3.3.4 Une formalisation inachevée
L'intérêt des artisans pour la rénovation
de l'apprentissage et l'amélioration des formations artisanales est
indissociable de leurs intérêts économiques: non seulement
la formation doit être formalisée pour permettre la reproduction
du groupe, mais cette formalisation va aussi servir d'une part à
garantir le label de qualité que confère l'appellation «
artisan », d'autre part à donner au groupe un moyen de se
protéger contre toutes formes d'intrusions « d'étrangers
» au groupe, ne se conformant pas aux usages artisanaux idéaux, et
systématiquement présentés comme insuffisamment
qualifiés techniquement103. Qualité, qualification et
intérêts économiques sont pour les artisans eux-mêmes
les trois pans d'un même problème: ils le montrent de
manière évidente lorsqu'ils affirment chercher « les moyens
de porter remède à cet état très
préjudiciable au bon renom de la production artisanale, à la
qualification des véritables artisans et à leurs
intérêts économiques 104».
La formalisation des qualifications n'en est pourtant
qu'à ses débuts: seule la génération à venir
devra entièrement se plier aux impératifs du Brevet de
capacité professionnelle. La génération en exercice en est
dispensée par la loi de 1937. Seuls ceux qui souhaitent s'installer,
ainsi que ceux qui ont moins de 25 ans ont un délai de trois ans pour
obtenir ce diplôme. Cela est certes d'abord perçu comme un frein
à une « véritable rénovation des métiers
105» , mais cela force surtout les membres de la
Chambre des métiers du Rhône à utiliser d'autres moyens
pour fermer le groupe.
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