement entre elles et avec les administrations publiques de leurs circonscriptions pour les questions relatives aux intérêts des métiers. Elles peuvent se concerter entre elles en vue de poursuivre l'étude et la réalisation, dans la limite de leurs attributions, de projets à frais communs. Elles ont la faculté de provoquer, par l'entremise de leurs présidents, une entente sur les objets rentrant dans leurs attributions. A cet effet, les présidents des chambres de métiers ou leurs délégués se réunissent au moins une fois par an à Paris, en une assemblée générale qui élit son bureau. Le bureau permanent de l'assemblée des présidents de chambres de métiers (APCM) a son siège à Paris.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway