3.3.5 Données d'entretien d'instruction au
sosie
Pour les mêmes raisons que précédemment,
nous avons souhaité augmenter les données de terrain. L'animateur
D ayant accepté de participer mais sans possibilité de captation
du réel, nous avons donc décidé de réaliser un
entretien d'instruction au sosie.
Cette technique de recueil de données, mise au point
par Oddone dans les années 1970 dans le cadre de l'analyse de
l'activité des ouvriers Turinois des usines Fiat (Oddone & al.,
1981), permet d'obtenir des effets similaires à celle de la clinique, en
l'absence de traces du réel. Les questions, naïves, posées
par le sosie qui ne connaît pas le métier, permette à
l'instructeur de faire émerger sa manière de répondre aux
imprévus auquel il fait face d'ordinaire, et de lui permettre de prendre
conscience de son activité réelle. La consigne suivante est
donnée à l'acteur interrogé : « Suppose que je sois
ton sosie et que demain je me trouve en situation de te remplacer dans ton
travail. Quelles sont les instructions que tu devrais me transmettre afin que
personne ne s'avise de la substitution ? » Cette méthode, revue par
Clot (1999) ouvre la possibilité d'un développement
professionnel, au même titre qu'avec une approche clinique (Saujat, 2002,
p.6), dans le cadre d'une analyse de l'activité.
Cela a permis, dans notre recherche, de recueillir des traces
de l'activité de cet animateur en l'absence de vidéo de l'acteur
au travail.
L'entretien a été réalisé le 9 mai
2022, et a duré 1h10. Il a été effectué en
téléréunion, et enregistré grâce à la
fonction dédiée sur l'application permettant cet entretien. La
prise de son a été doublée par un enregistreur audio, afin
de s'assurer de sa bonne qualité en vue de la transcription.
L'entretien a porté sur la mise en situation de
l'animateur, en charge de nous expliquer l'ensemble de ce que nous devrons
faire, demain, si nous devons le remplacer en formation, pour que personne ne
s'aperçoive de la substitution. La thématique de la formation a
été laissée au choix de l'animateur, qui a souhaité
décrire son activité lorsqu'il forme à la maïeutique
de groupe.
38
3.4 Traitement des données 3.4.1 Analyse
des données écrites
Afin de voir quelle est la place laissée à la
question de la coopération dans les formations dispensées par les
animateurs pédagogiques, nous avons procédé à une
analyse lexicométrique des textes prescripteurs. Nous avons
cherché, à l'aide du logiciel Iramuteq, les occurrences du mot
coopération et de ses dérivés, afin de voir de quelle
manière ils sont liés à l'activité des animateurs
en formation. Nous avons par ailleurs relevé l'ensemble des mots qui
pourraient être en lien avec les principes de la coopération
portés par l'OCCE, ainsi que les phrases qui les contiennent, pour en
percevoir le contexte. Un tableau nous permet de rassembler les
résultats.
3.4.2 Analyse des données d'entretiens
d'auto-confrontation simple et croisée
Etape 1 : Les données ont
été transcrites pour réaliser des verbatim. Les
enregistrements des entretiens ont fait l'objet d'une écoute
sélective, afin de conserver les éléments des
échanges relatifs à la coopération. Ainsi, nous avons
retenu dans un premier temps ce que chacun des animateurs dit de ce qui est
pour lui la coopération, où il la voit dans les extraits, comment
elle est mise en oeuvre ou non, lorsqu'il est étonné de son
absence, lorsqu'il est certain qu'elle n'a pas sa place dans une situation
identifiée.
La transcription manuelle des extraits d'entretiens
sélectionnés a été effectuée lors d'une
nouvelle écoute. Les verbatim sont anonymes, chaque animateur
étant renommé « Anim X » selon le pseudonyme
donné dans la partie « Recueil de données ». Nous
sommes nous-même nommés R dans les échanges, en
référence au prénom de l'auto-confronteur.
Le texte final est augmenté si besoin des informations
nécessaires à la compréhension du contexte. Les
hésitations et les manifestations des émotions vécues par
les animateurs (rires, temps de silence, gestes physiques) sont
conservées pour éventuellement permettre par la suite un
repérage des questions qui soulèvent le plus de réflexion,
et pourraient faire l'objet de débats en interne. Les verbatim de chaque
entretien sont disponibles pour consultation en annexe.
Etape 2 : L'ensemble a constitué le
corpus qui a fait l'objet d'une analyse de contenu. Celle-ci a
été réalisée à l'aide du logiciel QDA Miner,
qui permet une extraction des données sélectionnées dans
un document unique, aisément exploitable. Les éléments les
plus évocateurs de la coopération ont ainsi pu être
classés selon des préoccupations sous-tendues par la
définition que se fait chaque
39
animateur de la coopération. D'autres
préoccupations indépendantes de cette focale ont pu
également être mis en évidence. Elles sont
conservées pour l'analyse de l'activité et la discussion, car
elles sont partagées par l'ensemble des animateurs et pourraient
apporter des éléments de compréhension
supplémentaires.
L'analyse de contenu a également permis de dégager
les différentes dimensions de l'activité :
· Action : ce que fait l'animateur, visible et filmé
lors de la session de formation
· Valeur : élément d'importance pour
l'animateur en question, en lien avec ce qu'il considère comme «
bien » (exemples : respect de la parole, engagement)
· But : ce que l'animateur vise par son action ; elles
peuvent être multiples pour une même action (exemples : tenir
compte des besoins de chacun, gérer le temps des différentes
phases de la formation)
· Difficulté ou point de vigilance : obstacle
intrinsèque à l'animateur (exemples : difficulté à
ne pas couper la parole, à tenir le timing) ou élément
à prendre en compte selon lui pour ne pas se trouver en
difficulté (exemples : anticiper les conditions de la coopération
en cas de formation en distanciel, ne pas laisser trop de temps d'accueil)
· Activité empêchée : obstacle
extrinsèque à l'animateur, rencontré lors de
l'activité (exemples : refus des formés d'allumer leur
caméra, crise de larmes d'une formée)
Etape 3 : Les différentes dimensions
ont été rassemblées dans un tableau, auquel ont
été ajoutées les prescriptions. Celles-ci proviennent de
la Convention pluriannuelle d'objectifs ainsi que de la Motion d'orientation,
documents de référence pour les animateurs ainsi que cela est
stipulé sur leur contrat de travail et sur d'autres documents internes
qui guident leur activité.
Chaque préoccupation issue des entretiens fait l'objet
d'un tableau différent.
Afin de pouvoir ensuite mettre en débat les
éléments provenant de l'ensemble des entretiens, chaque tableau
rassemble les données issues des quatre animateurs, bien que le recueil
ait été effectué de manières diverses. Cependant,
des marques sont ajoutées pour préciser ces différences et
permettre de pondérer les dires de chacun. Ainsi, l'animatrice C, qui a
contribué à l'auto-confrontation croisée de l'animatrice B
sans avoir cependant de trace de sa propre activité, a donné des
exemples de celle-ci. Elles sont alors nommées comme provenant
d'«actions décrites, rapportées, alternatives à ce
qui est vu chez Anim B ». De la même manière, l'animateur D a
donné accès à son activité via une
40
instruction au sosie, pour laquelle nous ne disposons d'aucune
trace du réel. Les dimensions de son activité proviennent d'
« actions rapportées ».
Exemple d'un tableau (Tableau 1 - Analyse des
données d'entretien pour la préoccupation "faire
échanger"Erreur I Source du renvoi introuvable.)
qui rassemble les dimensions de l'activité et les prescriptions
associées pour les quatre animateurs, pour la préoccupation
« faire échanger » qui soutient leur activité :
41
Tableau 1 - Analyse des données d'entretien pour la
préoccupation "faire échanger"
|
Actions réalisées
|
Valeurs
|
Buts
|
Difficultés et points de vigilance
|
Activité empêchée
|
Prescriptions
|
Anim A
|
Donne son
|
« ...que chacune puisse
|
« ...plus être dans le questionnement, que
|
« Quand je fais
|
« ...parce que
|
Mobiliser les
|
|
avis sur une
|
parler »
|
dans l'affirmation. »
|
ça, c'est que je
|
moi je donne mon
|
principes et
|
|
question
|
|
« Je pense que chez moi, y'avait la notion du
|
pointe quelque
|
avis, euh, mais je
|
pratiques de la
|
|
ouverte posée par un formé
|
|
temps. Euh, trois jours c'est super court euh, pour tout ce
que j'avais envie de partager, et
|
chose, qui m'interpelle, et
|
me suis
demandée, je me
|
coopération dans nos instances et
|
|
|
|
qu'elles partagent entre elles. Euh... le quoi
|
que je ne veux
|
souviens très bien
|
dans la mise en
|
|
|
|
de neuf durait assez longtemps, je savais
|
pas oublier.
|
que je me suis
|
oeuvre de nos
|
|
|
|
qu'il y avait encore plein de choses à faire, alors, oui,
j'aurais pu tout à fait dire " et vous, et caetera", mais certainement
que j'ai choisi de ne pas le faire pour que chacune puisse parler, qu'on ait le
temps. Parce que je sais très bien que quand quelque chose est trop
long, on perd l'attention. »
|
Euh... donc évidemment j'attends qu'elle ait
terminé, euh... parce que je veux pas l'interrompre,
|
demandée, si j'aurais pas dû demander l'avis aux
autres aussi. »
Dilemme : laisser les formés
|
actions
|
42
|
|
|
|
mais je me connais, parce que je peux oublier très vite.
»
|
s'exprimer vs avancer dans le programme du jour
|
|
|
Laisse de côté
|
« J'aime pas le mot
|
« Ce que je gagne, c'est la concentration
|
« Et ce que je
|
|
Mobiliser les
|
|
un formé qui ne parle plus, sans le
|
" retrait " parce que, euh, ça voudrait dire que tu t'es
retirée
|
maximum, pour pouvoir aussi donner mon avis. »
|
perds
effectivement, c'est la vigilance
|
|
principes et pratiques de la coopération dans
|
|
regarder, durant plusieurs
|
volontairement de, d'un mouvement... Non, c'est que tu, c'est
que
|
|
par rapport au reste du groupe, pour m'assurer
|
|
nos instances et dans la mise en oeuvre de nos
|
|
minutes
|
juste, tu as pas
forcément grand-chose à dire, ou qu'à ce
moment-là t'es peut-être un peu fatiguée, ou que, juste le
plaisir d'écouter, ou que t'as pas spécialement
|
|
qu'il, qu'elles décrochent pas. »
|
|
actions
|
43
|
|
d'avis, ou que tu réfléchis avec les autres... Il
peut y avoir de multiples raisons en fait... »
|
|
|
|
|
|
|
« Je suis très attachée à ce que
chacune trouve sa place dans le groupe. »
|
|
|
|
|
Anim B
|
Laisse les formés
|
« ...ils sont là euh, dans un groupe de travail,
je
|
« C avait souvent des questions pertinentes, et en fait elle
s'adresse, ben, elle fait pas
|
« C, elle a pas fini de parler
|
« Après, je trouve ça difficile des
|
Se construire des espaces/temps de
|
|
échanger entre eux, sans
|
dirais, donc euh, en gros, chacun participe, apporte sa pierre
à
|
l'école dehors, et elle pose la questions aux autres, et
je trouve qu'elle a souvent des questions très pertinentes. Et donc, je
la
|
que MN elle, déjà elle
embraye quoi !
|
fois, de reprendre la parole dans une visio. Parce que
|
rencontres, d'échanges de pratiques, de
|
|
régulation
|
l'édifice, même s'ils
|
laissais faire. »
|
Parce que c'est
|
les gens nous
|
savoirs
|
|
spécifique
|
sont là qu'en tant que
|
« ... je pense qu'elle se sent écoutée.
»
|
vrai qu'elle avait
|
voient pas au
|
Mobiliser les
|
|
|
euh, spectateurs je
|
|
tendance
|
sens, en disant
|
principes et
|
|
|
dirais,... »
|
|
beaucoup à...
|
« bon stop ».
|
pratiques de la
|
|
|
« ...je pense qu'elle se
|
|
embrayer avant
|
Parce qu'on aurait
|
coopération dans
|
|
|
sent écoutée. »
|
|
même que
|
été en cercle,
|
nos instances et
|
44
|
|
|
|
quelqu'un d'autre ait le temps de répondre... Bon, elle
était toujours très pertinente hein.
|
j'aurais dit "attendez, stop, on reprend". Enfin... et moi qui
ait pas une forte... je me voyais pas
|
dans la mise en oeuvre de nos actions
Initier les enseignants aux principes et pratiques du
|
|
|
|
|
Sur ces
|
m'imposer "bon
|
travail en
|
|
|
|
|
réponses, c'était
|
stop !" [rires] Des
|
coopération et les
|
|
|
|
|
toujours euh...
|
fois, je trouve que
|
accompagner.
|
|
|
|
|
mais c'est vrai qu'elle laissait
|
dans une visio, c'est pas évident
|
|
|
|
|
|
pas beaucoup la
|
de reprendre
|
|
|
|
|
|
place aux autres.
|
la... »
|
|
|
|
|
|
... et là ouais, j'aurais dû
|
« Je trouve ça un peu violent. Je
|
|
|
|
|
|
intervenir. ... »
|
sais pas comment
|
|
|
|
|
|
« Parce que je
|
dire... En fait
|
|
|
|
|
|
pense qu'elle a
|
euh, je trouve
|
|
|
|
|
|
repris la parole,
|
qu'il faudrait qu'il
|
|
45
|
|
|
|
alors que
|
y ait un truc
|
|
|
|
|
|
d'autres auraient
|
visuel sur le...
|
|
|
|
|
|
peut-être
|
une main, temps
|
|
|
|
|
|
parlé. »
|
mort, je sais pas, quelque chose de, sur l'écran "temps
mort, attendez !"
|
|
|
|
|
|
|
On reprend, qu'il, que tu poses ta question, ouais... »
|
|
|
|
|
|
|
« On a pas instauré ça, le "je laisse, je
prends", c'est... En tout cas, le "je laisse" on pourrait l'instaurer, parce
que c'est vrai que je savais pas
|
|
46
|
|
|
|
|
quand est-ce qu'elle avait fini. »
|
|
|
Sollicite les formés pour
|
« ... ils sont là euh, dans un groupe de
|
« Et après du coup, je les laisse compléter,
parce qu'eux ont sûrement d'autres choses à
|
« ...quand j'ai discuté avec M
|
« On a pas instauré ça, le "je
|
Mobiliser les principes et
|
|
qu'ils
participent
|
travail, je dirais, donc euh, en gros, chacun
|
apporter. »
« ...ils sont là euh, dans un groupe de
|
ça m'a éclairé, de me dire qu'en
|
laisse, je prends", c'est... En tout
|
pratiques de la coopération dans
|
|
|
participe, apporte sa
|
travail, je dirais, donc euh, en gros, chacun
|
fait, y'en a c'est
|
cas, le "je laisse"
|
nos instances et
|
|
|
pierre à l'édifice... »
|
participe, apporte sa pierre à l'édifice,
même
|
pas que ça les
|
on pourrait
|
dans la mise en
|
|
|
« ... quand j'ai discuté
|
s'ils sont là qu'en tant que euh, spectateurs
|
intéresse pas, ou
|
l'instaurer, parce
|
oeuvre de nos
|
|
|
avec M ça m'a éclairé, de me dire qu'en
fait, y'en a c'est pas que ça les intéresse pas, ou
|
je dirais, là, en formation, je demandais leurs
attentes. »
« Parce que je lui dis "toi t'interviens pas, toi,
ça te..." Elle me dit "non mais moi en
|
qu'ils ne trouvent pas leur place, c'est qu'ils sont
|
que c'est vrai que je savais pas quand est-ce qu'elle avait
|
actions Initier les enseignants aux principes et
|
|
|
qu'ils ne trouvent pas
|
fait, il me faut le temps, donc c'est pas que
|
comme ça.
|
fini. »
|
pratiques du
|
|
|
leur place, c'est qu'ils
|
je me sens frustrée", elle a dit, "c'est que
|
C'est... faut le
|
|
travail en
|
|
|
sont comme ça. C'est...
|
moi en fait, il me faut un peu plus de temps
|
temps qu'ils
|
|
coopération et les
|
|
|
faut le temps qu'ils assimilent, et
qu'ils écoutent à droite à
|
que d'autres pour assimiler les choses". Surtout qu'elle estime
qu'elle connaît pas trop, donc euh... Donc elle a dit "moi en
|
assimilent, et qu'ils écoutent à droite à
gauche,
|
|
accompagner.
|
47
|
|
gauche, et... ouais, je
|
fait, je, je voilà, et ensuite les questions
|
et... ouais, je
|
|
|
|
|
pense qu'on est pas tous
|
viennent"... Donc... non, je pense que...
|
pense qu'on est
|
|
|
|
|
pareil quoi. »
|
c'est pas toujours en lien. Des fois oui, mais
|
pas tous pareil
|
|
|
|
|
|
des fois non. Je pense qu'il y a des gens, juste, ça leur
va, on disait, qu'ils sont spectateurs ou... ou des gens qui, tout
|
quoi. Mais par contre euh, voilà, avoir leur
|
|
|
|
|
|
simplement, bon, ils voient qu'il y en a qui prennent beaucoup de
place, ben c'est
|
ressenti, sur, après, un
|
|
|
|
|
|
comme ça mais euh... »
|
questionnaire
|
|
|
|
|
|
« Mais c'est vrai qu'elle laissait pas beaucoup la place aux
autres. »
|
post-formation, ça peut euh... être un
éclairage pour nous. Et là, je pense qu'en l'occurrence, euh, par
rapport aux interventions de
|
|
|
|
|
|
|
MN, y'a des choses qui
|
|
|
48
|
|
|
|
seraient
ressorties oui. »
|
|
|
|
Coupe un
|
« ...pour moi S était
|
« ...pour moi S était prioritaire. Puisqu'elle
|
R : « Et
|
|
Mobiliser les
|
|
formé qui
|
prioritaire ».
|
avait levé la main. Mais effectivement, peut-
|
pourquoi tu te
|
|
principes et
|
|
commence à
|
« ...elle avait sûrement
|
être qu'A s'est pas rendue compte du coup
|
l'interdis ça, en
|
|
pratiques de la
|
|
prendre la parole pour la
|
pas fait attention que, que S voulait prendre la
|
de, elle était dans son truc, elle voulait
répondre, en direct, à C. Mais voilà, elle
|
visio, de dire stop ? » Anim
|
|
coopération dans nos instances et
|
|
donner à un
|
parole. Mais moi j'ai...
|
avait sûrement pas fait attention que, que S
|
B : « Je trouve
|
|
dans la mise en
|
|
autre qui
|
j'ai privilégié ça parce
|
voulait prendre la parole. Mais moi j'ai...
|
ça un peu
|
|
oeuvre de nos
|
|
l'avait
|
que c'est une question
|
j'ai privilégié ça parce que c'est une
|
violent.»
|
|
actions
|
|
demandée avant
|
de respect de la parole. »
|
question de respect de la parole. »
|
|
|
Initier les enseignants aux principes et pratiques du travail en
coopération et les accompagner.
|
|
Laisse un
|
|
« Peut-être que des fois on, on cherche
|
|
Dilemme avec le
|
Mobiliser les
|
|
formé
interrompre
|
|
l'efficacité pour plusieurs raisons hein, euh,
peut-être aussi parce que... bon, y'a le
|
|
point précédent
|
principes et pratiques de la
|
49
|
une
conversation
|
|
temps. Bon là, j'étais pas limitée mais
euh, des fois y'a le temps. Et aussi pour pas que
|
|
|
coopération dans nos instances et
|
|
entre deux
|
|
les autres décrochent. Parce que si c'est
|
|
|
dans la mise en
|
|
autres
|
|
toujours la même personne, qui est un peu longue, à
expliquer et tout, ou qui est pas tout à fait dans le sujet, les autres
se lassent un peu. Tandis que si à un moment donné, y'a quelqu'un
qui intervient, qui est efficace dans sa réponse, hop, ça relance
le truc, on passe à autre chose. »
|
|
|
oeuvre de nos actions
Initier les enseignants aux principes et pratiques du travail en
coopération et les accompagner.
|
|
Demande aux
|
« Et après du coup, je
|
« Là je leur demande de conforter ce que je
|
« C'est pour ça
|
|
Se construire des
|
|
formés de valider les aspects théoriques
|
les laisse compléter, parce qu'eux ont sûrement
d'autres choses à apporter.
|
dis en fait, quelque part. De, enfin, si l'expérience est
bien celle-là, si ce qu'ils vivent c'est bien ça. »
« ... quelque part, je vérifie... enfin, c'est
|
que j'avais peur, si j'intervenais pas dès le
début, que ça parte
|
|
espaces/temps de rencontres, d'échanges de pratiques,
de
|
|
qu'elle vient
|
C'est-à-dire, c'est un
|
pas à moi de vérifier, mais, qu'ils sont bien
|
dans chacun
|
|
savoirs
|
|
d'énoncer, et d'apporter des
|
peu une idée générale, et après, ce
sera plus
|
dans la règle, voilà. Et que... je suis bien dans
la réalité du terrain. C'est-à-dire de dire
|
apporte son exemple. »
|
|
|
50
|
témoignages
|
euh, des précisions,
|
"vous voyez, effectivement, ils font bien
|
« Mais c'est vrai
|
|
Déployer une
|
|
pour les
|
voilà. » R : « Tu fais
|
comme ça, eux". Donc euh... ça
crédibilise
|
que chacun euh,
|
|
écoute active du
|
|
illustrer
|
appel à eux par, tu fais appel à leur
expérience professionne lle ? » Anim B :
« C'est ça ». R : « Qui viennent
compléter ton... qu'il y ait un intérêt quoi, cette fois,
à avoir un avis du collectif ? » Anim B : « C'est ça.
Oui oui, c'est ça. »
|
ce que je viens de dire aussi »
|
va dire "oui alors moi quand je vais sur le petit chemin", enfin,
on voit, des fois c'est un peu long les descriptions, et effectivement, je me
dis, si chacun commence à raconter son petit truc euh, "jeudi
dernier...", je sais pas quoi
|
|
terrain
|
|
|
|
|
[rires] ... à la
|
|
|
51
|
|
|
|
fois c'est bien, mais voilà, on a quand même un...
oui, un temps à tenir.
|
|
|
|
|
|
|
On le voit bien nous, des fois dans les formations, quand y'a des
gens qui racontent leur vie, des fois... c'est un peu pénible. »
|
|
|
|
Apporte elle-
|
|
« En fait euh, là, c'est pas une discussion.
|
|
|
Connaître les
|
|
même une
|
|
C'est-à-dire que c'est un, c'est une règle.
|
|
|
priorités
|
|
réponse à une
|
|
C'est une sortie régulière. Donc euh, c'est
|
|
|
ministérielles afin
|
|
question qui porte sur un
|
|
pas "oui ben moi je fais comme ça, moi je fais comme
ça", c'est pas un avis là-dessus
|
|
|
de pouvoir agir en
|
52
|
aspect
réglementaire
|
|
sur la question [rires]. C'est, la règle, c'est une sortie
régulière. »
|
|
|
complémentarité collectivement
|
|
|
|
|
|
|
Initier les enseignants aux principes et pratiques du travail en
coopération et les accompagner.
|
|
Actions décrites, rapportées, alternatives
à ce qui est vu chez Anim B
|
Valeurs
|
Buts
|
Difficultés et points de vigilance
|
Activité empêchée
|
Prescriptions
|
Anim C
|
Intervient
|
« ..."ça serait bien
|
« ..."ben écoutez, là, ça serait bien
qu'on
|
|
|
Mobiliser les
|
|
pour réguler
|
qu'on prenne la parole
|
prenne la parole chacun notre tour, est-ce
|
|
|
principes et
|
|
les échanges
|
chacun notre tour, est-
|
qu'on peut choisir une façon de prendre la
|
|
|
pratiques de la
|
|
au moment où tout le monde
|
ce qu'on peut choisir une façon de prendre la
|
parole et de s'écouter ?" Parce que pour euh, pour les
personnes qui échangent, et pour
|
|
|
coopération dans nos instances et
|
53
|
parle en
|
parole et de
|
ceux qui écoutent surtout, les autres
|
|
|
dans la mise en
|
|
même temps
|
s'écouter T" »
|
participants, c'était très peu audible finalement.
Je sais pas ouais... Je pense que je serais intervenue peut-être euh...
pour dire "ben là c'est euh, c'est compliqué de suivre votre
échange, qui est très intéressant,... " »
|
|
|
oeuvre de nos actions
Initier les enseignants aux principes et pratiques du travail en
coopération et les accompagner.
|
|
Coupe court aux
|
|
« Peut-être j'en aurais profité pour euh,
revenir sur cette dimension très sécuritaire
|
|
|
Connaître les priorités
|
|
témoignages sur les aspects réglementaire
|
|
dont elle parle, accompagnateurs, et caetera, pour euh, pour
poser un cadre que tu, enfin, qu'on connaît, du coup avec Anim B. Ben
|
|
|
ministérielles afin de pouvoir agir en
complémentarité
|
|
s pour donner
|
|
voilà, pour une sortie, faut au moins 2
|
|
|
collectivement -
|
|
le texte
|
|
accompagnateurs... pour qu'on puisse
|
|
|
Se construire des
|
|
officiel
|
|
passer à autre chose peut-être. Parce que,
effectivement, dans les classes dehors, y'a cette dimension de, c'est
nécessaire,
|
|
|
espaces/temps de rencontres, d'échanges de
|
54
|
|
|
d'organisation, de sécurité, mais le, l'objectif,
justement, c'est de dépasser
|
|
|
pratiques, de savoirs
|
|
|
|
tout... et c'est souvent la crainte des
|
|
|
Affirmer les
|
|
|
|
enseignants, c'est de dépasser la dimension
|
|
|
finalités du Projet
|
|
|
|
pratico-pratique euh, sécuritaire, et caetera, pour
vraiment pouvoir vivre la classe
|
|
|
éducatif de l'OCCE : une
|
|
|
|
dehors. »
|
|
|
visée
d'émancipation
|
|
|
|
|
|
|
Initier les enseignants aux principes et pratiques du travail en
coopération et les accompagner.
|
|
Stoppe les
|
|
« C'est plutôt une ligne de conduite en fait.
|
|
|
Se construire des
|
|
échanges sur
|
|
A quel moment on laisse les échanges euh...
|
|
|
espaces/temps de
|
|
les pratiques
|
|
souvent, ben notamment avec des collègues animatrices, on
dit "ben moi, je privilégie le... le vécu au prévu..."
Euh, moi je me
|
|
|
rencontres, d'échanges de
|
55
|
|
|
pose des limites quand même. Parce que sinon euh,
effectivement, dans l'échange de pratique, on sait très bien
qu'on peut blablater pendant euh, des heures. »
|
|
|
pratiques, de savoirs
|
|
|
|
|
Difficultés et
|
|
|
|
Actions rapportées
|
Valeurs
|
Buts
|
points de vigilance
|
Activité empêchée
|
Prescriptions
|
Anim D
|
Pose le
|
« Ceux qui veulent pas
|
« A ce moment-là, quand t'as fait ça, ce
que
|
|
|
Mobiliser les
|
|
« contrat »
|
trav... qui veulent pas
|
je te propose, c'est de poser le contrat.
|
|
|
principes et
|
|
pour donner
|
accepter ces trois règles
|
C'est-à-dire de... une fois qu'on a posé ce
|
|
|
pratiques de la
|
|
les règles à
|
somme toute assez
|
truc-là, de dire "je vous propose quatre
|
|
|
coopération dans
|
|
suivre
|
simple, il faut pas qu'ils
|
règles très simples. La première
règle, c'est
|
|
|
nos instances et
|
|
pendant la formation, dont celle de participer activement
|
restent. »
|
que tout ce qu'on va dire là, c'est à nous,
ça nous appartient à nous, c'est confidentiel. Voilà.
Euh... la deuxième règle, c'est celle du... du respect,
c'est-à-dire qu'on va avoir une attention particulière de
respecter les personnes et les paroles. La quatr... la troisième
règle, c'est celle de ben, de participer activement, parce que vous
l'aurez
|
|
|
dans la mise en oeuvre de nos actions Encourager l'expression de
controverses (faire de nos différences de points de vue le
|
56
|
|
|
compris en fait, depuis tout à l'heure... " Tu vas leur
dire ça hein ! "je vous chauffe depuis tout à l'heure, je parle,
je pose le truc, mais c'est vous qui allez faire le job ! Euh, parce qu'en
fait, y'a que vous qui pouvez euh... accueillir ce que vous voulez, accueillir
et tirer ce que vous voulez tirer comme profit de cette formation. Et... la
quatrième règle... c'est que, qu'on est d'accord avec les trois
premières quoi.
|
|
|
moteur de l'apprendre et de l'agir ensemble) Initier les
enseignants aux principes et pratiques du travail en coopération et les
accompagner.
|
|
|
|
C'est... l'engagement." »
|
|
|
|
|
Demande aux
|
« "Tout à l'heure, à "qui
|
« Et pour chercher un point commun
|
|
|
Initier les
|
|
formés de
|
comme moi", t'as dit
|
invisible, ben là, on... on se parle, on va se
|
|
|
enseignants aux
|
|
trouver un point commun invisible avec
|
que t'aimais les salades vertes. Bon ben en fait, ça nous
fait un point
|
parler, quelques secondes quoi : "alors ? tu, t'habites dans
le département ? Tu, t'as des enfants ? Tu vas au cinéma ? Tu as
une
|
|
|
principes et pratiques du travail en
|
|
leur voisin
|
commun. Moi aussi
|
couleur préférée ? Je sais pas, on va
trouver.
|
|
|
coopération et les
|
|
direct
|
j'aime les salades vertes. Et quand on se regarde comme
ça, ben,
|
T'as... t'as un chien ? Ouais, mais moi j'ai un chat... bon c'est
pas grave !" Euh, on cherche un point commun invisible. »
|
|
|
accompagner.
|
57
|
|
c'est invisible.
|
|
|
|
|
|
|
Personne peut le savoir que, qu'on mange de la salade verte."
»
|
|
|
|
|
58
4. Résultats
L'analyse de contenu des entretiens fait émerger
plusieurs résultats quant aux éléments qui sous-tendent
l'activité des animateurs pédagogiques OCCE relative à la
coopération, dans le cadre de leurs missions de formation.
4.1 Des préoccupations partagées par
l'ensemble des animateurs interrogés
Voici un tableau (Tableau 2 - Préoccupations
partagées par les animateurs) qui résume et
catégorise les préoccupations partagées par les quatre
animateurs concernés :
Tableau 2 - Préoccupations partagées par les
animateurs
Préoccupations relatives à
la coopération et aux pratiques
associés
|
Préoccupations
indépendantes de
la coopération
|
Références à des
éléments extérieurs
|
- Faire échanger
- Une place pour chacun
- Créer du lien
- Faire vivre la situation
|
- Attentes supposées des
formés
- Posture de l'animateur
- Rôle de l'animateur
- Rapport au temps vs objectif de formation
|
- Références à des
connaissances scientifiques et/ou théoriques
antérieures
|
Tout d'abord, les analyses indiquent l'existence de
préoccupations partagées entre l'ensemble des animateurs
interrogés, et relatives aux valeurs de la coopération et aux
pratiques associées, selon les définitions données par ces
mêmes animateurs. Dans cette étude, quatre d'entre elles ont pu
être mis en évidence. La première, « faire
échanger », correspond à la volonté de laisser une
grande liberté d'expression aux formés. L'échange est
perçu comme un élément en lien avec le projet
éducatif fédéral d'émancipation, qui vise entre
autres la formation à l'utilisation d'instances démocratiques
comme le conseil de coopérative. Cette préoccupation sous-tend
l'ensemble des conditions mises en place par l'animateur afin d'ouvrir l'espace
d'échanges : règles de fonctionnement, durée, espace
physique. La seconde préoccupation est celle de donner « une place
à chacun ». L'animateur accorde une importance à la
présence cognitive des formés, ainsi qu'à une forme
d'équité dans la distribution de la parole. Le rôle de
l'animateur vis-à-vis du cadre et les questions d'horizontalité
et d'asymétrie prennent leur place
59
dans cette rubrique. C'est le cas également des
éventuelles responsabilités données aux formés.
« Créer du lien » est la troisième préoccupation
qui émerge de cette étude. L'animateur s'attache aux conditions
d'accueil et de travail des individus, ainsi qu'aux relations qu'ils
entretiennent avec lui et entre eux. Enfin, la dernière
préoccupation est celle de « faire vivre la situation »
coopérative aux formés. Il s'agit de les mettre en
activité de manière à ce qu'ils puissent éprouver
les « principes et pratiques de la coopération », selon ce qui
est indiqué dans la motion d'orientation, pour mieux les comprendre et
éventuellement les mobiliser en classe.
L'analyse des entretiens fait par ailleurs ressortir d'autres
préoccupations partagées par les animateurs, a priori
plus éloignées de la question qui nous occupe ici.
Cependant, ces éléments semblent être importants pour les
animateurs, et sont parfois difficilement dissociables, dans les entretiens, de
ceux qui sont relatifs à la coopération. Aussi, il peut
être intéressant d'en dire deux mots. Au nombre de quatre
également, ils se rapportent essentiellement à l'activité
de formation standard, les animateurs se positionnant d'eux-mêmes
à certains moments en tant que formateurs et non plus animateurs. Deux
préoccupations sont directement reliées à la «
posture de l'animateur » et au « rôle de l'animateur »
dans ce cadre. Elles donnent des indications quant à la manière
de piloter la session : rôle spécifique de l'animateur,
éléments d'autorité, apports de contenus, rappel des
aspects réglementaires, degré d'explicitation des valeurs et
pratiques rencontrées. Une troisième préoccupation
correspond aux « attentes supposées des formés » par
l'animateur, qui organise sa formation selon ce qu'il pense que les stagiaires
en attendent. La dernière préoccupation, « rapport au temps
vs objectif de formation », décline les objectifs de l'animateur
face à de nombreuses situations où se pose la question de la
durée.
Nous pouvons également ajouter ici les
références des animateurs à des connaissances
théoriques extérieures, scientifiques dans la plupart des cas,
dans un souci d'étayage de leurs dires en formation, ou pour expliquer
leurs choix en situation lors des entretiens d'auto-confrontation ou
d'instruction au sosie. Néanmoins, cet étayage n'a pas
été réalisé par tous les animateurs, et l'un
d'entre eux, le moins expérimenté, ne mentionne aucune
référence extérieure.
4.2 Des actions multidimensionnelles sous-tendues par
plusieurs préoccupations
L'analyse du corpus permet ensuite de mettre en avant le
caractère multiple des préoccupations sous-tendues par une
même action. Prenons par exemple une action vue dans la
60
plupart des cas, celle de « laisser les échanges
se développer entre formés ». Selon les animateurs et le
moment où cette action est réalisée, elle peut être
liée au souci de « créer du lien » comme à celui
de « faire échanger », de « faire vivre la situation
» relative à un apprentissage, ou encore au besoin de
répondre à une « attente supposée des formés
», voire, tout cela en même temps.
Voici le tableau récapitulatif (Tableau 3 - Actions
et préoccupations des animateurs pédagogiques) des actions
et des préoccupations abordées lors des entretiens :
61
Tableau 3 - Actions et préoccupations des animateurs
pédagogiques
|
Faire échanger
|
Une place pour
chacun
|
Créer du lien
|
Faire vivre la situation
|
Attentes supposées des formés
|
Posture de
l'animateur
|
Rôle de
l'animateur
|
Rapport
temps vs
objectif de
formation
|
Références extérieures
|
Donner son
avis
|
X
|
|
|
X
|
|
X
|
X
|
X
|
|
Laisser les
échanges se
développer
|
X
|
X
|
|
X
|
X
|
X
|
|
|
|
Apporter une réponse réglementaire ou
pédagogique
|
X
|
|
|
|
|
X
|
X
|
|
X
|
Apporter un
témoignage personnel
|
|
X
|
|
|
|
|
|
|
|
Inciter à
prendre son
|
|
X
|
X
|
|
|
X
|
|
|
|
62
temps après
une émotion
forte
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Réguler les
échanges
|
X
|
X
|
|
|
|
|
X
|
|
|
Créer le cadre
de la formation
|
X
|
|
X
|
|
X
|
|
X
|
|
X
|
Donner des
exercices,
ateliers à réaliser, coopératifs ou
non
|
X
|
X
|
X
|
X
|
|
|
|
|
X
|
Accueillir les
formés
|
|
X
|
X
|
|
|
X
|
|
X
|
|
Inciter à
apporter son
témoignage
|
X
|
|
|
|
X
|
X
|
X
|
|
|
63
Expliciter la
dimension coopérative
|
|
|
|
|
|
X
|
|
|
|
Piloter les
différents
temps de la formation
|
|
|
|
|
|
|
X
|
X
|
|
Nous voyons ici que chaque action est sous-tendue par au moins
deux préoccupations. Pour une majorité d'entre elles, ceux-ci
sont empruntés conjointement à la catégorie de celles qui
sont relatives à la coopération et celles qui sont relatives
à l'activité du formateur. Pour plus de lisibilité, il est
possible de modéliser les actions de l'animateur selon les
préoccupations qu'il mobilise à chaque fois (Figure 3 -
Exemple de modélisation des préoccupations qui sous-tendent une
action) :
64
Exemple : Préoccupations qui sous-tendent l'action «
Donner son avis » chez Anim A
Préoccupations indépendantes de la
coopération
Références à des connaissances
Posture de l'animateur
extérieures
Donner son avis - Anim A
Rapport temps vs objectif de formation
Préoccupation relative à la coopération
Attentes supposées des formés
Une place pour chacun
Figure 3 - Exemple de modélisation des
préoccupations qui sous-tendent une action
65
4.3 Lien entre tâche et activité
réalisée 4.3.1 Résultats des analyses
lexicométriques
L'analyse lexicométrique des prescriptions apporte des
éléments sur le cadre réglementaire de travail des
animateurs. Des tableaux contenant l'ensemble des données sont
disponibles en annexe. Ils indiquent un certain nombre de mots comme
étant soit des « principes liés à la
coopération », selon le mot donné par les textes
eux-mêmes : engagement, solidarité, principes
démocratiques, soit des leviers pour atteindre les objectifs
généraux : encourage les controverses, se former en interne et
former à l'externe, clarifier les fonctions de l'animateur...
Une analyse comparative de la motion d'orientation et de la
CPO (Tableau 4 - Analyse lexicométrique comparative MO / CPO)
témoigne d'une proximité de termes non négligeable,
résumée dans le tableau ci-dessous :
Tableau 4 - Analyse lexicométrique comparative MO /
CPO
Mots
|
Remarques
|
Affirmer
|
|
Animateur
|
Indique un travail à réaliser pour accompagner
le développement professionnel des animateurs
|
Controverse
|
Insiste sur l'intérêt des controverses, notamment
dans une recherche d'identité
|
Coopératif, coopérative
|
Pratiques, coopératives scolaires
|
Coopération
|
|
Débat
|
Levier
|
Démocratique / démocratie
|
Principes
|
Engagement
|
Principe
|
Ensemble
|
Penser et agir ensemble
|
Formation
|
En interne et à l'externe
|
Former
|
Idem
|
Humain
|
En rapport avec les moyens humains
|
Interaction
|
|
Partager
|
|
66
Partenariat
|
|
|
|
Programme ministérielles
|
/
|
priorités
|
Complémentarité avec le ministère de
tutelle
|
Projet
|
|
|
Pédagogique, associatif
|
Promouvoir
|
|
|
Valeurs
|
Solidaire
|
|
|
Lien avec l'ESS
|
Solidarité
|
|
|
Lien avec l'ESS
|
4.3.2 Comparaison entre les prescriptions et l'activité
des animateurs
L'analyse permet de mettre en évidence les prescriptions
auxquelles se raccroche l'activité des animateurs, d'après
l'activité réalisée dans les situations qui nous
intéressent (Tableau 5 - Eléments de prescription visibles en
cours d'activité).
Tableau 5 - Eléments de prescription visibles en cours
d'activité
Pour les objectifs généraux définis dans la
motion d'orientation : Axe 1, « Tisser notre culture commune »
Objectifs généraux
|
Anim A
|
Anim B
|
Anim C
|
Anim D
|
Produire et diffuser des connaissances et des outils
pédagogiques sur la coopération à l'école
|
X
|
|
|
|
S'enrichir de regards extérieurs
|
X
|
|
X
|
|
Déployer une écoute active du terrain
|
|
X
|
X
|
X
|
Affirmer les finalités du Projet
éducatif de l'OCCE : une
visée d'émancipation
|
|
|
X
|
X
|
Connaître les priorités ministérielles
afin de pouvoir agir en complémentarité
collectivement
|
|
X
|
X
|
X
|
67
Axe 2 : « Favoriser l'horizontalité et la mise en
réseau »
Objectifs généraux
|
Anim A
|
Anim B
|
Anim C
|
Anim D
|
Mobiliser les principes et pratiques de la coopération
dans nos instances et dans la mise en oeuvre de nos actions
|
X
|
X
|
X
|
X
|
Encourager l'expression de
controverses
|
X
|
X
|
X
|
X
|
Se construire des espaces/temps de rencontres, d'échanges
de pratiques, de savoirs
|
X
|
X
|
X
|
X
|
Axe 3 : « incarner en interne le projet politique que l'on
défend »
Objectifs généraux
|
Anim A
|
Anim B
|
Anim C
|
Anim D
|
Entretenir une démocratie vivante en interne et la
porter en externe
|
|
|
|
X
|
Pour l'objectif retenu dans la Convention pluriannuelle :
Objectifs généraux
|
Anim A
|
Anim B
|
Anim C
|
Anim D
|
Initier les enseignants aux principes et pratiques du travail
en coopération et les accompagner
|
X
|
X
|
X
|
X
|
Notons que la seule référence explicite à
l'activité de formation des acteurs de l'éducation par
l'association se trouve dans la Convention pluriannuelle d'objectifs, et
indique « l'association propose ... des modules sur les principes et
pratiques ... du travail en équipe d'adultes. » Elle n'indique pas
que cette activité doit être menée par les animateurs, ni
comment elle doit être réalisée, mais laisse entendre que
la formation au travail en équipe fait aussi partie des missions de
l'OCCE.
68
4.3 De l'activité
empêchée
Ainsi que nous le permet le cadre théorique, l'analyse
des entretiens fait émerger des exemples d'activité
empêchée, mises en lumière par les entretiens
d'auto-confrontation simples et croisés.
L'exemple d'Anim B est emblématique dans cette
recherche. En effet, elle convoque, dans ses entretiens, la
nécessité pour elle de créer une équité de
parole et un respect de l'autre, qui se rapproche des principes portés
par l'OCCE, dont il est question dans cette partie de la prescription.
Cependant, elle mentionne sa difficulté, à plusieurs reprises,
à reprendre la main sur le pilotage de la formation, du fait
d'interventions impulsives et chronophages d'une des formées, qui coupe
la parole aux autres, n'écoute pas leurs questions, et monopolise le
temps. Ces interventions sont source de malaise pour l'animatrice, qui a le
sentiment d'y perdre en légitimité, et s'interdit, à
plusieurs reprises, de recadrer, ce qu'elle dit pourtant en entretien qu'elle
aurait dû faire. L'activité empêchée d'Anim A pointe
un conflit entre son action : « laisse parler l'enseignante », ses
buts : « gérer le temps et dynamiser les échanges » et
les prescriptions : « Mobiliser les principes et pratiques de la
coopération dans nos instances et dans la mise en oeuvre de nos actions
» et « Initier les enseignants aux principes et pratiques du travail
en coopération et les accompagner ». Son action n'est ici pas en
adéquation avec ce qu'elle vise, ni ce qui lui est demandé,
puisqu'elle se trouve empêchée par un sentiment
d'illégitimité provoqué par l'enseignante qui « en
impose ».
De la même manière, nous pouvons noter
l'activité empêchée d'Anim A, qui s'interdit un lien
physique avec une formée lorsque celle-ci fond en larmes, et l'oubli des
formés invisibilisés par leur caméra éteinte pour
Anim B.
4.4 Des références aux parcours
individuels
Les quatre animateurs, enseignants à l'Éducation
nationale, détachés à l'OCCE, font tous
référence à leur ancien métier. Ils s'attachent
à faire vivre des situations coopératives telles qu'elles
pourraient être présentées à des
élèves. Par exemple, ils indiquent à plusieurs reprises
qu'ils régulent les échanges « comme s'ils étaient en
classe », ou qu'ils font certains exercices « avec des gamins, comme
avec des adultes ». Ils utilisent par ailleurs leurs connaissances de la
classe pour apporter des témoignages individuels, permettant entre
autres de se positionner dans l'horizontalité avec les formés.
Dans les entretiens, les animateurs font régulièrement la
comparaison entre la formation d'adultes et la classe, indiquant la plupart du
temps les ressemblances entre des formés et des élèves
d'âge primaire ou secondaire.
69
Outre les préoccupations partagées
présentées plus haut, les deux animatrices dont l'activité
a été filmée ont mis en évidence dans leurs
entretiens des éléments de nature plus personnelle. En effet,
Anim A indique penser ses formations comme elle vit sa vie, de manière
intense pour éviter l'ennui. Anim B, de son côté, insiste
sur le sentiment profond qu'elle ressent d'être toujours enseignante, de
« toujours avoir ça en [elle] ». Ces éléments
donnent une coloration personnelle aux choix effectués par ces
animatrices en situation, et sur leur façon de penser leur
activité.
4.5 Des convergences et des divergences parmi les
animateurs 4.5.1 Dans la définition de la coopération
Tout d'abord, il est à noter que les quatre animateurs
interrogés donnent une définition différente de ce qu'est
pour eux la coopération. Pour rappel des données recueillies
pendant les entretiens, voici les quatre définitions :
Anim A : « Mettre en oeuvre un ensemble de techniques et
procédures qui permettent le partage des désirs, la confrontation
des points de vue, la création, le don de soi, au service d'une
transformation individuelle dans une harmonie sociale. »
Anim B : « Échanges de savoirs, d'arguments, de
points de vue et souvent partage des tâches en vue de co-construire un
projet qui ne pourrait pas, ou difficilement, se faire seul. »
Anim C : « Y'a un but commun euh... et, comment dire...
une, y'a toujours cette dimension formelle et informelle. ... Donc, y'a la
dimension de formalisation de ce qui est en train de se jouer qui me semble
importante, pour que la coopération soit vraiment en jeu. »
Anim D : « ce que je partage comme, comme
définition, c'est celle de faire ensemble... ça c'est juste...
co-opérer... mais que dans la coopération, y'a l'idée
d'accepter d'être altéré. »
Les quatre définitions pointent le fait de faire
ensemble, le but commun. Anim A, B et D décrivent également la
notion d'échange, de partage, qui va jusqu'à la transformation de
l'autre chez Anim A et Anim D. Anim C insiste sur l'importance de la
formalisation pour que la coopération soit réelle, mais montre
des difficultés à la définir précisément.
70
4.5.2 Dans les actions réalisées en formation
L'analyse des verbatim permet tout d'abord de mettre en avant
des convergences dans les actions réalisées par les animateurs.
Afin de repérer plus aisément ces actions, celles-ci ont
été regroupées par thématique
générale. Un tableau (Tableau 6 - Convergences et divergences
des actions réalisées) permet ensuite de visualiser les
animateurs qui les réalisent.
Tableau 6 - Convergences et divergences des actions
réalisées
|
Anim A
|
Anim B
|
Anim C
|
Anim D
|
Donner son avis
|
X
|
|
|
|
Laisser les échanges se développer
|
X
|
X
|
|
X
|
Apporter une réponse réglementaire ou
pédagogique
|
X
|
X
|
X
|
|
Apporter un témoignage personnel
|
|
X
|
|
|
Inciter à prendre son temps après une
émotion forte
|
X
|
|
|
|
Réguler les échanges
|
X
|
X
|
X
|
|
Créer le cadre de la formation
|
|
X
|
X
|
X
|
Donner des exercices, ateliers à réaliser,
coopératifs ou non
|
X
|
|
X
|
X
|
Accueillir les formés
|
|
|
|
X
|
Inciter à apporter son témoignage
|
|
X
|
X
|
|
Expliciter la dimension coopérative
|
|
|
X
|
|
Piloter les différents temps de la formation
|
X
|
X
|
X
|
X
|
Il est possible de remarquer qu'une seule action est mise en
oeuvre par les quatre animateurs : « piloter les différents temps
de la formation », qui correspond à la volonté de respecter
le temps imparti et d'atteindre l'objectif fixé initialement. Cette
action englobe le fait de couper les discussions lorsqu'elles n'apportent plus
de contenu, de marquer clairement le passage à un nouveau point, ou
encore de s'aider d'un guide écrit pour revenir à l'objectif
malgré les digressions. Plusieurs actions sont mises en oeuvre par les
quatre animateurs : « laisser les échanges se développer
» entre les formés, sans intervention, « apporter une
réponse réglementaire ou pédagogique » à une
question ou face à une situation abordée, « créer
71
le cadre de la formation » en installant des
règles, des conditions de travail, « réguler les
échanges » entre les formés, notamment lorsque l'un d'eux se
montre irrespectueux de la parole des autres ou parle trop longuement, et
« donner des exercices, des ateliers à réaliser,
coopératifs ou non » aux formés, de manière à
les mettre en activité. Une action est vue chez deux animateurs
uniquement : « inciter les formés à apporter un
témoignage », pour illustrer de manière concrète ce
qui est dit en amont. Enfin, certaines actions ne sont rencontrées que
chez un seul animateur : « donner son avis », et « inciter
à prendre son temps après une émotion forte », qui
fait référence à la crise de larmes d'un formé,
mises en avant chez Anim A, « apporter un témoignage personnel
», pour Anim B, qui insiste beaucoup par ailleurs sur
l'horizontalité avec les formés et son passé
d'enseignante, et « expliciter la dimension coopérative » chez
Anim C.
4.5.3 Dans les différentes dimensions de leur
activité
Des convergences et des divergences sont aussi visibles dans
les différentes dimensions étudiées. Ainsi, du point de
vue des valeurs, l'analyse révèle le souci d'accueillir et de
respecter la parole de chacun des formés. L'engagement des formés
et la création d'un cadre rassurant et bienveillant sont des
éléments présents chez plusieurs animateurs
également (Anim B, Anim C et Anim D). Il est à noter l'insistance
de la mise en retrait de l'animateur chez Anim B, la seule qui le mentionne,
ainsi que l'accentuation de la notion d'humanité chez Anim D, pour qui
cette valeur semble centrale. Du point de vue des buts, il semble y avoir
convergence des animateurs vers la question du respect du délai en
regard de l'objectif visé. Selon le réel vécu, cependant,
le délai effectif peut varier par rapport au délai prévu,
pour certains animateurs. La pertinence des interactions, liée à
la densité des nouveaux apports des témoignages des
formés, est pour les animateurs une préoccupation
corrélée à la précédente. Souhaitant donner
à vivre des échanges dynamiques et riches d'apprentissages,
ceux-ci n'hésitent pas à les interrompre lorsqu'ils jugent qu'ils
n'apportent plus de nouvelles idées ou informations. Anim A insiste par
ailleurs beaucoup sur ce point, allant jusqu'à expliquer avoir peur de
l'ennui si les discussions s'enlisent. De la même manière, tous
s'accordent à dire qu'ils font en sorte de provoquer les échanges
entre formés. Certains expliquent vouloir créer des liens entre
eux, notamment grâce au cadre de travail dont ils font en sorte
d'être le garant. La régulation des échanges pour favoriser
un équilibre dans les temps de parole est mise en avant chez trois
animateurs. Celle-ci peut se faire de manière différente selon
chacun : si Anim A fait en sorte d'être très présente et
apporte son avis, entre autres pour couper court à certaines
discussions, Anim C intervient
72
clairement pour rappeler le cadre (exemples :
s'écouter, laisser parler les autres...) lorsqu'elle le juge
nécessaire, tandis qu'Anim B reste en retrait et analyse les discussions
pour repérer ceux qui parlent moins, ceux qui sont en
général pertinent et ceux qui monopolisent la parole, pour
intervenir si besoin. Enfin, pour ce qui est des difficultés
rencontrées ainsi que les points de vigilances relatifs aux actions dont
il est question, les animateurs font à plusieurs reprises
référence à leur façon de réguler les
échanges. En effet, ils se disent tous plus ou moins
empêchés d'interrompre une intervention, même si celle-ci
est jugée inutile d'un point de vue des apports. S'ils s'obligent
néanmoins à le faire, ils se demandent comment le faire avec
tact, de manière à ne pas froisser ou blesser la personne
concernée. Parfois, si la personne est impressionnante, comme le relate
Anim B, il arrive qu'il lui soit impossible de l'interrompre. Dans leur
échange au sujet de la formation d'Anim B en format distanciel, les deux
animatrices font référence aux difficultés
engendrées par les aspects techniques de cette modalité de
formation. En effet, l'impossibilité pour certains formés
d'allumer leur caméra, voire, leur micro, impose aux animateurs
d'anticiper ces questions pour les faire participer malgré tout. Anim A
aborde quant à elle la question des émotions partagées
avec le groupe qu'elle forme, et qui peuvent la submerger, au risque de
perturber la session. Pour éviter cela, elle tente de garder le
contrôle, notamment en ne prolongeant pas trop longuement le temps
où l'émotion est présente. Anim A explique
également sa difficulté à tenir compte de tous les
formés lorsqu'une discussion est en cours, car sa concentration est
toute entière dirigée vers la recherche d'une réponse ou
d'un avis à apporter. Anim D évoque l'effort à faire pour
revenir à l'objectif, lorsqu'il y a des digressions, qu'il souhaite
pourtant car elles montrent, pour lui, l'engagement des formés. Pour y
remédier, il se prépare une fiche sur laquelle il indique les
différents temps de la formation, chronométrés, qu'il
garde près de lui pour y revenir. Enfin, seule à aborder ce
point, Anim C est très vigilante quant aux questions relatives à
l'explicitation, qu'elles soient pour les consignes en cours ou le cadre de
travail. En particulier, cela l'aide à se demander quelle est la
plus-value de l'OCCE dans une pratique en particulier, et si la
coopération y a sa place, en lien avec ses connaissances en sciences
sociales.
À l'inverse, si nous pouvons imaginer que les
animateurs partagent certaines valeurs et certains buts sans pour autant
apporter une action identique, les captations et entretiens
réalisés ici ne permettent pas de l'illustrer.
Pour terminer, notons que les convergences et les divergences
se retrouvent également dans l'inscription dans la prescription, qu'elle
soit mise en avant ou non par les animateurs dans les formations ou les
entretiens. Les tableaux inscrits en 4.5 - Lien entre tâche et
activité réalisée
73
indiquent que l'ensemble des objectifs retenus pour l'axe 2
« Favoriser l'horizontalité et la mise en réseau » et
celui issu de la Convention pluriannuelle d'objectifs sont partagés par
les quatre animateurs. A l'inverse, l'objectif issu de l'axe 3 « Incarner
en interne le projet politique que l'on défend » n'est mis en
oeuvre que par Anim 4. Les objectifs liés à l'axe 1 « Tisser
notre culture commune » sont partagés diversement.
Les tableaux récapitulatifs de ces
éléments sont consultables en annexes.
4.5.4 Dans leur lecture de la prescription
Tout d'abord, il nous faut noter la proximité lexicale
entre les mots retenus dans l'analyse lexicométrique des textes
prescripteurs, et les discours tenus par les animateurs. Vingt mots sont
relatifs à la coopération ou au travail de l'animateur dans les
textes. Enlevons les mots « animateur », « formation » et
« former » (qui n'apportent rien ici) et « humain » (qui ne
revêt pas la même signification que celle donnée par les
animateurs). Sur les seize mots restants, onze d'entre eux sont exprimés
au moins une fois par au moins un animateur, dans la formation qu'il dispense
et/ou dans son entretien : controverse, coopératif, coopération,
débat, démocratique, engagement, ensemble, interaction, partager,
programme, projet. Il semble donc qu'une partie du lexique utilisé dans
la prescription soit reprise par les animateurs en situation. En outre, les
actions menées par les animateurs sous couverts du même objectif
issu de la prescription peuvent être différentes, voire,
antagonistes. C'est par exemple le cas pour Anim A et Anim B, lorsqu'elles
cherchent à « Mobiliser les principes et pratiques de la
coopération dans nos instances et dans la mise en oeuvre de nos actions
», dans le principe « faire échanger » et bien qu'elles
s'attachent toutes deux à la valeur « Respect de la parole ».
En effet, si Anim A répond immédiatement à une question
posée par un formé, Anim B laisse quant à elle les
enseignants parler entre eux. Cependant, cette divergence laisse entrevoir des
buts différents. Si Anim A souhaite ici gagner du temps, Anim B n'en
fait pas un but majeur pour elle dans la situation correspondante. Il est
complexe de faire état de l'ensemble de ces divergences, du fait du
caractère multidimensionnel de l'activité des animateurs dans un
tableau unique. Par ailleurs, l'information majeure à retenir ici tient
davantage au caractère multidimensionnel de l'activité qu'aux
détails de l'activité de chaque animateur dans chaque situation.
Nous pouvons ainsi proposer un schéma représentatif de cette
activité réelle, qui témoigne de l'ensemble des
éléments cités plus haut (Figure 4 - Proposition de
modélisation de l'activité réelle de l'animateur
pédagogique).
TACHE
PRESCRIPTION
Mobiliser les principes et pratiques de la coopération
dans nos instances et dans la mise en oeuvre de nos actions, Encourager
l'expression de controverses, ...
ACTIVITE REALISEE
ACTIONS
Laisser les échanges se développer, piloter les
temps de formation, ...
VALEURS Engagement, respect,
ACTIVITE REELLE DE L'ANIMATEUR
ACTIVITE EMPECHEE
DIFFICULTES
Interrompre une personne, penser aux « invisibles »,
...
BUTS Dynamiser les échanges, engager dans une interaction,
...
74
PREOCCUPATIONS
Figure 4 - Proposition de modélisation de
l'activité réelle de l'animateur pédagogique
75
5. Discussion
5.1 L'animateur OCCE, un animateur comme les
autres
Ainsi que nous avons pu l'observer dans les entretiens, les
animateurs interrogés se présentent parfois autrement que comme
des animateurs. En effet, nous pouvons relever les mots : formateur, expert,
facilitateur, intervenant, collègue, qui témoignent de la
difficulté pour eux de se positionner clairement dans un métier
et dans la posture correspondante. Nous pourrions nous demander alors si
l'animateur pédagogique OCCE est bien un animateur comme un autre. Les
travaux de (Gillet, 1996), et ceux, complémentaires, de (Dansac &
Vachée, 2016) nous donnent une première réponse. Reprenons
le schéma des cinq fonctions professionnelles de l'animateur
socio-culturel (Figure 1 - Les cinq fonctions professionnelles) :
Si nous comparons les cinq pôles identifiés, nous
constatons que ceux-ci coïncident avec ce que nous avons appelé
précédemment les « préoccupations » des
animateurs pédagogiques OCCE invoqués dans l'analyse de leur
activité de formation. Illustrons cela dans la figure suivante
(Figure 5 - Mise en correspondance des préoccupations et des
fonctions de l'animateur) :
« Attentes supposées des
formés », « Parallèle avec le
métier d'enseignant » et «
Éléments personnels »
« Faire vivre la situation »
« Rôle de l'animateur
», « Références
extérieures » et
« Rapport au temps vs
« Posture de l'animateur »
« Une place pour chacun »
« Créer du lien »
76
Figure 5 - Mise en correspondance des préoccupations
et des fonctions de l'animateur
Les données sur les attentes des formés, ce qui
est hérité du passé d'enseignant des animateurs et les
éléments personnels, cependant, semblent se superposer à
cette grille de lecture, et se répartir sur l'ensemble des
pôles.
Ainsi, les premières données indiquent des
caractéristiques convergentes à propos de l'activité des
animateurs pédagogiques OCCE et des animateurs socio-culturels issus des
mouvements d'éducation populaire en général. Cela nous
conduit à affirmer que les animateurs pédagogiques OCCE sont tout
d'abord des animateurs comme les autres.
77
Cependant, nous tenterons plus loin de comprendre pourquoi
ceux-ci ont parfois des difficultés à l'exprimer.
5.2 Des divergences qui font émerger des dilemmes
professionnels
À l'intérieur du groupe professionnel des
animateurs pédagogiques OCCE, les captations du réel et les
entretiens mettent en exergue des convergences et des divergences dont les
résultats font état plus haut. Si les premières peuvent
indiquer une adhésion à la prescription et/ou au genre
professionnel, les secondes peuvent quant à elles nous apporter des
éléments intéressants sur le métier. Regardons de
plus près ces divergences.
Prenons par exemple l'action « piloter les
différents temps de la formation », que nous retrouvons chez les
quatre animateurs. Rappelons que cette action, du point de vue de ce qui est
visible dans l'activité des animateurs, peut être
rapprochée, dans la prescription, de l'objet « Se construire des
espaces/temps de rencontres, d'échanges de pratiques, de savoirs ».
Comparons les buts de chacun. Si tous s'accordent sur la volonté
d'atteindre l'objectif fixé, Anim A insiste sur l'importance de
générer des moments courts et intenses, ponctués par des
apports qu'elle réalise. Anim B et Anim C ont un but proche, mais moins
marqué affectivement, puisqu'elles indiquent vouloir dynamiser les
échanges, garder l'attention des formés et respecter le
délai imposé par la commande. Anim D, quant à lui, cherche
à éviter de dévier de son objectif, et contraint le temps
de manière à créer une frustration, postulant que cela
permettra de susciter de nouveaux échanges plus tard. Ainsi, si tous
cherchent à avoir le contrôle du temps, Anim A, B et C indiquent
un pilotage plus fort, pour « relancer [...] et passer à autre
chose [...] pour pas que les autres décrochent » tandis qu'Anim D
laisse la place aux digressions et les accueille volontiers. Nous pourrions
nous demander quel intérêt a chacun des animateurs pour choisir de
laisser les discussions se développer ou non lorsque celles-ci
s'éloignent du propos. Il semble qu'Anim D soit guidé par ses
valeurs intrinsèques : accueil de l'autre, humanité, engagement,
ce qui pourrait se rapprocher du pôle « convaincre » de la
schématisation de (Dansac & Vachée, 2016). Les autres
animatrices, dans leurs entretiens, mettent plutôt en avant la dimension
technique : gérer le temps, et la dimension pédagogique :
maintenir l'attention, en référence aux pôles «
opérationnaliser » et « former ». Cet exemple met en
lumière un dilemme pour l'animateur en situation : accueillir toutes les
interventions ou les contraindre au temps et au sujet ? Quels risques
rencontre-t-il dans un cas comme dans l'autre ? Qu'y gagne-t-il à
accueillir ou à contraindre ? Dans lequel des cas sera-t-il efficace
à mettre en oeuvre la coopération ?
78
De la même façon, si l'animatrice B tient
à être « dans un rapport horizontal » avec les
formés, l'animatrice A assume pleinement de « ne pas être une
pair », invoquant la posture experte du formateur (cf. «
opérationnaliser »). Anim B se met en retrait lors des
échanges, au risque d'avoir des difficultés à reprendre la
parole lorsqu'un formé prend l'ascendant sur la discussion. Anim A est
quant à elle partie prenante des échanges, bien qu'elle pointe le
risque de couper court parfois à certaines réflexions des
formés, qui ne peuvent aller au bout puisqu'elle donne son avis avant
qu'ils aient pu construire leur propre réflexion. Cette divergence de
posture pourrait conduire les animatrices à discuter de la lecture de la
prescription. En effet, celle-ci : « Mobiliser les principes et pratiques
de la coopération dans nos instances et dans la mise en oeuvre de nos
actions » est-elle mise en application ici ? Anim A respecte-t-elle la
prescription lorsqu'elle intervient avant les formés, au risque
d'empêcher leur expression ? Anim B, quant à elle, la
respecte-t-elle également si sa mise en retrait conduit une
formée à « prendre l'ascendant sur la visio » ? Anim A
se définit comme une experte des pratiques coopératives, et
insiste fortement sur ce point lors de son entretien d'auto-confrontation
simple. C'est la raison pour laquelle elle donne systématiquement son
avis sur toutes les questions posées par les stagiaires, et qu'elle a
« toujours le dernier mot ». De cette manière, elle pourrait
répondre à un autre point de la prescription : « Produire et
diffuser des connaissances et des outils pédagogiques sur la
coopération à l'école », mettant de fait le premier
en tension. Ces éléments pointent un nouveau dilemme : faire
vivre les principes de la coopération ou apporter des
éléments théoriques sur les pratiques afférentes
?
D'autres dilemmes sont visibles dans l'analyse des dimensions
qui sous-tendent l'activité des animateurs : favoriser l'intervention
d'une personne qui saura aller à l'essentiel ou garantir le tour de
parole dans un ordre chronologique ? accepter de montrer ses émotions ou
les contenir ? expliciter les objectifs et les procédures ou les laisser
infuser ? faire vivre des exercices coopératifs créés pour
les élèves ou profiter des opportunités qui se
présentent ?
5.3 Les textes prescripteurs
5.3.1 Une mise en tension qui pousse les animateurs à
faire avec et contre la prescription
Nous venons de le voir, dans certaines situations, les
prescriptions sont mises en tension, et l'animateur se doit de faire un choix.
Par ailleurs, dans d'autres situations, il semble compliqué
d'évaluer l'écart entre la tâche et l'activité
réalisée. En effet, si nous reprenons l'exemple « Mobiliser
les principes et pratiques de la coopération dans nos instances et dans
la mise en oeuvre de nos actions », nous pouvons nous demander de quelle
manière le prescripteur
79
voit l'animateur « mobiliser les principes et pratiques
de la coopération ». Cela signifie-t-il qu'il doit les appliquer
systématiquement ? Ou qu'il doit plutôt les expliciter lors des
formations ? Nous sommes ici dans le cas décrit par Faïta et Duc
(1996, cités par (Leplat, 2004)) d'une organisation à
prescription floue, qui conduit l'acteur à traduire celle-ci pour
qu'elle puisse être opérationnelle, à « faire pour le
mieux ». Les dilemmes évoqués plus haut témoignent
des conflits générés par ces prescriptions très
générales. Cela explique aussi probablement les
différences de définitions de la coopération
données par les animateurs. Il semble que l'organisation OCCE aurait
intérêt à se doter d'une définition unique, admise
par tous, qui reflèterait son identité propre et renforcerait,
par cette unicité, son action sur l'ensemble du territoire national.
Peut-être serait-il possible d'imaginer une définition simple et
courte, apportée par l'étymologie du mot, qui serait
complétée pour indiquer ce que cela recouvre en clarifiant les
« principes et pratiques de la coopération ».
De plus, les « principes et pratiques de la
coopération » ne sont jamais définis en tant que telles dans
les documents produits par l'OCCE, en interne comme à l'externe. Sur le
site fédéral, la partie historique cite « la première
définition de la doctrine pédagogique de l'OCCE » :
Dans l'enseignement public, les coopératives scolaires
sont des sociétés d'élèves gérées par
eux avec le concours des maîtres en vue d'activités communes.
Inspirées par un idéal de progrès humain, elles ont pour
but l'éducation morale, civique et intellectuelle des
coopérateurs par la gestion de la société et le travail de
ses membres.
La Convention pluriannuelle d'objectifs, quant à elle,
liste les objets suivants comme les principes coopératifs de l'OCCE :
engagement, renforcement de l'estime de soi, respect de l'autre,
interdépendance cognitive, interaction dans la résolution de
problèmes complexes, retour réflexif, participation active,
responsabilité, solidarité, autonomie, ouverture, esprit
critique, justice scolaire, auxquels s'ajoutent les principes
républicains et démocratiques. Les pratiques correspondantes sont
: dispositifs pédagogiques favorisant le développement de ces
principes, dispositifs participatifs de la vie associative, projets
pédagogiques qui font sens. Ce texte précise comment les
animateurs doivent s'y prendre lorsqu'ils interviennent en classe, et sont
très explicites : les animateurs doivent mettre les élèves
en situation de vivre les principes
80
de la coopération. Or, il s'agit ici uniquement des
principes et pratiques en lien avec les interventions auprès des
élèves. Nous retrouvons le caractère implicite de la
prescription quant à la manière de former les acteurs de
l'Éducation nationale aux pratiques coopératives.
Enfin, le projet associatif en cours indique que le «
projet coopératif d'éducation [est] fondé sur les valeurs
humanistes de solidarité, de démocratie, de justice sociale, de
liberté, d'égalité en droit, de fraternité et de
laïcité » et que leur déclinaison revient à :
Faire expérimenter et prendre conscience aux jeunes que
la coopérative scolaire leur donne des droits et des
responsabilités pour l'accomplissement de leurs projets collectifs et
leur permet un engagement citoyen dès maintenant, là où
ils sont ; leur faire vivre et comprendre qu'apprendre en coopération
leur donne leur pleine place dans la communauté solidaire d'apprenants
que sont l'école ou l'établissement, sans discrimination, en
respectant l'identité, les capacités, le rythme de chacun, dans
un climat bienveillant qui demande organisation, exigence, et permet à
chacun d'être, de faire, de grandir et de réussir avec, et non en
compétition contre les autres. Expliciter pour tous les acteurs de la
communauté éducative que la mise en oeuvre d'une pédagogie
de la coopération est une opportunité pour accomplir leurs
missions dans un climat de respect pour tous, jeunes et adultes, de donner du
sens aux apprentissages qu'ils sont chargés de conduire. Y informer et
former les divers acteurs et proposer des dispositifs coopératifs
inscrits dans les pratiques pédagogiques et de vie scolaire, qui tissent
étroitement le projet de réussite de chaque élève,
le développement et l'engagement des personnes, l'accomplissement du
projet éducatif collectif.
Dans ce dernier texte, nous pouvons retenir deux phrases qui
peuvent éclairer le travail des animateurs : « Expliciter pour tous
les acteurs de la communauté éducative que la mise en oeuvre
d'une pédagogie de la coopération est une opportunité pour
accomplir leurs missions » et « former les divers acteurs et proposer
des dispositifs coopératifs inscrits dans les pratiques
81
pédagogiques et de vie scolaire ». La question de
l'explicitation, en formation, du rôle de l'OCCE et de la plus-value de
l'approche coopérative en classe, discutée par Anim B et Anim C,
trouve ici une réponse. Le second levier, quant à lui, par la
citation de « dispositifs coopératifs inscrits dans les pratiques
pédagogiques », peut laisser entendre la nécessité de
mettre les enseignants formés dans ce genre de dispositif.
L'ensemble de ces textes est flou. Il n'existe aucune
définition unique de la coopération, la liste des «
principes et pratiques » est variable selon le document, et concernent la
plupart du temps les élèves. L'activité de l'animateur n'y
est jamais clairement pointée.
Formulons ici une hypothèse : l'animateur
pédagogique OCCE, qui vient du milieu de l'enseignement, est
imprégné de sa façon de faire avec les
élèves, ainsi que les quatre animateurs le soulignent dans leurs
entretiens. La prescription relative à la formation à la
coopération d'un public adulte est implicite, et conduit l'acteur
à la redéfinir de son point de vue. N'ayant pas de point de
repère, l'animateur « fait pour le mieux » : ce qu'il
connaît et maîtrise. Il n'a aucun élément qui lui
permette d'envisager que les adultes auraient d'autres besoins, il n'a aucune
formation sur l'ensemble des phénomènes psychologiques ou les
cadres didactiques qui entrent en jeu dans le cas d'une formation en milieu
professionnel. Il fait avec ce qu'il est, ses pratiques, ses principes, ses
croyances, renforcés par la dimension axiologique qui pèse sur
lui, dans un milieu où il est important de marquer son appartenance
militante.
5.3.2 Des textes qui témoignent de difficultés
internes
Le contenu des textes prescripteurs permet de faire plusieurs
constats intéressants pour l'activité des animateurs. Tout
d'abord, la motion d'orientation, qui donne les objectifs à atteindre
pour 2023, laisse apparaître en filigrane que cela n'est pas aussi simple
qu'il y paraît. Elle indique la nécessité de «
clarifier les fonctions de l'animateur ». Nous pouvons donc en
déduire que ces fonctions ne sont pas claires pour le moment, que
l'organisation en a conscience, et prévoit de se donner le temps de se
pencher sur la question afin d'y répondre. En outre, sur un plan plus
général, la référence à « mieux
connaître l'histoire et le projet éducatif de coopération
» tend à laisser entendre qu'il existe un manque à cet
endroit. Cependant, ce projet semble difficile à trouver. En effet, les
animateurs n'en disposent pas en tant que tel. Seule, sur une page du site
internet de la fédération nationale, accessible au public, une
phrase y fait référence :
82
Au coeur des classes coopératives, au fil d'actions et
de projets nationaux et départementaux, de forum, congrès,
universités d'été, de publications... est mise en acte une
philosophie éducative, caractérisée par les valeurs de
solidarité, de respect des identités, du partage des savoirs et
des responsabilités, de l'exercice effectif de la démocratie
à l'école par les enfants et par les jeunes.
Ensuite, notons la présence d'objectifs comme « Se
construire des espaces/temps de rencontres, d'échanges de pratiques, de
savoirs », « Mobiliser les principes et pratiques de la
coopération dans nos instances et dans la mise en oeuvre de nos actions
» ou encore « Entretenir une démocratie vivante en interne et
la porter en externe ». Si ces éléments, pourtant
portés à l'externe en formation comme l'expression de valeurs
humanistes, ont besoin d'être réaffirmer dans les objectifs
prioritaires de l'OCCE, cela témoigne certainement de la
difficulté de congruence entre ces valeurs et leur mise en application
au sein même de l'organisation. Enfin, la mention de l'ouverture d'un
cycle de recherche-action afin que l'association puisse « se doter d'une
identité pédagogique affirmée, lisible et transmissible
» démontre quant à elle un flou quant à
l'identité de l'OCCE en tant que mouvement pédagogique. Pris dans
l'ensemble de ces difficultés générales, il n'est pas
surprenant que les animateurs peinent à unifier leurs pratiques en
formation et à trouver eux-mêmes leur identité
professionnelle.
Cependant, les textes prescripteurs laissent une place non
négligeable à l'importance de l'étayage par la recherche.
En effet, ils mentionnent les ressources produites dans le cadre de
l'Observatoire/Conservatoire des pratiques coopératives, l'interaction
avec les chercheurs en sciences sociales, l'appui du Conseil scientifique. Il
semble donc que la dimension scientifique influence aujourd'hui de
manière significative la prescription, dans une recherche de
rationalisation, de professionnalisation et de caution extérieure.
5.4 Des animateurs en quête d'identité
professionnelle
Nous avons vu que l'animateur OCCE est un animateur comme les
autres. Pourtant, il se donne parfois d'autres fonctions, ce qui nous pousse
à penser qu'il peine à trouver sa place et la reconnaissance de
son travail. Ainsi que l'indique Clot, pour être en bonne santé,
un travailleur doit pouvoir trouver du sens à son travail, se sentir
utile. Anim A en parle dans le début de son auto-confrontation,
où elle explique avoir eu le sentiment, lors de la formation,
83
d'être « très utile ». L'acteur doit
savoir également qu'il appartient à un groupe professionnel bien
défini, qu'il dispose en conséquence d'un répertoire
d'actions qu'il peut mobiliser pour agir.
Si nous reprenons les préoccupations qui guident
l'activité des animateurs pédagogiques OCCE, nous nous apercevons
qu'il est possible de les répartir dans quatre grands domaines. L'un
d'entre eux correspond à celui de l'héritage de
l'éducation populaire : faire échanger, faire vivre la situation,
une place pour chacun, créer du lien. Un second regroupe les
préoccupations tournées vers les destinataires en particulier :
attentes supposées des formés, rôle et posture de
l'animateur, rapport au temps vs objectif de formation. Le troisième
rassemble les éléments plus individuels : les rappels au
métier d'enseignant et les éléments personnels qui jouent
sur l'activité de l'animateur. Enfin, le dernier domaine, peu
documenté ici cependant, comprend les références à
la prescription : « quelle place on a, dans cette pratique-là ?
[...] moi je trouve que c'est important de mettre la coop en avant, parce
qu'aujourd'hui, je suis plus PEMF, mais je suis bien animatrice
pédagogique OCCE ». Nous pouvons rapprocher ces quatre domaines des
instances architecturales de Clot : l'instance personnelle car le métier
est réalisé par un sujet singulier, interpersonnelle car il est
adressé à un destinataire précis, transpersonnelle en cela
qu'elle s'inscrit dans une histoire collective constitutive du genre
professionnel (l'éducation populaire) et impersonnelle du fait de la
dimension prescriptive généraliste et
décontextualisée.
Voici un tableau qui retranscrit les préoccupations qui
sous-tendent l'activité des animateurs selon le modèle des quatre
instances architecturales (Tableau 7 - Préoccupations et instances
architecturales du métier) :
Tableau 7 - Préoccupations et instances
architecturales du métier
Instance transpersonnelle
|
Instance interpersonnelle
|
-Faire échanger
-Une place pour chacun -Créer du lien
-Faire vivre la situation
|
-Attentes supposées des formés
-Posture de l'animateur
-Rôle de l'animateur
-Rapport au temps vs objectif de formation
|
Instance personnelle
|
Instance impersonnelle
|
-Rappel au métier d'enseignant -Éléments
personnels
|
-Prescription
|
84
L'animateur OCCE, s'il est un animateur comme les autres, est
aussi un animateur imprégné d'un héritage
spécifique, qui s'ajoute à celui, plus général, de
l'éducation populaire. En effet, les préoccupations
nommées « faire échanger », « une place pour
chacun » et « créer du lien » ne ressortent pas dans la
littérature au sujet des animateurs socio-culturels. Nous pouvons donc
postuler qu'il s'agit là d'une marque spécifique des animateurs
OCCE, en lien avec les principes cités dans la Convention pluriannuelle
d'objectifs.
Le présent travail montre que les animateurs OCCE sont
aujourd'hui à la croisée des chemins, entre recherche d'une
identité professionnelle, héritiers d'une histoire collective
issue de l'éducation populaire et forts de compétences diverses
non uniformisées. Le schéma présenté plus haut
décrivant l'activité multidimensionnelle de l'animateur peut
être repris ici et complété, de manière à
faire apparaître les instances du métier (Figure 6 -
Proposition de modélisation : activité multidimensionnelle et
métier) :
TACHE
PRESCRIPTION
Mobiliser les principes et pratiques de la coopération
dans nos instances et dans la mise en oeuvre de nos actions, Encourager
l'expression de controverses, ...
ACTIVITE REALISEE
ACTIONS
Laisser les échanges se développer, piloter les
temps de formation, ...
Alimentent l'instance impersonnelle
VALEURS
Engagement, respect, ...
ACTIVITE REELLE DE L'ANIMATEUR
Alimentent les instances inter- personnelle,
transpersonnelle et personnelle
ACTIVITE EMPECHEE
DIFFICULTES
Interrompre une personne, penser aux « invisibles »,
...
BUTS Dynamiser les échanges, engager dans une interaction,
...
PREOCCUPATIONS
85
Figure 6 - Proposition de modélisation :
activité multidimensionnelle et métier
86
Enfin, nous pouvons nous questionner sur l'absence de
référence à la prescription pour trois animateurs sur
quatre. Celle-ci est-elle incorporée à tel point qu'elle
disparaît du langage professionnel de ces animateurs ? Pourrait-il
être envisagé qu'elle soit méconnue ou n'ait aucune
influence ? Ou alors, les valeurs intrinsèques de ces acteurs,
engagés dans un métier qui reconnait ces valeurs, se
confondent-elles avec celles de l'organisation ? Pour autant, nous l'avons vu,
le lexique propre à l'OCCE dont fait état la prescription est
bien connu et mobilisé par les animateurs.
Quoi qu'il en soit, il semble qu'un travail sur la
prescription s'impose, afin de la rendre plus explicite pour tous, et permettre
aux animateurs de savoir exactement comment se positionner. Nous pouvons faire
l'hypothèse qu'un tel travail leur permettrait de s'affirmer dans une
identité professionnelle conforme à ce qui est indiqué sur
leur contrat de travail. Nous pouvons aller plus loin dans cette direction, en
imaginant la participation active des animateurs à la
redéfinition de leur métier, selon une méthodologie
inspirée de la clinique de l'activité, utilisée ici, mais
également dans certains travaux internes à l'OCCE
accompagnés par des experts de ce cadre théorique. De ce fait, il
serait tout à fait envisageable d'installer des espaces dialogiques,
à partir de vidéos de l'activité réalisée
des animateurs, afin d'amorcer des « disputes professionnelles ... sur le
travail bien fait », des « conflits de critères » (Clot,
2020) afin de définir justement ce qu'est ce travail, et comment il est
possible de « bien le faire » dans l'organisation OCCE. Les principes
partagés par les quatre animateurs participants à cette
étude pourraient ainsi être interrogés dans un collectif
plus large. Leur caractère commun, s'il est confirmé, peut en
faire le terreau d'une prescription nouvelle, plus affinée, de la mise
en oeuvre des « principes et pratiques de la coopération ».
Une telle approche qui met en avant l'émancipation des acteurs serait en
outre en adéquation avec l'objectif porté par la
fédération d'émancipation des jeunes coopérateurs,
à un niveau adulte. Il semble en tout cas que la question de la
prescription soit prise en considération par l'organisation, car parmi
les objectifs de la motion d'orientation sur la période 2020-2023 nous
pouvons lire : « clarifier les fonctions de l'animateur ».
5.5 Vers une évolution du métier
d'animateur pédagogique OCCE
En outre, cette clarification pourrait être utile dans
le cadre d'une projection à moyen terme. En effet, il existe aujourd'hui
une volonté affirmée de professionnalisation des animateurs. Cela
est d'ailleurs clairement établi dans la Convention pluriannuelle
d'objectifs. Le contenu des formations nationales obligatoires
dédiées aux animateurs a évolué : tourné
vers
87
les pratiques ciblées il y a quelques années
(comment mener un conseil de coopérative, comment animer des
débats philo...), il s'oriente maintenant vers une réflexion sur
le métier, par l'analyse de l'activité notamment, mais aussi,
grâce à des apports théoriques issus des sciences sociales.
La fiche de profil de poste permettant le recrutement des animateurs en 2022
est beaucoup plus détaillée que les précédentes,
indiquant des tâches supplémentaires et en décrivant
d'autres plus précisément. La dimension évaluative des
tâches fait également son apparition dans cette fiche de profil,
en concordance avec un type de prescription décrit par (Daniellou,
2002), ce qui peut laisser présager l'évolution du rapport
à la prescription vers une forme marquée par l'évaluation
et la nécessité de produire des comptes-rendus de
l'activité réalisée. Nous n'avons pas accès, pour
l'heure, aux contrats de travail des animateurs nouvellement recrutés
pour la rentrée 2022, mais il serait intéressant de les comparer
à ceux des années précédentes. Cependant, il est
à noter que les contrats 2022/2023 des animateurs déjà en
poste restent inchangés.
De surcroît, la question du statut de l'animateur est
clairement posée aujourd'hui à l'OCCE. Nous l'avons dit, la
professionnalisation porte actuellement pour partie sur la mission de formation
des acteurs de l'Éducation nationale, mission réaffirmée
dans l'ensemble des textes cadres. À cela s'ajoute des questions
liées au droit du travail, et notamment, celle de l'évolution de
carrière des employés et la prise en compte de leur parcours
professionnel, ce qui transparait dans les comptes-rendus de réunions du
Conseil d'administration national. Enfin, les conditions de partenariat avec le
Ministère de l'Éducation nationale et de la Jeunesse
évoluant en défaveur de l'OCCE depuis 2008 : substitution des
mises à disposition par le statut de détaché, baisse de la
subvention annuelle, nombre croissant de refus de détachements, laisse
craindre à l'organisation un désengagement total à
l'avenir. Elle doit donc anticiper cette évolution pour survivre. Une
des possibilités envisagées actuellement serait de transformer
l'OCCE en organisme de formation indépendant. Dans ce cas, les
animateurs verraient leur statut évoluer vers celui de formateur aux
pratiques coopératives. Or, nous l'avons dit plus haut, les animateurs
s'inscrivent dans une histoire qui est celle de l'éducation populaire,
qui se développe depuis plus d'un siècle. Cet héritage se
traduit dans les « principes et pratiques » définis dans les
textes cadres, régissant le travail des salariés, mais aussi la
vie de la fédération et des associations départementales.
Dans l'hypothèse où l'OCCE ferait le choix de devenir un
organisme de formation et s'il souhaite préserver son identité et
ses valeurs, pour éviter de devenir « un parmi d'autres », il
semble indispensable de prendre en compte cet héritage professionnel
constitué au fil du temps par l'activité des animateurs
pédagogiques. Clot postule
88
que dans certains cas, la clinique de l'activité, par
la dimension dialogique qu'elle installe, permet aux acteurs de participer
à l'évolution de leur métier et à la
redéfinition de sa prescription. Cela augmente leur rayon d'action, leur
pouvoir d'agir, et le développement professionnel devient possible. Une
telle approche dans le cas qui nous intéresse ici pourrait ainsi voir la
transmission d'une partie du genre professionnel des animateurs
pédagogiques OCCE vers une nouvelle prescription. Ainsi, la
professionnalité et les compétences des animateurs en termes de
formation à la coopération seraient clairement affirmées
par l'organisation.
De surcroît, cette reconnaissance institutionnelle
aurait pour effet connexe de rendre leur travail désirable, quel que
soit le nom donné à leur statut. Il est probable que les
animateurs auraient ainsi moins de difficultés à indiquer lequel
il est. Les responsables de la formation des animateurs font part d'un
turn-over important ces dernières années (renouvellement de
45% des postes d'animateurs entre 2020 et 2022). La reconnaissance de leur
métier et de leurs compétences pourrait contribuer à
garantir une certaine pérennité des postes. Ceci permet en retour
une professionnalisation plus importante sur le long terme, et un gain pour la
reconnaissance du professionnalisme de l'OCCE auprès de l'ensemble des
partenaires.
5.6 Proposition d'un outil pour guider la formation des
animateurs
Le travail de professionnalisation des animateurs quant
à leurs missions de formateurs peut être guidé par un outil
de positionnement, leur permettant de concevoir et mettre en oeuvre les
objectifs de formation fixés par la commande. Nous nous inspirons du
pentagone des fonctions professionnelles de Gillet pour créer cet outil.
Il pourra être repris, redéfini pour l'activité
spécifique des animateurs pédagogiques OCCE lorsqu'ils forment
à la coopération. Le contenu précis des différents
pôles devra être clarifié et explicité aux
animateurs. Ce pentagone peut aider l'animateur dans le cadre de ses missions
de formation, à partir de l'objectif visé, que celui-ci soit
imposé par un éventuel partenaire, ou auto-prescrit par
l'animateur.
Voyons ici un exemple de son utilisation, à partir de
l'objectif de formation donné à Anim D, et de son activité
réelle, donnée par son entretien (Figure 7 - Un exemple
d'utilisation de l'outil de positionnement) :
89
Objectif de formation d'Anim D : faire découvrir ce qu'est
la maïeutique de groupe
CONVAINCRE
FORMER
RELIER
OPERATIONNALISER
Figure 7 - Un exemple d'utilisation de l'outil de
positionnement
Cet outil a également pour intérêts de
rationaliser le travail de l'acteur et de contribuer à sa
professionnalisation par l'analyse de sa propre activité.
Étayé par les travaux du conseil scientifique, il pourrait
être utilisé en formation d'animateurs. Cela aurait pour
résultat de renforcer l'homogénéisation des pratiques au
niveau national, sans pour autant les standardiser. Le sentiment d'appartenance
des acteurs à leur groupe professionnel pourrait s'en trouver
augmenté. Nous pouvons faire le postulat que cela aurait pour effet
complémentaire de mieux souligner la professionnalité dans
l'image renvoyée aux partenaires de l'OCCE.
90
6. Biais et limites de notre étude
Cette recherche comporte un certain nombre de limites
intrinsèquement liées à la méthodologie
utilisée. En effet, nous nous sommes appuyés sur l'analyse de
l'activité de quatre animateurs seulement, sur 102 employés par
la fédération nationale OCCE. Si cette étude de cas
révèle des éléments intéressants, il ne nous
est toutefois pas possible de généraliser nos conclusions
à l'ensemble de ce groupe professionnel. Par ailleurs, les quatre
animateurs dont il est question dans nos travaux sont tous issus du milieu de
l'enseignement. Il n'est pas à exclure que les résultats
pourraient être affectés par l'analyse de l'activité
d'animateurs dits « HEN » recrutés dans le cadre de la
convention collective de l'animation, issus de parcours professionnels
différents. Le recueil des données est à prendre avec
précaution également. Le cadre a été posé de
manière à ce que les animateurs se sentent en
sécurité et s'autorisent à dévoiler leur
activité réelle. Cependant, nous pouvons nous demander s'ils nous
disent effectivement tout, malgré la confiance qu'ils nous accordent.
D'ailleurs, cette confiance, due en partie à notre statut de «
collègue animatrice » peut être un facteur de dissimulation
ou d'évitement, de peur d'être jugé ou de voir les
relations professionnelles se détériorer par la suite. Aussi, il
est possible que s'installe, même de manière inconsciente, une
recherche de consensus lors des entretiens, même si les réactions
et les controverses qui se sont développées tendent à
montrer le contraire. Enfin, nous fondons nos résultats sur la captation
d'une session de formation pour deux animateurs sur quatre. Ces vidéos
nous servent de base pour la discussion, mais il est prudent de garder en
tête qu'il existe probablement des éléments sur lesquels
nous aurions pu échanger et que nous n'avons pas eu l'occasion de voir
dans les situations données.
Ajoutons à cela un commentaire sur les textes
prescripteurs. La motion d'orientation, texte cadre de l'animateur, est un
document interne à l'OCCE, marquant la congruence entre les dimensions
axiologique et praxéologique, très présente dans
l'organisation. Or, ce document concerne les bénévoles autant que
les salariés. Aussi, nous sommes en mesure de nous demander si les
éléments de prescription, qui décrivent les tâches,
englobent les missions de formation de l'animateur pédagogique. Ce point
serait à clarifier. Nous n'avons pris que peu de
références dans les contrats de travail, lesquels ne sont
d'ailleurs pas tous identiques selon les animateurs, du fait des
particularités locales. Cela semblait donc opportun d'y accorder une
importance relative. Enfin, nous avons travaillé sur les textes en
vigueur actuellement, qui témoignent des difficultés du mouvement
à se doter d'une identité pédagogique affirmée.
Il
91
pourrait être intéressant d'effectuer une
étude comparative des textes successifs régissant
l'activité des animateurs depuis leur création, pour approfondir
l'évolution de leur profession.
En ce qui concerne la revue de littérature, nous nous
sommes cantonnés ici à utiliser les conclusions des travaux sur
le métier d'animateur socio-culturel, sans prendre en
considération celles issues des études sur le métier
d'animateur périscolaire, qui se développe
particulièrement depuis une dizaine d'année (Lebon, 2017). En
effet, si les animateurs socioculturels travaillent essentiellement au sein
d'association d'éducation populaire, cela n'est pas le cas pour les
animateurs périscolaires, recrutés par les collectivités
territoriales. Les conclusions s'éloignent de ce qui nous concerne dans
notre étude pour un certain nombre de raisons, mais une étude
comparative pourrait cependant s'avérer intéressante. Notons
également le manque de travaux récents sur les animateurs
socio-culturels. Si les années 1990 et 2000 ont été
marquées par un grand nombre d'études, celles-ci se restreignent
ensuite, et les résultats dont nous disposons sont peut-être
partiellement faussés. Enfin, le pentagone des fonctions des animateurs
emprunté à Dansac & Vachée (2016) sert à
l'origine à décrire les fonctions générales de
l'ensemble du travail de l'animateur. Nous l'avons donc librement adapté
ici à la seule activité de formation, pour laquelle les
données de terrain nous semblaient en adéquation. Il conviendrait
de préciser, lors d'un travail plus poussé, le contenu de chaque
pôle, voire, de faire évoluer leur dénomination, si
nécessaire, selon ce qui semblerait le plus adapté à
l'OCCE.
Notre étude a été contrainte par des
éléments extérieurs, notamment du fait de la situation
sanitaire, et il ne nous a pas été possible de réaliser
toutes les captations d'auto-confrontations que nous avions prévues.
Cela a limité en particulier le nombre d'auto-confrontations
croisées, et les discussions entre animateurs, qui auraient pu nous
permettre d'approfondir davantage.
Nous pouvons néanmoins espérer que ces analyses
sont représentatives, sinon de l'ensemble de la structure, du moins de
la réalité dans un certain nombre de terrains. De fait, les
animateurs concernés assurent que ces captations vidéo
étaient le reflet de leurs pratiques ordinaires.
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