2 / - Un phénomène dont l'intensité et
la fréquence augmentent
Une des méthodes fréquemment employées pour
étudier la récurrence et la magnitude
des événements El Niño est l'indice de
l'Oscillation Australe. Néanmoins, d'autres critères
permettent de compléter cette première approche. La
figure n°5 publiée par la NOAACIRES40
montre par exemple l'évolution d'un indice composite des
ENOA, qui repose sur 6
variables principales mesurées depuis les années
1950 sur le Pacifique Tropical. Il intègre des
données relatives :
- à la pression atmosphérique au niveau de la
mer
- aux composantes zonale et méridionale des vents de
surface
- aux Températures en Surface de la Mer
- aux Températures en Surface de l'Air
- et à la nébulosité.
Les pics au-dessus de zéro correspondent aux années
El Niño, tandis que les pics
négatifs évoquent les années La
Niña.
Pour que les données soient comparables, on a
procédé à une normalisation des
valeurs saisonnières avec comme base de
référence la période 1950-9341. Il ressort du
graphique une nette tendance à l'accentuation de
l'intensité des épisodes El Niño ainsi qu'une
accélération marquée de leur durée de
retour, et ce surtout à partir des années 1970.
Figure n°5 - Evolution de l'indice
composite des ENOA, d'après http://www.cdc.noaa.gov/~kew/MEI/mei.html
Cependant, compte tenu de la durée de la période
considérée pour le calcul (1950-93),
compte tenu de la multiplicité des critères
retenus, on est en droit de se demander si cet indice
est réellement fiable, car d'une part, les techniques de
mesure actuelles sont aujourd'hui bien
plus performantes qu'auparavant, et d'autre part, l'augmentation
des relevés et du nombre de
stations météorologiques rendent de nos jours les
données bien plus représentatives qu'il y a
50 ans.
40 US National Atmospheric and Oceanic Administration Climate
Diagnostics Center
41 Une explication plus précise concernant le calcul du
MEI est disponible à l'adresse suivante :
http://www.cdc.noaa.gov/~kew/MEI/mei.html
19
Toujours est-il que «deux super-El Niño»42 se
sont produits à 15 ans d'intervalle en
1982-83 et en 1997-98. En effet, la probabilité de retour
de l'événement 1982-83 a été estimée
à plus de mille ans43, et l'on peut supposer qu'il en est
de même pour celui de 1997-98 étant
donné qu'il a eu une intensité comparable à
celui de 1982-83.
Certains auteurs associent cette apparition plus
répétitive des situations ENOA au
réchauffement généralisé de la
planète (Global Warming). On lit par exemple dans un article
de M. Glantz44 : «Kevin Trenberth (CGD/NCAR) opened the
discussion session on climate
change by noting that interest in the relationship between the
ENSO process and global
warming of the atmosphere has been increasing in recent year.
Some studies have suggested
that the unsual behaviour of the tropical Pacific's sea surface
temperatures in the first half of
the 1990s (considered by some observers to have been one
continuous El Niño from 1991 to
1995) and that apparent climate regime shift after the mid-1970s
are the result of influences of
human-induced global warming of the atmopshere».
En résumé, le phénomène El
Niño constitue donc un système naturel complexe
d'interrelations couplant une composante océanique
et une composante aérologique. Son
avènement s'accompagne d'une modification
très nette des circulations atmosphérique
et marine moyennes du domaine Pacifique étendu,
impulsée par l'intermédiaire des
AMP et des AA boréales renforcés,
entraînant notamment le déplacement de l'EM,
structure pluviogène, en direction du sud. En
outre, depuis les années 1970, les épisodes
se développent avec une intensité et une
récurrence accrues. Pour autant, l'étude de
l'accélération du rythme de l'occurrence
des ENOA ne doit pas être considérée comme
une fin en soi. En ce sens, elle nous permet maintenant
d'analyser les répercussions
physiques qui risquent en parallèle de se
manifester également de plus en plus
fréquemment et avec une plus grande
magnitude.
42 MacPhaden M.J., 1999, The child prodigy of 1997-98, News and
views, in Nature, Vol. 398, 15 April 1999.
43 Pourrut, 1993 : «la fréquence de retour de l'ENSO
1982-83 est supérieure à 1000 ans», p.1.
44 Glantz M., 1998, Thoughts on the La Niña Summit,
d'après http://www.dir.ucar.edu, 4p.
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