UNIVERSITE CATHOLIQUE
D'AFRIQUE CENTRALE
INSTITUT CATHOLIQUE DE YAOUNDE
Faculté de Sciences Sociales et de
Gestion
EVALUATION DE LA STRATEGIE MULTICANAL D'UNE BANQUE DE
DETAIL : LE CAS DE LA SCB CAMEROUN
Mémoire rédigé et soutenu en vue de
l'obtention du
Master en Banque et Finance
M. TIOMELA TEKOUTSAP Didier
Licencié en Économie de Gestion à
l'UCAC
Sous la supervision du
M. Adelphe SA'A LAPA
Docteur ès Sciences de Gestion
Enseignant permanent à l'Université
Catholique d'Afrique Centrale (UCAC)
Avril 2017
Sommaire
Sommaire
ii
DEDICACE
iii
REMERCIEMENTS
iv
LISTE DES ACRONYMES
v
LISTE DES TABLEAUX
vi
LISTE DES FIGURES
vii
RESUME
viii
ABSTRACT
viii
Introduction
générale
9
Première
partie : LA BANQUE DE DETAIL ET LA DISTRIBUTION DES PRODUITS ET SERVICES
FINANCIERS
19
CHAPITRE I : LA DISTRIBUTION MULTICANAL DANS
UNE BANQUE DE DETAIL
21
SECTION I : GENERALITES SUR LA
DISTRUBUTION MULTICANAL EN MILIEU BANCAIRE
22
SECTION II : EVALUATION DU SYSTEME DE
DISTRIBUTION MULTICANAL DANS UNE INSTITUTION BANCAIRE
33
CHAPITRE II : LES DETERMINANTS DE LA
PERFORMANCE DES CANNAUX DE DISTRIBUTION BANCAIRE
42
Section I : GENERALITES SUR LE CONCEPT DE
PERFORMANCE
43
SECTION II : LA PERFORMANCE DES CANAUX DE
DISTRIBUTION BANCAIRE : DES INDICATEURS DE MESURE
53
DEUXIEME
PARTIE : LA DISTRIBUTION MULTICANAL DE SCB CAMEROUN : DIAGNOSTIC ET
OPTIMISATION
66
CHAPITRE III : DIAGNOSTIC DE LA STRATEGIE
MULTICANAL DE SCB CAMEROUN
68
SECTION I : LE MARCHE BANCAIRE
CAMEROUNAIS : EVOLUTION ET STRATEGIE DES ACTEURS
68
SECTION II : IDENTIFICATION DES PRINCIPALES
SOURCES DE CONTRE PERFORMANCE DE LA DISTRIBUTION MULTICANAL DE SCB CAMEROUN
79
CHAPITRE IV : RECOMMANDATIONS POUR UNE
OPTIMISATION DE LA DISTRIBUTON MULTICANAL DE SCB CAMEROUN
95
SECTION I : DES RECOMMANDATIONS SUR LE
PLAN ORGANISATIONNEL, TECHNIQUE ET COMMERCIAL
95
SECTION II : BUSINESS CASE
101
CONCLUSION GENERALE
111
BIBLIOGRAPHIE
116
ANNEXES
121
Tables des matières
137
DEDICACE
« Apprendre, c'est déposer de l'or dans la
banque de son esprit », ShadHelmstetter.
A mes parents, Benjamin et Eléonore
Léa TEKOUTSAP. Grâce à vous, ma banque dispose
d'assez de ressources. En reconnaissance de tous les efforts que vous avez
consentis durant mon parcours, je fais de vous les dédicataires de cette
oeuvre.
REMERCIEMENTS
Nous tenons à exprimer notre profonde gratitude
à :
- Notre directeur de mémoire, le Docteur
Adelphe SA'A LAPA pour sa disponibilité, ses conseils
et son accompagnement tout au long de ce travail de recherche ;
- L'ensemble du corps professoral du Master Banque et Finance
(MBF) de l'Université Catholique d'Afrique Centrale, et plus
particulièrement le Professeur Hubert NGNODJOM
(Coordonnateur de la Filière), M. Eric NGAH ELOUNDOU
pour leurs enseignements et conseils indispensables à la production de
ce document ;
- L'ensemble du personnel de la SCB Cameroun notamment le
staff de la Banque Multicanal avec qui nous partageons une excellente relation
de travail depuis bientôt trois ans. Mme Roselyne MPOUDI
NGOLE, M. Eric Stéphane INGWAT, M. Guy
Marcel SIMO pour leur accueil, leur encadrement et les
différentes formations dont nous avons
bénéficiées ;
- Nos camarades de la promotion MBF 2014 et amis
Victor SONMENE, Vanessa NGO MANDENG,
Clara ELOUGA, Uriel NANA pour les relectures et les
différentes remarques pour l'amélioration de la qualité de
ce document ;
- Nos frères et soeurs (Dilane LONTSI,
Jessy FOUOTSOP, Floriane MANETSOP,
Patrick FOPA), nos oncles et tantes (Jonas
TIDO, William WAMBA, Lilie
MALONZEU, André TSAPI, Henri TSAKOU
et Claudette FOKOU) pour leur soutien financier et
moral tout au long de notre formation ;
- Carole Diane ZANKIA KENFACK pour ses
précieux conseils et son soutien moral quasi quotidien tout au long de
ce travail de recherche.
LISTE
DES ACRONYMES
· AWB : Attijariwafa Bank
· BAD : Banque à Distance
· BMC : Banque multicanal
· BEAC : Banque des Etats de
l'Afrique Centrale
· CA : Crédit agricole
· CEMAC : Communauté
Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale
· COBAC : Commission Bancaire de
l'Afrique Centrale
· CRM : Customer Relationship
management
· CSP : Centre support produit
· DAB : Distributeur automatique de
billet
· EMF : Etablissement de
Microfinance
· ERP : Enterprise Resources
Planning)
· ETP : Employé à
temps plein
· FAQ : Foire aux questions
· GAB : Guichet automatique de
banque
· IHH : Indice de Herfindahl -
Hirschmann
· NTIC : Nouvelles technologies de
l'information et de la communication
· PNB : Produit net bancaire
· ROI : Return On Investment
· RSE : Responsabilité
sociétale de l'entreprise
· SAV : Service
après-vente
· SIB : Système
d'information bancaire
· SMS : Short Message Service
· TPE : Terminal de paiement
électronique
LISTE
DES TABLEAUX
Tableau 1.1: Les avantages du multicanal : du
point de vue de l'entreprise.
Tableau 1.2 : Risques associés
à une stratégie de distribution multicanal.
Tableau 2.1 :
Quelques approches de la performance.
Tableau 2.2 : Les
indicateurs de performance du Tableau de Bord Prospectif
Tableau 2.3 :
Modèle de la performance selon Morin
Tableau 3.1: le profil des
répondants
Tableau 3.2 : Evolution statistiques
canal GAB.
Tableau 3.3 : Statistiques transactions
financières (retraits) sur canal GAB.
Tableau 3.4 : Analyse de la
rentabilité du canal GAB à la SCB Cameroun.
Tableau 4.1 : Simulation de la
transformation du portefeuille actuel du stock de cartes via l'outil de CRM.
Tableau 4.2 : Benchmark du marché
des TPE bancaires au Cameroun
LISTE
DES FIGURES
Figure 1.1 : La conception verticale du canal
de distribution
Figure 1.2 : La conception horizontale du
canal de distribution
Figure1.3 : Les six facteurs explicatifs du
développement des réseaux de distribution multicanaux
Figure 2.1 : Modèle
d'évaluation de performance selon Norton et Kaplan
Figure 2.2 : Système
d'évaluation de la performance de la banque multicanal
Figure 3.1 : Modèle conceptuel de
la satisfaction du client dans un contexte multi canal
Figure 3.2 : Analyse comparative
retraits espèces canal GAB, canal Agence
Figure 3.3 : Retraits par type de GAB et
cartographie des opérations sur GAB en 2015
Figure 3.4: Arbre à
problème.
Figure 4.1. : Profilage client canal
GAB
Figure 4.2. : Profilage client
utilisation de la carte bancaire
Figure 4.3. : Profilage client
utilisation de la carte bancaire
RESUME
Durant ces vingt dernières années, de nombreux
bouleversements sont venus modifier le paysage bancaire camerounais.
L'émergence de nouvelles technologies a été à
l'origine de la multiplication des canaux de distribution, d'un remaniement en
profondeur de nos environnements de travail, de consommation et de
sociabilité. La révolution numérique a
véhiculé une nouvelle façon de faire la
banque, notamment une offre de produits et services sur mesure à la
clientèle. L'objectif principal de notre travail est d'apprécier
la stratégie de distribution des produits et services bancaires de SCB
Cameroun, d'en décrire les évolutions et les mécanismes,
d'évaluer sa performance. La méthode d'analyse s'appuie sur
l'étude de la relation entre groupe stratégique, stratégie
de clientèles et politique multicanal. Les principaux résultats
de cette étude font ressortir deux grandes tendances. En premier lieu,
le constat d'un double objectif assigné au modèle de distribution
de la banque (en interne, une volonté de l'innovation et de
réduction de coûts ; en externe, des objectifs à la fois de
conquête, de connaissance et de fidélisation de la
clientèle). En second lieu, une exploitation sous optimale des
différents canaux et une absence de synergie entre ceux-ci qui rendent
la distribution bancaire inefficiente.
Mots clés : NTIC, distribution
bancaire, banque de détail, stratégie multicanal.
ABSTRACT
During these last twenty years, numerous upheavals came to
modify the Cameroonian banking landscape. The emergence of new technologies was
the origin of the increase of distribution channels, an in-depth reorganization
of our working environments, of consumption and sociability. The digital
revolution conveyed a new way of making the bank in particular offering
customized products and services to customers. The main objective of our work
is to appreciate the distribution strategy of SCB Cameroon's banking services
and products, to describe its evolutions and the mechanisms, to estimate its
efficiency. The method of analysis relies on the study of the relationship
between strategic group, clientele's strategy and multi-channel politics. The
main results of this study highlight two big trends. First of all, the report
of a double objective assigned to the model of distribution of the bank
(internally, a will of innovation and reduction of cost; externally, both
conquisition objectives and knowledge of customer loyalty development).
Secondly, an under optimal exploitation of the various channels and the absence
of synergy between those which make the banking distribution inefficient.
Keywords: NTIC, banking distribution, retail
banking, multi-channel strategy.
Introduction générale
1.
CONTEXTE DE L'ETUDE
Les réformes monétaires et financières
engagées à la suite des crises bancaires des années 80 et
90 ont permis au secteur bancaire camerounais de connaitre un regain de
vitalité avec la liquidation ou la restructuration des banques
défaillantes et l'arrivée de nouveaux acteurs sur le
marché (Avom et Eyeffa1(*), 2007). En effet au cours des deux dernières
décennies, ce secteur a connu de nombreuses mutations et programmes de
fusion-scission avec pour but de permettre aux banques de consolider leurs
assises financières, d'assainir leurs portefeuilles de créances
douteuses et d'accroitre leurs niveaux de performance afin de s'arrimer aux
exigences d'un paysage financier de plus en plus concurrentiel.
Si pour leur grande majorité elles demeurent encore des
banques commerciales, on observe depuis quelques années une nette
évolution du portefeuille des métiers2(*) des banques camerounaises,
marquée par deux types de transformations : externes et internes. Au
niveau externe, la configuration de l'environnement d'exercice des
activités bancaires a beaucoup évolué sous l'effet des
forces comme la globalisation des économies, les modifications
réglementaires, la pression concurrentielle, l'émergence de
nouveaux acteurs financiers3(*), l'instauration du Service Minimum Bancaire4(*) (SMB), les innovations
financières et les Nouvelles Technologies de l'Information et de la
Communication (NTIC). Au niveau interne, une profonde mutation s'est
opérée en termes de gestion et d'orientations stratégiques
au sein des établissements bancaires. En effet, à
côté de l'extension des réseaux d'agences, on assiste
désormais au développement des activités sur le
marché financier, l'essor de la bancassurance, l'accroissement de
services générateurs de commissions, la distribution des produits
et services via une approche multicanal (internet, technologie mobile,
automates bancaires, terminaux de paiement5(*) etc.).
Concernant cette dernière stratégie, elle est au
coeur des préoccupations des entreprises bancaires ces dernières
années6(*). En effet,
la révolution technologique en matière d'information et de
communication a permis de nouvelles formes de distribution de services
bancaires telles la banque à distance (BAD) et a poussé les
établissements financiers à une stratégie visant la
proximité avec la clientèle grâce à l'utilisation de
nouveaux canaux. Globalement ces canaux se regroupent suivant deux grandes
catégories :
· Les agences : canaux
traditionnels de la distribution bancaire, ce sont les points de vente des
banques. Elles ont pour mission de s'adapter au marché qui les entourent
en collectant et en traitant l'information sur les besoins et les attentes de
la demande de proximité, de valoriser les relations avec les clients, de
développer et entretenir la clientèle existante (La
Villarmois7(*),1999).
L'activité des agences est fondée sur leur capacité
à distribuer des produits bancaires et à maintenir les relations
avec la clientèle : elles contribuent ainsi au processus de
production de la banque ;
· Les autres canaux de
distribution : plus récents, ils doivent leur
émergence à la révolution numérique de la fin des
années 1970. Ce sont les distributeurs automatiques de billets / guichet
automatique de banque (DAB / GAB), les plates-formes
téléphoniques, Internet, les terminaux de paiements
électroniques (TPE), qui ont principalement la caractéristique
d'une relation anonyme. Ils constituent globalement ce
que Villates8(*) (2009) a
défini comme « la banque à distance »
entendue comme « toute activité bancaire destinée à
un client ou à un prospect, se déroulant à partir d'un
point de service électronique (terminal de paiement, guichet
automatique, internet etc.) et utilisant un système de
télécommunication ».
De par sa nature, l'émergence du multicanal a fortement
affecté l'activité de distribution des firmes bancaires. Une
stratégie de distribution à plusieurs canaux permet à une
entreprise de multiplier les possibilités de contacts avec sa
clientèle actuelle et potentielle, dans le but d'accroître ses
ventes et d'améliorer la qualité de la relation avec ses clients
tout en diminuant ses coûts globaux de distribution. Le client pour sa
part, voit s'amoindrir sinon disparaître, certaines barrières
(géographiques, temporelles, etc.), ce qui lui facilite l'accès
aux services de son prestataire. A titre d'illustration, la
téléphonie mobile, Internet et les automates bancaires ont
significativement réduit ces dernières années, les
contraintes géographiques et les coûts de transaction tout en
offrant aux banques commerciales une stratégie d'expansion à
faible coût9(*). En
Afrique Subsaharienne par exemple, on dénombre au moins 145
millions10(*) de comptes
mobile money11(*)actifs,
près de 45% de la population utilisant des services bancaires en
ligne12(*), 253 millions
d'abonnés mobiles uniques avec les avantages offerts par la 4G etc.
Conséquence, à côté de la densification des
réseaux d'agence, on note désormais une volonté accrue des
établissements bancaires à s'intégrer dans la dynamique
des NTIC en proposant à la clientèle une offre accessible et sur
mesure. Ce renforcement du modèle de distribution multicanal a un double
objectif : la première est de coordonner les modes d'accès
au client et de contrer l'offensive de nouveaux acteurs
spécialisés dans la distribution des produits financiers
(sociétés de transfert d'argent, entreprises de
télécommunication, Microfinance, fintech, etc.) ; la
seconde, accroitre le PNB et réduire les coûts liés
à la distribution physique des produits et services.
Toutefois, l'analyse de certains indicateurs du marché
bancaire camerounais mitige les résultats de cette stratégie.
Même si les paiements dématérialisés sont devenus la
règle et que les usages mobiles se généralisent, la part
des clients se rendant en agence au moins une fois par mois reste
élevée (99%), les services offerts par les nouveaux canaux ne
correspondent pas toujours aux attentes de ces derniers (Seck13(*), 2009). Et pour la plupart des
clients, leur expérience multicanal, à côté de la
crainte généralement suscitée par l'utilisation des TIC
n'est pas toujours satisfaisante14(*).
En outre, en dépit de l'évolution ascendante du
volume des dépôts et des crédits bancaires ces
dernières années, les besoins de financement des clients restent
importants et le taux de bancarisation n'excède pas 15%15(*) ; le taux
d'intermédiation moyen des banques se situe à 75,6% pour un taux
global de créances douteuses de 9,63%16(*).Avec une moyenne de 18 agences bancaires (et de 35
GAB) par établissement dans un contexte où l'on évoque la
surliquidité du système bancaire17(*), les clients s'estiment sous équipés
par rapport à leur demande et la qualité de service perçue
des différents canaux reste relativement faible. Si pour la Commission
Bancaire de l'Afrique Centrale18(*) (COBAC), la majorité des banques de la
Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale (CEMAC)
semblent solvables, rentables, et au mieux liquides, elles ne parviennent pas
à satisfaire les énormes besoins de financement de
l'économie et n'offrent pas tous les services financiers demandés
par les populations. Ce constat de contre-performance générale
sur le marché bancaire est valable pour la SCB Cameroun dont le
multicanal constitue la clé de voute de sa stratégie commerciale.
En effet, sur les derniers exercices, à côté de
l'indisponibilité récurrente des canaux numériques
notamment mobile et Internet, le canal GAB a enregistré un
résultat net négatif. Ce qui traduit à priori une offre de
produits et services souvent inadaptée, une connaissance client
(segmentation de la clientèle et plan de maillage) inefficace ou une
mauvaise intégration des différents canaux de distribution
etc.
2.
PROBLEMATIQUE
Le métier de banquier a fortement évolué
ces dernières années. L'agence bancaire, auparavant
élément central de la relation bancaire et de la distribution des
produits, est devenue un maillon d'une organisation plus complexe
intégrant d'autres canaux de communication et de distribution (Internet,
centre d'appel, serveurs vocaux, etc.). Pour le client avisé, il est
devenu impensable que la banque ne mette pas à sa disposition ces outils
qui lui sont devenus familiers et quotidiens (Villates, Op. Cit.). La
question stratégique est désormais de savoir quel canal offrir
à quel profil de client, potentiellement « multicanal ». La
réponse serait de parvenir à orchestrer et à harmoniser
entre eux ces canaux, afin que chaque client puisse choisir celui qui convient
le mieux à sa situation du moment, selon l'heure, le lieu, la
circonstance, le besoin. Face au nouveau paradigme de « banque à
accès multiple », les banques camerounaises se sont pour la
plupart, positionnées sur un métier de distributeur multicanal.
Les réseaux d'agence qui constituent des actifs compétitifs
majeurs des banques ont été réorganisés avec un
élargissement de la gamme des services distribués et un effort
substantiel d'investissement dans le nouveau canal de la banque à
distance a été réalisé. Cette stratégie
multicanal implique un système de pilotage bancaire global.
La stratégie multicanal a permis le renforcement des
bases de données clients ainsi qu'une meilleure connaissance des
segments de clientèle grâce à l'ensemble des informations
collectées à travers les différents canaux. Si ces
éléments sont des préalables nécessaires à
la mise en place d'une relation client, ils ne sont pas suffisants car
l'utilisation de cette information reste à optimiser. L'analyse du
marché bancaire camerounais montre que les banques commerciales se sont
alignées pour la quasi-totalité sur une offre proche d'un multicanal indifférencié. Celles-ci
proposent plusieurs canaux de distribution à leur clientèle sans
définir de préférences à priori. En dépit
des efforts mis en place pour singulariser leurs offres respectives, cette
stratégie semble peu performante. En effet, selon Stern et al19(*). (1996), les canaux de
distribution sont performants lorsqu'ils sont efficaces, efficients et
équitables. En d'autres termes, s'ils permettent à la banque de
stabiliser voire d'accroitre sa clientèle en répondant à
ses attentes, de réduire les coûts tout en donnant à chaque
acteur les mêmes chances d'accéder à chaque canal.
Cependant, les différents canaux ne respectent pas toujours
simultanément ces trois dimensions (Lecat20(*), 2006).
En effet, une stratégie multicanal n'est pas
dénuée de risques, dont la nature et l'intensité varient
selon les entreprises : « les problématiques liées à
la distribution multicanal sont de plusieurs ordres et se posent
différemment selon que l'entreprise existe ou qu'elle se crée. Il
s'agit en effet soit d'un canal de distribution complémentaire, soit
d'un canal nouveau. Pour les entreprises existantes, la question de la
substitution ou de la complémentarité par rapport aux circuits
existants se pose » (Kalika21(*),2000). Ainsi, le risque de
« cannibalisation » est grand en ce sens que les nouveaux
canaux peuvent détruire la valeur des ressources financières
précédemment investies dans les canaux existants et
réduire de ce fait la rentabilité de l'entreprise, dans
l'hypothèse où les clients se détourneraient massivement
des canaux existants au profit des nouveaux canaux (Vanheems22(*),1995). De plus, la
qualité de service de chaque canal (virtuel ou physique) doit être
homogène de façon à rendre l'expérience multicanal
du client satisfaisante. L'émergence de conflits ou l'absence de
coordination entre les canaux, constituent autant d'obstacles
supplémentaires à la réussite d'une stratégie
multicanal (Plé23(*), 2006). Ainsi, il faut éviter la
compétition entre les différents canaux mais penser à
optimiser leurs complémentarités. Cette optimisation doit tenir
compte des causes à l'origine de la contre-performance de ceux-ci dans
notre contexte. D'où notre question de recherche : quels
sont les facteurs qui expliquent la mauvaise performance de la stratégie
multicanal de la SCB Cameroun ?
3.
PROPOSITIONS DE RECHERCHE
Le secteur bancaire est aujourd'hui l'un des secteurs les plus
avancés en matière de distribution multicanal (Seck24(*), 2010). Certaines
opérations sont réalisées directement par le consommateur
lui-même (consultation de compte, virement de compte à compte,
édition de relevé bancaire, etc.), afin de permettre à la
force de vente de se concentrer sur des activités plus
génératrices de PNB. La banque qui opte pour cette
stratégie multicanal doit inciter les clients à choisir le canal
de distribution le moins coûteux surtout pour la demande de produits
standards (solde et relevé de compte par exemple) et à faible
marge pour ainsi redéployer les moyens libérés dans les
agences vers les demandes de produit à forte marge : l'accueil, le
conseil, la souscription des produits etc. La logique de ce modèle est
de répartir la valeur ajoutée des opérations suivant le
coût des canaux de distribution. Or, les
modèles de distribution des banques camerounaises n'ont pas
réellement évolué pour laisser de la place aux canaux
alternatifs. Ceux-ci se sont donc imposés comme une juxtaposition de
couches autour de l'agence qui reste au centre de la relation bancaire.
Plusieurs causes peuvent expliquer la mauvaise performance des
mécanismes de distribution multicanal dans une banque de détail.
Parmi les plus significatives évoquées dans la
littérature, nous en avons retenu deux afin d'étudier dans
quelles mesures elles s'y appliquent et quelle est leur influence. Comme
tentatives de réponse à la question posée dans notre
problématique, nous avons formulé les propositions
suivantes :
Proposition 1 : une absence de
coordination entre les différents canaux de distribution ;
Proposition 2 : la qualité du
système d'information bancaire tant en termes de fonctionnalités,
que dans sa capacité à restituer les données sur
l'ensemble des canaux.
4.
METHODOLOGIE
Notre étude empirique porte sur la
Société Commerciale de Banque Cameroun. Le choix de cette banque
est justifié par le fait qu'à ce jour, elle dispose d'une offre
multicanal variée et détient le plus large réseau
d'agences et d'automates bancaires sur le marché. Cette dynamique de
maillage de terrain constitue l'un des principaux axes stratégiques de
la banque à côté de l'effort significatif qu'elle a
réalisé ces dernières années pour élargir
son offre banque à distance. Afin de proposer des pistes d'optimisation
adéquates, nous allons tester la validité des propositions
formulées plus haut.
Test proposition 1 :
Ce test sera l'occasion de faire un diagnostic de la politique
de distribution de la banque. Il sera question ici d'évaluer les
stratégies de clientèle et la politique multicanal de SCB
Cameroun. En premier lieu, apprécier l'offre multicanal de la banque et
ses objectifs. En deuxième lieu, d'évaluer la performance
perçue des différents canaux par les clients et le degré
de complémentarité entre ceux-ci. L'idée est de valider ou
non l'hypothèse sous tendant l'absence de synergie entre les
différents canaux comme cause de la contre-performance de la
stratégie multicanal de l'établissement.
La collecte de données pour cette évaluation se
fera sur la base :
· D'entretiens semi directifs avec les responsables de la
banque multicanal et du contrôleur de gestion de l'établissement
bancaire ;
· D'un modèle d'évaluation de la
performance relative des différents canaux de distribution de la
banque ;
· D'une enquête réalisée
auprès de la clientèle pour jauger les prestations et le niveau
de complémentarité des différents canaux de distribution
au cours de leurs expériences respectives.
Test proposition 2 :
L'un des freins majeurs à toute stratégie
multicanal est une mauvaise connaissance client. Il est question ici de faire
une analyse du portefeuille client en corrélation avec les
différents canaux de distribution proposés par la banque. Ceci
passe par un diagnostic de l'organisation du système d'information
multicanal autour d'une base de données centralisée de la
clientèle. Il est également question d'évaluer l'apport
des récents projets du système d'information sur
l'amélioration des performances des canaux de distribution.
5.
OBJECTIF DE L'ETUDE
Le contexte actuel de concurrence dans le secteur bancaire
camerounais rend indispensable une amélioration de la connaissance et du
suivi des conditions de la rentabilité bancaire, notamment en ce qui
concerne la distribution des produits et services financiers. L'objectif
premier de cette étude est de pouvoir répondre à la
question : « doté d'un large réseau d'agences et
d'une offre de BAD diversifiée, la distribution des produits et services
à la SCB Cameroun s'effectue-t-elle suivant un modèle
optimal ? ». En second lieu, il est question de proposer
à la banque, des leviers d'actions correctrices après avoir
identifié les sources d'inefficience. Ainsi, la banque disposera
d'éléments pour juger de la performance de ses différents
canaux de distribution, de la rentabilité du réseau qu'elle
dirige, du niveau de satisfaction de ses clients et éventuellement
revoir sa politique multicanal et de maillage de l'espace.
6.
INTERET DE L'ETUDE
L'intérêt de cette recherche est double. Le
premier est d'ordre scientifique et méthodologique. En effet, l'impact
du numérique sur les pratiques bancaires, les potentialités
offertes par la nouvelle économie au secteur bancaire, la performance de
la banque à distance n'ont pas fait l'objet d'une étude
approfondie dans notre contexte. Comme l'a souligné Plé (2006),
« sur un plan théorique, bien que leur nombre aille croissant,
les publications académiques qui traitent des réseaux de
distribution multicanaux restent encore relativement peu
abondantes ». Notre travail tente de conceptualiser et de proposer
une approche afin d'optimiser la distribution des services financiers à
la clientèle. L'autre intérêt de cette recherche est
d'ordre pratique et se décline sous forme de propositions en
l'endroit de l'établissement objet de l'étude. En effet, elles
peuvent contribuer à : développer les synergies entre les canaux
de distribution afin de conquérir de nouveaux clients, de
répondre aux préférences des consommateurs, d'exploiter
l'intégralité du potentiel client par un maillage territorial
optimisé et enfin de promouvoir de nouveaux formats des canaux de
distribution pour améliorer le confort de la relation client.
7.
PLAN DU TRAVAIL
Ce travail de recherche est construit en deux parties. Une
première partie pose le cadre théorique et permet une
première compréhension du concept de multicanal dans le domaine
bancaire. Elle comprend deux chapitres : le premier chapitre revient sur
l'enjeu stratégique que revêt la distribution pour une banque de
détail et les conditions de développement des réseaux de
distribution multicanaux. Le second chapitre dresse un aperçu de la
littérature sur la performance des canaux de distribution ainsi que les
principaux indicateurs de mesure.
Une deuxième partie qui revêt un aspect plus
pratique s'organise autour de deux chapitres. Le premier chapitre sert de test
aux hypothèses posées et présente les résultats
empiriques. Ce chapitre expose également les facteurs explicatifs de la
contre-performance de la distribution bancaire à la SCB Cameroun. Dans
le deuxième chapitre, des recommandations sont proposées en vue
d'une gestion optimale des différents canaux de distribution de
l'établissement bancaire.
Première partie : LA BANQUE DE DETAIL ET LA DISTRIBUTION DES PRODUITS ET
SERVICES FINANCIERS
L'objectif de cette partie est de préciser le cadre de
la recherche en définissant avec plus de précision les concepts
de multicanal, de distribution bancaire, de réseau de distribution
multicanal et de performance bancaire.
Le premier chapitre participe d'une démarche
explicative basée tant sur la description que sur l'analyse de la
littérature. Nous cherchons à définir ce qu'est un canal
de distribution, le multicanal, et plus précisément, un
réseau de distribution multicanal. La première section nous
permet de constater l'abondance relative des travaux sur la distribution
multicanal des banques de détail sur des marchés matures (Europe,
Amérique du Nord). La seconde section est tournée vers l'analyse
de leurs conditions de développement. Notre but est de comprendre les
raisons de leur utilisation croissante, et de mettre en évidence leurs
avantages et de leurs limites, tant pour les entreprises bancaires que pour
leurs clientèles.
Le second chapitre permet de mieux cerner notre
problématique. Tandis que la première section dresse une revue de
la littérature sur le concept de performance bancaire, la
deuxième section fait état des principaux indicateurs de mesure
de performance des canaux dans un contexte de distribution multicanal.
CHAPITRE I : LA DISTRIBUTION MULTICANAL DANS UNE BANQUE
DE DETAIL
Selon Frantz Rowe25(*) (1994), l'activité de distribution occupe une
place stratégique pour la banque de détail. Des quatre leviers
d'action que constituent les variantes du marketing-mix (place, prix, produit,
promotion), seule la politique de distribution semble être la plus
opérationnelle, la différenciation par les prix ou par les
produits étant délicate. Cette place est encore plus importante
pour ce type de banque dans la mesure où elle représente moyenne
65% des coûts bancaires26(*).
Pour Badoc27(*) (2013), « l'élaboration d'une politique
de distribution constitue probablement la décision la plus lourde pour
la banque ». En effet, cette stratégie est déterminée
par des facteurs aussi divers et inter reliés que le coût
financier, les conséquences sociales des décisions qui s'y
rapportent, la réglementation, l'adéquation du système
d'information, la politique de sécurisation des transactions, la
cohérence avec la politique commerciale etc. L'importance
stratégique de ces décisions transparaît également
dans les travaux de Lamarque28(*) (1999). Les résultats de son étude
empirique montrent qu'avec la gestion des risques, l'architecture du
réseau de distribution est une compétence distinctive, qui permet
la construction durable d'un avantage concurrentiel.
L'accroissement de la concurrence a incité les banques
à s'investir dans de nouveaux canaux de distribution. La politique de
distribution consiste à choisir un (ou plusieurs) canal (canaux) de
distribution et à constituer un réseau compte tenu des
stratégies suivies. La fonction de distribution dans
le secteur bancaire a connu une évolution qui rivalise avec
l'évolution des services proposés par les banques, qui ont
multiplié les canaux et dont la gestion est de plus en plus
délicate. La banque de détail moderne doit adapter sa
stratégie de distribution et faire face aux nouveaux défis dont
Badoc (Op. Cit.) a identifié les quatre composantes :
- Undéfi économique
qui fait naître des préoccupations liées au coût des
différents canaux de distribution et des réseaux qui impacte
considérablement la rentabilité globale de l'institution ;
- Undéfi commercial qui place
l'établissement financier dans une situation délicate face aux
attentes d'une clientèle hétérogène (particuliers,
PME, professionnels etc.) et plus exigeante (besoins de disponibilité,
de tarification adaptée et du sur-mesure) ;
- Undéfi concurrentiel
impulsé principalement par les mécanismes de
concentrations, les effets de la mondialisation, le développement des
fintech etc. ;
- Undéfi lié à la technologie
qui demeure un vecteur incontournable dans la nouvelle
distribution et dont l'évolution pourrait fortement influencer le poids
des réseaux dans les charges d'exploitation des banques.
Une stratégie de distribution multicanal est devenue
une nécessité pour les entreprises de service à l'instar
des banques car, « au-delà de la dimension transactionnelle
(productivité), elle introduit une dimension relationnelle qui raffermit
la relation entre l'entreprise et ses clients ». Qu'entend-t-on par canal
de distribution ? Qu'est-ce qu'un réseau de distribution
multicanal ? Avant d'apprécier la pertinence de l'évaluation
du système de distribution multicanal dans une banque de détail
(Section II), nous donnerons en premier lieu un aperçu
de la littérature sur le concept de multicanal (Section
I).
SECTION I : GENERALITES SUR LA DISTRUBUTION MULTICANAL EN
MILIEU BANCAIRE
La multiplication des formats de vente comme modèle de
distribution des produits et services bancaires a été
impulsée principalement par deux principaux facteurs : la
diversité des attentes du consommateur et l'évolution des NTIC.
Nous définirons quelques notions autour du multicanal (I)
avant de présenter les différents canaux bancaires
(II).
I.
Du canal au réseau de distribution multicanal
Les définitions de canal distribution (marketing
Channel29(*)) sont autant
diverses que la littérature sur le sujet. Pour J'allais30(*) (1997), un canal de
distribution représente « le chemin parcouru par un produit,
lorsqu'il quitte le secteur de production pour atteindre le consommateur final,
ce chemin étant jalonné d'intermédiaires remplissant
diverses fonctions ». Filer31(*)(2000) considère le canal de distribution comme
« l'ensemble des institutions qui supportent les flux physiques et les
flux d'informations permettant l'achat des produits par l'acheteur final
». Pour Lendrevie32(*) et Lindon (2013), « un canal de
distribution est l'ensemble d'intermédiaires de même type qui
contribuent à la distribution des produits de l'entreprise ».
Un canal de distribution33(*) peut être considéré comme
étant un sous-ensemble d'un circuit de distribution, le circuit
correspondant à la totalité des canaux utilisés pour
distribuer soit une catégorie, soit un ensemble de biens et services
donnés. On considère le canal ici au sens de structure
d'exploitation commerciale, c'est-à-dire comme un sous-ensemble
d'activités de gestion de la relation client d'une entité,
dotée de sa propre organisation, de ses moyens et offrant des
possibilités d'échanges avec une clientèle ciblée
ou non. C'est un élément de la structure qui peut mettre en
oeuvre plusieurs médias. Un canal est « un ensemble
d'organisations interdépendantes participant au processus de mise
à disposition des biens et services pour usage et/ou
consommation ».
L'analyse des définitions ci-dessus laisse une certaine
confusion entre les concepts de canal et media d'une part, et on note une
interprétation duale du terme canal de distribution.
1.
Le canal de distribution : deux approches complémentaires
La notion de média et celle de canal s'utilisent
confusément (Benavent34(*) et Gardes, 2009). En effet si un canal de
distribution, en servant un ensemble de produits à un groupe bien
déterminé de clientèle, peut être
considéré comme unité cohérente d'un point de vue
organisationnel, la notion de média s'attache, quant à elle au
moyen technologique qui permet de transmettre un message ou une information.
Les configurations peuvent dès lors être multiples et si pour une
entreprise un média peut correspondre à un canal, pour une autre,
il peut en participer (Benavent et Gardes ; Op. Cit.). Ce
phénomène est fréquent dans le milieu bancaire. Par
exemple, la messagerie électronique peut être un substitut au
courrier traditionnel dans l'envoi des relevés de comptes. Le courrier
et le message électronique sont d'un point de vue technique des
médias différents, ils le sont aussi du point de vue de l'usage,
leur conservation ou leur valeur juridique n'étant pas identiques.
Cependant ils participent à un même canal, le canal à
distance, dans lesquels ils peuvent être utilisés de
manière complémentaire au canal principal qui serait l'agence
bancaire. Un canal peut donc être considéré une combinaison
de média. Cette définition a néanmoins une limite en ce
sens que cette combinaison de média doit correspondre à une
unité organisationnelle et décisionnelle qui associe les
finalités commerciales de la banque à un groupe de consommateur
et une fonction pour le client, définissant ainsi une certaine
modalité de la relation bancaire. La littérature fait ressortir
deux approches du canal de distribution.
i.
Perspective verticale du canal de distribution
Un canal de distribution s'organise autour de plusieurs
membres qui la composent (Plé, Op. Cit). Par membre, on entend
toutes les organisations ou entreprises, incluses dans la chaîne partant
du producteur jusqu'au client final, utilisateur du bien ou service. Le canal
est ainsi composé non seulement du producteur, mais aussi et surtout de
tous les intermédiaires qui le séparent du consommateur final. On
conçoit dans cette configuration le canal de distribution comme un
système, un ensemble d'entités autour desquelles il est
organisé. On se situe ici dans une perspective verticale du canal de
distribution ; le niveau d'analyse étant, dans cette perspective,
presque exclusivement inter organisationnel (sauf dans le cas où
l'entreprise est verticalement intégrée).
Figure 1.1 : La conception verticale du canal
de distribution
PRODUCTEUR
GROUPE DE GROSSISTE
GROSSISTE
DETAILLANT
CONSOMMATEUR
D'après la figure de Loïc PLE (2006, page
19).
ii. Perspective horizontale du canal de distribution
Cette définition a pour origine la relative
ambiguïté qui existe dans l'utilisation du terme canal de
distribution selon que l'on considère les définitions issues
d'auteurs francophones ou anglo-saxons. En effet, selon Plé (Op.
Cit.), la langue française (et il en va de même en langue
anglaise) nuance le mot « canal ». La locution « par le canal de
» veut dire « par l'intermédiaire de... par l'entremise
de35(*)... », proche
de la notion d'interface. Ainsi, on peut dire que le canal en tant que
signifié se voit attribuer deux signifiants différents : un
ensemble d'organisations interdépendantes d'une part, et une interface
d'autre part. Ces deux signifiants renvoient à une distinction de la
littérature, qui d'un côté parle du canal de distribution,
comme ensemble d'institutions, et d'un autre, des canaux de distribution, comme
interfaces entre l'entreprise chargée de distribuer le produit ou
service, et le client final. Filser (2000) relevait déjà cette
ambivalence « les descriptions des systèmes de distribution
distinguent les canaux de distribution et les formes de vente au détail.
Ce clivage entre la dimension verticale du canal et l'interface entre le canal
et le consommateur se retrouve également dans les travaux à
caractère analytique qui tentent d'expliquer le fonctionnement des
canaux de distribution ». Ce dernier a ainsi défini un canal comme
« l'interface entre le canal et le consommateur ».
Figure 1.2 : La conception horizontale des
canaux de distribution
CENTRE D'APPELS
CATALOGUE
POINT DE VENTE
INTERNET
ENTREPRISE DISTRIBUTRICE
CONSOMMATEUR FINAL / UTILISATEUR
D'après la figure de Loïc PLE (2006, page
19).
Cette figure ne fait ressortir qu'un nombre limité
d'interfaces. Elle n'indique pas l'ensemble des échanges possibles entre
les différents canaux (le point de vente peut être relié au
site Internet ou au centre d'appels par exemple). Seules certaines interfaces
ont été mises en exergue dans notre schéma : les
représentants, les services de téléphonie mobile, les
distributeurs automatiques etc. sont autant de possibilités d'entrer en
contact avec le consommateur final pour lui vendre des biens ou des services.
Nous nous situons ici dans ce que nous avons appelé l'approche
horizontale du canal de distribution, le canal représentant une
interface entre le client et l'entreprise chargée de lui vendre un bien
ou un service. C'est cette approche que nous utiliserons tout au long de ce
travail de recherche.
2.
Le multicanal : caractéristiques générales et nature
des canaux de distribution
D'après Collart36(*)(2001) « le multicanal consiste à
offrir les voies les plus rentables pour distribuer, au sens large, les
produits et services aux clients. L'entreprise va chercher à adapter ses
canaux de distribution aux besoins spécifiques de ses différents
segments de clientèle, de façon à proposer la bonne offre
au bon client au bon moment via le bon canal. Cette approche permet la
couverture optimale du marché : le bon équilibre entre volume et
rentabilité ». Plusieurs caractéristiques du multicanal
émergent de cette définition notamment le nombre de canaux,
leur nature ou leur agencement.
Pour ce qui est du nombre, dire que multicanal
égale(=)plusieurs canaux n'est pas totalement juste. En effet,
considérer le terme multicanal comme synonyme de « plusieurs canaux
» sème une confusion entre des entreprises dont les mix
distributifs peuvent être différents (Plé, 2006). Par
exemple, en considérant le volume d'ouvertures de comptes des clients
particuliers réalisées par chaque canal, comment distinguer,
selon cette définition, une banque qui en réalise 95% en agence
et 5% sur Internet, d'une autre qui en réaliserait 25% sur Internet, 15%
par mobile banking et 65% en agence. De même, comparer une entreprise qui
n'aurait que deux canaux, à une autre qui en utiliserait trois ou quatre
poserait des problèmes de fiabilité comparative selon cet auteur.
En ce qui concerne la nature des canaux, on en distingue
quatre catégories : directs, indirects, online ou offline. Les canaux
directs appartiennent à l'entreprise qui souhaite assurer
elle-même la distribution de ses biens ou services : le producteur
s'adresse directement au consommateur. On se trouve ici dans une perspective
intra-organisationnelle et l'entreprise a le contrôle des canaux qu'elle
utilise. Les canaux indirects, à l'inverse, sont des
intermédiaires (franchisés, agents, courtiers...) chargés
de vendre les biens ou les services, et peuvent parfois se trouver en situation
de concurrence avec les canaux directs. Les canaux online et offline renvoient
à une composante virtuelle du canal de distribution que
représentent Internet, les centres d'appels, les catalogues de vente par
correspondance, les services fournis via un téléphone mobile etc.
Enfin, ces deux typologies, directes et indirectes, onlines et offlines, ne
sont pas nécessairement exclusives l'une de l'autre : une même
entreprise peut très bien avoir à la fois des canaux directs et
indirects, qui peuvent être soit online, soit offline.
On retiendra donc cette définition de
multicanal dans le cadre de notre recherche : « multicanal
= combinaison de plusieurs canaux de distribution, mais dont la nature
juridique peut différer (directs / indirects), de même que le
support qui va être utilisé pour prendre contact avec les clients
et / ou réaliser la vente (online /offline) ». Quant au
réseau de distribution multicanal, nous allons retenir cette
définition de Plé (Op. Cit.) : un réseau de
distribution multicanal est un ensemble d'organisations en contact direct avec
le client (les canaux), qui sont en situation d'interdépendance, plus ou
moins marquée en fonction de l'existence ou non de
différenciations et complémentarités fonctionnelles entre
les canaux qui le composent. Certains canaux peuvent appartenir directement
à l'entreprise productrice des biens et services vendus, tandis que
d'autres lui sont liés contractuellement (franchise, agents...) pour
commercialiser des produits et services (les mêmes ou non) auprès
des clients existants ou potentiels. Chacune de ces organisations peut
être présente online et/ou offline, et remplit un certain nombre
de fonctions complémentaires entre elles et entre les canaux, visant
à assurer rentablement une qualité de service optimale aux
clients de l'entreprise.
II. Les différents canaux bancaires, leurs
évolutions et leurs importances respectives
Si la problématique du multicanal peut sembler
très récente avec l'essor des TIC, il n'en demeure pas moins que
les banques y sont confrontées depuis plusieurs années et ont
été amenées à moderniser leurs différents
canaux d'accès au fil du temps. En effet, la distribution des produits
et services a été longtemps marquée par l'utilisation
exclusive d'un circuit constitué par le réseau d'agences. Cette
exclusivité incontestée jusqu'aux récentes
évolutions est cependant remise en cause par les nouvelles formes de
distributions et surtout par l'incursion de nouveaux concurrents
non-bancaires.
1.
Les types de canaux bancaires
L'analyse de la littérature et l'observation des
pratiques bancaires fait ressortir la coexistence de plusieurs types de canaux
de distribution dans la banque commerciale. A côté de la
distinction canaux transactionnels et canaux relationnels, on a
également une distinction entre les canaux interactifs, les canaux
terrestres, les canaux indirects et les canaux spéciaux. Nous allons
passer en revue les caractéristiques de ces différents types de
canaux.
i.
Les canaux terrestres
Ces canaux de distribution combinent à la fois les
agences implantées dans différentes zones géographiques
avec les guichets automatiques qui y sont rattachés. Une
combinaison à la fois d'un média riche, synchrone, présent
et d'un média pauvre, relativement asynchrone et à faible
présence sociale (Benavant et Gardes, 2009). La combinaison agence
et guichet automatique est généralement la plus courante dans
plusieurs banques du monde.
Ø Les agences bancaires
Historiquement, elles restent le point de vente
privilégié des usagers. Elles ont pour mission de s'adapter au
marché qui les entoure en collectant et en traitant l'information sur
les besoins et les attentes de la demande de proximité, de valoriser les
relations avec les clients, et ainsi de développer et d'entretenir la
clientèle existante (Hubrecht et Dietsch37(*) ;2005). L'activité des agences est
fondée sur leur capacité à distribuer des produits
bancaires et à maintenir les relations avec la clientèle. Les
agences contribuent ainsi au processus de production de la banque.
Au sein d'un réseau bancaire, l'agence est un
distributeur dont l'output correspond à une variété de
services et produits offerts qui facilitent l'échange avec le client et
qui l'aident à entretenir la relation de clientèle. C'est la
direction générale qui détermine la stratégie du
réseau et la communique aux points de vente en décidant de leur
localisation, l'allocation des ressources, l'assortiment de produits et leur
tarification. L'agence bancaire comme canal de distribution reste toujours le
point de contact privilégié des clients sur le marché
bancaire camerounais en dépit de l'émergence des nouveaux canaux.
Elles restent au centre de l'activité bancaire de détail :
moins de 1 % seulement des produits étant vendus par les autres
canaux (notamment l'internet, les GAB, les plates-formes d'appels). Par
ailleurs, les clients souhaitent optimiser leur temps et nombreux sont ceux qui
choisissent leur enseigne bancaire en fonction de la proximité
géographique des agences. Cette contrainte est à l'origine de la
volonté stratégique des principaux acteurs bancaires de mailler
le territoire. Il s'agit d'ouvrir de nouvelles agences pour capter de nouveaux
clients ou au moins ne pas perdre l'existant susceptible de changer pour une
agence plus proche. La multiplication des agences n'est cependant possible
qu'en respectant des contraintes de rentabilité drastiques (Des
Garets38(*) et al. 2009).
C'est pourquoi les banques recherchent actuellement des modèles d'agence
permettant d'atteindre la rentabilité en 2 à 3 ans contre 5 ans
pour les anciens modèles.
Ø Les Guichets automatiques de
banque (GAB /DAB)
Ils ont fait leur apparition au cours des années 1970
dans les marchés bancaires occidentaux. Les distributeurs et guichets
automatiques sont historiquement associés à l'émergence
des cartes bancaires. La première formule utilisée à leur
création était le DAB :un appareil permettant le retrait d'argent
au moyen d'une carte bancaire et d'un code confidentiel individuel. Cette forme
de distributeur en voie de disparition aujourd'hui, a été
remplacée par un outil plus sophistiqué aux nombreuses
fonctionnalités. En effet, le GAB est une extension du DAB qui donne la
possibilité de procéder à d'autres types
d'opérations : dépôt, transferts de fonds, mise à
disposition des fonds, recharge téléphonique, virement de compte
à compte, édition de mini relevé bancaire, commande de
chéquier etc. L'utilisation de ce canal est de plus en plus
répandue chez les clients qui cherchent à avoir plus d'autonomie
pour réaliser leurs transactions rapidement au temps voulu. Ils assurent
désormais en volume, sur le marché bancaire 69% des retraits
d'espèces alors que 31% ont lieu au guichet. L'usage des GAB tend
à se généraliser auprès de la clientèle
bancaire et à terme il viendra remplacer les traditionnels DAB.
ii. Les canaux interactifs
Cette forme de canal est axée sur la distance et
l'interaction. Ses principaux outils sont Internet et le
téléphone.
Le téléphone a toujours été au
coeur de la relation entre le client et son conseiller. Le
téléphone est utilisé pour contacter directement son
conseiller, prendre un rendez-vous etc. Sous cette formule, le canal le plus
usité est le centre d'appel. Ce canal s'est largement
développé ces dernières années avec la
volonté des banques de réduire les coûts et de
transférer les opérations à faible valeur ajoutée
hors des agences. Ils présentent deux avantages pour les clients :
les conseillers y sont disponibles sur des plages horaires plus larges que
celles des agences (les horaires sont généralement 8H-22H offrant
ainsi une plus grande souplesse aux clients) ; il existe bien souvent un
serveur vocal qui permet d'être en relation avec un ordinateur qui donne
des informations au client sur son compte et les dernières
opérations enregistrées. Mais ces dernières années,
la généralisation de l'utilisation du téléphone
portable a créé de nouveaux usages notamment le mobile
banking : plusieurs alertes sont envoyées via des textos sur les
mouvements et les soldes des comptes bancaires. Aujourd'hui, plusieurs
entreprises de téléphonie mobile proposent des services
financiers via les téléphones portables en s'appuyant sur un
réseau de kiosque répandus sur le territoire. Les
établissements bancaires proposent de plus en plus de nombreux services
anticipant les nouveaux usages liés à la 3G ou au paiement par
téléphone mobile.
Quant à Internet, il est considéré comme
le canal le plus porteur. Aujourd'hui, Internet a été investi par
les banques aussi bien en interne (intranet, extranet) que dans la relation
client (échanges de mails, sites internet sans cesse
améliorés et personnalisables, offres disponibles uniquement sur
la toile...). La situation évolue en matière de Banque en ligne
et l'audience au Cameroun pour les sites bancaires est en nette augmentation au
fil des années. Aujourd'hui, une grande proportion des clients bancaires
disposent des comptes E-Bank où ils ont la possibilité de
consulter les soldes de leurs comptes et l'historique des transactions sur une
période, effectuer des virements etc. De plus, ces clients
n'hésitent plus à s'informer par leurs propres moyens et à
comparer les prix à l'aide de sites spécialisés et des
tarifs bancaires présents sur ces sites. Internet étant de plus
en plus présent dans la vie des consommateurs avec la
généralisation du haut débit et l'avènement de ce
qu'on a appelé le Web 2.0, les banques se sont logiquement
emparées de ce canal et ont complètement repensé leurs
stratégies de distribution.
iii. Les canaux indirects
Aussi appelé canal intermédiaire, ce type de
canal se constitue principalement de commerciaux de terrains, d'agent et de
courtier, dotés d'une grande mobilité et pouvant atteindre un
segment de clientèle différent. Le canal indirect renferme des
médias électroniques par exemple, afin de renforcer la
portée des intervenants chargés de distribuer.
iv. Les canaux spéciaux
Ce type de canal est encore peu défini dans la
littérature existante. Il comprend principalement un mélange de
médias résiduels et sert à développer une
stratégie très particulière axée sur un segment
précis. Par exemple, selon les pratiques observées, ce canal est
généralement utilisé afin de développer un
réseau d'agence spécialisée ou bien une approche
e-commerce autonome. Un exemple typique ce type de canal est la banque directe
(ou banque en ligne). Fonctionnant sans guichet, elle propose une gamme de
produits limitée mais des tarifs compétitifs et un accueil 24H
sur 24 et 7 jours sur 7.
2.
La structuration des canaux bancaires
Plusieurs auteurs ont identifié différents
objectifs afférents à une politique multicanal dans une banque
commerciale : atteindre des segments différents de manière
plus efficiente et efficace ; une couverture optimale du
marché ; la création d'un contact relationnel ; la mise
en place d'une segmentation adéquate ; la diminution des
coûts grâce à la synergie des différents
canaux ; une discrimination du traitement des clients et de la
relation ; un arbitrage entre la richesse du canal et sa portée.
Nous avons regroupé ses apports suivant deux grands axes.
i.
Une logique économique
Sur la base d'une étude exploratoire, Benavent (Op.
Cit.) a montré que le premier objectif assigné au multicanal
est la diminution du coût global de distribution. Ce raisonnement
économique simple a un corollaire commercial : comment organiser la
migration des clients d'un canal à l'autre ? Premièrement,
travailler au niveau de l'unité client, et tenter de lui affecter un
canal privilégié par différents moyens : la mise en
portefeuille (l'outil de base), la tarification des services (par
tâtonnement), la localisation des points de vente (importance du
géomarketing), les dispositifs de transaction (par exemple les cartes de
retrait, les codes d'accès etc..) et l'éducation des clients (ce
qui est le moins envisagé). Le deuxième niveau d'action suit une
logique de flux c'est-à-dire sur la transaction ou le contact. Dans
cette hypothèse, il est naturel de comparer les coûts et les
rendements de chaque opération supportée par chacun des canaux
possibles. L'objectif principal étant de dissocier les tâches
administratives (à faible valeur ajoutée) et commerciales
(à forte valeur ajoutée) en fonction du coût du canal et du
volume à traiter. Cette logique de coût peut se
révéler un levier de développement de la valeur client.
L'enjeu pour l'établissement est alors double : d'une part, de
savoir gérer efficacement la mobilité du client vers
différents format de vente, d'opérer des migrations
potentiellement source d'amélioration de la performance. D'autre part,
il s'agit de proposer un canal de vente plus conforme aux goûts et
contraintes du client et qui apporte plus de satisfaction. A côté
de cette logique financière et marketing, on peut également
mentionner un objectif opérationnel (assurer un service de meilleure
qualité aux clients) qui peut cependant très vite en complexifier
grandement la gestion notamment lorsqu'il faut assurer une continuité
des contacts et de la relation avec les clients sur le long terme, de par la
multiplication des interactions entre ces derniers et l'entreprise.
ii. La diversité des
usages : portée et richesse des canaux
Les canaux qui permettent le plus d'interactivité, la
plus grande circulation d'information, le plus de flexibilité, sont
aussi ceux dont la portée est la plus faible : ils touchent moins de
clients, dans un espace de temps plus réduit, et un espace
géographique plus resserré. Aujourd'hui, l'évolution des
appareils mobiles en Smartphone pousse à l'enrichissement d'un
média dont la portée est déjà extrêmement
grande tout en élargissant la portée du média Internet.
S'agissant de l'assemblage des médias, deux mouvements peuvent
être distingués. Le premier est une logique d'allègement de
la charge des canaux présentiels, et vise à reporter sur les
canaux automatiques les opérations élémentaires, pour en
accroître la productivité. Ce type d'approche sera certainement
favorisé par des établissements dont la base de clientèle
est importante et hétérogène. Le second mouvement se
constitue dans la capacité des médias automatiques à
canaliser les flux, vers des médias plus riches dans une logique
d'acquisition et de filtrage de nouveaux clients ou de nouveau usage.
SECTION II: EVALUATION DU SYSTEME DE DISTRIBUTION
MULTICANAL DANS UNE INSTITUTION BANCAIRE
Cette section tente de répondre à la
question : pourquoi évaluer un système de distribution
multicanal ? La pertinence de l'approche mobilisée
(II) sera au préalable précédée de
la présentation des avantages et inconvénients d'une
stratégie multicanal pour une banque commerciale
(I).
I. Avantages et inconvénients d'une stratégie
multicanal
D'après Plé (2006), une stratégie
multicanal renvoie de manière succincte à l'utilisation par une
entreprise de plusieurs canaux dans la gestion de ses contacts avec ses clients
actuels et potentiels, canaux qui sont autant d'interfaces assurant
l'échange entre l'organisation et lesdits clients. Selon Capiez39(*) (2001), trois options sont
options sont possibles en matière de stratégie multicanal :
· Unestratégie multicanal
indifférenciée : laissant aux différentes
clientèles un choix complet en leur offrant tous les produits par tous
les canaux (GAB/DAB, guichet, conseiller privé, banque à
distance). A priori très attractif pour le client mais conduit à
un investissement maximum pour un retour incertain, compte tenu du risque de
gaspillage par les clients des canaux les plus onéreux comme les
agences ;
· Une stratégie multicanal
différenciée conciliant les préférences
des clients avec les impératifs de rentabilité des canaux, c'est
à dire orientant les clients vers les canaux les mieux adaptés
à leurs besoins, soit par un système de tarification directe
(implémentée par plusieurs banques à la suite de
l'entrée en vigueur du SMB), soit par une tarification indirecte
à travers des offres (self-service, banque de proximité,
conciergerie), éventuellement labellisées par des marques,
associées à des profils d'utilisation des canaux.
· Unestratégie monocanal qui se
traduit par l'utilisation exclusive d'un canal de distribution qui peut
être soit un canal brick and mortar (agence bancaire) ou un
canal pure player (Internet et BAD).
Sur certains marchés bancaires, le multicanal a
laissé place au cross canal qui repose sur une synergie
et une complémentarité entre les différents canaux ;
le cross canal se centre sur les usages, vise à aligner pour chaque
tâche le bon canal, et nécessite une coordination étroite.
Il conduit à une tarification différenciée suivant le
canal afin d'inciter le client à passer par le bon canal pour avoir
accès à une information ou pour obtenir un produit ou un service.
Plé (Op. Cit.) a identifié six facteurs
non indépendants les uns des autres pouvant justifier
l'implémentation d'une distribution multicanal dans une banque de
détail.
Figure 1.3 : Les six facteurs explicatifs du
développement des réseaux de distribution multicanaux
Innovation technologique(Développement
de nouveaux supports)
Révolution concurrentielle (intra et
inter sectorielle)
Mimétisme stratégique et culturel
(intra et inter sectoriel)
DÉVELOPPEMENT
DES RÉSEAUX DE
DISTRIBUTION
MULTICANAUX
Fragmentation des marchés
(incompatibilité croissante des segments)
Evolution des formules de distribution (cycles
de vie des formules de vente)
Les clients : commodités et contrôle
(affranchissement des barrières)
D'après la figure de Loïc PLE (2006, page
42).
Les dispositifs, les supports, la définition des
processus métier, la communication et la commercialisation,
l'intégration des nouveaux canaux dans la chaine de valeur bancaire sont
autant d'éléments qui entrent dans l'élaboration et la
mise en oeuvre d'une stratégie multicanal et qui diffèrent d'un
établissement bancaire un autre. Nous allons cependant nous attarder sur
les avantages et les inconvénients d'une telle stratégie tant
pour les entreprises bancaires que pour les clients.
1. Les avantages d'une stratégie de distribution
multicanal
La littérature et les pratiques bancaires en
énumèrent plusieurs. Si pour les clients les évolutions en
termes : de commodité, de flexibilité et de rapidité,
d'archivage des documents bancaires, d'accès à sa banque 24H/24
en tout lieu sont les plus marquantes, c'est du côté de
l'entreprise bancaire, les avantages semblent les plus affirmés.
Nous avons retenu quelques-uns qui nous semblent pertinents.
Le tableau suivant40(*)en
fait une synthèse du point de vue de l'entreprise.
Tableau 1.1 : Les avantages du multicanal : du
point de vue de l'entreprise
DU CÔTÉ DE L'OFFRE
|
DU CÔTÉ DE LA DEMANDE
|
Baisse des coûts de distribution
|
Accroissement de la demande
|
Avantage-coût de chaque canal
Économies d'échelle
Économies d'envergure
|
Amélioration de la satisfaction globale du client
|
Transversalité, flexibilité et partage
des ressources
|
Approfondissement de la relation client / entreprise
Accroissement des prix proposés
|
D'après le tableau de Loïc PLE (2006, page
47).
Quand on se situe du côté de l'offre, le premier
avantage lié à une distribution multicanal dans une banque de
détail est une amélioration de l'efficience, qui recouvre deux
aspects : la diminution des coûts de distribution et la
réalisation des économies d'échelle. L'introduction de
nouveaux canaux permet d'amoindrir les coûts de distribution. Chaque
canal se caractérise par une structure de coûts plus ou moins
avantageuse pour l'entreprise, en fonction de son degré
d'automatisation, de la répartition frais fixes / frais variables, etc.
Toutefois, la réalisation de ces économies dans le coût de
distribution est étroitement dépendante du comportement des
consommateurs. Si ces derniers considèrent que le canal qui maximise le
plus leur utilité est celui dont le coût de distribution est le
plus élevé pour l'entreprise, les économies attendues ne
se concrétiseront pas, à moins que l'entreprise ne parvienne
à modifier la perception de ses clients quant à la valeur que
leur apportent les différents canaux. Les nouveaux canaux permettent
également de réduire les coûts de distribution dans les
points de vente. En effet pour certains auteurs, grâce à
l'introduction d'Internet, il est possible de remplacer des vendeurs à
temps plein par des vendeurs à temps partiel dans les magasins, lesquels
coûtent moins cher et permettent d'accroître la flexibilité.
Par ailleurs, proposer aux clients de nouveaux modes d'accès aux
produits passe par une refonte importante des processus de l'entreprise, pour
en améliorer l'efficacité. Un système d'information commun
aux différents canaux et le développement d'une organisation
transversale à l'ensemble des canaux paraît être une
condition obligée de réussite, car permettant à chaque
canal de disposer des mêmes données sur les prix, les produits,
les clients.
Du côté de la demande, deux avantages principaux
transparaissent : l'accroissement de la demande et l'amélioration
de la satisfaction des clients. La préférence des clients
à l'égard d'un canal variant selon des facteurs tels que leur
âge, leur niveau social, la contextualisation de leur demande, etc., le
multicanal enrichit les méthodes de segmentation clients. De ce fait, le
recours à plusieurs canaux de distribution permet de toucher des
segments nouveaux et différents, donc une population de clients
potentiels plus vaste. Combiner canaux à distance et canaux
traditionnels élargit aussi géographiquement le marché
potentiel auquel l'entreprise a accès. En outre, le multicanal participe
à une amélioration de l'expérience de consommation du
client et est susceptible d'accroître la valeur du bien ou service
consommé aux yeux de celui-ci, donc sa satisfaction vis-à-vis de
l'entreprise. La simple existence du multicanal est donc un facteur potentiel
d'amélioration de la satisfaction du client de par les avantages qu'il
peut en retirer. De plus, la satisfaction générale du client
vis-à-vis de l'entreprise est aussi fonction de sa satisfaction à
l'égard du service fourni par chacun des canaux de l'entreprise,
autrement dit, de la qualité de service perçue offerte par chaque
canal. En effet, lorsque cela est possible, les clients préfèrent
avoir le choix entre différents canaux de distribution. L''instauration
de canaux supplémentaires à un canal déjà existant
peut avoir un impact sur la perception de la valeur de l'offre par le
client41(*).
Toutefois, le multicanal bancaire porte en lui-même des
risques qui, lorsqu'ils ne sont pas bien évalués peuvent mettre
en mal toute stratégie de distribution.
2. Risque et inconvénients inhérents à
une stratégie multicanal
Tant pour l'entreprise bancaire que pour le client, les
inconvénients liés à la mise en place d'une
stratégie multicanal sont nombreux.
Tableau 1.2 : Risques associés à
une stratégie de distribution multicanal
DU CÔTÉ DE L'OFFRE
|
DU CÔTÉ DE LA DEMANDE
|
Augmentation des coûts de distribution
|
Surabondance quantitative des informations
|
Conflits et cannibalisation
intra-organisationnels
|
Diminution de la qualité des informations
|
Inadéquation canal proposé / segment visé
|
DU CÔTÉ DE L'OFFRE
|
DU CÔTÉ DE LA DEMANDE
|
Démotivation du personnel sur les canaux
existants
|
Transfert comportemental de la clientèle
Diminution des résultats commerciaux
|
Transformation de la relation
Moindre fidélité des clients
|
D'après le tableau de Loïc PLE (2006, page
58).
Si plus haut nous avons évoqué la diminution du
coût global de distribution comme avantage majeur de toute
stratégie multicanal, il faut noter qu'il n'est pas toujours aisé
d'en percevoir la réalité. En effet, rien ne prouve en effet que
les coûts engendrés par un nouveau canal (à fortiori par
plusieurs), ne viennent pas se s'ajouter à ceux liés aux canaux
existants. Par conséquent, la création et le développement
du canal, sa promotion vis-à-vis des clients qui doivent être
conscients de son existence, le temps d'apprentissage de l'utilisation de ce
canal par les clients, l'émergence de doublons, le mode de gestion des
canaux et leur articulation sont autant de facteurs susceptibles de
renchérir le coût de distribution global. Tout lancement d'un
nouveau canal de distribution induit des coûts fixes qui doivent
être répartis sur un grand nombre de clients et / ou
d'opérations pour espérer rendre la nouvelle entité
rentable. Une fois amortis les investissements initiaux de création et
de développement, et passé le temps d'adaptation des clients
à l'utilisation du (ou des) nouveau(x) canal (aux), on peut envisager
que le coût global de distribution décroisse.
A côté des coûts de distribution, l'absence
de synergie entre les canaux constitue l'un des freins majeurs à toute
stratégie multicanal. En effet, si les canaux s'adressent à des
segments de clientèle identiques, ou si les rôles relatifs de
chaque canal n'ont pas été clairement prédéfinis,
le risque est grand d'assister à une cannibalisation entre les canaux
(Frazier42(*), 1999). A
cet effet, des canaux destinés à être
complémentaires entre eux, afin de bénéficier des
avantages issus d'une stratégie de distribution multicanal, peuvent se
retrouver dans une situation de concurrence interne se traduisant par exemple
par : la résistance des canaux existants, la démotivation du
personnel travaillant sur les canaux à coûts et à niveaux
de services élevés, dont les clients risquent de s'orienter vers
des canaux à moindre coût.
Par ailleurs, un risque de surpondération du
système d'information peut constituer un échec à tout
projet de développement de réseaux multicanaux. Or, l'observation
des pratiques bancaires au Cameroun laissent penser que l'impact
organisationnel et technique d'un projet multicanal est souvent
négligé à côté de la réflexion sur le
mix marketing par exemple. Par exemple, la mise en oeuvre de certaines
fonctionnalités n'est pas rentable au regard des volumes de transactions
traitées.
Les contraintes réglementaires sont également
des éléments à ne pas occulter dans l'élaboration
d'un projet multicanal. La sécurité des supports de distribution,
la confidentialité des données, l'identification des flux et la
traçabilité des opérations (besoins d'identification du
signataire ou de conformité des pièces justificatives) sont entre
autres des garanties que l'entreprise bancaire doit fournir aux
autorités de contrôle (COBAC, autorités monétaires
etc.), aux clients, aux prestataires avant l'implémentation d'un
modèle de distribution utilisant des canaux digitaux.
Au niveau des clients, plusieurs facteurs peuvent mettre en
mal un développement multicanal. Premièrement, l'abondance
d'informations mises à la disposition du client. Par exemple, les
informations fournies par un canal peuvent aller à l'encontre de celles
fournies par un autre canal. Il y a également un risque de confusion de
la clientèle face à des offres plus ou moins semblables, mais
différentes en termes de prix ou de niveau de services.
En second lieu, la mise en place de canaux multiples n'est pas
systématiquement associée à un gain de nouveaux
marchés. Ceci peut être dû au fait que les clients peuvent
être enclins à changer de canal pour réaliser leurs achats,
sans que cela ne se concrétise par de nouvelles ventes ou alors qu'il y
ait une inadéquation entre le canal et les profils de clientèle.
En effet, l'apprentissage d'un nouveau canal par exemple, réclame donc
un investissement de la part du client : en temps, financier, psychologique,
intellectuel, etc. Les habitudes de consommation des clients n'ont pas
évolué aussi vite que les technologies. On constate notamment une
persistance certaine de la défiance des clients vis-à-vis de la
confidentialité des données et de la sécurité des
transactions.
La mise en oeuvre d'une stratégie multicanal
nécessite un pilotage bancaire global tant sur le plan technique et
commercial que sur le plan organisationnel. Après avoir identifié
les avantages et les inconvénients d'une telle manoeuvre, nous allons
présenter la pertinence d'une évaluation post
implémentation.
II. Evaluation d'une stratégie
multicanal bancaire : quelle pertinence pour quels objectifs ?
Évaluer la stratégie d'une entreprise, c'est
évaluer les résultats par rapport à la stratégie;
c'est assurer le suivi de la mise en oeuvre de la stratégie; c'est
évaluer l'efficacité et l'efficience des processus et des
ressources par rapport à la stratégie; c'est mesurer le
degré d'alignement des processus, des ressources, des facteurs de
performance, des pratiques de gestion, des indicateurs de performance, des
projets et des budgets par rapport aux objectifs et à la
stratégie de l'entreprise; c'est évaluer les forces et les
faiblesses de l'entreprise; c'est évaluer les changements, les
opportunités et les risques; c'est évaluer la démarche
stratégique; c'est élaborer un plan d'action pour corriger ou
améliorer la situation actuelle. Autant de définitions
proposées par Laplagne43(*) (2011), qui tendent vers la même
conclusion : évaluer une stratégie c'est apprécier si
le « bon choix » a été opéré de
façon efficace et / ou efficiente ?
Plusieurs banques ont fait le choix d'implémenter un
mode de distribution multicanal avec l'arrivée d'Internet et les autres
innovations liées à la nouvelle économie. Parfois par
mimétisme, très souvent pour s'adapter aux évolutions du
secteur et de l'environnement économique mais surtout pour
réduire les coûts de distribution des produits et services. Ces
banques ont créé autour de l'agence bancaire, plusieurs
substituts avec plus ou moins de réussite. Une opinion
générale a émergé de notre observation de ces
entreprises bancaires : le management des canaux et les processus de
décision afférents sont globalement « non
scientifiques » particulièrement comparés à
d'autres domaines. Le management des canaux n'est pas toujours essentiel et
généralement lorsqu'il s'agit d'évaluer la production
bancaire, c'est principalement l'agence bancaire qui est au centre. Quid de la
rentabilité d'un distributeur de banque, quid de l'évaluation du
taux d'audience des sites internet des banques, quid de la performance
perçue par le client lors de l'utilisation d'un canal, quid de
l'intégration des différents canaux de distribution etc. Bien
qu'ayant mis en place ce mode de distribution depuis plusieurs années,
très peu sont les établissements qui ont fait une
évaluation de mi-parcours. Au contraire, ceux-ci multiplient les offres,
les fonctionnalités jugées plus intéressantes,
implémentent de nouveaux canaux...En fait, la plupart des entreprises
décident d'ajouter de nouveaux canaux et méthodes sans avoir une
vision claire et réaliste de l'architecture ultime « prête
à aller sur le marché ». Ces décisions sont
généralement prises séparément,
indépendamment et souvent hâtivement aussi (Plé, 2006). De
ce fait, les entreprises se retrouvent à trébucher sur leurs
systèmes hybrides qui ont été faits rapidement et se
chevauchent. De lourds investissements sont alors consentis pour des projets
(canaux) non rentables pour la banque et non satisfaisant pour les
clients44(*). Le ROI
(Return on Investment) reste difficile à évaluer
précisément, tant en termes de délais qu'en termes
financier. En effet, les différents chantiers qui sont mis en place sont
extrêmement couteux ; les dépenses prennent en compte
plusieurs éléments : le coût des logiciels, le
coût d'intégration, le coût de formation et, enfin, le
coût lié à l'assistance technique d'un cabinet de
consulting. De plus, le marketing personnalisé vers lequel s'orientent
les banques engendre des coûts supplémentaires.
Le principal défi posé par le multicanal
réside dans la multiplication, la diversification, nécessitant
l'intégration et l'optimisation des canaux d'échanges entre la
banque et ses clients. L'objectif recherché est d'éviter le
risque de « cannibalisation » des différents canaux. Il existe
ainsi trois degrés de prise en compte du multicanal dans le domaine
bancaire : l'homogénéité du niveau de service, la gestion
de la relation client et le pilotage multicanal. Le premier stade n'a
véritablement pas été franchi par les banques
camerounaises. Quant au pilotage multicanal, il s'appuie sur
l'établissement d'un système complet d'information bancaire qui
là encore, a montré ses limites dans notre contexte.
L'évaluation de la performance du réseau de
distribution multicanal d'une banque de détail s'avère donc utile
à tout point de vue tant pour l'entreprise bancaire que pour les
clients. Toutefois, il est indispensable de saisir les fondements
théoriques du concept de performance puis de de mettre en exergue les
indicateurs usuels de mesure de celui-ci.
CONCLUSION PREMIER CHAPITRE
Dispositifs encore peu développés dans notre
contexte, les canaux numériques bancaires n'ont pas véritablement
été adoptés par la recherche. Cependant, sous d'autres
marchés, le multicanal est une réalité pour la
littérature académique depuis de nombreuses années.
S'inspirant des travaux qui y ont été faits nous avons compris de
façon globale en quoi consistait une stratégie multicanal. Dans
un premier temps, nous avons jugé primordial de définir ce que
nous entendions par canal de distribution et réseau de distribution
multicanal. En progressant dans cette définition, nous avons mis en
perspective les logiques de structuration des canaux notamment une
volonté de réduction des couts de distribution et
d'amélioration de la relation client. Dans un second temps, nous nous
sommes interrogés sur les raisons du développement de ces
réseaux à canaux multiples, ainsi que sur leurs avantages et
limites. Nous avons donc mis en perspective l'importance de l'évaluation
d'un mode de distribution à plusieurs canaux.
Comme la majorité des banques camerounaises, la SCB a
adopté une politique de distribution mixte dont les réalisations
à ce jour sont plus ou moins mitigées. Avant d'apprécier
sa politique multicanal, il importe de s'approprier quelques fondamentaux sur
la mesure de la performance des canaux de distribution bancaire. Le chapitre
suivant sera consacré à l'identification des facteurs de
performance d'un réseau de distribution multicanal.
CHAPITRE II : LES DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES
CANNAUX DE DISTRIBUTION BANCAIRE
La question de performance se pose dans toutes les
activités humaines. A ce titre, qu'il s'agisse des organisations ou des
individus, la performance devient une norme de comportement qui
nécessite un dépassement continu de soi, de ses limites, afin
d'aboutir aux résultats attendus (Essid45(*), 2009). Dans le domaine bancaire, elle s'avère
encore plus sensible compte tenu de la spécificité de
l'activité de crédit. Le système d'évaluation des
performances des banques est influencé par la réglementation du
secteur et trois exigences y apparaissent : une exigence de rentabilité,
une exigence d'évaluation des risques et une exigence de qualité
du système de gestion et de pilotage. L'ouverture au multicanal suppose
un pilotage effectif de l'ensemble des canaux de distribution et l'utilisation
d'outils et d'indicateurs appropriés. Afin de mieux appréhender
le concept, nous allons étudier dans un premier temps la notion de
performance à travers ses généralités tout en
mettant l'accent sur son caractère multidimensionnel (Section
I). Dans un second temps, nous nous consacrerons à la
problématique de l'évaluation de la performance des canaux de
distribution et aux déterminants relatifs à celle-ci
(Section II).
SECTION I : LA PERFORMANCE DES ENTREPRISES
BANCAIRES
La prise en compte de la performance se révèle
fondamentale dans un contexte où il est primordial de suivre et
d'évaluer la progression vers des objectifs précis
(Voyer46(*), 1999). Avant
de la caractériser au secteur bancaire (II), nous
allons analyser le concept de performance en mettant en relief les multiples
dimensions qu'il recouvre (I).
Section I : GENERALITES SUR
LE CONCEPT DE PERFORMANCE
La notion de performance est liée à un
résultat obtenu et sa première utilisation a été au
travers d'indicateurs financiers (Capiez, Op. Cit). Mais si l'on
cherche à approfondir la notion de performance, d'autres dimensions
apparaissent. Bourguignon47(*) (1997) identifie trois sens principaux : 1) la
performance est action, c'est à dire un processus correspondant
à « la mise en actes d'une compétence qui n'est qu'une
potentialité » ; 2) la performance est résultat de
l'action « entendu comme l'évaluation ex post des
résultats obtenus » ; 3) la performance est succès,
fonction des représentations de la réussite, variable selon les
acteurs.
La Villarmois (OP. Cit.) distingue deux dimensions
essentielles, d'une part la dimension objective à la fois
économique (l'efficience) et systémique (pérennité
de l'organisation) et d'autre part la dimension subjective à la fois
sociale (valeur des ressources humaines) et sociétale
(légitimité de l'organisation). La performance renvoie à
l'évaluation de l'objet (l'entreprise) par le sujet (actionnaire,
dirigeant, salarié, etc.) dans la réalisation d'un projet. Aussi
Bessire48(*) (1999)
ajoute-t-elle une dimension rationnelle avec la prise en compte de la
stratégie de l'organisation : « la dimension subjective est
portée par une communauté humaine qui s'est donnée une
mission, par exemple maximiser la richesse des actionnaires, rendre un service
à la collectivité au travers d'un objet particulier et met pour
cela en oeuvre un projet déterminé ».
Bouquin49(*) (2004) considère la performance comme l'impact
qu'a une activité sur la performance globale de l'entreprise. Pour lui,
la performance est un processus qui se décompose en trois
éléments : l'économie qui consiste à
se procurer les ressources au moindre coût) ; l'efficience
qui se rapporte à la maximisation de la quantité obtenue de
produits ou de services à partir d'une quantité de ressources et
l'efficacité qui est le fait de réaliser les objectifs
et finalités poursuivis.
Lorino50(*) (1997) limite la performance de l'entreprise à
tout ce qui contribue à atteindre les objectifs stratégiques de
l'entreprise. La performance n'existerait que pour améliorer le couple
valeur-coût, c'est-à-dire à améliorer la
création nette de valeur, perçue comme la recherche d'un
dépassement exceptionnel des résultats
précédents.
La multiplicité des approches relatives à la
conceptualisation de performance a entrainé une grande confusion autour
de cette notion si bien que certains auteurs l'ont assimilé à un
attrape-tout (Pesqueux, 2004). Ce qui a rendu impossible une unanimité
autour d'une définition. Toutefois, des points de convergence
émergent de la plupart des définitions.
I. Les points communs à la notion de performance et
les dimensions de la performance
La pluralité des définitions laisse
transparaitre certains traits communs à la notion de
performance (1), notion qui recouvre plusieurs dimensions
(2)
1. Les points communs à la notion de performance
i. La performance est relative
La performance est une notion qui s'inscrit dans un contexte
de relativité. De ce fait, son application à l'entreprise
nécessite une logique d'étalonnage référentiel. La
performance nécessite donc un référent avec lequel il faut
la comparer. Il s'agit par exemple de faire « mieux » que
le concurrent sur le moyen et le long terme, d'accroître la satisfaction
de la clientèle, d'améliorer les résultats de
l'année précédente (Bourguignon, Op. Cit.).
ii. La performance peut être
mesurée et pilotée
Cela suppose qu'il doit être possible de la
décrire par un ensemble d'indicateurs bien spécifiques.
L'intérêt pour les dirigeants est de pouvoir disposer d'une grille
de lecture comprenant des indicateurs qui se complètent et sont
reliés aux objectifs de l'entreprise. Du suivi de l'évolution de
ces indicateurs de performance, le manager sera en mesure de prendre des
décisions pouvant orienter l'entreprise vers les objectifs
définis.
iii. La performance
est subjective
La subjectivité est mise en évidence dans le
concept de performance. Celle-ci nécessite une interprétation, un
jugement. Elle implique donc un jugement de valeur sur les activités,
les résultats, les produits et les effets de l'organisation. La
complexité de la notion repose non seulement sur l'existence d'un
décideur qui va juger de la performance, mais aussi du contexte
d'application et d'utilisation (Voyer, Op. Cit).
2. Le caractère multidimensionnel de la performance
d'entreprise
Le cadre conceptuel relatif à la performance a mis en
évidence la polysémie du concept de performance. La
multiplicité des points de vue et des réflexions y
afférentes ont rendu le concept plus complexe. La vision de la
performance est dépendante de la nature de l'entreprise, de sa taille,
de son environnement et des décideurs qui la pilotent. La
littérature ressort trois grandes dimensions essentielles de la
performance : socio-économique, concurrentielle et
stratégique
i. La dimension socio-économique de la performance
La dimension socio-économique de la performance prend
en compte la performance organisationnelle, la
performance économique et financière ainsi que
la performance sociale.
ii. La performance organisationnelle
La performance organisationnelle concerne la manière
dont l'entreprise est organisée pour atteindre ses objectifs et la
façon dont elle parvient à les atteindre. Elle résulte de
la valeur de son organisation et s'identifie spontanément à la
productivité. (Kalika, OP. Cit.) souligne qu'elle porte
directement sur l'efficacité de la structure organisationnelle et non
sur ses éventuelles conséquences de nature sociale ou
économique.
iii. La performance
économique et financière
Il s'agit sans doute de la dimension la plus
considérée par les organisations. En effet, elle s'inscrit dans
le cadre de la finance néoclassique dont le but est d'élaborer
les règles d'allocation optimale des capitaux. Par ailleurs, elle
s'inspire des données comptables et a trait à des indicateurs
quantitatifs à l'instar de la rentabilité ou de la
profitabilité. Cette optique assimile la valeur créée par
l'entreprise à la seule valeur actionnariale. Ainsi la création
de valeur n'apparaît que comme le différentiel entre la valeur qui
revient aux actionnaires et celle de leur investissement initial (Charreaux,
1998). Il est reproché à cette approche son incapacité
à fournir assez d'indications sur la performance future, à
prendre en compte les éléments intangibles de la valeur d'une
entreprise et à être en lien avec la stratégie poursuivie
par les dirigeants.
iv. La performance humaine et
sociale
Elle concerne les relations sociales ou humaines dans
l'entreprise et traduit le degré d'attention de l'entreprise au domaine
social. Selon Marmuse51(*)
(1997), cette performance dépend de la nature des relations sociales qui
interagissent sur plusieurs paramètres notamment le niveau de
satisfaction des salariés, le climat social de l'entreprise et la
qualité des prises de décisions collectives. Dans cette approche,
les ressources humaines s'imposent comme un facteur décisif pour
l'obtention de la performance d'une entreprise. D'autres abordent cette
dimension sous le prisme de la Responsabilité Sociale de l'Entreprise
(RSE). Dans ce cadre, la performance est considérée dans un
contexte où l'entreprise doit rendre compte à une multitude de
parties prenantes ou stakeholders. Pour illustrer cette vision, le
concept de performance « globale » a fait son apparition.
On la définit comme l'association de la performance financière,
de la performance sociale et de la performance sociétale.
a. La dimension
stratégique
L'approche de la performance par la vision stratégique
est guidée par l'objectif de pérennité qui est
présent dans toutes les entreprises. Plusieurs facteurs sont
nécessaires à la réalisation de cette performance. Il
s'agit d'une stratégie bien pensée, d'une culture d'entreprise
dynamique, une forte motivation des membres de l'organisation, la
capacité de l'entreprise à créer de la valeur pour ses
clients, la qualité de management et la maitrise de l'environnement et
la responsabilité sociale de l'entreprise.
b. La dimension
concurrentielle
Dans cette logique, la recherche de la performance ne
dépend plus de la seule action de la firme, mais de sa capacité
à s'accommoder des règles de jeu concurrentiel de son secteur. Ce
système concurrentiel qui influence la façon dont la performance
sera réalisée, est régi par la notion de
compétition. Ainsi la performance durable d'une entreprise est
liée à sa réponse face aux changements de son
environnement et de sa capacité à se les approprier, voire les
anticiper. Le tableau suivant synthétise les différentes
approches de la performance.
Tableau 2.1 : Quelques approches de la
performance
APPROCHES
|
CARACTERISTIQUES
|
ACTEURS CONCERNES
|
STRATEGIQUE
|
· Orientations globales de l'entreprise
· Adéquation des structures aux orientations
|
· Dirigeants
· Concurrents
|
ORGANISATIONNELLE
|
· Adéquation des structures, de la répartition
des tâches, des procédures, du fonctionnement par rapport aux
missions dévolues à l'entreprise
|
· Dirigeants
· Concurrents
|
SOCIALE
|
· Appréciation des relations professionnelles et de
travail dans l'entreprise
· Evaluation de l'aptitude des dirigeants et de
l'encadrement à réguler les relations entre groupes sociaux,
à anticiper ou traiter les conflits, à susciter une
adhésion aux objectifs et projets de l'entreprise et de ses
composantes.
|
· Dirigeants
· Salariés et représentants des
salariés
· Pouvoirs publics
|
TECHNICO-ECONOMIQUE
|
· Efficacité des processus productifs
· Appréciation de la capacité d'adaptation
à court et moyen termes face à une évolution de
l'environnement, des marchés et des technologies
|
· Dirigeants
|
MARKETING
|
· Appréciation de la capacité à
percevoir les besoins et les pressions du marché
· Appréciation de l'efficacité des
méthodes d'études et d'actions commerciales
|
· Dirigeants
|
FINANCIERE
|
· Appréciation de la capacité de l'entreprise
à maintenir un niveau de rémunération satisfaisant sur sa
production et ses ventes
· Appréciation de la capacité de l'entreprise
à assurer la rémunération des capitaux mis à sa
disposition
|
· Dirigeants
· Bailleurs de fonds
· Propriétaires, actionnaires et prêteurs.
|
D'après le tableau de Cohen52(*) (1994), Page 311.
II. Les
modèles d'évaluation de la performance
Mesurer la performance de l'entreprise consiste à
déterminer si une entreprise a pu créer ou est en mesure de
créer sur un horizon déterminé, davantage de valeur pour
ses actionnaires que ses concurrentes. Voyer (Op Cit.) décrit
la mesure de la performance comme l'un des seuls terrains possibles
d'évaluation, de comparaison et de choix qui puissent à la fois
réduire l'arbitraire et ultimement informer sur la pertinence même
des organisations et de leurs programmes. Deux modèles sont largement
utilisés par la littérature en matière d'évaluation
de la performance. Il s'agit des modèles de Kaplan et Norton
(1) et de Morin et al. (2).
1. Le modèle de Norton et Kaplan
David Norton et Robert Kaplan53(*) ont proposé le « Balanced
Scorecard » (Tableau de Bord équilibré) qui se
base sur les principes de communication de la stratégie, de l'alignement
des actions à la stratégie et à la mesure de la
performance. Le Tableau de Bord Equilibré est un instrument de
contrôle stratégique qui fournit aux managers les instruments pour
piloter la performance de l'organisation. Il permet d'évaluer la
performance d'une organisation sur la base des quatre composantes
résumées dans le schéma qui suit :
Figure 2.1 :
Modèle d'évaluation de performance selon Norton et
Kaplan
D'après la figure de Kaplan R. et Norton D., (1996,
page 9).
Selon les différents axes proposés par le
tableau de bord prospectif, Bergeron (2000) a proposé des indicateurs de
performance y relatifs.
Tableau 2.2 : Les indicateurs de performance du
Tableau de Bord Prospectif
AXE
|
DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE A TRADUIRE EN
INDICATEURS
|
EXEMPLES D'INDICATEURS
|
FINANCIER
|
· Accroissement du chiffre d'affaires
· Réduction des coûts et amélioration de
la productivité
· Utilisation de l'actif
· Réduction du risque
|
· Croissance des ventes
· % de bénéfice net
· Rendement sur capital investi
· Coûts unitaires
|
CLIENTS
|
· Part de marché
· Conservation de nouveaux clients
· Acquisition de nouveaux clients
· Satisfaction des clients
· Rentabilité par segment
|
· % des ventes réalisées auprès des
clients existants
· % des ventes réalisées auprès de
nouveaux clients
· Degré de satisfaction des clients
· Taux de retour des produits
|
PROCESSUS
INTERNES
|
Qualité, réactivité, productivité,
coût pour chacun des grands processus d'une entreprise soit :
· L'innovation
· La production
· Le service après-vente
|
· Argent investi en R&D
· % des ventes réalisées avec des nouveaux
produits
· Temps de réponse aux appels de service
· Coûts standards
|
APPRENTISSAGE
ORGANISATIONNEL
|
· Le potentiel des salariés
· Réorientation des compétences
· Capacités des systèmes d'information
· Alignement des objectifs individuels avec ceux de
l'entreprise
|
· Taux de satisfaction des employés
· Argent investi en formation
· Disponibilité de l'information
· Nombre de suggestions par employé
|
D'après le tableau de Bergeron54(*) (2000), Page 7.
2. Le modèle de Morin
Pour décrire l'efficacité organisationnelle,
Morin et al. (Op. Cit.) la définissent comme le jugement
porté par les multiples constituants sur les produits, les
résultats ou les effets de l'organisation ou de ses processus. Ils
retiennent quatre principales composantes susceptibles de décrire au
mieux la performance d'une entreprise : la valeur des ressources humaines,
l'efficience économique, la légitimité de l'organisation
auprès des groupes externes, la pérennité de
l'organisation. Le tableau qui suit en présente les critères
principaux :
Tableau 2.3 : Modèle de la performance
selon Morin
VALEUR DES RESSOURCES HUMAINES
|
EFFICIENCE ECONOMIQUE
|
Mobilisation du personnel
Moral du personnel
Rendement du personnel
Développement du personnel
|
Economie de ressources
Productivité
|
LEGITIMITE DE L'ORGANISATION AUPRES DES GROUPES
EXTERNES
|
PERENNITE DE L'ORGANISATION
|
Satisfaction des bailleurs de fonds
Satisfaction de la clientèle
Satisfaction des organismes régulateurs
Satisfaction de la communauté
|
Qualité du produit
Rentabilité financière
Compétitivité
|
D'après le tableau de Morin et al. (1994), Page
269.
Après avoir présenté les approches de
modélisation de la performance, l'attention sera portée sur la
spécificité de la performance bancaire.
II. LES ASPECTS DE LA PERFORMANCE BANCAIRE
Compte tenu des spécificités de
l'activité bancaire dans un contexte de profondes mutations, le pilotage
bancaire ne peut plus se contenter de suivre des indicateurs financiers de
rentabilité, mais il faut pouvoir analyser à la fois l'adaptation
des services et des canaux de distribution aux attentes de la clientèle
ainsi que les conditions d'efficience du système d'information et de
pilotage (Capiez, Op. Cit). L'image donnée par les seuls
résultats financiers, tournée vers le passé, ne
reflète pas les conditions économiques et les perspectives de
développement de la firme et justifie mal les investissements en
nouvelles technologies et sur de nouveaux marchés, investissements
essentiels dans un marché mondialisé. Les seuls indicateurs
financiers, signaux d'alarme souvent tardifs, doivent être
combinés à d'autres indicateurs plus stratégiques pour
analyser et évaluer la performance. L'intérêt d'un tel
modèle stratégico-financier réside dans l'articulation
entre les trois volets non financiers (commercial, processus interne,
innovation et apprentissage) et le volet financier. La création de
valeur pour les clients (volet commercial) se traduira par une création
de valeur pour les actionnaires (volet financier), à condition que les
processus internes (durée du cycle et qualité) soient
maîtrisés (volet processus).
La chaîne causale des indicateurs de performance doit
être située sur un continuum temporel, les progrès
réalisés sur les indicateurs non financiers influant
ultérieurement sur la performance financière (Eipstein55(*) et Manzoni, 1998). En effet,
il faut apprécier la qualité du processus qui conditionne les
résultats comptables, en termes d'organisation et de management des
ressources humaines orientées vers la clientèle. La performance
d'une banque, en tant qu'entreprise multiproduit (ou multiservice), qui
opère dans un environnement incertain et volatile, est sûrement
affectée non seulement par les variables internes de nature quantitative
(les ratios financiers) mais aussi par les variables internes de nature
qualitative notamment les variables concernant les activités, les
préférences managériales etc. (SÜER, 2002).
Suer (2002) a tenté de préciser la performance
bancaire et ses déterminants dans un modèle nommé
BANQUE-OPERA. Ce modèle de nature systémique est fondé sur
les dimensions suivantes : l'environnement bancaire, l'activité,
l'organisation/les moyens, la personnalité, les résultats et le
potentiel. Ce modèle permet de savoir quelles sont les dimensions et/ou
variables de dimensions sur lesquelles il est possible d'agir pour
améliorer la performance. Le modèle BANQUE-OPERA propose deux
lectures à savoir une lecture monopériodique et une lecture
pluripériodique. Si l'on s'en tient à une approche
monopériodique du modèle, il est alors impossible
d'intégrer avec pertinence l'impact de l'environnement. En effet, pour
tester l'impact de l'environnement sur la performance bancaire, il est
indispensable de mettre à jour des séries temporelles car les
variables de l'environnement sont identiques à chaque période
pour l'ensemble des banques. D'autre part, l'approche monopériodique
rend impossible la compréhension de l'évolution de la
performance. Cependant, une telle approche présente l'avantage de
pouvoir intégrer plusieurs variables de nature qualitative et statique.
En ce qui concerne l'approche pluripériodique, l'avantage réside
bien évidemment dans la possibilité de suivre l'évolution
de la performance sur plusieurs périodes, ce qui permet une analyse plus
fine des déterminants de la performance.
Le pilotage de la performance bancaire englobe donc de plus en
plus d'aspects. En effet, en plus d'expliquer les chiffres, ce pilotage se doit
d'intégrer l'ensemble des aspects économiques (courbe des taux,
liquidité), de mettre en avant les « drivers » (performance
commerciale, rentabilité des produits) et de pouvoir épauler les
métiers (Boennec et Descout56(*), 2012). D'après ces auteurs, les
périmètres du pilotage bancaire recouvrent quatre aspects :
un pilotage financier, un pilotage commercial, un pilotage de l'IT et un
pilotage des opérations.
Nous examinerons les principaux indicateurs de la performance
bancaire dans le cadre d'une distribution multicanal des produits et services
bancaires.
SECTION II : LA PERFORMANCE DES CANAUX DE DISTRIBUTION
BANCAIRE : DES INDICATEURS DE MESURE
On ne peut envisager de passer du monocanal au multicanal sans
évaluer la performance des canaux. Si l'agence était plus
performante que les canaux alternatifs, pourquoi faudrait-il aller vers le
multicanal ? A contrario, si les nouvelles technologies de
l'information étaient plus performantes que l'agence, pourquoi
faudrait-il privilégier le multicanal ? La réponse à
ces questions n'est pas aisée. Elle ne peut se faire qu'en prenant en
compte la notion de performance des canaux de distribution.
Bien d'études sur la performance des canaux de
distribution se sont focalisées sur la performance du réseau
bancaire physique notamment des points de vente (agence). Les dimensions
retenues la plupart du temps restaient circonscrites aux aspects financiers et
deux grands modèles étaient généralement
évoqués dans la littérature : l'approche
paramétrique et l'approche non paramétrique (Kablan57(*), 2007).
L'approche non paramétrique connue sous le nom de
méthode DEA (Data Envelopment Analysis), revient à estimer la
frontière d'efficience grâce à la programmation
linéaire mathématique. Comme son nom l'indique, cette
méthode permet d'envelopper les données d'aussi près que
possible grâce à des hypothèses sur la structure de la
technologie de production. Elle offre une analyse basée sur
l'évaluation relative de l'efficacité dans une situation
input/output multiple. Comme l'a souligné La Villermois (1999),
l'approche DEA est particulièrement bien adaptée au réseau
de distribution, et par là aux réseaux d'agences bancaires. En
effet, chaque entité évaluée est comparée à
toutes les autres à l'aide des techniques de la programmation
mathématique linéaire. Nous classons les études
réalisées par cette approche en deux catégories. Les
études de la première catégorie utilisent la
méthode DEA pour distinguer les agences efficientes des agences
inefficientes, évaluer l'amplitude de l'inefficience à l'aide
d'un indicateur synthétique, identifier les meilleures pratiques, et
proposer des objectifs aux agences inefficientes pour améliorer leur
performance. Les études de la seconde catégorie
définissent l'activité des agences bancaires pour
évaluer leur capacité à s'adapter à leur
environnement commercial, à gérer leurs ressources humaines,
à satisfaire leurs clients en améliorant la qualité du
service. Elles tentent d'apporter des explications au constat de l'efficience
ou de l'inefficience en réalisant des analyses quantitatives
supplémentaires ou en récoltant des informations qualitatives sur
l'organisation des agences.
L'approche paramétrique quant à elle consiste en
une estimation économétrique de la frontière de meilleure
pratique. Le degré d'efficacité de l'unité de production
est donné par le ratio de l'output observé sur le maximum
d'output réalisable, où le maximum réalisable est
donné par la frontière de meilleure pratique. Elle conduit donc
à une estimation de la fonction frontière objectif (de production
ou de coût), par sa spécification en fonction de type
Cobb-Douglas, ou translogarithmique. La méthode
économétrique peut être déterministe. Dans ce cas,
toutes les déviations de la frontière sont attribuées
à l'inefficacité. Elle peut aussi être stochastique ; il
est alors possible de faire la différence entre les erreurs
aléatoires et l'inefficacité des unités de production.
Dans ce cas la frontière stochastique de coût s'écrit de la
manière suivante : lnC= f (w, y) +vc-uc, avec C : les
coûts totaux, f : la forme fonctionnelle choisie de la fonction de
coût, w : le vecteur des prix des inputs, y : le vecteur des outputs vc :
sont des bruits, distribués indépendamment selon la loi normale N
(0, óv2), uc : est l'inefficacité définie positivement
avec une distribution asymétrique et indépendante de celle des
vc
Toutefois, aucune de ces approches ne nous parait
adaptée dans le cadre de l'évaluation de la performance d'un
réseau de distribution bancaire mobilisant plusieurs types de
canaux :
Ø Notre recherche ne porte pas sur un seul canal de
distribution mais sur plusieurs canaux de distribution aux
fonctionnalités et technologie différentes ;
Ø En dehors du canal agence qui est multi input et
multi output, les autres canaux de distributions bancaires se
caractérisent par une production nulle dont le seul objectif parfois est
de réduire certaines charges financières sur le canal
agence ;
Ø Ces méthodes n'intègrent pas toujours
plusieurs dimensions de la performance caractéristiques des
réseaux de distribution multicanaux.
Lorsqu'il s'agit d'intégrer la diversité des
canaux de distribution bancaires dans l'évaluation d'une
stratégie multicanal, le modèle de Stern et al. (1996) est
évoqué (I). L'étude de Capiez (2001) est
également une référence dans le domaine
(II)
I. Les conditions de performance des canaux de distribution
selon Stern et al.
Pour Lecat (OP. Cit), deux conditions sont
nécessaires pour qu'un réseau de distribution bancaire soit
performant : qu'il maîtrise ses coûts et qu'il soit capable de
stabiliser la clientèle. Ces deux conditions recouvrent trois aspects
d'après Stern et al. (1996) pour qui les canaux de
distribution sont performants lorsqu'ils sont efficaces, efficients et
équitables :
- L'équité est « le degré avec
lequel chaque membre d'un pays a la même opportunité d'utiliser et
la même capacité d'accéder à un canal marketing
existant au sein de ce pays » ;
- L'efficience analyse « dans quelle mesure les
ressources d'une société sont utilisées de manière
effective en termes de gestion de coût afin d'accomplir des
résultats spécifiques » ;
- L'efficacité quant à elle, est définie
comme « l'aptitude mondiale d'un canal à délivrer les
outputs du service requis par les consommateurs finaux et ce, au meilleur
coût ».
En d'autres termes, un canal est performant s'il permet au
banquier de stabiliser, voire d'accroître sa clientèle
(préservation de son fonds de commerce) en répondant à ses
attentes (efficacité) et s'il permet de réduire les coûts
(efficience) tout en donnant à chaque acteur les mêmes chances
d'accéder à ces canaux (équité).
1. De l'efficacité des canaux : la gestion de la
relation et attentes des clients
La relation entre le client et le consommateur a
changé depuis l'émergence de nouveaux canaux. En monocanal (cas
de l'agence), cette relation repose sur l'interaction humaine qui existe entre
le chargé de clientèle et le consommateur. Ce contact humain
permet au banquier de collecter beaucoup d'informations sur les clients, et
donc de mieux les connaître et de résoudre ainsi des
problèmes complexes d'information qui caractérisent la
technologie de production de certains produits bancaires comme les
crédits. La théorie bancaire récente a bien mis en
évidence que l'information collectée au travers de la relation
est une condition essentielle de l'efficacité de la production de
crédit et d'autres services bancaires à forte valeur
ajoutée (Sharpe, 1991 ; Eber, 1999). L'apparition de nouveaux
canaux et la possibilité donnée aux clients d'utiliser ceux-ci de
manière croisée pour effectuer la plupart de leurs
opérations (multicanal) a modifié cette relation. Pour le
consommateur, la concurrence s'est accrue (et a donc permis une meilleure
diffusion de l'information), les coûts de changement ont sans doute
diminué et l'accès aux services a été
démultiplié. Pour le producteur, l'accroissement de
la concurrence l'a contraint à investir dans les nouvelles
technologies de l'information. Cette multiplication des canaux a
généré des pertes d'informations sur les clients.
L'information est capitale pour la banque car une part
importante de son métier consiste à gérer cette
information. Celle-ci est acquise principalement par la relation qui permet
d'observer le fonctionnement des comptes. Acquérir cette information a
un coût mais elle permet de construire une relation forte et donc, de
fidéliser le client. C'est dans ce contexte que les banques tentent
d'appliquer le CRM (Customer Relationship Management) ou GRC (gestion de la
relation client) afin de mieux répondre aux attentes de leurs clients et
donc, de les fidéliser. Le terme « gestion de la relation
client » comprend selon Harisson (2000) les activités visant
à attirer, maintenir ou accroître la relation entre un client et
une organisation. On passe de la vente d'un produit ou service bancaire
à la construction d'une relation continue dans le long terme et
basée sur des niveaux élevés de service à la
clientèle, de proximité avec cette clientèle et de
qualité de service. On gère donc la satisfaction de la
clientèle à travers la qualité et le service avant,
pendant et après la vente.
Tous les produits et services bancaires ne
nécessitent pas la même quantité d'information. Les
nouveaux canaux conviennent plus à certains types d'opérations
plutôt courantes et standardisées tandis que celles qui sont plus
personnalisées et lourdes de conséquences pour les clients se
passeront vraisemblablement uniquement en agence. Le souci de la banque est de
savoir si un canal ou un ensemble de canaux peut stabiliser voire
accroître sa clientèle, c'est-à-dire savoir finalement si
le canal répond aux attentes de ses clients et permet donc de
préserver ou d'accroître son fonds de commerce. Le consommateur de
services financiers n'adopte pas forcément un comportement identique par
rapport aux différents canaux de distribution. En effet, le canal doit
répondre à ses besoins mais aussi, dans la mesure du possible,
à ses souhaits. Parmi les besoins d'un client bancaire, on trouve entre
autres la conservation de sa richesse, la possibilité d'emprunter,
l'accès à certains services (comme le retrait de
liquidités, la possibilité de faire des virements, etc.) ou
encore la possibilité de s'assurer contre un sinistre. Ces besoins sont,
à de rares exceptions près, remplis par toutes les banques pour
leurs clients : les banques sont toutes identiques aux yeux du
consommateur. Connaître ces caractéristiques et surtout,
l'importance de celles-ci pour les clients, permet de répondre aux
souhaits de la clientèle en dosant des attributs en fonction des
segments. En ce qui concerne les attributs souvent cités dans la
littérature, différentes dimensions reviennent
fréquemment : la confiance, la compétence,
l'interactivité, l'accessibilité (par exemple en termes
d'horaires), le temps, l'accueil, l'ergonomie ou encore la tarification.
L'efficacité d'un canal de distribution est
donc captée sous le prisme de la valeur perçue du
client. D'après (Zeithaml, 1988), les clients perçoivent
la valeur d'une offre de quatre manières différentes: la valeur
correspond à un prix bas ; la valeur correspond à tout ce que je
veux dans un service (sont mis en avant l'ensemble des avantages que le client
retire du service, au prix duquel il attache une importance moindre) ; la
valeur est la qualité reçue pour le prix payé (dans ce
cas, la valeur perçue est , un compromis entre ce que le client paie
pour obtenir le service, et la qualité qu'il reçoit) ; la valeur
est ce que le client reçoit en échange de ce qu'il a donné
(sont dans ce cas intégrés par le client l'ensemble des avantages
qu'il retire du service, de même que la totalité des sacrifices
financiers, intellectuels, en temps etc. que l'obtention du service a
impliquée.
Le dilemme pour la banque est finalement de développer
les canaux les moins coûteux, sans perdre l'information qui est à
la base de la relation de clientèle. Elle doit de ce fait ne pas perdre
de vue les attentes des clients. Ceci nous permet de faire le lien avec la
notion d'efficience.
2. De l'efficience des canaux : développer des
canaux à moindre coût sans perdre d'information
On décompose généralement l'efficience
bancaire en efficience technique (effet volume) et en efficience prix (effet
prix). Pour Dietsch58(*)
(1996), les inefficiences-X observées en milieu bancaire ont trois
principales origines : des choix inadéquats en matière
d'utilisation des facteurs de production (travail et capital physique), des
choix de ressources financières inadéquats et de mauvaises
décisions en matière d'emplois. Ces trois formes d'inefficiences
allocatives et techniques révèlent toutes des déficiences
managériales. Les premières entraînent une augmentation des
coûts opératoires, les secondes une augmentation relative des
coûts financiers et les dernières, une augmentation des pertes sur
actifs.
L'apparition de nouveaux canaux est fortement liée
à la volonté des institutions financières de
réduire les frais de fonctionnement de leurs agences. La plupart des
institutions bancaires ont « éduqué », voire
contraint (par facturation ou en n'exécutant plus certaines
opérations au guichet), leurs clients à utiliser des canaux
alternatifs afin de réduire leurs frais de fonctionnement et ainsi,
dégager du temps pour que les membres du personnel se focalisent sur
d'autres activités (conseils, prospections, etc.). Créer de
nouveaux canaux, les gérer au quotidien et les faire adopter par les
consommateurs mais aussi par les commerciaux sont des décisions
fondamentales pour les banques. D'un côté, ce genre de
décision implique d'importants investissements. De l'autre, le nouveau
canal doit être plutôt complémentaire que concurrentiel
(cannibalisation) par rapport aux autres canaux et notamment par rapport au
réseau physique. Même si ces nouveaux canaux répondent aux
attentes des consommateurs, il faut qu'ils fournissent
une information homogène et soient conformes aux souhaits des
clients. Toutefois, une approche multicanal ne peut être
développée qu'en adaptant la structure de
l'organisation car trop souvent, les canaux opèrent chacun comme
une zone autonome avec ses propres politiques et stratégies. Certains
canaux se développent souvent de manière très
indépendante et isolée par différentes divisions qui ont
développé des processus indépendants sans prendre en
compte les autres canaux de distribution. C'est pour cette raison que ces
nouveaux canaux ont leur propre politique marketing, leur propre service de
vente, de clientèle et leur propre infrastructure IT, tous
indépendants des autres canaux existants. Les dangers sont :
la diffusion d'informations différentes (et donc,
conflictuelles entre les canaux) et l'entrave de la vente croisée.
La problématique de coordination peut être traitée sous
quatre angles : la coordination entre les dimensions des produits, des
canaux de distribution et des clients ; la coordination entre
différents canaux de distributions et les processus y afférant
afin d'obtenir une image complète du client ; la coordination de
l'ensemble du processus du front-office au back-office en passant par le
mid-office ; et la coordination, à l'intérieur d'un canal,
des différents produits. Cette coordination est importante
Si la banque peut identifier au niveau individuel les souhaits
de ses clients, elle pourra segmenter sa clientèle c'est-à-dire
la diviser en sous-ensembles homogènes et atteindre un double
objectif : d'une part, effectuer des économies d'échelle en
ciblant chaque client (appartenant à un segment) par rapport à
ses souhaits et d'autre part, fidéliser le client qui prend conscience
que la banque va au-delà des autres banques, qu'elle se démarque,
qu'elle se différencie en répondant à ses attentes.
3. De l'équité des canaux de distribution
Donner à chaque consommateur les mêmes chances
d'accéder aux différents canaux c'est, d'une part, lui proposer
au moins les canaux offerts par la clientèle et, d'autre part, au niveau
du réseau physique, lui permettre de trouver des agences mais aussi des
ATM. Ainsi, il y a des coûts supportés par le développement
mais aussi le non-développement de certains canaux : sur le
marché camerounais, les banques qui n'ont pas développé un
réseau de DAB-GAB suffisamment étendu doivent ainsi payer
d'importantes commissions interbancaires liées à l'utilisation
par leurs clients des DAB des banques concurrentes.
II. Les conditions de performance des
canaux de distribution selon le modèle de Capiez
Sur la base d'une étude exploratoire Capiez a
apprécié la performance des canaux de distribution bancaire au
travers de trois indicateurs (deux non financiers, un financier) : la
qualité du service aux clients, l'efficience organisationnelle et
humaine, la rentabilité financière.
1. La qualité du service offert
à la clientèle
La base de la relation entre la banque et son client est la
qualité fournie en termes de services. « L'objectif est
d'abord la fidélisation du client en lui offrant une gamme
complète de services par les canaux de distribution les plus modernes
» notamment :
- D`analyser les besoins et les comportements de la
clientèle, afin de saisir toute opportunité (proposer le bon
produit au bon moment comme un prêt immobilier, un prêt
étudiant...), à partir des bases de données
constituées par l'enregistrement et la comptabilisation des contacts et
opérations effectuées sur les canaux à distance ;
- D'améliorer en permanence le service au client ;
- D'assurer le contrôle des activités Internet
par l'agrément des établissements de crédit qui garantit
la qualité de leurs prestations, par la sécurité
renforcée des transactions et par l'adaptation du contrôle interne
à ce nouveau canal de distribution.
L'évaluation de la qualité du service à
la clientèle doit privilégier des indicateurs comme : taux de
satisfaction et taux de fidélisation des clients, nombre de nouveaux
clients, nombre de réclamations clients, taux de régularisation
des réclamations.
2. L'efficience organisationnelle et
humaine
L'efficience organisationnelle et humaine repose sur :
- L'organisation technique : utilisation optimale de tous les
moyens modernes de télécommunication : téléphonie
fixe et mobile, Minitel, Internet ;
- L'organisation du travail : standardisation des
procédures (au niveau du traitement des opérations dans chaque
canal et au niveau des fichiers clients), séparation des flux
(séparation des appels entrants et des appels sortants dans la
téléphonie ;
- L'organisation des ressources humaines.
La mesure de l'efficience organisationnelle et humaine suppose
de nouveaux indicateurs de productivité. Les indicateurs des canaux
numériques peuvent être : les courbes d'appel, le taux
d'appel perdu, le taux de disponibilité, nombre de propositions
commerciales faites par les téléconseillers etc.
3. La rentabilité
financière
La rentabilité financière d'un
établissement de crédit se mesure par :
- l'analyse des soldes de gestion bancaires tels : le Produit
Net Bancaire (PNB) mesurant la contribution spécifique de
l'établissement à la richesse nationale, le Résultat Brut
d'Exploitation faisant apparaître la capacité à engendrer
une marge après imputation des frais généraux et des
dotations aux amortissements, le Résultat d'Exploitation après
soustraction des provisions d'exploitation qui concrétisent le risque et
le Résultat Net (RN) qui revient aux actionnaires après
déduction des éléments exceptionnels et divers et des
impôts ;
- Le calcul de ratios comme le Return On Equity, rapport du
résultat net aux fonds propres, qui exprime la rentabilité de
l'investissement de l'actionnaire, ratio conditionné par le Return On
Assets, rapport du Résultat d'exploitation au total du bilan, qui
exprime la rentabilité économique globale, ainsi que des
coefficients d'exploitation, rapport de certaines charges comme les charges de
personnel sur l'ensemble des charges, essentiels pour apprécier
l'efficacité des nouveaux canaux. Si pour la seule activité de
banque à distance, les ratios classiques (ROE, ROA et coefficients
d'exploitation) sont suffisants, pour la banque multicanal, la mesure de la
rentabilité financière de chaque canal est plus délicate.
Pour Capiez (Op. Cit), « chaque canal doit être
organisé en centre de profit avec un système de cession interne
des prestations communes ». Le calcul est obtenu par traitement de la
rentabilité par produits (agrégation de la rentabilité de
tous les produits vendus par un même canal), par activités
(gestion courante, distribution des crédits, prestations de
services...), par segments de clientèle ou encore par combinaison de ces
trois axes, à l'intérieur d'un même canal.
Le coût d'un client regroupe le coût des
activités qu'il consomme directement et indirectement au travers de la
détention d'un produit acheté par l'intermédiaire d'un
canal de distribution. Un système global d'analyse multidimensionnelle
concernant les revenus et les coûts par segment de clientèle,
produit et canal de distribution permet d'appréhender une structure
décentralisée grâce à un benchmarking interne
pertinent. La comparaison des activités (vente, gestion courante,
gestion des risques...) et de leur performance facilite l'amélioration
du processus global d'activité bancaire, avec la mise en évidence
d'activités redondantes ou sans grande valeur ajoutée. Mais la
faisabilité de telles méthodes est remise en question car ne sont
ne sont pas forcément applicables à toute une banque. Une analyse
préalable en termes de coûts/avantages peut permettre une
sélection des activités concernées.
La performance se mesure ainsi par le degré de
réalisation des objectifs fixés par la stratégie : il
s'agit de la qualité des services offerts à la clientèle
et de l'efficience organisationnelle et humaine (en étroite interaction)
qui déterminent la rentabilité financière indispensable
pour conserver les actionnaires actuels et attirer de nouveaux investisseurs.
Cette création de valeur est ainsi le fruit de l'équilibrage de
la satisfaction des clients, des salariés et des actionnaires. Ce
système, établi pour les canaux numériques,
s'insère dans un système plus vaste d'évaluation de la
performance de l'ensemble des canaux qui peut être construit selon cette
architecture.
Un système global d'évaluation de la
performance est donc basé sur un reporting financier et un tableau de
bord de gestion suivant une certaine périodicité
intégrés dans une démarche stratégique. Celui-ci
est basé sur un système d'information multicanal. La
création d'un info-centre s'impose afin de réaliser des
extractions dans les différentes bases de données à
destination et du tableau de bord de la direction générale et du
tableau de bord des responsables d'entités de gestion. Un pilotage
bancaire multicanal s'articule autour de la création de valeur, à
partir des fondamentaux mis en évidence : la qualité du
service au client, l'organisation et l'implication du personnel,
associés à un partenariat actif avec les prestataires
extérieurs et à une gestion raisonnée des ressources du
marché financier, comme le fait apparaître le schéma
ci-dessous organisé autour des déterminants du résultat.
Figure 2.2 :
Système d'évaluation de la performance de la banque
multicanal
DEVELOPPEMENT DE LA BANQUE A DISTANCE
FIXATION DES OBJECTIS
QUALITE DE SERVICE OFFERT A LA CLIENTELE
|
|
EFFICIENCE ORGANISATIONNELLE ET HUMAINE
|
Analyse de la clientèle
|
Organisation technique
|
Amélioration permanente du service
· Personnalisation de la relation client
· Nouveaux services clients
|
Organisation du travail
· Standardisation des procédures
· Adaptation spatiale
|
Contrôle des activités internet
· Agrément des établissements
· Sécurité des transactions et contrôle
interne
|
Organisation humaine
· Nouvelles compétences
· Recrutement et formation
|
Indicateurs de qualité
· Taux de satisfaction et de fidélisation
· Analyse des entretiens commerciaux
· Temps de réactivité
|
Indicateurs de productivité
· Indicateurs d'appel
· Activité des téléconseillers
· Activité des comptes
|
Banque à distance
- Analyse des soldes de gestion
- Ratios de rentabilité et coefficients
d'exploitation
Banque multicanal
- Banque à distance centre de profit
- Contrôle par produits, activités, clients de
chaque canal
D'après la figure de Capiez A., (2001, page
15).
RENTABILITE FINANCIERE
CONCLUSION DU DEUXIEME
CHAPITRE
L'objet de ce chapitre était de ressortir comment la
performance est appréhendée dans la réalité de
l'entreprise. Pour ce faire, nous l'avons défini et
présenté ses caractéristiques générales
ainsi que ses multiples dimensions (financière, sociale,
organisationnelle,), avant de la caractériser à l'entreprise
bancaire. La performance est relative et dépend en grande partie du
champ dans lequel elle est prise en compte. En ce qui concerne les canaux de
distribution, pendant longtemps, les études ainsi que les principaux
déterminants ont été pris en compte uniquement sur les
points de vente (agences bancaires).
Les possibilités offertes par la nouvelle
économie ont fait naitre les canaux numériques bancaires dont
l'appréciation de la performance n'est pas toujours aisée. Nous
avons retrouvé deux modèles dans la littérature nous
permettant de mieux répondre à notre problématique. Les
modèles de Stern et al. Ainsi que celui de Capiez ont été
présentés. Ces modèles ont la particularité de
cerner la performance des différents canaux d'une part, mais aussi de
l'intégrer dans le cadre du pilotage bancaire global.
CONCLUSION DE LA PREMIERE
PARTIE
La multiplication des points de contact entre le client et sa
banque a imposé une refonte des stratégies de distribution depuis
quelques années sur l'ensemble des marchés bancaires au niveau
mondial. Au Cameroun, la démarche a été lente et
progressive mais la majorité des banques a adopté un mode de
distribution multicanal. Où en est-on du processus ? Quel chemin reste
à parcourir pour obtenir une banque 100 % « multicanal » ? A
ce stade de notre travail nous ne pouvons apporter une réponse
satisfaisante à ces interrogations. Cependant cette première
partie du travail nous a permis de nous familiariser au multicanal et les
concepts y afférents.
Le premier chapitre a présenté l'importance de
la distribution dans le domaine bancaire. Il a permis de comprendre la
dynamique du fonctionnement et de l'organisation des réseaux qui
mobilisent plusieurs canaux de distribution. Nous avons constaté la
relative absence de publication dans le domaine dans notre contexte et nous
nous sommes inspirés de travaux effectués sur d'autres
marchés bancaires notamment occidentaux et nord-africain. Nous avons
défini média, canal de distribution, multicanal et réseau
de distribution multicanal. Ensuite, nous avons présenté les
différents canaux de distribution et leurs logiques d'affaires. En
s'interrogeant sur les raisons du développement de ces réseaux
à canaux multiples, nous avons présenté leurs avantages et
limites tant pour les firmes bancaires que pour les clients.
Le second chapitre nous a permis de nous familiariser avec les
concepts de performance bancaire et plus spécifiquement des canaux de
distribution. La présentation des indicateurs de mesure nous a
repositionné en droite ligne avec notre question de recherche. Des
différents modèles invoqués dans la littérature,
nous en avons retenu deux qui nous semblaient plus aptes à mettre en
évidence la performance des canaux de distribution dans un contexte
multicanal. Les modèles de Stern et al. ainsi que celui de Capiez ont
été présentés.
C'est à la suite de cette démarche
théorique que nous nous sommes tournés vers le terrain pour une
étude empirique.
DEUXIEME PARTIE : LA DISTRIBUTION MULTICANAL DE SCB
CAMEROUN : DIAGNOSTIC ET OPTIMISATION
Introduction de la
deuxième partie
L'immersion au sein de la SCB Cameroun dans le cadre de notre
travail de recherche nous a permis d'analyser son environnement interne et
externe, d'apprécier ses options stratégiques en matière
de multicanal. Comme nous le verrons ci-dessous, la distribution multicanal de
SCB Cameroun est indifférenciée et les différents canaux
offerts n'obéissent pas à une segmentation de la clientèle
à priori.
Grace aux éléments théoriques de la
première partie, nous avons pu nous faire une opinion sur la
façon d'examiner la distribution mobilisant plusieurs canaux dans une
banque de détail notamment : le niveau d'intégration des
différents canaux, la qualité des services offerts (valeur
perçue), la qualité du système d'information multicanal,
la rentabilité des différents canaux etc. Tout ceci nous rendant
apte à apprécier l'efficacité et l'efficience des modes de
distribution de la banque.
Cette partie est consacrée au diagnostic de la
distribution multicanal de SCB Cameroun. Avant de proposer des recommandations
à la suite de ce diagnostic (Chapitre IV), nous allons au
préalable présenter le contexte d'étude ainsi que la
méthodologie suivie dans le cadre de notre recherche (Chapitre III)
CHAPITRE III : DIAGNOSTIC DE
LA STRATEGIE MULTICANAL DE SCB CAMEROUN
Une distribution multicanal suppose la coexistence des canaux
physiques et virtuels dont la gestion des principaux supports doit être
optimisée. Les causes de la mauvaise performance d'une telle
stratégie sont variantes d'un environnement à l'autre et pour le
cas de la SCB Cameroun, avant de proposer des pistes d'optimisation efficaces,
nous allons identifier les sources d'inefficience en comparaison avec les
propositions que nous avons formulées plus haut. En section I, il sera
question de faire une présentation du marché bancaire camerounais
ainsi que les mutations qui l'ont affecté ces dernières
années. Suivront une brève de la SCB Cameroun ainsi que les
différents canaux qu'elle mobilise dans le cadre de la distribution de
ses produits et services. La section II sera consacrée à la
présentation de notre méthodologie de travail.
SECTION I : LE MARCHE BANCAIRE CAMEROUNAIS :
EVOLUTION ET STRATEGIE DES ACTEURS
La banque de détail (ou banque commerciale59(*)), au Cameroun comme partout
ailleurs, connaît depuis de nombreuses années une forte
transformation de ses métiers, dont les répercussions sont
visibles aux niveaux stratégiques, organisationnel et
opérationnel. Ces différentes mutations qui trouvent leur origine
dans les profondes transformations de l'environnement dans lequel
évoluent les différentes enseignes et qui induisent un
bouleversement des stratégies distributives sont
présentées en (I). La SCB Cameroun ainsi que sa
stratégie de distribution sont présentées par la suite
(II).
I. Un marché bancaire concurrentiel en pleine
mutation
Plusieurs facteurs sont à l'origine des mutations qui
ont affecté l'environnement et l'activité bancaires au Cameroun
ces dernières années. Ce sont : l'évolution de la
réglementation (A), la dynamique concurrentielle (B), les changements de
comportements des consommateurs (C) et l'innovation technologique (D).
1. Les évolutions de la règlementation bancaire
au Cameroun
Historiquement, on ne connait pas un secteur bancaire
organisé et structuré avant les indépendances en Afrique
francophone. Toutefois, la mise en oeuvre des programmes économiques aux
lendemains des indépendances s'est accompagnée par
l'implémentation d'un système bancaire et financier marqué
par la domination des structures publiques. Cette période est
marquée par une forte croissance des économies de la CEMAC et du
Cameroun en particulier, situation qui va connaitre un frein majeur avec la
grande crise économique de la décennie 1980.
La crise bancaire des années 1980 et 1990 en zone CEMAC
a mis en relief la défaillance du système de contrôle et de
suivi de l'activité au sein de plusieurs établissements. Cette
crise qui a fait suite à une période d'euphorie économique
favorisée par l'accroissement des recettes tirées des
exportations des matières premières, s'est soldée par
l'ébranlement de l'ensemble du système bancaire de la
sous-région. Dans cette situation asphyxiante, les banques ne pouvant
plus assurer leur rôle d'intermédiaires financiers,
compromettaient le processus de croissance et de développement
économique de par leur rôle d'intermédiaires financiers.
Pour éradiquer cette crise, les bailleurs de fonds internationaux
(Banque Mondiale et Fonds Monétaire International) en collaboration avec
la Banque des Etats de l'Afrique Centrale (BEAC) ont dans le cadre des
programmes d'ajustement structurel, initié un corps de reformes (Ndeffo,
Ningaye, 2007). Elles ont consisté à donner au système
bancaire une nouvelle organisation sur le plan technique, se traduisant par le
désengagement des pouvoirs publics du capital des banques au profit des
acteurs privés, par une redéfinition des régies de
surveillance, par la libéralisation du taux d'intérêt et
des conditions d'accès au secteur etc. (Avom, Eyeffa, Op.
Cit.). Le système bancaire du Cameroun et plus globalement de la
CEMAC a connu un profond changement après la mise en oeuvre de ces
mesures que l'on peut regrouper suivant trois grandes orientations : financier,
monétaire et juridico-institutionnel.
Sur le plan financier, les banques fortement compromises ont
été liquidées. Les dépôts et encours des
Etats auprès de certains établissements de crédits ont
été abandonnés. Plusieurs banques commerciales ont obtenu
de la BEAC des rééchelonnements de leurs dettes (Nembot et
Ningaye, Op. Cit.).
Sur le plan monétaire, après plusieurs reports,
le marché monétaire de la sous-région a été
opérationnel à partir du 1er juillet 1994.
Sur le plan juridico-institutionnel, une nouvelle politique du
taux d'intérêt a été adoptée lors du Conseil
d'Administration Extraordinaire de la BEAC du 16 octobre 1990. Elle a
porté sur une gestion plus souple et plus flexible du loyer de l'argent.
C'est ainsi qu'il a été recommandé que les taux
d'intérêt soient désormais fixés par le Gouverneur
de la Banque Centrale en fonction de la situation financière et
économique des pays de la zone et de la conjoncture internationale. Les
normes prudentielles ont été harmonisées et la Commission
Bancaire de l'Afrique Centrale (COBAC) a été mise sur pied en
janvier 1992 avec pour missions : l'accord des agréments aussi bien pour
l'ouverture que pour la fermeture des banques, le contrôle d'exercice et
la supervision de l'activité bancaire notamment en matière de
respect des ratios prudentiels, l'exploitation des états
règlementaires fournis par les établissements de crédit
etc.
Dans l'ensemble, ces différentes réformes se
sont traduites par : la liquidation des banques financièrement
compromises, la recapitalisation de celles qui présentaient des besoins
en fonds propres, la privatisation des institutions dont l'Etat était
actionnaire majoritaire. Elles ont également été
accompagnées par la mise en place de plusieurs règlements et
conventions afin de mieux organiser et contrôler la profession bancaire :
le plan comptable des établissements de crédit (1998), le capital
social minimum des banques et les différentes activités des
établissements de crédit (2009), le contrôle et l'audit
interne (2001), les systèmes d'informations bancaires (2007), le
système de compensation informatisé (2007), un système
automatisé de cotations des établissements de crédit (
SYSCO, 2001) etc.
2. Une nouvelle dynamique concurrentielle
En raison d'un
assouplissement de la règlementation et du décloisonnement des
barrières économiques, le marché bancaire camerounais
connait depuis quelques années l'entrée de nouveaux acteurs
nationaux et internationaux, bancaires ou extra bancaires. Cette dynamique
concurrentielle recouvre deux aspects.
i. Une concurrence intra-sectorielle
Au cours de ces dernières années, d'importants
mouvements ont rebattu les cartes du jeu concurrentiel dans le secteur bancaire
au Cameroun. Les stratégies des différents acteurs semblent
s'orienter vers une conquête du plus grand nombre de clients. On a
noté ainsi une forte augmentation du nombre d'établissements de
crédit60(*) ; une
croissance exponentielle des Etablissements de Microfinance (EMF61(*)) depuis la
libéralisation du secteur au début des années 2000 et qui
viennent en soutien aux clients exclus du système bancaire
classique ; une véritable logique d'innovation dans les actions
marketing des différentes banques etc. Toutefois, si elles apparaissent
toutes sous la dénomination de banques commerciales, certaines semblent
s'orienter vers des niches de clientèles spécifiques compte tenu
de leurs différents objectifs. Conséquence, bien que
constitué de 14 acteurs pour une population de près de 22
millions d'habitants, le secteur bancaire camerounais est moyennement
concentré avec un indice IHH62(*) évalué à 1218,82. Quelques
banques (5/14) cumulent 72% des dépôts et crédits du
marché. Le nombre de comptes bancaires se situe à 1 860 304 en
juin 2015 dont 64% en comptes de dépôts et 36% en comptes courant,
avec un taux de croissance de 10,5% en glissement annuel. Les
dépôts de la place se situent à 3 439 milliards (Mds) et
les crédits à 2 878 Mds en novembre 2015.
Globalement une idée commune se dégage de
l'analyse du jeu concurrentiel au sein du marché bancaire au
Cameroun : une offre de produits et services presque similaire à
toutes les banques, un rétrécissement des marges
d'intermédiation poussant les établissements à
l'innovation sur les services générateurs de commissions, une
politique multicanal indifférenciée commune à tous les
acteurs (avec en moyenne 04 à 05 canaux par banque), une tarification
à quelques exceptions près identique (ainsi seules la
démarche de captation des clients et l'innovation constituent les
réels sources de PNB additionnels) etc. L'hégémonie de ces
banques sur le marché est de plus en plus contestée par
l'arrivée de nouveaux acteurs financiers.
ii. Une concurrence internationale et
extra-sectorielle
Pendant longtemps, les banques camerounaises ont
majoritairement été détenues par l'Etat et certaines
entités publiques. Elles étaient protégées par
plusieurs barrières à l'entrée : la
réglementation, le coût du réseau physique (manque
d'infrastructures), le rapport des clients à l'argent (frein à
leur engagement conséquence du traumatisme des périodes de
faillites bancaires). Ces dernières années, la géographie
des actionnariats63(*) des
banques a été profondément modifiée faisant ainsi
de ce marché bancaire, un marché extraverti marqué par une
domination des banques étrangères (10/14). Plusieurs de ces
filiales de grands groupes bancaires internationaux ont tenté de
dupliquer les modèles de distribution de leurs maisons mères au
niveau local avec plus ou moins de réussite. Le premier pôle de
cette concurrence est constitué par les sociétés
d'assurances et les EMF. Tandis que les banques ont développé
« la bancassurance » d'un côté, certaines
compagnies d'assurances ont donné aux clients la possibilité de
faire des ouvertures de comptes de dépôts. Les
sociétés de transfert d'argent ont fait évoluer leur
activité en passant de la simple mise à disposition des fonds
à l'ouverture de comptes et la gestion des moyens de paiement. Les
entreprises de grande distribution et les sociétés de transfert
d'argent constituent le second pôle de cette concurrence non bancaire
nationale. Le plus souvent, elles ont passé des partenariats avec des
établissements financiers spécialisés avec une
stratégie offensive et essentiellement axée autour de cartes
privatives, des cartes co-brandées auxquelles sont attachés de
multiples services.
4. Une exigence plus accrue de la part des clients
L'émergence d'une classe moyenne et l'instauration de
certaines règles par l'autorité monétaire a radicalement
réorienté les stratégies des groupes bancaires.
L'instauration du paiement des salaires par chèque ou virement, la mise
en place du SMB ont eu une influence positive sur le taux de bancarisation des
particuliers. Par ailleurs, l'élévation du niveau de formation
moyen a accru les compétences de la clientèle et lui a permis de
se familiariser avec certaines techniques bancaires. Une autre
conséquence de cette progression de la connaissance
générale des services bancaires tient en ce que le client est
maintenant plus à même d'évaluer la qualité du
service qui lui est fourni, car il dispose de standards qui lui servent de
référentiels. Les banques se voient donc dans l'obligation de
revoir leur politique de communication externe (publicité et promotion),
et surtout l'ensemble de la relation client, recourant massivement à des
techniques de marketing qu'elles maîtrisent maintenant, après les
avoir longtemps délaissées.
5. L'innovation technologique
Qu'il s'agisse des activités du front office ou du back
office64(*), l'innovation
technologique a modifié les habitudes de gestion dans les banques
commerciales. L'introduction du poste de travail en agence, permettant une
décentralisation de la saisie d'informations clients, la mise à
disposition aux clients de moyens de paiements parfois
dématérialisés, le traitement automatique des
données, le recours aux outils d'aide à la décision
automatisés ont marqué une profonde rupture avec la gestion
bancaire d'il y a quelques décennies. En dehors des gains de
productivité substantiels qu'elle a induit, l'innovation technologique a
permis de véhiculer une image moderne et jouer un rôle
déterminant dans l'adhésion et la perception des avantages
intangibles que le client associe aux produits, aux services, à la
marque et à l'entreprise bancaire. Cette innovation technologique a fait
émerger de nouveaux acteurs non bancaires dont le potentiel n'est plus
à négliger. Le mobile banking (notamment le mobile money) est
entré dans les habitudes des clients bancaires comme concurrent à
la mise à disposition classique des fonds. Le porte-monnaie
électronique, les cartes privatives fournies par d'autres enseignes
distributives (station-service, grands magasins) entrent de plus en plus dans
les habitudes des consommateurs comme moyens de paiement ou de
règlement.
Ces différentes transformations ont impulsé de
nouvelles dynamiques sur le marché bancaire camerounais.
On dénombre 258 agences bancaires sur l'étendue
du territoire en mars 2016 (soit une agence pour près de 90 000
habitants ou une agence pour 1850 km2), 493 ATM à la même date et
à peu près 600 Terminaux de Paiement Electronique. La
quasi-totalité des banques disposent aujourd'hui d'un site Internet dont
les taux d'audience sont contenus dans le tableau en annexe 4 de ce document.
La majorité des banques a adopté une politique multicanal et des
projets d'implémentation de nouveaux canaux de distribution suivent
leurs cours65(*) dans
d'autres institutions. La gamme de produits et services s'élargit au fil
des années et on note une évolution à la hausse quant
à l'équipement des clientèles. Les banques multicanal du
marché détiennent en moyenne 04 à 05 canaux de
distribution ayant des fonctions plus ou moins similaires. Cependant, on note
un certain mimétisme quant à la démarche
stratégique des différents acteurs en termes de multicanal. Deux
approches sont observées :
· Pour une banque filiale d'un grand groupe, la mise en
place d'un nouveau canal par exemple obéit soit à une
réaction par rapport au marché (concurrents directs), soit une
volonté d'innovation en interne, soit une solution proposée par
la maison mère pour implémentation au niveau local. Suivant l'une
ou l'autre option, c'est la maison mère qui pilote le projet et
définit les caractéristiques techniques des nouveaux canaux
notamment ceux ayant une forte connotation technologique et sophistiquée
(serveur vocal, TPE, GAB, etc.) ;
· Pour une banque locale, la réactivité au
marché conditionne également la mise en place d'un nouveau canal.
Certaines ne disposant par l'expertise technique requise font recours à
des prestataires spécialisés.
Globalement, le multicanal est une réalité pour
les établissements bancaires au Cameroun qui, sans véritable
logique de différenciation des différentes offres, mettent en
place des stratégies marketing pour singulariser leur politique
multicanal. A la SCB Cameroun, le multicanal est né il y a plus d'une
dizaine d'années et a bouleversé sa politique de distribution.
II. LA SCB CAMEROUN ET SA STRATEGIE DE
DISTRIBUTION
Comme évoqué plus haut, la distribution
multicanal des banques camerounaises obéit plus ou moins à une
stratégie indifférenciée. A la SCB Cameroun, le multicanal
comme mode de distribution des produits et services constitue un axe
stratégique pour l'institution. Après avoir
présenté l'établissement bancaire (A),
nous allons parcourir succinctement les différents supports qu'elle
mobilise dans le cadre de la distribution de ses produits et services
(B).
1. Présentation de la SCB Cameroun et sa politique
multicanal
A une présentation très générale
de l'entreprise, succèdent le contexte de l'instauration d'un
réseau de distribution multicanal et la présentation du service
Banque Multicanal.
i. Présentation générale de la SCB
Cameroun
La Société Commerciale de Banque Cameroun est
dotée d'un capital social de 10,4 Milliards de FCFA au 31 mars 2016 et
fait partie des filiales du groupe marocain Attijariwafa Bank depuis 2011. La
banque a vu le jour le 26 juillet 1989 à la suite de la scission /
dissolution de l'ex-Société Camerounaise de Banque. Le
rattachement de ses activités de banque de détail au pôle
international du groupe français Crédit Agricole (CA) a
entraîné un changement de dénomination sociale consacrant
son appellation actuelle : Société Commerciale de Banque Cameroun
(SCB Cameroun). Le groupe Attijariwafa Bank a racheté le CA SCB Cameroun
en 2011 en acquérant 51% du capital, pour en devenir l'actionnaire
majoritaire devant l'État Camerounais (49%).
Depuis sa création, cet établissement a
opté pour une flexibilité lui permettant d'adapter son
organisation aux exigences de l'évolution du métier en s'appuyant
sur une structure de gestion bâtie autour d'un organigramme fonctionnel
dont le comité exécutif est composé : du Directeur
Général, du Directeur Général Adjoint, du
Secrétaire Général et du Directeur des Risques. La SCB
Cameroun accompagne le développement des entreprises qui constituent le
tissu économique camerounais, tout étant un acteur majeur en
matière de financement. Elle emploie à peu près 600
personnes et se caractérise par une structuration par pôle :
· Le Pôle Clientèle :
qui organise toutes les activités avec les clients. Une segmentation y
est faite par marché notamment : l'activité de retail
dédiée aux particuliers et professionnels à travers le
réseau de points de vente ; le crédit-bail ; les
centres d'affaires (agences bancaires spécialisées pour les
PME/PMI ; le Corporate réservée aux grandes entreprises et
institutionnels ;
· Le Pôle Risque : qui assure
la surveillance globale de la banque vis-à-vis des risques auxquels elle
est exposée dans le cadre de son activité
d'intermédiation. Le pôle risque est constitué
d'entités affectées à chaque marché du pôle
clientèle ;
· Le Pôle Support : vient en
soutient aux autres pôles. C'est véritablement le back office de
la banque : communication, gestion des flux, opérations,
comptabilité et fiscalité, contrôle de gestion etc. sont
autant d'entités qui s'y retrouvent.
La banque est présente dans les dix régions du
Cameroun où son réseau est au service de trois cibles de
clientèles : les entreprises notamment les grandes entreprises et les
PME, les professionnels et enfin les particuliers66(*) pour un portefeuille global
d'à peu près 200 000 clients.
Le multicanal émerge à la SCB comme chez la
plupart de ses concurrents au début des années 2000. A
côté du réseau historique de points de vente se sont
progressivement greffés les autres canaux de distribution notamment les
DAB et les cartes bancaires, l'Internet et le mobile banking. Deux objectifs
sous tendaient cette logique d'innovation dans la distribution : s'arrimer
à la concurrence et gagner de nouvelles parts de marché,
rationnaliser les coûts de distribution. Le déploiement du
multicanal au sein de la banque s'est étalé sur plusieurs
années et le processus est en aménagement au quotidien en
fonction du marché et des options stratégiques de
l'établissement. Chronologiquement, l'implémentation du
multicanal a évolué à travers :
ü Une véritable logique d'innovation technologique
depuis la fin des années 1990 marquée par l'automatisation du
traitement des données et la mise en place d'un système
d'information bancaire ;
ü Le développement d'une offre multicanal chez les
concurrents et l'obtention des agréments Visa et Mastercard pour
l'émission des cartes bancaires et l'acquisition GAB, l'arrivée
sur le marché des automates bancaires au début des années
2000 ;
ü L'acquisition d'une plate-forme
monétique67(*) et
la constitution de véritables back office dédiés au
support des différentes activités monétique et de banque
à distance en2003 ;
ü L'émission de cartes bancaires dont la gamme a
évolué au cours des années.
Ce développement du multicanal a induit la
création d'un back office dédié au pilotage des
différents canaux de distribution tant sur le plan technico-fonctionnel
que sur le plan commercial.
ii. Présentation de la banque
multicanal (BMC)
La BMC est l'héritière du Centre Support Produit
(CSP), qui avait été créé à la suite de
l'implémentation des nouveaux canaux de distribution à la banque.
Ce changement de nom a été consacré en 2012 pour des
besoins de cohésion hiérarchique et organisationnelle. Depuis
lors, la BMC est en charge d'organiser et de piloter toute l'activité
monétique et BAD de la banque. Elle assure un rôle de support
auprès des agences bancaires dans la vente et l'utilisation des produits
et services monétiques ; d'interface entre les prestataires
monétiques68(*)
locaux et internationaux et la banque ; de déploiement (en concert
avec d'autres unités et départements de l'établissement)
des différents canaux de distribution ; d'assistance auprès
des agences en termes de procédures et de service après-vente
etc. Afin de piloter de façon optimale toute l'activité
multicanal de SCB Cameroun, la BMC est organisé en deux
entités : la monétique et la banque à distance.
La monétique est organisée en deux grands
pôles :
- Le pôle exploitation et
maintenance : suivi de la disponibilité des
différents canaux de distribution, suivi des comptes (commissions,
prestataires, etc.), évaluation de la rentabilité des canaux de
distribution, mise en place des procédures monétiques
etc. ;
- Le pôle relation Client et
Service Après-Vente (SAV) : logistique carte et
codes confidentiels, gestion du cycle de vie des canaux de distribution,
gestion des réclamations, évaluation de la satisfaction des
clients.
L'entité banque à distance joue essentiellement
un rôle de support technique pour l'activité Western
union ainsi que les canaux de mobile banking, Internet banking et du
serveur vocal.
2. Les différents canaux de distribution de SCB
Cameroun
A la suite de sa reprise par le groupe marocain AWB, la SCB
Cameroun a entreprit un certain nombre de réformes sur le plan
stratégique et opérationnel en termes d'ouverture de nouvelles
agences et de diversification de son offre de produits et de services. Elle
entretient dans le cadre de son exploitation commerciale un réseau de 54
points de ventes et 110 guichets automatiques de banque (GAB) répartis
sur l'ensemble du territoire. A côté de ce maillage territorial,
la banque a diversifié son offre banque à distance où elle
détient la plus large gamme de cartes bancaires. La nature des canaux
utilisés par la SCB ne diffère pas beaucoup de ceux que
proposés par la concurrence : des points de vente (agence), un serveur
vocal interactif, des distributeurs et guichets automatiques, Internet et le
mobile.
Dans le cadre de la distribution de ses produits et services,
la banque mobilise plusieurs canaux que nous avons regroupés en deux
grands groupes :
6. Les agences
Au nombre de 54 (en mars 2016), elles ont connu une croissance
exponentielle de l'ordre de 217% en 6 ans passant ainsi de 17 à 54
points de vente repartis dans les dix régions du Cameroun. Il n'existe
pas une segmentation suivant la taille de chaque agence, mais un regroupement
par zone géographique. Chaque sous réseau ayant à sa
tête un chef de section lui-même sous la responsabilité d'un
chef de réseau. Le réseau d'agences est sous le pilotage d'un
Responsable Retail, rapportant toute l'activité des points de vente au
Directeur Général Adjoint Responsable du Pôle
Clientèle. L'activité commerciale des agences est
dédiée à une clientèle répartie au sein
d'une zone commerciale de proximité. Pour qu'elles y parviennent, la
direction du groupe bancaire leur alloue des ressources. Ce sont des ressources
humaines69(*), des
ressources d'exploitation et un capital-client qui est envisagé comme un
fonds de commerce de l'agence.
7. Les canaux de banque à distance
Ils incluent : le serveur vocal interactif, le site
Internet, les GAB et DAB, les services mobiles et plus largement tout ce qui
permet d'échanger à distance. Nous pouvons citerentre
autres :
- Les GAB / DAB : au nombre de 110 en
mars 2016 (avec une croissance en nombre de 35% entre 2012 et 2016). La
politique de maillage des GAB de la banque obéit à une logique de
contre-offensive vis-à-vis de la concurrence, de décongestion des
agences et de communication. Ainsi, certains distributeurs sont
installés en agence70(*) (au nombre de 63), d'autres dans les stations
TOTAL71(*) (au nombre de
36) et le reste (11) sur d'autres sites à l'instar des
supermarchés, des hôtels, des institutions publiques. 05
fonctionnalités sont offertes par les distributeurs de la SCB
Cameroun : la consultation de solde (émetteur / acquéreur),
le retrait d'espèces, la commande de chéquier, l'édition
des mini relevés, le virement de compte à compte ;
- Avertis : ce canal à
l'attention des particuliers, des professionnels et des entreprises permet de
recevoir sur son téléphone mobile, les informations sur le
fonctionnement de son compte bancaire par SMS. Au 31/12/2015, 61 559
clients sont abonnés à ce service ;
- E-Bank : produit
télématique souscrit par 13 386 clients au 31/12/2015, il
utilisé par les entreprises, professionnels et particuliers. E-Bank
permet de consulter son solde, effectuer des opérations de virement via
internet sur une plateforme sécurisée en interaction avec le
SIB via des protocoles de communication ;
- Vocation : serveur vocal qui peut interagir
avec le client lorsque ce dernier le souhaite pour une demande d'information,
la gestion d'une réclamation etc. 60 318 clients sont
abonnés à ce service au 31/12/2015 ;
- Infos Mail : serveur qui permet aux
professionnels, collectivités locales, entreprises individuelles,
administrations privées, entreprises privées de pouvoir recevoir
via leurs adresses mail des informations concernant leurs comptes.
Ce dispositif multicanal à la SCB permet à la
banque d'inter agir avec ses clients via plusieurs supports, qui s'inscrivent
dans la mouvance de la digitalisation des services bancaires et financiers
ayant cours ces dernières années dans le monde et sur la place
bancaire camerounaise. Nous allons analyser les principaux facteurs qui peuvent
expliquer la mauvaise performance de la stratégie de distribution
multicanal de la banque.
SECTION II : IDENTIFICATION DES PRINCIPALES SOURCES DE CONTRE
PERFORMANCE DE LA DISTRIBUTION MULTICANAL DE SCB CAMEROUN
Nous allons au préalable présenter la
méthodologie de travail que nous avons suivie dans le cadre de cette
recherche (I) avant l'analyse des données
collectées (II).
I. Les méthodes de collecte de données.
Nous en avons mobilisé deux au cours de notre travail
de terrain : des outils qualitatifs et des outils quantitatifs.
1. Les outils qualitatifs
L'étude qualitative a été menée
dans le but d'avoir une meilleure compréhension de notre sujet de
recherche. A cet effet, la recherche documentaire, l'observation directe
(participante ou non), les entretiens (directifs ou semi directifs) en
constituent les meilleurs outils. Elle s'est faite à travers
l'observation du travail quotidien et la participation aux travaux menés
dans le cadre de plusieurs projets. La recherche documentaire nous a
été utile tant dans l'élaboration du travail
théorique (revue de littérature) que dans la compréhension
des différentes pratiques bancaires au quotidien. Les entretiens
semi-directifs auprès du Responsable du Contrôle de Gestion de la
banque et du Responsable de la BMC nous ont permis de faire une première
évaluation de la stratégie de distribution de la banque.
i. La recherche documentaire
Cette recherche a mobilisé aussi bien les documents
produits en interne par l'établissement (rapport d'activité,
cahiers de recette des projets, les remontées d'incidents, etc.) que les
documents en rapport avec notre sujet de recherche. Les publications et
articles de recherche sur les réseaux de distribution, le
développement de la banque à distance, la gestion des moyens de
paiements, les différents rapports sur les évolutions en
matière de TIC, les études de marché des grands acteurs du
secteur (Atos Worldline, Visa, Mastercard, Capgemini, Accenture, etc.).
ii. Les entretiens semi directifs
Deux guides d'entretien ont été établis
pour chacun des responsables sus cités. Le premier guide pour le
Responsable de la BMC fut bâti à partir d'éléments
présentés dans le deuxième chapitre de la première
partie. Plus exactement, son socle se compose de trois sous-sections : le
multicanal à la SCB Cameroun, l'impact des nouveaux canaux sur la
relation avec les clients, la performance des produits et service de banque
à distance. Le second guide à destination du contrôleur de
gestion avait à peu près la même configuration que le
premier. Il s'agissait de questions plus ou moins ouvertes sans thème,
orientées sur la performance des canaux de distribution et la
qualité du SI quant à la restitution d'informations de
qualité. Les exemplaires de ces guides d'entretien figurent
respectivement en annexe 5 et 6 de ce document.
iii. L'observation
participante
Faisant partir des effectifs de la SCB Cameroun, nous avions
l'occasion de toucher du doigt les réalités pratiques du
multicanal (la gestion des produits et services de BAD, le contrôle de
gestion de l'activité monétique etc.). Par ailleurs, nous avons
contribué à l'élaboration et la mise en place de plusieurs
projets initiés par le service afin d'améliorer la gestion du
multicanal. En tant que client de la SCB Cameroun, nous avons fait
l'expérience de l'utilisation des différents canaux
présentés ci-dessus.
2. Les outils quantitatifs
Les outils quantitatifs mobilisés s'inspirent du
modèle de Capiez (Op. Cit.) sur l'évaluation de la
performance de la banque à distance. Deux outils ont été
mobilisés à cet effet : un questionnaire à l'endroit
des clients pour évaluer la satisfaction globale de leurs
expériences multicanal et pour estimer le niveau de
complémentarité des différents canaux de
distribution. Bien que le multicanal soit une réalité
à la SCB Cameroun depuis de nombreuses années, nous avons
mené une analyse statique sur les données de l'année 2015
tout en intégrant les mutations qui ont affecté les modes de
distribution de la banque.
i. Echantillonnage et administration des questionnaires
Nous avons retenu pour l'administration de notre questionnaire
un échantillon de 70 clients. La méthode non probabiliste a
été adoptée pour déterminer la taille de notre
échantillon étant donné qu'il nous a été
impossible de faire une première segmentation du portefeuille de
clients. L'échantillon a été sélectionné sur
la base de deux critères : avoir un compte bancaire depuis au moins
un an ; et avoir effectué récemment au moins une
opération bancaire à partir d'un canal de distribution
(généralement, les personnes interviewées ont
été approchées à leur sortie d'une agence bancaire
de SCB Cameroun). Le corpus du questionnaire, l'enregistrement et le
dépouillement des données, l'établissement des tableaux de
bord d'analyse ont été faits avec le logiciel SPINX
PLUS V5. Le corps du questionnaire a été
conçu suivant les prescriptions de Seck (2009) dont la figure ci-dessous
fait ressortir les différents aspects :
Figure 3.1 : Modèle conceptuel de
la satisfaction du client dans un contexte multi canal
Qualité de service virtuel
Satisfaction
Globale
Qualité de service physique
Qualité d'intégration
Multi canal
D'après la figure de Seck A.M. (2009, page
8)
Un exemple du questionnaire administré figure en annexe
7 du document.
ii. Un outil d'évaluation de la
performance relative des différents canaux de distribution
Comme il a été précisé en
introduction, les canaux de distribution sont performants lorsqu'ils sont
efficaces, efficients et équitables :
Notre recherche se focalise sur deux volets de la performance
des canaux à savoir l'efficacité et l'efficience.
L'efficacité a été étudiée pour trois
canaux : les GAB, Internet, le téléphone
(spécifiquement le mobile banking). Cette efficacité renvoie
à la performance des canaux perçue par les clients (qui a
été estimée sur la base du questionnaire
présentée plus haut). En effet, dans un environnement
concurrentiel, oeuvrer pour une satisfaction client plus grande, permettant de
mieux le fidéliser est devenu un enjeu clé pour les entreprises
de service. Ainsi, ces dernières cherchent à délivrer le
service au client via des systèmes de délivrance de service
performants répondant à leurs attentes. Il est donc
crucial pour les entreprises de service s'étant ouvertes au multi canal
d'essayer de mieux comprendre l'évaluation faite par les clients des
différents systèmes de délivrance de service.
L'efficience a été évaluée du
point de vue de la banque notamment sous l'angle de la rentabilité des
canaux de distribution. Toutefois, cette efficience fut évaluée
uniquement sur les canaux GAB et mobile suivant deux variables : le taux
de fréquentation (mesuré par le nombre de transactions : un
seuil de d'opérations de retraits pouvant garantir la rentabilité
d'un GAB de ce point de vue a été défini) ; le
résultat d'exploitation mesurant globalement les revenus
générés par les ATM, Avertis et Vocalion
comparativement aux charges qu'ils supportent.
III.
Résultats des enquêtes et estimation des modèles
d'évaluation
A la suite des entretiens, de l'administration des
questionnaires, nous avons procédé au dépouillement et
à une analyse descriptive des données recueillies.
1. La performance perçue (efficacité) des
différents canaux de distribution par les clients de la SCB Cameroun
Les résultats bruts du questionnaire ressortis par
SPHINX ont été consignés en annexe 8 du document.
Le profil des répondants
Les variables sociodémographiques : l'âge et la
profession sont deux variables individuelles influençant le choix des
canaux. Par exemple, les personnes âgées dans un contexte
multicanal opteront plus pour le mix ou la combinaison de canaux : agence,
téléphone principalement pour le côté interactif.
D'un autre côté pour ce qui est de la profession, les clients
ayant peu de temps disponible à cause de leur profession, opteront plus
pour le mix de canal : Internet- téléphone.
Tableau 3.1: Le profil des
répondants
SEXE
|
Nb
|
% cit.
|
AGE
|
Nb
|
% cit.
|
CSP
|
Nb
|
% cit.
|
REVENU
|
Nb
|
% cit.
|
M
|
23
|
38%
|
<24
|
6
|
10%
|
Agriculteur
|
0
|
0%
|
[-100 000 FCFA]
|
0
|
0%
|
F
|
37
|
62%
|
25-34
|
21
|
36%
|
Commerçant
|
6
|
10%
|
[100 000-150 000 FCFA]
|
10
|
17%
|
Total
|
60
|
100%
|
35-49
|
25
|
43%
|
Cadre. Sup
|
3
|
5%
|
[150 000-200 000 FCFA]
|
9
|
15%
|
|
|
|
50-64
|
5
|
9%
|
Cadre. Moy
|
4
|
7%
|
[200 000 - 250 000 FCFA]
|
2
|
3%
|
|
|
|
>65
|
1
|
2%
|
Employé
|
30
|
50%
|
[250 000-300 000 FCFA]
|
8
|
14%
|
|
|
|
Total
|
58
|
100%
|
Ouvrier
|
0
|
0%
|
[300 000 FCFA -350 000]
|
16
|
27%
|
|
|
|
|
|
|
Retraité
|
2
|
3%
|
[350 000 - 400 000]
|
6
|
10%
|
|
|
|
|
|
|
Autre
|
7
|
12%
|
[+ 400 000 FCFA]
|
8
|
14%
|
|
|
|
|
|
|
Etudiant
|
8
|
13%
|
Total
|
59
|
100%
|
|
|
|
|
|
|
Total
|
60
|
100%
|
|
|
|
Source : Auteur, à
partir des données recueillies sur SPHINX.
Globalement, les clients de la SCB Cameroun trouvent que la
qualité de services promus par l'entreprise à tendance à
se stabiliser (81,66%). Le canal de l'agence reste celui le plus usité
(100%) des clients s'y rendent au moins une fois par trimestre. 93,20% des
clients estiment que sur la dernière année, leur fréquence
de visite n'a pas changé. L'utilisation des autres canaux est de plus en
plus plébiscitée par les clients qui les trouvent plus rapides,
moins onéreux pour certaines opérations (retraits
déplacés par exemple) et plus à même de pallier aux
problèmes d'horaires.
Dans l'utilisation des différents canaux, les avis sont
mitigés. Pour le canal agence, les clients lui attribuent une note
médiane de 4,98 sur une échelle de 1 à 10. Les clients
sont très satisfaits de la facilité d'accès à
l'agence (la SCB étant le 1er réseau bancaire sur le
marché). Le temps d'attente au guichet, la bonne exécution des
opérations courantes et la rapidité dans le traitement des
diverses requêtes sont mal appréciés par les clients. En
effet, une analyse de contenu des questions relatives à
l'amélioration de la qualité de services, la majorité des
clients réclament une meilleure célérité dans la
gestion de leurs requêtes, le bon accueil de la part du front office,
l'amélioration de la qualité de la formation des employés.
Les clients se rendent en agence : pour le retrait des instruments de
paiements (95%), pour un virement (66,70%), pour un retrait /
dépôt d'espèces (98,30%), pour la résolution d'un
litige (10%), pour la consultation de leur solde (31,70%), pour une demande de
renseignement et de conseil (33,30%). Ces informations reflètent une
première tendance : l'ouverture au multicanal à la
SCB ne s'est pas accompagnée d'une décongestion des agences pour
les opérations standards dédiées à d'autres canaux.
Concernant l'utilisation des autres canaux, le GAB est le plus
sollicité, suivi par le Mobile banking (SMS banking ou
Avertis à la SCB). 66,7% des clients
interrogés détiennent une carte bancaire et l'utilisent :
67% pour des retraits au distributeur, 1,70% pour des paiements, 11,70% pour
des achats en ligne (avec toutefois une fréquence plus lente pour les
deux derniers types d'opérations sur la durée). Le canal banque
à distance qui regroupe tous les autres canaux hors agence est
évalué à 4,97 sur une échelle de 1 à 10 par
les clients. Par ailleurs, plusieurs clients interrogés ignorent les
autres fonctionnalités de leur carte (conciergerie, assurance, achat en
ligne, paiements etc.) ou des GAB lorsqu'ils les sollicitent. 83% des clients
s'estiment plutôt satisfaits de l'utilisation du canal banque à
distance, 7% souhaite résilier leur contrat d'abonnement à l'un
des services de BAD. Toutefois, de plus ces derniers se plaignent des divers
bugs, facturations illicites, mauvais fonctionnement de certains services (en
réalité parce qu'ils trouvent que la concurrence propose
mieux).
Cette autre évaluation du canal banque à
distance fait transparaitre également deux faits importants. D'une part,
le canal BAD ne pallie pas les insuffisances de l'agence (en termes de
disponibilité) du fait de l'instabilité des différents
services (SMS banking, Internet Banking etc.). D'autre part, chaque canal a une
vocation ou une dominante particulière, spécifique et des
attributs qui font qu'il est mieux placé pour réaliser telle ou
telle opération. Les clients affirment « ne pas avoir le
choix » quant à l'utilisation du canal BAD même si
la sécurité et la disponibilité ne sont pas garanties
à 100%. Il ressort de nos entretiens que l'urgence du moment, la
pression temporelle ou la situation à l'instant
t influence le choix des différents canaux. 40% des
personnes interviewées émettent l'idée que le choix des
différents canaux dépend de la situation ou de l'urgence du
moment et c'est le canal BAD qui est plus sollicité. Autrement dit, les
autres canaux qui viennent pallier l'insuffisance du canal agence ne
fonctionnent pas de façon optimale, mais les clients ne souhaitent pas
résilier leur abonnement à ces différents services.
2. De la performance relative des canaux de distribution
(rentabilité financière)
La performance sous l'angle de la rentabilité
financière a été évalué sur deux canaux de
distribution : le canal GAB et le canal mobile (notamment ses
déclinaisons Avertis et Vocalion). Concernant le canal
GAB, le maillage du parc de la SCB sur le territoire en fait le canal
enregistrant le plus de transactions financières et non
financières. Néanmoins, c'est le canal le moins rentable au
regard des charges d'exploitation qu'il supporte.
Tableau 3.2 : Evolution statistiques canal
GAB
|
2012
|
2013
|
Variation (2012/2013)
|
2014
|
Variation (2013/2014)
|
2015
|
Variation (2014/2015)
|
Nombre de GAB
|
83
|
93
|
12,05%
|
100
|
7,53%
|
110
|
10%
|
Montant retiré en (Mds XAF)
|
148
|
173
|
17,19%
|
198
|
14,31%
|
216
|
9%
|
Nombre de retraits
|
1 197 470
|
1 713 779
|
43,12%
|
2 085 596
|
21,70%
|
2 348 364
|
13%
|
Montant moyen retiré
|
123 561
|
101 176
|
-18,12%
|
95 034
|
-6,07%
|
92 037
|
-3%
|
Taux de disponibilité des GAB
|
ND
|
92,20%
|
|
86,60%
|
|
85,70%
|
|
Source : Rapport
d'activité BMC 2015
Figure 3.2 : Analyse comparative retraits
espèces canal GAB, canal Agence
Canal GAB :
Ø 79% des retraits
Ø 30% des montants retirés
Ø Montant moyen de retrait 89 050 XAF
Canal agence (caisse des agences) :
Ø 21% des retraits
Ø 70% des montants retirés
Ø Montant moyen de retrait 763 928 XAF
Source : Rapport
d'activité BMC 2015
Tableau 3.3 : Statistiques retraits sur
GAB SCB
Retraits GAB SCB 2015
|
GAB dans les stations TOTAL
|
GAB autres sites
|
GAB installés en Agence
|
Nombre. total retraits GAB SCB
|
361 211
|
45 646
|
1 945 125
|
2 351 982
|
Source : Rapport
d'étude de la rentabilité GAB 2015
Figure 3.3 : Répartition retraits
par type de GAB et cartographie des opérations sur GAB en
2015
Source : Auteur, sur la
base des extractions du Système d'Information.
Tableau 3.4 : Analyse de la
rentabilité du canal GAB
Canal GAB -Résultats 2015
|
Produits d'exploitation
|
Commissions retraits
|
132 396 129
|
Commissions impressions mini relevé
|
28 026 600
|
Charges d'exploitation
|
Charges ATOS
|
166 193 664
|
Charges TOTAL
|
104 478 846
|
Charges Maintenance
|
160 272 721
|
Charges Transport de fonds
|
120 979 412
|
|
Résultat
|
-391 501 915
|
Source : Auteur, sur la
base des données recueillies du rapport d'activité 2015.
Les critères d'analyse retenus pour évaluer
l'efficience du canal GAB sont :
ü Les commissions directes générées
: édition des mini relevés et opérations des porteurs
étrangers ; les revenus indirects générés : en
termes d'image (estimation par un coefficient d'un revenu publicitaire
implicite qu'apporte un GAB coefficient retenu : 5% du total
produits. En termes de décongestion des agences : estimation
par simulation d'une économie générée par
l'utilisation d'un GAB à la place d'un caissier en agence
coefficient retenu : 12% du total produits ;
ü Lescharges de fonctionnement (charges
générales d'exploitation) ;
ü Le volume d'opération de retrait / mois : seuil
de fréquentation "garantissant" la rentabilité d'un GAB (3000
pour les GAB en agence) et 804 retraits mensuels pour les GAB d'autres sites
;
ü La qualité de service : le taux de
disponibilité du GAB.
Les différents tableaux et figures ci-dessus font
ressortir un double constat concernant le canal GAB. Il enregistre plus de
transactions que les autres canaux de distribution de la banque et contribue au
processus de décongestion des agences qui est l'un des objectifs majeurs
de toute politique multicanal.
La baisse du taux de disponibilité de l'ordre de 7% en
trois ans s'explique par l'évolution de la taille du parc de GAB dont la
maintenance et le suivi deviennent moins évident et l'instabilité
quasi quotidienne de la plateforme monétique. Par ailleurs, les GAB en
agence concentrent le gros des transactions (au détriment des GAB
installés dans les stations TOTAL et sur d'autres sites). Le volume de
retraits a évolué de 22% en trois ans (un bond qui occulte le
très faible niveau de retraits sur les GAB installés sur les
autres sites). En effet, ici se pose donc le problème de
l'optimalité du maillage : accroitre le parc de GAB peut
s'accompagner d'une baisse de la qualité de service sur le canal si des
dépenses supplémentaires ne sont pas engagées pour un
meilleur suivi ; tout ceci dans un contexte où le canal ATM est
essentiellement déficitaire. Dans la théorie bancaire, l'ATM est
un centre de coût à priori que l'on peut cependant rentabiliser en
ajoutant de nouvelles fonctionnalités à valeur ajoutée, ce
qui n'est pas le cas des GAB de la SCB Cameroun.
A ce jour, les GAB de la banque détiennent cinq
fonctionnalités dont deux sont génératrices de
revenus72(*) :
l'édition du mini relevé de compte, le retrait des porteurs
étrangers (clients non SCB). Les retraits et la consultation de solde
constituent 98% des transactions sur GAB. Les commandes de chéquier et
les virements de compte à compte, bien qu'en augmentation au fil des
années, sont encore marginaux par rapport aux autres types
d'opérations.
L'activité acquisition GAB de façon
générale est déficitaire à la banque du fait des
charges d'exploitation (directes et indirectes) qu'elle supporte et d'une
absence d'un modèle d'optimisation jusqu'à ce jour. De
façon synthétique, une conclusion mitigée se dégage
de l'analyse :
- Le large réseau d'ATM n'est pas exploité de
façon efficace au regard du potentiel bancaire et du marché (le
taux d'équipement client en cartes bancaires à la SCB est de 80%
en 2015 ;
- Le plan de maillage d'ATM n'est pas optimal dans la mesure
où 57% du parc concentre 83% des transactions du fait de
l'indisponibilité de plusieurs distributeurs hors sites et du choix des
lieux d'installation de ceux-ci. En effet, l'implantation d'un canal terrestre
et asynchrone comme le GAB suppose l'existence d'un potentiel client dans cette
zone commerciale.
Concernant le canal M-banking notamment ses
déclinaisons Avertis et vocalion deux constats ont
été relevés : les clients leur attribuent une note
médiane autour de 4,9. Si ces derniers considèrent ces services
comme de mauvaise qualité (82,1%) en raison de leur
indisponibilité permanente, ils ne souhaitent pas résilier leur
contrat d'abonnement pour des raisons qui trouvent leur justification dans les
packages auxquels ils sont associés. En effet, la plupart des clients
souscrivent à ces services dans le cadre d'une offre
générale sous forme de package (carte, découvert,
m-banking, E-bank, etc.) qui leur revient moins cher que l'ensemble de ces
produits et services pris individuellement. Conclusion, ce n'est pas la bonne
performance de ces canaux qui incite les clients à y souscrire, mais
l'offre globale du package dans lequel ils sont contenus. Ainsi, bien que
fonctionnant de façon sporadique au quotidien, le nombre de souscription
à ce service et canal n'est pas en baisse. Par ailleurs, pour la banque
ces deux canaux sont rentables sur le plan financier dans la mesure où
les commissions générées par ceux-ci sont en hausse sur
les dernières années notamment grâce aux nouvelles
entrées en relation (nouvelles souscriptions). Toutefois, ces
performances financières occultent deux faits majeurs : la baisse
du nombre d'appels de l'ordre de 400% en quatre ans pour Vocalion
explique la désaffection des clients sur ce canal tout comme les
objectifs d'utilisation comme canaux bancaires assignés à
ceux-ci. En conclusion, si sur le plan financier le m-banking reste rentable,
la valeur perçue par la clientèle sur ce canal est très
faible.
Tous ces résultats obtenus à la suite de nos
différentes analyses nous permettent de les regrouper sur l'arbre
à problème suivant :
Dégradation de l'image de la banque auprès des
clients
Figure 3.5 : Arbre à
problème
Augmentation de la charge de travail (front et back office)
Manque à gagner flux financiers
Perte de confiance des clients
Augmentation des risques opérationnel et financier
Retard par rapport à la concurrence perte de clients et
prospects
Pertes financières et augmentation des couts de
distribution
Diminution de la valeur perçue des services / canaux
Mauvaise performance de la stratégie
multicanal
Conflit entre les différents canaux
Résistance des canaux existants
Indisponibilité des différents canaux
numériques
Surabondance quantitative d'information
Inadéquation client / canal
Manque d'innovation
Démotivation du personnel
Mauvaise communication
Problèmes organisationnels
Mauvaise planification de la politique de distribution
Incapacité du système d'information multicanal
Source : Auteur
Nous avons identifié un problème de performance
dans la gestion des canaux de distribution de la SCB Cameroun et nous nous
sommes proposés de faire des recommandations pour pallier à cette
insuffisance. Auparavant, il a fallu identifier les causes d'inefficience de la
politique multicanal de la banque. Nos entretiens confirment l'existence de
deux préférences dans l'usage de la banque multicanal : la
relation bancaire centrée sur l'agence et la relation centrée sur
les technologies de l'information. Une analyse descriptive des résultats
des questionnaires administrés et l'adaptation des modèles de
performance de Capiez et Lecat au cas de la SCB nous a permis de cerner les
causes d'inefficience les plus courantes : l'absence
d'homogénéité en termes de qualité de service sur
les différents canaux, la surpondération du système
multicanal d'information sur l'organisation et la stratégie
distributive.
i. L'intégration des différents canaux de
distribution : une stratégie à parfaire
Le mimétisme stratégique sectoriel
souligné dans la deuxième partie de notre travail s'applique tout
autant à la SCB Cameroun. Ainsi, économies sur les coûts de
distribution, amélioration de la qualité de service, la
décongestion des agences etc. annoncées ne peuvent être
atteints que si accroissement de la charge commerciale dans les agences (en
diminuant la charge administrative à faible valeur ajoutée.
L'adéquation du client au canal .....
ii. Les risques de surpondération
du système d'information multicanal
Nous avons expliqué que si les systèmes
d'information étaient incontournables dans toute organisation
multicanale, nous ancrions moins notre travail dans ce champ de connaissance
que dans les implications organisationnelles qui leur sont sous-jacentes.
Un système d'information commun aux différents
canaux et le développement d'une organisation transversale à
l'ensemble des canaux paraît être une condition sine qua non
de réussite, car permettant à chaque canal de disposer des
mêmes données sur les prix, les produits, les clients...
L'interconnexion entre les canaux grâce à un système de
communication favorisant les échanges est lui aussi indispensable, et
permet d'améliorer la flexibilité de l'entreprise dans sa
réponse à la demande du client.
Les dissonances entre les canaux sur l'un ou l'autre de ces
points peuvent avoir de graves conséquences sur la satisfaction du
client. Les systèmes d'information sont généralement au
coeur de tout projet de développement de réseaux multicanaux, ce
qui peut sembler comme allant de soi étant données la
facilité et la rapidité de transfert d'informations qu'ils
permettent et la nature des canaux qui composent de tels réseaux.
Pour cette raison, il convient de préciser que, sans
dénier l'importance évidente du système d'information dans
un réseau de distribution multicanal, nous le considérons comme
un outil de support de son fonctionnement. Sans le placer au coeur de la
réflexion, nous fixons prioritairement notre attention sur les
transformations organisationnelles qui l'accompagnent.
CONCLUSION DU TROISIEME
CHAPITRE
Après la présentation de notre
méthodologie de travail, nous avons mobilisés les outils
annoncés à cet effet à notre environnement d'étude.
La SCB Cameroun, banque de détail et banque multicanal a servi à
notre analyse empirique dans le cadre de la validation de nos hypothèses
de recherche. Nous y avons réalisé une étude quantitative
et qualitative, et les données recueillies nous ont permis d'identifier
les raisons les plus souvent avancées comme causes de d'inefficience
à toute stratégie multicanal. L'analyse des données
collectées auprès des clients ainsi que l'application des
modèles de Capiez et Lecat nous ont permis de faire deux principaux
constats : (i) sur le plan financier certains canaux sont rentables et d'autres
particulièrement déficitaires, les économies de couts
projetées sont faiblement perceptibles ; (ii) la valeur
perçue par la clientèle au cours de leur expérience
multicanal reste faible. Il s'en dégage que l'absence de coordination et
de synergie entre les canaux de distribution, la vétusté de
certains canaux numériques (et du système d'information)
constituent de véritables freins au dispositif de distribution de la
banque. Les facteurs d'inefficience de la stratégie multicanal de la SCB
Cameroun ont été identifiées et confirmées, la
prochaine étape de notre démarche d'évaluation consiste
à faire des recommandations afin d'optimiser la distribution multicanal
de la banque. Le chapitre suivant y est consacré.
CHAPITRE IV : RECOMMANDATIONS POUR UNE OPTIMISATION DE
LA DISTRIBUTON MULTICANAL DE SCB CAMEROUN
Le chapitre précédent nous a permis de confirmer
les hypothèses de recherche que nous avons formulées plus haut
à savoir : H 1 « une absence de
coordination entre les différents canaux de distribution
découlant d'une offre client / canal inadaptée explique
l'inefficience de la stratégie multicanal de SCB Cameroun »
; H 2 « la qualité du système
d'information bancaire tant en termes de fonctionnalités, que dans sa
capacité à restituer les données sur l'ensemble des canaux
peut expliquer l'échec d'une distribution multicanal».
L'identification de ces causes nous permet de faire quelques propositions qui
iraient dans le sens d'une amélioration de la distribution multicanal de
la banque. Par ailleurs, l'optimisation de cette distribution peut être
induite par l'implémentation de certaines best pratices en
interne, tant dans la mise en place d'un outil de pilotage multicanal que dans
la mise en place d'une offre plus compétitive, tout en tenant compte des
contraintes auxquelles l'établissement est confronté.
SECTION I : DES RECOMMANDATIONS SUR LE PLAN
ORGANISATIONNEL, TECHNIQUE ET COMMERCIAL
Les études réalisées par les cabinets de
consulting à l'instar de KPMG, Capgemini ou Accenture, proposent des
facteurs clés de réussite de tout projet de distribution
multicanal pour une banque de détail. Plus haut, nous avons
précisé que la démarche serait différente selon que
l'entreprise est en cours de création ou qu'elle existe
déjà. Dans notre cas d'étude, la distribution des produits
et services via plusieurs canaux est une réalité depuis
bientôt une quinzaine d'années à la SCB Cameroun.
Cependant, l'offre multicanal n'a pas vraiment
évolué depuis 2003 (tout au plus un canal supplémentaire
depuis dix ans), et la plupart des canaux numériques n'ont pas fait
l'objet de mise à jour tant en termes de fonctionnalités qu'en
terme de robustesse et de traitement d'informations. Pourtant la base cliente a
évolué (nouvelles entrées en relation, sortie des clients
du portefeuille) et de nouvelles contraintes (réglementaires,
concurrence) ont émergé. Pour une optimisation de la
stratégie multicanal de la banque, nous recommandons que des mesures
soient prises :
I. Sur le plan organisationnel et
technique
Comme il a été démontré dans le
chapitre précédent, l'architecture actuelle du réseau
multicanal de SCB Cameroun présente des insuffisances sur le plan
organisationnel. L'organisation du réseau peut permettre aux ressources
humaines en agence de prendre en charge certains distributeurs hors site dont
la gestion est sous traitée à un prestataire (une charge
financière assez importante). L'implémentation de nouveaux canaux
a certes décongestionné de façon significative les agences
bancaires, mais le personnel en agence est toujours sollicité pour des
transactions standards et pour des réclamations dues au mauvais
fonctionnement des applications informatiques, télématiques et
monétiques. Ceci entraine une certaine démotivation du personnel
travaillant sur les canaux à coûts et à niveaux de services
élevés, plus chronophages en termes de travail,
délaissés au profit des canaux moins coûteux. Ces
phénomènes de résistance et de démotivation portent
en eux un très fort risque de faire échouer la stratégie
de distribution multicanal. Il est donc indispensable de repenser les
modèles d'agence à travers une forte automatisation des
tâches redondantes et non créatrices de valeur ; organiser
des formations sur les produits et services de banque à
distance tant pour le front office (connaissance des produits et services
bancaires ainsi que leurs différentes fonctionnalités),que le
back office (suivi des flux, contrôle des processus, pilotage des projets
et mise en place des tableaux de bord d'analyse) afin de rendre le parcours et
l'expérience client le plus fluide possible.
En outre, le choix de certains sites d'implantation des GAB
est assez arbitraire d'abord sur le plan logistique (ne facilite pas une prise
en charge rapide en cas de dysfonctionnement), ensuite sur le plan commercial
(au regard du faible taux de fréquentation de certains sites). Deux
actions doivent être menées afin de garantir une meilleure gestion
du canal GAB :
ü Définir une stratégie de
déploiement des GAB
La volonté de redéfinir la stratégie de
déploiement des GAB vient du fait que plusieurs automates placés
dans les agences, stations TOTAL et sur d'autres sites ne respectent pas les
critères de rentabilité prescrit par la Direction
Générale. L'idée est de déplacer les GAB existants
(afin d'éviter de nouveaux investissements) pour les installer sur des
sites plus attractifs sur le plan commercial.
ü Améliorer la rentabilité des
GAB
La marge sur cout direct du canal GAB est déficitaire
depuis l'expansion du réseau d'agences et l'installation des GAB hors
sites :
- L'étude de rentabilité a fait ressortir qu'une
dizaine de GAB doit être redéployée compte tenu du faible
niveau de transactions sur ceux-ci : la stratégie de
redéploiement doit se faire de concert avec les partenaires et
prestataires intervenant dans le processus (GAB militaire, TOTAL Cameroun,
opérateur de transport de fonds, mainteneur GAB etc.) ;
- Définir un plan global de communication pour
accroitre l'attractivité des sites afin de booster l'activité des
porteurs domestiques et surtout étrangers sur les GAB SCB
(signalétique adaptée, publicité, enseigne avec logo VISA
et Mastercard, promotion des services disponibles sur GAB etc.) ;
- Saisir les différents prestataires pour
l'harmonisation des charges financières supportées par les GAB
;
- Étudier la possibilité d'installer des GAB
avec accès extérieur dans les stations TOTAL pour une
disponibilité 24H/24.
Une refonte (une mise à jour) des applications
télématiques (E-Bank), mobile banking et du système
d'information doit être envisagée. En effet,
l'indisponibilité sporadique du Switch monétique (perte de
réseau, bug technique etc.) décourage les clients qui souhaitent
de plus en plus résilier leurs différents contrats d'abonnement.
La mise à jour des différentes applications par la banque peut
permettre de capter de nouveaux clients, de refidéliser les clients en
perte de confiance et d'améliorer les reporting pour la prise de
décision :
- Pour Internet banking : la validation de
l'implémentation d'une nouvelle plate-forme est en cours ;
- Concernant le m-banking (Avertis), notre proposition va dans
le sens d'une mise à jour de la fiche client, une amélioration du
service (instantanéité des messages par exemple,
possibilité d'interaction entre les comptes m-banking et bancaire
etc.) doit être fait ;
- L'autre canal m-banking (Vocalion) doit être
sorti du portefeuille des canaux de distribution de la SCB du fait de son
indisponibilité permanente. Un nouveau canal73(*) pourrait pallier la
suppression de ce dernier.
II. Sur le plan commercial
Le potentiel client du marché bancaire camerounais est
énorme et une offensive commerciale des banques peut s'avérer
porteuse de fruits dans une dynamique multicanal, notamment à travers le
mobile banking. Quatre leviers d'action ont été identifiés
pour accroitre l'efficacité du multicanal à la SCB :
1. L'offre des produits et services
- Développer une stratégie multi-services afin
de trouver de nouveaux relais de croissance (assurance, multibanking, mobile
money, mise à disposition des fonds etc.) ;
- Rechercher une innovation produit / canal permanente dans un
contexte où tout nouveau produit est rapidement imité par la
concurrence ;
- Promouvoir des offres adaptées au regard des profils
de clientèle ;
- Développer des offres permettant de conquérir
de nouveaux marchés (professionnels, PME -PMI, GE) ;
- Réduire le time-to-market des nouvelles offres
(véritable frein à la politique multicanal de la banque). En
effet, plusieurs projets d'implémentation de nouveaux canaux
proposés par la BMC depuis 2013 sont toujours en cours de validation par
la Direction Générale. La plupart des canaux proposés ont
entre-temps ont été implémentés dans d'autres
banques du marché.
2. Les canaux de distribution
L'absence de synergie entre les différents canaux de la
banque démontrée plus haut est l'une des principales causes de
l'inefficience du multicanal à la SCB Cameroun. Pour une gestion plus
optimale, il conviendrait de :
- Conquérir de nouveaux clients à travers de
nouveaux canaux (amélioration du site Internet : design, onglet
FAQ ; mise en place d'une hotline 24H/24 ; lancement des
activités TPE, carte prépayée, recharge
téléphonique sur GAB etc.) ;
- Optimiser la répartition des coûts et des
revenus associés à chaque produit (évaluation de la
rentabilité de chaque canal, suivi de la disponibilité des
différents canaux électroniques) ;
- Répondre aux préférences des
consommateurs à travers une segmentation adéquate (identification
des besoins et implémentation d'un SAV permanent) ;
- Promouvoir de nouveaux formats d'agence pour
améliorer le confort de la relation client et accroître la
capacité du réseau de distribution via : l'extension des
partenariats commerciaux avec les opérateurs de téléphonie
mobile, les commerçants et boutiques, les établissements
hospitaliers etc. ;
- Consolider les capacités multicanal afin de permettre
un alignement des différents canaux et une gestion des processus en
temps réel.
3. L'approche client
Les clients estiment que leurs besoins ne sont pas satisfaits
et qu'ils n'ont pas toujours connaissance des différents canaux qui sont
proposés par la banque. Nous proposons de :
- Mettre en place une segmentation commerciale qui
réponde à trois questions clés : Quels sont les besoins
des clients ? Quand les contacter ? Combien nous rapportent-t-ils par type de
canal ?
- Segmenter le portefeuille client en s'appuyant sur une
logique « offre/besoins » et simplifier la communication
vers le client final ;
- Optimiser la gestion de la relation client :
prospection commerciale adaptée en fonction de l'analyse de valeur du
client, connaissance globale du client (situation matrimoniale, activité
professionnelle, ...) ;
- Définir une stratégie de gestion de
portefeuille et son articulation avec les outils CRM ;
- Développer une stratégie de conquête de
nouveaux clients et élaborer un programme de fidélisation
client.
4. Les forces commerciales
Accroitre l'efficacité des canaux de distribution
grâce à :
· Un pilotage de la performance grâce à de
nouveaux indicateurs orientés client et des programmes de
fidélisation adaptés ;
· Un renforcement du suivi des
risques (autorisations de découverts, utilisation des cartes
bancaires, protection des données des porteurs et dispositif de
sécurité sur GAB) ;
· La limitation du turnover des jeunes et la transmission
d'une culture commerciale orientée clients à l'ensemble du
personnel de la banque ;
· L'élaboration d'un système de pilotage
évolutif adapté aux besoins des managers commerciaux ;
· L'adaptation d'un système de reconnaissance de
la performance aux objectifs commerciaux ;
· La formalisation et le déploiement des
meilleures pratiques commerciales et managériales dans le réseau
(des actions semblables ont été initiées depuis quelques
temps pour augmenter le taux d'équipement et le taux d'activation des
cartes dans le réseau qui sont sources de commissions pour la
banque) ;
· Concevoir et animer des formations au service de
l'efficacité commerciale ;
· Mettre en place un multi benchmark / canal pertinent
pour stimuler le réseau.
Par ailleurs, mettre en place une stratégie
cohérente de communication sur l'ensemble des canaux peut
s'avérer utile pour un meilleur pilotage muticanal. L'approche peut
être déclinée par :
· Une évaluation des enjeux
business et une définition des objectifs de la politique
multicanal de la banque ;
· Une élaboration de la politique de
management de la relation client par profils de clients (Programmes
relationnels par exemple) : quels canaux pour quels objectifs business ? Quels
canaux pour quels clients ? Quels canaux pour quels produits ? etc.
· Une définition de règles de
cohérence de communication (contacts maximum, minimum par
canal, offres compatibles/ incompatibles) ;
· Un déploiement des processus
multicanaux et des outils au niveau des différents points de
contact clients
A la suite de la présentation de ces différentes
recommandations et outils dont nous suggérons la mise en oeuvre à
la SCB Cameroun, nous nous proposons de faire une simulation de la prise en
compte d'un outil dans le cadre d'un projet de pilotage multicanal global.
SECTION II : BUSINESS CASE
I. Mise en place d'un outil de marketing analytique pour une
meilleure gestion multicanal à la SCB Cameroun
Les recommandations que nous avons formulées plus haut
peuvent constituer une fin en soi pour certaines banques. Mais pour d'autres,
ces bases peuvent être le point de départ du développement
de nouvelles capacités. L'enjeu consiste à faire face à
l'évolution des comportements des clients et de rester
compétitifs, notamment sur le marché des paiements où les
banques sont actuellement menacées par de nouveaux entrants (grande
distribution, entreprises du secteur des nouvelles technologies,
opérateurs mobiles et startups spécialisées).
En effet, une banque multicanal assure des interactions
fréquentes avec ses clients par différents canaux et en fonction
des préférences individuelles de chacun. Le principal
élément de différenciation de ce modèle est un
recours aux outils et techniques de marketing analytique qui permettent aux
banques de mieux comprendre et satisfaire les besoins de leurs clients. Les
composantes clés de ce modèle multicanal sont les suivantes :
· Une offre de service qui s'appuie sur la richesse des
canaux numériques et une architecture intégrée ;
· Une utilisation généralisée des
outils et techniques de marketing analytique, facilitée par une collecte
systématique des données des clients ; une
micro-segmentation permettant de définir en temps réel l'offre et
les services les mieux adaptés aux besoins d'un client ;
· Des services de conseil personnalisés s'appuyant
sur les canaux numériques et sur l'analyse des données
individuelles ;
· Des offres de produits et des critères de
tarification basés sur une micro-segmentation du portefeuille client et
optimisés en fonction des canaux utilisés.
L'élaboration de l'outil est en question s'est faite en
trois phases :
- Un recensement des flux de transactions par canal (volumes,
valeurs, montants moyens) pour l'ensemble des moyens de paiement de contact et
à distance à la SCB Cameroun ;
- Un découpage en 3 grands marchés
(Particuliers, Entreprises, Professionnel). Toutefois, notre simulation a
été faite sur le marché des particuliers ;
- Une analyse des données recueillies et la mise
à disposition d'un outil de pilotage stratégique et marketing
multicanal.
Nous avons baptisé cet outil SEGMA.
L'idée était de proposer une segmentation par profil de client et
par canal de distribution afin d'améliorer le pilotage multicanal de la
banque. Suite à l'indisponibilité de certains canaux au moment de
notre recherche notamment mobile banking (Avertis, Vocalion)
ou Internet banking (Infomail), nous avons conçu notre outil sur la base
des informations recueillies sur les autres canaux : E-bank, et le canal
GAB (en intégrant l'utilisation des cartes bancaires). L'agence bancaire
n'a pas été intégrée dans ce projet initial (dans
le cadre d'une étude plus globale le canal agence pourrait rendre
l'outil de CRM plus complet).
Dans un premier temps, nous avons conçu un
schéma d'expérience client basée sur une architecture et
une approche multicanal intégrées. En effet, l'usage
répandu des NTIC rend le client naturellement multicanal,
c'est-à-dire qu'il utilise plusieurs canaux pour interagir avec
l'entreprise ou obtenir tout simplement une information. Sur la base de notre
enquête ci-dessus, on a observé qu'un client SCB utilise en
moyenne 2,1 canaux soit pour un recours au service client, soit pour une
transaction financière ou non (avec un canal comme le GAB pouvant
être sollicité pour plusieurs services).
Les données collectées étaient
organisées suivant les schémas ci-dessous :
Ø Canal GAB
Figure 4.1. : Profilage client canal
GAB
Volume des opérations
|
Type de porteur
|
Nature de l'opération
|
GAB en agence
|
Porteur SCB
|
Mini relevé
|
GAB Station TOTAL
|
Porteur confrère
|
Consultation de solde
|
GAB hors site
|
Porteur étranger
|
Retrait
|
|
|
Virement
|
|
|
Commande de chéquier
|
Seuil de rentabilité
Par GAB
|
Profil porteur
|
|
Opération plus sollicitée
(montant)
Source : Auteur
Ø Utilisation de la carte bancaire
Figure 4.2. : Profilage client utilisation de
la carte bancaire
Type de carte
|
Transactions carte
|
Nature commerçant
|
Cycle de vie carte
|
Privative
|
Consultation de solde
|
GAB SCB
|
-remplacement carte
|
Entrée de gamme
|
Achat
|
GAB confrère
|
-annulation carte
|
Milieu de gamme
|
Retrait
|
GAB international
|
-réédition code confidentiel
|
Premium
|
Virement
|
TPE local
|
-opposition
|
|
Commande de chéquier
|
TPE international
|
-déplafonnement carte
|
|
Paiement en ligne
|
|
|
|
Édition de solde
|
|
|
|
Édition de mini relevé
|
|
|
Profil carte Type de transaction
Commerçant sollicité Evolution carte
Source : Auteur
Ø Canal E-bank
Figure 4.3. : Profilage client utilisation de
la carte bancaire
Fréquence de connexion
|
Durée de connexion
|
Opérations effectuées
|
Montant des opérations
|
Quotidienne
|
Consultation de solde
|
|
Hebdomadaire
|
Virement
|
|
Mensuel
|
|
Extrait de compte
|
|
Fréquence visite
Nature opération
Source : Auteur
L'agrégation de ces différentes données
dans un tableur Excel nous a permis de ressortir par exemple une segmentation
du portefeuille cartes de la banque. L'application de CRM en
réalité doit être validée et par la Direction de
l'Organisation et des systèmes d'information. Les fonctionnalités
de cette application sont celles d'une application usuelle d'analyse de
données en interaction avec le système d'information bancaire, le
switch monétique et les autres plateformes numériques de la
banque. Spécialisée dans le retraitement des données
collectées sur l'ensemble des canaux de distribution et de leurs
utilisations par les clients, l'outil CRM expérimental a permis de
proposer par exemple une refonte du potentiel cartes de la banque et une
projection des revenus dans un scénario de transformation à 100%
sur cinq ans. Le résultat en termes de PNB a enregistré une
croissance du simple au double à l'horizon 2020.
Dans le cas d'espèce, il a fallu rassembler les
mouvements créditeurs dans les comptes des clients sur toute
l'année 2015 à partir du SIB, leurs comportements d'achats, de
retraits et de paiements sur les canaux TPE (des autres banques locales et au
niveau international), GAB et internet à partir des différentes
plateformes. Les informations recueillies ont été
modélisées dans un tableur Excel et le résultat
expérimental figure dans le tableau ci-dessous.
Tableau 4.1 : Simulation de la
transformation du portefeuille actuel du stock de cartes via l'outil de
CRM.
POTENTIEL TRANSFORMATION DU PORTEFEUILLE GLOBAL
(HYPOTHESE A 100% SUR 5 ANS)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Carte 1
|
|
Carte 2
|
|
Carte 3
|
|
Carte 4
|
|
Carte 5
|
|
|
Avant transfo/après transfo
|
Stock carte initial
|
Rev.
|
->Trans
|
Rev.
|
->Trans
|
Rev.
|
->Trans
|
Rev.
|
->Trans
|
Rev.
|
->Trans
|
Rev.
|
Revenus attendues
|
Carte 1
|
39 500
|
237
|
29 227
|
175
|
9 085
|
185
|
722
|
29
|
350
|
32
|
116
|
17
|
439
|
Carte 2*
|
1 077
|
22
|
300
|
2
|
147
|
3
|
121
|
5
|
187
|
17
|
322
|
48
|
75
|
Carte 3
|
79
|
3
|
42
|
0
|
5
|
0
|
3
|
0
|
4
|
0
|
25
|
4
|
5
|
Carte 2**
|
49 129
|
1 002
|
9 075
|
54
|
28 675
|
585
|
7 282
|
291
|
3 159
|
292
|
938
|
141
|
1 363
|
Carte 2***
|
21 042
|
253
|
2 286
|
14
|
16 426
|
335
|
2 008
|
80
|
287
|
27
|
35
|
5
|
461
|
Carte 4
|
322
|
30
|
37
|
0
|
8
|
0
|
18
|
1
|
87
|
8
|
172
|
26
|
35
|
Carte 5
|
76
|
11
|
9
|
0
|
1
|
0
|
2
|
0
|
7
|
1
|
57
|
9
|
9
|
Carte 3
|
749
|
30
|
239
|
1
|
122
|
2
|
111
|
4
|
159
|
15
|
118
|
18
|
41
|
Total général
|
111 974
|
1 588
|
41 215
|
247
|
54 469
|
1 111
|
10 267
|
411
|
4 240
|
392
|
1 783
|
267
|
2 428
|
Source : Auteur
Trans : potentiel de transformation du portefeuille
cartes
Rev. : Revenus attendus après transformation
(*) Autres déclinaisons de la carte dans la gamme de
cartes bancaires de la banque.
L'élargissement de la collecte et de l'exploitation des
données clients, puis leur gestion et leur actualisation au moyen d'une
plate-forme CRM avancée peuvent contribuer à renforcer la
rentabilité du catalogue produits, concevoir des campagnes marketing
basées sur des propositions définies en temps réel, tout
en réduisant les coûts marketing (meilleur ciblage des campagnes
par micro-segment). Une expérience client multicanal est basée
sur la bonne combinaison des processus en ligne et physiques. S'en doter serait
une source d'avantage concurrentiel pour la banque dans la mesure par exemple
si elle souhaite implémenter de nouveaux canaux de distribution, source
de PNB additionnel.
II. Propositions de nouveaux canaux de
distribution
Même s'il s'agit de leur objectif prioritaire, la baisse
de coût que visent les banques de détail en développant un
réseau de distribution multicanal n'est pas acquise. En effet,
l'empilement des canaux sans réelle logique d'ensemble, dans l'espoir de
bénéficier uniquement des avantages-coûts relatifs de
chacun d'eux, renchérira fort probablement le coût total. Il sera
de même si les clients n'utilisent pas tous les services du nouveau
canal, en continuant par exemple à privilégier l'agence pour
faire des retraits ou des virements, ou obtenir des relevés de compte,
alors que la banque a investi dans un site Internet, un GAB ou du mobile
banking par exemple. Pour le cas de la SCB Cameroun, le contexte actuel de sous
optimisation de la distribution multicanal induit deux attitudes :
rentabiliser les canaux actuels suivant les recommandations que nous avons
formulées plus haut, proposer de nouveaux canaux au regard des
contraintes SI et organisationnels de l'entreprise.
1. Le canal GAB : implémentation de nouvelles
fonctionnalités
79% des retraits d'espèces, 95% de consultation de
solde et édition de mini relevés ont lieu sur les distributeurs
à la SCB Cameroun, ce qui en fait le canal le plus sollicité pour
des transactions. Cependant, il demeure déficitaire pour des raisons
déjà énoncées plus haut. Au rang des pistes
d'optimisation envisagées, nous avons recommandé la mise en place
de nouveaux services sur ce canal notamment la mise à disposition des
fonds et la recharge téléphonique.
i. La mise à disposition sur GAB
Cette fonctionnalité est déjà disponible
sur des GAB chez des confrères du marché. Sans investissement
majeur, il s'agit d'ouvrir une fonctionnalité préexistante sur
les distributeurs de la banque avec comme impacts sur le plan
organisationnel : un suivi en back office (traitement comptable, apurement
des suspens comptables etc.) et une communication pour sensibiliser les
clients.
Ø Cible :tout porteur de carte
bancaire SCB ;
Ø Fonctionnalités :
ü Transfert d'argent vers clients et non clients SCB
;
ü Retraits d'argent possible sans
carte ;
Ø Fonctionnement :
ü Choix de l'option transfert d'argent sur le GAB en plus
des opérations classiques (retrait, consultation de solde, mini
relevé etc.) ;
ü Sécurisation du transfert par un code qui sera
communiqué au receveur ;
ü Retrait d'argent transféré par des
porteurs et des non porteurs (retrait sans cartes) ;
Ø Valeur ajoutée banque :
ü Exploitation du potentiel commercial compte tenu du
nombre de GAB ;
ü Augmentation des commissions MAD existantes en
agence ;
ü Image d'une banque innovante ;
ü Potentiel conversion des prospects en clients ;
Ø Valeur ajoutée client
:flexibilité, possibilité de faire des transferts 24/7
en intégrant que le bénéficiaire n'a pas besoin
d'être client de la SCB Cameroun.
ii. La recharge
téléphonique sur GAB
L'idée du projet est de capter un pourcentage de
chiffres d'affaires sur les 110 GAB de la banque dans un partenariat
gagnant-gagnant avec des opérateurs de téléphonie
mobile.
a. Le contexte
- Diffusion rapide des NTIC et vulgarisation du
téléphone mobile au Cameroun ;
- Disparition lente et progressive des « calls
box » classiques ;
- Recherche par les opérateurs des canaux alternatifs
de vente de recharges téléphoniques ;
- Optimisation du canal GAB (recherche de flux et de PNB
additionnels) ;
- Paiement des factures téléphoniques et
alimentation des comptes de monnaie électronique (potentiel de 5
millions de comptes mobile money).
b. Les forces de la SCB Cameroun
- 1er parc de GAB du marché
bancaire avec à peu près 120 000 clients porteurs de
cartes ;
- Parc GAB diversifié (en agence et hors site) et
bonne répartition géographique sur le territoire ;
- Service offert sur la place bancaire par une seule
entité à ce jour ;
- Service disponible pour les porteurs de cartes SCB et
étrangers.
c. Les revenus attendus
- Structure des coûts : Investissements
100 MXAF cotation du Switch Atos et recrutement d'un ETP (employé
à temps plein) pour le suivi quotidien (gestion des réclamations,
suivi comptable...) ;
- Revenus générés : 4-8%
du montant de la recharge téléphonique : entre 300 MXAF et 1
500 MXAF de revenus attendus.
Ce service sur le canal GAB, véritable source de
commissions et de PNB additionnel a été proposé à
la Direction Générale pour validation.
2. Les Terminaux de Paiement Electronique
La vulgarisation de la carte bancaire sur le marché a
incité plusieurs acteurs bancaires à développer leur offre
en acquisition. Certaines banques (confer tableau ci-dessous) ont
mobilisé un nouveau canal plus rentable et flexible pour les
clients : le TPE.
Tableau
4.2 :Benchmark du marché des TPE
bancaires au Cameroun
|
|
ACQUISITION
|
FONCTIONALITES
|
TPE/BANQUES
|
NOMBRE
|
VISA
|
MCI
|
CUP
|
DINNERS/
|
PAIEMENT COMMERCANT
|
PRE AUTORISATION
|
CASH BACK
|
DISCOVER/
|
AMEX
|
BICEC
|
176
|
OUI
|
NON
|
NON
|
|
OUI
|
OUI
|
NON
|
Afriland First Bank
|
300
|
OUI
|
OUI
|
NON
|
|
OUI
|
NON
|
NON
|
SGC
|
318
|
OUI
|
OUI
|
OUI
|
OUI
|
OUI
|
OUI
|
NON
|
UBA
|
93
|
OUI
|
OUI
|
NON
|
|
OUI
|
OUI
|
NON
|
ECOBANK
|
ND
|
OUI
|
OUI
|
OUI
|
|
OUI
|
OUI
|
NON
|
Source : Auteur
En arrivant sur le marché comme sixième acteur
avec une perte de vitesse significative sur les gros commerçants, la SCB
Cameroun pour être compétitive, peut :
ü Mettre en place une stratégie adéquate
pour pénétrer le marché en tant que 6e
opérateur ;
ü Intégrer de nouvelles fonctionnalités
dans son offre TPE en dehors de l'acquisition simple (pré autorisation,
cash advance, paiement sans contact, etc.)
ü Rajouter les services à valeurs ajoutées
sources de commissions et facteur de différenciation (vente des
recharges téléphoniques, paiement des factures etc.) ;
ü S'intéresser aux niches délaissées
par la concurrence (les ministères, les transporteurs, les
hôpitaux, etc.).
CONCLUSION DU QUATRIEME
CHAPITRE
A l'issu du diagnostic des pratiques du multicanal à la
SCB Cameroun, nous avons identifié comme principales sources
d'inefficience une absence de synergie entre les différents canaux et
une mauvaise intégration du système d'information multicanal.
Pour pallier à ces difficultés, nous avons proposé des
recommandations suivant deux approches : la première consiste en
l'amélioration de l'existant par : une rationalisation des charges
sur les différents canaux, une coordination des différents canaux
afin mettre l'agence au centre de la relation bancaire, un meilleur suivi
commercial et une communication adéquate sur l'ensemble des canaux, une
mise à jour des plateformes numériques existantes etc. La seconde
approche va dans le sens de la promotion de nouveaux canaux (ou
fonctionnalités) plus rentables, plus efficaces et moins
budgétivores pour s'arrimer à la concurrence et créer de
la valeur pour la banque.
CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE
S'achève avec cette deuxième partie la
dernière étape de notre travail de recherche. Après avoir
bâti dans la première partie un cadre théorique visant
à comprendre l'importance d'une évaluation de toute
stratégie multicanal, nous l'avons rapproché du «
réel » pour en vérifier le potentiel explicatif
à travers une étude empirique. La manière dont nous avons
procédé à cette confrontation a été
retranscrite en deux chapitres : le premier nous a permis de présenter
notre modèle de recherche, de tester et valider nos hypothèses de
recherche. Le second chapitre nous a permis d'avancer un certain nombre de
recommandations managériales pour ce mode de distribution. Par la suite,
nous avons fait des propositions à la SCB Cameroun pour la mise en place
d'un dispositif CRM afin de piloter plus efficacement ses différents
canaux de distribution et éventuellement d'élargir la palette de
l'offre multicanal en intégrant de nouveaux moyens de distribution ou de
nouvelles fonctionnalités sur les canaux existants.
CONCLUSION GENERALE
La multiplication de nouveaux
canaux de distribution, définis comme interfaces entre les clients et
l'entreprise, constitue une orientation stratégique majeure des
entreprises de services. La banque de détail en particulier, est
fortement concernée par cette évolution puisque, en sus des
agences, points de vente historiques des produits et services bancaires, se
sont développés les centres d'appels, les services sur Internet,
la téléphonie mobile, la télévision interactive
etc. En d'autres termes, sont apparus de nouvelles possibilités de
contacts pour les clients, donnant une nouvelle dimension à la
convergence et à la déconstruction de la chaîne de valeur
bancaire en permettant de diminuer les coûts d'information,
améliorer la satisfaction des clients et réduire les
barrières à l'entrée dans le secteur financier.
Un benchmark sur le marché bancaire camerounais a
permis de faire le constat de l'inefficience des politiques multicanal des
différentes enseignes. Les clients bancaires étaient sous
équipés, les produits et services proposés ne
répondaient pas à leurs besoins (tout comme les tarifications
proposées qu'ils trouvaient élevées), les
différents canaux proposés n'étaient pas toujours
disponibles etc., tout ceci dans un contexte concurrentiel et économique
tumultueux et de rétrécissement des marges bancaires. Les
conséquences directes que nous avions relevées étaient
entre autres :
- La désaffection des clients sur les nouveaux
canaux et la dégradation de l'image de la banque ;
- L'augmentation des charges financières liées
à la gestion des canaux non rentables ;
- Un manque à gagner (perte de profit) du fait de
l'indisponibilité de certains canaux de distribution notamment ceux
à forte dimension technologique ;
- L'augmentation des risques opérationnel et
financier ;
- Augmentation de la charge de travail des employés (front
et back office) des banques.
L'objet de notre travail de recherche était
d'évaluer la stratégie multicanal de la SCB Cameroun afin de
proposer des pistes d'optimisation efficaces. A cet effet, nous avons
bâti un modèle théorique articulé suivant le
schéma :
i. Objectifs de la recherche
- Faire une analyse de la distribution des produits et
services à SCB Cameroun et en évaluer la performance ;
- Proposer à la banque, des leviers d'actions
correctrices après avoir identifié les sources de
contreperformance ;
- Contribuer à répondre aux interrogations
théoriques et managériales concernant l'organisation d'un
réseau de distribution multicanal bancaire.
ii.
Problématique
Quels sont les facteurs qui expliquent la mauvaise performance
de la stratégie multicanal de la SCB Cameroun ?
iii. Propositions de recherche
- Une absence de coordination entre les différents
canaux de distribution ;
- La qualité du système d'information bancaire
tant en termes de fonctionnalités, que dans sa capacité à
restituer les données sur l'ensemble des canaux.
La première articulation de ce travail consistait
à nous introduire au coeur de la distribution multicanal dans les
entreprises de services notamment bancaires. Nous avons présenté
les différents canaux de distribution bancaire, leurs conditions de
développement, les avantages et les inconvénients du multicanal
tant pour les banques que pour leurs clients. Par la suite, les modes de
distribution à plusieurs canaux ont été
présentés et nous nous sommes posés la question de savoir
pourquoi évaluer une stratégie multicanal ?
Par la suite, nous nous sommes intéressés aux
questions de performance dans les organisations en général, dans
les entreprises bancaires et aux canaux de distribution bancaire de
façon spécifique. Si l'agence bancaire a toujours
été au centre des préoccupations, la question de
performance de la distribution multicanal constitue désormais un
problème crucial pour les banques de détail. Nous avons
présenté deux modèles d'évaluation
évoqués dans la littérature. Les modèles de Capiez
et de Stern sont généralement mobilisés dans le cadre
d'une telle démarche.
A la suite de cette démarche théorique nous
avons fait l'expérience du réel pour confronter nos
hypothèses de recherche. C'est ainsi qu'a été
présenté le contexte dans lequel notre recherche a
été menée. Nous avons présenté
l'évolution du marché bancaire camerounais ces dernières
années ainsi que les stratégies distributives adoptées par
les différentes enseignes à l'ère du multicanal. La SCB
Cameroun a été présenté, une brève
historique, son évolution, ses stratégies de clientèle,
l'entité pilotant le multicanal dans la banque et les différents
canaux de distribution.
Les méthodes de recherches qualitatives et
quantitatives nous ont permises de collecter les données au sein de la
banque et auprès d'un échantillon de clients de la banque. Cette
analyse a mise en exergue les éléments suivants comme causes
principales de notre problème :
- Une offre client / canal très souvent
inadaptée ;
- Une absence de coordination entre les différents
canaux de distribution ;
- Une surpondération du système d'information
multicanal ;
- L'incapacité des différentes plateformes
à délivrer un service de qualité en temps voulu.
Pour chacun des facteurs de contre-performance
constatés, nous nous sommes investis à faire des propositions de
pistes d'actions dans le dernier chapitre visant à les corriger ou du
moins à atténuer leurs impacts négatifs. Les
recommandations préconisées sont d'ordre technique,
organisationnel et commercial. L'aspect organisationnel concerne notamment les
rôles et fonctions des entités pilotant la distribution des
produits et services. L'aspect technique est relatif aux méthodes et
outils à mettre en oeuvre. Les recommandations faites sont donc de :
- La refonte des applications télématiques et
mobile banking ;
- La définition d'une politique globale de gestion du
canal GAB pour améliorer sa rentabilité (taux de
disponibilité, nouvelles fonctionnalités etc.) ;
- L'automatisation des taches sans valeur
ajoutée ;
Sur le plan commercial nos recommandations se sont
déclinées suivant quatre aspects : l'offre des produits et
services, la coordination des canaux de distribution, l'approche client et la
force de vente. Sans nous limiter uniquement à des recommandations, nous
avons testé l'implémentation d'une plateforme CRM afin de piloter
plus efficacement le dispositif multicanal de la banque. Les données
analysées et traitées nous ont permis de bâtir une
proposition de transformation du portefeuille de cartes bancaires de la
banque.
Ces recommandations formulées ne sont pas sans
incidences financières pour la banque, elles ont un coût. Celui de
l'acquisition de nouvelles plateformes plus performantes, le recrutement du
personnel, l'investissement dans la communication, la mise à en place de
nouvelles fonctionnalités, la formation. La plupart des mesures de
correction proposées ne pourront réellement prendre forme et
être efficace que s'il y a en amont un travail suffisant pour susciter
l'adhésion des Hommes acteurs du pilotage multicanal au quotidien.
Notre travail a la particularité d'être
véritablement la pionnière de cet ordre dans l'environnement
d'accueil. Au terme de celui-ci, nous reconnaissons que nos propositions sont
soumises à des améliorations notamment la plateforme SEGMA dont
l'analyse des données s'est limitée au canal GAB. Par ailleurs
parlant de stratégie multicanal, notre étude s'est limitée
à l'analyse de trois canaux suivant des dimensions bien précises.
Le canal agence pourtant pivot de la relation bancaire n'a pas
été mis en exergue. En plus de ces limites inhérentes
à la méthode de planification proposée, nous avons fait
face à des difficultés pendant le processus de recherche : toutes
les variables pouvant influer sur les modes de distribution n'ont pas
été pris en compte d'une part, et nos résultats concernent
une seule banque d'autre part : sont-ils valables pour l'ensemble du secteur de
la banque de détail ?
L'absence de recherches empiriques sur les réseaux de
distribution multicanale au Cameroun donne à la nôtre un
caractère exploratoire certain, soulevant de nombreuses voies de
recherches. Malgré le manque de consensus sur les dimensions à
prendre en compte, une revue de la littérature fait ressortir certaines
composantes dans l'évaluation de la performance d'une stratégie
multicanal. Celles qui reviennent fréquemment sont : l'« efficience
» la « sécurité » la « facilité
d'utilisation », la « valeur perçue »,
l' « efficacité », la
« satisfaction », le « modèle de
maillage », la « qualité de l'information », etc.
Nous sous sommes véritablement appesantis sur les volets efficience et
efficacité seulement sur deux, voire trois canaux. Par ailleurs, les
variables individuelles, situationnelles, socio démographiques n'ont pas
été étudiées en profondeur dans le cadre de ce
travail de recherche pourtant capitales dans tout politique de distribution.
Enfin, le temps est venu pour les banques camerounaises
notamment les banques commerciales, d'évoluer et de repenser leur
modèle opérationnel. Face à un marché en pleine
mutation, ces banques doivent aujourd'hui faire face à de nombreux
défis : une pression réglementaire et concurrentielle qui
s'intensifie, de nouvelles attentes clients à satisfaire, un
impératif de réduction de leur structure de coûts pour
être plus performante et augmenter un taux de bancarisation encore
faible. Elles doivent désormais réorienter leurs
stratégies afin de : restaurer la confiance et la satisfaction des
clients, défendre leur activité de paiement face à une
désintermédiation progressive liée à l'apparition
de nouveaux entrants (comme les sociétés de
télécommunication, de transfert d'argent, les EMF etc.) et enfin
éviter la banalisation de leurs activités.
BIBLIOGRAPHIE
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· GSM Association (2014), « Les services
financiers mobiles destinés aux personnes non bancarisées en
2014 ».
· Rapport KPMG, (2015) « La satisfaction des
clients bancaires en Afrique ».
ANNEXES
Annexe 1 : Mutations observées
dans le portefeuille de métiers des banques camerounaises.
Annexe 2 : Evolution
des parts de marché des dépôts et crédits des
banques au Cameroun depuis 2010.
Annexe 3 : Structure actionnariale des
banques camerounaises en 2016.
Annexe 4 : Cartographie des différents
canaux de distribution du marché bancaire camerounais.
Annexe 5 : Grille d'entretien avec le
Responsable de la Banque Multicanal de SCB Cameroun.
Annexe 6 : Grille d'entretien avec le
Responsable du Contrôle de Gestion de SCB Cameroun.
Annexe 7 : Exemplaire du questionnaire
administré aux clients.
Annexe 8 : Dépouillement des
données sur SPHINX.
Annexe1 : Mutations observées dans le
portefeuille de métiers des banques camerounaises
Pour Lamarque (1999), les métiers principaux de la
banque commerciale comprennent : la banque des particuliers (collecte des
fonds, crédits, services), la banque des PME et des professionnels
(financements, moyens de paiements et trésorerie), la bancassurance
(assurance vie) et les financements spécialisés
(crédit-bail). Depuis quelques années, on observe des
modifications dans la chaine de valeur des banques camerounaises. En effet, si
les activités de marché sont encore timides, les emprunts
obligataires lancés par l'Etat ont été relayés par
certaines banques à travers la constitution de pool bancaires. Par
ailleurs, le développement de la télématique et
l'expansion des NTIC permettent désormais une meilleure gestion de la
relation client, le la monétique et la banque à distance.
Certaines banques ont associé à leur activité
d'intermédiation financière, de nouveaux services notamment la
bancassurance (qui était encore inexistante il y a quelques
années), le capital-risque, le crédit-bail etc.
Par ailleurs la tarification bancaire74(*) a été revue pour
l'ensemble des banques du Cameroun en raison notamment de la décision
des Autorités portant suppression des frais de tenue de compte sur la
clientèle des particuliers. Cette mesure est dorénavant
appliquée par toutes les banques depuis janvier 2009 et son impact sur
le compte de résultats des établissements est
considérable. Pour compenser la perte, de nombreuses mesures sont
envisagées par les banques : réaménagement des tarifs
liés aux opérations sur la monétique ainsi que les
retraits aux guichets des banques, facturation systématique de certains
services qui étaient offerts gratuitement jusque-là aux agents de
l'Etat (Mini relevé au distributeur, extrait de compte, etc.).Par un
arrêté du 13 janvier 2011, l'autorité monétaire
camerounaise en l'occurrence le ministère des finances, a
instauré le Service Minimum Bancaire qui prescrit la gratuité de
certains services bancaires et financiers auparavant source de commissions pour
les banques. Depuis deux ans, le taux de rémunération des
dépôts à vue notamment dans les comptes d'épargne a
été revu à la baisse. De 2.75% en décembre 2013, il
est passé à 2.45% au milieu de l'année 2014.
Annexe 2 : Evolution des parts de marché
des dépôts et crédits des banques au Cameroun depuis
2010.
i. Parts de marché crédits
ii. Parts de marché
dépôts.
Annexe 3 : Structure actionnariale des banques
camerounaises en 2016.
Banques agréées
|
Capital social
(Mds FCFA)
|
Actionnaires et leurs parts (%)
|
UBC
|
20
|
Oceanic Bank International (GA)
|
CAMCCUL
|
Autres
|
|
|
|
|
54
|
37
|
9
|
|
|
|
|
Afriland First Bank
|
15,8
|
BF and Co. (GE)
|
FMO
|
Particulier Camerounais
|
Particulier Camerounais
|
Jully S. A
|
Particulier Camerounais
|
Autres
|
37,2
|
19,3
|
9,5
|
8,5
|
8
|
7
|
10,4
|
SGC
|
12,5
|
Société Générale (GE)
|
Etat camerounais
|
AGF Cameroun (ex SNAC)
|
|
|
|
|
58
|
25,6
|
16,3
|
|
|
|
|
BICEC
|
12
|
BPCE International et Outre-mer
|
Etat camerounais
|
PROPARCO
|
Autres
|
|
|
|
61,2
|
17,5
|
7,2
|
14
|
|
|
|
CBC
|
12
|
Etat camerounais
|
SNAC - TIARD
|
SNAC - VIE
|
|
|
|
|
98
|
1,7
|
0,2
|
|
|
|
|
BC-PME
|
10
|
Etat camerounais
|
|
|
|
|
|
|
100
|
|
|
|
|
|
|
BGFI
|
10
|
BGFI Holding Corporation SA (GA)
|
Etat camerounais
|
Autres
|
|
|
|
|
70,7
|
20
|
9,3
|
|
|
|
|
Ecobank
|
10
|
ETI
|
Particulier Camerounais
|
AXA Assurances
|
La Citoyenne Assurances
|
Autres
|
|
|
79,8
|
5,3
|
2
|
2
|
10,8
|
|
|
SCB Cameroun
|
10,54
|
AWB Bank Holding
|
Etat camerounais
|
|
|
|
|
|
51
|
49
|
|
|
|
|
|
Standard Chartered Bank
|
10
|
Standard Chartered Holding (Africa)
|
|
|
|
|
|
|
100
|
|
|
|
|
|
|
UBA
|
8,5
|
UBA PLC (GA)
|
Autres
|
|
|
|
|
|
99,9
|
0,01
|
|
|
|
|
|
Citi Bank
|
7,569
|
Citibank NA New York
|
Particulier non Camerounais
|
Particulier non Camerounais
|
|
|
|
|
99,9
|
0,01
|
0,01
|
|
|
|
|
NFC Bank
|
6,128
|
Particulier Camerounais
|
MURCAS/FACAS
|
Privés camerounais
|
|
|
|
|
54,3
|
22,8
|
7,6
|
|
|
|
|
Banque Atlantique
|
5,5
|
AFG Central and East Africa (GA)
|
Financial Risk International
|
Autres
|
|
|
|
|
54,5
|
18
|
26,5
|
|
|
|
|
Annexe 4 : Cartographie des différents canaux
de distribution du marché bancaire camerounais.
4.1. Nombre d'agences, de GAB et de TPE des
différentes banques
BANQUES
|
Nombre de GAB
|
Cartes acceptées
|
TPE
|
SCB
|
111
|
VISA/ MCI
|
0
|
BICEC
|
93
|
VISA
|
176
|
SGC
|
88
|
VISA/MCI/AME/CUP/DISCOVER
|
318
|
AFRILAND
|
102
|
VISA/MCI
|
300
|
UBA
|
33
|
VISA/MCI
|
93
|
ECOBANK
|
69
|
VISA/MCI
|
0
|
CBC
|
9
|
Cartes privatives CBC
|
0
|
BGFI
|
4
|
VISA
|
0
|
NFC
|
14
|
Cartes Privatives (attente GIMAC)
|
0
|
UBC
|
11
|
Cartes Privatives (attente GIMAC)
|
0
|
ATLANTIQUE
|
9
|
VISA/MCI/CUP
|
0
|
STANDARD
|
2
|
Cartes privatives Standard
|
0
|
CITIBANK
|
0
|
|
0
|
BCPME
|
0
|
|
0
|
TOTAL
|
545
|
|
844
|
4.2. Les taux d'audience des sites
Internet.
(*) Il s'agit généralement des
sites des maisons mères des filiales implantées au Cameroun. Il
en est de même pour le cas de la Citi Bank. Les données contenues
dans le tableau concernent le site du Groupe et non pas de la filiale
camerounaise (ces chiffres ne paraissent pas pertinents de notre point de vue,
du moins pour une analyse du taux d'audience des sites internet des banques
camerounaises).
Source :
http://www.alexa.com,
http://freewebsitereport.org/
4.3. Les canaux de banque à distance sur le
marché bancaire camerounais
Banques
|
BANQUE A DISTANCE
|
Internet Banking
|
SMS Banking
|
Serveur vocal
|
Plateforme d'échange de flux
financiers
|
Application mobile
|
SCB
|
Ok
|
Ok
|
Ok
|
|
|
BICEC
|
Ok
|
Ok
|
Ok
|
|
Ok
|
SGC
|
Ok
|
Ok
|
Ok
|
Ok
|
|
AFRILAND
|
Ok
|
Ok
|
Ok
|
|
|
UBA
|
Ok
|
Ok
|
|
|
|
ECOBANK
|
Ok
|
Ok
|
Ok
|
|
Ok
|
CBC
|
Ok
|
Ok
|
Ok
|
|
|
BGFI
|
Ok
|
Ok
|
Ok
|
|
|
NFC
|
Ok
|
|
|
|
|
UBC
|
Ok
|
|
|
|
|
ATLANTIQUE
|
Ok
|
Ok
|
Ok
|
|
|
STANDARD
|
Ok
|
|
|
|
|
CITIBANK
|
Ok
|
|
|
Ok
|
|
BCPME
|
Ok
|
|
|
|
|
Annexe 5 : Grille d'entretien avec le Responsable
de la Banque Multicanal de SCB Cameroun.
Thème I : Le multicanal bancaire dans
votre établissement
1. Le contexte de l'implémentation du multicanal dans
votre banque : concurrence ? Suivisme ? Nouvelle
stratégie de distribution ?
2. Quelle évaluation faites-vous à ce niveau du
parcours en termes de multicanal dans votre banque (nouvelles approches,
nouveaux produits, projets) ou sur le marché bancaire (positionnement,
stratégie etc.)
3. Les perspectives : vos prévisions sur les
années à venir (tendances et évolution du secteur dans les
prochaines années), regard critique sur l'évolution de ce mode de
distribution dans le secteur bancaire.
Thème II : L'impact de ces nouveaux
canaux sur la relation avec les clients
1. La politique multicanal de votre établissement
a-t-elle atteint ses objectifs à ce jour (en termes de PNB,
rentabilité des canaux, volume des opérations etc. ?
2. Les produits / services / les canaux de distribution
répondent-ils à un besoin de la clientèle cible ?
3. Quels sont les retours des clients vis-à-vis des
différents canaux qui ont été mis en place ?
4. A bien observer, il n'existe pas de segmentation
client/canal à priori, la politique de la banque évolue-t-elle
dans ce sens-là ?
Thème III: La performance des produits de
banque à distance / canaux de distribution
5. Comment définiriez-vous votre rôle dans
l'évaluation de la performance des produits et services de banque
à distance (BAD) au sein de votre établissement bancaire?
6. Quels sont vos critères de maillage territorial en
termes de GAB et vos choix de canaux ?
7. Pour l'animation du réseau, comment situez-vous
votre département /service par rapport aux autres services de votre
banque (Capital Humain, Direction Commerciale, Direction des opérations)
?
8. Pour mieux décrire votre système de
contrôle, il semble intéressant de distinguer trois
phases :
ü Avant (fixation des moyens et des
objectifs)
ü Pendant (les éléments
qui permettent de suivre la réalisation des objectifs en particulier les
systèmes d'information)
ü Après (la manière dont
se déroule la phase d'évaluation). Comment sont assurées
ces différentes phases ?
9. Comment le vôtre a-t-il évolué ces
dernières années ? Avez-vous amélioré vos outils de
gestion ? (Création d'un nouveau pôle, performance par
activités,)
10. De quelle manière allez-vous faire évoluer
votre système de contrôle et d'évaluation des unités
support (Exploitation, SAV, BAD) ?
11. Existe-t-il à la SCB Cameroun ce que l'on appelle
un système de contrôle interactif, c'est-à-dire un outil
capable de stimuler l'émergence de nouvelles idées et de
nouvelles stratégies ?
Annexe 6 : Grille d'entretien avec le Responsable
du Contrôle de Gestion de SCB Cameroun
La performance du réseau d'agences
bancaires : suivi, évaluation, indicateurs, objectifs.
1. Comment définiriez-vous votre rôle dans
l'évaluation de la performance du réseau d'agences de SCB
Cameroun ?
2. Pour l'animation du réseau, comment situez-vous
votre département par rapport aux autres services de votre banque
(Direction du Capital Humain, Direction Commerciale, Direction des
opérations) ?
3. Pour mieux décrire votre système de
contrôle de gestion, il semble intéressant de distinguer trois
phases
ü Avant (fixation des moyens et des
objectifs)
ü Pendant (les éléments
qui permettent de suivre la réalisation des objectifs en particulier les
systèmes d'information)
ü Après (la manière dont
se déroule la phase d'évaluation). Comment sont assurées
ces différentes phases ?
4. Comment votre système a-t-il évolué
ces dernières années ? Avez-vous amélioré vos
outils de gestion ? (Méthode DEA, performance par activités,
méthode de la frontière d'efficience, méthode ABC ?)
5. De quelle manière allez-vous faire évoluer
votre système de contrôle et d'évaluation des unités
opérationnelles (agences bancaires) ?
6. Existe-t-il à la SCB Cameroun ce que l'on appelle un
système de contrôle interactif, c'est-à-dire un outil
capable de stimuler l'émergence de nouvelles idées et de
nouvelles stratégies ?
Annexe 7 : Exemplaire du questionnaire
administré aux clients.
Annexe 8 : Dépouillement
automatique des données sur SPHINX.
Evaluation de la
qualité des instruments d'analyse
SPINX PLUS V5 a fait une
évaluation de la qualité du questionnaire que nous avons
élaboré pour conduire notre étude empirique.
Evaluation du questionnaire
Nombre de questions 29 questions [27 37] OK
Longueur moyenne des libellés 60 caractères. [39
53] Plutôt élevée : des questions plus courtes seront plus
claires
Nombre moyen de modalités 4.8 mod. [4.2 5.7] OK
Pourcentage des questions textes 10.3% [10.0 20.0] OK
Pourcentage des questions échelles 31.0% [19.6 49.6]
OK
Nombre de renvois 0 sauts [0 4] OK
Evaluation du jeu de données
· Taux de retour : Le taux de retour est de 85% [min
0%] OK
· Taux de remplissage : => moyenne pour
l'ensemble des répondants du % de questions effectivement remplies. Le
taux de remplissage global est de 92.9% [min 0%] OK
· Variation des réponses
Concentration des questions fermées
Pour les 9 variables fermées uniques, le coefficient de
concentration est de 54.
Les réponses aux questions fermées sont
très concentrées. Les individus formulent des réponses
très homogènes aux questions fermées. => Le coefficient
de concentration est le calcul de la différence moyenne pour chaque
question fermée entre la modalité la plus citée et la
modalité la moins citée. Il est donc compris entre 0 et 100.
· Variation des questions
numériques
Pour les 3 variables numériques, le coefficient de
variation moyen est de 12%.
Les réponses aux questions numériques varient
très peu. => Le coefficient de variation est le rapport entre
l'écart-type et la moyenne
· Richesse des réponses
Richesse des réponses aux questions échelles.
Pour les 9 variables fermées échelles, la richesse individuelle
moyenne est de 54%. Les individus utilisent bien toute la palette des
réponses possibles. => La richesse individuelle moyenne indique le
pourcentage des échelons disponibles utilisés en moyenne par les
répondants
· Richesse des réponses aux questions
fermées multiples. Pour les 5 questions fermées multiples, le
taux de remplissage est de 48% des réponses possibles.
Le taux de remplissage est satisfaisant. => Le taux de
remplissage des questions fermées multiples indique le pourcentage des
modalités disponibles utilisées en moyenne par les
répondants.
Longueur des réponses aux questions ouvertes textes.
Pour les 3 questions textes (2 lignes et plus), la longueur moyenne des
réponses est de 8 caractères. Cette longueur moyenne est assez
faible.
Respect des quotas
70 envois/contacts - 60 observations saisies
Enquête sur population complète
Contexte de l'étude : Evaluation d'une stratégie
de distribution de produits et services bancaires
Objectif : Enquête de satisfaction / enquête
qualité
Mode de collecte : Face à face lieu public
Cible : clients de banque (SCB Cameroun)
Nombre de réponses attendues : Moins de 100.
Tableaux 3.2 : les circonstances
d'entrée en relation et l'ancienneté dans la
banque
Entrée en relation
|
|
|
|
Nb.
|
% cit.
|
Pour une demande de crédit
|
2
|
3,30%
|
Pour un virement de salaire
|
20
|
33,30%
|
Un transfert d'argent
|
0
|
0,00%
|
Pour une ouverture de compte
|
26
|
43,30%
|
L'ouverture d'un compte par un parent
|
9
|
15,00%
|
Vous avez été démarché par un
commercial de banque
|
1
|
1,70%
|
Autre
|
2
|
3,30%
|
Total
|
60
|
100,00%
|
Ancienneté
|
Moyenne = 2,43 'De 1 à 3 ans'
|
|
|
|
Nb.
|
% cit.
|
Moins de un an
|
16
|
26,70%
|
De 1 à 3 ans
|
25
|
41,70%
|
De 3 à 5 ans
|
5
|
8,30%
|
De 5 à 10 ans
|
5
|
8,30%
|
Plus de 10 ans
|
9
|
15,00%
|
Total
|
60
|
100,00%
|
Source : Auteur
Tableaux 3.3 : Motivation du choix de la
banque et perception globale la qualité des
prestations
Choix de la banque
|
|
Nb
|
% cit.
|
Vous y avez une relation
|
25
|
41,70%
|
Vous avez été contraint par votre employeur
|
11
|
18,30%
|
Vous y avez été contraint par un parent
|
5
|
8,30%
|
Vous avez été conseillé
|
16
|
26,70%
|
Vous trouvez que c'est une meilleure banque
|
0
|
0,00%
|
Autres
|
3
|
5,00%
|
Total
|
60
|
100,00%
|
Perception globale
|
Moyenne = 4,96
|
|
Médiane = 5,00
|
Min = 4 Max = 7
|
Source : Auteur
Tables des matières
Sommaire
ii
DEDICACE
iii
REMERCIEMENTS
iv
LISTE DES ACRONYMES
v
LISTE DES TABLEAUX
vi
LISTE DES FIGURES
vii
RESUME
viii
ABSTRACT
viii
Introduction
générale
9
1. CONTEXTE DE L'ETUDE
10
2. PROBLEMATIQUE
13
3. PROPOSITIONS DE RECHERCHE
15
4. METHODOLOGIE
16
5. OBJECTIF DE L'ETUDE
17
6. INTERET DE L'ETUDE
17
7. PLAN DU TRAVAIL
18
Première
partie : LA BANQUE DE DETAIL ET LA DISTRIBUTION DES PRODUITS ET SERVICES
FINANCIERS
19
CHAPITRE I : LA DISTRIBUTION MULTICANAL DANS
UNE BANQUE DE DETAIL
21
SECTION I : GENERALITES SUR LA
DISTRUBUTION MULTICANAL EN MILIEU BANCAIRE
22
I. Du canal au réseau de distribution
multicanal
23
1. Le canal de distribution : deux
approches complémentaires
24
i. Perspective verticale du canal de
distribution
24
ii. Perspective horizontale du canal de
distribution
25
2. Le multicanal :
caractéristiques générales et nature des canaux de
distribution
26
II. Les différents canaux bancaires,
leurs évolutions et leurs importances respectives
28
1. Les types de canaux bancaires
28
i. Les canaux terrestres
28
ii. Les canaux interactifs
30
iii. Les canaux indirects
31
iv. Les canaux spéciaux
31
2. La structuration des canaux bancaires
31
i. Une logique économique
32
ii. La diversité des usages :
portée et richesse des canaux
32
SECTION II : EVALUATION DU SYSTEME DE
DISTRIBUTION MULTICANAL DANS UNE INSTITUTION BANCAIRE
33
I. Avantages et inconvénients d'une
stratégie multicanal
33
1. Les avantages d'une stratégie de
distribution multicanal
35
2. Risque et inconvénients
inhérents à une stratégie multicanal
37
II. Evaluation d'une stratégie
multicanal bancaire : quelle pertinence pour quels objectifs ?
39
CHAPITRE II : LES DETERMINANTS DE LA
PERFORMANCE DES CANNAUX DE DISTRIBUTION BANCAIRE
42
Section I : GENERALITES SUR LE CONCEPT DE
PERFORMANCE
43
I. Les points communs à la notion de
performance et les dimensions de la performance
44
1. Les points communs à la notion de
performance
44
i. La performance est relative
44
ii. La performance peut être
mesurée et pilotée
45
iii. La performance est subjective
45
2. Le caractère multidimensionnel de
la performance d'entreprise
45
i. La dimension socio-économique de
la performance
45
ii. La performance organisationnelle
45
iii. La performance économique et
financière
46
iv. La performance humaine et sociale
46
II. Les modèles d'évaluation
de la performance
48
1. Le modèle de Norton et Kaplan
48
2. Le modèle de Morin
50
SECTION II : LA PERFORMANCE DES CANAUX DE
DISTRIBUTION BANCAIRE : DES INDICATEURS DE MESURE
53
I. Les conditions de performance des canaux
de distribution selon Stern et al.
55
1. De l'efficacité des canaux :
la gestion de la relation et attentes des clients
56
2. De l'efficience des canaux :
développer des canaux à moindre coût sans perdre
d'information
58
3. De l'équité des canaux de
distribution
59
II. Les conditions de performance des canaux
de distribution selon le modèle de Capiez
59
1. La qualité du service offert
à la clientèle
60
2. L'efficience organisationnelle et
humaine
60
3. La rentabilité
financière
60
CONCLUSION DU DEUXIEME CHAPITRE
64
CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE
65
Introduction de la deuxième partie
66
DEUXIEME
PARTIE : LA DISTRIBUTION MULTICANAL DE SCB CAMEROUN : DIAGNOSTIC ET
OPTIMISATION
66
CHAPITRE III : DIAGNOSTIC DE LA STRATEGIE
MULTICANAL DE SCB CAMEROUN
68
SECTION I : LE MARCHE BANCAIRE
CAMEROUNAIS : EVOLUTION ET STRATEGIE DES ACTEURS
68
I. Un marché bancaire concurrentiel
en pleine mutation
69
1. Les évolutions de la
règlementation bancaire au Cameroun
69
2. Une nouvelle dynamique
concurrentielle
71
i. Une concurrence intra-sectorielle
71
ii. Une concurrence internationale et
extra-sectorielle
72
4. Une exigence plus accrue de la part des
clients
72
5. L'innovation technologique
73
II. LA SCB CAMEROUN ET SA STRATEGIE DE
DISTRIBUTION
74
1. Présentation de la SCB Cameroun et
sa politique multicanal
75
i. Présentation
générale de la SCB Cameroun
75
ii. Présentation de la banque
multicanal (BMC)
77
2. Les différents canaux de
distribution de SCB Cameroun
77
SECTION II : IDENTIFICATION DES PRINCIPALES
SOURCES DE CONTRE PERFORMANCE DE LA DISTRIBUTION MULTICANAL DE SCB CAMEROUN
79
I. Les méthodes de collecte de
données.
80
1. Les outils qualitatifs
80
i. La recherche documentaire
80
ii. Les entretiens semi directifs
80
iii. L'observation participante
81
2. Les outils quantitatifs
81
i. Echantillonnage et administration des
questionnaires
81
ii. Un outil d'évaluation de la
performance relative des différents canaux de distribution
82
III. Résultats des enquêtes et
estimation des modèles d'évaluation
83
1. La performance perçue
(efficacité) des différents canaux de distribution par les
clients de la SCB Cameroun
83
2. De la performance relative des canaux de
distribution (rentabilité financière)
85
i. L'intégration des
différents canaux de distribution : une stratégie à
parfaire
93
ii. Les risques de surpondération du
système d'information multicanal
93
CONCLUSION DU TROISIEME CHAPITRE
94
CHAPITRE IV : RECOMMANDATIONS POUR UNE
OPTIMISATION DE LA DISTRIBUTON MULTICANAL DE SCB CAMEROUN
95
SECTION I : DES RECOMMANDATIONS SUR LE
PLAN ORGANISATIONNEL, TECHNIQUE ET COMMERCIAL
95
I. Sur le plan organisationnel et
technique
96
II. Sur le plan commercial
98
1. L'offre des produits et services
98
2. Les canaux de distribution
98
3. L'approche client
99
4. Les forces commerciales
99
SECTION II : BUSINESS CASE
101
I. Mise en place d'un outil de marketing
analytique pour une meilleure gestion multicanal à la SCB Cameroun
101
II. Propositions de nouveaux canaux de
distribution
106
1. Le canal GAB : implémentation
de nouvelles fonctionnalités
106
i. La mise à disposition sur GAB
106
ii. La recharge téléphonique
sur GAB
107
2. Les Terminaux de Paiement
Electronique
108
CONCLUSION DU QUATRIEME CHAPITRE
109
CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE
110
CONCLUSION GENERALE
111
i. Objectifs de la recherche
111
ii. Problématique
112
iii. Propositions de recherche
112
BIBLIOGRAPHIE
116
ANNEXES
121
Tables des matières
137
* 1 AVOM D. et S. M.-L.
EYEFFA (2007) « Quinze ans de restructuration bancaire dans la
CEMAC : qu'avons-nous appris ? », Revue
d'économie financière, Vol.87, N°89, Pp. 183-200.
* 2 Exposé avec plus
de détail en annexe 1.
* 3Ces dernières
années, on a noté 2non seulement l'arrivée de nouvelles
banques sur le marché, mais aussi l'émergence de
sociétés proposant d'autres services
financiers (Microfinance, transfert d'argent, capital-risque,
crédit-bail, entreprises de télécommunication etc.).
* 4Le SMB a été
instauré par un arrêté du Ministre des Finances le 13
Janvier 2011. Il prescrit la gratuité d'un bouquet de 15 services
délivrés aux particuliers afin de réduire les coûts
d'accès aux services bancaires.
* 5EONNET, Y. (2016),
« Services financiers en Afrique : la déferlante du
mobile », Banque et Stratégie, N°349, Pp.6.
* 6 VILLAIN, F. (2016),
« Digital, FinTech... Le changement de modèle des banques,
c'est maintenant ? », Revue Banque, N°798, Pp. 15.
* 7 LA VILLARMOIS O. (1999),
« Évaluer la performance des réseaux bancaires : la
méthode DEA ». Décision Marketing,
N°16, Pp.39-51.
* 8FRANZA M. et D. VILLATES
(2009), « Les consommateurs, les TIC et la banque »,
Horizons bancaires, N°339, Pp 12-19.
* 9Banque Africaine de
développement (2013), « Le mobile banking au service de
l'inclusion financière ».
* 10GSM Association (2014),
« Les services financiers mobiles destinés aux personnes non
bancarisées en 2014 ».
* 11 Ou encore M-banking. Il
s'agit de la mise à disposition / transfert des fonds via un
téléphone portable.
* 12Boston Consulting Group
(2015), « Africa blazes a trail in mobile money ».
* 13SECK A.M. (2009),
« Qualité de service et satisfaction du client dans un
contexte de distribution de services multi canal : une étude
exploratoire dans le secteur bancaire », 8th International Marketing
Trends Congres, Paris.
* 14 Seuls 21% des clients
bancaires sont satisfaits des prestations des banques camerounaises (KPMG,
2015).
* 15A peu près 14% si
l'on considère uniquement le secteur bancaire. 26% si l'on
intègre l'activité Microfinance. (Statistiques de l'Association
Professionnelle des Etablissements de Crédits du Cameroun (APECCAM)
2015).
* 16Données du
marché bancaire Camerounais (Conseil National du Crédit,
Décembre 2014).
* 17BEGUY O.
(2012), « Trois essais sur la surliquidité bancaire dans la
CEMAC », Thèse de doctorat soutenue à
l'université Clermont Ferrand.
* 18Rapport d'étude
COBAC (2007), « Les déterminants de l'efficacité des
banques commerciales de la CEMAC ».
* 19STERN, L. et al. (1996),
Marketing Channels, Prentice-Hall, 5th edition, New-Jersey.
* 20LECAT, B. (2006),
« La performance des canaux de distribution bancaires »,
Thèse de Doctorat.
* 21KALIKA, M. (2000),
« L'émergence du e-management », Cahier de recherche
CREPA, N° 57, Université Paris Dauphine.
* 22VANHEEMS, R.
(1995), « Analyse dynamique des transferts de clientèle
dans les systèmes de distribution duale ». Thèse de
doctorat, Université des Sciences et Technologies de Lille.
* 23PLÉ, L. (2006),
« La coordination d'un réseau de distribution
multicanal : Le cas de la banque de détail »,
Thèse de Doctorat en Sciences de Gestion, Université Paris
Dauphine.
* 24 SECK A.M. (2010),
« L'impact de l'émergence du multicanal sur la gestion de la
distribution des services ». Economie et
Sociétés, Série « Economie et gestion des
services », N° 11, Pp. 231-250.
* 25ROWE F. (1994),
« Des banques et des réseaux : Productivité et
avantages concurrentiels », Economica, Paris.
* 26ACCENTURE (2016),
« La banque en 2016 : accélérer la croissance et
optimiser les coûts de distribution et de marketing ».
* 27BADOC M. et E.
TROUILLAUD (2013), Le marketing bancaire et de l'assurance, Revue
banque, les essentiels de la banque et de la finance, 1ère
édition, Paris.
* 28 LAMARQUE, E. (1999),
« Les activités clés des métiers bancaires : une
analyse par la chaîne de valeur ». Finance Contrôle
Stratégie, Vol 2, N° 2, Pp. 135-160.
* 29Expression
utilisée par plusieurs auteurs anglo saxons notamment Coelho (2003),
Anderson (2001), Nicholson et al. (2002). Plé L. (2006, P. 22)
fait une présentation chronologique des définitions du multicanal
dans sa thèse de Doctorat.
* 30 JALLAIS J, (1997),
« Canaux de distribution », in Simon, Y., Joffre P.,
Encyclopédie de Gestion, Economica, 2ème Edition, Paris.
* 31 FILSER M. (2000),
« Les théories du canal de distribution : le dualisme des
paradigmes », in Paché, G., Colin, J., Fabbe-Costes, N.,
Faire de la recherche en logistique et distribution ? Paris, Vuibert,
Pp. 55-89.
* 32 LENDREVIE J. et J. LEVY
(2013), « Mercator », Dalloz, 7e édition,
Paris.
* 33NOVEO Conseil
(2009), « L'approche multicanal des banques
françaises : Evolutions et perspectives ».
* 34BENAVENT C. et N. GARDES
(2009), « Stratégies de canal de distribution bancaire :
La logique des affaires », ASAC.
* 35
www.larousse.fr/dictionnaires/français/canal.
Page consultée le 25/07/2016.
* 36COLLART D. et C.
LEUJEUNE. (2001). « Multicanal : croissance et
rentabilité », Les Echos - L'art du Management.
* 37 DIETSCH M., A. HUBRECHT
et F GUERRA. (2005), « Mesures de la performance des agences bancaires par
une approche DEA », Finance, Contrôle et Stratégie,
Vol 8, N°2, Pp.133-173.
* 38 DES GARETS V. et al.
(2009) « L'approche relationnelle dans les banques », Revue
française de gestion, N° 191, Pp. 123-138.
* 39 CAPIEZ A. (2001),
« Nouvelles technologies et performance : le cas de la banque
à distance », 22e congrès de l'AFC, France.
* 40Une brillante
synthèse a été élaborée par
LoïcPlé (2006) dans sa thèse de doctorat.
* 41Cette value
perçue du client occupe une place de choix dans notre étude
(d'ailleurs le questionnaire élaboré pour l'enquête est
voué à cet objectif).
* 42FRAZIER G. L. (1999),
« Organizing and managing channels of distribution », Journal of
the Academy of Marketing Science, Vol. 27, N°2, Pp. 226-240.
* 43LAPLAGNE, G., (2011),
« Stratégie et marketing bancaires » (Extrait de
cours de stratégie bancaire dispensée à
l'Université de Paris I).
* 44On estime que 55% des
projets visant à améliorer la relation client sont des
échecs (KALIKA, M. (2006), « Le relationnel
bancaire : diagnostic et évaluation des stratégies mises en
place », Actes du XXIIe congrès de l'Association
Française de Marketing, 11 et 11 mai (Nantes)).
* 45ESSID, M. (2009).
« Les mécanismes de contrôle de la performance
globale : le cas des indicateurs non financiers de la RSE ».
Thèse de doctorat, Université Paris-Sud, Paris.
* 46VOYER, P. (2006).
« Tableaux de bord de gestion et indicateurs de
performance ». Presses Universitaires du Québec,
Québec.
* 47BOURGUIGNON, A. (1997),
« Sous les pavés la plage... ou les multiples fonctions du
vocabulaire comptable :l'exemple de la performance »,
Comptabilité-Contrôle-Audit, T.3, vol.1, mars,
Pp.89-101.
* 48BESSIRE D. (1999),
« Définir la performance »,
Comptabilité-Contrôle-Audit, T5, vol.2, septembre,
Pp.127-150.
* 49BOUQUIN H. (2000),
« Du contrôle de gestion au pilotage », L'expansion
Management Review, septembre, Pp.58-66.
* 50 LORINO, P. (1997).
Méthodes et pratiques de la performance. 1ère
édition, Ed. d'Organisation, Paris.
* 51MARMUSE, C.
(1997), « Performance ». In Encyclopédie
de Gestion (coordonné par Y. Simon et P. Joffre), Tome 2. Pp.
2194-2207. Economica, Paris.
* 52COHEN, E., (1994),
Analyse Financière, Economica, 1ère édition,
Paris.
* 53KAPLAN, R. et D. NORTON,
(1996),The Balance Scorecard: translating strategy into action,
Harvard Business School Press.
* 54 Bergeron H., 2000,
« Les indicateurs de performance en contexte PME, quel
modèle appliquer ? », page 7.
* 55EPSTEIN M., MANZONI J.F.
(1998), « Implementing Corporate Strategy: From Tableaux, de Bord to
Balanced Scorecard », European Management Journal, vol.6,
n°2, Pp.190-203.
* 56BOENNEC, N et R. DESCOUT
(2012), « Pilotage de la performance dans la banque de
détail Panorama des pratiques et perspectives »,
Février.
* 57 KABLAN S. (2007),
"Measuring bank efficiency in developing countries: The case of WAEMU",
African Economic Research Consortium.
* 58DIETSCH, M. (1996),
« Efficience et prise de risque dans les banques en
France », Revue économique, Vol.47, N°3, Pp.
745-754.
* 59 Les définitions
du terme banque sont nombreuses et les typologies varient suivants les
règlementations. Dans le cadre de notre recherche, le
référentiel règlementaire est constitué par les
prescriptions de la COBAC. Selon le règlement R-2009/01, la banque est
un établissement de crédit. Selon ce même règlement,
constitue un établissement de crédit, toute entité qui
effectue à titre habituel des opérations de banque : la
collecte des dépôts, l'octroi des crédits, la
délivrance de garantie, la mise à disposition et la gestion des
moyens de paiement.
* 60Annexe 2,
l'évolution des parts de marché des
dépôts et crédits des banques depuis 2010.
* 61Notamment les
établissements de 2e catégorie dont l'activité
est presque similaire à celle des banques commerciales. Désormais
très offensifs sur les mêmes niches de clientèle que les
banques commerciales dont ils grignotent de plus en plus les parts de
marché. On dénombre en janvier 2016, 418 EMF en activité
au Cameroun dont 43 établissements de 2e catégorie.
* 62Indice de Herfindahl -
Hirschmann. Indice calculé partir des données du marché
bancaire de Décembre 2014. IHH= , où Si est la part de marché de chaque banque du
secteur.
* 63En Annexe
3: Structure actionnariale des banques camerounaises en mai 2016.
* 64 La théorie et la
pratique bancaire s'accordent sur une segmentation de la gestion de la banque
de détail en deux pôles : le front office constitué de
toutes les entitésen contact direct avec la clientèle et le back
office (invisible aux yeux des clients) qui vient en support (technique,
organisationnel) auprès du front office pour une meilleure gestion de
ses activités.
* 65 Informations obtenues
à la suite d'une veille concurrentielle sur l'activité
monétique et banqueà distance au Cameroun.
* 66D'ailleurs, nous nous
sommes strictement intéressés aux canaux visant cette
dernière catégorie de clientèle dans le cadre de notre
recherche.
* 67La plateforme
monétique (Switch monétique) est l'interface entre le SIB et les
différents dispositifs monétiques d'une banque (GAB, TPE) et les
autres commerçants d'autres banques et marchands.
* 68 Au niveau local par
exemple le prestataire chargé de l'approvisionnement des DAB/GAB, le
service de conciergerie etc., au niveau international, la personnalisation des
cartes bancaires, la plateforme monétique, les réseaux VISA et
Mastercard.
* 69 Le modèle
d'agence de SCB Cameroun est quelque peu calqué sur celui du Groupe
Attijariwafa Bank. Ce sont des agences de type T4 ou T5 avec un chef d'agence,
un ou deux chargés de clientèle et un ou deux polyvalents.
* 70 Mode de couplage
classique canal agence / canal GAB adopté sur les marchés
européens.
* 71 TOTAL est un groupe
Français spécialisé dans la distribution des produits
pétroliers. Il en est le leader du secteur sur le marché
camerounais avec un maillage d'à peu près 200 point de vente sur
le territoire.
* 72 Le SMB a prescrit la
gratuité de la demande de solde sur GAB et la commande de
chéquier.
* 73 Plus bas dans ce
chapitre, nous faisons une présentation de nouveaux canaux.
*
74Sources : COBAC (2009), Architecture de la
tarification des services bancaires dans la CEMAC.
|