3. Le facteur de cohésion civilo-militaire en temps
de paix
La défense populaire camerounaise, c'est-à-dire
le lien entre l'armée et la nation a été instaurée
en cas d'une éventuelle agression. Il est prévu qu'en cas
d'avènement d'une menace extérieure, les peuples et
l'armée s'uniront pour former un bloc solide et c'est une bonne
politique. Considérant la situation sécuritaire du Cameroun, elle
bénéficie depuis des décennies d'une situation
plutôt pacifique, ce qui ne donne pas beaucoup d'occasions de mettre
à l'épreuve cette relation armée-nation. Puisque son
objectif est de vouloir développer le lien entre les peuples et la
défense, en cas de manque de crise sécuritaire, cette
cohésion reste en suspens en période de paix, ce qui pourrait la
fragiliser. Dans une optique donc de raviver cette cohésion
civilo-militaire, les énergies de la défense populaire pourraient
être canalisées vers l'atteinte des ODD. Loin d'en être les
seules, il existe une myriade de facteurs en faveur d'une alliance entre
défense populaire camerounaise et les objectifs de développement
durable.
Paragraphe 2 : Axes de réflexion en vue d'une
mobilisation de la défense populaire camerounaise vers l'atteinte des
ODD.
Après avoir tenté de ressortir les facteurs en
faveur d'une mobilisation de la défense populaire en vue d'atteindre les
objectifs de développement durable, nous voilà confrontés
au problème du comment. Il sera question de fournir des propositions sur
comment cette
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mobilisation pourrait être faite. Dans un premier temps,
des propositions seront faites au plan normatif (A) et ensuite au plan pratique
(A).
A. Au plan théorique
1. Actualiser le cadre juridique de la défense
populaire
L'une des premières propositions que nous pouvons faire
serait un réaménagement de la politique de défense
camerounaise. En effet, comme nous l'avons vu plus haut, cette politique depuis
son élaboration depuis 1967 n'a été ni revue ni
modifiée. Et pourtant entre cette année et 2023 beaucoup de
données ont changé. Nous vivons dans un monde en constante
mutation, avec l'avènement de nouveaux enjeux. Les préoccupations
environnementales, sociales, économiques humaines de l'époque ne
sont plus ce qu'elles étaient. Le changement reste et demeure constant.
Si auparavant, la préoccupation majeure relevait de la
sécurité beaucoup plus politique, maintenant ce n'est plus le
cas. Il existe de nouveau fléaux à combattre notamment le
sous-développement. On devrait pouvoir le combattre sur tous les fronts
car plus que jamais, les conditions de vies des populations se voient
contraintes par celui-ci.
De surcroit, la défense populaire telle que
prévue dans son manuel ne prend plus en compte tous ses acteurs.
Certains d'entre ces acteurs ont été dissouts, par exemple la
fonction de Secrétaire permanent à la défense Nationale
qui était censé coordonner les efforts de défense entre
les départements ministériels civils entre ceux-ci et le MINDEF.
D'autres ont été dispersés comme par exemple le
ministère de l'éducation qui s'est vu sous divisé entre
trois ministères qui sont le ministère de l'éducation de
base, le ministère des enseignements secondaires et le ministère
de l'enseignement supérieur.
Par ailleurs, en considérant que tous les
départements ministériels doivent contribuer chacun à la
défense, nous avons assisté à la création de
nouveaux ministères qui pourraient être concernés par la
problématique de défense populaire mais le dispositif normatif
actuel ne les prend toujours pas en compte. C'est le cas du MINDDEVEL.
De manière générale, le dispositif
juridique de la défense populaire devient de plus en plus
vétuste. La première étape pour la mobilisation de
celle-ci à l'atteinte des ODD serait d'aménager un cadre
juridique propice et adapté à l'évolution du contexte
camerounais et du monde contemporain.
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