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Les débats autour de la guerre d'Algérie à  travers le journal Le Monde


par Philippe SALSON
Université Michel de Montaigne Bordeaux III - Maà®trise d'Histoire contemporaine 2001
  

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b) L'engagement du journal dans la polémique

Le premier type d'engagement est celui qui consiste à rendre compte des débats suscités. L'exhaustivité du quotidien participe de cette sorte d'engagement. La publicité qui est faite de ces polémiques contribue à en faire un débat de premier plan de la société française. L'effet « boule de neige » joue un rôle primordial dans ce bouillonnement de discussions et de commémorations en tout genre. Parce que des affaires liées à la guerre d'Algérie sont soulévées, généralement par des hommes politiques, le quotidien rend compte des querelles engagées. Mais il va plus loin ; il analyse les rouages de l'affaire, collecte les opinions de chacun si bien que l'affaire en question devient extraordinairement visible dans l'arène publique : le fait est grossi par l'importance que lui accorde le journal. Celui qui n'a pas pris position, tient à le faire afin de ne pas paraître dépassé par les événements et ainsi de suite, de telle manière que la polémique est entretenue.

La visibilité du débat sur la guerre d'Algérie est, en partie, due au fait qu'il occupe désormais le devant de la scène publique. Les articles portant sur de telles affaires reviennent à la une du journal et monopolisent les pages « Politique » du quotidien. Ce qui leur assure une audience bien plus grande que de se retrouver confinées dans les pages « Culture » et « Rapatriés », rubriques qui interpellent moins le lecteur, dont les enjeux sont moins cruciaux et les débats quasiment exclus. En effet, l'opinion s'est considérablement apaisée sur le traitement de la guerre d'Algérie par des cinéastes et ou des écrivains. Seules, quelques voix se sont élevées contre le film de Schoendorffer, L 'Honneur d'un capitaine, considéré comme une justification de l'usage de la torture. Mais, ces voix ne trouvent aucun écho du fait de la virulence de la polémique sur la loi d'amnistie (cf. p.131) qui accapare toute l'attention à la même époque. En outre, les mentalités ont évolué : le cinéma n'est plus envisagé commme un puissant moyen de propagande dont le pouvoir d'influence est considérable. D'où une

libéralisation des esprits et de la censure sur ce qui est projeté dans les salles tant au niveau du contenu que du message.

La rédaction s'exprime aussi plus cairement par le biais de chroniques, d'analyses, de pages spéciales et d'éditos, comme cela était le cas de 1968 à 1972. La ligne éditoriale est clairement définie et l'engagement auprès de ceux qui militent pour un devoir de mémoire n'est pas dissimulé. La rédaction n'hésite pas à condamner les maladresses des responsables politiques dans la gestion des affaires liées à la guerre d'Algérie. Le quotidien se fait même virulent contre l'action de François Mitterrand dans ce domaine alors que, jusqu'alors, il avait semblé soutenir le nouveau président. C'est donc loin de tout dogmatisme idéologique que la rédaction aborde les débats, mais davantage avec une vision éthique des conséquences de la guerre.

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault