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Les pieces bifaciales a bords paralleles du Middle Stone Age d'Afrique Centrale approches productionnelle et techno-fonctionnelle des assemblages lithiques des sites de la vallee du Nzako (Republique Centrafricaine)


par Marie Josée ANGUE ZOGO
Muséum National d'Histoire Naturelle - Master 2 2020
  

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3. PROBLEMATIQUE DE L'ETUDE

Dans ce contexte, une redéfinition du core-axe et une approche méthodologique nouvelle portée sur sa variabilité, sa diversité mais également ses invariants semblent nécessaires pour : 1/ mieux comprendre les changements technologiques au cours du MSA et du LSA en Afrique centrale 2/ mais également caractériser les différents techno-complexes de la région dans lesquels sont présents les core-axes, et 3/ apporter des réflexions nouvelles sur la structuration de ces outils particuliers et leur potentiel emmanchement.

Notre question est donc : quelle variabilité technologique peut être observée au sein

de pièces bifaciales à bords parallèles, ou core-axes ?

Pour apporter des éléments de réponse à cette question, il est d'abord nécéssaire d'observer la variabilité intra-assemblage. C'est pour cette raison que nous avons sélectionné un corpus stratigraphiquement cohérent riche en core-axes et disponibles à l'étude. Les assemblages centrafricains du Nzako, conservés à l'Institut de Paléontologie Humaine réunissent tous ces critères.

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II. LES SITES DU NZAKO, REPUBLIQUE CENTRAFRICAINE

1. LA REPUBLIQUE CENTRAFRICAINE (RCA)

La République Centrafricaine (RCA) est un pays de l'Afrique centrale où sont localisés les sites du Nzako qui font l'objet de notre étude. Ses voisins sont principalement le Tchad au nord-ouest, le Soudan au nord-ouest, le Cameroun à l'ouest, le Soudan du sud à l'est, la République Démocratique du Congo au sud-est et la République du Congo au Sud-Ouest (Figure 13). Ce pays possède de grandes zones forestières et connait un climat tropical humide ce qui peut y rendre la recherche difficile au vu de l'importance de la

Figure 112 La république Centrafricaine au sein du contient africain

couverture végétale
(Figure 11). Malgré cela, il y a aussi des territoires avec de la savane où la recherche a été possible.

Figure 13 Carte géographique de la RCA. Atlas of African Forest, 1992

Figure 12 carte des gisements du Sangoen, on aperçoit le fleuve Nzako, (Des Hermens, 1975)

En RCA, les géologues ont identifié un

socle précambrien (Grellet et al., 1982;

Sayer, 1992), puis le Tertiaire, représenté par des faciès

sableux argileux
dont l'âge serait Eocène, il est reconnu dans trois régions dont Nzako au sud-ouest. Enfin, le Quaternaire est représenté par des alluvions sableuses.

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2. HISTORIQUE DES RECHERCHES

Le Nzako est un affluent du M'Patou qui coule du nord au sud à l'Ouest de Yalinga dans une zone à savane arbustive et à galeries forestières (Figure 11) (Fambitakoye and Louis, 1963). Ses alluvions et celles de ses petits affluents ont longtemps été exploités d'une manière semi-artisanale pour la recherche de diamants.

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Les sites du Nzako (Ambilo, Tiaga, Téré, Kono et petits affluents du Nzako) font partie des gisements de la région M'Bomou à l'Est du pays (Figure 12) , ce sont tous des chantiers diamantifères qui forment un ensemble très homogène en ce qui concerne l'industrie lithique qui y a été prélevée (Des Hermens, 1975).

La préhistoire de la RCA n'était pas connue avant 1966 car aucune recherche systématique n'y avait été faite, pourtant ses pays voisins avaient déjà fourni de nombreux gisements préhistoriques. Nous identifions deux moments importants de la préhistoire de la RCA : le premier commence en 1931 et s'achève en 1937. C'est la période de découvertes fortuites par des géologues. Puis une vingtaine d'années plus tard vont commencer des fouilles et prospections systématiques.

Des découvertes fortuites.

- 1931-1932 : une mission géologique dirigée par Fernand Delhaye et Borgniez permet de localiser des gisements aurifères et diamantifères pour le compte de la Compagnie Equatoriale des mines sur le plateau de Mouka. Dans ce secteur ils ont recueilli une quantité importante de pierres taillées dans les alluvions fluviatiles.

- 1938 : une collection lithique est achetée à J. Baudet par le Musée Royal de l'Afrique Centrale de Tervuren en Belgique - actuel Afrika Museum - tandis qu'une autre partie est donnée par F. Delhaye au Muséum National d'Histoire Naturelle de Paris.

- 1933 : l'Abbé Breuil publie une courte description du matériel de Delhaye. Celle-ci s'est conclue par l'hypothèse « d'une courte évolution sur place d'une civilisation de tradition acheuléenne en une autre s'orientant vers un Néolithique à Haches » c'est la première fois que l'on fait mention de la préhistoire centrafricaine bien qu'elle soit faite sur la base d'une petite collection (Breuil, 1933).

A partir de 1937, la préhistoire de ce pays va rester dans l'oubli pendant une vingtaine d'années, jusqu'en 1955. Ce n'est qu'avec la reprise de l'exploitation des chantiers diamantifères après la seconde guerre mondiale que les recherches reprennent en RCA.

Début des recherches

- 1955-1956 : G. Berthoumieux et F. Delany effectuent en Haute Sangha une mission organisée par la Direction des Mines et de la Géologie. Celle-ci révèle la présence de pierres taillées de facture acheuléenne dans les alluvions de plusieurs rivières en RCA. Plusieurs de ces pièces trouvées par différents prospecteurs, provenant de Haute

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Sangha et d'autres chantiers diamantifères de Nzako dans le M'Bomou vont faire l'objet de don au Musée de l'Homme à Paris (Berthoumieux and Delany, 1957).

- 1957 : une autre mission est conduite par le géologue A. Lombard de La Société Belge de Recherches Minières en Afrique. Ce dernier va également récolter plusieurs pierres taillées ou polies aujourd'hui conservées à l'Afrika Museum où elles demeureront inétudiées comme celles du musée de l'Homme à Paris jusqu'à la fin des années 60.

- 1959 : H.J. Quintard alors Directeur de la Société Minière de l'Est-Oubangui publie un rapport de l'abondance d'outils des gisements diamantifères d'alluvion du Nzako au M'Bomou dans lequel il conclut que ces outils taillés sur quartzite sont de facture acheuléenne. Ces derniers proviendraient d'ateliers de taille que les alluvions diamantifères auraient transporté au moment où les préhistoriques occupaient les berges des cours d'eau (des Hermens, 1971).

- 1965 : Une demande de mission préhistorique programmée est faite par le président de la République Centrafricaine à M. Professeur Heim qui est à l'époque le Directeur du Muséum National d'Histoire Naturelle.

Dès lors, R. de Bayles des Hermens a été missionné et trois campagnes de deux mois ont été organisées et se déroulèrent à la saison sèche en 1966, 1967 et 1968. Cette dernière devait apporter « des résultats extrêmement importants et des résultats de premier ordre » (Des Hermens, 1975). Ces missions se sont déroulées pour la première du 5 Février au 25 Mars 1966 (de Bayle des Hermens, 1966), pour la deuxième du 9 Janvier au 11 Mars 1967 (Bayle des Hermens, 1968) et la troisième du 30 Janvier au 25 Mars 1968 (des Hermens, 1971). Les missions de 1966 et 1967 avaient été consacrées uniquement à une prospection systématique. Celle de 1968 quant à elle visait des objectifs limités à une fouille et à un second examen d'important gisement anciennement découvert.

Ce n'est pas en vain qu'a été choisie la période de saison sèche pour effectuer ces missions. En effet, la saison sèche offre une végétation un peu moins danse, en zone de savane, la destruction des hautes herbes pouvait se faire par les feux de brousse. La circulation est aussi possible dans les zones impraticables pendant la saison des pluies lorsque les pistes ne sont pas sèches. Pourtant, il note des difficultés d'accès à la zone sud où, la forêt très dense ne permettrait aucune recherche si ce n'est dans les chantiers déjà déboisés. Lorsque les zones à prospecter étaient difficile d'accès à cause de la densité végétale, les prospections étaient limitées aux secteurs déboisés des chantiers des travaux publics ou d'extraction des graviers des rivières. Plusieurs sites préhistoriques ont néanmoins été découverts en zone forestière et sur les rivières

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et leurs affluents, mais ces sites ne sont pas en place. Ces trois missions - largement détaillé dans la thèse de R. de Bayles des Hermens - ont permis non seulement la découverte de nombreux gisements préhistoriques mais aussi la localisation des premiers sites signalés par les géologues lorsque ceux-ci étaient encore accessible. En effet certains chantiers diamantifères ayant été abandonnés, la forêt les avait recouvertes rendant impossible l'accès pour de nouvelles prospections.

C'est dans l'Est du pays au M'Bomou dans une zone à savane arborée et à galeries forestières étalées le long des cours d'eau, qu'ils découvrent, après avoir prospecté les chantiers diamantifères du N'Zako (NZ) Ambilo ; Kono ; Tiaga et Téré, d'importantes séries lithiques très homogènes qu'ils ont classé dans le complexe Sangoen à pièces lupembiennes. Parmi eux, les sites Nzako Ambilo et Nzako Kono présentent les séries les plus complètes.

Figure 14 Coupe stratigraphique de Nzako, De Hermens, 1975

Nzako Ambilo (NZA)

Les chantiers diamantifères de la rivière Ambilo avaient un mode

d'exploitation entièrement
mécanisé ; ce qui a permis aux chercheurs de pouvoir observer plusieurs centaines de mètres de coupe (Figure 15). Ils exploitaient les graviers de la large plaine alluvionnaire de la rivière. La coupe (Figure 14) présente un niveau de terre végétale (1) d'une épaisseur d'environ 0,50m ; d'alluvions fines de sable gréseux (2) disposées par lit horizontaux d'une épaisseur de 2m ; d'alluvions légèrement argileuses à élément lourd (3), des minéraux divers, galets, des diamants et objets préhistoriques d'une épaisseur d'environ 0,50m ; d'un substratum assez horizontal en grès (4). La couche (3) est la plus riche en lithique avec 265 pièces.

Nzako Kono (NZK)

La Kono est une rivière et un affluent rive gauche du Nzako (NZ) qui coule quelques kilomètres au sud d'Ambilo. Le site a fait l'objet de deux passages lors des missions de 1967, avec d'abord une brève prospection et de 1968 où ils ont pu finalement recueillir du matériel

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archéologique. Au total 152 pièces très bien conservées ont été récoltées. Ces objets ont été retrouvés dans une coupe similaire à celle de NZA (Figure 14).

Figure 15 Photos de Nzako Ambilo, De Hermens (1971)

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille