III- La domination totale de Mame pendant la Terreur :
A part l'année 1790, qui totalise une production de 105
imprimés, les années 1793 à 1795 sont celles pendant
lesquelles la production angevine est la plus importante. En effet,
l'année 1793 est le point culminant de la période, avec 175
imprimés recensés à Angers, soit 2 1,03 % de la production
totale des treize années ; durant l'année 1794, la production
redescend à 96 documents, soit 11,54 % ; puis elle dépasse de
nouveau les 100 textes en 1795, pour la dernière fois de la
période, et atteint 106 imprimés, soit 12,74 % de la production.
Cela signifie que la production de ces trois années représente
45,31 % de la production des treize années étudiées, ce
qui montre le véritable dynamisme législatif durant ces
années. En effet, ce dynamisme est du à la volonté de
l'administration, durant la Terreur, d'une transparence totale quant à
la politique menée. Par conséquent, on retrouve 113 documents,
produits par la Convention nationale à l'origine, reproduits par
l'administration centrale du département de Maine-et-Loire, afin de les
faire connaître aux habitants.
Ainsi, sur les 175 documents produits en 1793, 164 sortent des
presses de Mame, 6 de celles de Jahyer et Geslin et 2 de celles de Pavie,
tandis que 3 textes restent sans nom d'imprimeur. En revanche, en 1794, seuls
48 documents sur 96 sont imprimés par Mame,
contre 47 pour Jahyer et Geslin et 1 texte dont on ne
connaît pas l'imprimeur. Durant cette année, Jahyer et Geslin
impriment, pour le directoire du district d'Angers les documents qui doivent
fixer les prix maximums des denrées courantes. Néanmoins, en
1795, Mame reprend son avantage et produit 87 documents sur 106, contre 15 pour
Jahyer et Geslin et 4 dont l'imprimeur reste inconnu. Les années
1794-1795 restent les plus productives pour Jahyer et Geslin, puisque ce sont
les seules durant lesquelles ils ont produit plus de 10 imprimés.
Cette répartition se clarifie si on remarque qu'en
1793, 164 documents sur 175, soit 93,7 1 %, sont des impressions de
décisions prises par l'administration nationale ou régionale, 76
sur 96 en 1794, soit 79,17 % et 94 sur 103 en 1795, soit 91,26 %. On constate
donc clairement que la forte augmentation de la production de ces années
est essentiellement due à l'administration. On remarque également
que durant l'année 1794, qui est aussi celle durant laquelle le nombre
d'imprimés qui sont commandés par l'administration est le moins
élevé de ces trois années, Mame détient une part
moins élevée de la production. Cependant, cela est aussi du au
fait que Jahyer et Geslin produisent un nombre important de documents
concernant les prix minimaux (documents n° 441 à 470 et 486
à 491) durant ces années. Il est donc évident que, durant
la Terreur, la situation de Mame est globalement favorisée par les
besoins de l'administration.
Le 29 germinal an III (18 avril 1795), un arrêté
du Comité des décrets envisage le nombre d'exemplaires de textes
législatifs nécessaires à chaque département. La
loi du 12 vendémiaire an IV (4 novembre 1795) limite l'envoi aux «
présidents des administrations départementales, municipales, des
tribunaux civils et aux juges de paix ». En revanche, un recours
mesuré à l'imprimé succède dès 1795 à
la pratique généreuse des années 1791 à 1794. C'est
pourquoi l'activité qui découle de la réimpression des
textes législatifs provoque une forte augmentation de la production
imprimée entre 1790-179 1 et 1795.
Par ailleurs, en ce qui concerne la production de
périodiques, la période de la Terreur marque le retour de la
domination inconditionnelle de Mame : il produit trois périodiques
chaque année, tandis que seuls Jahyer et Geslin en publient un en 1793.
Cela découle certainement du statut d'imprimeur du département
possédé par Mame et de la vérification rigoureuse des
publications durant la Terreur.
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