III- L'imprimé, victime de la Terreur (1792- 1794) :
La terreur est la conjonction de différentes craintes
populaires (peur de l'invasion du pays par l'ennemi, manque de nourriture,
...), de crises financières (les impôts ne sont plus payés,
le cours des assignats chute, ...), politiques (nombreux conflits entre les
Girondins, la Commune de Paris, ...), ... Elle est faite de rivalités
d'opinions qui provoquent un climat de suspicion et s'accompagnent
d'arrestations et d'emprisonnements (notamment de Girondins).
A- Une période de crise :
Pendant l'été 1793, la situation de crise est
à son paroxysme : le pays est en lutte contre l'ennemi extérieur
et les dissidences intérieures qui tentent de rallier l'ennemi, tandis
que la crise monétaire s'aggrave. Bien qu'elle reste inscrite dans la
Constitution française, la liberté de la presse n'existe plus que
de droit : après le 10 août 1792, la censure s'incarne dans le
comité de surveillance, qui est un instrument de la Terreur. Celui-ci
doit s'occuper de la police de sûreté générale,
notamment de celle de l'imprimerie31.
Le comité de surveillance de la commune est un organe
chargé de vérifier les moeurs, comme on le voit avec le document
n° 32632, qui montre que ce comité est chargé de
délivrer et retirer les certificats de civisme, ou le texte n°
34633, qui << enjoint aux comités de surveillance de
remettre aux citoyens qu'ils feront arrêter, une copie du
procès-verbal contenant les motifs de leur arrestation >>.
Néanmoins, la situation ne semble pas être
apaisée en 1795, puisqu'à le 23 thermidor an III (10 août
1795), Gouppil est détenu à la << Maison de justice
d'Angers >>, suite à des dénonciations, et attend son
jugement. Afin de se justifier contre ces accusation le qualifiant
d' << homme sanguinaire et féroce >>, il
retourne ces accusations contre ses << calomniateurs >> au long de
onze pages de texte et apporte ensuite seize pièces justificatives
signées par Bourbotte, Francastel, Richard, Turreau, ... Cette affaire
illustre bien le climat de suspicion qui règne en France durant la
Terreur, tout comme l'emprisonnement de Jean-Bachelier Marguerite (document
n° 60734), ou celui de Jean-Antoine Vial, <<
détenu dans la maison de
31 NETZ, Robert, Histoire de la censure dans
l'édition, P.U.F., Que sais-je ?, 1997.
32 Décret de la Convention nationale, du 20 septembre
1793, qui ordonne que les certificats de civisme seront révisés
par les comités de surveillance et de salut public, Mame, 1793.
33 Décret de la Convention nationale, du
27ème jour du 1er mois de l'an second, qui enjoint
aux comités de surveillance de remettre aux citoyens qu'ils feront
arrêter, une copie du procès-verbal contenant les motifs de leur
arrestation, Mame, 1793.
34 Dialogue entre un royaliste et un patriote de 89, servant
de supplément au mémoire des Nantais acquittés par le
jugement du 26 frimaire an III, Jahyer et Geslin, 1795.
justice d'Angers >>, qui s'adresse << aux citoyens
jurés d'accusation >> à travers le texte n°
62335, afin de tenter de les convaincre de son innocence.
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