IV- Le réajustement à la fin de la
période :
La restructuration de la production angevine qui a lieu
à la fin de la période révolutionnaire change radicalement
la répartition qui restait approximativement constante depuis le
début de la Révolution. En effet, plusieurs facteurs se combinent
: d'une part, de nouveaux imprimeurs apparaissent sur le marché de
l'imprimé angevin ; d'une autre, ce marché subit une diminution
des commandes, essentiellement de la part des administrations ; enfin,
Charles-Pierre Mame ne dispose plus des impressions pour le département,
qui était la base de sa production extrêmement forte depuis le
début de la période.
Alors qu'une seule nouvelle imprimerie avait été
créée au début de la période par Jahyer et Geslin
qui reprennent celle d'André-Jacques Jahyer en 1791, l'arrivée de
Jean-Edme Boutron sur le marché de l'imprimé angevin en 1797
marque un tournant dans la répartition de la production. Ce dernier
semble installer un atelier d'imprimeur en 1797, année durant laquelle
il produit 3 textes (n° 672405, 689406 et
779407) et obtient le poste d'imprimeur du département de
Maine-et-Loire, comme nous le montrent les documents n° 672,
695408,
405 Compte rendu par l'administration centrale du
département de Maine-et-Loire, (...), Boutron, 1797.
406 Plan d'administration rurale, (...), Boutron,
1797.
407 Journal du département de Maine-et-Loire,
Boutron, an VI-an VIII.
408 Extrait du bulletin des lois de la République
française, n° 187, Boutron, 1798.
714409... De plus, un autre nouvel imprimeur,
appelé Jean-Léon Touvenon, arrive sur le marché de
l'imprimé angevin en 1798. Il semble être d'une faible
concurrence, puisque seul un journal imprimé en 1798 a été
trouvé parmi les documents portant son nom, le document
n° 782410.
Alors que la production imprimée angevine augmente
fortement en 1789-1790, subit un contre-coup en 1791-1792, puis atteint son
plus haut niveau entre 1793 et 1795, celle-ci décline fortement à
partir de 1796. En effet, en consultant l'annexe 2, on remarque
l'affaiblissement des commandes d'imprimés, essentiellement en ce qui
concerne les commandes de l'administration nationale : celles-si sont
divisées par 9 entre 1793 et 1797. Mais l'administration nationale n'est
pas seule responsable : on constate aussi une forte diminution des commandes
chez les autres clients, avec une production divisée par 15 entre 1793
et 1796, aucun texte n'étant plus imprimé pour l'Eglise ni pour
les sociétés politiques après 1794. Quant aux
particuliers, hormis le sursaut de 1789-1790, la production reste fortement
variable, mais en restant dans des chiffres relativement faibles.
Au début de l'an VI, le Directoire du
département se sépare de Mame, qui était, depuis de
longues années, son imprimeur officiel, et que des dénonciations
au ministre de la police décrédibilisent. C'est Boutron qui
profite de cette séparation, puisque c'est lui qui imprime ensuite les
textes de l'administration départementale et qui place son nom sur un
grand nombre de textes, faisant ainsi une publicité économique.
Mame, qui produisait encore 82,08 % des imprimés angevins en 1795, en
produit encore 92 % en 1796, descend à 80 % en 1797, chute à 37,5
% en 1798, puis 30 % en 1799. Parallèlement, on constate la diminution
de la production angevine, qui descend de 106 imprimés en 1795 à
50 en 1796, 25 en 1797, pour ensuite décroître lentement.
409 Tables de comparaison entre les anciennes mesures (...)
et celles qui les remplacent (...), Boutron, 1799.
410 L'ami de la constitution de l'an III, Touvenon,
1798.
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