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Analyse des programmes de développement du secteur agricole, particulièrement des programmes d'autosuffisance en riz pour l'amélioration de la sécurité alimentaire au sénégal.


par Abdoul Aziz Sy DIOUF
Aix-Marseille Université (AMU) - Master 2 Economie appliquée Spécialité Management et évaluation des projets et des programmes publics 2015
  

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II. Problématiques

Base de l'alimentation et un des secteurs les plus importants de l'activité économique, l'agriculture occupe près de 60% de la population active du pays, contribue pour environ 16,7% à la formation du PIB et constitue la base des sources de revenu de la majorité des pauvres des zones rurales. Elle constitue un secteur de création de richesse et de réduction de l'insécurité alimentaire au Sénégal, en particulier pour les populations rurales. En effet, la population sénégalaise étant estimé à 12,874 millions d'habitants connaît un taux de croissance annuel de 2,5%. Elle serait de 15,7 millions en 2020 et 18,9 millions en 20305. Toutefois, le Sénégal devra faire face à l'augmentation de la pauvreté et l'insécurité alimentaire en développant le secteur agricole notamment la riziculture. L'agriculture dispose d'un important potentiel pour contribuer significativement à l'augmentation des revenus des ménages et à la réduction de l'insécurité alimentaire du pays.

Le développement du secteur rizicole doit permettre d'atteindre les objectifs de sécurité alimentaire, de lutte contre la pauvreté et de développement rural que s'est fixé le pays. La place de l'agriculture est considérable dans la réalisation de la sécurité alimentaire des ménages, compte tenu de l'importance de l'autoconsommation dans les stratégies des ménages agricoles et du rôle joué par les marchés de proximité des produits vivriers pour nourrir les populations urbaines. Dans une région où le seuil de pauvreté dépasse les 40% de la population, les conditions de marché et les efforts engagés durant la dernière décennie, ont pourtant permis de

4, DIOUF W. (Février 2015), Coordonnateur Programme national d'autosuffisance en riz (PNAR) & KANTE S. (Mars 2015), Directeur de la SAED, Ministère de l'Agriculture et de l'Equipement Rural 5 PSE, 2014 : Prévisions ONU

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rétablir la compétitivité de la production locale, de productivité avec un rendements de 6 Tonnes/ha et de créer les conditions favorables à de nouveaux investissements dans l'agriculture irriguée6. Le développement de l'agriculture, et notamment de l'agriculture irriguée, est une priorité constante des pouvoirs publics et pourrait jouer un rôle majeur dans la lutte contre la pauvreté et à améliorer la sécurité alimentaire.

Cependant, l'agriculture notamment le secteur rizicole est confronté à de lourdes tendances telles que la baisse de la pluviométrie, la baisse de la productivité et des productions, la faiblesse des rendements, les marges maigres des prix aux producteurs, l'endettement croissant des populations rurales; des contraintes techniques que constituent la dégradation et l'appauvrissement des sols, la faible disponibilité de semences de qualité, la vétusté du matériel agricole, la régression du paquet technologique, le niveau faible d'encadrement ; et des contraintes financières et économiques par la faiblesse des revenus limitant la capacité d'épargne et d'investissement, les coûts élevés des facteurs de production limitant l'intensification agricole, l'endettement des producteurs...

Ces tendances et contraintes continuent de peser sur ses performances. Conjuguées à d'autres facteurs à savoir la mauvaise organisation des circuits de commercialisation, l'enclavement des zones de production, le manque d'infrastructures de stockage et de transformation, toutes ces faiblesses sont à l'origine du déséquilibre financier et de l'absence de compétitivité des filières dont la filière rizicole et expliquent, pour une large part, la très forte prévalence de la pauvreté en milieu rural. En outre, le pays reste dépendant des importations, pour satisfaire une demande en constante augmentation du riz. La part des quantités de riz importé représente 80% de la consommation nationale en riz alors que la production nationale n'en couvre que 30%.

Entre 1961 et 2012, les importations en riz ont grimpé de plus de 700%. D'où cette dépendance de l'extérieur de plus en plus accrue une denrée aussi stratégique, ce qui expose le Sénégal à une "précarité de l'offre et à la saignée des devises". Les importations de riz coûtent cher au Sénégal, se situant chaque année autour de 124 milliards de FCFA environ plus de 189 millions d'euros soit le cinquième environ du budget national qui est à l'ordre de 2.800 milliards FCFA, équivalent à plus de 4,2 milliards d'euros. De 130 milliards de francs CFA injectés dans l'importation de riz en 2005, on est passé à 179 milliards en 20097. Avec une moyenne de

6 AFD Agence Française de Développement (2011) http://www.afd.fr/jahia/Jahia/site/afd/lang/fr/pid/18901

7 DIOUF W. (Février 2015), Coordonnateur (PNAR), Ministère de l'Agriculture et de l'Equipement Rural

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834.484 tonnes par an sur la période 2004 à 2013, les importations de riz se chiffrent en moyenne, à 165 milliards FCFA par an8. Les fortes potentialités hydro-agricoles de la vallée du fleuve Sénégal avec une superficie de 240.000 ha permettraient pourtant de couvrir environ 70% des besoins nationaux. Seulement 25% de la superficie soit 60.000 ha aménagées et mises en valeur, ne permette de couvrir qu'une part des besoins de consommation et contraint le Sénégal à dépendre majoritairement des importations de riz asiatiques.

Ces importations restent toujours maintenues à un niveau élevé durant cette décennie, malgré les efforts fournis pour développer de la production locale avec un fort incident sur la balance commerciale représentant ainsi 7% des importations totales et 33% des importations de biens alimentaires9. Cette dépendance alimentaire du Sénégal vis-à-vis des importations, est donc structurelle. La variation des prix internationaux du riz rend le Sénégal particulièrement vulnérable d'autant plus que la part du riz dans les consommations progresse d'année en année. La sécurité alimentaire dépend donc aujourd'hui d'une relance de la production nationale de céréales dont le riz est l'élément principal. Pour corriger cette situation, le gouvernement sénégalais avait mis en place des programmes de développement de la filière rizicole, visant à atteindre l'autosuffisance en riz, dont le PNAR qui vise une production de 1,6 million de tonnes de paddy, soit 1,080 million de tonnes de riz blanc à l'horizon 201710.

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