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L'aide publique au developpement dans la lutte contre l'extreme pauvrete au Cameroun : cas du contrat de desendettement et de developpement


par Samuel Bileou Christian Wandji
Institut des Relations Internationales du Cameroun  - Mater 2 en Relations Internationales option communication et Action Publique Internationale  2022
  

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F. Revue de la littérature

Une revue de littérature est l'évaluation logique et critique d'un ensemble d'ouvrages liés à une question de recherche. Cet exercice sert à identifier l'écart entre ce qui est connu etce qui ne l'est pas par rapport à la question traitée, elle permet d'élaborer la problématique et de construire l'objet derecherche39(*).

Nous organisons notre revue littéraire autour de trois thématiques : d'abord sur l'aide publique au développement, ensuite sur la dimension mondiale de la pauvreté et enfinsur la question de la pauvreté dans le contexte particulier du Cameroun.

Sur l'aide publique au développement

Olivier Charnoz et Jean-Michel Severino dans leur ouvrage l'aide publique au développement40(*), retiennent que l'APD se transforme depuis les années 1990 pour faire face aux défis de la mondialisation. Pour ces auteurs, elle doit tout à la fois lutter contre la pauvreté et gérer les effets de l'intégration mondiale, qu'ils soient économiques, sociaux, éthiques ou environnementaux. Unique instrument de redistribution planétaire de ressources publiques, l'aide suscite des engagements passionnés, critiques ou enthousiastes. Cet ouvrage expose de façon précise et complète les mécanismes de cette politique publique singulière.

Guillaume Olivier et SaidouSidibe pour leur part dans l'aide publique au développement un outil à réinventer41(*), font une analyse pointuede l'APD en plusieurs point. Ils partent de la mondialisation, richesses et inégalités tout en relevant que celle-ci s'accélère et constitue un processus générateur d'inégalités et de dégâts. Ensuite ils abordent les questions suivantes de l'APD dans un monde changeant, les faiblesses de l'aide publique française pour terminer avec la nécessité de réinventer la solidarité internationale. Leur étude de cas porte essentiellement sur le défi de l'éradication de la pauvreté dans un pays d'Afrique subsaharienne à savoir le Niger. Pour ces auteurs, la mondialisation s'accélère et l'on peut aujourd'hui constater que les mécanismes économiques et financiers ont laissé sur la touche des populations entières. L'aide publique publique ne semble pas avoir remplis ses missions et n'a pas permis d'atténuer les déséquilibres Nord/Sud. En s'appuyant sur l'analyse approfondie des chiffres et de ce qui existe en matière d'aide publique au développement, ces auteurs dresse un bilan parfois inquiétant mais jamais pessimiste. Il ressort que l'insuffisance et l'inadaptation de l'aide publique au développement débouche sur une série de propositions : respect des droits élémentaires inscrits dans les chartes internationales, l'organisation de l'accès de tous à ces biens et la construction d'une nouvelle solidarité internationale. Autant de nouvelles priorités pour l'APD.

DambisaMoyo dresse une vision pessimiste, voire fatale de l'aide publique au développement notamment pour l'Afrique dans son ouvrage au titre assez expressif L'aide fatale : les ravages d'une aide inutile et de nouvelles solutions42(*). Cette auteure montre pourquoi et comment l'aide au développement, depuis les années 1970, n'est pas efficiente et rend les africains plus pauvres. Les prêts et les subventions encouragent la corruption et les conflits, découragent les investissements. Elle propose de trouver des sources de financement exemptes d'effets nuisibles, et cite l'exemple des investissements chinois.

Stéphane Madaule fait une analyse plus optimiste de ce mécanisme dans son ouvrage L'aide publique au développement43(*). Il écrit en substance que nous sommes à une époque charnière où il convient de réfléchir, pour nous même comme pour le monde contemporain à de nouveaux modèles de développement qui ne laissent personne sur le bord de la route. Plutôt que de prendre la posture facile du dénigrement systématique des apports possibles de l'APD, en quelque sorte jeter le bébé avec l'eau du bain, ou encore à la suite de Gilbert Rist de crier à la supercherie. Il termine avec ce qu'il appelle l'abécédaire de la réforme de l'APD. Il propose entre autres que :

- L'aide, étant donné ses moyens limités, devrait se concentrer sur l'appui aux pays les plus pauvres qui sont par définition les moins efficaces sur le plan économique.

- L'aide devrait reconnaitre que le jeu des mécanismes de marché et plus particulièrement d'une ouverture indifférenciée ne convient pas à un développement durable et équilibré de la planète, surtout lorsque les pays développés vont jusqu'à concurrencer la production domestique des pays les plus pauvres.

- L'aide devrait recentrer son action sur l'appui direct à la production locale, en instrument de régulation actif de la mondialisation donnant à chaque pays, chaque population la possibilité de vivre de son travail.

L'essentiel des débats sur l'aide publique au développement tourne tantôt sur la nécessité de sa réformation tantôt sur son inefficacité, toute chose qui permet en effet de remarquer que l'APD n'est pas un mécanisme de promotion du développement sans entorse, on lui reconnait néanmoins des effets positifs, c'est pourquoi nous avons choisi d'évaluer son impact dans l'éradication de la pauvreté

Sur la dimension mondiale du phénomène de pauvreté

Dans son ouvrage Pauvreté et développement dans un monde globalisé44(*), François Bourguignon relève que la pauvreté est un problème d'envergure mondiale. Il poursuit en écrivant que depuis les années 1960, l'essor de certains pays, en Asie notamment, a contribué à masquer le faible développement de l'Amérique latine, voire le retard d'autres pays, comme ceux d'Afrique subsaharienne. Aujourd'hui, écrit-il, plus d'un milliard d'habitants dans le monde vivent encore dans la pauvreté, les acteurs politiques privilégient actuellement la mise en oeuvre d'interventions au niveau des populations pauvres plutôt que de politiques macro-économiques et structurelles adaptées. L'auteur entreprend d'interroger le bien-fondé de ce choix, d'évaluer les savoirs acquis et d'identifier la nature des contraintes politiques dans le contexte de la mondialisation.

Pour Francine Mestrum dans Mondialisation et pauvreté : de l'utilité de la pauvreté dans le nouvel ordre mondial45(*), la pauvreté est une réalité concrète et douloureuse pour des centaines de millions d'êtres humains dans le monde. En même temps, elle est une construction idéologique qui répond aux besoins politiques des riches. A partir d'une analyse détaillée des documents de l'ONU, du PNUD et de la Banque Mondiale, ce livre fournit une approche surprenante sur le lien entre la mondialisation et la pauvreté. Il déconstruit le discours sur la « lutte contre la pauvreté » des organisations internationales et met en lumière sa fonction politique. Il montre comment ce discours met fin à la pensée traditionnelle sur le développement et aux revendications des pays pauvres. La lutte contre la pauvreté que proposent les organisations internationales n'est pas une correction des conséquences négatives de la mondialisation, mais elle en constitue une pièce maitresse. Cet ouvrage est une grande originalité. Non seulement l'essentiel des données fondamentales, en les présentant dans une nouvelle perspective analytique, mais il entre dans une étude tout à fait particulière sur la nouvelle idéologie des pouvoirs dominants, qui utilisent le phénomène de la pauvreté comme un des éléments de leur stratégie générale. C'est en effet un nouveau discours qui est produit, permettant de légitimer l'économie capitalistique existante en donnant un ton humaniste et de compassion aux politiques entamées, ce qui permet de faire oublier que c'est la logique même du système qui entretient et approfondit la pauvreté.

Christine Verschuur et FennekeReysoo proposent d'étudier le phénomène de pauvreté sous l'angle du genre tel que l'exprime le titre de leur ouvrage Genre, mondialisation et pauvreté46(*). Cet ouvrage interroge le pouvoir structurant de l'économie selon une perspective de genre pour comprendre la nature et les transformations des rapports entre hommes et femmes. Il se penche particulièrement sur l'accroissement de la pauvreté/prospérité et qui accentue l'inégalité des relations de genre et la subordination des femmes. Il ne s'agit pas seulement de chercher à promouvoir des identités de genre, des rapports sociaux entre hommes et femmes plus juste qui favoriseraient un développement économique, social, politique et culturel différent. Partant, elles reconnaissent que le rôle des femmes dans l'économie prend une place croissante avec la libéralisation économique. Le travail de reproduction s'appuie de manière plus lourde sur les femmes.

Sous l'angle de l'Afrique cette fois, les auteurs Kathleen et Luc Christiaensen essayent de faire une lecture du phénomène de corruption dans leur Accélérer la réduction de la pauvreté en Afrique47(*). Pour ces auteurs, le redressement de l'Afrique subsaharienne a été spectaculaire au cours des deux dernières décennies. Après de nombreuses années de déclin, l'économie du continent a commencé à reprendre de la vigueur au milieu des années 90. Grace à cette croissance macroéconomique, la santé de la population s'est améliorée, le nombre de jeunes fréquentant l'école a augmenté, et le taux d'extrême pauvreté a diminué de 54% en 1990 à 41% en 2015. Malgré ces avancées, les défis sont énormes. La croissance économique a ralenti au cours des dernières années. Les taux de pauvreté affichés dans de nombreux pays sont les plus élevés au monde. Et la croissance démographique africaine provoque une augmentation du nombre des pauvres du continent. Au niveau mondial, on assiste à un déplacement de la pauvreté de l'Asie du Sud vers l'Afrique. La stabilité et la croissance macroéconomique sont certes des composantes essentielles de la réduction de la pauvreté et de l'amélioration du bien-être, mais elles ne sont pas suffisantes.

Ce rapport explore les points d'entrée critiques et les domaines d'action prioritaires pour l'accélération de la réduction de la pauvreté en Afrique. Au-delà de la stabilité et de la croissance macroéconomiques, il cherche à savoir ce qui peut encore être fait et à identifier les points sur lesquels les décideurs devraient se concentrer pour réduire la pauvreté. Un agenda des politiques favorables aux pauvres requiert de la croissance aux endroits où ceux-ci vivent et travaillent, ainsi que de s'attaquer aux nombreux risques auxquels les ménages sont exposés. Ce livre met carrément l'accent sur la productivité et les moyens de subsistance des pauvres et des personnes vulnérables, autrement dit, sur ce qui est nécessaire pour accroitre leurs revenus. Il s'attache à la manière de financer l'agenda de lutte contre la pauvreté et de développement.

Sur la question de la pauvreté au Cameroun

Dans son ouvrage Croissance économique et réduction de la pauvreté au Cameroun48(*), Etienne Assiga met en exergue une relation de cause à effet entre croissance économique et pauvreté au Cameroun et, en filigrane, analyse l'impact de la qualité de cette croissance ainsi d'ailleurs que d'autres variables macro-économiques sur la pauvreté ; étant entendu qu'une croissance économique significative est supposée entrainer une réduction sensible de la pauvreté au Cameroun. Dans ce sillage, les résultats obtenus à la suite d'un décryptage de plusieurs types d'indices ainsi qu'à l'aide de simulations de modèles économétriques simples corroborent dans le cas particulier du Cameroun ceux déjà mis en évidence par divers auteurs dans le contexte général des pays d'Afrique subsaharienne.

A travers une évaluation critique des objectifs du développement durable49(*), Benjamin Ombe écrit dans un premier chapitre qu'éliminer la pauvreté sous toutes ses formes, y compris l'extrême pauvreté, est le premier engagement pris par les dirigeants du monde pour être tenu à l'horizon 2030. Il s'agit de garantir, pour tous les hommes et les femmes, en particulier les pauvres et les personnes vulnérables, les mêmes droits aux ressources économiques, l'accès aux services de base. Les taux de pauvreté dans le monde ont certes diminué de moitié depuis 2000, mais dans certaines régions en développement, une personne sur dix vit encore avec moins de 1,90 dollar par jour (le seuil de pauvreté fixé par la Banque Mondiale). En 2019, constate l'ONU, plus de 780 millions de personnes, soit 11% de la population vivaient en dessous du seuil international de pauvreté. Face à cette conjoncture internationale, les indicateurs de pauvreté au Cameroun ne sont pas rassurants. L'indice de développement humain (IDH) du pays était de 0,563 en 2018. Le Cameroun est classé 150ème sur 189 économies. La part de la population pauvre a augmenté de 12% entre 2007 et 2014, pour atteindre 8,1 millions d'habitants, en raison d'une croissance démographique plus rapide que le rythme de réduction de la pauvreté. Dans le cadre de la mise en oeuvre de l'ODD 1, le Cameroun a priorisé cinq cibles :

- Elimination complète de l'extrême pauvreté ;

- Réduction de moitié au moins de la proportion d'hommes, de femmes et d'enfants de tous âges souffrant d'une forme ou l'autre de pauvreté ;

- Mise en place des systèmes et mesures de protection sociale pour tous ;

- Même droit aux ressources économiques et accès aux services de base, à lapropriété foncière, au contrôle des terres et à d'autres formes de propriété ;

- Renforcement de la résilience des pauvres et des personnes en situation vulnérable.

Cette seconde revue littéraire nous renseigne à suffire sur l'acuité du phénomène de pauvreté dans les pays en voie de développement et au Cameroun en particulier. Dès lors, nous choisissons de nous intéresser à l'impact de l'APD sur le phénomène de pauvreté à l'aune de l'expérience camerounaise.

* 39Olivier LAWRENCE et Al, L'élaboration d'une problématique de recherche, paris, Harmattan, 2005, p.69

* 40Op. cit, 128p.

* 41Op. cit., 177p.

* 42Dambisa MOYO, L'aide fatale : les ravages d'une aide inutile et de nouvelles solutions pour l'Afrique, J-C Lattès, 2009, 250p.

* 43Stéphane MADAULE, L'aide publique au développement, L'Harmattan, 2008

* 44 François BOURGUIGNON, Pauvreté et développement dans un monde globalisé, Fayard, 2015, 80p.

* 45Francine MESTRUM, Mondialisation et pauvreté : de l'utilité de la pauvreté dans le nouvel ordre mondial, Harmattan, 2002, 300p.

* 46Christine VERSCHUUR, Genre, mondialisation et pauvreté,L'Harmattan, 2002, 256p.

* 47Kathleen et Luc CHRISTIAENSEN, Accélérer la réduction de la pauvreté en Afrique, WBP, 2019, 308p.

* 48 Etienne ASSIGA, Croissance économique et réduction de la pauvreté au Cameroun, Harmattan, 2010, 181p.

* 49Benjamin OMBE, Le Cameroun en prospective : évaluation critique des Objectifs du développement durable, L'Harmattan, op. cit.,242p.

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"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon