B- Le type de censure :
Parallèlement à cette vérification
beaucoup plus stricte qu'aux débuts de la Révolution, la
Convention s'applique à fixer les limites de la liberté
d'imprimer, afin que celle-ci ne devienne pas aussi nuisible que la censure
préalable. Par son décret du 29 mars 1793, elle rétablit
une censure répressive : << quiconque sera convaincu d'avoir
composé ou imprimé des ouvrages ou écrits qui provoquent
la dissolution de la représentation nationale, le rétablissement
de la royauté ou tout autre pouvoir attentatoire à la
souveraineté du peuple, sera traduit au tribunal extraordinaire et puni
de mort >>. Les pamphlets monarchiques sont alors contraints à
être imprimés et diffusés clandestinement. Les journalistes
royalistes << sont pourchassés, voire massacrés
>>36. << Les auteurs et les imprimeurs
d'ouvrages contrerévolutionnaires étaient passibles de la peine
de mort et les vendeurs ou les distributeurs de ces ouvrages pouvaient
être condamnés à deux ans de réclusion, sauf s'ils
acceptaient d'en dénoncer l'auteur ou l'imprimeur
>>37. En revanche, la période suivante se
caractérise par un retour de la liberté d'imprimer.
35 Ligue de l 'amnistien Delaunay, contre un patriote,
Jahyer et Geslin, 1795.
36 NETZ, Robert, op. cit.
37 MARTIN, Henri-Jean, CHARTIER, Roger, Histoire de l
'édition française, T. II, Le livre triomphant, 1660- 1830,
Paris, Promodis, 1984, 654p.
IV- La convention thermidorienne et le Directoire, le
rétablissement des cadres administratifs (1794-1799) :
Le 9 thermidor an II (27 juillet 1794), la chute de
Robespierre et du comité de salut public marque la fin de la Terreur,
tandis que la Constitution de l'an III, qui fonde le Directoire et le Conseil
des Cinq-Cents, rétablit le principe de la liberté de la presse.
Le principe de base de la convention thermidorienne est de ressouder la
République par la lutte contre l'ennemi extérieur. Elle commence
donc par prendre des mesures pour apaiser la situation et favoriser la
réconciliation : dès le début du mois d'août 1794,
de nombreux prisonniers sont libérés.
Afin de limiter les conséquences nuisibles que l'on a
pu voir durant la période précédente, la Convention
s'occupe de voter des lois qui fixent les limites de la liberté
d'impression et d'expression. Le 30 Frimaire an IV (21 décembre 1795),
le ministre de l'intérieur fait publier une lettre dans les Affiches
d'Angers : « Il importe, citoyens, que les journaux et écrits
périodiques qui sont composés dans votre département, me
soient connus. Je vous charge en conséquence de prendre un abonnement
à mon adresse de chacun de ces ouvrages, pour qu'ils me parviennent
exactement. Le chef de la première division, Champagneux. ». Par ce
moyen, il compte s'assurer du contrôle de chaque journal paraissant en
France et éviter ainsi des facteurs de troubles.
Ainsi, la liberté de publication qui semble
réapparaître au lendemain de la Terreur est illusoire : le
contrôle de l'imprimé est présent et s'effectue de
manière de plus en plus stricte. Néanmoins, seules les
publications qui transmettent des idées subversives sont
prohibées. Toutefois, cette limitation idéologique empêche
la poursuite de l'évolution des esprits entamée dans la seconde
moitié du siècle.
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