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L'apprentissage du langage et le bilinguisme précoce chez les jeunes enfants au sein des familles migrantes


par Mina Borelli
ENSEIS Haute Savoie - Diplôme d'Etat d'Educateur de Jeunes Enfants (DEEJE) 2020
  

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ANNEXES

Annexe 1 : Questionnaire en direction des professionnels en EAJE

Questionnaire sur l'accompagnement à l'apprentissage du langage chez les enfants bilingues

Ce questionnaire rentre dans le cadre d'une démarche de

recherche pour ma formation d'éducatrice de jeunes enfants. Ma recherche pole

sur l'apprentissage du langage par les jeunes enfants au sein des familles

issues de l'immigration. Je cherche à connaître les différentes pratiques

professionnelles en EAJE (Etablissement d'Accueil du Jeune Enfant) et autres stnlctures accompagnant des

jeunes enfants, concernant l'accompagnement

du langage, dans k cas ou la langue maternelle de l'enfant n'est pas le

français.

Ce questionnaire est anonyme. Si vous souhaitez connaitre

davantage de précisions sur cette recherche, je reste à disposition pour vous répondre. Vous pouvez me joindre par mail : minaborelii74@gmai1 eom

Merci de vos réponses !

1. 1 - Dans quel type de structure travaillez vous ?

2. 2 - Quel diplôme avez-vous ?

3. 3 - A quelle fréquence accompagnez vous des familles issues de l'immigration, ou dont la langue maternelle n'est pas le français ?

Line seule réponse possible.

( La majorité des familles accompagnées

O Régulièrement CDRarement

Jamais

50

51

52

Annexe 2 : Guide d'entretien complété avec l'éducatrice spécialisée, formée à l'interculturalité (A fait référence à l'éducatrice, et M à moi).

« M- Donc c'est un entretien dans le cadre de ma démarche de recherche pour ma formation d'EJE. Ma recherche porte sur l'apprentissage du langage par l'enfant dans des familles issues de l'immigration, les enjeux du langage au sein des familles et l'accompagnement fait par les professionnels. Je vous informe que je vais enregistrer l'entretien pour faciliter l'analyse par la suite. Ça vous convient comme ça ?

A- Oui.

M- Super merci. Alors ma première question est : Comment vous-êtes-vous formée à l'interculturalité et à l'accompagnement des familles ?

A- Alors, moi je me suis vraiment formé sur le terrain et par la pratique. J'ai vécu à l'étranger donc je me suis moi-même retrouvée dans des situations d'interculturalité, où j'ai du m'intégrer, apprendre la langue. Et puis après avec la mise en place de voyage de rupture pour des jeunes de la protection de l'enfance là où je vivais pendant un moment : au Mali. Puis le travail à l'AME et l'accompagnement des familles issues de l'immigration. Après j'ai fait un DU transculturalité. M- Okay, et avec ces expériences et ces formations, ça m'intéresserait d'avoir votre avis sur l'influence que peuvent avoir l'environnement et la famille sur l'apprentissage du langage par l'enfant ?

A- Alors notamment avec les familles à l'AME on voit qu'en fonction des origines le langage n'est pas pris en compte et utiliser de la même manière dans l'éducation des enfants. En tout cas, on remarque des différences : effectivement en France on verbalise, même en Europe, on verbalise beaucoup. Alors qu'en Afrique, c'est moins évident : eux, ils parlent, mais ils verbalisent pas ce qu'ils font. Ils sont plus dans le toucher dans le kinesthésique. Donc c'est pas tout à fait les mêmes façons de transmettre : eux ils sont beaucoup dans le dans le portage dans le massage plus que dans la parole au niveau du tout petit. Pour autant, dans beaucoup de culture la transmission elle est orale, donc le langage est aussi super important, mais moins utilisé durant la petite enfance. M- Ok, et du coup, vous pensez que les différences de transmission, les différentes manières de s'adresser à l'enfant, ça a un impact sur son apprentissage du langage ? Vous disiez qu'il y avait différentes manières de s'adresser à l'enfant, par le toucher, la parole. Mais est-ce que vous pensez que ça a un impact sur le langage de l'enfant et son développement ? De ce que vous en avez observé ?

A - Oui Ben je pense que souvent avec nos familles africaines qui sont moins dans le langage avec les tout petits, on remarque que le côté rassurant que nous, on donne avec le langage, eux ils donnent autrement. Et s'il y a cet autrement, ça va. Mais s'il n'y a pas cet autrement et ben là ça va manquer pour l'enfant et dans son développement. Enfin, y a des femmes qui ne verbalisent rien avec leurs enfants et qui sont peu dans le portage, dans le toucher, et cetera. Ben c'est là où il y a, il y a un déficit de développement ou de de sécurisation pour l'enfant.

M- Oui, d'accord. Et est-ce que vous pensez qu'un accompagnement spécifique est nécessaire dans l'accompagnement des familles issues de l'immigration ou originaire d'une autre culture ? S'il y a d'autres points d'attention, d'autres enjeux à prendre en compte ?

A - Ah Ben oui. V a des spécificités, parce que par exemple, nous on va leur demander d'être beaucoup dans le langage et d'être dans le jeu souvent par exemple. Alors qu'eux ils sont pas là-dedans, mais si ils sont dans autre chose, qui est aussi porteur. Il ne faut pas qu'on leur remplisse la tête avec nos attentes, soit faut qu'on laisse faire selon eux. Nos préoccupations à nous seront pas forcément les meilleurs pour eux. S'il y a un autre côté porteur dont on n'a pas l'habitude, mais que il fait partie de leur culture, il faut respecter ça sans mettre le forcing sur nos codes à nous. Parce qu'il y a certaines choses qui sont importantes pour nous, mais pour eux il y en a d'autres. Et si ces autres choses sont bien là et bien en place, ben voilà, il faut faire avec. On peut essayer de leur en apporter plus si ils sont preneur tant mieux, mais s'ils le sont pas, il ne faut pas faire le forcing parce qu'ils n'y mettront pas forcément de sens. Nous, on met le sens sur la parole, sur le jeu important avec l'enfant, et cetera. Mais si pour eux ça n'a pas de sens, ils vont pas le faire ou alors ils vont le faire pour nous faire plaisir. Mais ça, ça n'apportera rien.

M- Et pour toi justement, comment on peut placer ou définir ce qui fait sens pour la famille ? A- Le sens tu le vois, tu le ressens : si la famille tu sens qu'elle prend plaisir, par exemple à jouer ou à raconter une histoire. Et surtout, elle ne le fait pas parce que t'es là. Si elle le fait que parce qu'elle le fait devant toi, mais tu sais qu'à côté elle ne le fait pas, c'est que ça n'a pas de sens. M- Comment vous arrivez à ajuster vos propositions, à remarquer ce qui fait sens pour les familles toi, ou l'équipe ?

A - C'est vraiment au coup par coup. Mais, il y a des fois, je suis aussi désarmée que n'importe quel membre de l'équipe. Donc, quand, effectivement, la femme elle met pas de sen dans nos demandes, à nous on essaye par d'autres par plusieurs chemins. Et si ça ne marche pas, je suis autant démunie que n'importe quel professionnel. V a pas de remède miracle. On peut essayer un peu par plein de façons différentes et puis ce qui peut aider aussi c'est en parler avec la femme. Quelles sont ses priorités à elle, comment elle les voit. Essayer de partir d'elle. Comment elle voit l'éducation, qu'est

ce qui est important chez elle, pour ses enfants, dans l'éducation, comment. Venir questionner ses façons de faire à elle et puis après, essayer de de lui dire « Ben nous à des endroits, on fait comme ça pour telle et telle raison ». Et réfléchir ensemble à comment est-ce qu'elle peut s'en saisir ou pas ? Parce que des fois, toi, t'as des femmes qui ne connaissent pas et en fait, quand tu fais avec elle, je sais pas : patouiller dans les pâtes ou dans la farine.

M - Ouais, des limites aussi peut être inconscientes.

A - Oui, puis finalement elles se rendent compte que leur enfant il fait des trucs, et que ça peut être sympa et elles peuvent reproduire ça après. Mais à la base elles n'osaient pas, elles connaissaient pas, elles avaient peur qu'il se salisse. Il y a des peurs aussi. Qui sont des fois très bêtes.

M - Et dans le cas où justement la famille ne met pas de sens dans le langage, comment tu penses ou t'arrives à mettre en place des propositions pour l'enfant dans ce sens avec les mères ?

A - Bah après on sait que la famille, elle ne peut pas tout faire. Et du coup, les intervenants extérieurs peuvent amener d'autres choses. Si déjà la famille elle amène des trucs importants qui portent le bébé et ben nous on peut lui amener des choses différentes de la famille. L'école va lui donner des choses différentes de la famille. On voit que chacun amène un peu sa petite graine à l'édifice. Dans la mesure où l'enfant n'est pas en danger de déficit ou de choses comme ça. Et des fois y a des familles qui dans les premières années vont avoir du mal à faire avec le petit bébé, à parler, à donner du sens à ces d'habillement, et cetera et cetera. Parce que ce que pour eux : il ne comprend rien, mais à partir du moment où il va avoir quelques mots, bah là il va y avoir des choses qui vont se mettre en place, beaucoup plus, parce qu'il y a une interaction. Et que la famille là, elle y voit du sens. Donc faut pas non plus s'alarmer tout de suite, je pense qu'il faut aussi donner le temps. Parce que y a plein d'enfants : enfin la majorité des Africains, ils ont grandi normalement, même si on, on ne leur a pas parlé étant enfant comme nous on y est habitué. Fin moi c'est ma façon de voir les choses oui.

M- Ok et donc qu'est-ce que vous pensez du fait de répéter, insister sur certaines pratiques comme on peut le voir lors d'accompagnement où les professionnels poussent la famille à faire ceci ou cela ?

A - Si elle n'est pas de sens, je suis pas sûre que de le répéter, ça va faire bouger les choses. Mais plus essayer de l'amener à trouver un sens de façon différente. Déjà donné des exemples ou montrer, quand le bébé babille et que la mère elle est à côté, qu'elle n'est pas réceptive, on peut l'amener à le regarder à décrire ce qui fait, y porter de l'attention. Et puis montrer les interactions, montrer l'évolution de l'enfant. Des choses concrètes. Et puis nous, raconter une histoire, avec la maman à côté pour qu'elle puisse observer. Et puis que si on voit que l'enfant qui réagit, le signaler,

le montrer à la maman. Ouais, donner un autre type ..., un exemple d'un autre type de pratique possible dans l'idée, Après, juste après répété, répété si elle n'entend pas, elle entend pas hein. Ça peut même faire l'effet inverse.

M- Okay, j'ai une dernière question. Est-ce que tu penses de la place donnée aux familles, à son origine, ses valeurs et se spécificités dans l'accompagnement qui peut être fait dans la petite enfance ?

A - La famille elle est beaucoup niée. A mon sens. Enfin, y a quand même pas beaucoup de services qui sont ouverts à l'interculturalité. On ne voit pas les différences de façons de faire ou de penser, et on ne les prend pas en compte. On ne cherche pas à comprendre non plus. Par exemple t'as surement pu voir les différents modes de pratique, rien qu'au sein de la PMI ou des crèches. M- Oui c'est vrai que ça dépend des structures et des professionnels, la famille et ses spécificités ne sont pas toujours prises en compte comme elles le pourrait.

C'était ma dernière question, merci beaucoup de vos réponses ! »

56

Annexe 3 : observations des familles à l'AME concernant l'utilisation des langues premières et secondes entre mère et enfant.

Observation A :

Contexte : le 2 février 2023 - lors d'un temps de jeu avec une mère originaire de Madagascar et son enfant accueillis à l'AME. Nous nommerons son fils de 8 mois, Thomas. Nous sommes dans leur chambre, Thomas joue sur le tapis au sol, une discussion est engagée entre Madame et moi.

« Pendant que nous parlons avec Madame, Thomas rampe hors du tapis et va vers le couloir. Madame se lève, rigole et va le récupérer dans ses bras en lui parlant en malgache. Elle continue à lui parler en malgache quand elle le repose, sourit et associe ses paroles à des gestes : bouge le doigt de gauche à droite pour signifier le « non ». Nous reprenons notre discussion autour d'un livre qu'elle a acheté pour son fils. C'est un livre de comptines en malgache. Quand nous lançons les musiques, l'enfant sourit et bouge les bras en rythme. Je lui souris lui dit qu'il semble très bien connaître ces musiques et lui dit que je ne peux pas chanter pour lui car je ne parle pas malgache alors que sa maman si. Madame sourit, elle continue à lui parler et chantonne les comptines. Je n'interviens pas durant ce temps, et reste en position d'observatrice. Une fois la comptine finit j'entame une discussion autour de la langue malgache et en valorisant l'apprentissage de cette langue pour son fils. Je lui parle rapidement de ma recherche en cours. Elle me répond « oui c'est important qu'il parle le malgache. ». La sentant plutôt ouverte à la discussion, je lui demande pourquoi c'est important pour elle que Thomas parle malgache. Sa réponse « C'est important car toute sa famille est malgache et si ce n'est pas moi qui lui apprend, personne ne le fera. » Elle s'adresse ensuite à son fils d'abord en français « oui Thomas ! c'est important ! » puis en malgache et joue avec lui. »

57

Observation B :

Contexte : 19 janvier 2023 : observation du départ à l'école d'une famille originaire du Vietnam. L'enfant, que nous nommerons Gabin, âgé de 3 ans et 4 mois ait né en France, son père est français, sa mère est vietnamienne.

« Madame et son fils s'apprête à partir de la maison pour l'école après la pause du midi de Gabin. Gabin s'agite et montre son envie de rester avec sa mère à la maison : il pleur, cri et rejette les adultes qui essayent de l'approcher pour le calmer. Madame lui explique le déroulement de la journée en français, soutenu par une éducatrice de l'équipe proche d'elle. L'enfant cri et tape la main de l'éducatrice. Madame et l'éducatrice le reprennent fermement en français. L'enfant continue de crier « non ». Madame l'assoit et le reprend mais cette fois en vietnamien. On la sent plus à l'aise : elle lie ses paroles à sa communication non verbale (mouvement de tête, des mains). L'éducatrice se met en retrait et observe la scène sans intervenir. L'enfant baisse la tête et se tait. La mère qui criait au début apaise progressivement son discours et on comprend qu'elle lui réexplique le déroulé des évènements à venir : elle lui montre le vélo qu'ils vont prendre, la météo par la fenêtre. L'enfant regarde ce que sa mère lui montre. Elle lui caresse la tête et lui pose une question en vietnamien. L'enfant répond « oui ». Elle le prend par la main et lui demande en français d'aller chercher ses chaussures. Peu de temps après, ils partent à l'école. »

Annexe 4 : Partie sur le développement langagier du tableau d'observation du développement du jeune enfant de 1 à 36 mois, utilisé à l'AME.

58

Mina BORELLI

Diplôme d'Etat d'Educateur de Jeunes Enfants
Session juin 2023

MEMOIRE DE PRATIQUE PROFESSIONNELLE

« L'apprentissage du langage et le bilinguisme précoce
chez les jeunes enfants au sein des familles migrantes »

Cet écrit de recherche sur la pratique professionnelle en tant qu'Educateur de Jeunes Enfants, s'intéresse à l'apprentissage du langage par les jeunes enfants issus de familles migrantes et grandissant dans des contextes multiculturels et plurilingue.

Dans le but de comprendre les enjeux de cette situation et de cet apprentissage, nous nous pencherons sur les thèmes du langage au sein de la société et de ses particularités dans la petite enfance puis sur le bilinguisme précoce et la parentalité dans le contexte de la migration. Nous nous intéresserons par la suite aux pratiques professionnelles en place dans différentes structures, cela à l'aide d'une enquête. Cet écrit de recherche se conclura par l'ouverture de la réflexion amorcée et sa mise en pratique dans les accompagnements réalisés auprès des familles.

Famille issue de

Petite enfance

l'immigration

Transmission intra-
familiale

Bilinguisme
précoce

Accompagnement par les Développement et apprentissage

professionnels du langage

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"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery