1.1.6.1. Motivations
La littérature met en exergue deux grandes approches
regroupant les principales théories sur les motivations
entrepreneuriales :
1) Le premier courant concerne le traitement des traits et
attributs poussant les individus à se lancer dans l'entrepreneuriat. On
y trouve des motivations comme le désir d'accomplissement, le
comportement de prise de risque, les ambitions, le désir
d'indépendance ainsi que la prise de responsabilité.
2) Le second est axé sur les facteurs liés
à l'environnement.
Carsrud & Brännback
(2009), ressortissent deux théories sur la motivation
entrepreneuriale : la drive theory et l'incentive theory.
ü La drive theory :
cette théorie suppose qu'un individu est motivé à
démarrer une nouvelle affaire par suite d'un besoin interne tel que
celui de la réalisation (de soi).
28
V' L'incentive theory : cette
dernière suggère que les gens sont motivés à
entreprendre en raison de certaines récompenses externes comme le revenu
ou le prestige.
De leur côté, Buttner &
Moore (1997), parlent plutôt des Pull and Push
factors.
V' Les Pull factors : ces facteurs
supposent que les personnes qui lancent leurs propres affaires peuvent
être inspirées par des raisons souhaitables, notamment l'aptitude
à saisir une opportunité et à travailler de manière
indépendante et/ou disposer d'un meilleur contrôle du travail
(Robichaud et al., 2010).
V' Les Push factors : il s'agit des
facteurs qui sont souvent liés à une situation contraignante
ou imposante due aux difficultés que l'individu rencontre sur le
marché du travail (Amit & Muller, 1995), voire les pressions
familiales subies (Verheul & al., 2010).
1.1.6.2. Freins ou obstacles
Il existe une littérature abondante qui cherche
à identifier les principales barrières à l'entrepreneuriat
des jeunes.
En effet, cette littérature mentionne plusieurs
obstacles qui empêchent les jeunes de passer de l'étape de
l'intention entrepreneuriale à la concrétisation de leur projet.
Certains d'entre eux concernent l'entrepreneuriat de façon
générale, tandis que d'autres sont propres à
l'entrepreneuriat des jeunes.
Parmi les principaux freins à l'entrepreneuriat, on peut
mentionner :
V' Le manque de temps : il empêche les
individus de se consacrer pleinement à leur projet entrepreneurial,
surtout s'ils ont déjà un emploi ou des responsabilités
familiales ;
V' Le manque de financement : il limite les
capacités des individus à investir dans leur entreprise et
à faire face aux dépenses liées au démarrage et au
développement de l'activité ;
V' Les lourdeurs administratives : ceux-ci
découragent les individus par la complexité et la longueur des
démarches nécessaires pour créer et gérer une
entreprise ;
V' Le risque d'échec : il qui effraie les
individus qui craignent de perdre leur investissement, leur
sécurité financière ou leur réputation en cas de
faillite ou de difficultés ;
V' Le manque de compétences ou de confiance en soi
: il freine les individus qui se sentent insuffisamment
préparés ou qualifiés pour entreprendre.
29
En ce qui touche particulièrement les jeunes, nous
retrouvons les pensées des auteurs tels que :
Schoof (2006), qui identifie cinq groupes de
variables clés qui influent sur l'entrepreneuriat des jeunes et qui
peuvent, en considération de leur importance, constituer des
barrières à la création d'entreprises.
Il s'agit :
1) Des attitudes sociales et culturelles
vis-à-vis de l'entrepreneuriat des jeunes.
L'entrepreneuriat des jeunes est influencé par les
attitudes sociales et culturelles. Les valeurs culturelles peuvent encourager
ou décourager l'entrepreneuriat des jeunes. Comme certaines
sociétés détestent le risque et les situations
incertaines, dans celles-ci (sociétés), la faillite d'une
entreprise étant mal perçue.
Par conséquent on n'ose pas entreprendre une
activité qui pourrait mettre à risque d'échouer, alors que
dans d'autres sociétés, l'échec est
considéré comme normal, car il constitue l'un des
résultats du processus d'apprentissage. Les sociétés
individualistes seraient également plus entreprenantes que d'autres.
De plus, l'entrepreneuriat des jeunes est aussi
influencé par la perception qu'on en a et par sa légitimation
sociale. Dans certaines communautés, l'entrepreneuriat a mauvaise
réputation et n'est pas facilement accepté, car les entrepreneurs
sont vus comme malhonnêtes, cupides et prêts à tout pour
réussir.
L'entourage du jeune entrepreneur joue également un
rôle important. Le fait d'avoir un parent entrepreneur ou qui travaille
à son propre compte constitue souvent un facteur de motivation à
l'entrepreneuriat (Blanchflower & Oswald, 2007).
2) De l'éducation entrepreneuriale.
Les facteurs sociaux sont souvent renforcés par un
système éducatif dont le modèle consiste parfois à
privilégier l'emploi salarié au détriment du travail
autonome ou de la création d'entreprise.
Ainsi, dans beaucoup de pays, les jeunes ne reçoivent
aucune formation entrepreneuriale durant leurs études. Dans ces
conditions, ils n'ont pas la bonne attitude envers l'entrepreneuriat et ils
manquent de compétences dans ce domaine.
L'éducation entrepreneuriale permet aux jeunes
d'acquérir des compétences entrepreneuriales, de comprendre ce
qu'est l'entrepreneuriat et de l'envisager comme un choix de carrière.
Elle permet donc d'améliorer la propension des jeunes à
créer leur propre entreprise (Brixiová, Ncube, & Bicaba,
2014).
30
Il est communément admis que les programmes
d'éducation et de formation ne promeuvent pas suffisamment le
développement d'attitudes et de compétences entrepreneuriales,
mais se contentent de préparer les étudiants à un emploi
salarié, bien que des progrès aient été
réalisés récemment dans ce domaine (Potter, 2008).
3) Des problèmes d'accès aux
sources de financement. Les jeunes ne disposent pas de ressources
financières suffisantes pour se lancer en affaires. D'une part, ils
n'ont pas assez d'épargne et manquent de capital physique. D'autre part,
ils ont beaucoup de mal à obtenir du financement, notamment
auprès des banques.
Par rapport aux banques, pour accorder des crédits,
celles-ci se fondent notamment sur l'historique de crédit du demandeur
et sur les hypothèques. Or, les jeunes n'ont aucune expérience de
crédit et ne disposent pas souvent des garanties que l'on doit offrir
à la banque.
4) Du cadre administratif et
réglementaire. Les jeunes entrepreneurs font face à
la complexité et au coût très élevé des
procédures administratives et de la réglementation.
Dans beaucoup des pays, surtout en phase de
développement, les procédures d'enregistrement sont longues, le
cadre administratif et réglementaire manque de transparence et le
système fiscal n'est pas très encourageant.
Ces barrières administratives et réglementaires
découragent souvent les jeunes à entreprendre ou les contraints
à évoluer dans le secteur informel de l'économie.
5) Du manque d'aide et d'appui en affaires.
De ce qui précède, on constate que les jeunes
entrepreneurs ont besoin d'appui et d'accompagnement pour faire face aux
obstacles qui se dressent sur leur route.
Pour sa part, Halabisky (2012), met l'accent
dans son étude sur trois autres facteurs, à savoir :
1) Le manque d'expérience.
L'expérience est un déterminant important dans la
création et la gestion d'une entreprise. Or, très souvent, les
jeunes manquent d'expérience sur le plan entrepreneurial et n'ont jamais
travaillé. Nombreux n'ont connu que le chômage.
Dans ces conditions, les jeunes n'ont pas les
compétences techniques et managériales nécessaires pour
réussir la création d'une entreprise et en assurer la gestion.
Pourtant, l'expérience professionnelle et entrepreneuriale
antérieure est l'un des principaux facteurs qui déterminent le
succès d'une entreprise.
2) Le manque de réseaux. Les
jeunes ont un accès limité aux réseaux d'affaires et
disposent de peu de capital social, ce qui rend difficiles les relations avec
les autres acteurs et ne favorise pas leurs activités
entrepreneuriales.
31
Un manque de relations peut compliquer la création et
la gestion d'une entreprise et empêcher les entrepreneurs d'asseoir leur
légitimité auprès des principales parties prenantes
(organismes financiers, clients, fournisseurs).
3) Les obstacles liés aux marchés.
Les jeunes font aussi face à divers obstacles, ils ont du
mal à obtenir du financement et sont parfois victimes de discrimination
sur le marché des biens et services.
Certains clients doutent parfois de la qualité des
produits de jeunes entrepreneurs. Et comme les ressources de ceux-ci sont
limitées, ils se lancent souvent dans des marchés où les
barrières à l'entrée sont faibles et où la
concurrence est très vive.
Par ailleurs, la littérature distingue, de tout ce qui
précède, trois principaux groupes de barrières à
l'entrepreneuriat des jeunes (Dzaka-Kikouta, et al., 2020) :
Primo : des facteurs personnels
liés au profil même des jeunes entrepreneurs :
la peur du risque, le manque d'expérience et le manque de
compétences entrepreneuriales, ainsi que le faible capital financier et
social.
Secundo, des facteurs socioculturels,
notamment l'attitude négative que peut présenter la
société envers l'entrepreneuriat des jeunes et le manque de
soutien familial ou communautaire. Les jeunes sont influencés par leur
famille, leurs professeurs et la société dans son ensemble.
Les parents et les enseignants, qui représentent des
modèles importants, sont souvent peu informés des exigences et
des perspectives de l'entrepreneuriat.
De ce fait, les activités entrepreneuriales sont
rarement encouragées et sont même parfois perçues de
manière négative par la société, ce qui constitue
un obstacle à l'entrepreneuriat des jeunes.
Tertio, des facteurs liés à
l'environnement, tels que les règlements, la fiscalité,
l'accès au financement externe, l'accès aux marchés et le
manque de services de soutien. Certains de ces facteurs, comme l'accès
au financement, sont transversaux, c'est-à-dire qu'ils appartiennent
à plus d'un groupe de facteurs cités ci-dessus.
De même, beaucoup de ces facteurs sont
interdépendants et se renforcent mutuellement. Enfin, la nature et
l'ampleur de ces barrières varient selon le contexte environnemental
local (Schoof, 2006 ; Jakubczak, 2015).
À partir de la liste d'obstacles à
l'entrepreneuriat des jeunes susmentionnée, notamment celle de Schoof
(2006), Jakubczak (2015) a mené une étude pilote auprès de
67 étudiants âgés de 18 à 24 ans pour analyser les
barrières à l'entrepreneuriat des jeunes en Pologne.
Les résultats obtenus ont montré que les trois
quarts des jeunes avaient eu l'intention de créer une entreprise dans un
avenir proche ou lointain, mais que seulement 3 % d'entre eux avaient
effectivement réussi à le faire. Cela tend à
démontrer que l'ampleur des obstacles à l'entrepreneuriat des
jeunes est très élevée dans ce pays.
Par ailleurs, l'enquête a révélé
que les principaux freins à l'entrepreneuriat des jeunes en Pologne sont
les difficultés d'accès au financement ainsi que la
complexité et les coûts élevés des procédures
administratives. À cela s'ajoutent la peur de faire faillite qui
dénote un faible goût pour le risque et une fiscalité peu
motivante.
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33
CHAPITRE DEUXIEME : METHODOLOGIE ET PRESENTATION DU CADRE
D'ETUDE
Section 1. Méthodologie 1.1.
Collecte des données 1.1.1. Population
cible
La population cible de cette étude est
constituée des jeunes de la commune de la Kanshi, c'est-à-dire
des personnes âgées de 15 à 35 ans. Cependant, la
préférence a été d'aller jusqu'à 34 ans pour
une bonne transparence vis-à-vis des recensements dont dispose le bureau
des statistiques et recouvrement de cette commune.
Il s'agit d'une population hétérogène qui
regroupe des jeunes de différents niveaux d'éducation, genres,
statuts socio-économiques, secteurs d'activité ou de modes de
gestion. La population cible est estimée à 105909 jeunes, sur la
base des données du précité bureau communal.
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