Chapitre 1. Revue de la
littérature
1.1. Impact des
activités minières sur l'environnement du
Haut-Katanga
Il est vrai que le développement minier peut
générer plus de recettes pour l'Etat et être à
l'origine d'une croissance économique forte, mais ce sera un
développement économique sans vrai « développement
» qui bénéficie à la population au sens large,
surtout si les aspects environnementaux sont négligés (Tollens,
2004).L'industrie minière est source de plusieurs altérations de
l'environnement, l'extraction du minerai, que ce soit par des carrières
à ciel ouvert, parfois profonde d'une centaine de mètres, ou par
des galeries profondes plus de mille mètres (cas de la mine de Kipushi),
engendre des déplacements de volumes importants de roches et des terres
(Shutcha et al., 2010). Les émissions de l'industrie
métallurgique sont aussi à l'origine de pollutions
atmosphériques (Malaisse, 1995).Notons qu'actuellement il est clair que
les écosystèmes et les espèces cupro-cobalticoles de la
région sont menacés par les activités minières. En
effet, douze sites ont déjà été détruits et
une révision récente de la végétation a mis en
évidence que sur 32 taxons strictement endémiques, 9% sont
éteints (EX) et 67% sont critiquement en danger (CR) (Faucon 2010).
Dès lors, la conservation de la flore cupro-cobalticoles du Haut-Katanga
semble être une priorité absolue.
1.2. Activités
minières et environnement dans leHaut-Katanga
Le Haut-Katanga est une province de la république
démocratique du Congo (RDC) dans sanouvelle configuration administrative
elle se retrouve au Sud-Est du pays et a la même frontièreque la
Zambie.Approximativement au Sud du parallèle 8°30' et au Sud-Est de
la dépression de Kamalondo et de son prolongement Sud occidental. Un des
traits géologiques important dans cette région est la
présence de l'arc cuprifère katangais et d'une partie de la
copperbelt zambienne (Figure 1). L'arc cuprifère Katangais (ACK) est
constitué d'une série d'écailles
minéralisées disposées sous forme d'un arc depuis la
région de Lubumbashi au Sud-Ouest jusqu'à Kolwezi au Nord-ouest
(Figure 1). Il couvre une superficie estimée à 20000 km² qui
s'étend d'Est en Ouest sur une longueur de 300 km et une largeur de 50
km (Robert, 1956 ; Okitaudji, 2001). Ces écailles
minéralisées font partie de la « série des mines
», et plusparticulièrement desuper groupe du Roan dont font partie
la plupart des gisements cuprocobaltifères du Katanga (François,
1973 ; Cailteux, 1990). Ils affleurent sous forme decollines à cause de
la tectonique panafricaine qui a ramené en surface de nombreuses roches
principalement riches en minerais de cuivre et cobalt mais aussi en
manganèse, zinc, nickel, uranium, etc. (Cailteux et al., 2005,
Kampunzu et al., 2009). Elles se distinguent des collines non
cuprifères du miombo (la forêt claire zambézienne) par le
fait qu'elles sont pelées en partieou en totalité,
c'est-à-dire qu'elles ne portent pas d'arbres au moins sur un de leurs
flancscontrairement aux collines non minéralisées (Duvigneaud
& Denaeyer De-Smet, 1963). La copperbelt zambienne quant à elle est
localisée plus au sud et s'étend jusqu'en Zambie.
Figure
1.L'arc cuprifère Katangais en fond brunâtre (Shutcha,
2010)
1.2.1. Historique de l'exploitation
minière et impact sur l'environnement de Lubumbashi
Les nombreuses ressources minières du Katanga ont
favorisé l'émergence d'une intense activité minière
dans la région. Les récits de la tradition orale ainsi que les
données archéologiques révèlent que l'exploitation
des mines de cuivre du Katanga date de l'époque précoloniale.
Certains empires, notamment l'empire Lunda de l'Est du Mwata yava
Kazembe ainsi que l'empire Yeke de M'siri, ont d'ailleurs été
établis principalement autour de l'exploitation du cuivre (Boisson,
1982). Le cuivre était utilisé principalement comme monnaie dans
les transactions commerciales mais aussi pour l'ornementation. Toutefois,
l'exploitation des gisements cuprifères du Katanga a pris une plus
grande ampleur avec l'avènement de la colonisation qui a ouvert le
commerce vers l'extérieur du continent. En 1906, l'administration de la
colonie crée l'Union Minière du Haut-Katanga (UMHK) dont le
premier lingot de cuivre sera produit en 1911 après l'installation de la
fonderie de Lubumbashi (Leblanc & Malaisse, 1978). L'exploitation des
gisements de cuivre a pris une grande ampleur au point que le pays sera
classé cinquième producteur mondial de cuivre derrière les
Etats Unis, le Canada, le Chili et la Zambie. Après
l'indépendance, l'UMHK sera remplacé par l'actuelle
Générale des Carrières et des Mines (Gécamines).
Durant la période prospère, la Gécamines produisait
annuellement 450.000 tonnes de Cu générant des recettes annuelles
évaluées à environ 1.300.000 dollars américains,
soit 60 % du budget nationale dans les années 1970 et 1980 (Mulumba,
2010). Les perturbations politiques à la fin de la décennie 1980
ainsi que celles des années 1990 plongeront la Gécamines dans un
état de faillite non déclarée qui provoquera une chute
brutale de production actuellement estimée à moins de 30.000
tonnes de cuivre par an (Mulumba, 2010). La libéralisation du secteur
minier en 1999 ainsi l'augmentation du cours du cuivre sur le marché
international ont permis une reprise considérable de l'activité
minière avec l'installation de grandes entreprises multinationales
américaines, européennes et asiatiques(Kalenga et al.
,2005).
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