WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Etude des conséquences immédiates et à  terme des phénomènes associés à  un événement El Nino


par Florent Demoraes
Université de Savoie - DEA Interface Nature / Sociétés 1999
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

I / - Les mécanismes du phénomène El Niño / Oscillation Australe

(ENOA) : des théories évolutives

L'objectif de cette première partie est d'établir une analyse synthétique des

mécanismes qui régissent les événements ENOA au travers des divers courants scientifiques

qui se sont succédés. L'accent sera mis également sur l'intensité des phases et sur leur

récurrence.

A / - Maturation et évolution des concepts selon les auteurs et selon les

époques

La connaissance du phénomène s'est faite de façon empirique et progressive au cours

du XXème siècle par des scientifiques de formations différentes (océanographes,

météorologues...). Les progrès dans la compréhension des mécanismes des phases El Niño

sont allés de pair avec la capacité sans cesse grandissante17 des techniques d'observation (ex :

satellite franco-étatsunien TOPEX-POSEIDON) et d'enregistrement des données (ex : bouées

du projet TOGA18).

Les descriptions et analyses des composantes physiques du système couplé océanatmosphère

abondent dans la littérature comme l'atteste la multitude de publications

majoritairement en langue anglaise regroupées dans la première partie de la bibliographie

présente à la fin de cet essai. Qui plus est, Internet constitue une autre source d'informations

tout à fait considérable avec une prédominance des sites étasuniens19.

«En 1525, Francisco Pizarro est le premier à mentionner dans son carnet de bord

l'existence d'un courant chaud saisonnier au large du Pérou (Enfield, 1989). En 1546,

Jeronimo Benzoni décrit une terrible inondation qui frappe le golfe de Guayaquil au sud de

l'Equateur. Il observe aussi que certaines années des pluies intenses se produisent vers Noël et

sont suivies de plusieurs années sèches. Les documents manuscrits des conquistadores et des

missions espagnoles attestent la présence d'événements El Niño tout au long de la conquête

espagnole». (Moreau, 1995).

A la fin du siècle dernier, Hildebrandson (1897, in Yarnal et Kiladis, 1985) constate

l'existence d'une relation inverse entre les variations de pression en surface au sud-est de

l'Australie (Sydney) et au sud-est de l'Amérique Latine (Buenos Aires). Au tout début du

siècle, Lockyer et Lockyer (1902 ; 1904 in Yarnal et Kiladis, 1985) observent l'existence

d'une fluctuation barométrique marquée entre les régions indonésiennes et les régions

d'Amérique Latine. C'est à partir de ces premiers travaux que Walker et Bliss vont élaborer

leur théorie.

17surtout depuis une vingtaine d'années

18 Tropical Ocean and Global Atmosphere Programme

19 se référer à la liste d'adresses de sites Internet en Annexe

11

Dans les années 1920-1930, Walker et Bliss tentent de trouver des indices qui

conditionnent l'apparition de la mousson indienne. Ils dressent ainsi des liens statistiques

entre les variations barométriques du Pacifique et les fluctuations thermiques et

pluviométriques des régions balayées par les flux de la mousson indienne. Ils remarquent

d'une part que, lorsque le champ barométrique fléchit sur l'océan indien, la pression de

surface au niveau de la zone intertropicale du Pacifique Est tend inversement à croître et

d'autre part que cette baisse de pression sur l'Océan Indien s'accompagne de précipitations

indiennes et indonésiennes excédentaires.

Walker et Bliss baptisent ce balancement de pressions : «The Southern Oscillation»

c'est à dire l'Oscillation Australe. Ils la définissent comme suit : «En règle générale, lorsque

la pression est élevée sur l'Océan Pacifique, elle a tendance à être faible sur l'Océan Indien,

de l'Afrique à l'Australie et ces conditions s'associent à des variations pluviométriques

inverses aux changements de pressions» (figure n°1).

Figure n°1 - Cartes de l'Oscillation Australe. Corrélation entre les pressions (en haut) et les précipitations (en

bas) en juin-juillet-août (à gauche) et en décembre-janvier-février (à droite), d'après Walker and Bliss, 1932, in

Hastenrath 1988.

Après une trêve, la recherche redémarre à partir des années 1950 (in Allan 1988) avec

les travaux de Willett Bodurtha (1952), Schell (1956), Berlage (1957, 1961, 1966), Ichiye et

Peterson (1963) Bjerknes (1961, 1966, 1969, 1972) et Doberitz (1968). Ainsi, les cartes

obtenues par Berlage (1966) confirment l'existence de l'Oscillation Australe. La persistance

des variations de pressions, la cohérence spatiale et la régularité de l'oscillation permettent

d'étalonner ces balancements et d'obtenir un Indice d'Oscillation Australe IOA20.

20 SOI (Southern Oscillation Index) dans sa formulation anglaise, sera définie en I/B

12

La première connexion statistique entre l'Oscillation Australe et le courant El Niño est

introduite par Ichiye et Peterson (1963, in Yarnal et Kiladis, 1985) consécutivement à

l'occurrence de El Niño de 1957. En 1966, Berlage est le premier a mettre en évidence que le

renversement du champ de pressions dans le bassin pacifique coïncide avec l'avènement

d'épisodes El Niño. Par ailleurs, il démontre l'existence d'une corrélation entre les variations

barométriques de surface à Djakarta et les températures marines de surface21 au large du

Pérou.

En 1966, le météorologue Bjerknes, ayant observé des anomalies océaniques vers 180°

de longitude, divulgue le premier modèle conceptuel plausible. Il a l'idée de mettre en

interaction par le biais de la «circulation de Walker», les processus atmosphériques et

océaniques de l'espace pacifique. Dès lors, l'événement El Niño n'est plus considéré

uniquement comme un phénomène local mais comme la résultante des fluctuations de

l'Oscillation Australe à l'échelle du Pacifique Sud. Ainsi, depuis cette époque, ce qu'il

convient d'appeler les phases ENOA, correspond à un couple d'interactions qui englobe à la

fois une composante océanique (le courant marin El Niño) et à la fois une composante

aérologique (l'Oscillation Australe).

Par la suite dans les années 1970, un océanographe K. Wyrtki propose un modèle

reposant sur la réponse de l'Océan Pacifique au forçage des alizés. Les grands principes

physiques des phases ENOA sont alors compris même si les auteurs sont encore en désaccord

en ce qui concerne le sens des interrelations des différents facteurs impliqués.

Depuis la décennie 1980, les épisodes El Niño continuent à faire partie des

préoccupations essentielles des scientifiques et un nombre sans cesse accru d'études leur sont

consacrées. Les chercheurs tentent de compléter progressivement l'état des connaissances

notamment en vue d'expliquer les causes ou éléments déclencheurs du phénomène. En outre,

on s'aperçoit de plus en plus que les événements ENOA ne se limitent pas seulement au

domaine Pacifique.

M. Leroux22 (1996) a par exemple montré l'influence significative que joue l'espace

aérologique Atlantique étendu sur la dynamique du domaine aérologique pacifique oriental

lors des épisodes El Niño23(voir supra).

Ce rapide aperçu24 de l'évolution de la connaissance du phénomène étant terminé,

intéressons-nous dorénavant à la description même des multiples mécanismes intervenant

dans le système couplé océan-atmosphère ainsi qu'à son rythme de récurrence. L'accent sera

dirigé sur le positionnement inhabituel de l'EM25 au cours des situations à Niño car nous le

verrons par la suite, cette structure aérologique conditionne fortement les régimes

pluviométriques des régions intertropicales.

21 TMS ou plus fréquemment SST (Sea Surface Temperature) dans sa formulation anglaise

22 Professeur de climatologie à l'Université Jean Moulin, Lyon III

23 les alizés maritimes du Golfe du Mexique franchissent l'isthme hispano-américain, Leroux M., 1996.

24 compte tenu du nombre limité de pages autorisées

25 Equateur Météorologique

13

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand