3 / - Des manifestations climatiques inhabituelles
spécifiques à chaque El
Niño
Nous l'avons vu, il n'existe pas dans leur naissance, leur
déroulement et leur
récession, d'événement El Niño qui
suive un schéma résolument classique. Par conséquent,
les répercussions sur les régimes
hydro-météorologiques seront à chaque épisode
différentes.
Ainsi, une zone exempte d'inondations peut très bien la
fois suivante être sévèrement affectée
et vice versa. A titre indicatif voici deux exemples choisis
parmi de nombreux cas qui
permettent d'illustrer cette thématique.
J. Ronchail57 indique par exemple que «le déficit
pluviométrique sur l'Altiplano
bolivien est variable d'un événement ENSO à
l'autre. On enregistre un déficit généralisé et
important sur l'Altiplano pendant les saisons de pluies 1966-67
et 1982-83 et plus localisé en
1957-58, tandis que les conditions pluviométriques se sont
avérées proches de la normale en
1972-73 (autre année à Niño)».
Par ailleurs, sur la côte nord-équatorienne,
à proximité de la ville d'Esmeraldas58,
l'excédent pluviométrique a été
beaucoup moins prononcé en hiver 1982-83 que lors du
dernier El Niño comme le montre le tableau suivant :
Figure n°14 - Comparaison des
précipitations à Esmeraldas (Equateur) en hiver 1982-83 et
1997-98,
D'après des données de l'INAMHI59 in «PERRIN,
JANEAU, PODWOJEWSKI60, 1998».
Au sortir de cette étude, il apparaît que de
multiples modifications des régimes
hydrométéorologiques
habituels se produisent lors de l'avènement des
épisodes El Niño en
Amérique Latine. Ces perturbations vont être
à l'origine d'une première série d'aléas
«naturels» que sont d'une part les inondations et
d'autre part les sécheresses. Qui plus est, la
variabilité de la magnitude, de l'étendue et de la
localisation de ces répercussions est grande
selon les événements ENOA ce qui complique les
estimations et donc les possibilités de
prévention et de mitigation des catastrophes.
Cette première série de manifestations climatiques
extrêmes va à son tour jouer un rôle
capital sur l'évolution des milieux morpho-dynamiques des
régions concernées.
57 RONCHAIL J., 1995, L'aridité sur l'Altiplano bolivien,
in Sécheresse, N°1, Vol. 6, mars 1995, pp. 45-51.
58 Se référer à la figure n°15.
59 Instituto Nacional de Meteorología e Hidrología,
cf. Liste des sigles en annexes.
60 PERRIN J.-L., JANEAU J.-L., PODWOJEWSKI P., 1998,
Deslizamientos de tierra, inundaciones y flujos de
lodo en Esmeraldas, Diagnóstico general de la
situación actual de la ciudad, Mayo 1998, Misión de expertos,
Orstom, Embajada de Francia en Ecuador, pp. 1.
Mois 1982 - 83 1997 - 98 Moyennes (1980 - 1996)
décembre 99,2 232,3 (record) 33
janvier 225,7 306,9 130,2
février 358 425,5 199,2
mars 198,6 334,8 117,5
Total 881,5 1299,5 479,9
31
|