A- L'édition sous l'Ancien Régime :
Jusqu'à la Révolution, l'édition est
strictement réglementée. Elle est limitée par le
système des corps de métiers qui empêche le nombre de
professionnels du livre de se multiplier selon leur volonté. De plus,
elle est régie par le système des privilèges qui assure
à l'imprimeur l'exclusivité des commandes de certains clients,
contre des livraisons dans des délais optimaux pour ces dernier. Enfin,
elle est maintenue sous un contrôle étroit, celui de la censure,
qui contrôle le respect des imprimés envers les bonnes moeurs et
les autorités.
Sous l'Ancien Régime, il n'est permis qu'à un
nombre limité de personnes d'intégrer un corps de métier :
celles-ci sont choisies par les membres de la corporation qui décident
du moment opportun pour intégrer un nouveau membre. Ainsi, pour
accéder à un poste d'imprimeur, il faut obtenir le diplôme
équivalent qui est décerné par le corps de métiers
de la ville. Néanmoins, même si elle est encore présente
jusqu'à la fin de 1788 ou au début de 1789, la censure n'est plus
toujours efficace.
Le régime des privilèges est bouleversé
par l'arrêt pris le 30 août 1777. Après cette date, les
privilèges ne peuvent « plus être accordés que pour
les livres nouveaux, les réimpressions ne faisant l'objet que de
permissions simples excluant tout monopole »5. Cette mesure est
prise à l'encontre des libraires parisiens qui s'accaparent les
privilèges et le marché provincial. Dès le mois de mars
1790, aucun privilège n'est donc plus accordé. Cette situation
nouvelle favorise simultanément les auteurs et les imprimeurs
provinciaux, les premiers n'étant plus contraints à céder
leurs droits d'auteur sur leurs livres pour les faire imprimer, les seconds
ayant de ce fait un surcroît de travail et donc de
prospérité.
5 CHARTIER, Roger, MARTIN, Henri-Jean, Histoire de l
'édition française, T. II, Le livre triomphant, 1660- 1830,
Paris, Promodis, 1984, 654p.
Enfin, le système de la censure constitue une lourdeur
administrative importante : chaque texte doit obtenir l'approbation d'un
censeur et une permission administrative avant de paraître. Cette
contrainte ne reflète pas un obstacle important pour la majorité
des imprimés, mais c'est un procédé qui devient
contraignant pour publier un texte de circonstance, surtout que ces derniers se
multiplient. Néanmoins, c'est le poids de ce fonctionnement qui le fait
éclater entre la fin de 1788 et le début de 1789, puisqu'il ne
parvient plus à contrôler tous les textes, du fait de sa lenteur,
et doit donc avouer son incapacité à continuer de les
vérifier.
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