A- Les imprimeurs angevins à la fin de l'Ancien
Régime :
A la fin du XVIIIe siècle, les imprimeurs
représentent l'équivalent des éditeurs actuels.
D'après mes sources et selon Matthieu Daudier40, seuls trois
imprimeurs exercent le métier d'imprimeur à Angers avant 1789 :
André-Jacques Jahyer est imprimeur de 1757 à 1790, Charles-Pierre
Mame de 1781 à 1797 et Louis-Victor Pavie de 1779 à 1796 (p.
442). Ce sont André-Jacques Jahyer, Charles-Pierre Mame et Louis-Victor
Pavie. Jahyer est le plus proche par ses origines, puisqu'il est né
à Mazé, qui se situe à une vingtaine de kilomètres
à l'Est d'Angers. En revanche, Pavie vient de La Rochelle,
localisée à environ cent quarante kilomètres d'Angers en
Charente-Maritime, tandis que Mame est né au Thor, dans le Vaucluse,
situé à une quinzaine de kilomètres d'Avignon, soit
environ cinq-cents kilomètres d'angers. On remarque donc que les
origines sont diverses, voire lointaines : cela est certainement dû aux
circonstances particulières pour chacun et varie selon les
opportunités.
André-Jacques Jahyer mène son activité
depuis 1757. Il tient son atelier rue Saint-Michel. Pavie est reçu
imprimeur le 17 mai 1779 et acquiert le fonds de commerce de la veuve
Dubé, femme d'un ancien imprimeur angevin. Il s'installe en haut de la
rue Saint-Laud,
40 DAUDIER, Matthieu, Op. Cit., p. 41.
près de la porte angevine. Sa marque typographique est
composée de ses initiales (LVP) entrelacées, dans un
médaillon entouré de roses. Mame est libraire depuis le 14
septembre 1778. Il est reçu imprimeur le 9 avril 1781, après
plusieurs années de vains efforts. Son accession au statut d'imprimeur
est communiquée par une annonce parue dans les Affiches
d'Angers41 n° 25 du vendredi 22 juin 1781,
déclarant que « Le sieur Mame, libraire de l'université,
vient d'être nommé imprimeur, par arrêt du Conseil
d'État privé du Roi, du 9 avril dernier [1781]. Il succède
au sieur Billault, qui a fait sa démission, et il entre dans tous ses
droits et privilèges. » C'est chez ce même Billault que Mame
a commencé sa carrière d'imprimeur à Angers, en tant que
compagnon. Finalement, on remarque que ces imprimeurs sont présents
à Angers bien avant la Révolution. Ils ne se sont pas
installés par opportunisme du fait de libéralisation du
marché de l'imprimé, mais ce sont eux qui en profitent
réellement.
La production imprimée angevine annuelle,
1787-1799 :
180 160 140 120
100
80
60 40 20
0
1787 1788 1789 1790 1791 1792 1793 1794 1795 1796 1797 1798
1799
Années
Total annuel
La faiblesse de la production imprimée angevine avant
la Révolution est essentiellement due aux privilèges
détenus par les imprimeurs parisiens : ils sont extrêmement
favorisés par rapport aux provinciaux du fait de leurs privilèges
d'impressions qui sont généralement nationaux. Il ne reste donc
plus aux imprimeurs provinciaux que certaines reproductions de textes, souvent
rédigés par les intellectuels locaux. La libéralisation de
cette situation, liée au véritable engouement pour le
débat politique public, provoquent la véritable explosion de
l'imprimé pendant la période révolutionnaire.
41 Document n° 774.
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