ANNEXES
Annexe 1 : Questionnaire en direction des
professionnels en EAJE
Questionnaire sur l'accompagnement à l'apprentissage
du langage chez les enfants bilingues
Ce questionnaire rentre dans le cadre d'une démarche de
recherche pour ma formation d'éducatrice de jeunes
enfants. Ma recherche pole
sur l'apprentissage du langage par les jeunes enfants au sein des
familles
issues de l'immigration. Je cherche à connaître les
différentes pratiques
professionnelles en EAJE (Etablissement d'Accueil du Jeune
Enfant) et autres stnlctures accompagnant des
jeunes enfants, concernant l'accompagnement
du langage, dans k cas ou la langue maternelle de l'enfant n'est
pas le
français.
Ce questionnaire est anonyme. Si vous souhaitez connaitre
davantage de précisions sur cette recherche, je reste
à disposition pour vous répondre. Vous pouvez me joindre par mail
: minaborelii74@gmai1 eom
Merci de vos réponses !
1. 1 - Dans quel type de structure travaillez vous ?
2. 2 - Quel diplôme avez-vous ?
3. 3 - A quelle fréquence accompagnez vous des familles
issues de l'immigration, ou dont la langue maternelle n'est pas le
français ?
Line seule réponse possible.
( La majorité des familles accompagnées
O Régulièrement CDRarement
Jamais
50
51
52
Annexe 2 : Guide d'entretien complété avec
l'éducatrice spécialisée, formée à
l'interculturalité (A fait référence à
l'éducatrice, et M à moi).
« M- Donc c'est un entretien dans le cadre de ma
démarche de recherche pour ma formation d'EJE. Ma recherche porte sur
l'apprentissage du langage par l'enfant dans des familles issues de
l'immigration, les enjeux du langage au sein des familles et l'accompagnement
fait par les professionnels. Je vous informe que je vais enregistrer
l'entretien pour faciliter l'analyse par la suite. Ça vous convient
comme ça ?
A- Oui.
M- Super merci. Alors ma première question est : Comment
vous-êtes-vous formée à l'interculturalité et
à l'accompagnement des familles ?
A- Alors, moi je me suis vraiment formé sur le terrain
et par la pratique. J'ai vécu à l'étranger donc je me suis
moi-même retrouvée dans des situations d'interculturalité,
où j'ai du m'intégrer, apprendre la langue. Et puis après
avec la mise en place de voyage de rupture pour des jeunes de la protection de
l'enfance là où je vivais pendant un moment : au Mali. Puis le
travail à l'AME et l'accompagnement des familles issues de
l'immigration. Après j'ai fait un DU transculturalité. M-
Okay, et avec ces expériences et ces formations, ça
m'intéresserait d'avoir votre avis sur l'influence que peuvent avoir
l'environnement et la famille sur l'apprentissage du langage par l'enfant ?
A- Alors notamment avec les familles à l'AME on voit
qu'en fonction des origines le langage n'est pas pris en compte et utiliser de
la même manière dans l'éducation des enfants. En tout cas,
on remarque des différences : effectivement en France on verbalise,
même en Europe, on verbalise beaucoup. Alors qu'en Afrique, c'est moins
évident : eux, ils parlent, mais ils verbalisent pas ce qu'ils font. Ils
sont plus dans le toucher dans le kinesthésique. Donc c'est pas tout
à fait les mêmes façons de transmettre : eux ils sont
beaucoup dans le dans le portage dans le massage plus que dans la parole au
niveau du tout petit. Pour autant, dans beaucoup de culture la transmission
elle est orale, donc le langage est aussi super important, mais moins
utilisé durant la petite enfance. M- Ok, et du coup, vous pensez
que les différences de transmission, les différentes
manières de s'adresser à l'enfant, ça a un impact sur son
apprentissage du langage ? Vous disiez qu'il y avait différentes
manières de s'adresser à l'enfant, par le toucher, la parole.
Mais est-ce que vous pensez que ça a un impact sur le langage de
l'enfant et son développement ? De ce que vous en avez observé
?
|
A - Oui Ben je pense que souvent avec nos familles africaines
qui sont moins dans le langage avec les tout petits, on remarque que le
côté rassurant que nous, on donne avec le langage, eux ils donnent
autrement. Et s'il y a cet autrement, ça va. Mais s'il n'y a pas cet
autrement et ben là ça va manquer pour l'enfant et dans son
développement. Enfin, y a des femmes qui ne verbalisent rien avec leurs
enfants et qui sont peu dans le portage, dans le toucher, et cetera. Ben c'est
là où il y a, il y a un déficit de développement ou
de de sécurisation pour l'enfant.
M- Oui, d'accord. Et est-ce que vous pensez qu'un accompagnement
spécifique est nécessaire dans l'accompagnement des familles
issues de l'immigration ou originaire d'une autre culture ? S'il y a d'autres
points d'attention, d'autres enjeux à prendre en compte ?
A - Ah Ben oui. V a des spécificités, parce que
par exemple, nous on va leur demander d'être beaucoup dans le langage et
d'être dans le jeu souvent par exemple. Alors qu'eux ils sont pas
là-dedans, mais si ils sont dans autre chose, qui est aussi porteur. Il
ne faut pas qu'on leur remplisse la tête avec nos attentes, soit faut
qu'on laisse faire selon eux. Nos préoccupations à nous seront
pas forcément les meilleurs pour eux. S'il y a un autre
côté porteur dont on n'a pas l'habitude, mais que il fait partie
de leur culture, il faut respecter ça sans mettre le forcing sur nos
codes à nous. Parce qu'il y a certaines choses qui sont importantes pour
nous, mais pour eux il y en a d'autres. Et si ces autres choses sont bien
là et bien en place, ben voilà, il faut faire avec. On peut
essayer de leur en apporter plus si ils sont preneur tant mieux, mais s'ils le
sont pas, il ne faut pas faire le forcing parce qu'ils n'y mettront pas
forcément de sens. Nous, on met le sens sur la parole, sur le jeu
important avec l'enfant, et cetera. Mais si pour eux ça n'a pas de sens,
ils vont pas le faire ou alors ils vont le faire pour nous faire plaisir. Mais
ça, ça n'apportera rien.
M- Et pour toi justement, comment on peut placer ou
définir ce qui fait sens pour la famille ? A- Le sens tu le vois, tu
le ressens : si la famille tu sens qu'elle prend plaisir, par exemple à
jouer ou à raconter une histoire. Et surtout, elle ne le fait pas parce
que t'es là. Si elle le fait que parce qu'elle le fait devant toi, mais
tu sais qu'à côté elle ne le fait pas, c'est que ça
n'a pas de sens. M- Comment vous arrivez à ajuster vos
propositions, à remarquer ce qui fait sens pour les familles toi, ou
l'équipe ?
A - C'est vraiment au coup par coup. Mais, il y a des fois,
je suis aussi désarmée que n'importe quel membre de
l'équipe. Donc, quand, effectivement, la femme elle met pas de sen dans
nos demandes, à nous on essaye par d'autres par plusieurs chemins. Et si
ça ne marche pas, je suis autant démunie que n'importe quel
professionnel. V a pas de remède miracle. On peut essayer un peu par
plein de façons différentes et puis ce qui peut aider aussi c'est
en parler avec la femme. Quelles sont ses priorités à elle,
comment elle les voit. Essayer de partir d'elle. Comment elle voit
l'éducation, qu'est
|
ce qui est important chez elle, pour ses enfants, dans
l'éducation, comment. Venir questionner ses façons de faire
à elle et puis après, essayer de de lui dire « Ben nous
à des endroits, on fait comme ça pour telle et telle raison
». Et réfléchir ensemble à comment est-ce qu'elle
peut s'en saisir ou pas ? Parce que des fois, toi, t'as des femmes qui ne
connaissent pas et en fait, quand tu fais avec elle, je sais pas : patouiller
dans les pâtes ou dans la farine.
M - Ouais, des limites aussi peut être inconscientes.
A - Oui, puis finalement elles se rendent compte que leur
enfant il fait des trucs, et que ça peut être sympa et elles
peuvent reproduire ça après. Mais à la base elles
n'osaient pas, elles connaissaient pas, elles avaient peur qu'il se salisse. Il
y a des peurs aussi. Qui sont des fois très bêtes.
M - Et dans le cas où justement la famille ne met pas de
sens dans le langage, comment tu penses ou t'arrives à mettre en place
des propositions pour l'enfant dans ce sens avec les mères ?
A - Bah après on sait que la famille, elle ne peut pas
tout faire. Et du coup, les intervenants extérieurs peuvent amener
d'autres choses. Si déjà la famille elle amène des trucs
importants qui portent le bébé et ben nous on peut lui amener des
choses différentes de la famille. L'école va lui donner des
choses différentes de la famille. On voit que chacun amène un peu
sa petite graine à l'édifice. Dans la mesure où l'enfant
n'est pas en danger de déficit ou de choses comme ça. Et des fois
y a des familles qui dans les premières années vont avoir du mal
à faire avec le petit bébé, à parler, à
donner du sens à ces d'habillement, et cetera et cetera. Parce que ce
que pour eux : il ne comprend rien, mais à partir du moment où il
va avoir quelques mots, bah là il va y avoir des choses qui vont se
mettre en place, beaucoup plus, parce qu'il y a une interaction. Et que la
famille là, elle y voit du sens. Donc faut pas non plus s'alarmer tout
de suite, je pense qu'il faut aussi donner le temps. Parce que y a plein
d'enfants : enfin la majorité des Africains, ils ont grandi normalement,
même si on, on ne leur a pas parlé étant enfant comme nous
on y est habitué. Fin moi c'est ma façon de voir les choses
oui.
M- Ok et donc qu'est-ce que vous pensez du fait de
répéter, insister sur certaines pratiques comme on peut le voir
lors d'accompagnement où les professionnels poussent la famille à
faire ceci ou cela ?
A - Si elle n'est pas de sens, je suis pas sûre que de
le répéter, ça va faire bouger les choses. Mais plus
essayer de l'amener à trouver un sens de façon différente.
Déjà donné des exemples ou montrer, quand le
bébé babille et que la mère elle est à
côté, qu'elle n'est pas réceptive, on peut l'amener
à le regarder à décrire ce qui fait, y porter de
l'attention. Et puis montrer les interactions, montrer l'évolution de
l'enfant. Des choses concrètes. Et puis nous, raconter une histoire,
avec la maman à côté pour qu'elle puisse observer. Et puis
que si on voit que l'enfant qui réagit, le signaler,
|
le montrer à la maman. Ouais, donner un autre type
..., un exemple d'un autre type de pratique possible dans l'idée,
Après, juste après répété,
répété si elle n'entend pas, elle entend pas hein.
Ça peut même faire l'effet inverse.
M- Okay, j'ai une dernière question. Est-ce que tu penses
de la place donnée aux familles, à son origine, ses valeurs et se
spécificités dans l'accompagnement qui peut être fait dans
la petite enfance ?
A - La famille elle est beaucoup niée. A mon sens.
Enfin, y a quand même pas beaucoup de services qui sont ouverts à
l'interculturalité. On ne voit pas les différences de
façons de faire ou de penser, et on ne les prend pas en compte. On ne
cherche pas à comprendre non plus. Par exemple t'as surement pu voir les
différents modes de pratique, rien qu'au sein de la PMI ou des
crèches. M- Oui c'est vrai que ça dépend des
structures et des professionnels, la famille et ses spécificités
ne sont pas toujours prises en compte comme elles le pourrait.
C'était ma dernière question, merci beaucoup de vos
réponses ! »
|
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Annexe 3 : observations des familles à l'AME
concernant l'utilisation des langues premières et secondes entre
mère et enfant.
Observation A :
Contexte : le 2 février 2023 - lors d'un temps
de jeu avec une mère originaire de Madagascar et son enfant accueillis
à l'AME. Nous nommerons son fils de 8 mois, Thomas. Nous sommes dans
leur chambre, Thomas joue sur le tapis au sol, une discussion est
engagée entre Madame et moi.
« Pendant que nous parlons avec Madame, Thomas rampe
hors du tapis et va vers le couloir. Madame se lève, rigole et va le
récupérer dans ses bras en lui parlant en malgache. Elle continue
à lui parler en malgache quand elle le repose, sourit et associe ses
paroles à des gestes : bouge le doigt de gauche à droite pour
signifier le « non ». Nous reprenons notre discussion autour d'un
livre qu'elle a acheté pour son fils. C'est un livre de comptines en
malgache. Quand nous lançons les musiques, l'enfant sourit et bouge les
bras en rythme. Je lui souris lui dit qu'il semble très bien
connaître ces musiques et lui dit que je ne peux pas chanter pour lui car
je ne parle pas malgache alors que sa maman si. Madame sourit, elle continue
à lui parler et chantonne les comptines. Je n'interviens pas durant ce
temps, et reste en position d'observatrice. Une fois la comptine finit j'entame
une discussion autour de la langue malgache et en valorisant l'apprentissage de
cette langue pour son fils. Je lui parle rapidement de ma recherche en cours.
Elle me répond « oui c'est important qu'il parle le malgache.
». La sentant plutôt ouverte à la discussion, je lui demande
pourquoi c'est important pour elle que Thomas parle malgache. Sa réponse
« C'est important car toute sa famille est malgache et si ce n'est pas moi
qui lui apprend, personne ne le fera. » Elle s'adresse ensuite à
son fils d'abord en français « oui Thomas ! c'est important !
» puis en malgache et joue avec lui. »
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Observation B :
Contexte : 19 janvier 2023 : observation du
départ à l'école d'une famille originaire du Vietnam.
L'enfant, que nous nommerons Gabin, âgé de 3 ans et 4 mois ait
né en France, son père est français, sa mère est
vietnamienne.
« Madame et son fils s'apprête à partir
de la maison pour l'école après la pause du midi de Gabin. Gabin
s'agite et montre son envie de rester avec sa mère à la maison :
il pleur, cri et rejette les adultes qui essayent de l'approcher pour le
calmer. Madame lui explique le déroulement de la journée en
français, soutenu par une éducatrice de l'équipe proche
d'elle. L'enfant cri et tape la main de l'éducatrice. Madame et
l'éducatrice le reprennent fermement en français. L'enfant
continue de crier « non ». Madame l'assoit et le reprend mais cette
fois en vietnamien. On la sent plus à l'aise : elle lie ses paroles
à sa communication non verbale (mouvement de tête, des mains).
L'éducatrice se met en retrait et observe la scène sans
intervenir. L'enfant baisse la tête et se tait. La mère qui criait
au début apaise progressivement son discours et on comprend qu'elle lui
réexplique le déroulé des évènements
à venir : elle lui montre le vélo qu'ils vont prendre, la
météo par la fenêtre. L'enfant regarde ce que sa
mère lui montre. Elle lui caresse la tête et lui pose une question
en vietnamien. L'enfant répond « oui ». Elle le prend par la
main et lui demande en français d'aller chercher ses chaussures. Peu de
temps après, ils partent à l'école. »
Annexe 4 : Partie sur le développement langagier
du tableau d'observation du développement du jeune enfant de 1 à
36 mois, utilisé à l'AME.
58
Mina BORELLI
Diplôme d'Etat d'Educateur de Jeunes
Enfants Session juin 2023
MEMOIRE DE PRATIQUE PROFESSIONNELLE
« L'apprentissage du langage et le bilinguisme
précoce chez les jeunes enfants au sein des familles migrantes
»
Cet écrit de recherche sur la pratique professionnelle en
tant qu'Educateur de Jeunes Enfants, s'intéresse à
l'apprentissage du langage par les jeunes enfants issus de familles migrantes
et grandissant dans des contextes multiculturels et plurilingue.
Dans le but de comprendre les enjeux de cette situation et de
cet apprentissage, nous nous pencherons sur les thèmes du langage au
sein de la société et de ses particularités dans la petite
enfance puis sur le bilinguisme précoce et la parentalité dans le
contexte de la migration. Nous nous intéresserons par la suite aux
pratiques professionnelles en place dans différentes structures, cela
à l'aide d'une enquête. Cet écrit de recherche se conclura
par l'ouverture de la réflexion amorcée et sa mise en pratique
dans les accompagnements réalisés auprès des familles.
Famille issue de
Petite enfance
l'immigration
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Transmission intra- familiale
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Bilinguisme précoce
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Accompagnement par les Développement et apprentissage
professionnels du langage
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