PROBLÉMATIQUE
Sans pour autant nier l'importance de l'argumentation
rationnelle, nous pensons que la différence, de plus en plus, se fait au
niveau de l'émotionnel. La conviction cédant le terrain à
la séduction, la compréhension à l'émerveillement,
l'analyse à la contemplation, la critique à l'adoration. Une
rhétorique émotionnelle qui emprunte, entre autres, les chemins
d'une image de soi à la fois présentée et
représentée.
Cette tendance à la séduction serait plus
manifeste si elle se confirmait avec la Déclaration de politique
générale dont le caractère institutionnel, la
portée économique et sociale, et la solennité des deux
institutions qu'elle implique (le Législatif et l'Exécutif),
pourraient préjuger le bannissement du moi, de la passion et du
spectacle, pierres angulaires de toute visée séductrice. Or,
parler d'image de soi, de passion et de spectacle, conduit forcément
à aller au-delà du champ du langage et des pratiques discursives,
pour explorer les domaines de la communication para verbale et non verbale, de
la mise en scène et autres pratiques symboliques.
MÉTHODOLOGIE
Cette présente étude emprunte son orientation et
sa démarche aux théories des sciences de l'information et de la
communication. Celles-ci étant un carrefour où se retrouvent et
s'entremêlent plusieurs disciplines et champs d'analyse que sont la
linguistique, la sociologie, la rhétorique, la science politique, la
pragmatique etc., avec tout de même une option davantage tournée
vers l'analyse du discours.
Dans cette perspective, nous serons tenu de nous
éloigner des vues issues de la tradition saussurienne considérant
le langage comme un « système linguistique
abstrait ». Déjà, Bakhtine avait fini de
s'élever contre ce qu'il appelle le « saussurisme ».
Car le langage est à chercher
dans la communication verbale concrète, non dans le
système linguistique abstrait des formes de la langue, non plus dans le
psychisme individuel des locuteurs. (Bakhtine 1977 : 137)
Ensuite, nous sommes de ceux qui pensent, avec Courtine, que
le discours politique, tel qu'il est transmis au plus grand nombre, est
une représentation extrêmement complexe où
les discours sont imbriqués dans des pratiques non verbales, où
le verbe ne saurait être dissocié du corps et du geste, où
l'expression par le langage se conjugue à celle du visage, où le
texte est indéchiffrable en dehors de son contexte, où l`on ne
peut plus séparer parole et image. (Courtine 1991 : 2)
De ce fait, une importance capitale sera accordée, dans
cette étude, non seulement au contexte global (politique,
institutionnel, social) de la période concernée, mais aussi aux
ressources autres que discursives, qui participent de la visée
séductrice, via la projection de l'image de soi.
Ainsi, dans cette étude, qui compte deux parties, nous
consacrerons la première à un exercice de définition des
termes clés, suivi d'une contextualisation politique et d'un cadrage
institutionnel et social, afin de mieux cerner les conditions et enjeux
liées à la Déclaration de politique
générale.
La deuxième partie sera consacrée à la
description et à l'analyse des ressources de la séduction par le
biais de l'image de soi. Ce faisant, nous reviendrons d'abord sur l'image
préalable du Premier ministre Idrissa Seck, avant de voir comment
celle-ci aurait subi un pré formatage et un lissage valorisant.
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