B. Mesure de la pauvreté non
monétaire
La mesure de la pauvreté non-monétaire repose
sur la prise en compte de nombreux indicateurs de bien-être ou des
indicateurs reflétant des niveaux individuels. Cependant, ces besoins
sont souvent déterminés de manière exogène, par le
planificateur, l'analyste ou les experts (nutritionnistes, physiologistes),
indépendamment des perceptions des populations.
Au niveau des indicateurs, les approches diffèrent
légèrement car les indicateurs sont essentiellement
synthétiques pour tenir compte de la multi-dimensionnalité du
phénomène de pauvreté ; et cela, tant au niveau
macroéconomique avec l'indicateur de développement humain (IDH)
oude pauvreté humaine (IPH), qu'au niveau microéconomique avec
lesmesures de l'incidence et de l'intensité de la pauvreté. Les
indicateurs synthétiques combinent des indicateurs simples et
ciblés sur certaines dimensions au moyen de pondérations qui
peuvent être déterminées de différentes
manières, tantôt par interview, tantôt par analyse
factorielle.
Ces indicateurs mesurent plus facilement les fonctionnements
réalisés qui sont observables que les libertés
potentielles des personnes. En effet, l'estimation des libertés
potentielles se fait par induction et fait appel à des techniques
particulières de modélisation qui s'appuient sur la
théorie des ensembles flous, sur les modèles de variables
latentes et sur les méthodes de la statistique inférentielle. A
cela se rajoutent les modèles plus classiques qui visent à
expliquer les niveaux de pauvreté et à en rechercher les
causes.
C. Tendance des indicateurs de
pauvreté non monétaire au Cameroun
1) Au plan national
Comme pour l'analyse de la tendance des indicateurs
monétaires, nous aurons pour référence d'étude de
la tendance des indicateurs non-monétaires de l'ECAM 4 qui retrace les
aspects subjectifs de la pauvreté au Cameroun en se basant plus
précisément sur l'état de satisfaction des ménages
en matière de besoins minimums (tel que le logement, la santé,
l'éducation, les transports).
Pour ce qui est de la nutrition, pour avoir une vie correcte
87,3% des ménages pensent qu'il est indispensable d'avoir au moins trois
repas par jour et parmi lesquels 85% ont la possibilité de manger de la
viande ou du poisson chaque trois jours. Cependant, en ce qui concerne le
caractère indispensable ou non de ces besoins, 58,7% des ménages
estimes qu'ils font partir des besoins essentiels pour avoir une bonne
condition de vie et 38,8% pensent qu'il est indispensable de manger de la
viande ou du poisson pour avoir une condition de vie correcte.
Graphique 3:perception des conditions
alimentaires
En ce qui concerne l'habillement, 49,7% des ménages
estiment qu'il est indispensable d'avoir plusieurs vêtements et 48,3%
pensent qu'il est indispensable d'avoir plusieurs paires de chaussures pour
avoir une condition de vie correcte. Le pourcentage de ménages qui
estiment que ces besoins sont importants mais pas indispensable est de l'ordre
de 32,5% dans l'ensemble.
Graphique 4
:Proportion de ménages estimant qu'il est important mais pas
indispensable d'avoir plusieurs vêtements ou plusieurs paires de
chaussures
Pour ce qui concerne la nécessité d'avoir un
logement spacieux (loué ou non), seulement 53,0% de ménages la
trouvent indispensable. Et estiment aussi nécessaire d'avoir des tables
et des lits (60,5% de ménages), et la capacité acquérir
les produits d'entretien du logement (72,1%). Pour chacune de ces trois
commodités, la proportion des ménages qui les trouve
indispensables est plus importante chez les non pauvres que chez les
pauvres.
Par ailleurs, en matière d'emploi, s'il est
indispensable selon 87,3% des ménages d'avoir un emploi stable et
durable pour vivre correctement, seulement 43,7% de ménages sont d'avis
qu'il n'est pas indispensable de travailler jour et nuit pour avoir une
condition de vie correcte.
Graphique 5:
perception des conditions de logement et d'emploi
En matière de transport, la possibilité de
prendre le bus pour aller au travail est considéré par 41,9% de
ménages comme indispensable pour avoir une condition de vie correcte et
65,6% de ménages considèrent indispensable le fait de pouvoir
prendre le taxi en cas de nécessité. Les non pauvres partagent un
peu plus ces avis que les pauvres. Quant à la possession d'un moyen de
transport personnel, environ 44,7% de ménages la jugent indispensable.
Cet avis est un peu plus observé chez les ménages pauvres (48,3%)
que chez les non pauvres (43,4%).
Graphique 6 :
perception des conditions de transport
En ce qui concerne l'éducation, quel que soit le niveau
de vie du ménage, la grande majorité des ménages accordent
leur violon sur le fait qu'il est indispensable de pouvoir envoyer ses enfants
à l'école, pour avoir une condition de vie correcte.
Enfin, de l'avis d'environ 41% de ménages, pouvoir
offrir des cadeaux quand il le faut, et pour 46%, ne pas avoir trop d'enfants,
figurent également parmi les besoins minimums indispensables pour avoir
une condition de vie correcte. Les non pauvres sont un peu plus d'avis qu'il ne
faut pas avoir trop d'enfants que les pauvres.
Graphique 7:
perception des conditions d'éducation, de loisirs et divers
Globalement, l'appréciation subjective des
ménages quant à leur état de pauvreté ou non a
considérablement variée. Au plan national, 6 ménages sur
10 se considèrent comme étant subjectivement pauvres ou
très pauvres contre 7 ménages 10 en 2007 ( ECAM 3). Par ailleurs
le pourcentage les ménages ne se considérant ni pauvres ni riches
est passé de 27,8% en 2007 à 40,6% en 2014.
Cette étude subjective de la pauvreté nous
révèle aussi que les principales causes de la pauvreté
sont les suivantes : le manque de travail, la mal gouvernance et la
corruption, la baisse ou l'insuffisance de revenu, la paresse, le manque
d'instruction.
Tableau 4 :
causes de la pauvreté selon le niveau de vie
De cette analyse il en découle que les principaux
indicateurs utilisés par les économistes pour juger le
bien-être la satisfaction du niveau de vie sont les mêmes que
sollicités par les ménages. Aussi, fort est de constater que la
majorité des ménages se déclarent non satisfait quant
à la satisfaction des besoins minimum jugés essentiels pour
améliorer leurs conditions de vie. Cependant, cette analyse
s'érige comme un excellent outil de prise de décision dans la
mesure où il détermine les besoins où les attentes des
populations sont le plus prégnant.
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