3.2.3 Les membres de la Chambre des métiers du
Rhône
3.2.3.1 Des syndicalistes lyonnais en fin de
carrière
L'homogénéité de l'artisanat est avant
tout le fait de ses représentants. Les nouveaux représentants des
artisans s'inscrivent dans la continuité des anciens: ils restent les
membres lyonnais du syndicalisme artisanal.
Ce sont des artisans maîtres et compagnons en fin de
carrière qui s'occupent de la Chambre de métiers. La moyenne
d'âge est de 51 ans pour les compagnons et 46 ans pour les
maîtres38. Les compagnons sont plus vieux que les
maîtres: on est loin de l'image du compagnonjeune qui parfait son
apprentissage avant de s'installer à son compte. Les compagnons sont
aussi installés depuis plus longtemps dans le Rhône (1912 en
moyenne contre 1915 pour les maîtres 39). Ils se
sont aussi installés plus vieux (30 ans contre 25 ans). Ils sont par
contre plus souvent nés dans le Rhône (46% contre 40%
40). Ceux qui ne sont pas originaires du
département ne viennent pas de très loin: les deux tiers viennent
des département limitrophes.
Les membres de la Chambre de métiers sont très
majoritairement des lyonnais41. 26 des 36 membres habitent à
Lyon même, que ce soit en 1933 ou en 1936. Leur poids est écrasant
si l'on rajoute à ce compte les 7 membres habitant dans la banlieue
proche: plus de 9 membres sur 10 habitent l'agglomération lyonnaise.
Cela n'a finalement rien d'étonnant: le poids numérique des
artisans lyonnais est énorme, la majorité des organisations
syndicales sont basées à Lyon, et la proximité du lieu
d'habitation est un atout de plus pour les lyonnais. Ils ne se
répartissent pas uniformément dans l'agglomération
lyonnaise. Plus des trois quarts des lyonnais habitent dans les seuls
4ème , 5ème et 7ème
arrondissements. La catégorie 4, celle de la métallurgie,
est
répartie exclusivement dans Lyon 7ème
et Villeurbanne.
Les membres de la Chambre de métiers sont presque tous
des dirigeants syndicaux. La quasi totalité des membres du bureau de la
Fédération des artisans du sud-est sont membres de la Chambre des
métiers du Rhône Les deux tiers des artisans maîtres
élus en 1933 font partie de l'équipe dirigeante de leur syndicat
respectif. Au même moment aucun des compagnons n'exerce de fonctions
similaires: seul l'un d'entre eux est l'ancien secrétaire de son
syndicat ouvrier. En outre on compte au moins trois médaillés de
la prévoyance sociale chez les membres de la Chambre des métiers
du Rhône (dont une médaille d'honneur), et l'un d'eux a
reçu une médaille d'argent de la Mutualité en 1930.
38. Voir le tableau 3.8 page suivante.
39. Voir le tableau 3.9 page suivante.
40. Voir le tableau 3.10 page suivante.
41. Voir le tableau 3.11 page 59.
TABLEAU 3.8 -: Âge moyen en 1933 des membres de la
Chambre des métiers du Rhône élus en 1933 ou en
1936
|
Catégorie a
|
Titre
|
Toutes
|
1
|
2
|
3
|
4
|
5
|
6
|
Compagnon
|
51
|
47
|
49
|
55
|
48
|
60
|
47
|
Maître
|
46
|
51
|
45
|
54
|
52
|
39
|
42
|
a [ADR 9M37]
TABLEAU 3.9 -: Date moyenne depremier exercice dans le
Rhône des membres de la Chambre des métiers du Rhône
élus en 1933 ou 1936
|
Catégorie a
|
Titre
|
1
|
2
|
3
|
4
|
5
|
6
|
Toutes
|
Compagnon
|
1912
|
1916
|
1922
|
1895
|
1920
|
1907
|
1901
|
Maître
|
1915
|
1915
|
1919
|
1910
|
1911
|
1921
|
1915
|
a [ADR 9M37]
TABLEAU 3.10-: Lieux de naissance des membres de la Chambre
des métiers du Rhône élus en 1933 ou 1936
Lieu de naissancea
|
Compagnons
|
Maîtres
|
Ensemble
|
Rhône
|
6
|
10
|
16
|
Loire
|
2
|
4
|
6
|
Saône-et-Loire
|
|
4
|
4
|
Isère
|
1
|
3
|
4
|
Haute-Loire
|
|
2
|
2
|
Savoie
|
|
1
|
1
|
Ain
|
1
|
|
1
|
Aude
|
1
|
|
1
|
Italie
|
1
|
1
|
2
|
Tunisie
|
1
|
|
1
|
a [ADR 9M37]
TABLEAU 3.11 -: Adresses des membres de la Chambre de
métiers en 1933 et 1936 et des candidats non élus en 1936
Adresse
|
Membres (1933)
|
Membres (1936)
|
Non élus (1936)
|
Lyon 1er
|
1
|
2
|
|
Lyon 2ème
|
2
|
3
|
2
|
Lyon 3ème
|
|
1
|
|
Lyon 4ème
|
7
|
8
|
|
Lyon 5ème
|
6
|
5
|
|
Lyon 6ème
|
2
|
1
|
|
Lyon 7ème
|
8
|
6
|
2
|
Total pour Lyon
|
26
|
26
|
4
|
Tassin-la-Demi-Lune
|
5
|
5
|
|
Villeurbanne
|
2
|
2
|
1
|
Brindas
|
2
|
2
|
1
|
Thurins
|
1
|
1
|
|
Villefranche
|
1
|
1
|
|
Givors
|
|
|
4
|
Total pour le Rhône hors Lyon
|
10
|
10
|
5
|
Cette participation à d'autres organisations à
ses répercussions sur le fonctionnement de la Chambre de métiers.
Les assemblées de celle-ci comme celles des syndicats ayant lieu le
dimanche, les membres sont obligés d'arbitrer entre leur participation
à l'une ou l'autre de leurs responsabilités. Rapidement ils
demandent un aménagement de la répartition des dates de
réunions: qu'on les fasse varier entre le premier et le quatrième
dimanche du mois 42.
Le militantisme syndical n'est pas accompagné d'un
militantisme politique: trois membres seulement sont inscrits à un parti
politique. Dans l'ensemble les artisans de la Chambre des métiers du
Rhône s'intéres sent peu à la politique et penchent
à droite. Ils sont majoritairement «républicains
»43.Seuls quelques maîtres se détachent par leur
affinité avec les radicaux, les radicaux- socialistes, les socialistes
voire même les communistes. Les élections de 1936 font
légèrement évoluer la Chambre des métiers du
Rhône à gauche. La catégorie 3 est la plus à droite.
Les catégories 5 et 6 (textile, et métiers divers maniant le plus
les valeurs symboliques) sont les plus à gauche, elles sont aussi les
plus urbaines, et, pour le textile au moins, comptent les artisans les plus
proches du monde ouvrier.
Les membres de la Chambre des métiers du Rhône
ont aussi un mode de vie dont il faudrait évaluer la ressemblance avec
le mode de vie de l'ensemble des artisans: ils voient entre autres
42. Assemblée plénière 11 du 21 juin 1936
[ADR 9M32].
43. Dossiers confidentiels du Commissaire spécial
demandés par la préfecture à l'occasion de chaque
élection [ADR 9M37]. Voir le tableau 3.12 page suivante.
TABLEAU 3.12 -: Opinions politiques des membres de la Chambre
des métiers du Rhône élus en 1933 ou 1936
|
1933
|
1936
|
Opinions politiques
|
Données
|
Compa- gnons
|
Maîtres
|
Total
|
Compa- gnons
|
Maîtres
|
Total
|
Républicain modéré
|
Nombre
|
1
|
2
|
3
|
1
|
2
|
3
|
Militants
|
1
|
1
|
2
|
1
|
1
|
2
|
Républicain
|
Nombre
|
10
|
13
|
23
|
9
|
12
|
21
|
Militants
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
Radical
|
Nombre
|
0
|
2
|
2
|
0
|
2
|
2
|
Militants
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
Radical socialiste
|
Nombre
|
0
|
4
|
4
|
0
|
5
|
5
|
Militants
|
0
|
1
|
1
|
0
|
1
|
1
|
Socialiste
ou communiste
|
Nombre
|
1
|
2
|
3
|
2
|
2
|
4
|
Militants
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
Total Nombre
|
12
|
23
|
35
|
12
|
23
|
35
|
Total Militants
|
1
|
2
|
3
|
1
|
2
|
3
|
a [ADR 9M37]
choses grandir la place réservée aux loisirs. Le
repos dominical devient la norme. L'exercice de toute activité en
rapport avec le travail, particulièrement la participation aux
réunions de la Chambre de métiers, commence même à
être exclue le dimanche. Cette évolution ne se fait pas sans
heurts: elle révèle même des clivages assez nets au sein
des populations artisanales.
La 1 9ème assemblée
plénière se déroule le samedi 25 juin 1938. Les coiffeurs
Maître et Delorme ne peuvent assister jusqu'à la fin de la
réunion qui, se tenant un samedi après-midi, entre en concurrence
avec la nécessité d'assurer leur travail. Ce jour a cette fois ci
été choisi, au lieu du dimanche, pour une somme de raisons assez
révélatrices. Des raisons professionnelles sont mises en avant:
les membres sont pris le dimanche par d'autres occupations, notamment
syndicales; l'argument avait déjà provoqué un
débat, quelque temps auparavant, sur ce même sujet. Mais cet
argument est complété par la mention d'autres occupations: c'est
le jour réservé à toutes sortes de «
cérémonies ou festivités », et c'est le jour
réservé à la vie en famille; autrement dit, ce jour est
réservé au loisir, à tout ce qui sort du cadre du travail.
L'argumentation a donc bien évolué, puisque les obligations
syndicales du dimanche sont devenues finalement marginales dans
l'argumentation, voire même gênantes, citées pour
mémoire, mais incapables de fournir l'argument complet. La somme de ces
deux exigences se solde par une insistance sur le seul fait que le dimanche est
déjà occupé. On assiste donc à un gonflement des
activités extra- productives, puisque le dimanche ne suffit plus
à les contenir.
Mais pourquoi choisir le samedi? C'est qu'il est devenu,
justement, un jour chômé. Il l'est devenu depuis peu puisqu'il
n'est encore réservé par aucune manifestation syndicale,
familiale, ou toute autre festivité plus ou moins organisée. Le
temps imparti au loisir augmente donc chez les artisans, et se transforme: si
le dimanche doit être libéré, c'est « qu'ayant
travaillé toute la semaine, l'artisan devrait bien pouvoir se reposer et
aller se promener au moins pendant la belle saison », et que cette
promenade ne peut avoir lieu que le dimanche. Sans doute est-ce parce que la
journée du samedi n'est qu'à moitié chômée,
alors que toute la journée du dimanche est libérée. Une
partition du temps réservé aux loisirs est donc en train de
s'opérer, qui essaie de repousser à un jour spécifique les
activités certes non productives, mais qui peuvent être
liées au travail, et qui sont au moins des obligations sociales, de
sorte que les activités de loisir pur, qui marquent une volonté
d'échapper à la société par un enfermement dans la
famille et un retour à la nature, puissent être
développées dans une journée complète qui leur est
réservée.
Ce système global se heurte cependant à la
résistance de quelques groupes: on apprend que les artisans de
l'alimentation avaient déjà refusé que les réunions
se déroulent le dimanche matin. Cela montre certes les limites du
modèle, puisque chez ces artisans, le loisir est limité à
une demi-journée, mais cela montre aussi les tentatives
déjà plus anciennes de repousser l'activité liée
à la Chambre des métiers du Rhône hors du temps
réservé au loisir. Plus intéressant est le départ
des deux coiffeurs, pour lesquels le samedi reste une journée de
travail. Le loisir des uns est-il le travail des autres? L'hypothèse est
plausible. La liste des absents lors de cette réponse ne permet pas de
la vérifier. Deux artisans de chaque catégorie sont absents. Les
coiffeurs sont sans doute ceux qui ont le plus de chance de voir augmenter leur
clientèle les jours chômés, et qui, de plus, ne peuvent se
faire remplacer puisqu'ils vendent un savoir faire dont la réalisation
est contemporaine de sa consommation.
Le débat se clôt par la résolution de tenir
l'assemblée de juin le samedi après-midi et les autres
comme par le passé, le dimanche après-midi,
ainsi que par le départ des deux coiffeurs. Une solution
intermédiaire a donc été trouvée, qui permet de
faire sa place aux promenades dominicales à la belle saison; la
reconnaissance d'un loisir qui s'étend y trouve son compte, quelques
années seulement après l'émergence officielle des premiers
congés payés pour les salariés. La question de savoir si
cette généralisation du temps de loisir est un fait qui touche
l'ensemble des artisans, sinon l'ensemble de la société, reste
ouverte.
3.2.3.2 Des maîtres
incontestés
Les élections de 1936 ne transforment pas la Chambre
des métiers du Rhône Les membres sortants cherchent le plus
souvent à faire reconduire leur mandat. Sur les 18 sortants, seuls 3
maîtres et 2 compagnons ne se sont pas présentés à
nouveau. Tous ne se sont pas présentés sur la liste de la
Fédération des artisans du sud-est Les maîtres sortants de
la 5ème catégorie sont réélus sur la
liste de la Confédération générale de l'artisanat
français Seuls deux des membres sortants qui se présentaient
à nouveau en 1936 ne sont pas réélus: ce sont les nouveaux
élus de la 6ème catégorie. Ces nouveaux membres
étaient présentés par la Confédération
générale de l'artisanat français En tout, 7 des nouveaux
élus de la Chambre des métiers du Rhône n'appartenaient pas
à celle-ci dès 1933. 5 sont issus de la liste
présentée par la Fédération des artisans du sud-est
et l'Association des chambres syndicales patronales, 2 sont issus de la liste
de la Confédération générale de l'artisanat
français
L'attribution des postes dirigeants évolue peu entre
1934 et 1937. Le président, un viceprésident, le
secrétaire général et le secrétaire adjoint sont
reconduits. Le trésorier sortant n'est pas réélu.
L'évolution des différentes commissions est plus
contrastée. La commission de l'apprentissage de 1937 reste dans la
continuité de celle de 1934: seul l'un des cinq membres est
remplacé. La commission du budget, qui devient commission des finances
évolue plus: trois des cinq membres sont remplacés par des
artisans qui appartenaient déjà à la chambre en 1934. La
commission des voeux est par contre entièrement renouvelée, mais
uniquement avec des « anciens » de la Chambre des métiers du
Rhône Le cas de la commission du travail artisanal est le plus
intéressant: les attributions de cette grosse commission (9 membres)
sont réparties entre la commission de législation et la
commission d'études économiques, sociales et artisanales. Ce sont
les seules commissions auxquelles des nouveaux élus participent. Dans la
commission d'études on retrouve deux membres de l'ancienne commission et
un nouvel élu. Dans la commission de législation on retrouve le
tiers des membres de l'ancienne commission du travail artisanal, et deux
membres nouvellement élus; cette commission est élargie en 1938:
quatre membres viennent s'y raj outer, dont deux nouveaux élus, et deux
des membres de la Chambre qui avaient refusé de siéger lors de la
séance d'installation.
L'activité des maîtres de la Chambre des
métiers du Rhône dépasse largement celle des
compagnons44. 5 maîtres n'ont jamais eu de postes au bureau ou
dans les commissions, alors que 6 compagnons sont dans le même cas. 10
maîtres occupent 3 sièges différents ou plus, alors que
seulement 2 compagnons se trouvent dans le même cas. Et encore: les deux
tiers des postes occupés par les compagnons sont des postes de
suppléants, alors que tous les maîtres sont pleinement
44. Voir le tableau 3.13 page suivante.
titulaires de leurs postes. Si l'on ignore ces postes de
suppléants, les deux tiers des membres compagnons de la Chambre des
métiers du Rhône ne bénéficient d'aucun poste de
responsabilité à la Chambre. La répartition des postes de
délégués auprès des diverses organisations
extérieures en relation avec la Chambre parait en revanche plus
équitable. La moitié des postes de délégués
à l'enseignement technique a toujours été
réservée aux compagnons. Mais les autres postes de
délégués leur sont fermés.
TABLEAU 3.13 -: Nombre de sièges au bureau ou dans
des commissions occupés par les membres de la Chambre des métiers
du Rhône entre 1934 et 1939, sans comp-ter les reconductions au
mêmeposte en 1937.
|
3 sièges ou plus
|
2 sièges
|
1 siège
|
aucun siège
|
Maîtresa
|
10
|
6
|
8
|
5
|
Compagnons
|
2
|
1
|
6
|
6
|
(hors postes de suppléants)
|
0
|
2
|
3
|
10
|
a Ensemble des procès verbaux des
assemblées plénières disponibles [ADR 9M32].
Toutes les catégories ne sont pas également
représentés au bureau et dans les commissions45. Aucun
membre des métiers du textile n'ajamais fait partie du bureau. En
moyenne, 3 à 4 des catégories sont représentées
dans chaque commission. La situation est encore à peu près
équilibrée en 1934. Après le premier renouvellement de la
Chambre des métiers du Rhône, des différences très
nettes d'intérêts pour laparticipation aux commissions de la
Chambre apparaissent. Les 1ère, 4ème
et 6ème catégories ont les membres les plus
actifs: ils étaient déjà présents au moins dans 3
des 5 commissions de la période 1934-1936, et sont présents dans
toutes les commissions de la période suivante. Les 3ème
et 5ème catégories sont les moins
présentes: elles ne participent chacune qu'à 2 commissionsau
plus. Ces résultats doivent être tout de même
considérés avec circonspection: la force de la 6ème
catégorie est due à la présence du secrétaire
général (Bellicard) dans presque toutes les commissions. Il n'est
pas membre d'office de celles-ci, contrairement au président (Rochette),
membre de la 3ème catégorie qui apparaît
pourtant si peu active...
TABLEAU 3.14-: Nombre de commissions dans lesquelles des
membres artisans- maîtres de chaque catégorie
sontprésents
Catégories
Périodea 1 2 3 4 5 6 Nombre total de
commissions
|
1934-1936
|
3
|
2
|
2
|
3
|
3
|
4
|
5
|
1937-1939
|
7
|
4
|
1
|
7
|
2
|
7
|
7
|
a Ensemble des procès verbaux des
assemblées plénières disponibles [ADR 9M32].
45. Voir le tableau 3.14.
La catégorie des artisans du textile reste tout de
même la moins active. Cela confirme l'impression qu'ils donnent
d'être plutôt rattachés au monde des ouvriers de l'industrie
(ils étaient déjà peu nombreux à participer aux
élections). L'activité des membres de la 1 ère
catégorie est plus étonnante: les artisans de
l'alimentation paraissaientjusque là être mal
intégrés à l'artisanat, et très peu
intéressés par la Chambre de métiers (notamment lors de
élections). Cette intégration semble s'être parfaitement
achevée, du moins pour les membres de la Chambre des métiers du
Rhône, en 1937. Quant aux métallurgistes de la 4ème
catégorie, rien jusque là ne laissait prévoir qu'ils
se feraient remarquer par leur activité, chacun d'eux étant
membre de deux commissions en moyenne. Par contre, les artisans de la
6ème catégorie qui s'étaient
déplacés en masse aux élections, sont finalement peu
actifs: Bellicard, le secrétaire général est certes
très actif, mais les autres membres de la catégorie se contentent
d'une commission en moyenne.
La personnalité des membres élus semble donc
jouer un rôle au moins aussi important que l'appartenance à un
métier dans la détermination de l'activité des
maîtres. Mais ce n'est pas vraiment le cas pour les compagnons. Les seuls
d'entre eux à cumuler les postes de membres ou de suppléants dans
les commissions sont les membres du bureau. La proximité avec les
maîtres semble être le facteur déterminant de leur
activité à la Chambre des métiers du Rhône
Les démissions sont très rares, et sont presque
toujours justifiées par un changement de la situation de l'ancien
membre, et non par une opposition à la politique de la Chambre des
métiers du Rhône Quatre membres démissionnent entre 1933 et
1939. Mme Vray, l'une des deux femmes de la Chambre des métiers du
Rhône, démissionne en raison de son âge avancé et de
son état de santé déficient46. M. Petit-Galland
a quitté le département du Rhône47. M. Patru,
membre compagnon, démissionne alors qu'il exerce depuis quelques mois en
qualité de maître48. M. Coudert, compagnon élu
en 1936 est le seul à poser problème: il n'est jamais venu
à aucune assemblée plénière, et le
secrétaire adjoint s'est présenté plusieurs fois vainement
à son domicile, lorsque la Chambre des métiers du Rhône
décide de demander au préfet de le déclarer
démissionnaire49.
La mobilisation militaire de 1939 n'épargne pas les
membres de la Chambre des métiers du Rhône Sa conséquence
la plus visible est la nomination d'urgence d'un nouveau trésorier.
M. Burdy, soumis aux obligations militaires, est
remplacé par Félix Delorme, jusqu'ici viceprésident de la
Chambre des métiers du Rhône, dégagé des obligations
militaires et retenu en outre par sa fonction de président de
président de la Chambre syndicale de la boulangerie
lyonnaise50.
46. Assemblées plénières 18 du 6 mars 1938
et 19 du 25 juin 1938 [ADR 9M32].
47. Assemblées plénières 18 du 6 mars 1938
et 19 du 25 juin 1938 [ADR 9M32].
48. Assemblée plénière 22 du 23 avril 1939
[ADR 9M32].
49. Assemblée plénière 19 du 25 juin 1938
[ADR 9M32].
50. Lettre du 4 septembre 1939 du président de la Chambre
des métiers du Rhône au préfet, suivant les mesures
d'urgence prises par le Bureau le 1er septembre [ADR 9M33].
|