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Etude des conséquences immédiates et à  terme des phénomènes associés à  un événement El Nino


par Florent Demoraes
Université de Savoie - DEA Interface Nature / Sociétés 1999
  

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B / - Les effets sur le milieu environnemental

Outre la première série d'effets induits (sécheresses et inondations) préalablement

abordée, les bouleversements climatiques vont entraîner par ailleurs maints impacts sur les

milieux physiques. L'on observe bien souvent un enchaînement d'aléas dont l'action

combinée contribuent à influer de manière très nette les dynamiques des milieux

environnementaux.

1 / - Les glissements de terrain

Les excédents pluviométriques observés en Equateur et au nord du Pérou lors des

épisodes El Niño favorisent en premier lieu le ruissellement à l'origine des crues et des

inondations et en second lieu l'infiltration massive d'eau dans les sols. Cette imbibition

excessive va être à l'origine d'une sursaturation des formations superficielles en eau qui

contribue à réduire la résistance au cisaillement des matériaux et à diminuer ainsi leur

cohésion. En conséquence, l'on enregistre une occurrence de glissements de terrain beaucoup

plus élevée lors des phases négatives de l'IOA dans les régions susmentionnées.

Néanmoins, la mise en mouvement de matière est également conditionnée par bon

nombre de paramètres tels que la valeur des pentes, la composition lithologique des

formations, la couverture végétale, la répartition et la quantité d'eau précipitée... Aussi, des

régions sont-elles plus susceptibles d'être concernées. Par ailleurs, les anomalies hydrométéorologiques

n'étant jamais identiques selon les événements ENOA, l'apparition de

glissements de terrain ne s'effectuera pas nécessairement aux mêmes endroits d'un épisode à

l'autre.

A. Rivera61 observe par exemple que la quantité d'eau précipitée à Esmeraldas (au

nord de l'Equateur, voir figure n°15)62 entre janvier 1982 et février 1983 a été de 1 522 mm

contre 2 436 pour la même période en 1997-98. Il poursuit en notant qu'il ne s'était pas

produit, il y a 16 ans, autant de glissements que lors du dernier phénomène, période au cours

de laquelle plusieurs centaines d'accidents ont été répertoriées. Il en conclue qu'en 1982-83,

la quantité d'eau précipitée a été quasi-équivalente à la valeur de l'évapotranspiration réelle et

qu'il n'y a pas eu les conditions de saturation nécessaires à la déstabilisation des versants

comme cela a été le cas en 1997-98.

La carte de la page suivante (figure n°15) illustre à titre d'exemple les impacts du El

Niño 1982-83 sur le milieu physique en Equateur (outre les zones inondées, sont localisés les

secteurs affectés par des éboulements, des glissements de terrain, des coulées boueuses,...).

Esmeraldas se situent dans un secteur sensible (les formations sont en grande majorité

argileuses de type smectites, absorbantes et expansives). L'érosion y est très active ce qui

explique la survenue de glissements de terrain compte tenu des hauteurs d'eau précipitées lors

du dernier événement El Niño.

61 Ingénieur au Département Technique de la Défense Civile Equatorienne.

62 RIVERA A.M., 1998a, Teoría del deslizamiento que produjo la ruptura del oleoducto y poliducto en la ciudad

de Esmeraldas, in Revista del Colegio de Ingenieros Geólogos de Minas y Petroleos, CIGMYP, N°12, 1p.

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Figure n°15 - Carte localisant les impacts du El Niño de 1982-83 sur le milieu physique en Equateur,

d'après Pourrut, 1993, «L'effet ENSO sur les précipitations et les écoulements au XXème siècle en Equateur »

Les enregistrements de la base de données DesInventar63 permettent par ailleurs de

montrer l'augmentation du nombre de glissements de terrain qui surviennent en période El

Niño. Un graphique, avec en abscisse les années et en ordonnée le nombre de mouvements en

masse, permet de visualiser cette relation (Figure n°16). Toutefois, le rapport n'est pas

toujours direct et immédiat. Il peut en effet exister un décalage. L'abondance des pluies peut

par exemple contribuer dans une premier temps à augmenter l'instabilité des terrains.

63 Base de données de la Red, Réseau d'études en sciences sociales pour la prévention des désastres (voir

glossaire).

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Au cours de l'année suivante des précipitations même moyennes peuvent suffire à

mettre en mouvement les formations saturées au préalable. Qui plus est, le graphique met en

exergue la hausse de ce type de manifestations au cours des 10 dernières années. On pourrait

l'expliquer tout d'abord par l'intensification de l'occurrence des phénomènes El Niño, étudiée

dans le premier chapitre, ou en second lieu par un recensement plus exhaustif des aléas64.

Figure n°16 - Nombre de glissements de terrain recensés en Equateur depuis 1988, d'après les enregistrements

de la base de données DesConsultar, fournis par Gloria Roldán de la Defensa Civil de Ecuador.

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry