III. Stratégies mises en oeuvre ou à
mettre en place pour un meilleur avenir pour
les populations des pays en voie de
développement.
1. Un changement d'attitude des laboratoires ?
Nous avons donc vu pourquoi le prix des médicaments
était si élevé et que celuici
n'était pas le seul facteur empêchant les pays les
moins avancés d'accéder aux
divers traitements. Cependant, celui-ci constitue un levier
essentiel. Il convient
donc de tout mettre en oeuvre afin de le faire diminuer. Pour
cela, il existe
aujourd'hui plusieurs possibilités :
?? les pays en voie de développement peuvent s'octroyer
des licences
obligatoires pour produire localement des
médicaments génériques dans le cadre
de la déclaration de Doha, sans craindre
d'éventuelles pressions économiques et
parfois même avec l'accord et la coopération de
certains laboratoires. En effet,
certains ont, depuis les négociations devant l'OMC,
accepté d'accorder des
licences obligatoires à certains pays en
difficulté. Par exemple, GlaxoSmithKline
et une société allemande ont autorisé la
fabrication de génériques contre le Sida
en Afrique du Sud contre « seulement » 5% des droits de
vente de ces
médicaments. Il est nécessaire que ces licences
obligatoires se développent de
plus en plus et que les pays en voie de développement
soient encouragés à
recourir à ce système.
?? les laboratoires ont aussi mis en place des stratégies
de vente de
leurs médicaments à prix différents selon le
niveau de développement du pays en
question. Aucun accord n'a cependant été mis en
place sur les prix différenciés ;
les pays du Nord voulant étudier la situation du pays
demandeur au cas par cas.
Cette situation génère chez les laboratoires la
peur de voir ces médicaments
vendus moins chers dans des pays en voie de développement
revenir sur leurs
marchés d'origine à des prix beaucoup moins
élevés que les prix pratiqués
(importations parallèles).
?? certains laboratoires, comme le français Roche par
exemple, se sont
engagés publiquement à faciliter l'accès des
pays les plus démunis aux
médicaments.
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En quoi consiste cet engagement ?
Tout d'abord, il énonce une « politique
claire en matière de prix et de
brevets ». En pratique, Roche ne
déposera plus aucun brevet pour ses
médicaments anti-sida dans les pays les plus
démunis et en Afrique
Subsaharienne. Cette politique concerne également la
malaria, responsable de la
mort de milliers de personnes chaque année dans le monde.
Un autre point
important réside dans le fait que Roche s'est
engagé à ne poursuivre aucun pays
entrant dans la catégorie des moins avancés
qui se procurerait des génériques
de ses médicaments dans ces pays. De plus, ce laboratoire
français fournit des
médicaments à prix coûtant
dans certains pays d'Afrique.
Cette politique d'investissement des grands groupes
pharmaceutiques mondiaux
est une bonne chose pour les pays en voie de
développement. En effet, elle
permet tout d'abord de diminuer de façon substantielle les
prix de vente des
médicaments.
Ce changement d'attitude des laboratoires ne peut être que
bénéfique pour les
pays les moins avancés car il règle au moins un
problème parmi tant d'autres pour
ces pays : celui du prix des traitements.
Certains diront que les laboratoires font des efforts pour
baisser les prix des
médicaments pour apaiser le climat tendu qui règne
avec les pays en voie de
développement et pour mieux conserver la
réglementation internationale en
matière de propriété intellectuelle et
notamment celle sur les brevets.
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