IV-3 Les intervenants.
· Poids des deux grandes banques
helvétiques.
Représentant à elles seules 60% de la somme des
bilans de toutes les autres banques suisses, Crédit Suisse et
UBS occupent une position largement dominante dans le paysage bancaire
suisse. Ceux sont deux acteurs incontournables des transactions
s'opérant sur le marché obligataire suisse. Ces deux grandes
banques suisses d'envergure internationale réalisent non seulement la
grande partie des opérations de syndication réalisées sur
le marché primaire des émissions, mais sont également les
principaux acteurs du marché secondaire de l'occasion. Il apparaît
comme difficile dans le cas d'importants montants à souscrire sur le
marché secondaire de ne pas passer par ces deux acteurs incontournables.
On peut parler d'un presque monopole de ces deux institutions.
A cause du monopole, de la faible taille du marché et
d'un manque de liquidité, les clients ne sont pas en position de force
pour négocier les titres sur le marché suisse, et les banques
peuvent donc se permettre de pratiquer des prix plus chers et de proposer de
plus faibles rendements.
On peut observer ce phénomène à travers
les transactions opérées pour le compte de la Banque
Privée Edmond de Rothschild. Une banque privée ne traite pas
énormément de volume, et n'arrive pas sur le marché avec
d'énormes montants à traiter. Elle n'est ainsi vraiment pas en
position de force pour traiter des papiers détenus par exemple par des
traders de UBS ou de Credit Suisse, qui ne sont d'ailleurs guère
intéressés. En revanche, le fond de pension d'une grande
multinationale comme Nestlé aura davantage de poids, compte tenu de ses
montants considérables à disposition. Ce sont d'ailleurs
généralement les fonds de pension, qu'ils soient suisses ou
internationaux, qui représentent les plus gros clients en CHF sur le
marché obligataire.
Non affichage de l'identité de la contrepartie.
Il existe un autre élément intéressant
inhérent à la pratique du marché obligataire suisse. Au
niveau de la bourse suisse, du Swiss Exchange, les prix et les
montants des papiers sur l'offre et la demande sont bien évidement
visibles, mais dans 99,9 % des cas on ne verra pas l'identité de la
contrepartie ; on ne le verra qu'une fois la transaction traitée.
Pour rappel, est appelé « contrepartie » la personne
avec qui l'on traite sur le Swiss Exchange. C'est-à-dire qu'avant de
réaliser la transaction, on ne verra que les limites de prix
fixées, contrairement à ce qui peut se pratiquer sur d'autres
marchés.
Cet anonymat des contreparties dans les transactions n'a que
peu d'incidences sur le marché. On est amené, tout d'abord,
grâce à l'expérience et la pratique à
reconnaître les différents intervenants sur le marché. De
plus, les transactions passées sur le Swiss Exchange ne peuvent
être sujettes au risque de « default », car le Swiss
Exchange se porte garant des transactions passées par son
intermédiaire. Les agents émetteurs d'obligations doivent en
effet déposer un dépôt de garantie sur un compte
réservé à cet usage. Le titre ainsi traité ne
supporte donc pas de risque de contrepartie, mais permet en revanche de
protéger l'anonymat de l'interlocuteur avec lequel la transaction est
traitée.
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