4) Du graphisme dans la danse et du mouvement dans la
peinture
a) Le corps dessine dans l'espace temps
Nous pouvons utiliser le terme de graphisme dans la danse, en
effet le rapport du corps en mouvement à l'espace est composé
essentiellement de différentes manières de tracer des lignes, des
courbes, des sauts, avec des notions de haut, de bas, de directions, de formes
infinies.
C'est une succession de moments, de mouvements, dans l'espace
temps qui donne à l'instant son aspect fugitif.
C'est une production directement liée à
l'expression, où le produit artistique se confond avec
l'activité, en l'occurence le mouvement.
b) Les arts plastiques en général et la peinture
en particulier sont une succession de mouvements figés dans l'espace
temps
La danse est présentée comme une succession de
moments, par opposition à la peinture ou la sculpture, qui sont des
réalisations permanentes. Il nous est possible de nous rendre dans les
musées ou les expositions pour contempler ces oeuvres dans l'état
même où elles ont été achevées. La peinture
à l'inverse de la danse immortalise l'instant.
Les arts plastiques sont des productions distinctes de
l'expression, à savoir qu'une distance tant spatiale que temporelle
existe entre l'activité et la production.
32 Du grec anthropos : homme et métrie : mesure (Pierre
Restany)
Avec le dessin, l 'image du corps en mouvement se trace, elle
se fige
La mise en relation de l'expression graphique et de
l'expression corporelle nous permet donc de constater des similitudes, des
différences mais surtout une complémentarité, « c'est
avec l'expression plastique que la danse va pouvoir s'associer pour montrer et
permettre la compréhension et la pérennité aux mouvements
gracieux des bons danseurs, puisque la peinture immortalise l'instant, (elle
fixe l'image) alors que la danse (...) à l'inverse donne à
l'instant son aspect fugitif. »33
Sabine a utilisé ce processus en fixant sur le papier
les déplacements et les postures exprimés dans un autre
repère spacio-temporel. Elle est passée de l'action à la
production.
Cela lui a permis d'immortaliser une image, son image
corporelle en lien avec son schéma corporel.
Serait-ce l'amorce d'une nouvelle image corporelle, qu'elle a
pu dans un premier temps percevoir, puis concevoir en la dessinant ?
Dans tous les cas ce procédé mérite
reflexion, et il serait intéressant de le réutiliser avec des
personnes souffrant d'une image corporelle défaillante, comme c'est le
cas pour les pathologies liées aux troubles du comportement
alimentaire.
On pourrait sur une longue période envisager d'alterner
les séquences d'expression corporelle et d'expression graphiques, pour
pouvoir comparer et évaluer les résultats du corps en mouvement
et de la représentation de celui-ci, et évaluer l'espace
utilisé par le corps en atelier et sur le support papier.
Pouvoir apprécier les bienfaits, s'il y en a , d'une
séquence sur l'autre et inversement, qu'estce qu'un mode d'expression
peut apporter à l'autre et inversement, en quoi peuvent-ils
améliorer ou modifier l'image corporelle ?
Est-ce que le fait de percevoir un changement d'état
corporel influe sur l'image coporelle ? Est-ce que le fait de mettre en forme
sur le papier les séquences corporelles aura une influence sur les
mouvements lors de la prochaine séquence d'expression corporelle ?
Tous ces questionnements restent pour moi encore sans
réponse et nécessiteraient un développement de la
réflexion.
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