CENTRE D'ETUDES ET DE RECHERCHES SUR LE DEVELOPPEMENT
INTERNATIONAL (UMR CNRS 6587)
MASTER 2 MENTION ECONOMIE DU DEVELOPPEMENT
PARCOURS : « DEVELOPPEMENT DURABLE
»
U N I V E R S I T E C L E R M O N T AUVERGNE - E C O L E D ' E C
O N O M I E
ANALYSE TECHNICO-ECONOMIQUE D'EXPLOITATIONS EN
ELEVAGE BIOLOGIQUE DANS LE MASSIF CENTRAL DE 2014 À 2018
...
Institution d'accueil : Mémoire
réalisé par :
INRAE Auvergne-Rhône-Alpes
(Theix, Saint-Genes-Champanelle) KOUAKOU Affoué
Aimée Edith
Tuteur : Année universitaire :
VEYSSET Patrick 2019 /2020
Responsable pédagogique :
Pascale MOTEL-COMBES Septembre 2019
L'Université n'entend donner aucune approbation ni
improbation aux opinions émises dans ce rapport ; ces opinions doivent
être considérées comme propres à leur auteur.
CENTRE D'ETUDES ET DE RECHERCHES SUR LE DEVELOPPEMENT
INTERNATIONAL (UMR CNRS 6587)
MASTER 2 MENTION ECONOMIE DU DEVELOPPEMENT
PARCOURS : « DEVELOPPEMENT DURABLE
»
U N I V E R S I T E C L E R M O N T AUVERGNE - E C O L E D ' E C
O N O M I E
ANALYSE TECHNICO-ECONOMIQUE D'EXPLOITATIONS EN
ELEVAGE BIOLOGIQUE DANS LE MASSIF CENTRAL DE 2014 À 2018
...
Institution d'accueil : Mémoire
réalisé par :
INRAE Auvergne-Rhône-Alpes
(Theix, Saint-Genes-Champanelle) KOUAKOU Affoué
Aimée Edith
Tuteur : Année universitaire :
VEYSSET Patrick 2019 /2020
Responsable pédagogique :
Pascale MOTEL-COMBES Septembre 2019
L'Université n'entend donner aucune approbation ni
improbation aux opinions émises dans ce rapport ; ces opinions doivent
être considérées comme propres à leur auteur.
Keywords: Organic farming- Ruminants -
productivity gains
Résumé
Cette étude porte sur l'analyse technique et
économique des exploitations de ruminants en élevage biologique
à l'échelle du massif central. Une analyse en composante
principale réalisée à partir des données de 58
fermes suivies sur 5 années (2014-2018), a permis d'établir une
typologie des exploitations. Ainsi, l'agrandissement est associé
à une baisse des coûts de production et une diversification de
l'assolement ainsi que des activités, ce qui est favorable à
l'autonomie alimentaire ; Les systèmes herbagers sont autonomes en
fourrages et présentent des charges relativement faibles qui permettent
de bons résultats économiques ; Dans les systèmes plus
intensifs, le problème majeur sera l'autonomie alimentaire et les
charges de structures importantes, cependant, l'intensification permet d'avoir
une bonne productivité animale. La méthode des comptes de surplus
permet d'expliquer l'origine et la distribution des gains de
productivité entre les différents agents économiques.
Cette méthode a été appliquée sur les
données des 58 fermes suivies entre 2014 et 2018. Au cours de la
période, la productivité globale des facteurs a baissé
dans les élevages biologiques du MC. En cumul, le surplus de
productivité global a chuté de 21 640 € soit une chute de
2.65% par an. L'étude a révélé la forte
dépendance aux aides de l'Etat de toutes les exploitations et
particulièrement des filières bovin viande, bovin lait et ovin
lait. L'augmentation des aides n'arrive pas à empêcher la baisse
des revenus des exploitants qui ont baissé en cumul, de 13900 €
soit 49%. Enfin la régression effectuée par la méthode
Semi-paramétric maximum likelihood (SML) a montré que l'atteinte
de l'autonomie alimentaire globale pour une ferme est nécessaire pour
l'obtention de bons résultats économiques. L'intensification des
facteurs de production, la diversification des activités productives au
sein de la ferme et le recours à la main d'oeuvre salariée sont
des facteurs favorisant la réalisation de gains de productivité ;
quand un accroissement de la taille de l'exploitation aurait un effet
négatif sur le surplus de productivité global.
Mots clés : Agriculture biologique -
Ruminants - gains de productivité
Title: Technical and economic analysis of
organic farming in the French massif central over the period 2014 to 2018
Abstract
This study focuses on the technical and economic analysis of
organic ruminant farms in the French Massif Central. A principal component
analysis, based on data from 58 farms over 5 years (2014-2018), helped to
define a typology of farms. Thus, expansion is associated with a reduction in
production costs and diversification of crop rotation and activities, which is
favourable to food autonomy; Grazing systems are self-sufficient in fodder and
have relatively low costs, which allows good economic results; In more
intensive systems, the major problem will be food autonomy and high structural
costs; however, intensification allows good animal productivity. The surplus
accounts method is used to explain the origin and distribution of productivity
gains among the different economic agents. This method was applied to the data
of the 58 farms studied between 2014 and 2018. Over the period, the total
factor productivity declined in organic farms in the MC. Cumulatively, the
global productivity surplus fell by €21,640, i.e. a drop of 2.65% per
year. The study revealed the strong dependence on State aid of all farms and
particularly in the beef cattle, dairy cattle and dairy sheep farming sectors.
The increase in aid has not however prevented a drop in farmers' incomes, which
have fallen cumulatively by €13,900, i.e. 49%. Finally, the regression
performed using the Semi-parametric maximum likelihood (SML) method has shown
that achieving overall food autonomy for a farm is necessary to achieve good
economic results. Intensification of production factors, diversification of
productive activities within the farm and the use of paid workers are factors
favouring productivity gains; when an increase in the farm's size would have a
negative effect on the overall productivity surplus.
REMERCIEMENTS
Mes remerciements s'adressent principalement à mon
tuteur, Patrick VEYSSET pour la confiance accordée et l'excellent
encadrement que j'ai reçu dans la réalisation de ce projet.
De même, j'adresse mes remerciements à
l'équipe pédagogique et aux responsables de la formation, Madame
Pascal MOTEL-COMBES et Madame Sonia SCHWARTZ pour tout le soutien, l'aide, les
conseils précieux et les encouragements avant et pendant ce stage.
J'adresse également mes vifs remerciements à
toute l'équipe Comète de l'INRA Clermont - Theix UMRH, pour leur
accueil chaleureux et leur disponibilité.
Je tiens également à remercier ma
précieuse famille pour son soutien inconditionnel et ses
encouragements.
Enfin, à mes ami-e-s et toutes les personnes qui ont
contribué de près ou de loin à la réalisation de ce
projet, recevez ma reconnaissance.
1
SOMMAIRE
TABLE DES TABLEAUX 2
TABLE DES FIGURES 3
LISTE DES ABBREVIATIONS 4
PRESENTATION DE L'ORGANISME D'ACCUEIL 6
INTRODUCTION 7
I. ANALYSE BIBLIOGRAPHIQUE ET PROBLEMATIQUE DE RECHERCHE
8
I.1. Agriculture Biologique en France et ses enjeux :
Caractéristiques générales 8
I.2. L'élevage en agriculture biologique 10
I.2.1. Comparaison AB et AC 10
I.2.2. Durabilité de l'élevage biologique de
ruminants 11
I.2.3. L'élevage biologique de ruminants dans le Massif
Central et la nécessité de fournir des
références sur les systèmes
d'élevage : Projet Bioréférence, présentation de
l'étude. 12
I.3. La productivité des facteurs de production comme
mesure de l'efficience des exploitations 14
II. MATERIEL ET METHODES 17
II.1. Composition de la base de données et
sélection des variables 17
II.2. Méthodologie de l'analyse des données 18
II.2.1. Analyse descriptive des caractéristiques des
exploitations et de leur évolution 18
II.2.2. Analyse de la variabilité des exploitations 18
II.2.3. Déterminer la productivité des facteurs et
évaluer l'efficience du système de production 21
II.2.4. Estimer les déterminants de la performance
économique des systèmes AB du MC 24
III. RESULTATS ET INTERPRETATIONS 27
III.1. Les caractéristiques des exploitations 27
III.1.1. Description des exploitations de notre
échantillon 27
III.1.2. Evolution des grandes caractéristiques des
exploitations sur 5 ans 28
III.2. La variabilité des exploitations 35
III.2.1. Comment s'exprime la variabilité globale des
exploitations 35
III.2.2. Quelle typologie des exploitations peut-on faire ? 37
III.2.3. Comment s'exprime la variabilité d'une
année à l'autre 39
III.3. Formation et répartition des gains de
productivité en élevage biologique de ruminants dans le MC :
La méthode des comptes de surplus 40
III.3.1. Evolution des gains de productivité en
élevage Bio de ruminants du MC 40
III.3.2. Formation et répartition des gains de
productivité 44
III.4. Les déterminants de la performance
économique et de l'efficience globale des exploitations 48
IV. DISCUSSIONS 51
IV.1. Quels systèmes sont les plus efficients 51
IV.2. La méthode des comptes de surplus 52
CONCLUSION 54
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 55
ANNEXES 58
2
TABLE DES TABLEAUX
Tableau 1 : Situation des exploitations et des surfaces
impliquées par le bio en 2018 et croissance par
rapport à 2017 9
Tableau 2: Equilibre du compte de surplus 22
Tableau 3 : Liste des produits et charges qui entrent dans la
décomposition du surplus 24
Tableau 4 : Liste des variables et leurs définitions
26
Tableau 5 : Comparaison entre les exploitations du RICA et
Bioréférence et évolution 28
Tableau 6 : Les variables les mieux corrélées
aux axes de l'ACP 36
Tableau 7 : Corrélation entre les variables de
résultats économiques et les axes de l'ACP 37
Tableau 8 : Moyennes des variables pour chaque classe 38
Tableau 9 : Compte de surplus cumulé, moyenne par
exploitation en € constants et en % des ressources
et emplois ...45 Tableau 10 : Compte de surplus
cumulé, moyenne par exploitation en € constants et en % des
ressources
et emplois pour la filière bovin lait 45 Tableau 11
: Compte de surplus cumulé, moyenne par exploitation en € constants
et en % des ressources
et emplois pour la filière bovins viande 46 Tableau
12 : Compte de surplus cumulé, moyenne par exploitation en €
constants et en % des ressources
et emplois pour la filière ovins lait 47 Tableau 13
: Compte de surplus cumulé, moyenne par exploitation en € constants
et en % des ressources
et emplois pour la filière ovins viande 47 Tableau
14 : Compte de surplus cumulé, moyenne par exploitation en €
constants et en % des ressources
et emplois pour la filière caprins 48
Tableau 15 : Résultats des estimations 49
3
TABLE DES FIGURES
Figure 1 : Évolution de la part des cheptels
élevés en bio entre 2013 et 2018 9
Figure 2 : Evolution du nombre d'exploitation engagées
en signe de qualité Bio dans le Massif
central ..12
Figure 3 : Répartition des exploitations par
régions d'élevage ..27
Figure 4 : Evolution de la surface agricole et de l'assolement
29
Figure 5 : Evolution de la main d'oeuvre 29
Figure 6 : Evolution de la productivité du travail
30
Figure 7 : Evolution de la productivité animale 31
Figure 8 : Evolution de l'autonomie alimentaire 32
Figure 9 : Valorisation et coûts de production 33
Figure 10 : Valorisation et coûts de production par
types de production 33
Figure 11 : Evolution des produits et des charges 34
Figure 12 : Evolution des résultats économiques
par main d'oeuvre 35
Figure 13 : Evolution du cumul du SPG des exploitations
Bioréférence entre 2014 et 2018 41
Figure 14 : Variation des volumes des consommations
intermédiaires .41
Figure 15 : Evolution du cumul du SPG en élevage Bio de
bovins lait entre 2014 et 2018 .42
Figure 16 : Evolution du cumul du SPG en élevage Bio de
bovins viande entre 2014 et 2018 42
Figure 17 : Evolution du cumul du SPG en élevage Bio
ovins lait entre 2014 et 2018 43
Figure 18 : Evolution du cumul du SPG en élevage Bio
ovins viande entre 2014 et 2018 ..43
Figure 19 : Evolution du cumul du SPG en élevage Bio
caprins entre 2014 et 2018 44
4
LISTE DES ABBREVIATIONS
AB : Agriculture biologique
AC : Agriculture conventionnelle
ACP : Analyse en composantes principales CAH : Classification
ascendante hiérarchique MC : Massif central
SPG : Surplus de productivité globale
5
LISTE DES ANNEXES
Annexe 0 : Carte du Massif Central 58
Annexe 1 : Evolution des caractéristiques des
exploitations 60
Annexe 2 : Résultats des ACP 61
Annexe 3 : Surplus de productivité globale 64
Annexe 4 : Analyse économétrique 64
6
PRESENTATION DE L'ORGANISME D'ACCUEIL
Le stage a été réalisé dans la
cadre du projet Bioréfrence qui engage une vingtaine de partenaires :
instituts de recherches, professionnels de l'agriculture, chambres
d'agricultures, administrations publiques... Le projet répond au besoin
de fournir des références technico-économiques sur les
exploitions d'élevage de ruminants dans le massif central. Pour ce
stage, la stagiaire a été accueillie au site de
Theix/Saint-Genes-Champanelle (Auvergne Rhône Alpes) de l'Institut
National de Recherche pour l'Agriculture, l'Alimentation et l'Environnement
(INRAE) pendant 6 mois au sein de l'unité mixte de recherche sur les
herbivores (UMRH) qui est une unité conjointe entre deux unités
l'INRA et l'institut VetAgroSup, où elle a intégré
l'équipe COMETE - Conception, modélisation et évaluation
des systèmes d'élevage d'herbivores. L'équipe
dirigée par Patrick VEYSSET étudie les systèmes
d'élevage et leurs composantes (troupeau et lots d'animaux, productions
de fourrages et de céréales, moyens de production, pratiques de
production), avec un accent sur les systèmes herbagers en zones
défavorisées ou de montagne, dont les systèmes mixtes
combinant plusieurs espèces ou productions (animaux,
végétaux). L'équipe conduit des recherches alliant des
observations en fermes commerciales à des expérimentations
système à long terme, ainsi que de la modélisation de
systèmes, avec une approche itérative (INRAE, 2020).
« Le centre de Clermont-Ferrand-Theix compte 770 agents
permanents dont 340 chercheurs et ingénieurs. Il regroupe l'ensemble des
30 unités de recherches et unités expérimentales
implantées en Auvergne, laboratoires, associés ou non de la
région Rhône-Alpes. Ces laboratoires sont rattachés
à 11 départements de recherche qui relèvent des 5
directions scientifiques de l'institut. Le centre représente 40 % de la
recherche publique en Auvergne. Les domaines de recherche couverts par le
centre sont très variés : - la nutrition (étude des
mécanismes de l'ingestion, de la digestion et du métabolisme),
l'alimentation et la pathologie des herbivores ainsi que les systèmes
d'élevage et l'économie de ces productions ; - la gestion et la
valorisation des espaces ruraux en zones sensibles de moyenne montagne ; - la
filière viande : étude de la croissance musculaire chez les
bovins et les ovins, des qualités de la viande et des processus de
transformation ; - la filière lait-fromages, avec des recherches qui
s'appuient sur le "Pôle fromager AOC Massif-Central" (facteurs de
production, caractérisation et spécificités) ; - la
qualité nutritionnelle des aliments de l'homme, notamment chez les
personnes âgées, au sein du Centre de Recherches en Nutrition
Humaine (CRNH) à Clermont-Ferrand ; - les productions
végétales et les méthodes d'amélioration
(génétique, agronomique, physiologique et microbiologique) des
espèces cultivées : plantes de grandes cultures, plantes
fourragères et arbres fruitiers. Le centre participe également
aux activités de formation. Il contribue aussi à la formation de
nombreux stagiaires et thésards français et étrangers
(environ 300 par an). Le centre développe fortement ses relations
partenariales : notamment avec le monde de la recherche, les autorités
politiques régionales, les organismes de transfert et de
développement (ADIV) et les partenaires socio-économiques. De
nombreuses collaborations existent également au niveau de l'Union
Européenne et international. » (INRA,2010).
7
INTRODUCTION
Depuis la fin des années 1990, l'agriculture biologique
(AB) a connu un important développement en France et représentait
en 2019, 8.5% de la surface agricole (Agence Bio, 2020). Le Massif central qui
englobe 4 régions (voir annexe) est une des plus grandes zones
françaises d'élevage avec 85% du territoire qui est
consacré à l'élevage d'herbivores dont 38% des
exploitations orientées en bovins viande, 20% en bovins lait et 16% en
ovins/caprins. Dans le Massif central, la prairie, permanente ou temporaire,
les landes et parcours sont autant de surfaces agricoles riches de leur
biodiversité, économes en eau et structurantes pour les paysages
que l'élevage biologique pourrait contribuer à protéger,
tout en participant au maintien de l'emploi. Au niveau national comme au niveau
du Massif central, les différentes filières de l'AB
(céréales, légumes, lait, viande) se structurent lentement
et souvent avec des difficultés (Schieb-Bienfait et Sylvander, 2004). Le
développement de l'élevage biologique dans le Massif passe par la
fourniture de références technico-économiques
réactualisées sur les systèmes de production biologiques.
Ces références permettent en effet de mieux caractériser
ces systèmes et les éléments clés expliquant leur
durabilité, leur capacité à valoriser les ressources
naturelles, leur adaptation face aux aléas (économiques,
climatiques) et leurs atouts pour le développement durable des
territoires. Ces connaissances permettront d'améliorer la
productivité des systèmes et donc améliorer la
compétitivité des filières d'élevage biologique du
Massif (Latruffe, 2010).
L'objectif de ce travail est triple : Faire l'analyse
technico-économique globale des exploitations d'élevage en
agriculture biologiques du Massif Central dans un premier temps, dans un second
temps évaluer les gains de productivité, leur formation et
répartition au sein des acteurs et dans un troisième temps,
évaluer les déterminants de gains de productivité des
filières d'élevage de ruminants agroécologiques du Massif
Central. Nous avons privilégié une approche statistique
exploratoire pour analyser la variabilité des exploitations dans leur
structure et fonctionnement, avant, par l'application de la méthode des
surplus, de comprendre la formation et la répartition des gains de
productivité, afin, par l'application de méthodes
économétriques de déterminer les éléments
qui permettent d'obtenir de bons résultats économiques. En effet,
notre étude porte sur 58 exploitations agricoles d'élevage de
ruminants en agriculture biologique, localisées dans le massif central
où les systèmes d'élevage sont divers, mais dans leur
très grande majorité, des systèmes d'élevages
extensifs de ruminants fondés sur les prairies, les landes et les
parcours qui caractérisent l'agriculture du Massif Central. La
présente étude apporte ainsi une contribution originale sur des
données en élevage biologique dans le massif central.
Après avoir présenté une synthèse
bibliographique sur l'élevage en agriculture biologique, et les mesures
de la productivité en économie, nous décrivons les
données utilisées et la méthodologie adoptée. Nous
exposerons ensuite les résultats concernant la variabilité des
exploitations, la formation et la répartition du surplus de
productivité global des facteurs de production et les
déterminants de gains de productivité en production biologique
avant d'apporter des éléments de discussion et de conclusion.
8
I. ANALYSE BIBLIOGRAPHIQUE ET PROBLEMATIQUE DE
RECHERCHE
I.1. Agriculture Biologique en France et ses enjeux :
Caractéristiques générales
C'est en 1981 que les pouvoirs publics français
reconnaissent officiellement l'agriculture biologique. Une Commission nationale
en charge de l'organisation et du développement de l'agriculture
biologique a alors été créée. En 1991, un
règlement communautaire a repris les principes édictés en
France pour les appliquer aux productions végétales, puis en 2000
aux productions animales (
agriculture.gouv.fr,
2020). Afin de mieux cerner le contexte de l'agriculture biologique en France,
nous commencerons notre analyse par faire un petit historique de
l'évolution de l'agriculture biologique en France et des politiques.
L'agriculture biologique a fait l'objet de plans de
développement qui se sont succédé depuis 1998, plans qui
partageaient une démarche quasi-identique, celle de la fixation
d'objectifs quantitatifs à terme précisément sur la
surface agricole à voir convertie en bio. Ainsi en 1997, le gouvernement
français a lancé un plan d'action de 60 millions de Francs
français. Le Plan avait pour objectif d'atteindre un nombre de 25 000
exploitations biologiques et une superficie biologique cultivée d'un
million d'hectares soit 3 % de la surface agricole en 2005. Dans ce sens, en
1999 le Ministère de l'Agriculture a doublé, et dans certains
cas, triplé le soutien financier accordé aux agriculteurs
adoptant les méthodes de production respectant les principes de
l'agriculture biologique.
Jusqu'à la fin des années 2000, en France, la
part des exploitations AB était comparativement faible. En 2010, la part
des surfaces exploitées en bio n'y atteignait pas 3 %. Depuis, il y a eu
une réelle expansion de la part de la surface agricole utile en
production biologique, avec une progression de plus de 80 % entre 2010 et 2016,
bien supérieure au taux de progression Européen qui se situait
à près de 30%. La France avait la meilleure dynamique de
progression quand dans la même période, le taux d'évolution
de la part des surfaces agricoles en AB dans la surface agricole totale
était de 30% pour l'Allemagne, 55 % pour l'Italie, 26% pour l'Espagne et
16% pour les Pays-Bas. Cette dynamique doit toutefois être
relativisée dans la mesure où le point de départ de la
France était particulièrement bas, puisqu'à la fin des
années 2000 elle occupait l'une des plus faibles positions dans
l'ensemble européen. Depuis, le rythme de croissance des surfaces qui
s'impliquaient dans la production biologique est resté très
soutenu de sorte que, la surface concernée par l'agriculture biologique
s'élève à 7,5 % du total en 2018 selon les statistiques
réunies par l'Agence Bio (tableau 1).
9
Tableau 1 : Situation des exploitations et des surfaces
impliquées par le bio en 2018 et croissance par rapport à 2017
Source : Agence bio 2019
La dynamique d'évolution des surfaces en bio
diffère en fonction des productions et des régions. Et
l'élevage est le secteur comparativement le moins impliqué dans
la production en agriculture biologique même si la croissance des
conversions est continue. Les productions de vaches allaitantes, de poulets de
chair et de truies ont eu les taux de conversions à l'agriculture
biologique les plus faibles entre 2013 et 2018 (Figure 1).
Figure 1 : Évolution de la part des cheptels
élevés en bio entre 2013 et 2018 Source : Agence Bio, 2019
10
Ce « retard » de l'élevage dans le bio est
sans doute lié aux difficultés particulières auxquelles
les élevages en bio peuvent se trouver confrontées lors des
périodes de sécheresse. S'agissant d'élevage, il faut
également analyser l'évolution des surfaces en bio avec celle des
surfaces fourragères et des prairies qui passent en bio. Quoi qu'il en
soit, de 2007 à 2017, la part des surfaces fourragères en bio a
été multipliée par 5 quand dans le même temps, le
cheptel passé au bio a aussi progressé. Seulement, cette
progression a été à peu près deux fois moins pour
les bovins. C'est à partir de 2013 que nous observons une concordance
des évolutions du cheptel bio et des surfaces fourragères et des
prairies. Selon la Fédération nationale de l'agriculture
biologique (FNAB), environ 4 % du cheptel français de vaches allaitantes
et 5,5 % du cheptel français de brebis allaitantes étaient en bio
en 2016. Selon le centre national interprofessionnel de l'économie
laitière, la production de lait de vache bio représentait en 2016
environ 2,4 % de la collecte nationale. Ces chiffres sont en croissance.
Dans la suite de cette dynamisation du Bio, le projet «
Ambition bio 2022 » fixe un objectif de 15 % de la surface agricole utile
consacrée à l'AB à l'horizon 2022. Ce type d'objectif,
devrait encore faire progresser l'offre de produits bio en France dont la
consommation a progressé en 2019 de 1.4 milliard d'euros par rapport
à 2018, soit de plus de 13,5% (Agence Bio, 2020).
I.2. L'élevage en agriculture biologique I.2.1.
Comparaison AB et AC
L'agriculture biologique relève d'une pratique qui
s'oppose à la modernisation adoptée par l'agriculture
après la guerre. Ainsi, l'éleveur qui s'engage dans la
démarche de l'AB a une conception de l'agriculture peu productiviste, en
accord avec les principes de l'AB. Les exploitations sont alors plus petites et
peu intensives (Laignel et Benoit, 2004). Structurellement, l'agriculture
biologique et l'agriculture conventionnelle sont différentes. La
configuration actuelle des exploitations agricoles conventionnelles est le
résultat de l'augmentation de la productivité du travail. Cette
augmentation de la productivité du travail s'est traduite par une
augmentation de la taille des exploitations grâce à la
mécanisation, une diminution de leur nombre et une spécialisation
des systèmes de production entre autres. La production de viande en
agriculture biologique est définie par un mode de production qui
mobilise des éléments techniques, économiques et sociaux
dans le cadre du respect d'un cahier de charges AB qui peut donc amener un
questionnement sur l'insertion des produits dans le circuit de
commercialisation « classique ». L'agriculture biologique se
distingue de l'agriculture conventionnelle par les pratiques, les rapports
agriculture-environnement, agriculteur-territoire, également par la
qualité du produit. Les modes de production influent sur les rendements,
également sur la qualité des produits. En termes de pratique, en
élevage Ovins, la productivité numérique varie en fonction
de la zone d'élevage. L'écart entre AB et AC est limité en
zone de plaine et plus important en zone de montagne à l'avantage de
l'AC (Laignel et Benoit, 2004). Autre fait qui pénalise les
élevages en AB par rapport à l'AC, réside dans le cahier
de charges de l'AB. En effet, ce cahier de charges induirait des pratiques
d'élevage à l'origine de
11
performances agricoles plus faibles en AB qu'en AC. Par
contre, en tenant compte de toutes ces contraintes, on va observer un
différentiel considérablement réduit, voire nul quand il
s'agira de comparaison entre AB et AC « alternative », ne
répondant pas au même cahier de charges qu'en AB, mais dont les
pratiques se rapprochent de cette dernière. Les principales craintes des
éleveurs à la conversion à l'AB concernent la
santé, la productivité animale ainsi que la forte
variabilité et le caractère « aléatoire » des
performances techniques et économiques en AB. La production en AB
présentera tout de même des avantages en certains points par
rapport à l'AC. En termes économique, les charges
opérationnelles sont plus faibles en AB qu'en AC avec les charges du
troupeau plus faibles en AB grâce à des frais
vétérinaires réduits et à une moindre consommation
de concentrés (INRA, 2013). Lorsque la mention `Agriculture Biologique'
figure sur un produit, elle traduit et garantie une manière de produire,
mais n'indique pas la qualité des produits. Pour exemple, afin de voir
s'il existe une distinction en termes de qualité entre les produits bio
ovins et conventionnels, Prache et al. (2009) évaluent les
qualités bouchères de carcasses ainsi que les qualités
sensorielles et nutritionnelles de la viande d'agneaux produits en
élevage biologique ou conventionnel, nourris à l'herbe ou en
bergerie avec un aliment concentré et du foin. Pour les agneaux de
bergerie, le mode de production AB comparé à l'AC a
amélioré la valeur santé des acides gras de la viande pour
l'homme, sans différences pour les qualités bouchères et
sensorielles de la viande et de la carcasse. Pour les agneaux d'herbe, la
valeur santé des acides gras déposés dans la viande a
été similaire entre AB et AC; cependant, les côtelettes AB
ont présenté une odeur anormale de leur gras plus
élevée que les côtelettes AC. Enfin, une différence
entre les deux systèmes peut exister au niveau des impacts
environnementaux. C'est ce que conclue l'étude de Bellet et al. (2016)
sur les systèmes ovins. Ainsi, en analysant les données de 60
fermes réparties sur 10 régions (Lorraine, Centre, Auvergne,
Limousin, Pays de la Loire, Poitou-Charentes, Midi-Pyrénées,
Rhône-Alpes, PACA) et deux bassins laitiers ((Roquefort,
Pyrénées-Atlantiques) pendant 2 ans (2012 et 2013), ils
évaluent les impacts environnementaux des systèmes ovins
allaitants biologiques. La conclusion de cette analyse est que
généralement les impacts environnementaux des systèmes
ovins allaitants biologiques sont généralement plus faibles que
ceux des conventionnels.
I.2.2. Durabilité de l'élevage biologique
de ruminants
Le défi de l'élevage biologique est de combiner
à la fois de bonnes performances économiques, techniques et
environnementales, par le respect du cahier de charges AB, qui a une
répercussion certaine sur les résultats économiques. La
durabilité est une notion complexe en agriculture qui comprend trois
dimensions : économique, écologique et sociale. Nous retenons la
durabilité comme : la capacité du système agricole
à maintenir sa productivité et son utilité pour la
société dans le long terme (Gafsi et Favreau, 2014). Parler de
durabilité de l'AB conduit à s'interroger sur des
problématiques multiples telles que, par exemple, son rôle dans la
préservation de la biodiversité, dans la limitation des
émissions de gaz à effet de serre ou dans la préservation
des ressources en eau...également de sa capacité à
générer de bons résultats économiques. Dans ce sens
la rémunération des produits bio devrait prendre en compte
les services environnementaux rendus par l'élevage, car
l'élevage qu'il soit bio ou non a des effets négatifs certes sur
l'environnement, mais également des effets positifs notamment sur la
biodiversité des systèmes d'élevage à l'herbe ou
associant dans la même exploitation ou le même groupe
d'exploitation, les prairies et les cultures, dans le cadre de systèmes
de polyculture-élevage. Du point de vue économique, en
élevage ovins viande, l'AB peut être considérée,
toujours par des éleveurs à petites structures et faible revenu,
comme une voie de diversification. L'amélioration de la marge par brebis
en AB passe par la baisse des dépenses de concentrés avec une
réduction de la consommation et par l'amélioration de la
productivité numérique qui passe par l'élimination des
brebis improductives. L'autonomie fourragère et alimentaire peut
être abordée du point de vue économique et de ce point de
vue, la marge par brebis est le critère le plus pertinent car elle prend
en compte l'ensemble des achats de l'atelier ovin. Les facteurs du revenu en
élevage d'ovins viande en AB sont la productivité du travail, la
marge par brebis en montagne, et les charges de structure en plaine (Laignel et
Benoit, 2004). L'autonomie alimentaire est également un facteur
clé dans la détermination de la productivité au niveau des
exploitations de ruminants indépendamment des espèces. En termes
de durabilité du point de vue environnemental, les systèmes de
production AB permettraient de réduire les consommations
d'énergie non renouvelable par tonne de viande produite de près
de 25% (Veysset et al., 2009). L'élevage de ruminants est pointé
du doigt quant à sa contribution au réchauffement climatique
(FAO, 2009) par les émissions de Gaz à Effet de Serre (GES) dont
il est responsable ; l'impact de l'AB sur la réduction des
émissions de GES par unité produite n'est pas évident,
cependant les émissions de GES par unité de surface agricole sont
significativement plus faibles en AB (Casey et Holden 2006, Olesen 2008).
I.2.3. L'élevage biologique de ruminants dans le
Massif Central et la nécessité de fournir des
références sur les systèmes d'élevage : Projet
Bioréférence, présentation de l'étude.
Dans le Massif Central, les typologies des élevages bio
sont souvent aussi diverses que leurs résultats techniques et
économiques. L'évolution du nombre d'exploitations
engagées en Bio dans le Massif central, pour les productions issues de
ruminants, est représentée sur la figure 2.
12
Figure 2 : Evolution du nombre d'exploitation engagées en
signe de qualité Bio dans le Massif central
13
Source : Agence Bio, 2019
Dans le Massif central, zone très orientée
élevage, le nombre d'exploitations à s'engager dans le bio
était en croissance entre 2015 et 2018. Des initiatives sont prises au
niveau régional, dans les directives des ambitions nationales pour
stimuler la conversion au Bio. Cette évolution est le fruit d'une vraie
volonté puisque dans les élevages en montagne, atteindre
l'autonomie alimentaire qui est très importante en élevage Bio,
peut nécessiter une technicité particulière. De plus, la
culture des plantes annuelles (céréales...) peut être
difficile car la période hivernale est rude et longue. Cette situation
peut porter atteinte à l'autosuffisance en concentrés qui influe
significativement sur les résultats économiques des exploitations
(Veysset et al., 2013). En plaine, l'adaptabilité des systèmes
est plus importante grâce au labour, à des rotations plus
variées, à une période végétative plus
longue... (Benoit et Laignel, 2009).
A l'échelle locale comme nationale, quatre enjeux
ressortent : la conception de systèmes d'élevages plus autonomes
et économes en intrants, la maîtrise durable de la santé et
du bien-être animal, la maîtrise des qualités
nutritionnelles et sanitaires des produits animaux, et le renforcement des
interactions élevage biologique et environnement (Bellon et al,
2009). Ces enjeux nécessitent d'avoir des références sur
les systèmes d'élevage afin de favoriser leur
développement au niveau régional.
Peu de références au niveau national ou
régional existent pourtant sur les systèmes de production en AB.
C'est dans le but de pallier ce manque et accélérer le
développement de l'AB dans le Massif Central, qu'a été mis
en place le projet Bioréférence. Le projet s'inscrit dans le
cadre de la convention Massif Central et est prévu durer de 2015
à 2020. Il est porté par le Pôle Bio Massif Central et
réunit une vingtaine de partenaires autour des 5 principales
filières AB de ruminants dans le MC. Il est le fruit d'un travail
collaboratif entre divers acteurs, agriculteurs, décideurs politiques,
instituts de recherche. Les références sur les systèmes
bio caprin lait, bovin viande, bovin lait, ovin viande et ovin lait sont
indispensables aux acteurs de développement et aux opérateurs
pour développer ces filières biologiques sur le Massif. Cette
action a pour objectifs de produire des références pour les
ruminants bio (bovin viande et lait, ovin viande et lait et caprin lait)
à partir d'un outil efficace : le réseau de 70 fermes.
Au-delà des références technico-économiques, une
attention particulière sera portée à la cohérence
des systèmes. Afin d'augmenter le nombre de données à
l'échelle du Massif Central et donc de consolider les
références produites, pourra être intégré
dans l'analyse d'autres données collectées par ailleurs en dehors
de ce réseau de fermes (avec l'accord des référents,
collecteurs et financeurs), comme cela a d'ores et déjà
été expérimenté dans les tranches
précédentes du projet. Un travail méthodologique est
nécessaire en amont. Enfin, cette action aura pour objectif de faciliter
le stockage et la mobilisation de l'ensemble des références en
élevage ruminant utiles pour le Massif Central. Il est nécessaire
d`avoir des données afin d'accompagner au mieux les agriculteurs et
surtout ceux qui sont nouveaux à se convertir afin d'assurer la
pérennité de leurs structures.
14
I.3. La productivité des facteurs de production
comme mesure de l'efficience des exploitations
La notion d'efficience renferme trois concepts, l'efficience
technique, l'efficience allocative et l'efficience d'échelle.
L'efficience technique se définit comme étant la relation
technique qui permet d'obtenir l'output maximal pour une combinaison de
facteurs de production et une technologie donnée. L'efficience
allocative, ou l'efficience par les prix mesure les proportions dans lesquelles
les facteurs de production sont utilisés par rapport à leurs prix
relatifs. Enfin le concept d'efficience d'échelle évalue si une
firme bénéficie de rendements d'échelle croissants,
décroissants ou constants. Par ce concept il est possible
d'évaluer si l'entreprise produit trop ou pas suffisamment par rapport
à sa taille optimale (Chaffai, 1997). A ces trois
éléments, il peut être rajouté le concept plus
récent d'efficience environnementale qui implique l'utilisation optimale
des inputs pour produire en causant le moins possible d'externalités
négatives à l'environnement physique. Il existe de nombreuses
méthodes pour mesurer l'efficience technique d'une entreprise. On peut
les regrouper en deux approches : l'approche frontière et celle qui ne
se réfère pas à la notion de frontière et qui fait
appel aux méthodes économétriques de régression
paramétriques et non paramétriques. La différence majeure
entre ces deux approches réside dans la définition de la
frontière de production. En effet, si elle correspond à la
quantité maximale d'output qu'il est possible de produire pour un
vecteur donné d'inputs, l'approche est dite « frontière
», sinon elle est dite non-frontière.
La productivité des facteurs d'une firme est
représentée par le rapport entre sa production et les facteurs
utilisés. L'analyse de la productivité d'une entreprise renvoie
à deux notions : le progrès technologique et l'efficience
technique. En effet, une augmentation de la productivité totale (ou
globale) des facteurs correspond à une meilleure utilisation des
facteurs, c'est-à-dire à une combinaison d'intrants plus efficace
grâce à l'emploi de techniques ou de méthodes de gestion
plus rationnelles. Le progrès technique est alors le plus souvent
assimilé au taux de croissance de la productivité totale (ou
globale) des facteurs (GUYOMARD, 1989).
En agriculture, les gains de productivité sont devenus
un sujet de grande importance pour les décideurs politiques. Cet
intérêt est principalement lié à la question de la
capacité du secteur agricole à répondre sur le long terme
à une demande accrue de produits agricoles, d'une population
grandissante. Compte tenu de la raréfaction des ressources eau et terre,
ainsi que des facteurs de production, il est nécessaire
d'améliorer l'efficience des exploitations ou leur productivité.
On dit qu'une entreprise réalise des gains de productivité
lorsqu'elle produit un niveau donné de biens en utilisant le moins
d'intrants ou lorsqu'avec un niveau donné d'intrants, elle arrive
à accroitre sa production. On distingue la productivité totale
(multifactorielle) de tous les facteurs de production et la productivité
partielle (unifactorielle) d'un facteur de production donné tel que le
travail, la terre.... Quand seront considérés les facteurs
financiers, il sera alors question de productivité globale des facteurs
(Guilhon, 1978). Dans le domaine de la production agricole, des études
sur la productivité des facteurs ont permis de déterminer
l'efficience
15
technique des exploitations. Par exemple l'étude de
Veysset et al. (2015) qui porte sur la productivité des facteurs
variables (consommations intermédiaires) a permis de mesurer
l'efficience technique des systèmes de production bovins viande entre
1990 et 2012. La mesure de la productivité globale des facteurs peut
être ici utilisée comme approche de l'efficience des
exploitations. Il est ensuite possible d'évaluer la croissance des gains
de productivité dans le temps de sorte à permettre des
comparaisons intertemporelles cohérentes des flux économiques
entre les agents. Cet exercice fait appel à une méthode, celle
des surplus.
Dans la littérature, on distingue trois concepts de
surplus : le surplus au sens de la théorie néo-classique, le
surplus de productivité globale des facteurs et le surplus au sens de la
théorie marxiste (Walliser, 1977). Dans cette étude, nous nous
intéresserons au surplus de productivité globale des facteurs
(SPGF). La méthode des surplus, mise au point par le Centre
d'étude des revenus et des coûts (CERC) à la fin des
années 60, est une extension de la notion de facteurs de production et
la généralisation de la notion de productivité. Le surplus
de productivité globale des facteurs (SPGF) est défini comme
l'excès de la variation du volume de la production sur la variation du
volume de l'ensemble des facteurs. L'établissement des comptes de
surplus, qui permet de distinguer les variations de volume et les variations de
prix, exige que l'on dispose soit d'indicateurs de volume soit d'indicateurs de
prix (Templé, 1971). Le SPGF quand il est défini au niveau de
l'entreprise, peut être interprété comme un indicateur de
l'évolution de la productivité de l'entreprise entre les deux
périodes puisqu'il compare les volumes des produits et des facteurs en
les pondérant par les prix de la période initiale. La variation
du SPGF, comme un indicateur de productivité de l'entreprise, peut
ensuite être ventilée, sous forme de comptes de surplus, entre les
différents agents avec lesquels l'entreprise interagit. Le SPGF permet
donc la comparaison de deux comptes d'exploitation successifs d'une entreprise
(Walliser, 1977). L'application de cette méthode implique des
hypothèses sur les volumes et les prix qui peuvent influencer en quelque
sorte les valeurs des surplus trouvées. Cette méthode applicable
à divers secteurs économiques a été
appliquée dans l'étude de Veysset et al. (2017) au secteur bovin
viande charolais. Elle a été utilisée sur une base de
données de 164 exploitations bovins allaitants du bassin Charolais sur
la période 1980-2015. Après avoir évalué
l'évolution de la productivité des facteurs de production, les
auteurs ont déterminé la formation et la répartition des
gains de productivité entre les partenaires de la filière sur la
période considérée.
Dans cette étude, il sera question d'appliquer la
méthode des surplus pour la première fois à
l'échelle de fermes en agriculture biologique. Cela permettra de
déterminer, la formation et la répartition des gains de
productivité dans les filières d'élevage de ruminants en
agriculture biologique dans le Massif Central.
À la suite de la revue de littérature
effectuée et des objectifs de l'étude nous formulons les
objectifs de recherche suivants :
16
- L'autonomie alimentaire est déterminante dans
l'obtention de bons résultats économiques pour les exploitations
d'élevage biologiques du MC
- L'intensification des facteurs de production permet d'obtenir
des gains de productivité
- L'accroissement de la taille des exploitations n'est pas
nécessairement corrélé à l'amélioration des
performances économiques des exploitations.
17
II. MATERIEL ET METHODES
Cette section présente les données, les outils,
la méthodologie et l'analyse des données. Pour les
différentes analyses réalisées, nous avons utilisé
les logiciels MS Excel 2016, RStudio-1.3.959 et STATA 15.
II.1. Composition de la base de données et
sélection des variables
Le réseau des fermes Bioréférence compte
70 fermes choisies selon les demandes de références jugées
prioritaires. Il compte des fermes des 5 filières d'élevage de
ruminants dans le massif central : les filières bovines viande et lait ;
les filières ovines, viande et lait ; et la filière caprine. Le
choix des fermes s'est porté sur la pérennité de leur
engagement, afin de constituer un échantillon constant sur le moyen
terme (5 ans). Toutes les données collectées sur ces fermes sont
saisies, calculées, stockées et analysées avec l'outil
unique DIAPASON. Ceci permet d'harmoniser les méthodes et les
données. La collecte de données d'une année n se
réalise au cours de l'année n+1. La vérification et
validation de l'ensemble des données est réalisée fin n+1,
l'analyse et la synthèse se font début n+2. Les collecteurs ont
pour mission de collecter les données sur les exploitations de leur
territoire à travers deux ou trois passages sur les fermes par an. Les
référents filières analysent chaque année les
données à l'échelle Massif Central avec l'appui du groupe
de collecteurs et font une synthèse annuelle des résultats. Ils
ont la charge de l'animation de leur groupe filière. Les données
collectées sont des données structurelles, techniques et
économiques. Ce sont des données caractérisant le
fonctionnement du système d'élevage. Ces données
permettent de calculer, avec une méthodologie unifiée entre les
cinq filières, les performances productives et économiques des
exploitations. Ces performances sont mises en regard des
caractéristiques structurelles des exploitations afin d'étudier
les déterminants de ces performances.
Sur 5 ans, entre 2014 et 2018, ce sont 58 fermes
d'élevage de ruminants en échantillon constant qui ont
été étudiées, dans le cadre de ce travail : 16
bovins lait, 13 bovins viande, 11 ovins lait, 10 ovins viande et 8 caprins. Sur
les 70 exploitations de base, l'échantillon constant en 2018, compte 58
individus parce qu'au long du projet, certaines fermes ont été
intégrées et d'autres sont sorties du réseau. A partir des
données extraites de la base de données DIAPASON, 166 indicateurs
ont été calculés. Ce sont :
- 59 indicateurs structurels qui concernent le contexte
pédoclimatique, la main d'oeuvre, la surface et l'assolement, le
cheptel, le capital d'exploitation et l'endettement.
- 37 indicateurs techniques concernant la consommation et
l'autosuffisance en concentrés, en fourrages et en paille, l'autonomie
alimentaire globale, la productivité animale et la valorisation des
produits.
- 66 indicateurs économiques qui concernent le produit
brut, la marge brute, l'excédent brut d'exploitation, les coûts de
production, les charges opérationnelles et de structure, la valeur
18
ajoutée hors fermage, le revenu disponible et le
résultat courant. Toutes les valeurs économiques sont
exprimées en Euros constants.
II.2. Méthodologie de l'analyse des données
II.2.1. Analyse descriptive des caractéristiques des
exploitations et de leur évolution
Pour avoir un échantillon constant, nous n'avons retenu
que les exploitations qui avaient été toutes suivies de 2014
à 2018, c'est-à-dire 58 fermes. Cela permet d'étudier
l'évolution des résultats moyens sur 5 ans.
Pour avoir une idée des caractéristiques de
notre échantillon, une analyse descriptive globale a d'abord
été menée. L'analyse descriptive a consisté en
l'analyse des moyennes et des écart type des variables structurelles,
techniques et économiques pour tout notre échantillon
indépendamment du type de production, sur chaque année de
l'étude. Nous avons ensuite calculé le taux de croissance de ces
indicateurs entre 2014 et 2018 pour apprécier l'évolution de
l'échantillon sur les 5 années. Les variables choisies pour cette
analyse sont celles qui permettent une analyse transversale entre toutes les
exploitations. Pour les variables qui sont liées au type de production
même et donc exprimées dans des unités différentes,
comme par exemple la productivité animale, elles ont été
exprimées en base 100 par rapport à 2014. Pour l'année
2018, les résultats ont été comparés aux
exploitations des fermes du réseau d'information comptable agricole
(RICA) qui, comprend en grande majorité des fermes en agriculture
conventionnelle. Nous avons ainsi calculé les moyennes pour les OTEX 45
(BL), 46(BV), 481 (Ovins lait + viande) et 483 (CA) ainsi que leur
évolution sur la période 2014-2018, afin de les comparer aux
exploitations de notre réseau (voir encadré 1).
L'OTEX ou orientation technique d'une exploitation indique la
spécialisation principale de l'exploitation et permet d'identifier
quelle est la production qui contribue le plus à la Production Brute
Standard (PBS) de l'exploitation. Par exemple, toute exploitation dont plus de
deux-tiers de son PBS est issue de l'activité de production de lait de
vache est qualifiée d'exploitation spécialisée bovin
laitier. La Production Brute Standard (PBS) d'une exploitation correspond
à la somme des contributions individuelles de chaque production, en
termes de production brute (Agreste, 2020).
Encadré 1 : Définition d'un OTEX
|
II.2.2. Analyse de la variabilité des exploitations
Pour analyser la variabilité des exploitations, nous
réalisons une analyse exploratoire. La méthode retenue est celle
de l'analyse en composantes principales (ACP), puisque nous sommes en
présence uniquement de variables quantitatives. C'est une approche qui
permet d'explorer les liaisons entre variables et les ressemblances entre
individus selon ces variables. Les axes formés selon les liaisons entre
variables donnent une indication des variables qui discriminent au mieux les
individus. Sur l'ensemble des variables, nous n'avons noté aucune
donnée manquante. L'ACP a été réalisée avec
39
19
variables actives dont 25 variables de structure et
d'organisation, 6 variables techniques et 8 variables économiques. 10
variables de résultats économiques ont été
rajoutées comme variables supplémentaires, elles n'interviennent
pas dans l'ACP, elles sont justes projetées sur les axes afin de pouvoir
analyser les corrélations avec les axes ou les autres variables actives
(encadré 2).
Une première analyse en composante principale a
été réalisée sur les 290
exploitations-années en valeur absolue et a permis une classification de
ces exploitations. Cette analyse a permis la création de 4 axes
résumant 58.16% de la variance totale. A la suite de l'ACP, une
classification ascendante hiérarchique (CAH) est réalisée.
Elle permet d'avoir une typologie des exploitations en fonction des axes de
l'ACP. 3 Classes, ont été définies. Cette classification
sur les données en valeur absolue a fait ressortir un fort effet
production. Ainsi, la classe 1 concentre principalement les productions en
lait. Dans la classe 2 on retrouve principalement des exploitations
d'élevage de viande. Enfin, les variables qui caractérisent les
individus de la troisième classe sont celles qui caractérisent
également les exploitations en OL.
Les résultats obtenus pour 290 individus-années
en valeur absolue et sans pondération, montrent la
nécessité de s'affranchir de l'effet type de production et de
l'effet nombre d'individus d'un type de production dans l'échantillon.
D'où le choix de réaliser l'ACP sur les données
pondérées centrées et réduites par production puis
centrées et réduites par production-année.
Dans un premier temps, pour analyser la variabilité de
notre échantillon, nous considérant que nous avons 58
exploitations*5 années, soit 290 exploitations-années, 39
variables actives et 10 variables additives. Les données ont
été centrées et réduites par production,
c'est-à-dire par rapport à la moyenne et l'écart type de
la production pour chaque variable sur l'ensemble des 5 ans. Nous travaillons
avec des données centrées et réduites afin de s'affranchir
de l'effet type de production car l'objectif ici est de voir comment se
résume la variabilité globale de l'échantillon de 58
fermes indépendamment du type de production et de l'année.
L'utilité de travailler sur des données centrées
réduites, vient également du fait que pour certaines variables,
nous n'avons pas les mêmes unités de mesure et les mêmes
ordres de grandeur. De plus, les 5 filières n'ayant pas le même
nombre d'exploitations dans l'échantillon, un coefficient de
pondération a été affecté à chacune d'elles,
afin d'obtenir le même poids dans l'analyse. Pour obtenir ce coefficient
de pondération, on suppose que, théoriquement pour 58
exploitations au total, on devrait avoir 11.6 exploitations par filière.
On divise alors les 11.6 par les effectifs réels de chaque
filière.
À la suite de l'ACP, une classification ascendante
hiérarchique est réalisée. Elle permet d'obtenir une
typologie des exploitations en créant des classes qui regroupent les
individus ayant des caractéristiques similaires. Les individus
appartenant à la même classe se ressemblent et selon leurs
caractéristiques, sont significativement différents des individus
des autres classes. On peut ainsi comparer les classes entre elles en fonction
des moyennes de leurs variables les plus significatives.
Variables structurelles et d'organisation
- Main d'oeuvre totale (UMOt)
- Main d'oeuvre exploitant (UMOe)
- Main d'oeuvre salariée (UMOs)
- Main d'oeuvre bénévole (UMOb)
- SAU (ha)
- SFP (ha)
- SAU/UMOt (ha/UMOt)
- Surface en culture (ha)
- Surface en culture en % de la SAU
- Surface de cultures intra consommées (ha)
- Surface en culture vendues
- Surface en culture vendues en % de la SAU
- PT+PA en % de la SAU
- PT+PA en % de la SFP
- Surface consacrée au troupeau en % de la SAU
- Nb types de cultures
- Indice de diversité de l'assolement(Shannon)
- STH en % de la SAU
- STH en % de la SFP
- Total UGB présents (propriété - mises en
pension + prises en pension)
- UGB/UMOt
- Chargement UGB/ha SFP
- Capital/UMOt (/UMOt)
- Endettement hors foncier (%)
- Degré de spécialisation (%)
Variables techniques
- Cc consommée totale hors HS/UGB (kg/UGB)
- Autosuffisance en concentrés exploitation
- Autonomie alimentaire par les fourrages (en %UF)
- Autonomie alimentaire globale exploitation (% UF)
- Productivité animale: OL: L de lait /brebis
présentes ; OV : agneaux/brebis/an ; BV : KG de viande
vive produits/UGB ; BL : L/VL; CA: L/chèvre
- Valorisation (€/l ou €/kg)
Variables économiques
- Part des aides dans du PBG avec aides (%)
- Part des CO dans le PBG avec aides (%)
- Part des CS (y compris les amortissements et frais financiers)
dans le PBG avec aides (%)
- Produit brut global d'exploitation avec aides/ha SAU (€
/ha)
- Charges de structure (y compris les amortissements et frais
financiers) /ha de la SAU (€/ha)
- Amortissements +FF /ha SAU (€/ha)
- CO/ha de SAU (€/ha)
- Annuité des emprunts hors foncier / UMOe (€/UMO)
Variables supplémentaires (Résultats
économiques)
- EBE en % du PBG avec aides
- VAHF/SAU (€/ha)
- VAHF en % du PBG hors aides
- EBE/SAU (€/ha)
- Revenu disponible/UMOe (€/UMO)
- Revenu dispo/ha SAU (€/ha)
- Coûts de production OL : €/1000L ; OV : €/kg de
carcasse d'agneaux ; BV : €/100kg de viande vive
produite ; BL : €/1000L ; CA: €/1000L atelier
principal
- MB finale avec aides atelier principal /UGB (€/UGB)
- EBE/UMOe (€/UMO)
- VAHF/UMOt (€/UMOt)
20
Encadré 2 : Variables retenues pour l'analyse en
composantes principales
21
Dans un second temps, nous voulons voir si cette
variabilité s'exprime de la même manière d'une année
à l'autre, considérant chaque année indépendante
des autres. Pour cela nous réalisons alors une ACP, avec les mêmes
variables sur chaque année, soit 5 ACP. Et pour cela nous utilisons des
données centrées et réduites, cette fois ci par production
et par année, c'est-à-dire par rapport à la moyenne et
l'écart type de la filière pour chaque année, pour chaque
variable. Cela va permettre de gommer les différences entre les types de
production, tout en gardant l'effet des années.
II.2.3. Déterminer la productivité des facteurs et
évaluer l'efficience du système de production
II.2.3.1. Méthode des comptes de surplus
La troisième partie de ce travail consiste à
évaluer la formation et la réparation des gains de
productivité entre 2014 et 2018 des exploitations Bio de ruminants du
MC. La méthode choisie est celle des comptes de surplus. L'objectif
d'une entreprise est de produire des biens et service avec une combinaison de
facteurs de production de sorte à dégager un surplus. Entre deux
années, on considère qu'une entreprise a réalisé un
surplus de productivité globale (ou généré des
gains de productivité) si l'accroissement du volume de l'ensemble de ses
produits est plus important que l'accroissement du volume de l'ensemble des
facteurs de production utilisés. Ce surplus, peut être
calculé soit à partir de la variation de volume des facteurs de
production et des produits, soit à partir de la variation de leurs prix.
Il faut alors décomposer la variation de la valeur économique de
chaque poste de produits et de charges en variation de volumes et en variation
de prix. De là, nous pouvons ainsi établir le compte de surplus,
qui permettra d'avoir la répartition du surplus résultant des
gains de productivité et des variations de prix entre les
différents agents de l'économie.
A partir des comptes d'exploitation, nous pouvons
établir l'égalité comptable suivante, qui traduit
l'idée selon laquelle la valeur de la totalité des produits
couvre celle des charges.
:Jj=1 pj,tYj,t=:Ii=1 wi,tXi,t (1)
Yj,t= la quantité du produit j vendu au prix p, au
temps t Xi,t= la quantité du facteur i acheté au prix w au temps
t
= :Ii=1 wi,t+1Xi,t+1 - :Ii=1 wi,tXi,t
(2)
Entre deux périodes, les variations s'égalisent
également et on a :
:Jj=1 pj,t+1Yj,t+1 - :Jj=1 pj,tYj,t
Le surplus, résulte de la variation de valeur
liée à l'évolution des volumes, les prix de base
étant ceux de l'année précédente, et l'avantage
prix résulte de la variation des prix, les volumes de base sont ceux de
l'année courante, alors le premier terme de l'égalité (2)
peut s'écrire :
(:Jj=1 pj,tYj,t+1 - :Jj=1 pj,tYj,t ) + (
:Jj=1 pj,t+1Yj,t+1 - :Jj=1 pj,t
Yj,t+1) :Jj=1 pj,t (Yj,t+1 - Yj,t) + :Jj=1 Yj,t+1
(pj,t+1 - pj,t)
22
Et le second terme :
OEIi=1 wi,tXi,t+1 - ?Ii=1 wi,tXi,t ) + (
?Ii=1 wi,t+1Xi,t+1 - ?Ii=1 wi,t Xi,t+1)
?Ii=1 wj,t (Xi,t+1 - Xj,t) + ?Ii=1 Xi,t+1
(wi,t+1 - wi,t)
L'équation (2) s'écrira alors : ?Jj=1
pj,t dYj, + ?Jj=1 Yj,t+1dpj = ?Ii=1 wj,tdXi +
?Ii=1 Xi,t+1dwi (3)
On fait ensuite passer les termes de l'égalité d'un
côté à l'autre de sorte à exprimer la
différence entre les variations de volumes des produits et des charges
et la différence entre les variations de prix des produits et des
charges.
?Jj=1 pj,t dYj, - ?Ii=1 wj,tdXi = -
?Jj=1 Yj,t+1dpj + ?Ii=1 Xi,t+1dwi (4)
SGP= AP
Le terme de gauche représente la différence,
entre les périodes t et t+1, des variations de volume entre les produits
et les intrants au prix de la période t. C'est le surplus de
productivité globale. Il est positif si entre t et t+1, le volume des
produits augmentent plus que le volume des charges, sinon il sera
négatif. Le terme de droite mesure la somme des avantages prix (AP). Il
est égal entre t et t+1 à la variation des prix
pondérée par les volumes constants. Lorsque le prix des intrants
(ou produits) augmente, cela représente un avantage pour les
fournisseurs (producteurs). Il est possible d'obtenir un avantage prix
négatif. Dans ce cas, il sera considéré comme un apport de
la part d'un partenaire au SPG si ce dernier est positif. Si le SPG est
négatif, il représente alors un emploi à financer. Ainsi,
on peut construire le compte de surplus équilibré entre emplois
et ressources (Tableau 2).
Tableau 2: Equilibre du compte de surplus
Source : Veysset et al., 2017
Pour le choix du prix et du volume de base dans
l'équation (4) Nous avons utilisé un indice de type Laspeyres
(pondération de la variation de volumes par le prix de la période
initiale), et un indice de type Paasche (pondération des prix par les
volumes de la période finale). On aurait pu faire l'inverse, le choix
reste arbitraire. C'est pourquoi, dans l'application, nous avons utilisé
l'approche Bennet, qui revient à faire la moyenne arithmétique
des résultats en Laspeyres et en Paasche.
23
Nous avons appliqué cette méthode sur les 58
fermes en échantillon constant de notre étude. L'analyse est
basée sur la moyenne globale des surplus des exploitations et non pas
sur les exploitations prises individuellement. Pour toutes les fermes de notre
échantillon, nous disposons des valeurs de tous les produits et de
toutes les charges, extraites de la base de données DIAPASON. Pour
certains postes, les volumes et les prix unitaires n'étaient pas connus.
Ils ont été calculés en faisant le rapport entre la valeur
et l'indice de prix pour faire la décomposition volume-prix. L'indice
des prix des produits agricoles à la production (IPPAP) permet de
mesurer l'évolution des prix de vente des produits agricoles. Les
produits pour lesquels on n'avait que les valeurs, ont été
déflatés par cet indice. L'indice des prix d'achat des moyens de
produits agricoles (IPAMPA) permet de suivre l'évolution des prix
unitaires des biens et services utilisés par les exploitants pour leur
activité de production. Les valeurs des charges pour lesquelles les prix
unitaires n'étaient pas disponibles dans notre base de données,
ont donc été déflatées par cet indice afin d'avoir
la décomposition volume-prix. Etant en Bio, les indices de prix fournis
par l'INSEE ne sont pas représentatifs des prix en agriculture
biologique. C'est pourquoi, en nous basant sur les données de la base de
données du projet Bioréférence, nous avons construit des
indices de prix pour exprimer et approcher au mieux les évolutions de
prix des filières en agriculture biologique. Pour ce qui est des aides,
nous avons fait l'hypothèse que celles-ci n'ont pas de changement de
volume, l'effet variation prix des subventions correspond donc à la
variation de la valeur totale observée. D'une année à
l'autre, nous avons donc une variation de prix mais pas de volume. Nous avons
ainsi effectué nos calculs à partir de 19 produits
répartis en 5 groupes et 37 intrants regroupés en 5 groupes
(tableau 3).
24
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
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|
|
|
|
|
OUTPUTS
|
INPUTS
|
|
|
Produit lait
Produits autres herbivores
|
Consommations intermédaires
|
Produit lait de l'atelier BL
|
Concentrés achetés
|
Produit lait OL
|
Coproduits concentrés
|
Produit lait CA
|
Autres Aliments achetés (CMV#177;Poudre
lait)
|
|
Fourrages achetés
|
Produit viande
|
G Frais d'élevage#177; frais
vétérinaires
|
Produit Viande atelier BL
|
Achats de litière
|
Produit viande BV
|
Autres charges animales
|
Produit viande CA
|
Engrais
|
Produit viande atelier OV
|
Amendements
|
|
Semences et plants achetés
|
Aides totales
|
Produits de défense végétaux
|
|
Fournitures pour fourrages
|
Autres produits
|
Frais de fonctionnement irrigation
|
|
Travaux par tiers (végétaux)
|
Produit hors sol(€)
|
Assurance pour les végétaux
|
Produit d'autres activités hors aides
|
Taxes végétales
|
Produits ventes SFP
Montant vente paille
|
Montant autres charges végétales
Total charges opérationnelles autres
activités
|
Montant ventes produits non affectables
|
Travaux par tiers
|
Produits culture
|
Carburants et lubrifiants
Entretien du matériel
|
Montant céréales
|
Achat petit matériel #177; Crédit
Bail
|
Montant oléagineux
|
Entretien des bâtiments #177; Location de
bâtiments et MAD
|
Montant protéagineux
|
Assurances
|
Vente cultures pérennes et cultures
spéciales
|
Eau #177; Electricité #177;
Gaz
|
|
Frais de gestion #177; Transports
Déplacement #177; Impots et Taxes
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Fournitures et frais divers
Travail et cotisations
Charges sociales exploitants
Salaires #177; charges
Foncier
Fermage et MAD #177; Impôts fonciers#177;
location précaire
Entretien du foncier
Capital et équipement
Frais financiers (hors foncier)
Amortissement bâtiments et installations
Profitabilité
Tableau 3 : Liste des produits et charges qui entrent dans la
décomposition du surplus
II.2.4. Estimer les déterminants de la
performance économique des systèmes AB du MC
Autres amortissements
Amortissement améliorations foncières
Amortissement matériel
Dans la dernière partie de ce travail, nous nous
proposons, au-delà de l'analyse des surplus de productivité et de
la répartition de ce surplus de rechercher les déterminants des
gains de productivité. L'idée est de chercher dans la structure,
les pratiques techniques et le fonctionnement des exploitations, les
éléments, qui permettent d'expliquer l'obtention de surplus de
productivité positifs ou négatifs. Pour cela, nous nous servons
des outils économétriques, nous proposons un modèle dans
lequel le SPG est la variable expliquée.
Le SPG peut être lié à des
améliorations technologiques, une meilleure allocation des ressources
(efficience), des économies d'échelle ou encore un changement
dans l'ensemble des biens produits par
25
l'entreprise (Arocena et al., 2011). Plus
spécifiquement, il peut s'expliquer par 7 facteurs : (1) les variations
des prix des produits, (2) les variations des prix des intrants, (3) le
progrès technique, (4) les gains d'efficience, (5) des économies
d'échelle, (6) une amélioration de l'utilisation des intrants et
(7) une amélioration de la combinaison des produits
(Grifell-Tatjé et Lovell 1999, 2008 ; De witte et Saal, 2010). Le calcul
du SPG ayant nécessité l'utilisation des prix et des volumes de
tous les produits et de tous les intrants, ces variables ne peuvent donc pas
être utilisées directement dans l'analyse
économétrique. D'où, il nous faut trouver des variables
qui n'entrent pas dans le calcul direct du SPG et qui permettent d'exprimer,
l'efficience ou une meilleure allocation des ressources, l'économie
d'échelle, et la diversité dans l'offre de produits des
exploitations.
La méthode d'estimation que nous choisissons est la
semiparametric maximum likelihood (SML). Elle permet d'obtenir un estimateur
pour les modèles de choix discrets qui ne fait aucune hypothèse
concernant la forme fonctionnelle de la fonction de probabilité de
choix. Il est démontré que l'estimateur est cohérent et
asymptotiquement normalement distribué. Les pertes d'efficacité
de l'estimateur sont faibles par rapport à l'estimateur du maximum de
vraisemblance lorsque la distribution des erreurs est connue. De plus, quand on
a un échantillon de petite taille, l'estimateur garde de bonnes
propriétés (Klein and Spady, 1993).
Nous voulons estimer un modèle où le SPG, la
variable à expliquer est transformée en variable binaire. Elle
prend les valeurs 0 quand le SPG est négatif, c'est-à-dire quand
il n'y a pas de gains de productivité et 1 quand il est positif, quand
il y a gain de productivité. Nous allons appliquer cette méthode
à 232 exploitations-années sur les 290 parce que le SPG a
été calculé de 2014 à 2018, l'année 2014
étant l'année de base, le SPG y est égal à 0 alors
elle a été enlevée de l'analyse. Le modèle à
estimer est de la forme suivante :
?? = {1 ???? ??(??; è0) = u0,
0 ???? ??????
Où ?? (..;..) est une fonction connue, ?? est un
vecteur de variables exogènes, (è0) un vecteur de
paramètres et u0 le terme d'erreurs.
Les variables explicatives choisies (x) et leurs
définitions sont présentées dans le tableau 4. Sachant
qu'il n'y a aucun consensus quant à la meilleure mesure de la taille en
agriculture, nous utilisons la taille du cheptel (UGBt) comme l'indicateur de
la taille des exploitations (Weersink et al., 1990). Pour le choix de la
variable de mesure de l'efficience technique, le recours à des facteurs
extérieurs à l'exploitation est souvent considéré
comme un déterminant de l'efficience technique (Latruffe, 2010). Pour
cela, nous utilisons la part de la main-d'oeuvre salariée dans la
main-d'oeuvre totale de l'exploitation et la part de main d'oeuvre familiale
dans la main d'oeuvre totale comme variable pour exprimer l'efficience
technique. Pour examiner l'effet de la spécialisation des exploitations
sur l'efficience technique, nous utilisons le degré de
spécialisation qui est la part du produit de l'atelier
26
principal dans le produit brut hors aide de l'exploitation.
Cette spécialisation peut se révéler
bénéfique à cet égard dans le sens où elle
permet aux exploitants de concentrer leur attention sur un petit nombre de
tâches et même évite une concurrence sur le facteur terre
(Bojnec et Latruffe, 2009).
Nom des variables
|
Définitions
|
inputmix_cc
|
Rapport entre les aliments concentrés achetés et
les aliments consommés totaux
|
MIX INPUT
|
inputmix_ttx
|
Rapport entre les aliments totaux achetés
(fourrages+concenrés+autres) et les
aliments consommés totaux
|
Effic
|
Rapport entre le produit brut hors aides et les charges
variables
|
COST EFFICIENCY EFFECT
|
Eff_fix
|
Rapport entre le produit brut hors aides et les charges fixes
(yc amort et f.fin.)
|
Output_mix
|
Le degré de spécialisation ou la contribution de
l'atelier principal dans le PB hors aides. Mesure le degré de
diversification de l'exploitation
|
COMBINAISON DES PRODUITS
|
UGBt
|
La taille du cheptel (UGB)
|
ECONOMIES D'ECHELLES
|
p_sal
|
Part du travail salarié dans le travail total
|
EFFICACITE TECHNIQUE DE LA MAIN D'OEUVRE
|
p_fam
|
Part du travail familial (bénévoles +
exploitants) dans le travail total
|
Type de production
|
5 variables binaires BL (1 si BL ;0 si non), BV (1 si BV ; 0
si non), OL (1 si OL ;0 si non), OV (1 si OV ;0 si non), CA (1 si CA ;0 si
non)
|
Variables de contrôle
|
Tableau 4 : Liste des variables et leurs définitions.
27
III. RESULTATS ET INTERPRETATIONS
III.1. Les caractéristiques des exploitations
III.1.1. Description des exploitations de notre
échantillon
L'échantillon est constitué de 58 exploitations
en échantillon constant de 5 types de production, soit 16 BL, 13 BV, 11
OL, 10 OV, 8 CA, suivies sur 5 ans et réparties sur 5 des 6
régions d'élevage du Massif central. Sur la figure 3, nous
pouvons constater la répartition non uniforme des exploitations sur
l'ensemble des régions, et l'indépendance entre un type de
production et une région de production particulière dans notre
échantillon. Les exploitations du projet Bio référence
provenant de 5 filières différentes, elles sont
caractérisées par une forte variabilité. La description
des principales caractéristiques structurelles, techniques et
économiques des exploitations sur les 5 années de l'étude
est basée sur l'analyse des moyennes, des écart type et des
valeurs maximales et minimales.
Répartition des exploitations par
régions d'élevage
25
Nombre d'exploitations
|
20
|
|
|
15
|
|
CA OV OL BV BL
|
10
5
0
|
|
|
|
|
|
Cultures fourragères
Montagnes humides
Zones herbagères
Cultures + Elevages
Parcours + Cultures
Figure 3 : Répartition des exploitations par
régions d'élevage.
Les exploitations du projet Bioréférence sont
comparables à celles du RICA (tableau 5). Nous comparons les principales
caractéristiques des exploitations du RICA à celles de
Bioréférence pour l'année 2018. En 2018, Les exploitations
ont une SAU moyenne supérieure de 8.05 ha en moyenne à celle des
exploitations du RICA (97.68 ha contre 89.63 RICA). La SFP représente en
moyenne 87.25% de la SAU, plus du double de ce que représente cette part
dans les exploitations du RICA (43.34%), et permet une autonomie alimentaire de
80.65% pour notre échantillon. Les surfaces en fourrages et en cultures
permettent d'atteindre une autonomie alimentaire globale de plus de 84.19 %.
Avec un cheptel plus important (82.18 UGB) que celui des exploitations du RICA
(80.53 UGB), et une SFP plus grande, les exploitations de notre réseau
ont un chargement moins élevé de -23.88% par rapport à
celles du RICA (1.02 Bioréférence et 1.34 RICA). Pour ce qui est
de la main d'oeuvre, les exploitations
28
Bioréférence (2.26UMO totale) ont 0.22 UMO de
plus que les exploitations du RICA (2.04 UMO totale). Un cheptel moins
important combiné à une main d'oeuvre totale plus importante et
une surface agricole plus grande se traduit par une productivité du
travail par rapport au cheptel légèrement plus faible pour le
réseau Bioréférence avec 39.40 UGB/UMO et plus
élevée par rapport à la SAU avec 47.82 ha/UMOt en
comparaison au RICA (39.48 UGB/UMOt et 43.94 ha/UMOt). Du point de vue
économique, en moyenne sur les 5 ans, les exploitations de notre
réseau dégagent un produit brut à l'hectare et une valeur
ajoutée à l'hectare moins importants que ceux du RICA. Il faut
tout de même noter que notre analyse porte sur des exploitations de 5
filières différentes, présentant des variabilités
de système. De plus, les exploitations du RICA sont en majorité
des systèmes conventionnels, la comparaison faite avec
Bioréférence permet d'avoir une vision globale sans
représenter un indicateur rigoureux de mesure des performances des
exploitations de notre étude.
|
RICA
|
BIOREFERENCE
|
2014
|
2018
|
Evolution 2014-
2018 (%)
|
2014
|
2018
|
Evolution
2014-2018
(%)
|
SAU (ha)
|
88.9
|
89.63
|
0.82
|
89.89
|
97.68
|
8.66
|
SFP en % de la SAU
|
42.41
|
43.34
|
0.94
|
87.78
|
87.25
|
-0.53
|
UGBt
|
86.7
|
80.53
|
-7.12
|
76.27
|
82.18
|
7.76
|
UGB/UMOt
|
41.29
|
39.48
|
-4.38
|
40.19
|
39.40
|
-1.98
|
UGB/ha SFP
|
1.4
|
1.34
|
-4.29
|
1.01
|
1.02
|
0.59
|
UMOt
|
2.1
|
2.04
|
-2.86
|
2.08
|
2.26
|
8.47
|
SAU/UMOt
|
42.33
|
43.94
|
3.79
|
49.60
|
47.82
|
-3.59
|
Valeur ajoutée (VAHF)
(k€)
|
72.86
|
75.73
|
3.94
|
59266
|
52689
|
-11.10
|
EBE (k€)
|
72.74
|
76.2
|
4.76
|
81029
|
76482
|
-5.61
|
Produit brut (k€)
|
240.04
|
238.66
|
-0.57
|
199.64
|
224.11
|
12.26
|
Endettement (%)
|
42.1
|
41.88
|
-0.22
|
37.79
|
38.37
|
0.59
|
Produit brut/ha SAU (k€/ha)
|
2.70
|
2.66
|
-1.38
|
2.4063
|
2.52
|
4.59
|
Revenu disponible (k€)
|
29.8
|
39.82
|
33.62
|
53.85
|
47.14
|
-12.46
|
VAHF/ha SAU(k€/ha)
|
0.820
|
0.845
|
3.09
|
0.667
|
0.561
|
-15.83
|
Tableau 5 : Comparaison entre les exploitations du RICA et
Bioréférence et évolution. III.1.2. Evolution des grandes
caractéristiques des exploitations sur 5 ans
L'analyse des exploitations selon les critères
techniques, structurels et économiques sur la période de 5 ans
allant de 2014 à 2018 montre certaines évolutions. L'analyse de
ces évolutions est basée sur l'étude
des moyennes des 58 exploitations par année. Sur les 5 ans
de l'étude, bien qu'on puisse ne pas observer ou peu d'évolutions
importantes, des tendances se dégagent (annexe 1).
Concernant les principales variables de structure, la tendance
est à l'augmentation de la taille des fermes. Ainsi, de 2014 à
2018, nous avons une augmentation de la surface, de la main d'oeuvre et du
cheptel respectivement de 8.66%, 8.47% et 7.76% en moyenne.
STRUCTURE
On observe une augmentation continue et stable de la SAU (figure
4). Globalement, l'assolement est resté stable. Le cheptel s'est accru
continuellement jusqu'en 2017 soit une augmentation d'environ 6 UGB entre 2014
et 2017, puis on a observé une quasi-constance de 2017 à 2018.
Evolution de la surface agricole
120,00
100,00
80,00
60,00
40,00
20,00
0,00
2014 2015 2016 2017 2018
SAU SFP
STH Surface en culture
UGBt
ha et UGB
Evolution de la composition de la SAU
100%
80%
60%
40%
20%
0%
2014 2015 2016 2017 2018
Surface en culture en % de la SAU
MF en % de la SAU
ACF en % de la SAU
STH en % de la SAU
PTA en % SAU
% ha SAU
29
Figure 4 : Evolution de la surface agricole et de
l'assolement.
Le nombre total de travailleurs exprimé en unité
main d'oeuvre totale (UMOt) a légèrement cru sur les 5 ans, avec
des proportions de salariés, de bénévoles et d'exploitants
qui sont restées stables (figure 5).
Composition et évolution de la main d'oeuvre
100%
UMO
40%
80%
60%
20%
0%
UMOb UMOs UMOe UMOt
2,45
2,35
2,25
2,15
2,05
2014 2015 2016 2017 2018
Figure 5 : Evolution de la main d'oeuvre
30
La productivité physique du travail en termes de
volumes produits par travailleur a également augmenté de 9% en 5
ans (figure 6). En revanche en termes d'UGB et de SAU par main d'oeuvre, elle a
baissé respectivement de 1.98% et 3.59%.
Evolution de la productivité du travail
115
110
|
|
60,00
|
|
|
|
|
105
|
|
50,00
|
UGB ou SAU (ha)/UMOt
|
(indice 100)
|
100 95 90 85 80 75 70
|
|
40,00 30,00 20,00 10,00 0,00
|
|
|
|
|
2014 2015 2016 2017 2018
Produit/par UMO SAU/UMO UGB/UMO
Figure 6 : Evolution de la productivité du travail
L'accroissement de la taille des exploitations peut expliquer
l'accroissement du capital total d'exploitation. En effet, sur la
période le capital d'exploitation s'est accru de 14.58% et de 4.75% par
hectare de SAU. Cette augmentation est principalement due au poste
bâtiment et installations qui a cru de 12.45%. Ces investissements en
capital n'ont pas entrainé d'importants emprunts car même si en
2017, le taux d'endettement moyen atteint 40.62%, il n'a cru que de 0.59% sur
la période (37.79% en 2014 et 38.83 en 2018) (Voir annexe).
TECHNIQUE
Au niveau des critères techniques, globalement, la
productivité animale moyenne de tout l'échantillon a
légèrement baissé (-1.28%) sur toute la période
(figure7). La chute est continue de 2014 à 2017, puis, à partir
de 2017, elle connait une très légère augmentation. Les
tendances individuelles sont différentes. Les exploitations ovins lait
ont augmenté leur productivité animale en moyenne de 8.05%. De
2014 à 2016, la quantité de lait produite (l) par brebis OL
augmente de plus de 9%, avant de rester plus ou moins stable jusqu'à
2017, et de baisser de moins d'un pourcent entre 2017 et 2018. La
productivité animale CA chute de 4.24% entre 2014 et 2016. De 2016
à 2018, elle s'améliore et croit de 11.53%. En moyenne sur
l'ensemble de la période, la quantité de lait produite par
chèvre aura augmenté de 7.29%. La productivité animale
moyenne BL a connu une baisse continue sur toute la période de 6.30%. En
production de viande, la productivité animale en BV a augmenté de
1.44%, avec de fortes fluctuations sur la période. En 2015 on a une
augmentation de 4.88% des kg viande vive/UGB, puis une baisse de 9.88 % entre
2015 et 2016. Entre 2016 et 2017, la productivité animale moyenne
s'améliore et progresse
31
de 6.14%, avant de rester pratiquement stable entre 2017 et
2018. C'est les OV qui réalisent la pire évolution en termes de
productivité numérique. En effet, le nombre d'agneaux produits
par brebis présente est passé de 1.16 à 1 entre 2014 et
2018 soit une baisse 13.9%. 2017, a été particulièrement
difficile, puisque la productivité numérique était de
moins d'un agneau par brebis (soit -15.65% par rapport à 2014). Cela est
dû principalement à la sécheresse du second semestre de
l'année 2016 qui a impacté négativement l'autonomie
alimentaire pour l'année 2017.
115,00
110,00
105,00
100,00
95,00
90,00
85,00
80,00
2014 2015 2016 2017 2018
Productivité animale annuelle moyenne globale et par
production
OL
OV
CA
Echant.Glob BL
BV
Figure 7 : Evolution de la productivité animale
La baisse de la productivité animale est en partie
causée par la baisse de l'autonomie alimentaire globale. La consommation
de concentrés est déterminante dans la productivité
animale (Veysset et al. 2013). Les OL qui comparativement aux autres
productions réalisent une meilleure productivité, ont vu la
quantité de concentrés consommés par UGB augmenter de
14.55% entre 2014 et 2018. Globalement, la quantité de concentrés
consommés par UGB a augmenté de 5.32 % et cela est rendu possible
principalement par les achats qui ont cru de 17.49% en moyenne (12.08% pour les
prélèvements sur la ferme) et qui représentent en moyenne
53.34% des concentrés consommés totaux. Ces achats font baisser
l'autosuffisance en concentrés des exploitations de 2.46%, passant de
48.62% en 2014 à 46.81% en 2018.
L'augmentation de la part de concentrés dans
l'alimentation des animaux peut être imputable à la
sécheresse du second semestre de l'année 2016 qui a
impactée les récoltes de fourrages, d'où la baisse de
l'autosuffisance en fourrages conservés de 3.5%. Le nombre d'UGB par
hectare de SFP n'ayant pratiquement pas évolué, une baisse de
l'autonomie fourragère est due à une baisse des rendements des
fourrages qui a conduit les exploitants à acheter plus de fourrages et
également de concentrés. Les fourrages achetés
utilisés par UGB sont alors passés de 207kg/UGB en 2014 à
plus de 431 kg/UGB en 2018, ce qui a permis de maintenir, voire d'augmenter la
consommation de fourrages conservés par les animaux de 6.86% en 2018 par
rapport à 2014.
32
Quant à l'autonomie alimentaire permise par les
fourrages, elle passe de 79% en 2014 à 81% en 2018, avec une
évolution faible et constante sur la période.
Enfin, l'autonomie alimentaire globale a baissé sur
toute la période de 4.26%. De 2014 à 2016, elle a baissé
de 4 points de pourcentage d'UF. Entre 2016 et 2018, elle est restée
quasiment stable (Figure 8).
100
4,00
Composition de l'alimentation et autosuffisance
Fourrages conservés consommés hors pâturage
/UGB(tMS/UGB)
Concentrés consommés totaux hors hors sol (y
compris luzerne déshydratée)/UGB(tMS/UGB) Autosuffisance en
concentrés (%)
40
Autonomie alimentaire
30 globale(%UF)
20
Autonomie alimentaire par les fourrages (%)
0
2014 2015 2016 2017 2018
10
% ou % UF
tMS
3,50
3,00
0,50
0,00
2,50
2,00
1,50
1,00
90
80
70
60
50
Figure 8 : Evolution de l'autonomie alimentaire
ECONOMIE
Concernant les critères économiques, on observe
une fluctuation des prix moyens des produits au cours des 5 années.
Même si on a une augmentation sur la période du montant des ventes
de 13.29 %, les coûts de production ont aussi augmenté (Figure 9).
Cette augmentation du montant des ventes est due à l'augmentation des
quantités vendues, également des prix moyens. En effet, sur la
période, la valorisation des produits animaux a augmenté en
moyenne de 3.82%. Cette augmentation ne s'est pas faite de manière
soutenue sur la période, puisqu'en 2017, la valorisation a chuté
de 2.89% par rapport à son niveau de 2016 ; et a plus concerné
les productions des ateliers principaux en viande (BV et OV : +5.63%) que les
productions des ateliers principaux en lait (BL, OL, CA : +2.62%). Les
quantités vendues ayant également crû de 10.11%, les
produits animaux ont connu une croissance de 13.29 % (Figure 10).
Valorisation et coûts de production
115
110 105 100 95
|
|
Qté vendue
Px de vente Montant des ventes Coûts de production
|
|
|
|
90
2014 2015 2016 2017 2018
Figure 9 : Valorisation et coûts de production
115 110 105 100 95 90
|
Valorisation et coûts de production en production
de lait atelier principal
|
|
|
2014 2015 2016 2017 2018
Qté vendue Px de vente
Montant Cts de production
|
120 115 110 105 100 95 90
|
Valorisation et coûts de production en production
de viande atelier principal
|
|
|
2014 2015 2016 2017 2018
Qté vendue Px de vente
Montant Cts de production
|
33
Figure 10 : Valorisation et coûts de production par types
de production
Globalement, sur toute la période, les charges et les
produits ont augmenté, et les produits sont restés
supérieurs aux charges. Le PBG moyen est passé de 199 637 €
en 2014 à 224 110 € en 2018, soit une augmentation de 12.26% en 5
ans. Le montant total des aides a augmenté de 22.39% soit 11 251.86
€ de plus, et la part de ces aides dans le PBG a également
crû continuellement sur toute la période. Elle est passée
de 28.35% en 2014 à 31.38% en 2018. La part du produit brut de l'atelier
principal dans le PBG de l'exploitation, diminue sur toute la période,
comme conséquence de l'augmentation de la part des aides. Elle
représente en 2014, 59.58% du PBG et 56.44% du PGB en 2018. Les autres
composantes du PBG à savoir les cultures et les autres activités
(hors sol) représentent respectivement entre 5% et 6% et moins de 1% du
PBG sur toute la période (Figure 11).
Les charges opérationnelles totales de l'exploitation
augmentent de 11 913 € entre 2014 et 2018, ce qui représente une
augmentation de 22.62%. Les charges animales sont les plus importantes et
celles qui
34
augmentent le plus (23.54%), elles sont liées à
l'augmentation des achats d'aliments fourrages et concentrés. Les
charges opérationnelles totales de l'exploitation représentaient
26.26% du PBG en 2014 et 28.90% en 2018, soit une augmentation de 2%.
Les charges de structures, qui représentaient 50.07% du
PGB en 2014 se sont accrues de 23.24% entre 2014 et 2018 soit de 23 889.73
€ en valeur, pour représenter 55.09% du PBG de 2018. Les charges de
structure par hectare de SAU, entre 2014 et 2018, ont augmenté de
13.78%, alors que, sur la même période, la taille des
exploitations (SAU, UGB, UMO totale) a augmenté en moyenne, de 8.30%, ce
qui signifie qu'il y a une augmentation plus que proportionnelle des charges de
structure par rapport à l'augmentation de la taille. Le poste le plus
important est celui de la mécanisation qui représente entre 38%
et 40% des charges fixes. Les postes de charges de structures qui augmentent le
plus, sont les postes : travail (39.45%), bâtiment (30.18%) et
mécanisation (23.62%). Le taux d'endettement n'ayant
évolué que très peu, les frais financiers ont
baissé de 30.22%.
Composition des principaux produits et charges (€
constants)
|
250 000,00
|
|
Charges opérationnelles des
cultures(€)
Charges opérationnelles animales(€)
|
€
|
200 000,00
150 000,00
100 000,00
50 000,00
0,00
|
|
Charges opérationnelles de la SFP(€)
Travail(€)
Mécanisation(€)
Bâtiments(€)
Foncier(€)
Frais financiers(€)
Autres charges de structure(€)
Aides totales(€)
Hors sols et autres activités hors aides(€)
Cultures hors aides(€)
Herbivores hors aides (€)
|
|
2014 2015 2016 2017 2018
|
|
Figure 11 : Evolution des produits et des charges
Globalement, sur les 5 ans, les charges totales ont
augmenté de 23.03% quand les produits ont augmenté moins vite que
les charges de 12.26%. Cela se traduit donc par une chute des résultats
économiques entre 2014 et 2018. Ainsi, l'excédent brut
d'exploitation (EBE), le revenu disponible, et la valeur ajoutée ont
baissé respectivement de 5.61% (-4 547.03€), 12.45% (-6
706.77€) et 11% (-6 576.67€) (Figure 12). En observant
l'évolution des résultats économiques, on peut diviser les
5 années d'étude en 2 périodes, la première allant
de 2014 à 2016 où on observe une croissance des résultats
et la seconde qui va de
35
2016 à 2018 où on observe la dégradation
des résultats économiques. De 2014 à 2016, la marge brute
croit de 12.68%, l'EBE croit de 12.28%, le revenu disponible de 12.39% et la
valeur ajoutée de 4.50%. De 2016 à 2018, ces postes
décroissent respectivement de 3.67%, 15.93%, 22.10% et 14.92%. Le nombre
de travailleurs ayant augmenté sur la période, les postes de
résultats économiques ramenés au nombre de travailleurs
ont également baissé.
Résultats économiques/UMO (en €
constants)
110 000,00
|
100 000,00 90 000,00 80 000,00 70 000,00 60 000,00
|
|
|
|
|
|
|
PBG avec aides/UMOt MBG avec aides /UMOt EBE/UMOe
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
€
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
50 000,00
40 000,00
30 000,00
20 000,00
|
|
|
Revenu
disponible/UMOe
VAHF/UMOt
|
|
10 000,00
2014 2015 2016 2017 2018
Figure 12 : Evolution des résultats économiques
par main d'oeuvre
L'analyse descriptive réalisée est basée
sur l'étude des moyennes des 58 observations sur 5 ans. Elle ne prend
pas en compte les variabilités qui peuvent exister d'une exploitation
à l'autre. En observant les écart types on peut se rendre compte
de la grande variabilité qu'il existe dans les exploitations qui
constituent notre échantillon. L'application des méthodes
exploratoires devrait permettre d'exposer ces variabilités.
III.2. La variabilité des exploitations
III.2.1. Comment s'exprime la variabilité globale des
exploitations
L'ACP réalisée sur 290
observations-années montre que les 5 premier axes de dispersion
statistiquement indépendants les uns des autres expliquent 65.10 % de la
variance totale. A partir du 3ème axe, l'apport d'information par les
suivants reste faible. La corrélation entre les variables et les autres
axes reste faible, ces axes ne nous permettent donc pas d'expliquer la
variabilité des exploitations. Nous retiendrons donc les 3 premiers axes
qui expliquent seulement 48, 50% de la variabilité totale, mais qui sont
le plus significativement corrélés à nos variables et donc
les résument au mieux (voir annexe 2). Sur le tableau 6, figure le
résumé des variables les plus explicatives des axes et leurs
corrélations aux axes principaux retenus. Les variables les plus
corrélées aux axes sont en gras.
36
|
Corrélation
|
p.value
|
Axe 1
|
Sculture
|
0.8581399
|
2.25E-85
|
SCulture...
de.la.SAU
|
0.7274332
|
5.04E-49
|
Sintraconso
|
0.6963299
|
2.20E-43
|
SAU
|
0.6647524
|
2.37E-38
|
H
|
0.6472677
|
8.03E-36
|
UGBt
|
0.6154694
|
1.27E-31
|
Svendues
|
0.6058251
|
1.94E-30
|
Nb.typ cultures
|
0.5898707
|
1.43E-28
|
VAHF.UMOt
|
0.5640827
|
9.22E-26
|
Stroupeau.SAU
|
-0.5381409
|
3.58E-23
|
STH.SFP
|
-0.5561421
|
6.05E-25
|
STH.SAU
|
-0.619082
|
4.49E-32
|
Axe 2
|
CO.ha.de.SAU
|
0.8559752
|
1.69E-84
|
PBG.ha.SAU
|
0.7571288
|
3.45E-55
|
CO.PBG
|
0.6863882
|
9.91E-42
|
UGB.SFP
|
0.6295152
|
2.04E-33
|
AAG
|
-0.5507116
|
2.13E-24
|
SAU
|
-0.602847
|
4.40E-30
|
SFP
|
-0.639123
|
1.07E-34
|
Axe 3
|
UGB.UMOt
|
0.6944179
|
4.63E-43
|
SAU.UMOt
|
0.6494965
|
3.90E-36
|
Capital.UMOt
|
0.549028
|
3.13E-24
|
STH.SFP
|
0.5315952
|
1.49E-22
|
Endettement
|
0.5290628
|
2.56E-22
|
STH.SAU
|
0.5073526
|
2.24E-20
|
PT.PA.SFP
|
-0.5458278
|
6.46E-24
|
PT.PA.SAU
|
-0.5570493
|
4.89E-25
|
Tableau 6 : Les variables les mieux corrélées aux
axes de l'ACP
La dimension 1 regroupe 21.5% de la variabilité totale
des exploitations. Elle résume les informations concernant la taille et
la composition des surfaces des exploitations. Une augmentation de la taille
des exploitations (SAU, UGB) se fait parallèlement à la
diversification de l'assolement, à l'augmentation des cultures et des
parts de cultures, vendues et intra consommées et en opposition avec la
part de l'herbe dans la SAU. L'axe oppose les systèmes de polycultures
élevage, moins spécialisés à des systèmes de
petite taille, herbagers, avec une part importante des prairies temporaires et
d'herbes dans la
SAU. LA valeur ajoutée par
travailleur est positivement corrélée à cet axe.
L'axe 2 explique 14.9 % de la variabilité totale. Il
caractérise les exploitations avec des charges à l'hectare
élevées, un chargement élevé et un PBG à
l'hectare également élevé. Il est négativement
corrélé à la taille (SAU, SFP) et l'autonomie alimentaire.
Il caractérise alors les systèmes intensifs, de petite taille et
qui ne sont pas autonomes en aliments.
37
L'axe 3 quant à lui représente 12.1% de la
variabilité totale. Il est positivement corrélé à
la productivité du travail et négativement aux prairies
temporaires. Il oppose les systèmes qui ont une productivité du
travail élevée, mais fortement endettées, aux
exploitations qui disposent d'une part importante de prairies temporaires dans
leur surface agricole
A l'issue de cette ACP, nous pouvons remarquer que les
variables de résultats économiques sont faiblement
corrélées aux axes principaux retenus (tableau 7), on ne peut pas
conclure qu'une pratique ou caractéristique en particulier permette de
bons résultats économiques. Nous allons à partir de cette
ACP, établir une typologie des systèmes agrobiologiques du MC,
qui nous renseignera plus sur la variabilité entre les exploitations de
notre échantillon.
|
Axe 1
|
Axe 2
|
Axe 3
|
EBE.PBG
|
-0.189
|
-0.254
|
-0.100
|
VAHF.SAU
|
0.334
|
0.066
|
-0.373
|
VAHF.PBG
|
0.193
|
-0.356
|
-0.349
|
EBE.SAU
|
-0.027
|
0.359
|
-0.228
|
RD.UMOe
|
0.220
|
-0.219
|
-0.031
|
RD.ha.SAU
|
-0.147
|
0.225
|
-0.327
|
Cts.de.production
|
-0.350
|
-0.088
|
-0.202
|
MB.fin.avec.aides.UGB
|
0.030
|
-0.225
|
-0.217
|
EBE.UMOe
|
0.422
|
-0.196
|
0.201
|
VAHF.UMOt
|
0.564
|
-0.143
|
-0.006
|
Tableau 7 : Corrélation entre les variables de
résultats économiques et les axes de l'ACP III.2.2. Quelle
typologie des exploitations peut-on faire ?
A la suite de l'ACP, nous avons réalisé une
classification ascendante hiérarchique (CAH) sur les 3 axes retenus pour
l'ACP. Elle permet d'obtenir 3 classes d'exploitations dont les moyennes des
variables sont présentées dans le tableau 8. Les trois classes
obtenues sont assez équilibrées en nombre, les deux
premières contiennent 94 exploitations-années et la
troisième 102 exploitations-années.
38
|
Classe 1
|
Classe 2
|
Classe 3
|
UMOt
|
1.93
|
1.87
|
2.74
|
UMOe
|
1.58
|
1.56
|
1.99
|
UMOs
|
0.19
|
0.26
|
0.67
|
UMOb
|
0.16
|
0.05
|
0.08
|
SAU (ha)
|
81.58
|
58.11
|
137.91
|
SFP (ha)
|
75.27
|
51.63
|
110.09
|
SAU/UMOt
|
48.31
|
33.55
|
60.54
|
Surface en culture (ha)
|
6.31
|
6.49
|
27.82
|
Sculture en % SAU
|
7.65
|
11.16
|
19.58
|
Scultures.intracons.
|
5.45
|
5.58
|
19.02
|
Sculture vendues en % de la SAU
|
1.33
|
1.52
|
6.56
|
STH en % de la SAU
|
64.46
|
28.75
|
31.91
|
STH en % de la SFP
|
67.79
|
31.49
|
39.42
|
Nb types de cultures
|
1.71
|
2.13
|
2.52
|
H (Shannon)
|
0.34
|
0.55
|
0.67
|
UGBt
|
71.28
|
61.32
|
105.51
|
UGB/UMOt
|
40.59
|
34.66
|
43.71
|
Chargement UGB/ha SFP
|
0.91
|
1.25
|
0.95
|
Endettement (%)
|
45.54
|
35.09
|
36.08
|
Degré de spécialisation (%)
|
87.20
|
86.05
|
75.51
|
Cc/UGBt
|
666.80
|
876.67
|
866.03
|
Acc (%)
|
33.27
|
39.90
|
65.67
|
AAF (%)
|
83.30
|
75.05
|
79.25
|
AAG (%)
|
85.66
|
83.15
|
89.00
|
Valorisation (€/l ou kg)
|
1.68
|
1.74
|
1.65
|
Aides en % du PBG
|
33.86
|
27.92
|
29.09
|
PBG/ha SAU
|
2187.29
|
3162.37
|
2242.81
|
CS/ha SAU
|
1082.39
|
1549.98
|
1243.43
|
CO/ha de SAU
|
553.22
|
1014.17
|
613.45
|
VAHF/SAU
|
519.92
|
728.53
|
648.33
|
VAHF en % du PBG hors aides
|
28.17
|
26.40
|
32.03
|
EBE/SAU
|
918.10
|
1138.25
|
844.03
|
RD/UMOe
|
31193.37
|
24588.18
|
36690.68
|
Revenu dispo/ha SAU
|
642.50
|
780.72
|
527.05
|
EBE/UMOe
|
46720.22
|
38006.75
|
58889.01
|
VAHF/UMOt
|
19436.38
|
18977.60
|
28887.22
|
Tableau 8 : Moyennes des variables pour chaque classe
La classe 1 (94 individus-années) est positivement
corrélée à l'axe 3 et négativement
corrélée aux axes 1 et 2. Dans cette classe, on retrouve les
exploitations en systèmes herbagers avec une grande part de surfaces en
herbes (64% de la SAU) et donc une autonomie alimentaire par les fourrages qui
est élevée (83%). A contrario, elles ont un assolement moins
diversifié, ne pratiquent pas beaucoup de cultures et sont donc peu
autosuffisantes en concentrés, ce qui affecte négativement leur
productivité animale. On retrouve également dans ce groupe des
exploitations assez spécialisées sur un type de production
élevage, ce sont les plus spécialisées des 3 classes. Ce
sont des exploitations qui dépendent fortement des aides car nous
pouvons voir que les aides occupent une grande part dans leur PBG. Elles ont
cependant des coûts de production élevés. En termes de
résultats économiques, le fait qu'elles aient
39
moins de charges fixes et variables à l'hectare fait
que nous avons l'EBE en pourcentage du PBG qui est assez
élevé.
La classe 2 (94 individus-années) est positivement
corrélée à la dimension 2 et négativement à
la dimension 3. Elle regroupe les systèmes d'élevage intensifs,
avec un degré de spécialisation élevé. Les
exploitations de cette classe sont de petite taille avec un chargement (UGB/ha
SFP) très élevé. Elles disposent de peu ou pas de surfaces
en cultures, ce qui ne leur permet pas d'atteindre l'autonomie alimentaire
globale. Du fait de leur petite surface et de leur niveau d'intensification,
leur PBG et la valeur ajoutée ramenés à l'hectare sont
élevés. Ce sont des exploitations qui supportent des charges de
structure et opérationnelles à l'hectare élevés.
Cette organisation, associée à une quantité importante de
concentrés consommés par UGB, leur permet d'avoir une bonne
productivité animale.
La classe 3 (102 individus-années) quant à elle,
est fortement positivement corrélée à l'axe 1, elle est
également positivement corrélée dans une moindre mesure
à l'axe 3 et négativement corrélée à l'axe
2. Dans le troisième groupe, on retrouve des systèmes de
polyculture élevage. Ce sont les plus grandes exploitations en taille
(SAU 137.91, UGBt 105.51, UMOt 2.74), avec un chargement à l'hectare et
une surface en herbe faibles, disposant de grandes surfaces en cultures, un
assolement diversifié et moins spécialisées que les autres
groupes dans un seul type de production. Elles sont autosuffisantes en aliments
et l'importance des cultures dans la SAU leur permet d'être plus
autosuffisantes en concentrés. Elles ne sont pas fortement
dépendantes des aides et les résultats économiques
ramenés à l'hectare sont faibles. La faiblesse de leurs
coûts de production, permet d'obtenir un revenu disponible et une valeur
ajoutée par travailleur élevés.
L'ACP, puis la CAH sur 290 individus-années confirment
l'existence d'une forte variabilité entre les exploitations, tout types
de production confondus. Observe-t-on les mêmes effets chaque
année ?
III.2.3. Comment s'exprime la variabilité d'une
année à l'autre
5 ACP ont été réalisées sur chaque
année de l'étude. Pour toutes les années, sauf
l'année 2016, la variabilité s'exprimait globalement de la
même manière et la corrélation des axes aux variables
était dans l'ensemble semblable à celle dans l'analyse
précédente. Nous allons donc développer les
résultats de l'ACP obtenus en 2016.
Quand nous considérons l'année 2016, nous
pouvons retenir les 4 premiers axes factoriels qui résument 60.19 % de
la variance. Nous retenons l'axe 4 parce qu'il est significativement fortement
corrélé à plusieurs variables intéressantes.
L'axe 1 représente 21.05% de la variance totale. Il
résume les variables relatives à la taille, la surface en
culture, la diversité de l'assolement, auxquelles il est positivement
corrélé ; ainsi que les variables relatives à la surface
consacrée au troupeau et à la surface en herbe, auxquelles il est
négativement corrélé.
40
L'axe 2 résume 16.4% de la variance. C'est sur cet axe
que la différence avec les autres ACP apparait. Selon cet axe, une
augmentation de la SFP, de la SAU et de l'autonomie alimentaire globale, se
fait parallèlement à une baisse des charges
opérationnelles, du PBG à l'hectare et du chargement (UGB/ha
SFP). L'axe exprime ainsi l'agrandissement de la taille de l'exploitation et la
diversification vers des activités autres que l'élevage, qui
favorisent la baisse des charges opérationnelles.
L'axe 3 représente 12.1% de la variabilité
totale et associe une bonne productivité du travail, une surface en
herbe et un endettement important à de petites praires artificielles.
Enfin l'axe 4 qui explique 10.7% de la variance, est
positivement corrélé aux charges de structures à
l'hectare, aux annuités d'emprunt et à une main d'oeuvre
salariée et négativement corrélé à la part
de culture dans l'assolement.
A la suite de cela, nous avons fait une CAH qui a
établi trois groupes avec les mêmes caractéristiques
générales que les classes que nous avions obtenues en faisant la
classification précédente. Aucune des classes construites n'est
corrélée à l'axe 4.
Globalement, nous concluons que des variabilités
existent entre les exploitations de notre échantillon. Cette
variabilité s'exprime de la même manière sur toute la
période, sauf en 2016 où des perturbations ont entrainé de
légers changements. La classification permet de distinguer trois groupes
d'exploitations sans que nous ayons des précisions sur les
caractéristiques particulières qui favorisent l'obtention de bons
résultats économiques chez les exploitations AB du MC, les
variables de résultat économiques étant faiblement
corrélées aux axes de l'ACP.
III.3. Formation et répartition des gains de
productivité en élevage biologique de ruminants
dans le MC : La méthode des comptes de surplus
III.3.1. Evolution des gains de productivité en
élevage Bio de ruminants du MC
III.3.1.1. Surplus de productivité globale des facteurs
pour toutes les filières
Sur l'ensemble des 5 ans, le cumul du surplus de
productivité globale de toutes les 58 exploitations, représente
une perte de 21 639€ soit une chute de 2.65% par an. Globalement, les
exploitations du projet Bioréférence sont
caractérisées par un cumul du surplus de productivité
globale en chute entre 2014 et 2018. Cela traduit le fait que les volumes des
intrants utilisées chaque année, ont augmenté plus que les
volumes des produits (figure 13), c'est-à-dire que la variation du
volume des intrants entre 2014 et 2018 a été supérieure
à la variation du volume des produits.
0
-5000
-10000
-15000
-20000
-25000
SPG
2014 2015 2016 2017 2018
trend =-0.026519834
41
Figure 13 : Evolution du cumul du SPG des exploitations
Bioréférence entre 2014 et 2018
Cette augmentation des volumes des intrants est principalement
due aux achats d'aliments, fourrages et concentrés qui ont
augmenté respectivement de 3154€ et 1830 € (Figure 14). Ce
résultat est également dû aux charges de
mécanisation dont les travaux par tiers et l'entretien du
matériel qui ont augmenté de 2052€ et 1596€. (Voir
annexe 3)
3500
Fournitures et...
Engrais
Travaux par tiers...
Carburants et... Entretien du... Achat petit... Entretien des...
Assurances
Travaux par tiers
Eau + Electricité +...
Frais de gestion +...
Assurance pour les... Taxes végétales
Autre charge... Total charges...
Concentrés achetés
Amendements Semences et plants... Produits de... Fournitures
pour... Frais de...
Co-produits... Autres Aliments... Fourrages achetés Frais
d'élevage+... Litière Autres charges...
3000
2500
2000
1500
1000
500
0
-500
Figure 14 : Variation des volumes des consommations
intermédiaires III.3.1.2. Surplus de productivité globale des
facteurs pour la filière bovins lait
L'élevage de bovins laitiers a également connu
sur la période une baisse du surplus de productivité globale
(Figure 15). Le volume en moyenne de tous les produits (6335€) a
augmenté beaucoup moins vite que celui des intrants (19614€) sur
toute la période. Le poste des charges qui a le plus augmenté est
celui des achats de fourrages dont le cumul représente 5620€.
L'augmentation des volumes de charges par rapport aux produits devient beaucoup
plus rapide entre les années 2016 et 2017. Cela pourrait s'expliquer par
la sécheresse de l'année 2016 qui a entrainé une hausse
des achats de fourrages et une baisse des volumes de concentrés
(céréales) qui aurait affecté la productivité
animale.
SPG en bovins lait
5000
0
-5000
-10000
-15000
-20000
-25000
2014 2015 2016 2017 2018
trend = 0.027845214
42
Figure 15 : Evolution du cumul du SPG en élevage Bio de
bovins lait entre 2014 et 2018 III.3.1.3. Surplus de productivité
globale des facteurs pour la filière bovins viande
Les bovins allaitants n'échappent à la tendance
de baisse du surplus de productivité. Le SPG a en effet baissé de
2.51% par année, en moyenne sur la période. On observe une baisse
entre 2014 et 2016 du surplus. Entre 2016 et 2017, on a une
légère augmentation des volumes des produits, toujours dans une
moindre mesure par rapport à l'augmentation des volumes des charges,
mais qui a permis une légère augmentation du surplus par rapport
à son niveau de 2016. Cette tendance n'aura duré qu'un an,
puisqu'à partir de 2017, le surplus recommence à diminuer (Figure
16). L'augmentation en volumes des intrants chez les exploitations de bovins
viande est principalement liée à l'augmentation des volumes des
charges de mécanisation dont les travaux par tiers et l'entretien du
matériel qui ont augmenté respectivement de 4683€ et de
4241€ en 5 ans. Les charges animales diverses (pensions, travaux par
tiers, location, taxes, frais de transformation, frais de commercialisation...)
ont également augmenté de 3530€.
SPG en bovins viande
0
-5000
-10000
-15000
-20000
2014 2015 2016 2017 2018
trend= -0.025107978
Figure 16 : Evolution du cumul du SPG en élevage Bio de
bovins viande entre 2014 et 2018 III.3.1.4. Surplus de productivité
globale des facteurs pour la filière ovins lait
Sur la période 2014-2018, le cumul du surplus de
productivité globale en production ovins viande représente une
perte de 23649€ en moyenne soit une baisse du surplus de 1.82% par an
(Figure 17).
43
L'augmentation des volumes des charges a été
plus importante que celle des produits à cause principalement des achats
d'aliments et des charges de mécanisation. Le cumul des achats de
fourrages a augmenté de 3154 € et des concentrés
achetés de 1829€. Les travaux par tiers de mécanisation ont
augmenté de 2052€ et l'entretien du matériel de
1596€.
SPG ovins lait
0
-5000
-10000
-15000
-20000
-25000
2014 2015 2016 2017 2018
trend = -0.018171333
Figure 17 : Evolution du cumul du SPG en élevage Bio ovins
lait entre 2014 et 2018 III.3.1.5. Surplus de productivité globale des
facteurs pour la filière ovins viande
Le cumul du surplus de productivité globale en
élevage bio ovins viande en 2018 est de -30208 €, ce qui
représente une baisse de 6.24% en moyenne par an entre 2014 et 2018
(Figure 18). La baisse de surplus a été beaucoup plus importante
chez les ovins viande que chez les autres filières de notre
réseau. Les exploitations ovins viande ont particulièrement
souffert de la sécheresse de l'année 2016. Certaines d'entre
elles fonctionnent essentiellement à l'herbe, cette sécheresse a
donc fortement impacté l'autonomie alimentaire et la productivité
animale. D'où la baisse de surplus qui a été plus
importante à partir de 2016. De plus, ce sont des exploitations qui
nourrissent beaucoup les animaux avec des concentrés, dont les volumes
achetés ont augmenté le plus, de 4331 € sur 5 ans.
SPG ovins viande
0
-5000
-10000
-15000
-20000
-25000
-30000
-35000
2014 2015 2016 2017 2018
trend = -0.062450456
Figure 18 : Evolution du cumul du SPG en élevage Bio
ovins viande entre 2014 et 2018 III.3.1.6. Surplus de productivité
globale des facteurs pour la filière caprine
44
Enfin, chez les élevages de caprins en bio,
globalement, le surplus de productivité global a baissé de 1.86%
par an (Figure 19). Si cette filière n'échappe pas à la
baisse de surplus constatée dans les autres filières, nous
pouvons quand même noter qu'à partir de 2016, la différence
entre la variation des volumes de produits et de charges tend à se
réduire et le SPG évolue à la hausse. Tout comme les
autres filières, la filière caprine a vu ses charges alimentaires
en volume beaucoup augmenter. Ici, ce sont les achats de fourrages qui ont
augmenté le plus, à hauteur de 2639€. Les charges diverses
ont également augmenté. A titre d'exemple, l'entretien du
bâtiment a augmenté de 2044€.
SPG caprins
0
-5000
-10000
-15000
-20000
-25000
2014 2015 2016 2017 2018
trend = -0.018605275
Figure 19 : Evolution du cumul du SPG en élevage Bio
caprins entre 2014 et 2018 III.3.2. Formation et répartition des gains
de productivité
Après avoir vu comment évoluait le surplus de
productivité globale des exploitations du projet
Bioréférence, nous présenterons la formation du surplus
économique généré par les exploitations et sa
répartition entre les différents partenaires pour toutes les
exploitations et pour chacune des 5 filières.
III.3.2.1. Compte de surplus pour toutes les exploitations
Sur les 5 ans toutes filières confondues, le surplus
économique cumulé généré par les
exploitations s'élève à 28 636 € en moyenne par
exploitation (tableau 9). Le surplus économique provient principalement
de la baisse de la rémunération des exploitants
(profitabilité) à 49% et de l'augmentation des aides de l'Etat
à 41%. Le SPG représente un emploi (SPG< 0) de 21 640€
soit 76% des ressources économiques de la période, à
financer. Globalement, nous observons une augmentation des prix des
consommations intermédiaires, du foncier (précisément du
fermage) et du travail qui captent respectivement 5%, 3% et 17% des ressources
du surplus économique. L'augmentation du prix du travail est
principalement due à l'augmentation des charges sociales exploitants
(MSA). Même si globalement, les prix des produits ont augmenté
plus que ceux des charges, cela ne représente pas un réel
avantage pour l'exploitant dont la rémunération a baissé
et les charges sociales augmenté. En plus des exploitants, l'Etat subit
également un désavantage important du fait de l'augmentation des
aides et dans une moindre mesure les fournisseurs de matériels et
équipement qui fournissent 1% des ressources du surplus
45
économique. Les prix du lait et des cultures augmentent
beaucoup plus que le prix de la viande qui a stagné quasiment en 5 ans,
les ateliers laitiers sont plus bénéfiques aux éleveurs
que les ateliers de viande. L'avantage prix obtenu sur les cultures est
bénéfique pour les éleveurs qui en vendent, et
désavantage les acheteurs par l'augmentation des prix des aliments
concentrés (consommations intermédiaires). Globalement, les
acteurs qui perçoivent des avantages sont les propriétaires
fonciers, les fournisseurs des consommations intermédiaires, les
salariés de l'agriculture. (Voir annexe 3).
Emplois
|
€
|
%
|
Ressources
|
€
|
%
|
Produit viande
|
69
|
0%
|
Produit lait
|
1861
|
6%
|
Foncier
|
751
|
3%
|
Produits cultures
|
833
|
3%
|
Conso intermédiaire
|
1373
|
5%
|
Autres produits
|
190
|
1%
|
MSA
|
3670
|
13%
|
Aides
|
11695
|
41%
|
Salariés
|
1134
|
4%
|
Capital+équipements
|
165
|
1%
|
SGP
|
21640
|
76%
|
Profitabilité
|
13891
|
49%
|
|
|
|
|
|
|
TOTAL
|
28636
|
100%
|
|
28636
|
100%
|
Tableau 9 : Compte de surplus cumulé, moyenne par
exploitation en € constants et en % des ressources et emplois
III.3.2.2. Compte de surplus pour la filière bovins
lait
Chez les exploitants de la filière bovins lait, le
cumul des ressources économiques représente 25 478€ et est
financé en grande partie par la baisse de la rémunération
des exploitants de 45% et par l'augmentation des aides de l'Etat de 43%
(tableau 10). Le SPG représente un besoin de financement de 21 586€
soit 85% du cumul du surplus économique. L'avantage des exploitants
provient de l'augmentation des prix des produits viande, des cultures et des
autres produits de respectivement 7%, 3% et 1%. Les propriétaires
fonciers perçoivent un désavantage par la baisse du prix des
fermages qui permet de financer 1 % du surplus économique. L'aval de la
filière lait de vache perçoit un avantage du fait de la baisse du
prix du lait et les fournisseurs des consommations intermédiaires
également. Les taux d'intérêts et les amortissements chez
les exploitants de bovins lait n'ont presque pas évolué (0%).
Emplois
|
€
|
%
|
Ressources
|
€
|
%
|
Produit lait
|
1131
|
4%
|
Produit viande
|
1768
|
7%
|
Capital+équipements
|
19
|
0%
|
Produits cultures
|
837
|
3%
|
Conso intermédiaire
|
1990
|
8%
|
Autres produits
|
192
|
1%
|
Travail et cotisations
|
751
|
3%
|
Aides
|
10951
|
43%
|
SGP
|
21586
|
85%
|
Foncier
|
376
|
1%
|
|
|
|
Profitabilité
|
11353
|
45%
|
|
|
|
|
|
|
TOTAL
|
25478
|
100%
|
TOTAL
|
25478
|
100%
|
Tableau 10 : Compte de surplus cumulé, moyenne par
exploitation en € constants et en % des ressources et emplois pour la
filière bovin lait
46
III.3.2.3. Compte de surplus pour la filière bovins
viande
De 2014 à 2018, dans la filière bovins viande,
les ressources économiques générées ont pour
origine à 50% l'augmentation des aides, à 29% la baisse du profit
des éleveurs, à 14% l'augmentation du prix de la viande produite,
à 5% l'augmentation du prix des cultures et à 1% la baisse des
amortissements et des taux d'emprunts (tableau 11). Les propriétaires
fonciers perçoivent un avantage et captent 1% du surplus, les
fournisseurs de consommations intermédiaires captent 6% du surplus et 6
% du surplus est consacré aux charges salariales et cotisations
sociales. Les avantages que perçoivent les exploitants sur les prix des
produits ne représentent pas de réels avantages avec la baisse de
leurs revenus, la hausse des cotisations sociales et un SPG qui
représente un emploi à financer captant 72% des ressources
économiques créées.
Emplois
|
€
|
%
|
Ressources
|
€
|
%
|
Foncier
|
144
|
1%
|
Produit viande
|
3259
|
14%
|
Conso intermédiaire
|
1419
|
6%
|
Produits cultures
|
1176
|
5%
|
Travail et cotisations
|
4953
|
21%
|
Autres produits
|
96
|
0%
|
SGP
|
16557
|
72%
|
Aides
|
11617
|
50%
|
|
|
|
Capital+équipements
|
235
|
1%
|
|
|
|
Profitabilité
|
6690
|
29%
|
|
|
|
|
|
|
TOTAL
|
23073
|
100%
|
TOTAL
|
23073
|
100%
|
Tableau 11 : Compte de surplus cumulé, moyenne par
exploitation en € constants et en % des ressources et emplois pour la
filière bovins viande
III.3.2.4. Compte de surplus pour la filière ovins lait
Concernant la filière Ovins lait, Le SPG se comporte de
la même manière que dans les autres filières. Il
représente un besoin de financement de 23 650€ soit 62% des
ressources économiques. Les ressources économiques
cumulées de la filière sur la période proviennent
principalement à 55% de l'augmentation des aides de l'Etat. Les
producteurs de lait perçoivent un avantage considérable qui
représente 20% du surplus économique généré.
Les éleveurs sont tout de même obligés de baisser leur
rémunération de 5 619€ soit 15% des ressources totales, pour
financer les charges foncières, les charges salariales et les
cotisations sociales ainsi que la baisse du surplus de productivité
globale des facteurs. En élevage ovins lait, les fournisseurs de
consommations intermédiaires ne captent pas d'avantage prix tout comme
les fournisseurs de capitaux et d'équipements (tableau 12).
47
Emplois
|
€
|
%
|
Ressources
|
€
|
%
|
Autres produits
|
176,3
|
0%
|
Produit lait
|
7686
|
20%
|
Foncier
|
4916
|
13%
|
Produit viande
|
865,6
|
2%
|
Travail et cotisations
|
9363
|
25%
|
Produits culture
|
1893
|
5%
|
SGP
|
23650
|
62%
|
Aides
|
20858
|
55%
|
|
|
|
Conso intermédiaire
|
345,6
|
1%
|
|
|
|
Capital + Equipement
|
839,3
|
2%
|
|
|
|
Profitabilité
|
5619
|
15%
|
TOTAL
|
38106
|
100%
|
TOTAL
|
38106
|
100%
|
Tableau 12 : Compte de surplus cumulé, moyenne par
exploitation en € constants et en % des ressources et emplois pour la
filière ovins lait
III.3.2.5. Compte de surplus pour la filière ovins
viande
Comparativement aux autres filières, les exploitations
ovins viande réalisent les pires gains (pertes) de surplus de
productivité globale. En effet ce SPG représente un besoin de
financement à 92 % des ressources économiques totales moyennes
soit 30 208€. Les avantages perçus par les éleveurs sur les
produits, le foncier et les aides ne sont pas suffisants pour financer
l'augmentation des prix des consommations intermédiaires, des charges
salariales et sociales et la baisse du SPG. Ce qui oblige les éleveurs
à fortement réduire leur rémunération. Ainsi les
ressources économiques de la période ont pour origine principale
et à hauteur de 77% la baisse du revenu des éleveurs. Les aides
accordées par l'Etat à la filière ont peu augmenté
(3 643€) sur 5 ans et l'ensemble des ressources économiques
proviennent à 11% de ces aides (Tableau 13).
Emplois
|
€
|
%
|
Ressources
|
€
|
%
|
Conso intermédiaire
|
1246
|
4%
|
Produit viande
|
1112
|
3%
|
Travail et cotisations
|
1409
|
4%
|
Produits cultures
|
212
|
1%
|
SGP
|
30208
|
92%
|
Autres produits
|
294
|
1%
|
|
|
|
Aides
|
3643
|
11%
|
|
|
|
Foncier
|
2039
|
6%
|
|
|
|
Capital+équipements
|
192
|
1%
|
|
|
|
Profitabilité
|
25372
|
77%
|
TOTAL
|
32864
|
100%
|
TOTAL
|
32864
|
100%
|
Tableau 13 : Compte de surplus cumulé, moyenne par
exploitation en € constants et en % des ressources et emplois pour la
filière ovins viande
III.3.2.6. Compte de surplus pour la filière caprine
La filière caprine ne se différencie pas
fortement des autres filières. L'origine des ressources
économiques totales se partage entre la baisse du profit des
éleveurs (62%), l'augmentation des aides de l'Etat (24%), l'augmentation
du prix du lait (12%) et l'augmentation des prix des produits des autres
activités (2%). Les producteurs perçoivent ainsi un avantage sur
la production du lait même si leurs
48
revenus diminuent considérablement. L'aval de la
filière viande caprine, les propriétaires fonciers et les
fournisseurs de consommations intermédiaires et de capitaux et
équipements bénéficient du surplus économique
généré à hauteur de 27%, 4%, 6% et 1%
respectivement. La baisse du SPG est moins importante chez les éleveurs
de caprins par rapport aux autres filières et la profitabilité
des exploitations est fortement affectée par la baisse de la
productivité. L'évolution des prix des produits caprins est
également très instable d'une année à l'autre. De
plus la petite taille de l'échantillon caprins (8 exploitations) fait
qu'un ou deux élevages avec des résultats extrêmes peuvent
fortement influencer les tendances moyennes des résultats
présentés ici (Tableau 14).
Emplois
|
€
|
%
|
Ressources
|
€
|
%
|
Produit viande
|
11912
|
27%
|
Produit lait
|
5187
|
12%
|
Produits cultures
|
412,5
|
1%
|
Autres produits
|
711,1
|
2%
|
Conso intermédiaire
|
2584
|
6%
|
Aides
|
10779
|
24%
|
Foncier
|
1751
|
4%
|
Profitabilité
|
27695
|
62%
|
Capital+équipement
|
540,4
|
1%
|
|
|
|
Travail et cotisations
|
10639
|
24%
|
|
|
|
SGP
|
16532
|
37%
|
|
|
|
TOTAL
|
44372
|
100%
|
TOTAL
|
44372
|
100%
|
Tableau 14 : Compte de surplus cumulé, moyenne par
exploitation en € constants et en % des ressources et emplois pour la
filière caprins
III.4. Les déterminants de la performance
économique et de l'efficience globale des
exploitations
Afin de déterminer les caractéristiques
structurelles, organisationnelles ou techniques qui permettraient d'obtenir des
gains de surplus de productivité nous avons estimé quatre
modèles par la méthode semi-parametric maximum likelihood (SML).
Les résultats synthétiques des quatre modèles
estimés sont présentés dans le tableau 15. Certaines
variables ne peuvent pas être intégrées conjointement dans
le modèle car elles sont corrélées (voir annexe 4). C'est
le cas des variables inputmix_ttx et inputmix_Cc ; p_sal et p_fam, elles sont
alors estimées dans différents modèles.
49
Variable
|
model1
|
model2
|
model3
|
model4
|
inputmix_ttx
|
-6.1263375***
|
-4.7027273***
|
|
|
Effic
|
1.342439***
|
2.1111203***
|
2.7987949***
|
2.8016566***
|
Eff_fix
|
3.9646728***
|
5.4036273***
|
5.3233995***
|
5.3310684***
|
Output_mix
|
-.16647804***
|
-.13710087***
|
-.06989609***
|
-.0700413***
|
UGBt
|
-.05186385***
|
-.04932799***
|
-.0737061***
|
-.07374656***
|
p_sal
|
-7.284566***
|
|
|
-2.4776234***
|
BL
|
-4.8255551***
|
-8.3689302***
|
-1.6505452***
|
-1.6574707***
|
BV
|
-.08657976
|
-3.4603164***
|
.76306028*
|
.76088511*
|
OL
|
-1.9852433***
|
-5.369289***
|
.58821857*
|
.58582684*
|
OV
|
-6.296354***
|
-7.04142***
|
.23810897
|
.23478528
|
p_fam
|
|
3.5704081***
|
2.4588536***
|
|
inputmix_Cc
|
|
|
13.370438***
|
13.389256***
|
legend:
|
*p<.1;
|
**p<.05;
|
***p<.01
|
|
Tableau 15 : Résultats des estimations
Inputmix_ttx et inputmix_Cc
Le coefficient relié à la part des achats
d'aliments dans l'alimentation totale est négatif, dans tous les
modèles. Ce coefficient est significatif au seuil de 1%. Les
résultats de l'estimation montrent que l'augmentation des aliments
achetés dans l'alimentation totale corrèle négativement
avec l'obtention du surplus de productivité globale des facteurs
positif. L'autonomie alimentaire globale est alors un élément
nécessaire pour l'obtention de bons résultats économiques
au sein des exploitations. Si le coefficient positif de la variable inputmix_Cc
signifie que l'augmentation d'achats de concentrés dans l'alimentation
totale a un effet positif sur le SPG. Cela peut s'expliquer par le fait qu'une
consommation importante de concentrés en améliorant la
productivité animale, peut améliorer le SPG. Cependant ce
résultat est à mettre en rapport avec la question de l'autonomie
alimentaire, qui elle est nécessaire à l'obtention d'un SPG
positif. L'achat de concentrés améliore le gain de surplus, mais
une part trop importante d'achats impacterait l'autosuffisance alimentaire et
donc aurait un impact négatif sur le SPG.
Effic et Eff_fix
Les coefficients associés à ces deux variables
sont positifs et statistiquement différents de 0 au seuil de 1% dans les
trois modèles. Ce qui signifie qu'une maitrise des coûts variables
et fixes, (PB/cts variables et PB/cts fixes) est positivement
corrélée à un SPG positif.
Outputmix
Cette variable mesure la diversité dans l'offre de
production des exploitations. Concrètement, elle mesure le degré
de spécialisation (en %). Le coefficient qui lui est associé est
négatif et statistiquement significatif au seuil de 1% dans tous les
modèles. Une trop grande spécialisation a un effet négatif
sur le SPG. La diversification permet alors d'améliorer leur gain de
productivité. Peut se poser ici la question
50
de seuil, jusqu'à quel niveau peut-on être
spécialisé si on veut continuer de générer des
gains de productivité.
UGBt
La variable UGB représente la taille du cheptel
d'herbivores, elle est utilisée ici comme indicatrice de la taille des
exploitations. Le coefficient qui lui est associé est négatif et
significatif au seuil de 1% dans les trois modèles. L'accroissement de
la taille peut être un facteur pénalisant dans la
génération d'un SPG positif. Ce résultat traduit le fait
qu'au sein des exploitations de notre réseau on n'observe pas
d'économie d'échelle.
P_sal et p_fam
Le coefficient associé à la variable p_sal qui
représente la part de travailleurs salariés dans la main d'oeuvre
totale est négatif et statistiquement différent de 0, et de fait
le coefficient associé à la variable p_fam, la part du travail
familial dans la main d'oeuvre totale, est positif et significatif au seuil de
1%. Cela traduit le fait que les exploitations avec une part importante de
salariés génèrent moins de surplus. Et au contraire, une
main d'oeuvre familiale plus importante est positivement corrélée
à l'obtention de surplus de productivité global positif.
Les variables de contrôle (BL, BV, OL, OV et
CA)
Pour les intégrer dans le modèle, la variable CA
a été utilisée comme référence parce que les
exploitations caprines sont les plus petits effectifs et l'analyse de la
productivité montrait des baisses de surplus de productivité
globale moins importants que pour les autres filières. Nous avons fait
les régressions avec ces variables pour analyser si un type
d'élevage était déterminant ou non dans les gains de
surplus de productivité. Ces variables sont parfois significatives,
parfois non, cela dépend du modèle dans lequel elles sont
insérées. Nous pouvons en dire que par rapport aux exploitations
caprines, les autres filières ne sont pas moins bonnes ou mauvaises.
Tout dépend de l'organisation du système, qui met en
lumière la notion de cohérence du système.
51
IV. DISCUSSIONS
Une des limites de notre analyse se situe dans la taille de
l'échantillon considéré. Cette étude ne
prétend pas être exhaustive, seulement elle donne des indications
sur des tendances qu'il est possible d'observer dans les systèmes
d'élevage en agriculture biologique dans le Massif central. Elle pointe
également la nécessité de fournir des
références sur les systèmes agrobiologiques au niveau
national. Une extension de ce type de projets devrait permettre de confirmer ou
non les résultats exposés ici.
IV.1. Quels systèmes sont les plus efficients
Cette étude permet d'avoir une meilleure connaissance
des systèmes d'élevage bio dans leur ensemble. Les
résultats obtenus nous donnent plusieurs enseignements. Nous pouvons
dire qu'il n'y a pas de modèle type pour la réussite
économique d'un système. Cela met en lumière la notion de
cohérence du système. Si certains misent sur l'agrandissement et
la diversification, d'autres misent sur l'intensification afin
d'améliorer leurs revenus. Chaque système aura ses failles et ses
avantages.
- L'agrandissement est souvent accompagné par une
baisse des coûts de production et une diversification de l'assolement et
des activités avec en plus, en général des parts de
prairies permanentes plus importantes. Cela est favorable à l'autonomie
alimentaire. Les investissements en capitaux auront tendance à
être également élevés. Il semblerait pourtant que la
diversification en système de polyculture élevage ne favoriserait
pas l'efficience (Veysset et al., 2015), tout comme l'accroissement de la
taille en général des exploitations. Ces résultats
remettent en cause l'idée selon laquelle, les systèmes de
polyculture-élevage, seraient favorables à la durabilité
des systèmes agrobiologiques (Lebacq et al., 2013). Cela amène
à s'interroger sur la forte incitation à l'agrandissement par les
différentes aides non plafonnées. Il serait également
nécessaire de s'interroger sur le recours au progrès technique
dans le secteur agricole pour renforcer l'efficience des systèmes de
production et créer un réel avantage pour les éleveurs.
- L'étude met en évidence l'efficience des
systèmes spécialisés et herbagers. Ces exploitations ont
tendance à être autonomes en fourrages et elles présentent
des charges relativement faibles qui permettent de bons résultats
économiques. Le problème ici serait la forte
spécialisation car une trop forte spécialisation apparait
d'ailleurs comme l'un des déterminants négatifs de l'efficience
économique.
- Dans les systèmes plus intensifs, le problème
majeur sera l'autonomie alimentaire et les charges de structures importantes.
Pourtant développer l'autonomie alimentaire s'avère être un
facteur clé de l'efficience. Car le coût des aliments produits sur
la ferme est parfois moins élevé et est moins soumis aux
variabilités que les aliments achetés, surtout en AB (Lebacq et
al., 2015). Être plus autonome permet également d'être moins
exposé aux aléas du marché et c'est pourquoi
52
l'autonomie est souvent citée comme « l'un des
facteurs déterminants dans la durabilité et la
pérennité des systèmes agrobiologiques ». Dans notre
cas, l'intensification permet tout de même d'avoir une bonne
productivité animale.
A ce niveau, l'étude de la variabilité des
exploitations sur une période plus longue serait indispensable pour
s'assurer de la stabilité des résultats et de la pertinence des
évolutions constatées.
Enfin, il faut tenir compte des aléas climatiques. Il
semble que les sécheresses sont et vont devenir des
phénomènes de plus en plus récurrents auxquels la
production de fourrages et les systèmes d'élevage devront
s'adapter. Les sécheresses, amplifient la baisse de la croissance et des
rendements des fourrages. Dans les cas les plus extrêmes, cela peut
nécessiter des reports de stocks de fourrages d'une année sur
l'autre, très coûteux, voire des pénuries
fourragères nécessitant l'importation de fourrages grossiers ou
de paille (Lemaire G., 2008). Ce qui affecte l'autonomie alimentaire et la
productivité animale, comme cela a été le cas pour
certaines de nos exploitations du fait de la sécheresse de 2016. Les
systèmes agrobiologiques du MC et spécialement ceux fortement
herbagers, devront mettre en place des stratégies pour s'adapter aux
sécheresses et pour la gestion des risques qu'elles induisent. La
récurrence des sécheresses et la vulnérabilité des
élevages bio face à ces phénomènes ne pourrait-elle
pas inspirer des régimes d'assouplissement des conditions techniques
d'élevage en bio spécialement lors de ces crises.
IV.2. La méthode des comptes de surplus
La méthode des comptes de surplus est certes
très utile, mais également sensible aux hypothèses de
départ. Elle permet d'expliquer l'origine et la distribution des gains
de productivité d'un secteur d'activité, d'une manière
claire et explicite. L'avantage que nous avons eu dans cette étude
était que nous disposions de données à l'échelle
individuelle de chaque ferme, de quoi rendre encore plus précis les
résultats. Cependant, cela peut constituer une faiblesse. Les
données stockées dans la base de données DIAPASON sont
issues d'enquête, donc peuvent souffrir des problèmes liés
aux enquêtes que l'on rencontre couramment. L'utilisation de la
méthode est grandement liée à la qualité de
l'information et des données dont nous disposons, alors, plus
l'information sera complète et d'une meilleure qualité et plus la
qualité des conclusions sera améliorée
D'abord, la méthode des comptes de surplus est sensible
aux hypothèses concernant les volumes et les prix choisis. Comme elle a
pour principe de décomposer l'évolution de la valeur
économique en volumes et en prix, nous avons fait par choix des
hypothèses qui ont surement impacté les résultats. Par
exemple dans notre étude, nous avons volontairement décidé
de l'hypothèse selon laquelle la variation des aides publiques n'est
liée qu'à un effet prix et ne correspond pas à une
variation de volume. En plus, nous avons volontairement choisi la
méthode de Bennett pour le choix des prix et volumes de
référence. Nous n'aurions pas fait ces hypothèses, les
valeurs des résultats auraient pu être différentes.
53
Cette méthode permet même de déterminer,
parmi les acteurs et les partenaires de la production, « les gagnants et
les perdants » de ces gains économiques. Toutefois, en utilisant
cette méthode, il n'est pas possible de dégager un montant fixe
de surplus comme objectif annuel pour un secteur donné. Vu le poids
important des aides dans le gain économique, l'attribution de volumes
aux aides ne changerait pas les tendances de répartition, alors que les
montants du surplus de productivité eux, varient (Veysset et al., 2017).
Ce qui nous amène à nous poser la question sur la
possibilité d'inclure des décisions du type stratégique au
moyen de cette méthode.
Ensuite, comme nous disposions de données
réelles des fermes, nous avons pu utiliser pour la plupart des produits
et pour certaines charges, les prix réels. Et lorsque ces données
n'étaient pas fournies, nous avons utilisé les indices de prix
dans la décomposition volume-prix. Ce choix d'indices influence alors le
calcul du SPG, les comptes de surplus et la répartition par la suite.
Cette étude est la première à appliquer cette
méthode au secteur de l'agriculture biologique. Pour le choix des
indices de prix, nous ne pouvions donc pas nous baser sur les indices de prix
(IPPAP et IPAMPA) fournis par l'INSEE, car les prix en Bio sont
différents des prix en conventionnels et ne suivent pas forcément
les mêmes évolutions. Nous avons donc dû construire nos
propres indices de prix qui révèlent mieux l'évolution des
prix en agriculture biologique. Ce point soulève encore une fois
l'importance et la nécessité de fournir des
références notamment sur les prix des produits bio ainsi que sur
les intrants, nécessaires au développement de l'agriculture
biologique.
54
CONCLUSION
Dans notre étude nous avons réalisé
l'analyse technique et économique globale des exploitations
d'élevage de ruminants en agriculture biologique du Massif central avec
les données de 58 fermes en échantillon constant entre 2014 et
2018. L'analyse a permis de mettre en relief la variabilité des
systèmes agroécologiques du massif central selon la structure,
les pratiques techniques et les résultats économiques. Des
classes d'éleveurs selon leurs structures, fonctionnements et
résultats économiques ont pu être constituées,
permettant ainsi de montrer la cohérence des systèmes et des
pratiques.
En appliquant la méthode des surplus, nous avons
d'abord étudié la productivité globale des facteurs, et
l'évolution du surplus de productivité global des facteurs sur
les 5 années de l'étude. À la suite de cela, nous avons
établi le compte de surplus pour analyser la formation et la
répartition des gains de productivité entre les différents
acteurs, de manière globale pour l'ensemble des exploitations de
ruminants, puis pour les différentes filières d'élevage
étudiées. Les résultats de ce travail ont montré
que le SPG diminuait sur toute la période. Globalement, il y a une
baisse de la productivité des facteurs de production dans les
élevages biologiques du MC. La production de lait a permis aux
agriculteurs de capter du surplus quand l'avantage apporté par la
production de viande n'a quasiment pas évolué sur 5 ans. Cette
baisse des gains de productivité entraîne la baisse du profit des
exploitants et a révélé la forte dépendance aux
aides de l'Etat de toutes les exploitations et particulièrement des
filières bovin viande, bovin lait et ovin lait.
Le troisième apport du travail a consisté en
l'évaluation des déterminants de gains de productivité par
l'estimation du SPG en fonction d'un certain nombre de variables, citées
dans la littérature comme pouvant expliquer le SPG. Les résultats
confirment l'idée selon laquelle l'atteinte de l'autonomie alimentaire
globale pour une ferme est nécessaire pour l'obtention de bons
résultats économiques. L'intensification des facteurs de
production, la diversification des activités productives au sein de la
ferme et le recours à la main d'oeuvre salariée sont des facteurs
favorisant la réalisation de gains de productivité. Quant
à la taille, les tests effectués ont montré qu'un
accroissement de la taille de l'exploitation aurait un effet négatif sur
le SPG donc sur la performance économique de l'exploitation.
Les exploitations d'élevage biologique du MC sont
fortement dépendantes des aides, sans que l'augmentation des aides
publiques n'arrive à compenser la baisse des revenus des exploitants. De
plus, l'étude a permis de révéler la
vulnérabilité des exploitations face aux aléas climatiques
notamment la sécheresse de l'année 2016, qui, en affectant la
production de fourrages, a impacté négativement l'autonomie
alimentaire particulièrement importante dans un système
d'élevage biologique. Le cahier de charges AB impose des contraintes
techniques aux exploitations, et ce faisant influence leur durabilité
économique et environnementale. Il pourrait prévoir des
régimes d'assouplissement des conditions techniques permettant aux
exploitations d'être plus résilientes face à des chocs
ponctuels ou aléas climatiques qui, avec le réchauffement
climatique, deviennent plus fréquents.
55
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58
ANNEXES
Annexe 0 : Carte du Massif Central
Source : Sidam-Copamac (2020)
59
Source : Sidam-COPAMAC (2020)
60
Annexe 1 : Evolution des caractéristiques des
exploitations
STRUCTURE
|
2014
|
2018
|
Globale
|
Evolution
2014-2018
(%)
|
Moyenne
|
Ecart type
|
Moyenne
|
type Ecart
|
Moyenne
|
Ecart type
|
UMOt
|
2,08
|
1,16
|
2,26
|
1,17
|
2,20
|
1,19
|
8,47
|
SAU (ha)
|
89,89
|
46,47
|
97,68
|
52,02
|
93,79
|
49,70
|
8,66
|
SAU/UMOt
|
49,60
|
30,39
|
47,82
|
26,25
|
47,82
|
26,92
|
-3,59
|
SFP en % de SAU
|
87,78
|
9,03
|
87,25
|
9,45
|
87,02
|
9,42
|
-0,53
|
Sculture en % de la SAU
|
12,22
|
9,03
|
12,77
|
9,44
|
12,98
|
9,41
|
0,55
|
UGBt
|
76,27
|
39,86
|
82,18
|
45,20
|
80,09
|
42,82
|
7,76
|
UGB/UMOt
|
40,19
|
19,20
|
39,40
|
18,74
|
39,76
|
18,45
|
-1,98
|
UGB/ha SFP
|
1,01
|
0,29
|
1,02
|
0,29
|
1,04
|
0,29
|
0,59
|
Endettement (%)
|
37,79
|
21,81
|
38,37
|
20,47
|
38,83
|
20,68
|
0,59
|
Capital
|
374939
|
287590
|
429602
|
327054
|
416700
|
311416
|
14,58
|
Capital/ha SAU
|
4505
|
2659
|
4719
|
2636
|
4839
|
2776
|
4,75
|
TECHNIQUE
|
2014
|
2018
|
Globale
|
Evolution
2014-2018
(%)
|
Moyenne
|
Ecart type
|
Moyenne
|
Ecarttype
|
Moyenne
|
Ecart type
|
Concentrés consommés /UGB (kg/UGB)
|
774,22
|
452,35
|
815,41
|
473,10
|
804,90
|
473,69
|
5,32
|
Autosuffisance en Concentrés
(%)
|
48,62
|
34,52
|
46,16
|
34,71
|
46,81
|
33,02
|
-2,46
|
Autonomie alimetaire par les fourrages(%)
|
88,64
|
24,22
|
85,14
|
16,52
|
87,33
|
17,97
|
-3,50
|
Autonomie Alimentaire Globale (% UF)
|
88,45
|
9,10
|
84,19
|
13,41
|
86,02
|
12,19
|
-4,26
|
Fourrages conservés utilisés/UGB(kg/UGB)
|
2665,107
|
982,7702
|
2847,832
|
870,0666
|
2728,526
|
958,6448
|
6,86
|
61
ECONOMIE
|
2014
|
2018
|
Globale
|
Evolution
2014-2018 (%)
|
Moyenne
|
Ecart type
|
Moyenne
|
type Ecart
|
Moyenne
|
Ecart type
|
Aides totales en % du PBG avec aides
|
28,35
|
11,51
|
31,38
|
13,11
|
30,26
|
12,53
|
3,02
|
Charges opérationnelles globales en % du PBG avec
aides
|
26,26
|
8,71
|
28,90
|
9,26
|
27,27
|
8,69
|
2,64
|
Charges de structure en % du PBG avec aides(y compris les
amort. et frais financiers)
|
50,07
|
10,74
|
55,09
|
11,85
|
51,78
|
11,77
|
5,01
|
Produit brut global d'exploitation avec aides/ha SAU
|
2406
|
1071
|
2517
|
1290
|
2523
|
1174
|
4,59
|
Charges de structure/ha de la SAU(y compris les
amort. et frais financiers)
|
1198
|
550
|
1363
|
684
|
1291
|
624
|
13,78
|
Amort+FF /ha SAU
|
429
|
280
|
469
|
330
|
455
|
306
|
9,42
|
CO/ha de SAU
|
671
|
465
|
761
|
510
|
724
|
486
|
13,46
|
Degré de spécialisation(%)
|
82,71
|
18,24
|
81,83
|
18,45
|
81,98
|
19,16
|
-0,89
|
RESULTATS ECONOMIQUES
|
2014
|
2018
|
Globale
|
Evolution
2014-2018 (%)
|
Moyenne
|
Ecart type
|
Moyenne
|
type Ecart
|
Moyenne
|
Ecart type
|
EBE
|
81029
|
54529
|
76482
|
53290
|
83281
|
57269
|
-5,61
|
Revenu disponible
|
53847
|
38867
|
47140
|
34659
|
54395
|
40205
|
-12,46
|
Valeur ajoutée
|
59266
|
69324
|
52689
|
67339
|
58178
|
69888
|
-11,10
|
EBE en % du PBG avec aides
|
40,96
|
9,26
|
34,13
|
10,97
|
38,49
|
11,02
|
-6,82
|
VAHF/SAU
|
667
|
489
|
561
|
559
|
633
|
513
|
-15,83
|
Revenu disponible/UMOe
|
33673
|
23189
|
25408
|
16228
|
30986
|
18807
|
-24,54
|
Annexe 2 : Résultats des ACP
1. Dictionnaire des variables de l'ACP
UMOt : Unité main d'oeuvre travailleur UMOe :
Unité main d'oeuvre exploitant UMOs : Unité main d'oeuvre
salarié
62
UMOb : Unité main d'oeuvre bénévole
SAU : Surface agricole utile
SFP : Surface fourragère principale
SAU/UMOt : Surface agricole utile par unité main
d'oeuvre travailleur
Sculture : Surface en culture
SCulture % de la SAU : Surface en culture en % de la surface
agricole utile
Sintraconso : Surface en culture intra consommée
Svendues : Surface en cultures vendues
Svendues/SAU : Surface en cultures vendues en % de la surface
agricole utile
PT+PA/SAU : Prairies temporaires et artificielles en % de la
surface agricole utile
PT+PA/SFP : Prairies temporaires et artificielles en % de la
surface fourragère principale
Stroupeau/SAU : Surface consacrée au troupeau en % de
la surface agricole utile
Nb typ_cultures : Nombre de types de cultures occupant la
surface agricole utile. Ici, protéagineux,
oléagineux, cultures fourragères, herbes,
céréales.
H : Indice de diversité de Shannon
STH/SAU : Surface toujours en herbe en % de la surface
agricole utile
STH/SFP : Surface toujours en herbe en % de la surface
fourragère principale
UGBt : Unité gros bovins totaux
UGB/UMOt : Unité gros bovin par unité de main
d'oeuvre totale
UGB/SFP : Chargement unité gros bovins par hectare de
surface fourragère principale
Capital/UMOt : Capital par unité main d'oeuvre
totale
Endettement : Taux d'endettement en %
Degre de spécialisation : La part du produit brut hors
aide de l'atelier principal dans le produit brut
global hors aide en %
Cc/UGB : Quantité de concentrés consommés
par unité gros bovin en kg/UGB
ACc : Autosuffisance en concentrés
AAF : Autonomie alimentaire permise par les fourrages en %
d'unités fourragères
AAG : Autonomie alimentaire globale en % d'unité
fourragère
Prod animale : Productivité animale (litres de lait par
vache laitière, par brebis ou par chèvre ; kg de
viande vive par UGB ; nombre d'agneaux par brebis)
Valorisation : Prix moyen unitaire des produits vendus
PGB : Produit Brut Global
Aides/PBG : Aides en % du produit brut global
CO : Charges opérationnelles
CS : Charges de structure
CO/PBG : Charges opérationnelles en % du produit brut
global
CS/PBG : Charges de structure en % du produit brut global
PBG/ha SAU : Produit brut global par hectare de la surface
agricole utile(€/ha)
CS/ha SAU : Charges de structure par hectare de surface
agricole utile(€/ha)
Amort+FF /ha SAU : Amortissements et frais financiers par
hectare de surface agricole utile(€/ha)
CO/ha de SAU : Charges opérationnelles par hectare de
surface agricole utile(€/ha)
EBE : Excédent brut d'exploitation
VA : Valeur ajoutée
VAHF : valeur ajoutée hors fermage
Annuites / UMOe : Annuités des emprunts par
unité de main d'oeuvre exploitant
EBE/PBG : Excédent brut d'exploitation en % du produit
brut globale avec aides
VAHF/SAU : Valeur ajoutée hors fermage par hectare de
surface agricole utile(€/ha)
VAHF/PBG : Valeur ajoutée hors fermage en % du produit
brut global hors aides
EBE/SAU : Excédent brut d'exploitation par hectare de
surface agricole utile(€/ha)
RD : Revenu disponible
RD/UMOe : Revenu disponible par unité main d'oeuvre
exploitant (€/UMO)
RD/ha SAU : Revenu disponible par hectare de surface agricole
utile(€/ha)
Cts de production : Coûts de production (OL :
€/1000L ; OV : €/kg de carcasse d'agneaux ; BV : €/100kg
de viande vive produite ; BL : €/1000L ; CA: €/1000L
atelier principal)
MB fin avec aides/UGB : Marges brutes finales avec aides par
unité de gros bovins
63
EBE/UMOe : Excédent brut d'exploitation par unité
main d'oeuvre exploitatnt(€/UMOe) VAHF/UMOt : Valeur ajoutée hors
fermage par unité main d'oeuvre totale(€/UMOt)
2. ACP globale
64
1. ACP 2016
Annexe 3 : Surplus de productivité globale
15000
10000
5000
0
Charges Produits
30000
20000
10000
0
2014 2015 2016 2017 2018
Effets prix
2014 2015 2016 2017 2018
20000
Effets Volume
Charges Produits
Cumul des prix des concommations intermédiaires
1500
1000
500
0
-500
2000
Frais...
Engrais
Frais de...
Frais de...
Fournitures...
Produits de...
Semences et...
Concentrés... Co-produits... Autres... Fourrages...
Travaux par... Assurance...
Entretien du...
Fournitures et...
Achat petit... Entretien des...
Assurances
Eau +...
Carburants et...
Amendements
Taxes végétales
Litière
Autres charges...
Autre charge... Total charges...
Travaux par tiers
Annexe 4 : Analyse
économétrique
1. Tableau des corrélations
65
|
|
inputm--c inputm--x Effic
|
Eff_fix
|
Output--x UGBt
|
p_sal
|
p_fam
|
inputmix_Cc
|
1.0000
|
|
|
|
|
|
|
|
inputmix_ttx
|
0.5645
|
1.0000
|
|
|
|
|
|
|
Effic
|
-0.3464
|
-0.4402
|
1.0000
|
|
|
|
|
|
Eff_fix
|
0.2743
|
0.1329
|
0.0801
|
1.0000
|
|
|
|
|
Output_mix
|
0.1272
|
0.2926
|
-0.0888
|
0.0212
|
1.0000
|
|
|
|
UGBt
|
-0.2137
|
-0.0807
|
0.1327
|
-0.1496
|
0.0389
|
1.0000
|
|
|
p_sal
|
0.0443
|
0.0287
|
0.0527
|
-0.2172
|
-0.2464
|
0.1908
|
1.0000
|
|
p_fam
|
-0.0447
|
-0.0292
|
-0.0519
|
0.2170
|
0.2479
|
-0.1892
|
-1.0000
|
1.0000
|
2. Résultats des régressions Modèle 1
SML Estimator - Klein & Spady
(1993) Number of obs = 232
Wald chi2(10) = 28.54
Log likelihood = -143.6476 Prob >
chi2 = 0.0015
|
|
|
z
|
P>|z|
|
|
|
|
-6.126338
|
2.131705
|
-2.87
|
0.004
|
-10.3044
|
|
|
1.342439
|
.4214111
|
3.19
|
0.001
|
.5164884
|
|
|
3.964673
|
1.305206
|
3.04
|
0.002
|
1.406515
|
|
|
-.166478
|
.0602253
|
-2.76
|
0.006
|
-.2845174
|
|
|
-.0518639
|
.0188328
|
-2.75
|
0.006
|
-.0887755
|
|
|
-7.284566
|
2.430493
|
-3.00
|
0.003
|
-12.04824
|
|
|
-4.825555
|
1.565738
|
-3.08
|
0.002
|
-7.894345
|
|
|
-.0865798
|
.2719393
|
-0.32
|
0.750
|
-.619571
|
|
|
-1.985243
|
.4938343
|
-4.02
|
0.000
|
-2.953141
|
|
|
-6.296354
|
1.998617
|
-3.15
|
0.002
|
-10.21357
|
|
SPG
inputmix_ttx Effic Eff_fix
Output_mix UGBt p_sal BL
BV OL OV
Modèle 2
66
|
(1993)
|
Number of obs
Wald chi2(10)
Prob > chi2
|
|
|
|
|
z
|
|
|
-4.702727 .8861326
|
-5.31
|
|
|
2.11112 .3230809
|
6.53
|
|
|
5.403627 .8494171
|
6.36
|
|
|
-.1371009 .0219999
|
-6.23
|
|
|
-.049328 .0079393
|
-6.21
|
|
|
3.570408 .7299499
|
4.89
|
|
|
-8.36893 1.3053
|
-6.41
|
|
|
-3.460316 .551009
|
-6.28
|
|
|
-5.369289 .8467018
|
-6.34
|
|
|
SML Estimator - Klein &
Spady
-7.04142 1.136987
|
-6.19
|
=
|
Log likelihood = -137.97728
Modèle 3
|
|
=
=
|
SPG
Coef. Std. Err.
|
|
|
|
|
|
inputmix_ttx
Effic
|
|
|
Eff_fix
Output_mix
|
|
z
|
|
UGBt
|
13.37044 2.877644
|
4.65
|
|
p_fam
|
2.798795 .6762153
|
4.14
|
|
BL
|
5.3234 1.509151
|
3.53
|
|
BV
|
-.0698961 .0184043
|
-3.80
|
|
OL
|
-.0737061 .0181021
|
-4.07
|
|
OV
|
SML Estimator - Klein & Spady
(1993)
2.458854 .876104
|
2.81
|
|
|
-1.650545 .5525507
|
-2.99
|
|
Log likelihood = -134.52614
|
.7630603 .3911404
|
1.95
|
|
|
.5882186 .3511665
|
1.68
|
|
SPG
|
Coef. Std. Err.
.238109 .3086315
|
0.77
|
|
inputmix_Cc Effic Eff_fix
Modèle 4
|
|
|
Output_mix
UGBt
p_fam
|
|
|
BL
|
|
|
BV
OL
OV
SML Estimator - Klein & Spady
(1993)
|
|
|
Log likelihood = -134.53682
|
|
z
|
|
|
13.38926 2.890154
|
4.63
|
|
SPG
|
Coef. Std. Err.
2.801657 .677675
|
4.13
|
|
|
5.331068 1.50815
|
3.53
|
|
inputmix_Cc
|
-.0700413 .0184346
|
-3.80
|
|
Effic
|
-.0737466 .018136
|
-4.07
|
|
Eff_fix
|
-2.477623 .8754896
|
-2.83
|
|
Output_mix
|
-1.657471 .5463521
|
-3.03
|
|
UGBt
|
.7608851 .3923715
|
1.94
|
|
p_sal
|
.5858268 .3499485
|
1.67
|
|
BL
|
.2347853 .3064264
|
0.77
|
|
|