PREMIÈRE
PARTIE : DÉFINITIONS, CONTEXTUALISATION ET CADRAGE
INTRODUCTION :
L'étude des rapports entre la communication politique
et la séduction à travers la Déclaration de politique
générale du Premier ministre Idrissa Seck nous paraît
soumise à l'accomplissement de deux actes préalables.
D'abord, il est important de procéder à un
éclairage, à la fois conceptuel et fonctionnel, des termes
clés du triptyque séduction, communication politique, et
Déclaration de politique générale. Cet éclairage
conceptuel nous permettra de mieux cerner les principaux termes autour desquels
tourne notre étude.
Ensuite, nous accorderons, dans cette partie, une attention
particulière au contexte politique, au cadre institutionnel et à
la dynamique d'interaction sociale.
Le contexte politique est inséparable de la
Déclaration de politique générale, dont il conditionne, en
partie, la tonalité, l'orientation et la réception. Le cadre
institutionnel, quant à lui, légitime, structure et organise les
modalités de déroulement de la Déclaration de politique
générale.
CHAPITRE 1 : DÉFINITIONS
1. LA DÉCLARATION DE
POLITIQUE GÉNÉRALE
Nous définirons la Déclaration de politique
générale sous l'angle de son genre, de sa raison d'être, de
ses enjeux et de son mode opératoire. L'étude du genre nous
amènera à préciser son champ d'appartenance discursive. Sa
raison d'être nous permettra de revenir sur ses fonctions
institutionnelle et politique. L'étude de son mode opératoire
nous amènera à analyser son mode d'organisation et de
déroulement. Enfin l'analyse des enjeux portera sur ses enjeux de
pouvoir, de représentation et de communication.
1.1 Approche
générique
En tant que texte liminaire donnant lieu à un
échange entre le Chef du Gouvernement et l'Assemblée nationale,
la Déclaration de politique générale s'inscrit dans le
cadre d'un débat. De manière générale, le
débat est un échange organisé entre au moins deux
locuteurs, pour le compte d'un public plus où moins passif. Il est
régi par des règles (règles de prise de parole, de temps
d'intervention, de disposition etc.), définies d'avance, avec un
modérateur chargé d'en assurer le respect. Une autre marque du
débat est son caractère public.
En tant que pratique sociale, l'exercice du débat est
soumis à des conditions de légitimation qui s'imposent à
ses pratiquants. Ces derniers doivent détenir des titres ou avoir un
statut qui les en rend dignes. C'est l'un des genres qui a le plus
résisté au temps et aux moeurs.2(*)
A travers les âges, les contextes et les motivations, le
débat remplit des fonctions variées. Mais la plupart du temps, il
obéit à une vocation délibérative. En ce
sens, il est intimement lié à la démocratie. Par
ailleurs, le caractère indirect du débat par lequel le
véritable destinataire n'est pas l'interlocuteur, mais plutôt le
public - qui n'intervient pas directement, et la grande part
accordée à la mise en scène, renforcent la charge
spectaculaire dont il est porteur.
* 2 La pratique du
débat daterait du IXIÈME avant J.C. avec notamment
les débats homériques. Toujours, dans l'Antiquité, nous
pouvons relever les joutes éristiques et les topiques. Au moyen Age et
à la Renaissance, le débat est codifié sous le concept de
« disputatio ». De nos jours, nous avons le débat
parlementaire, le débat télévisé etc. A propos du
débat, nous pouvons relever l'analyse de GARCIA, C.,
« Argumenter à l'oral. De la discussion au
débat », in Pratiques 28, p. 95-124.
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