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La qualité du soin infirmier


par David Uch
IFSI de Chartres - Diplôme d’état infirmier 2017
  

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Note aux lecteurs : il s'agit d'un travail personnel et il ne peut faire l'objet d'une publication en tout ou partie sans l'accord de son auteur.

Institut de formation en soins infirmiers de Chartres
Promotion 2017-2020

UCH David

La qualité du soin infirmier

« Guérir parfois, soulager souvent, écouter toujours »

Louis Pasteur

1

Mémoire de fin d'études

UE 3.4 S6 Initiation à la démarche de recherche

UE 5.6 S6 Analyse de la qualité et traitement des données scientifiques et professionnelles

Document remis le 11 mai 2020

1 Front de Gauche IDF, rendre dignité à nos ainés et aux personnels des EHPAD, http://www.frontdegauche-idf.fr/rendre-dignite-a-nos-aine-e-s-aux-personnels-ehpad/

Remerciements

J'ai écrit mon mémoire à partir de mon vécu en stage, de mon expérience de vie professionnelle et personnelle mais aussi à partir de renconcontres enrichissantes lors des trois années d'études à l'Institut de Formation en Soins Infirmiers (IFSI) de Chartres. Durant cette formation, avec les formateurs et les camarades, j'ai pu échanger, confronter mes idées avec les uns et les autres afin de toujours cheminer vers des pensées positives. Aussi, je me suis appuyé sur des lectures qui ont été une grande source d'inspiration.

Riche de tous ces échanges et du retour d'expérience de chacun, j'ai pu avancer et construire mon projet avec justesse et impartialité.

Tout au long de mes écrits, j'ai pu solliciter l'aide de ma formatice guidante qui m'a conseillée, soutenue, éclairée et guidée avec objectivité. Elle s'est toujours montrée à l'écoute et disponible à mon égard, elle m'a épaulée et accompagnée avec une grande sincérité.

J'ai aussi participé à des ateliers d'écritures dispensés par notre documentaliste de l'IFSI. Grâce à son habileté à manier les mots et à sa vaste connaissance des livres et documents, j'ai pu avancer avec des bases solides et travailler avec plus de sérénité.

Bien sûr, j'ai remercié directement deux personnes que j'ai cité ci-dessus mais cependant, il est évident que cela n'aurait pas été possible sans le soutien, l'expérience et la bienveillance de toute l'quipe encadrante de l'IFSI.

Pour finir, je ne peux donner une liste exhaustive, tant les acteurs qui ont contribués à ma progession dans mon travail de fin d'études sont nombreux et dont chacune et chacun a eu un rôle crutial dans mes écrits mais aussi dans ma vision de travailler avec authenticité et avec « l'esprit soignant », dans une dimension humaine, éthique, soucieuse du respect de la personne soignée dans sa singulatité et soucieuse de la qualité du soin infirmier.

Merci à vous toutes et tous, patients, infirmières, infirmiers, formateurs, cadres, directeurs, etc., de m'avoir permis de découvrir et d'apprendre un nouveau métier qui est celui de prendre soin et de pratiquer l'art de soigner dans une perspective soignante.

Sommaire

Introduction 1

1 De la situation à la question de départ 2

2 Cadre théorique 6

2.1 Soins palliatifs et fin de vie 6

2.1.1 Définition 6

2.1.2 Cadre législatif 7

2.1.3 Soins palliatifs pour qui, pourquoi 7

2.1.4 Rôle infirmier 8

2.2 L'accompagnement 9

2.2.1 Notion de l'accompagnement 9

2.2.2 Accompagnement physique 9

2.2.3 Accompagnement psychologique 10

2.3 Le soin et le prendre soin 10

2.3.1 Distinction entre le soin et le prendre soin 10

2.3.2 Prendre soin plus qu'un acte, un art 12

2.3.3 Prendre soin en tant que valeur 13

2.4 La qualité du soin infirmier 14

2.4.1 Qu'est-ce la qualité du soin infirmier 14

2.4.2 Les facteurs déterminants de la qualité 16

2.4.3 La qualité du soin, une dimension éthique 20

2.4.4 Qualité et productivité 21

3 Hypothèse de recherche 24

4 Projet de recherche 25

Conclusion 27

Bibliographie 28

1

Introduction

La qualité du soin, présente au quotidien, elle est une préoccupation de tout professionnel de santé. Que l'on soit cadre, médecin, infirmier(e), aide-soignant(e) ou étudiant(e), etc., celle-ci fait partie intégrante de notre travail.

Elle nous accompagne à chaque instant dans notre pratique soignante, quelle que soit la situation et quel que soit l'endroit où l'on dispense les soins. Elle devrait être transposée dans toutes circonstances afin que les professionnels que nous sommes, ayons la conscience de faire coexister la maladie que nous traitons avec les personnes soignées que nous prenons en soin.

Cette démarche s'inscrit naturellement dans une volonté de se questionner et d'agir dans une perspective soignante en quête d'un soin de qualité, cette qualité qui est l'élément moteur de notre métier. De par mon expérience, j'ai pu constater que la qualité du soin infirmier que j'estime profondément, se dévalue peu à peu du fait, des difficultés traversées par le secteur hospitalier.

C'est pourquoi, j'ai choisi d'orienter mon travail de fin d'études sur ce sujet. Celui-ci aboutirait à un questionnement et à une réflexion éthique des situations de soins qui permettraient de faire évoluer et d'améliorer notre pratique soignante.

Mon projet s'est construit à partir d'une situation qui m'a interpelée, que j'ai vécu en stage et qui m'a conduite vers la formulation d'une question de départ après laquelle, j'ai pu structurer mon cadre théorique. Ensuite, au fur et à mesure de mes recherches exploratoires, est née l'hypothèse de recherche grâce à laquelle s'est construit mon projet de recherche.

De par mes écrits, j'ai pu souligner l'importance de la qualité du soin qui doit nous amener à nous questionner sur notre pratique soignante. Ils sont sincèrement objectivés et empreints par une volonté de nous « tenir conseil » afin de promouvoir la qualité du soin infirmier.

A savoir qu'ils ne critiquent ni ne jugent « l'esprit soignant » que vous vous êtes, les soignants que nous sommes dans notre singularité et dans notre pluralité. De plus, la citation de Philippe Néricault nous rappelle que « la critique est aisée mais l'art est difficile ».

2

1 De la situation à la question de départ

Monsieur P est un patient de 81 ans qui vit habituellement de manière autonome dans sa maison avec sa compagne. Il a deux enfants dont une fille d'une trentaine d'année. Il est hospitalisé depuis plusieurs semaines dans le service de cardiologie pour une poussée d'insuffisance cardiaque causée par sa cardiomyopathie droite et se manifestant par des dyspnées au moindre effort et au repos.

Monsieur P souffre physiquement et moralement. Il disait clairement qu'il voulait mourir le plus vite possible car son corps qu'il ne contrôle plus le faisait terriblement souffrir.

Suite à sa propre volonté de ne plus être soigné, un STAFF pluriprofessionnel a eu lieu. Une décision commune a été prise de mettre Monsieur P en procédure LAT (limitation et arrêt de traitement) avec un arrêt définitif de son pace maker.

Cela signifiait qu'il recevra désormais que des soins palliatifs. Plus aucun traitement curatif ne sera dispensé. Cependant, il bénéficiera bien évidement des traitements et des soins de confort.

Cela me rappelle une citation concernant les soins palliatifs du docteur Thérèse Vanier qui disait :

« C'est tout ce qu'il reste à faire, quand il n'y a plus rien à faire ».

Je comprends son point de vue mais avec ma frêle expérience d'étudiant et avec sans prétention, je préfèrerais plutôt comprendre cette phrase dans ce sens-là :

« Même lorsqu'il n'y a plus rien faire, c'est là que tout reste à faire ».

Cela fait deux jours que je prends en soins Monsieur P. Je connais sa situation et c'est pourquoi j'essaie toujours d'avoir une attention particulière et de la bienveillance envers ce patient malgré le peu de temps que j'ai à lui accorder lors de la tournée infirmière.

Le lundi 16 septembre vers 16h00, la sonnette de sa chambre retentit, n'étant pas très loin, je décide de m'y rendre.

Lorsque je me présente devant le patient, il est assis là, sur son fauteuil avec un regard lointain et mélancolique. Il me dit qu'il en marre et il souhaiterait retourner dans son lit. Ne voyant aucun inconvénient, je lui demande s'il était en mesure de se mettre debout avec mon aide afin que nous fassions le transfert ensemble.

3

Avec un grand étonnement, je m'aperçois que cet homme est encore capable d'effectuer certains gestes de la vie quotidienne allant même jusqu'à réussir à se lever avec un peu d'aide et de soutien. Quelques minutes plus tard, nous avions réussi, Monsieur P était installé dans son lit.

Au moment où je m'apprêtai à partir, d'une voix calme et posée, Monsieur P m'interpelle en me disant très clairement qu'il en a assez de cette situation, il souhaitait mourir et il fallait que je fasse quelque chose pour abréger ses souffrances.

A l'instant où il me fait part personnellement de sa volonté, je me sentais complètement désarmé. Avec ma frêle expérience d'étudiant infirmier, J'étais embarrassé car je n'avais jamais rencontré une telle situation et probablement aucun mot juste pour lui répondre.

Ce moment singulier me mettait face à un dilemme, devais-je me hâter de lui répondre au risque d'avoir des mots maladroits ou bien fuir au risque de ne pas lui apporter de réponse ?

Au fond de moi, j'étais convaincu que cet homme n'était près de mourir. J'avais bien entendu sa volonté mais je voyais de toute évidence que son corps certes, meurtri et portant de nombreux stigmates de la maladie faisait preuve d'une grande pugnacité et n'était pas décidé à s'éteindre et à abandonner la vie.

Comment apporter une réponse juste pour ce patient quand je sais que son esprit veut mourir mais que son corps tient bon et s'accroche la vie. Cette vie que j'estime que je trouve infiniment précieuse (jugement de valeur).

La réponse de fuite serait peut-être de lui dire : « mais non Monsieur P, il ne faut pas dire cela, tenez bon... » au risque de ne pas considérer cet homme dans toute sa dimension, sa tristesse, sa souffrance et de ne pas respecter sa volonté.

Que faire à cet instant, fallait-il avoir une réponse à donner ou avoir une réponse à penser ?

Penser cette réponse comme pour panser une blessure ou une douleur avec toute l'équipe pluriprofessionnelle afin d'apporter non la meilleure des réponses mais celle qui semblera la plus juste et la plus adaptée.

Après quelques secondes de silence, mon regard tourné vers Monsieur P trahissait certainement le fond de mes pensées. Ce regard qui ressemblait de toute évidence à un aveu. Cependant, j'avais décidé de ne pas répondre, j'ai pris sa main contre la mienne et d'un sourire léger et contenu, je me suis esquissé.

4

En sortant de cette chambre, j'étais ému. Mon coeur battait très fort, si fort que j'avais l'impression de l'entendre. Mes pensées allaient tout azimut car je ne savais pas s'il fallait avoir de la pitié ou de l'empathie envers ce Monsieur. Cependant, un sentiment très fort m'envahissait.

« Celui de la compassion, cette compassion qui permet au soignant de partager la souffrance de l'autre, d'en porter une part de fardeau et d'alléger celui porté par la personne que l'on a en face de soi.

Compatir, c'est se laisser habiter par les angoisses et les blessures de celui qui souffre, c'est être là, écouter recevoir les cris de révolte et de douleur. Certes, la compassion est d'une totale inefficacité technique mais elle est empreinte d'une infinie valeur humaine. » 2

A partir de ce moment-là, j'avais bien compris que les traitements que je dispensais à Monsieur P ne pouvaient apaiser tous ses maux.

« Depuis toujours, l'objectif des soins a été de soulager la personne malade : le célèbre « guérir parfois, soulager souvent, écouter toujours » de Louis Pasteur en est une parfaite illustration. Peut-être pourrait-on aussi ajouter à cette citation « accompagner tout le temps. »3

Finalement, l'importance ne consiste pas seulement à donner une réponse et des médicaments à ce patient mais il fallait aussi privilégier des soins et une prise en soins de qualité afin d'apporter un accompagnement singulier et approprié.

Cet accompagnement que l'on ignore parfois mais que l'on met en place de manière naturelle et qui fait appel à de nombreux attributs tels que l'empathie, la compassion, le savoir-faire, le savoir être, le respect, l'écoute et la bienveillance...

Par ailleurs, dois-je me hâter d'apporter une réponse à Monsieur P ou dois-je porter de l'importance à l'accompagnement ?

L'approche de la personne atteinte de maladie ou en fin de vie ne peut pas seulement se résumer à des actions de soins ou à apporter des réponses sans réflexions.

2 HESBEEN, W. Prendre soin à l'hôpital, inscrire le soin infirmier dans une perspective soignante. MASSON, 1997, p 100.

3 HIRSCH, Godefroy. Les soins palliatifs, une démarche de soins et philosophie humaniste centrée sur la personne. La revue infirmière N°139, avril 2008, p 34-36.

5

« Il est important de savoir que le verbe « accompagner » est formé à partir du mot latin CUM qui signifie AVEC et PANIS qui veut dire PAIN, ce qui sous-entend manger son pain avec.

De plus, Accompagner c'est : se joindre à quelqu'un pour aller où il va, le conduire, l'escorter, le mener, le guider. » 4

Il est donc essentiel de se centrer sur l'accompagnement car il est question de présence à l'autre, d'un accueil, d'une écoute. Il est aussi question de la rencontre entre deux personnes, de la construction d'une relation. Le respect de ce que vit l'autre, de son cheminement, de son histoire est une des conditions de cette relation.

De même, dans l'accompagnement, il s'agit « d'être avec » et pas « à la place de ». Pour le soignant, accompagner l'autre c'est aussi se confronter à ses propres limites (et en particulier les limites de son savoir), au doute, à l'incertitude.

Il est souvent déroutant pour les soignants, d'accepter de ne pas pouvoir faire, de ne pas avoir de réponse à tout, de se départir d'un rôle centré sur l'action pour occuper une place d'être humain auprès de l'autre. C'est un champ difficile, qui nécessite une posture d'humilité en matière d'accompagnement. Il y a certes des formations, mais certainement pas de recette miracle, car il s'agit d'oser prendre le risque de la relation avec l'autre. Dans cette démarche d'accompagnement, face à la mobilisation des affects, des mouvements intérieurs et des émotions, il y a nécessité à pouvoir et à devoir prendre du recul. » 5

Soigner sans accompagner serait peut-être comme faire un soin sans prendre soin.

Toutes ces interrogations et réflexions m'ont permises d'aboutir à la question départ ci-dessous :

« Dans les soins palliatifs, en quoi l'accompagnement réalisé par l'infirmier(e), contribue-t-il au prendre soin de la personne en fin de vie ? »

4 Site Cairn.info, les concepts en sciences infirmières,

https://www.cairn.info/concepts-en-sciences-infirmieres-2eme-edition--9782953331134-page-42.htm

5 HIRSCH, Godefroy. Accompagner la fin de vie & principaux repères des soins palliatifs. Études sur la mort N°138, février 2010, p 133-144.

6

2 Cadre théorique

2.1 Soins palliatifs et fin de vie

2.1.1 Définition

Le terme palliatif selon le dictionnaire Petit Robert : « Qui atténue les symptômes d'une maladie sans agir sur sa cause ».

Selon les concepts en sciences infirmières, la définition donnée aux soins palliatifs les énonce comme « un ensemble de soins apportés à une personne en phase évolutive ou terminale d'une maladie potentiellement mortelle. Ils visent à améliorer le confort physique et moral du soigné.6

Selon la Loi 99-477 du 9 juin 1999 visant à garantir le droit d'accès aux soins palliatifs, les soins palliatifs sont des soins actifs et continus pratiqués par une équipe interdisciplinaire, en institution ou à domicile. Ils visent à soulager la douleur, à apaiser la souffrance physique, à sauvegarder la dignité de la personne malade et à soutenir son entourage.7

Une définition de 1990 est donnée par l'organisation mondiale de la santé, Les soins palliatifs sont des soins actifs et complets donnés aux malades dont l'affection ne répond plus au traitement curatif. La lutte contre la douleur et les autres symptômes, ainsi que la prise en considération des problèmes psychologiques, sociaux et spirituels sont primordiaux. Ils ne hâtent ni ne retardent le décès. Leur but est de préserver la meilleure qualité de vie possible jusqu'à la mort.8

A l'heure actuelle, les soins palliatifs sont clairement définis et encadrés avec des textes de lois ainsi qu'un cadre législatif.

6 FORMARIER, M. et JOVIC, L. Les concepts en sciences infirmières. Editions Mallet Conseil, 2009, P 210

7 Légifrance, Loi 99-477 du 9 juin 1999 visant à garantir le droit à l'accès aux soins palliatifs - article 1, https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000212121&categorieLien=id

8 Organisation mondiale de la santé, soins palliatifs,

https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/palliative-care

7

2.1.2 Cadre législatif

LOI n° 2016-87 du 2 février 2016 créant de nouveaux droits en faveur des malades et des personnes en fin de vie.

Chaque individu peut décider par lui-même d'accepter ou non un traitement. Cependant, l'accompagnement de la personne soignée reste de la responsabilité du médecin qui a le devoir de considérer les volontés du soigné tout en l'ayant au préalable renseigné sur les répercussions liées à ses décisions.

Si, par sa volonté de refuser ou d'interrompre toute thérapeutique, le soigné met en péril son existence, il devra renouveler dans un délai convenable son choix. Il peut aussi solliciter un autre membre du corps médical et cette instruction sera mentionnée dans son dossier médical.

Le médecin a le devoir selon l'article L. 1110-10, de préserver la dignité, d'assurer la fin de vie de la personne mourante en délivrant les soins palliatifs qui doivent être dispensés dans la continuité et de manière active par une équipe pluriprofessionnelle en institution ou au domicile du patient. L'objectif est d'atténuer les souffrances physiques et psychiques, ils visent aussi à préserver la dignité de la personne soignée et à accompagner son entourage familial.

2.1.3 Soins palliatifs pour qui, pourquoi

Les soins palliatifs concernent les individus atteints d'une affection grave, chronique, en phase évolutive ou terminale qui met le pronostic vital en jeu. Chacun personne sans distinction, peut recevoir un traitement de soins palliatifs (nouveau-né, enfant, adolescent, adulte, quel que soit son âge).

Ce sont des soins qui ont pour intention principale de promouvoir la qualité de vie des patients, de soulager la douleur, d'apaiser les souffrances physiques et psychiques et d'accompagner les malades et leur famille tout en considérant leur choix et en respectant leur dignité.

C'est pourquoi, nous avons une place et un rôle crucial en tant que soignant, en tant qu'infirmier dans l'accompagnement des personnes et de leur entourage.

2.1.4 Rôle infirmier

« Le rôle infirmier dans les soins palliatifs est de prendre soin, en équipe, la personne dans toutes ses dimensions afin de promouvoir sa qualité de vie. L'approche infirmière individualisée privilégie les soins de confort, les soins techniques, la relation d'aide et l'accompagnement. »9

Il est important de faire la distinction entre le malade et sa maladie. La personne malade est celle qui souffre, qui supporte et endure une situation de vie qui lui est difficile. Cette souffrance longue et durable est à mettre en lien avec le cops que le patient « est ». Toute affection, même douloureuse, n'aboutit pas systématiquement sur de la souffrance de la personne.

L'affection ne doit pas être perçue de la même façon que le malade, c'est pourquoi il est important d'avoir une approche différente entre les deux. Le patient est celui qui « est » alors que l'affection avec elle, la douleur, est le corps que le patient « a ».

« La maladie, et avec elle, la douleur relèvent du corps que le patient a. La souffrance, quant à elle, relève du corps que le patient est ». 10

De ce fait, il est primordial de ne pas se tromper d'objectif et de s'assurer que la douleur, la maladie n'ont pas éclipsé la place du soigné dans cette souffrance qui est la sienne.

Notre place de soignant accompagnée des meilleures intentions peut parfois nous pousser à nous centrer uniquement sur la douleur sans pour autant, prendre soin du malade en tant que personne à part entière.

Accompagner ne s'improvise pas et ne résulte pas du hasard mais bien d'une volonté d'aller vers l'autre.

8

9 FORMARIER, M. et JOVIC, L. Op. Cit., P 211

10 HESBEEN, W. Op. Cit., p 27.

9

2.2 L'accompagnement

2.2.1 Notion de l'accompagnement

Selon Walter Hesbeen, accompagner, c'est faire un bout de chemin avec l'autre en difficulté de santé. Un mouvement qui porte vers l'autre pour aller à sa rencontre sur le chemin qui est le sien.

Accompagner c'est respecter la personne dans ce qu'elle a à vivre, c'est reconnaître son existence en tant que telle avec ses différences. C'est aussi tenir compte de la complexité et de l'individualité de chaque personne, c'est respecter ses conditions de vie, son entourage, son environnement, sa spiritualité, son engagement ou non engagement.

Il s'agit surtout de comprendre et de trouver du sens à cet accompagnement quelle que soit la situation de la personne.11

Comme cité précédemment, il est important de distinguer l'accompagnement physique qui consiste à prendre en charge la maladie et avec elle, la douleur qui relève du corps que le patient « a » de celui de l'accompagnement psychologique qui nécessite de prendre soin la souffrance et avec elle, le corps que le patient « est ».

2.2.2 Accompagnement physique

L'accompagnement physique à l'instar de l'accompagnement psychologique vise à promouvoir la qualité de vie et à assurer le confort du patient.

C'est un soin technique qui est réalisé selon un protocole et qui a pour objectif de soulager les douleurs somatiques aigues ou chroniques en effectuant des soins de confort tels que, le toucher-massage, la toilette, les traitements médicaux ou bien encore, la prévention des escarres, etc. Il requiert nécessairement une expérience des soins et des qualités techniques pour accompagner la personne de la manière la plus conventionnelle et adaptée possible.

Dans cet accompagnement, l'expression du corps que le patient a, nous renvoie directement à sa douleur physique qui peut être justifiée par des blessures apparentes, des stigmates de sa maladie. Cependant, il peut subsister une souffrance moins visible qu'il faut aussi prendre en considération et qui nécessite tout autant que l'accompagnement physique, un accompagnement psychologique.

11 HESBEEN, W. Ibid. P 11.

10

2.2.3 Accompagnement psychologique

L'accompagnement psychologique nécessite tout d'abord une évaluation de la personne et de prendre en considération son entourage familial et social afin de bien identifier ses ressources et ses besoins.

Il consiste à effectuer une prise en charge qui passe par des soins relationnels tels que l'entretien motivationnel, l'entretien d'écoute ou de soutien et ils doivent nécessairement s'inscrire dans un projet de soins.

Aussi, il peut être proposé une thérapie familiale afin d'accompagner dans les meilleures conditions, le malade et sa famille.

De plus, il est nécessaire de mettre en place des techniques de commutations comme la proxémie, la symétrie, l'écoute active...

Les soins relationnels sont de toute évidence au centre de l'accompagnement psychologique.

Les douleurs somatiques et les douleurs psychiques doivent être prises en compte de manière distincte. Cependant, il faut avoir conscience qu'une prise en soins ne peut être considérée comme complète si l'on traite la douleur quelle qu'elle soit, de manière non appropriée et non équilibrée au point d'en occulter les réelles attentes du patient. De même qu'il est indispensable de distinguer clairement le soin du prendre soin.

2.3 Le soin et le prendre soin

2.3.1 Distinction entre le soin et le prendre soin

Tout d'abord, définissons le mot soin selon le dictionnaire Larousse : « actes thérapeutiques qui visent à la santé de quelqu'un, de son corps : les premiers soins à un blessé. »12

Dans cette définition, il est notion d'actes thérapeutiques, de corps et de blessures. Cependant, le soin ne réside pas simplement à traiter ces seuls éléments.

Analysons le verbe prendre afin d'essayer de comprendre le concept du prendre soin. Ce verbe transitif vient du latin « prehendere » qui signifie saisir. Le sens peut être différent et multiple selon le contexte dans lequel nous l'utilisons.

Prendre peut vouloir dire de manière un peu délétère, attraper, conquérir, arracher, confisquer, prélever, agripper, empoigner ou bien encore accaparer... Cependant, il peut aussi avoir un

12 Dictionnaire Larousse, dictionnaire français, https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais

11

sens tel que prendre sur soi, prendre du recul ou bien encore au sens figuré, prendre la main de quelqu'un pour lui venir en aide.

De ce fait, en associant le verbe « prendre » avec le mot « soin », cela donnerait-il une définition clairement différente entre le soin et le « prendre soin » et qui nous conduirait vers le concept du prendre soin.

Ce concept est apparu en France dans les années 80 où il est question d'un ensemble complexe de soins qui visent à promouvoir la vie et à entretenir le corps et l'esprit. Cependant, quelle est la différence que l'on doit faire entre « faire des soins » et « prendre soin ».

Dans la notion de « faire », il est question d'agir, d'accomplir un acte millimétré, protocolisé, standardisé alors que le prendre soin est un concept beaucoup plus subjectif dans lequel il est beaucoup plus difficile de le préméditer car à chaque fois que l'on entreprend de prendre soin, cela nous mettra toujours dans une situation unique tout autant que l'individu qui recevra notre attention.

Si les soins en général relèvent d'une profession consistant à réaliser des « tâches à faire » dont seuls les professionnels sont habilités à les dispenser dans une situation donnée, le « prendre soin » quant à lui ne requiert d'aucun métier. Il est à la portée de tout un chacun et s'inscrit dans un cadre de bientraitance, de bienveillance et d'une attention particulière de l'humain dans son unicité.

Il ne fait appel à aucune qualification ou profession, il nécessite cependant, d'un état d'être, d'une volonté, d'une intention d'aller vers l'autre, de l'entendre, de l'accompagner et d'être à ce juste titre, à ses côtés.

Il est vrai que les compétences techniques et scientifiques ont leur importance dans les soins mais quand il s'agit d'aller à la rencontre de l'humain qui peut être occulté par son affection, ces compétences technicoscientifiques sont bien évidement insuffisants voire insignifiants dans la prise en compte de l'individu en tant qu'être humain unique autant dans sa maladie que dans son histoire de vie qui est la sienne. C'est pourquoi, confondre soin et prendre soin serait fortement préjudiciable à la qualité du soin infirmier.

Ceci nous conduit à avoir une approche bien spécifique du « prendre soin » dans laquelle il est fondamental de tenir compte de toute la spécificité de l'être humain, autant dans la prise en soin physique que psychologique de part sa maladie, sa culture, ses convictions, son entourage familial et social et qui représente bien plus que la somme de tous ses besoins.

12

Cela dans le but de respecter son autonomie, ses choix et d'identifier ce qui est important pour la personne, ce qui pourrait lui apporter de la sérénité et lui serait profitable dans la maladie et dans ce qu'elle a à vivre.

« Le malade n'est donc pas à confondre avec la maladie. Celui qui est malade, est celui qui souffre, c'est-à-dire celui qui doit supporter, endurer, subir quelque chose qui lui est pénible. »13

Le soin et le prendre soin sont indissociables et complémentaires. On ne peut amputer une prise en charge de l'une de ses composantes au risque de traiter seulement une pathologie et de considérer la personne telle un « corps-objet » ou la maladie prend une place tellement importante que le malade en est effacé. C'est pourquoi, prendre soin ne s'improvise pas et cela au-delà d'un acte, c'est un art.

2.3.2 Prendre soin plus qu'un acte, un art

Faire un soin nécessite obligatoirement de respecter un protocole et d'avoir des connaissances institutionnelles afin de mener à bien l'acte que l'on entreprend de faire auprès d'un patient.

Cependant, lorsque l'on associe le soin au prendre soin, cela donne une tout autre dimension dans notre façon de soigner les personnes.

Le prendre soin, c'est la combinaison des connaissances pratiques et institutionnelles mais aussi des connaissances individuelles que l'on acquiert de part notre parcours personnel, notre état d'être et notre façon singulière de nous approprier un soin afin de le rendre unique.

Le prendre soin ne s'inscrit peut-être pas dans un protocole ou tout est millimétré, ajusté et coordonné comme un scénario que l'on apprend par coeur et que l'on jouerait sans y mettre d'émotion, de variation et de singularité.

C'est pourquoi, prendre soin est plus qu'un acte mais un art car cela nécessite de l'habileté de la part l'artiste ou devrais-je plutôt dire du thérapeute qui doit savoir et pouvoir associer ses connaissances avec son état d'être (ce qu'il est) ainsi que son savoir-faire et son savoir-être afin de soigner la personne dans toute sa dimension.

13 HESBEEN, Walter. Op. Cit., p 27.

13

Selon Walter Hesbeen, Prendre soin est un art, il s'agit de l'art du thérapeute, celui qui réussit à combiner des éléments de connaissance, d'habileté, de savoir-être, d'intuition qui vont permettre de venir en aide à quelqu'un, dans sa situation qui est la sienne.14

Aussi, le « prendre soin » doit s'inscrire en tant que valeur, cette valeur qui nous rattache à la morale et à notre conscience professionnelle.

2.3.3 Prendre soin en tant que valeur

Pour l'expliquer, je vais rappeler certaines valeurs de la profession infirmière qui me semblent fondamentales dans notre travail.

« L'intégrité », cette intégrité qui fait référence à notre sincérité, notre honnêteté et à notre franchise. Être tel que l'on est, ne pas surjouer et se comporter avec l'autre de la manière la plus sincère possible.

« L'altruisme », il se traduit par une attitude désintéressée, la solidarité et la générosité que l'on porte à quelqu'un. Il permet d'avoir une attention particulière, de l'empathie et une certaine bientraitance envers celui qui souffre et qui se distingue de part son unicité.

Aussi, au-delà de l'altruisme, il est indispensable d'avoir quelque peu une « âme de

philanthrope » où il est notion d'humanité, cette humanité qui ne se limite pas seulement à

l'individu de par sa couleur, son origine, sa culture ou sa religion...

 
 

respect du patient », c'est l'établissement d'une relation de confiance, de la

« Le

 
 
 

reconnaissance de la personne dans sa singularité, dans son droit à l'autonomie et à pouvoir

faire des choix ainsi que d'être informé.

« La qualité des soins », c'est le fer de lance et la raison d'être dans notre profession car

elle porte une grande attention à la vie humaine. L'objectif est la bienveillance et la

bientraitance de la personne quelle qu'elle soit et à toutes les étapes de la maladie. C'est pour

ainsi dire notre devoir ultime qui doit nous amener à chaque instant à repenser les soins afin

de tendre vers « la qualité du soin infirmier ».

14 HESBEEN, Walter. Op. Cit., P35.

14

2.4 La qualité du soin infirmier

2.4.1 Qu'est-ce la qualité du soin infirmier

Tout d'abord, il est important de noter que notre pratique professionnelle est faite de subtilité qui ajoute aux soins une certaine complexité et unicité qui ne facilitent en rien leur conception et leur évaluation.

Il n'est pas aisé de définir la qualité quand elle concerne un métier, notre métier d'infirmier au contenu riche et complexe. Cette qualité tellement difficile à mesurer tant elle est peu observable et faite de tâches à faire allant des actes les plus pointus aux petites choses les plus simples mais aussi lorsqu'elle concerne la qualité humaine qui reste encore bien plus subjective.

Cependant, chacune de ses tâches à faire, importantes ou banales ont un impact non négligeable sur les personnes soignées lorsqu'elle est en lien avec la prise en charge. Elles contribuent de toute évidence à la qualité du soin infirmier.

Définissons le mot « qualité » dans un sens plus large : Cela peut se définir comme la supériorité de quelque chose à l'exemple d'un produit de qualité ou bien encore une bonne ou mauvaise manière d'être de quelque chose ou de quelqu'un...15

Introduite au sein du système de santé français par l'ordonnance du 24 avril 1996 portant réforme hospitalière, la qualité est une approche organisationnelle permettant un progrès permanant dans la résolution des non qualités. Elle se traduit par la certification des établissements de soins, procédure évaluant l'ensemble du fonctionnement et des pratiques des structures de soins, afin de mettre en place des mesures correctives.16

Selon l'OMS, la qualité doit permettre de garantir à chaque patient l'assortiment d'actes diagnostiques et thérapeutiques qui leur assurera le meilleur résultat en termes de santé, conformément à l'état actuel de la science médicale, au meilleur coût pour un même résultat, au moindre risque iatrogène, et pour sa grande satisfaction, en termes de procédures, de résultats et de contacts humains à l'intérieur du système de soins.17

15 FORMARIER, M. et JOVIC, L. Op. Cit., P 230

16 Ibid. P 230

17 Ministère des Solidarités et de la santé, Qualité et sécurité des soins dans les établissements de santé, https://solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/ SSP 2013 DP conference 28-11-13.pdf

15

Pour compléter la définition de l'OMS, la Haute Autorité de Santé (HAS) ajoute, « garantir la qualité des soins est un objectif ambitieux. La complexité des processus de soins, la diversité de l'offre de soins, la variabilité des pratiques constatées, la mise à jour continuelle des connaissances et l'amélioration des technologies médicales, la nécessité de maîtriser les risques des pratiques et enfin la dimension économique des soins permettent de comprendre pourquoi la qualité est difficile à atteindre et pourquoi l'atteinte de cet objectif rend indispensable une démarche structurée d'évaluation et d'amélioration ».18

En regroupant ces définitions, plusieurs mots clés tels que, certification, procédure, coût, résultat et économie peuvent attirer notre attention. De ce fait, nous pouvons constater que la qualité du soin relève bien évidement d'accréditations par l'intermédiaire de grilles d'évaluation qui permettent de quantifier, qualifier la qualité du soin.

Cette certification de la qualité conforte et rassure certainement les dirigeants des structures hospitalières car elle met en avant de manière pragmatique cette notion de qualité. Cependant, la mise en exergue de cette qualité aussi fiable soit-elle car basée sur des éléments quantifiables et mesurables, ne risque-t-elle pas d'occulter des dysfonctionnements majeurs lorsque l'on se situe du point de vue des usagers, voire des soignants eux-mêmes.

Selon Walter Hesbeen, Il est vrai que certains établissements de santé ont bâti leur notoriété sur la médiatisation de leurs moyens techniques, des résultats spectaculaires obtenus dans les traitements de telle ou telle affection et de la valeur de leurs publications scientifiques. Or, cela laisse parfois un goût amer aux malades et à leurs proches qui auraient apprécié un peu plus d'intérêt pour la singularité de leur situation et de la réalité de leur souffrance. En bref, un peu plus d'humanité et de qualité humaine.19

Pour réussir à donner une définition de la qualité de manière adaptée à notre métier d'infirmier et surtout celle la plus pertinente possible, il est indispensable de prendre en compte toutes les données via des outils de mesures parfois très sophistiqués, indéniablement utiles pour apprécier et lister de façon exhaustive cette qualité qui est fondée sur des aspects macroscopiques, les actes réalisés et éventuellement la satisfaction des patients.

18 FORMARIER, M. et JOVIC, L. Op. Cit., P 231

19 Hesbeen, W. La qualité du soin infirmier. De la réflexion éthique à une pratique de qualité. Elsevier Masson, 2017, P 53

16

Cependant, ces données tiennent compte que d'une seule partie seulement de la qualité. Elle ne met pas en avant l'autre partie, celle de la qualité humaine du soignant, qui l'essence même de notre métier.

Cette qualité qui s'inscrit dans une démarche soignante ou il est question de la rencontre et de l'accompagnement de la personne dans toute sa dimension.

Selon la définition conceptuelle de Walter Hesbeen, la qualité du soin est celle qui prend du sens dans la situation de vie de la personne soignée et qui a pour perspective le déploiement de la santé pour elle et pour son entourage. Elle relève d'une attention particulière aux personnes et est animée par le souci du respect de celles-ci et de la prise en compte de leur dignité. Elle procède de la mise en oeuvre cohérente et complémentaire des ressources diverses dont dispose une équipe de professionnels et témoignent des talents de ceux-ci. Elle s'inscrit dans un contexte politique, économique et organisationnel aux orientations, moyens et limites et clairement identifiés.20

De ce fait, il est indispensable de prendre en compte tous les facteurs déterminants de la qualité afin de ne pas nuire à celle-ci.

2.4.2 Les facteurs déterminants de la qualité

Avant de développer ce thème, je voudrais dans un premier temps analyser le mot « déterminant ».

Cet adjectif est composé du verbe transitif « déterminer » qui signifie : influer, établir, définir ou bien encore influencer quelque chose et le faire aller de tel ou tel côté.

Le mot déterminant signifie ici élément qui participe à la production d'un résultat.21 Tout en sachant que le résultat est la finalité de ce que l'on recherche dans cette qualité.

Aussi, il n'est pas aisé de réussir à lister de manière exhaustive tous les déterminants qui pourraient influer sur la qualité car il y a bien évidement d'innombrables facteurs et de situations qui rentrent en compte.

20 Hesbeen, Walter, Op. Cit., P 65

21 Ibid. P 66

17

C'est pourquoi, je vais retenir sept grandes classes, soit les déterminants liés :

1. Aux aspects politiques et économiques

2. A l'organisation concrète des structures

3. Aux réflexions philosophiques et connaissances techniques et scientifiques

4. A la formation des professionnels

5. Au comportement et à la compétence des acteurs

6. A la personne soignée et à ses proches

7. Aux méthodes de recueil d'informations sur les pratiques et aux démarches d'évaluation

Je n'aborderai pas toutes les classes citées ci-dessus même si celles-ci ont chacune leur importance et sont indéniablement liées. Cependant, deux thèmes retiennent mon attention, le déterminant lié au comportement et à la compétence des acteurs et le déterminant lié à la personne soignée et à ses proches.

Commençons par le déterminant lié au comportement et à la compétence des acteurs.

Selon Walter Hesbeen, le comportement définit une attitude, une disposition de l'esprit orientant l'intention d'une personne, il est l'expression concrète d'une réaction dans une situation donnée.

Le comportement de nombreux soignants ne reflète pas réellement leur attitude car les personnes peuvent être influencées par une situation ou par l'environnement qui les conduit à avoir une réaction différente de ce à quoi serait leur réelle intention.

Le comportement évolue sans cesse et peut conduire vers un certain équilibre lorsqu'il ne fausse pas l'attitude authentique et sincère de la personne. Ainsi, la qualité du soin en sera très fortement impactée par cette attitude soignante.

Le désir de qualité, un désir absolu de « prendre soin » son prochain au-delà des actes posés, sera le fil conducteur de cette intention de la qualité qui nous anime.

Pour guider sa réflexion sur l'évolution des attitudes et comportements, Walter Hesbeen retiendra un certain nombre de mots clés qui peuvent servir d'indicateurs, de références à ce que serait un comportement soignant adéquat.

18

Bien sûr, ces mots n'ont pas de valeur de prescription mais d'indication. Entre ces mots, aucune hiérarchie ne s'impose, chacun a son importance et prend des degrés différents selon comment on y porte attention.

« La simplicité » à ne pas confondre avec le mot « simpliste ». C'est une manière d'être qui témoigne d'un soignant conscient de ses limites qui, tout en ayant l'ambition d'aider l'autre, n'a pas la prétention de tout dominer, de tout savoir ou de tout comprendre de la vie de la personne. Elle se traduit par le recours à un langage intelligible et accessible.

« Le respect » n'est pas de la sympathie que l'on pourrait ressentir envers quelqu'un. Il s'inscrit dans une volonté de voir en chacun, quels que soit son histoire, ses différences, un individu égal en dignité et qui fait partie de notre humanité.

« L'écoute », elle permet de recevoir la parole de l'autre, de l'entendre. C'est n'est en aucun cas un discours centré sur soi narrant notre petite vie. Ecouter ne consiste pas à dicter une conduite ou à dire ce que la personne a à faire mais permet de faire exprimer ses incertitudes, ses souffrances et ses difficultés.

« La compassion » très souvent confondue avec la pitié, est un terme difficile à utiliser de part sa connotation religieuse. Dans une définition plus neutre, la compassion est le souci d'alléger la souffrance, le fardeau d'autrui. Elle est l'accueil de l'autre en état de souffrance, accueil de ses angoisses et de ses cris par lesquels nous nous laissons pénétrer, toucher et éprouver.

Ces plaintes que nous entendons et recevons, permettent de soulager l'autre car il sait que quelqu'un les entend et qu'il n'est plus seul à en porter le fardeau. Cela suffit pour qu'elles prennent un autre sens.

« La laïcité » c'est l'acceptation de toutes les opinions et de tous les comportements qui permet de respecter l'autre. Le soignant est confronté à la singularité de chacun mais aussi à la pluralité de tous, il est au contact de la vie et de ses innombrables situations. La laïcité n'empêche pas les croyances de chacun mais en aucun cas, ces croyances personnelles doivent servir de référence pour juger ou asservir l'autre.

« L'humour », il permet d'alléger une situation, de la relativiser même quand celle-ci est éprouvante. Il est nécessaire de l'employer avec justesse, délicatesse et de manière adéquat pour ne pas que celle-ci soit utilisée de façon erronée.

19

« La capacité de s'indigner » est celle qui permet de dire son indignation voire son étonnement face à ce qui se passe, dans le milieu familial, professionnel et qui n'est pas attaché au respect d'autrui. Elle permet de ne pas être passif ou de rester indifférent voire consentant.

Être incapable de s'indigner dans notre métier peut conduire à des situations paradoxales qui seraient décrites comme subies par les soignants du fait de leur silence qui apparait parfois comme des « complices bienveillants » de ces situations.

Cependant, il est important que cette capacité de s'indigner ne mène pas à des faits calomnieux ou à de la délation. S'indigner n'est pas dénoncer telle ou telle pratique mais plutôt « tenir conseil » de manière efficiente pour aborder une situation préjudiciable et trouver des axes d'amélioration.

« La compétence » quant à elle, ne résulte pas de la formation contrairement à ce que l'on pourrait croire. La formation donne des acquis, des connaissances qui doivent être par la suite transformées en compétences.

La compétence est relative à chaque situation de vie, qu'elle soit familiale ou professionnelle. Avant tout, elle se distingue par la faculté du soignant, quel que soit son niveau de formation, à aller à la rencontre de la personne et de faire un bout de chemin avec elle.

Chacun de nous est entrepreneur de ses compétences, nous pouvons avoir des connaissances mais pour autant, éprouver des difficultés à les adapter à celles des autres ou à les combiner avec la réalité de notre environnement.

Il est donc nécessaire de transformer nos ressources en compétences tout en sachant que nous ne pouvons pas être compétents dans toutes situations car chacune d'elle reste complexe et singulière. C'est pourquoi, il convient d'évaluer ses compétences, sa faculté d'associer ses ressources dans chaque situation rencontrée.

Pour finir, Walter Hesbeen nous éclaircie sur la partie concernant le déterminant lié à la personne soignée et à ses proches.

Acteur de sa santé, le soigné fait partie intégrante dans la qualité de la pratique soignante, compte tenu que celle-ci est basée sur une rencontre et un accompagnement.

L'avenir de la personne, la compréhension de sa maladie, l'intérêt de ses traitements, son projet de vie, l'envie de vaincre son affection qui n'est pas acquise de manière systématique

20

sont tout autant des facteurs qui vont influer sur sa motivation, son acception à la démarche entreprise. C'est la motivation d'elle-même qui va l'objectiver à atteindre son but.

Nous n'avons pas le pouvoir de motiver les autres, nous pouvons simplement leur donner ou leur faire entrevoir des raisons désirables tel un message d'espoir afin qu'ils parviennent à se motiver par leur propre initiative.

Quant aux proches, leur propre vécu de la situation et leur souffrance éventuelle sont autant d'éléments déterminants. La reconnaissance de cette douleur qui n'est pas celle du malade est primordiale dans une prise en soin de qualité.

Avoir une affection et voir ses proches souffrir, s'émouvoir ou éprouver des difficultés ne participe pas à un état d'équilibre. Cela conduit fortement à la culpabilité du malade qui ne peut être négligée.

C'est pourquoi, le soignant doit tenir compte de tout l'environnement du soigné et de toutes les personnes qui gravitent autour afin d'accomplir de façon éthique son devoir de prendre soin et d'aspirer à un but ultime, qui est la qualité du soin infirmier.

2.4.3 La qualité du soin, une dimension éthique

« Le terme éthique vient du grec « ethikos » qui signifie morale et de « ethos » qui signifie moeurs. Dans la philosophie grecque, « l'éthique est une partie de la philosophie qui concerne la conduite de la vie humaine en tant qu'elle est orientée par la recherche du bien. Elle désigne la science de la morale ».22

Parler d'éthique sans définir au préalable le sens de la morale nous induirait en erreur et nous conduirait à confondre les deux concepts qui se distinguent l'un et l'autre mais qui sont pour autant, complémentaire.

La morale stipule les règles de conduites qui permet aux individus de vivre en communauté. Elle illustre la différence entre le bien et le mal et rappelle les règles de grands principes, les références et les valeurs qui dictent l'agissement de l'homme.

L'éthique quant à elle, s'appuie sur les fondements de la morale, à partir d'une réflexion et d'un raisonnement établi dans le but de mettre en oeuvre un agissement en commun ne laissant aucune place à la déraison, un agissement empreint de sens et de justesse.

22 FORMARIER, M. et JOVIC, L. Op. Cit., P 176

21

Dans notre discipline, il est le droit et le devoir de tout un chacun de s'interroger sur sa pratique soignante afin de se remettre en question, d'oeuvrer en équipe pluriprofessionnelle sur les difficultés de la prise en soin et cela, toujours dans l'intérêt des personnes soignées.

« Cela permet d'une part, de susciter la réflexion et de contribuer à mettre la pensée en mouvement et, d'autre part, d'aider à prendre conscience qu'une pratique qui n'est pas questionnée est une pratique qui ne peut pas évoluer ».23

L'éthique s'appuie toujours sur des fondements moraux afin de préserver dans toutes les circonstances la vie humaine, c'est pourquoi au regard de cela, des droits ont été établies et explicités tels que :

? Le droit au respect de la personne humaine, de son intégrité et de sa dignité

? Le droit à l'information

? Le droit à la liberté et au respect de la vie privée

? Le droit au traitement équitable

? Le droit de refuser l'obstination déraisonnable

Toute cette liste de droits non exhaustive suggère une prise en soin de l'individu dans toute sa dimension humaine et dans le respect de son unicité. Si l'éthique évoque cet aspect, il en va du devoir de l'appliquer quelles que soient les circonstances afin d'atteindre au maximum cette qualité tant recherchée. Cependant, en ce temps de tumultes hospitaliers, la qualité du soin ne pourrait-elle pas cacher une autre notion un peu moins avouable de productivité.

2.4.4 Qualité et productivité

Dans notre métier, il serait embarrassant voire inconcevable d'assimiler la qualité à la productivité, c'est pourquoi il est nécessaire de bien comprendre la notion de « productivité ».

Dans le mot « productivité », il y a bien entendu le verbe « produire » qui, dans un sens plus large signifie : créer, fabriquer, concevoir, fournir des produits et des services.

La productivité pourrait nous faire rappeler les objectifs des industries, des petites, moyennes et grandes entreprises puisqu'elle contribue fortement aux résultats de celles-ci.

23 Hesbeen, Walter, Op. Cit., P 17

22

Il y a un rapport entre la production et les différents moyens et facteurs déterminants qui ont permis de l'obtenir comme par exemple, la quantité de travail fournie, le nombre d'hommes jour, les dépenses engendrées, etc.

Aussi, dans la productivité, il y a bien sûr la notion de « qualité » (qualité des machines, des matériaux, des procédures, qualité du travail rapide et efficace...) qui fait partie intégrante et participe pleinement à la production et concourt au résultat final.

Pour autant, si la qualité est visiblement un facteur déterminant de la productivité, peut-on l'associer au même titre à notre métier d'infirmier ou il est surtout question de qualité humaine, cette qualité non mesurable, non qualifiable et qui nécessite par ailleurs de prendre soin, d'écouter et d'aller vers l'autre. Ces paramètres indéfinissables, tant ils restent abstraits, jouent pourtant un rôle fondamental dans la finalité du soin.

Cependant la notion de productivité existerait-elle dans notre travail au quotidien ? prenons comme exemple une infirmière qui travaille dans un service hospitalier quelconque.

Elle a en charge un secteur complet qui représente 20 lits donc potentiellement 20 patients à prendre en soins. Dans son travail, tout est planifié car il est nécessaire de dispenser les soins à des heures précises. La charge de travail est lourde et les traitements aussi. Aujourd'hui, les 20 lits sont pris, donc la cadence est donnée.

Elle donne les traitements au premier patient, ils discutent ensemble, elle s'attarde un peu et quinze longues minutes se passent, elle est en retard sur son planning et ne pas le respecter sous-entend avoir moins de temps pour les autres patients.

Aussi, dans son travail quotidien, elle doit répondre à des impératifs, remplir des données qui serviront certainement d'indicateurs (pour la qualité ou pour la productivité ?).

Le temps passe, elle doit toujours donner des soins et elle n'a plus le temps de prendre soin. Malgré son envie de consacrer du temps aux patients, elle ne peut se le permettre car l'heure tourne. De ce fait, l'infirmière devient contre son gré, « un donneur de soin » au risque de banaliser l'humain. Cet humain qui devrait-être considéré dans toute sa dimension.

23

Pour respecter ce temps précieux, elle doit impérativement répondre aux exigences du planning ou tout est millimétré, chronométré, systématisé tel un modèle sorti du taylorisme qui conduit vers des « tâches à faire » ou le soignant devient un « technicien spécialisé » abordant le patient comme « un corps objet ».24

Les tâches à faire, les actes à poser font bien partie de notre activité au quotidien et sont d'autant plus mesurables et qualifiables. Ils sont planifiés, systématisés et répondent à des plages horaires précises dont il serait compliqué de ne pas les respecter. Ce systématisme oblige les professionnels que nous sommes à effectuer des soins tels des « exécutants de tâches standardisées » répondant à des protocoles tracés et prédéfinis à l'avance.

Notre pratique est objectivée par cette organisation qui nous contraint à aller de chambre en chambre, de pathologie en pathologie pour exécuter des actes bien déterminés par le plan de soins qui lui est basé sur le « faire » et principalement centré sur le corps que le patient « a ». Ce « corps-objet » qu'il s'agit de nourrir, laver, manipuler, panser, piquer laissant peu de place à nos affects et à nos intentions personnelles.

Pour autant, procéder de la sorte permet indéniablement de respecter le temps et de ne pas empiéter sur le plan de travail qui pourrait-être considéré comme « contre-productif ». Cela pourrait porter à croire que l'on participe pleinement à la qualité du soin infirmier. Or, ici la qualité en est réduite à la « productivité », occultant déplorablement l'autre dimension de cette qualité, celle de « prendre soin » de l'autre qui souffre, de l'entendre, de l'escorter, de l'accompagner dans ce qu'il a à vivre et à nous offrir qui l'essence même de notre métier.

Force est de constater que cette notion de productivité est belle et bien présente quel que soit le domaine. Que l'on exerce dans un secteur primaire, secondaire, tertiaire ou en l'occurrence dans le domaine de la santé, notre travail gravitera toujours autour de cette productivité car elle est l'élément moteur de la « production ».

Cette rationalisation légitimée par la quête du rendement concourt certainement à la santé économique et à la pérennité de l'entreprise ou de l'institution mais certainement au détriment du talent et de la qualité humaine de tout un chacun. C'est pourquoi cela m'a conduit vers une hypothèse de recherche.

24 Hesbeen, Walter, Op. Cit., P 29

24

3 Hypothèse de recherche

Chaque jour, nous pouvons déplorer l'épuisement de notre système de santé. La dotation financière, matérielle et humaine se réduit d'année en année comme « une peau de chagrin ». Pour preuve, les médias nous interpellent très souvent, en nous diffusant des images de soignantes et soignants descendant dans les rues pour manifester leur mécontentement justifiant celui-ci par une charge de travail exponentielle, des effectifs réduits, un manque de matériel manifeste et une augmentation croissante de patients.

C'est pourquoi, le domaine hospitalier s'est vu repenser légitimement son organisation et ses pratiques, telle une entreprise de biens et de services. Ceci, afin d'optimiser au maximum le travail et pour pouvoir ainsi, réduire les coûts et supporter au mieux la charge financière et pérenniser son activité dans la durée. La difficulté sera de réussir à concilier la réduction des moyens avec la qualité.

La remise en question de notre pratique qui, dans le but de réduire les dépenses aura irrémédiablement un impact sur la qualité des soins. Toutes les tâches et en l'occurrence, Les actes infirmiers sont minutés, repensés, recalibrés, planifiés, quantifiés, et viennent alimenter des indicateurs qui vont permettre d'améliorer et d'optimiser les soins. Hélas, cela laisse que peu de place à la réflexion et à l'initiative individuelle de chacun.

Cette démarche quelque peu délétère et coercitive conduit inexorablement les soignants à aller de plus en plus vite dans « le faire » et à déprécier la réalisation des soins en exécutant « des tâches à faire ».

Cela offre peu d'espace à la relation humaine et au prendre soin qui nécessitent quant à eux, de consacrer du temps et de donner un peu de notre « esprit soignant » et qui pourtant, valorise notre pratique.

Afin de palier à la problématique de la qualité, cela m'amène à l'hypothèse suivante, celle de la mise en place d'une instance de « réflexion éthique des situations de soins ». Elle contribuerait à préserver et promouvoir la qualité du soin infirmier. Les acteurs présents seront invités sur la base du volontariat. Ce volontarisme qui permettrait de réfléchir librement et d'émettre des opinions positives contrairement à la contrainte où les pensées de l'esprit sont obtuses avec un renfermement de ses idées et de ses valeurs.

25

Cette réflexion mettrait en synergie, les pensées individuelles avec celle de la conscience collective au profit d'un questionnement positif sur nos pratiques. Chacun pourrait s'exprimer librement sans jugement et en toute impartialité afin de faire valoir « sa capacité de s'indigner ». Comme cité précédemment, cela dans un but de « tenir conseil ». Tout en sachant, qu'il y a toujours nécessité et le devoir de se questionner sur nos pratiques.

« Une pratique qui n'est pas questionnée est une pratique qui ne peut pas évoluer ».

Cette réflexion éthique doit être menée loin des tumultes de l'action et de l'agitation, loin de « l'agir » et du « faire ». Elle nous accorderait un moment de sérénité et de neutralité ou les professionnels pourraient mettre en exergue leur humanité, rediscuter et interagir ensemble sur les situations de soins. Ils se questionneraient sur la notion du « mal faire » et celui du « bien faire » et cela, toujours en quête de cette qualité.

4 Projet de recherche

« La réflexion éthique des situations de soins » s'adresse à tous les acteurs de santé (directeur des soins, cadres, médecins, infirmières, aides-soignants, etc.) qui gravitent autour des femmes et des hommes auxquels sont destinées les soins.

Elle n'est pas objectivée par l'intention de donner des directives mais plutôt de « tenir conseil » aux professionnels qui sont eux-mêmes les acteurs dans cette réflexion. Elle permettrait d'aboutir à une évolution de notre pratique grâce à des personnes empreintes par cette préoccupation éthique qui est, me semble -il, le fil conducteur de la qualité.

L'instance se tiendrait une fois par mois et peut être adaptée à tous les domaines de soins quels qu'ils soient (hospitalier, institution, etc.). Elle permettrait, d'analyser à froid, de relire à distance des situations de soins.

A partir de la réflexion individuelle et collective et de la prise de conscience de tout un chacun, il sera élevé ensemble, une réflexion éthique qui contribuera à trouver un consensus sur notre façon de faire, d'agir et notre manière d'être auprès des personnes soignées.

26

Elle s'appuierait sur plusieurs questions élémentaires mais non exhaustives :

? Quels sont les éléments interpellant dans cette situation ? Y-a-il des éléments positifs ou négatifs ? Pourquoi ?

? En quoi la prise en soin de la personne soignée vous a-t-elle semblée adaptée ou non adaptée ? Pourquoi ?

? Dans cette situation, est-il notion de soin dans toute sa globalité ? Pourquoi ?

? En quoi la personne soignée a-t-elle été satisfaite ou insatisfaite par notre pratique ? pourquoi ?

? En quoi les besoins et les attentes de la personne soignée ont-ils été satisfaits ? Pourquoi ?

? En quoi notre façon de faire, d'agir et notre manière d'être vous ont-elles semblées congruentes ? Pourquoi ?

? Avec de recul, devrions-nous de repenser ce soin ? Pourquoi ?

Cette démarche devra s'inscrire dans une évaluation positive et qualitative de notre savoir-faire et savoir-être. Elle mettra en exergue notre réflexivité au bénéfice de la qualité relative à nos pratiques. Elle laissera présager des professionnels impliqués, soucieux du « bien faire » et soucieux de l'être humain dans toute sa dimension.

Dans une atmosphère de travail où le « faire vite » peut-être assimilé au « bien faire », il y a nécessité à mettre en éveil notre capacité de réflexion. Celle-ci nous amènerait vers un questionnement éthique sur nos pratiques où notre principale préoccupation sera centrée sur une prise en soin de qualité pour les femmes et les hommes qui ont fait appel à notre « devoir » et à notre « esprit soignant ».

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote