2. Les populations locales, les médias et les
entreprises
Les populations locales sont les plus affectées lors
des crises. Elles veulent jouer un rôle décisif dans la lutte
contre BH. Leur premier apport est dans la participation aux comités de
vigilance. Ce sont des groupes d'auto-défense civils constitués
pour protéger leurs communautés. Des jumelles et fusils de
fortune leurs sont donnés par l'armée. Leur principale motivation
est la quête de la paix. C'est ce qu'affirme
MOUCTARMAHAMAT134, membre du comité de vigilance de Kolofata
lorsqu'il dit : « je pense que nous sommes décisifs dans ce
combat, parce que c'est nous les yeux des militaires. Dans le village, nous on
se connait ».
Concernant les médias, comme le dit l'adage, «
celui qui détient l'information détient le pouvoir.
»Les médias constituent aujourd'hui le quatrième
pouvoir institutionnel135. Ils sont donc un acteur majeur en
matière de conflit, car c'est par eux que l'opinion publique est
informée. C'est selon leur interprétation des faits que le public
est influencé. Dans le cadre de ce conflit les médias tels que la
Cameroun Radio Television (chaine nationale), Canal 2 international ont
grandement contribué à sensibiliser les populations. Leur
rôle est principalement l'interpellation sur le lien armée-nation
et la diffusion des nombreux sacrifices encourus par l'armée pour
préserver l'intégrité du territoire.
Une contribution majeure médiatique dans ce conflit a
été la réalisation du film la patrie
d'abord136, film dédié aux forces armées
du Cameroun engagées dans la guerre contre Boko Haram. Cette oeuvre n'a
pas laissé les populations indifférentes et a suscité en
elles le sentiment patriotique. En ce qui concerne la participation des
entreprises, Bien que basiquement, elles existent avec un objectif lucratif,
les entreprises camerounaises ont montré leur bonne foi et leur
intérêt pour la partie. Dans ce sens, certaines
sociétés ont contribué par l'apport de ressources
matérielles et financières aux soldats et aux populations de
l'Extrême-Nord. D'autres sont allées jusqu'à faire appel
aux clients en aménageant dans leurs surfaces des caisses et urnes
« solidarité ». Ces caisses servent à récolter
des fonds, qui sont octroyés à la lutte contre BH. C'est le cas
du supermarché Santa Lucia.
134 Interviewé par la chaine TV5monde, données
consulté le 05/01/2022 sur le net 135Après le pouvoir
politique, militaire et économique.
136 La patrie d'abord, film réalisé par Thierry
NTAMACK, 2016
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3. Les groupes religieux
L'apport des religieux a naturellement été
d'ordre spirituel. En ce sens, ils ont contribué à motiver
spirituellement les militaires et à réconforter les populations
affectées. Des cultes oecuméniques ont parfois été
organisés pour le conflit. Des messes individuelles ont aussi
été faites. Au-delà de la dimension spirituelle, leurs
actions ont eu une dimension matérielle. Ainsi certains groupes
religieux ont levé des fonds en vue de soutenir le pays. D'autres ont
offert des fournitures et logements aux déplacés internes.
Dans le cadre du conflit avec la secte BH, la défense
populaire n'a pas été indifférente. Défense
populaire ne se limitant pas à un seul conflit mais renvoyant au socle
de toute la politique de défense du Cameroun, il fait face à des
défis.
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