IV - Particularités du marché obligataire
suisse
Le marché secondaire des émissions
étrangères en CHF est organisé autours du Swiss
Exchange. Il s'agit d'une place de marché peu liquide, mais
d'une grande transparence tant en terme d'offre que de demande. Les principaux
acteurs sont en effet clairement identifiés. Du coté de l'offre
de papier, on mentionnera les émissions obligataires des cantons et des
régions suisses, de la Confédération, les emprunts des
banques cantonales et de certaines grandes corporates de
renommée internationales (Nestlé...). Du coté de la
demande, on évoquera principalement des fonds de pensions suisses, ainsi
qu'une part importante d'investisseurs internationaux.
L'encours total des obligations d'Etat ne représentait
en 1990 qu'environ 15 milliards de CHF, montant stable voire déclinant
légèrement compte tenu de l'excédant financier du budget
fédéral. Les obligations d'Etat voient leurs revenus
amputés par une retenue à la source de 35%, et les
investisseurs étrangers ne peuvent passer à 5% qu'à la
condition de dévoiler leur identité. Ils ne sont donc en fait que
peu nombreux à y souscrire. Le véritable marché des titres
à revenu fixe en CHF prend appui sur les émissions
étrangères, dont l'encours de plus de 200 milliards de CHF
présente une surface suffisante pour attirer les investisseurs
internationaux.
IV-1 Quelques chiffres.
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Total nominal value (m)
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USD
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CAD
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AUD
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NZD
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EUR
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GBP
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DKK
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NOK
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SEK
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ZAR
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JPY
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1998
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175 190
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-
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-
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1999
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371 410
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119 166
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-
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2000
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432 512
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287 577
|
22 500
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2001
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529 371
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520 692
|
35 253
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2002
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594 124
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659 645
|
48 738
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2003
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737 634
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31 425
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12 275
|
10 160
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874 670
|
71 100
|
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65 800
|
38 425
|
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1 678 000
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2004
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842 103
|
30 475
|
12 575
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9 960
|
1 856 945
|
77 636
|
5 682
|
45 900
|
29 975
|
198 292
|
1 353 000
|
A partir des données disponibles sur le site internet
du Swiss Exchange, on peut décrire les grandes tendances animant le
marché obligataire suisse. Ainsi, en terme de valeur nominale, les
montants des obligations cotées en dollar sur le SWX ont
été multipliés par 5 environ, tandis que les montants des
obligations en euro étaient multipliés par 16. Cette dynamique
est à mettre en perspective avec une baisse sensible depuis quelques
années du nombre d'émetteurs et du nombre des nouvelles
émissions.
IV-2 La liquidité.
· Définition et éléments
d'appréciation.
Le degré de liquidité peut être
définit comme la facilité avec laquelle une obligation peut
être négocié, à la vente comme à l'achat. La
seule facilité d'acquisition ne permet cependant pas de
considérer qu'une émission obligataire est liquide.
De nombreux éléments permettent de mesurer ce
degré de liquidité :
o Au niveau du titre : le montant de
l'émission, le montant « outstanding »
(c'est-à-dire le solde de la dette encore échu), l'appartenance
du titre à un ou plusieurs indices, la monnaie dans laquelle le titre
est libellé, la simplicité du produit,
o Au niveau de l'émetteur : la
qualité de l'émetteur, de sa dette, la présence de titres
comparables sur le marché,
o Au niveau du marché : le nombre de
contributeurs ou contreparties (intervenants cotant l'obligation), le
spread (différentiel entre le prix offert et le prix
demandé).
On peut ainsi citer quelques exemples, issus des statistiques
2004 de la Banque Privée Edmond de Rothschild :
o Les Treasury Bonds (émission du Trésor
américain) sont très liquides, avec un spread très
étroit de 1/32ème %, voire 1/64ème
%.
o Les obligations domestiques des principaux pays
industrialisés sont liquides, avec un spread de 0,10% à 0,05%.
o Les obligations de bonne qualité dans
l' « Euromarché » sont assez liquides, avec un
spread de 0,20% à 0,40%.
o Les obligations libellées en CHF et cotées sur
le SWX sont peu liquides avec un spread de l'ordre de 0,50%.
o Les obligations à haut rendement sont très peu
liquides, avec un spread de 1% en temps normal pouvant monter jusqu'à
10% lors d'incertitudes.
· Rôle du
spread.
Evoquons à présent les particularités
techniques du marché obligataire suisse, à travers les notions de
spread, c'est-à-dire la différence existant entre le
prix offert (bid price) et le prix demandé (ask
price).
On constate un phénomène particulier de
spread plus large que ce que l'on peut observer sur les autres
marchés obligataires, et ce compte tenu de la faible liquidité du
marché. En effet, il n'y a que peu de contreparties traitant le papier,
et la taille des émissions est souvent faible (autours d'une centaine de
millions de CHF). Le spread est large car la banque qui fait le marché
est en position de force ; elle peut donc plus facilement imposer son prix
d'une part, et son gain est dit pur, c'est-à-dire sans frais
d'intermédiation puisqu'elle agit directement sur le marché
(à l'inverse du marché action).
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