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Le marché obligataire suisse

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par Xavier LE PRADO
Université Paris Dauphine - Maà®trise de Sciences de Gestion 2005
  

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III-4 Les investisseurs sur le marché obligataire international.

II est difficile de recueillir des informations précises sur les investisseurs qui opèrent sur le marché obligataire international, car l'information est rare et peu fiable. Deux types d'investisseurs dont l'importance relative s'est beaucoup modifiée dans le temps doivent être distingués : les individuels et les institutionnels. En fait, seuls ces derniers sont véritablement présents en tant que donneurs d'ordres sur les marchés obligataires internationaux.

Au sein des investisseurs individuels, les grandes fortunes privées ont progressivement supplanté les petits investisseurs. Ces derniers n'ont pourtant pas disparu. Leurs achats sont motivés par des raisons fiscales tenant à l'absence de retenue à la source, par l'anonymat qui est de règle sur les marchés financiers internationaux et par la volonté de protéger des fonds contre le risque de change. La gestion de portefeuille de ces investisseurs est caractérisée par une grande passivité : l'anonymat et la tranquillité sont plus recherchés que la rentabilité, ce qui explique la faible rotation des portefeuilles.

Les investisseurs européens de taille moyenne, ou « dentistes belges », méritent d'être décrits, même si leur importance diminue. Ce type d'investisseurs a été à l'origine de l'expansion du marché euro-obligataire entre les années 1960 à 1990. Ce personnage mythique correspond au comportement d'épargne de la classe européenne aisée qui souhaite détenir un Portefeuille de valeurs mobilières étrangères.

La motivation du « dentiste belge » est largement d'origine fiscale. Elle rejoint le désir de disposer d'un patrimoine mobilier anonyme localisé à étranger. C'est ainsi qu'historiquement, de nombreux épargnants belges ont ouvert des comptes à Luxembourg en y déposant des fonds avec d'autant plus de facilité que ces deux pays ne sont séparés par aucune frontière douanière. Protégés par le secret bancaire local, ces fonds ont été largement investis en euro-obligations dans la mesure où ces titres ne sont soumis à aucune retenue à la source. Ces investisseurs internationaux perçoivent les revenus bruts de leurs portefeuilles sans avoir à acquitter d'impôts dans le pays où leurs fonds sont localisés. Le ressort fiscal et l'anonymat ont ainsi poussé de nombreux investisseurs italiens, français britanniques à expatrier leur patrimoine mobilier dans des pays où le secret bancaire permettait une domiciliation anonyme de leurs portefeuilles. Cette expatriation de fonds est le plus souvent illégale. La présence de frontières douanières et de contrôle des changes n'a pas empêché la Suisse, le Luxembourg, le Liechtenstein ou les îles anglo-normandes de voir régulièrement affluer des capitaux provenant des pays voisins (ou de pays plus lointains). Dans le même moment, le système bancaire des pays destinataires s'efforçait d'attirer les fonds étrangers en cultivant une image de marque de sécurité et de discrétion. Les banques suisses constituent un exemple extrême de ce type de comportement.

Le « dentiste belge » peut ainsi se caricaturer comme un épargnant européen qui dispose à l'étranger, dans un pays financièrement accueillant, d'un portefeuille dont la taille est comprise entre 100 000 et 500 000 dollars. Celui-ci est souvent investi en obligations exemptes de retenue à la source. Ce patrimoine anonyme répond essentiellement à une motivation fiscale. Cela signifie que l'investisseur particulier était assez peu sensible à la performance de son portefeuille, et était indifférent au montant des frais de gestion et des commissions prélevés par les banques des pays d'accueil. Celles-ci en ont parfois profité en instaurant des barèmes qui tiennent souvent du cartel professionnel.

La gestion de portefeuille pratiquée est celle qui correspond à la notion de « père de famille ». Cette catégorie d'investisseur particulier se manifeste sur le marché primaire lors de la souscription des titres. Les obligations acquises sont souvent détenues de manière stable jusqu'à leur échéance finale.

À mi-chemin entre les investisseurs individuels et les investisseurs institutionnels, les sociétés privées peuvent acheter des titres obligataires pour utiliser des fonds momentanément sans emploi et protéger des ressources contre le risque de change.

Au début des années 1980, les investisseurs institutionnels sont devenus les plus importants acheteurs de titres obligataires internationaux, car le marché secondaire qu'ils animaient leur a permis de mettre en place une gestion dynamique de leurs portefeuilles. Ces investisseurs ont différents visages. En font partie les grandes banques internationales et plus précisément les banques commerciales et les banques d'investissement qui interviennent pour leur propre compte ou en tant que gestionnaires pour le compte de tiers. Les banques centrales qui souhaitent placer dans les meilleures conditions de sécurité et de rentabilité leurs réserves de change constituent un deuxième type d'investisseurs institutionnels. Les fonds d'investissement sont des opérateurs de premier ordre sur les différents compartiments du marché obligataire international. À l'origine créés par les grandes banques suisses, ces premiers fonds ont été rejoints par les mutualfunds américains, les Sicav et FCP français, les units trusts britanniques et les fonds de même nature des autres pays développés. Les fonds de pension et les caisses de retraite sont probablement les opérateurs les plus actifs et les plus importants quant au montant des investissements sur le marché primaire. Enfin, et il ne faut pas négliger leur poids, les compagnies d'assurance-vie et de réassurance placent une partie de leurs réserves techniques sur le marché obligataire international.

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